Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ITW - Page 4

  • Rencontre avec Patricia LM

    C’est en Bretagne sud que l’on a le plus de chance de croiser Patricia LM. La photographe y a des attaches fortes. Elle y expose régulièrement ses œuvres, bien éloignées des créations classiques qu’offrent les galeries nombreuses autour de Concarneau, Pont-Aven ou Douarnenez. Patricia LM fait des corps sa matière brute, qu’elle travaille en les rehaussant de couleurs pop-art. Questions-réponses avec une artiste passionnante et à l’univers attachant.

    Bla Bla Blog - Quels sont vos premiers souvenirs artistiques ? Et vos premiers souvenirs tout courts ?

    Patricia LM - C’est difficile à dire puisque nous, mes sœurs et moi, étions entourées, baignées de peintures (gouaches, peintures à huile) ou de fusains. Sans parler des images photographiques. Les œuvres naissaient pour ainsi dire sous nos yeux. L’été, il y avait une tente pour la famille et une tente pour les toiles de papa. C’est dire !

    BBB - Dans vos créations plus anciennes, il y a ces dessins de marines pour le festival des Vieilles Coques de Concarneau durant les années 90. Pour une Bretonne comme vous, j’imagine que c’est incontournable.

    PLM - J’avais dix-huit ans, c’était une façon de faire mes armes. Je dessinais au Rotring : un travail minutieux. C’était mon côté bonne élève. J’ai obtenu cette commande à la suite d’un simple stage de voile. La première date de juillet 1983. L’affiche a plu, vraiment. Le directeur de la société nautique, une figure locale, m’a demandée de récidiver. En tout, j’en ai réalisé huit.

    BBB - Justement, quel rapport avez-vous avec votre pays ?

    PLM - Un rapport puissant. Mais comme je peux l’avoir en découvrant un autre pays. Je voudrais partir que je ne pourrais pas.

    BBB - Vous êtes concarnoise, mais une Concarnoise voyageuse : Paris, le Portugal...

    PLM - Voyageuse ? Pas assez à mon goût ! J’aime être de retour.

    BBB - Dans vos œuvres, on est loin des thématiques classiques visibles dans les galeries d’art traditionnelles : scènes de baignades, bateaux, paysages marins. Chez vous, une place importante est donnée aux corps – souvent féminins –, à la sensualité et aux scènes intimistes. De quand date ce choix artistique ?

    PLM - Le sujet est venu à moi. Après, je suis loin d’avoir épuisé le thème ! Et puis, ce n’est pas parce ce que je vis dans un endroit touristique que je me dois de me plier aux usages… Bien sûr, ma vie serait plus facile si je répondais aux critères requis... Des scène de baignades : voilà un thème qui pourrait me plaire, et que j’ai d’ailleurs déjà traité. Il y a cette toute première série — « Armelle et Lydie » — en 1980. Lorsque je la regarde aujourd’hui, je constate que tout y est. Puis, la presse, le zinc et mes pinceaux m’ont occupée durant un bon moment. Je réalisais des monotypes sur du papier Japon. Je passais sous la pression du rouleau divers végétaux, dont les empreintes m’inspiraient des couleurs gouachées. C’est comme si j’avais attendu l’ère du numérique pour me réaliser pleinement en tant qu’artiste.

    C’est comme si j’avais attendu l’ère du numérique pour me réaliser pleinement

    BBB - Dans vos travaux, parfois on se demande si on est face à des photos ou à des peintures ? Comment travaillez-vous ?

    PLM - J’aime cette interrogation : images ou peintures ? Au final, ce ne sont que des points de couleurs juxtaposés. Lorsque l’image « brute » apparaît sur mon écran, j’éprouve le besoin immédiat d’en accentuer les couleurs. Je cherche. Je fais diverses tentatives. Je modifie. Je pose un bleu et je me questionne si ce n’est pas plutôt un vert qui devrait y être. Il m’arrive de faire marche arrière. Bref, je tâtonne.

    BBB - Plus ludique, il y a aussi ces petites pin-up. Je crois que vous y êtes très attachée. Et c’est vrai qu’elles sont amusantes, avec pas mal de sex-appeal.

    PLM - Elles viennent de loin, et par période. Je les laisse apparaître au bout de mon crayon. Je laisse courir le crayon sur la feuille et m’étonne des créatures qui apparaissent. Les regards doivent avoir une certaine vitalité : j’y tiens.

    BBB - Pourquoi cet intérêt pour les pin-up ?

    PLM - C’est une féminité assumée et une simple histoire de fantasmes. Le plaisir des yeux. Ils me renvoient aussi au souvenir de ces calendriers de pin-up accessibles à ma vue sur le côté du comptoir dans un certain bistro dans lequel mes jeunes parents aimaient à se rendre. C’était avoir accès à des images autres, osées, issues du monde ludique, des grands… Cela me changeait tellement des images pieuses, d’anges, de saints ou madones, obtenues à l’école !

    BBB - Y a-t-il des projets qui vous tiennent à cœur aujourd’hui ? Des expositions, d’autres séries ?

    PLM - Oui, il y a d’autres séries à venir. J’attends le feu vert d’une certaine jeune femme.

    Page Facebook de Patricia LM

    Voir aussi : "Bouées, sardines et jolies poupées"

    © Patricia LM

    patricia lm,patricia le merdy,concarneau,érotisme,nus,photographe,interview

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Tatiana de Rosnay, ce sont ses fans qui en parlent le mieux

    Tatiana de Rosnay est une auteure qui a su fédérer autour d’elle une communauté de fans et d’admirateurs. Pour ce dossier spécial, nous avons choisi d’interroger Mathilde, une de ses nombreuses fans. Pour mieux entrer dans l’univers de Tatiana de Rosnay, nous lui avons posé quelques questions auxquelles elle a bien voulu répondre. Mathilde est également bloggeuse (http://mathytistoire.blogspot.fr) et a été une auteure récemment primée pour un concours de nouvelles organisé par le site Aufeminin.

    Mathilde, bonjour. Merci de répondre à nos questions. Bla Bla Blog a commencé il y a quelques semaines un hors-série spécial sur Tatiana de Rosnay. Qu’en penses-tu ?
    C’est une excellente idée ! J’ai été ravie d’apprendre que Bla Bla Blog se lançait dans cette aventure. Ce blog a décidément bon goût !

    Et toi, quand as-tu découvert Tatiana de Rosnay ?
    Je crois que c’était en mai 2008. Dix ans, déjà ! Et la première rencontre hors des pages, à l’automne 2010, dans une librairie du 7e arrondissement de Paris, à l’occasion de la sortie de l’adaptation d’Elle s’appelait Sarah.

    Quel livre de Tatiana de Rosnay as-tu lu pour la première fois ?
    J’ai découvert Tatiana de Rosnay par La Mémoire des murs. Il m’a été offert pour mon anniversaire. Je ne connaissais pas encore l’auteure. J’aime les livres que l’on vous offre, que l’on a choisi pour vous parmi ceux présents en librairie. Un livre, c’est aussi une rencontre. Je pense que ça en dit beaucoup à la fois sur la personne qui a fait ce choix et aussi sur soi-même. Sans ce cadeau, je me dis que j’aurais peut-être pu passer à côté quoique je pense qu’un tel titre m’aurait un jour ou l’autre interpellée. Qui ne s’est jamais dit : "Ah, si les murs pouvaient parler… ?" Je me souviens l’avoir dévoré.

    Combien de livres d’elle as-tu lu à ce jour ? Tous ?
    Presque. J’aime bien garder le dernier en date quelques temps pour patienter avant le suivant. Il me reste donc à lire Tamara par Tatiana. Les chroniques de Bla Bla Blog écrites à l’occasion du dossier spécial m’ont donné envie de tous les relire tout en sachant que l’expérience ne sera pas la même. On aimerait parfois ne jamais avoir ouvert certains livres pour pouvoir les découvrir avec le regard de la première fois.

    Peut-on dire que tu es une inconditionnelle de cette auteure ?
    Ma bibliothèque me dit que oui ! Entre les romans, les recueils de nouvelles, les ouvrages collectifs, on peut difficilement nier les choses ! J’aime aussi dénicher d’anciennes éditions ; j’ai notamment trois éditions de Spirales, deux du Cœur d’une Autre, de La Mémoire des murs, du Voisin etc. Elles me sont très précieuses. L’ensemble occupe un niveau de ma bibliothèque. J’ai un léger problème avec les livres, impossible de me freiner. C’est à la fois une maladie et un remède. J’ai aussi une immense affiche du film Boomerang, mais quand je dis immense, je n’exagère rien. J’ai légèrement sous-estimé la taille d’une colonne Morris… Ça valide bien le côté inconditionnelle, non ?

    Qu’est-ce qui fait qu’on devient accro à Tatiana de Rosnay ?
    Comment ne pas l’être ? Pour ma part, j’ai été réellement bouleversée par Elle s’appelait Sarah. J’ai rarement autant pleuré en lisant et, pourtant je suis une vraie madeleine. Les larmes coulaient et gondolaient le papier. Ce livre fait partie de ceux que je n’oublierai jamais. Un véritable choc. C’est toutes ces émotions qui font que l’on devient accro. Au-delà de l’écrivain, il y a aussi la femme que j’admire pour son humanité, sa générosité, ses combats (Le Refuge, la ligue des auteurs professionnels, entre autres) et son humour. Tatiana occupe une grande place dans ma bibliothèque et dans mon cœur.

    "Ça ne se dit pas ça, si ?"

    Je ne connais rien sur Tatiana de Rosnay mais je voudrais la découvrir. Tu me conseillerais quel livre ?
    Comme on peut s’en douter, je parle de Tatiana de Rosnay autour de moi et on me pose alors cette question. Cela dépend bien évidemment du lecteur que vous êtes. J’ai souvent conseillé de commencer par Boomerang ou Spirales. Ce dernier est assez court et très efficace, je pense que c’est une bonne façon de découvrir l’auteure.

    Entre nous, il n’y a pas un livre qui t’a déçu chez elle ?
    Ça ne se dit pas ça, si ? Bon, j’ai tout de même une réponse à cette question. Non pas que je n’ai pas aimé Le Voisin, mais je l’ai lu au mauvais moment. Je voulais en faire mon premier livre de 2011 histoire de bien commencer l’année, mais la grippe s’est invitée et la fièvre me faisait délirer (ou alors, était-ce ce l’inquiétant Léonard Faucleroy qui agissait un peu trop ?) Étant très (trop) sensible aux bruits, cette histoire de voisin a encore fait monter la température. J’ai déjà eu envie de glisser le décret cité au début du roman dans quelques boîtes aux lettres… Je compte le relire très prochainement.

    Quels thèmes te touchent particulièrement chez Tatiana de Rosnay ?
    Je crois que ce sont les secrets et les non-dits familiaux qui me fascinent, lorsque le rideau se lève sur les ombres du passé et que les vies en sont bouleversées. Il y a aussi le fait que les personnages sont toujours très humains ; ils apparaissent avec leurs qualités, leurs forces, leurs fragilités et leurs failles.

    Y a-t-il un sujet que tu souhaiterais que Tatiana de Rosnay traite dans un de ses prochains livres ?
    J’aimerais beaucoup lire une autre biographie. Sur une célèbre actrice américaine qui ne cesse de fasciner le monde entier, par exemple. J’ai adoré celle consacrée à Daphné du Maurier dont je n’avais lu que quelques nouvelles auparavant. Il ne faut pas avoir peur d’y plonger même si l’on est plus habitué au roman. Je vois bien un roman avec une jeune héroïne très forte, un personnage proche d’Emma González. Je ne sais pas pourquoi. Et pourquoi pas un livre pour les enfants afin que les plus jeunes aient eux aussi la chance de la lire ? Ou un spin-off sur l’un des personnages rencontrés précédemment ? Un come-back d’Angèle Rouvatier [Boomerang] !

    S’il y avait un seul livre d’elle que tu emmènerais sur une île déserte, lequel serait-il ?
    Une île déserte soit, mais chaude ou froide ? Je préfère savoir, je suis météo-sensible. S’il fait chaud, j’imagine que la nostalgie de la pluie me donnerait envie de passer mon temps avec la famille Malegarde [Sentinelle de la Pluie]. Sur une langue de terre froide, je crois que Manderley For Ever serait parfait à condition d’avoir réussi à faire un feu au préalable.

    As-tu lu son dernier ouvrage sur Tamara de Lempicka ? Et si oui que pourrais-tu nous dire de lui ?
    Oui. Je n’ai pas pu m’empêcher de le parcourir sitôt acheté, mais je le lirai en profondeur plus tard. Le plaisir n’en sera que décuplé. Quelque chose me dit que ce "plus tard", ne saurait tarder… Découvrir le fruit du travail de Tatiana et de sa fille, Charlotte, est particulièrement émouvant.

    Si tu avais Tatiana de Rosnay devant toi aujourd’hui, que lui dirais-tu ?
    Comme j’ai toujours envie de dire mille choses, mais qu’à peu près 99% ne sortent pas, il ne reste souvent qu’un grand merci ce qui paraît bien peu face au bonheur de la lire !

    Merci, Mathilde, pour ces réponses.
    Avec plaisir.

    Pour illustrer cette chronique, Mathilde a choisi Drôle d'époque de Clara Luciani. Un excellent choix...

    http://www.tatianaderosnay.com
    http://mathytistoire.blogspot.fr
    Aufemin.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Rencontre avec un alter-artiste

    jean-luc bremond,tambour,violon,klezmer,shoah,canada,abitibi-témiscamigue,québec,indiens,tribu indienne,algonquins,romanCette chronique est une rencontre avec un artiste à part. Jean-Luc Bremond est un homme discret et loin des sentiers battus. Il est une vraie figure de ce que l'on pourrait appeler l'alter-culture. Loin du courant mainstream, ses livres sont d'authentiques cheminements intérieurs sur lesquelles souffle l'aventure, la grande. "J’écris pour voyager, libérer les pensées qui naissent dans l’expire de l’imagination et dans le souffle de l’inspiration" dit-il lui-même. Jean-Luc Bremond a publié en quelques mois deux romans, La révolution du Klezmer et Le Chant du Tambour et  (Cinq Sens éditions). Il a bien voulu répondre à nos questions.

    Bla Bla Blog – Voulez-vous vous présenter en quelques mots ?

    Jean-Luc Bremond – Je suis né dans le Pas-de-Calais, sans m’y être fixé. Du nord au sud de la France, villes et villages, avec un détour en Suisse, pays d’origine du côté paternel, j’ai choisi de vivre en communauté, où j’ai maintenant passé plus de la moitié de ma vie. Dans ce collectif, rural et artisanal, j’ai rencontré le Québec au-travers ma compagne, fondé une famille et appris plusieurs métiers, dont celui de boulanger.

    BBB – Pouvons-nous dire que vous appartenez à cette catégorie d’écrivains à la fois en marge, tout en étant engagés ?

    JLB – L’écriture est venue sur le tard. L’engagement pour la justice et la paix, beaucoup plus tôt. Ce que je raconte vient de l’imaginaire, fécondé par des lectures, rencontres, voyages, vie proche de la nature, un intérêt précoce pour les peuples, leur histoire humaine, plus que celle des conflits armés. J’essaie de comprendre ce qui prédispose les hommes à choisir la guerre plutôt que l’entraide et le respect ; j’oppose au racisme, nationalisme, communautarisme, populisme, pacifisme, fondamentalisme (…), enfermant et détruisant pour le seul profit, les simples rapports des humains enclins à la créativité qui ouvre et construit. 

    BBB – Vous avez sorti deux romans à quelques mois d’intervalles, ce qui est assez inhabituel. La Révolution du Klezmer et Le Chant du Tambour. Quand ont-ils été écrits ?

    JLB – Dans l’ordre, il y a environ cinq ans. D’autres ont suivi. 

    DSC_1448.jpgBBB – La révolution du Klezmer se passe en Europe orientale dans l’entre-deux guerres. La première guerre mondiale est terminée et le monde va, dans quelques années, connaître un conflit dévastateur, notamment pour les juifs. Pourquoi avoir choisi les années 20 pour situer votre roman ?

    JLB – J’ai découvert la musique klezmer par la danse. En voyageant dans les pays d’Europe centrale, j’ai pu constater que la recherche d’identité nationale se figeait encore dans ces années de perte de territoire, post première guerre mondiale, pour retrouver le grand pays, la souveraineté culturelle et religieuse. Quand m’est venue l’idée de raconter l’histoire d’un klezmer, un musicien, je l’ai placé dans son milieu juif où, dans les années 20, s’affrontaient ceux qui recherchaient l’intégration pour sortir de la souffrance de la discrimination, quitte à faire des compromis, et ceux qui voulaient y échapper par le sionisme, une possible terre de liberté, sans concession, aveuglés par le nationalisme. Les idéologies séparent ; la musique, ou tout autre expression venant du tréfonds de la personnalité, pourrait résister à la division et empêcher l’histoire de se répéter.

    BBB – En filigrane c’est la Shoah qui se dessine. On pense à cette sinistre Garde de Fer.

    JLB – J’ai très jeune été choqué par la Shoah, révolté contre cette ignominie ; aussi parce qu’un de mes grands oncles s’était porté volontaire comme médecin à la libération d’un camp d’extermination, et qu’un autre était mort comme prisonnier, en tant que résistant, dans un autre camp. En écrivant, je ne pouvais m’empêcher de penser à la fin tragique de mes protagonistes. La garde de fer en Roumanie, la terreur blanche en Hongrie, le fascisme en Italie, le nazisme en Allemagne…Par jeu d’alliance et de collaboration, l’étau se resserrait pour ceux que ces mouvements xénophobes condamnaient. 

    BBB – Il est question dans votre roman de déracinement, de culture, de la place du religieux. Ce sont des notions qui ont marqué votre existence ?

    JLB – Je viens d’une famille où le religieux fait intégralement partie d’un engagement social. Mes ancêtres protestants ont connu la tentative d’éradication par le pouvoir religieux ; peut-être m’ont-ils transmis dans mes gènes la résistance par la tolérance et la culture du respect.

    Je viens d’une famille où le religieux fait intégralement partie d’un engagement social

    BBB – Après le violon d’Elijah, il y a le tambour d’Achachak (Le Chant du Tambour). Vous êtes musicien en plus d’être écrivain ?

    JLB – Je joue de temps en temps du violon et de la flûte. Bien que j’aspire à en faire davantage, je n’ai pas fait de la musique une priorité. Lors des fêtes, je ressors mes instruments ; je regrette de ne pas le faire plus souvent. En revanche, mon épouse joue quotidiennement de la harpe ; je baigne dans un univers musical. La musique accompagne les danses que j’anime hebdomadairement.

    BBB – Le Chant du Tambour (éd. 5 Sens), votre dernier roman paru, se passe au Canada, dans la tribu indienne des Algonquins. Voulez-vous nous dire quelques mots sur cette tribu amérindienne d’autant moins connue que lorsqu’il s’agit d’Indiens on pense plus au territoire des États-Unis ?

    JLB – C’est une tribu vivant dans la région de l’Abitibi-Témiscamigue au Québec. Elle a gardé tant bien que mal sa culture et sa spiritualité ; elle a une prophétie sur la venue des Blancs qui a pris progressivement de la place dans mon roman. 

    BBB – Pourquoi avoir choisi ces Algonquins ? Vous semblez y être très attachés.

    JLB – J’ai choisi les Algonquins, et non les Innus, ou Montagnais, de la région de ma compagne, suite à la lecture d’un livre de Dominique Rankin, "on nous appelait les sauvages." Je n’y suis pas plus attaché qu’à n’importe quels peuples subissant le mépris parce qu’ils sont différents.

    BBB – Qu’ont-ils à nous dire à nous, Européens ?

    JLB – Le respect de la terre et de ses éléments, sous peine d’effondrement de la planète, par notre recherche de profit, sans égard pour les vivants. Une culture qui inclue, même l’ennemi, pour sortir de l’anéantissement.

    BBB – Le Chant du Tambour parle de rite initiatique. C’est un thème capital dans votre roman. Définiriez-vous Le Chant du Tambour comme un roman initiatique, un conte ou bien un roman historique ?

    JLB – C’est un roman initiatique sur fond historique.

    BBB – Il est aussi question de l’exposition universelle de San Francisco, bien moins connue en France que celles de Paris au XIXe et début XXe siècle. Pourquoi en avoir parlé ?

    JLB – J’ai eu connaissance de cette exposition dans un livre, la Bible tchouktche ou le dernier chaman d'Ouelen, de Youri Rytkhèou. En recherchant la documentation sur cette exposition, j’ai été effaré par l’orgueil colonial en pleine guerre mondiale. J’y ai donc placé mon personnage pour montrer l’impitoyable égoïsme des colonisateurs. 

    BBB – La défense de l’environnement est un sujet de plus en plus discuté. Vous en parlez également dans ce roman dont l’histoire nous semble si éloigné.

    JLB – L’histoire n’en est pas éloigné, puisque l’environnement fait intégralement partie de la culture des amérindiens. Respecter et soigner la terre, en se considérant comme un de ses éléments, et non comme distinct d’elle en la dominant, est une solution pour l’humanité puisse cohabiter avec ce qui la fait vivre : oxygène, eau, végétaux et animaux ; ainsi, l’individu, plutôt que de penser à lui-même, son propre intérêt, devrait se relier avec tous les vivants et préserver l’environnement.

    BBB – La Révolution du Klezmer et Le Chant du Tambour sont parus aux éditions 5 Sens. Je crois savoir que cet éditeur est important pour vous.

    JLB – J’ai découvert cette maison quand elle a accepté de publier mon premier roman. J’ai apprécié le travail, tant par la qualité de la relation que de la réalisation du livre. La difficulté est qu’elle n’ait pas de diffuseur ; cela m’a permis de vous contacter.

    BBB – En effet. Et c'était un plaisir d'échanger avec vous. Merci.

    Jean-Luc Bremond, La Révolution du Klezmer, éd. 5 Sens, 2017, 234 p.
    Jean-Luc Bremond, Le Chant du Tambour, éd. 5 Sens, 2018, 202 p.
    https://www.jlbecrit.ovh

  • Rencontre avec Odrylane, les plus celtes des Alsaciens

    Il y a quelques mois de cela, Bla Bla Blog avait consacré une chronique sur Odrylane, un groupe strasbourgeois parti s’aventurer sur les chemins d’une world music où se mêlent le rock, la pop, le hip hop mais aussi la musique traditionnelle celte.

    Voilà qui ne pouvait qu’aiguiser notre curiosité. Bla Bla Blog a interrogé Quentin Bangert, Guillaume Levy et Valentin Descourvières, trois des quatre membres d’Odrylane (leur quatrième comparse est Piel Benoît). Nous les avons interrogés à l’occasion de la sortie de leur premier album.

    Bla Bla Blog – Voulez-vous vous présenter et parler de votre rencontre ? De quand date-t-elle d’ailleurs ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – Je suis Quentin et je joue la guitare classique. Nous étions à la fac de musique avec Guillaume dans la même promo. Un jour je lui ai proposé de venir chez moi pour jammer ensemble car je savais qu'il faisait du bouzouki. On a composé et enregistré des morceaux pour s'amuser et dans le cadre des cours et comme ça marchait très bien on a décidé de créer un groupe. La création du groupe a eu lieu en 2015 et avec Guillaume nous nous sommes rencontrés en 2012.

    (Guillaume Levy) – Comme l’a dit Quentin on s’est rencontré et on est devenu amis en 2012. Dans les projets musicaux de la fac on galérait un peu à jouer ensemble par moment (rire). Mais bizarrement quand on a jammé ensemble en 2015 ça a fait un déclic. C’était trop cool de jouer ensemble, jouer avec Quentin m’a beaucoup appris sur la musique.

    (Valentin Descourvières) – Alors, moi, c’est Valentin, le violoniste du groupe. En fait, on vient tous de la faculté de musicologie à Strasbourg et c’est de là qu’on s’est connus. Je me rappelle avoir fait irruption dans le studio de répétition où se trouvaient Guillaume et Quentin, parce que le son du bouzouki m’intriguait. À l’époque, ils avaient déjà fait quelques concerts sous le nom d’"Odyssée", mais cherchaient encore des musiciens pour améliorer la qualité de leurs compositions. Je suis resté pour écouter, et, au fil de la discussion, on est partis sur une petite improvisation et j’ai été adopté. Quelques mois plus tard, on a changé de nom pour Odrylane, et on a dû trouver un nouveau percussionniste pour remplacer l’ancien. C’est comme ça que Piel a rejoint l’aventure.

    BBB – Racontez-nous votre manière de travailler ? Qui compose ? Comment sont partagés les rôles ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – Nous composons tous les deux, Guillaume et moi. Lors de la création de composition on cherche toujours un équilibre entre mélodie et accompagnement et cet équilibre se fait naturellement. Parfois Guillaume ramène une idée ou alors c'est moi. Parfois, on cherche une atmosphère ou un caractère particulier. Ça dépend vraiment de notre humeur, du lieu et de ce que l'on écoute.

    (Guillaume Levy) – Quand on joue ensemble on se complète et on arrive à embellir le jeu de l’autre. Nos visions sont a priori complémentaires. C’est toujours génial quand l’un de nous ramène une mélodie et que l’autre plaque les accords et que ça créer quelques chose ou on se dit : "Woow !" Après, on le joue un petit moment en boucle et c’est parti. On l’amène à Valentin et Piel afin qu’ils mettent en valeur les morceaux avec leurs idées.

    BBB – On ne peut parler de votre travail sans évoquer vos influences.

    Odrylane (Quentin Bangert) – Il n'y a aucune frontière dans ce que j'écoute et dans mes influences. J'essaye d'écouter et de découvrir la musique de tous les horizons. Mais à la base, j'écoutais du rock, du métal principalement.

    (Guillaume Levy) – Comme Quentin mes goûts sont éclectiques on peut trouver de l’intérêt dans tous les genres. Ça dépend des moments et de ce que l’on recherche. Cependant mes préférences restent le pagan folk/celtique et le métal.

    (Valentin Descourvières) – Piel, lui, vient du hard rock et touche beaucoup à la musique progressive. Quant à moi, je suis issu du conservatoire et ai donc à la base une formation classique de laquelle j’ai quelque peu… dévié.

    BBB – Il y a aussi la Bretagne. Si je vous dis que le rock celtique est dans vos gènes, est-ce que j’exagère ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – Dans les gènes je ne sais pas, mais dans les musiques traditionnelles de cette région, les danses, les légendes, il y a quelque chose d'attirant.

    (Guillaume Levy) – Grave ! Les sonorités et les légendes sont fascinantes… En live, quand on arrive à faire danser les gens c’est génial, un de ces jours faudra quand même qu’on apprenne la jig, l’Hanter dro …

    (Valentin Descourvières) – Dès qu’on parle de rock celtique, on pense immédiatement à la Bretagne où cette part du folklore est vraiment marquée. Alors oui, évidement, c’est une musique qui nous parle et qui nous influence énormément, au même titre que la musique irlandaise par exemple. Maintenant, de là à dire que c’est dans nos gènes… J’imagine qu’on aimerait bien !

    BBB – Et pourtant, vous venez d’Alsace...

    Odrylane (Quentin Bangert) – Ja, Prima.

    (Guillaume Levy) – Ah yo, mais il faut avouer que nos paysages sont inspirants (la vue du haut du Château du Hohenbourg est magnifique) et il y a des légendes sympa en Alsace.

    (Valentin Descourvières) – Oui en effet ! On y est même un peu disséminer (50% Bas-Rhin, 50% Haut-Rhin…). Mais nous nous basons à Strasbourg pour répéter, pour des raisons pratiques.

    BBB – Odrylane pourrait-il d’ailleurs un jour s’intéresser au répertoire alsacien traditionnel (Bloosmusik, Guggenmusik ou le Cabaret alsacien), pour le revisiter à la mode pop-rock ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – Pourquoi pas un jour.

    (Guillaume Levy) – Qui sait, si quelque chose attire notre attention un de ces jours. Mon grand-père était accordéoniste dans un groupe de musique alsacienne. Il tournait bien, en plus.

    (Valentin Descourvières) – Je ne pense pas que ce soit au programme. À vrai dire, on n’en est pas très friand, et personnellement, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé…

    BBB – Parlez-nous de ce nouvel album, mais aussi des instruments que vous utilisez.

    Odrylane (Quentin Bangert) – Nous avons réalisé l'enregistrement avec nos propres moyens. Il y a juste le mix et le mastering qui ont été réalisés par Maxime Kolb du Krnoyz Studio. Dans cet album, j'ai joué de la guitare, du banjo et du piano. Valentin a joué du violon et Piel de la batterie.

    (Guillaume Levy) – De mon côté j’ai joué du bouzouki, de la flûte irlandaise, de la basse… C’était vraiment chouette de tester nos morceaux avec les possibilités qu’offre le studio. Doubler les grattes à Quentin pour la puissance, faire des harmonies de violons, inverser des roulements de batterie ... Maxime à fait un super travail.

    "On nous compare souvent à Manau, évidemment"

    (Valentin Descourvières) – On a eu énormément de chance pour la réalisation de cet album. Ça faisait deux ans qu’on faisait des concerts dans tous les coins de l’Alsace et que tout l’argent qu’on gagnait partait dans une caisse commune. On hésitait à investir dans un disque. On a eu besoin de mettre notre musique sur un disque, donc on s’est lancés dans ce projet et on a commencé à enregistrer de notre côté en sachant que les fonds qu’on avait accumulés ne suffiraient pas à préparer une sortie d’album digne de ce nom. Un ami nous a alors suggéré de lancer un financement participatif pour monter le projet, conseil qu’on a très bien fait de suivre, puisque a obtenu la somme de 1000 € en un jour pour financer le pressage, les droits de diffusions et la promotion de l’album… On n’en revenait pas. Sans ce soutien on n’aurait jamais pu le sortir aussi vite…

    BBB – J’aimerais que vous nous parliez d’une chanson étonnante de cet album : Le Diable. J’imagine que cette chanson a son histoire. D’abord, où l’avez-vous écrite ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – C'est Guillaume qui a écrit cette chanson lorsqu’il était en vacances dans le sud. D'autres chansons ont également leurs petites anecdotes très marrantes, mais qu'il nous faut garder secrètes…

    BBB – Impossible aussi de ne pas faire référence à Manau et à la Tribu de Dana, avec cet autre titre, Sous les Étoiles.

    Odrylane (Quentin Bangert) – Cette chanson a mis beaucoup de temps avant de prendre sa forme actuelle. Mais le fait que tu cites Manau ça nous fait bien plaisir car c'est une grande influence pour nous.

    (Valentin Descourvières) – On nous compare souvent à Manau, évidemment. Particulièrement avec ce titre. C’est vrai que c’est un peu eux qui ont réussi à faire revivre cette musique en France, toute en la modernisant. Finalement, on a un peu la même démarche, même si seul ce titre est autant marqué par l’influence hip-hop.

    BBB – Qu’écoutez-vous aujourd’hui ? Que trouve-t-on dans votre playlist à chacun ?

    Odrylane (Quentin Bangert) Irfan/ The Eternal Return et j'ai découvert un groupe de post rock coréen qui joue sur des instruments traditionnels asiatiques : c'est Jambinai.

    (Guillaume Levy) – Saltatio Mortis, We Drink Your Blood (Powerwolf cover), Hedningarna, Räven ou Heilung, Krigsgaldr

    (Valentin Descourvières) – Globalement, je dirais qu’on y trouve beaucoup de style différents, allant du métal à la musique du Moyen-Âge, en passant par la musique du monde, le jazz, l’électro ou encore le rap !

    BBB – Et y a-t-il un titre "honteux" que vous aimez écouter ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – Oui, j'aime bien Pakito c'est de la techno, A night to remember.

    (Valentin Descourvières) – Récemment, pour une raison mystérieuse que je ne saurai expliquer, j’ai branché La danse des canards, mais ne le criez pas sur les toits par pitié !

    BBB – Quel est le dernier livre et le dernier film que vous avez lu et vu ?

    Odrylane (Quentin Bangert) – La nature dans ma vie de Sarah Marquis

    (Guillaume Levy) – Home de Yann Arthus Bertrand

    (Valentin Descourvières) – En ce moment, j’essaie d’avancer dans le Coran, parce que j’estime que ça fait partie de la culture générale, mais j’avoue avoir quelque peu abandonné … Quant au dernier film, c’est complètement hors contexte, mais il s’agit du Dîner de Con

    BBB – Quelle est votre prochaine actualité après la sortie de cet album ? Des concerts ? Des tournées?

    Odrylane (Quentin Bangert) – Nous allons refaire des photos pour mieux représenter l'univers du groupe, et il se peut que nous puissions jouer à Tours dans un festival. Et surtout la création de nouveaux morceaux…

    (Valentin Descourvières) – À l’heure actuelle, on est tous plus ou moins en vacances. On a quelques concerts de prévus, nous avons joué notamment au festival du Summerlied, le 19 août à Ohlungen. Mais même si on ne présente pas beaucoup d’actualité, je sens que le besoin de composer à nouveau va se faire sentir prochainement.

    BBB – Merci d’avoir répondu à nos questions.

    Odrylane (Quentin Bangert) – Merci et à bientôt.

    (Guillaume Levy) – Merci à la prochaine !

    Odrylane, Odrylane, 2018
    http://odrylane.fr

    Voir aussi : "Breizh'n roll"

  • Vanished Souls: "Les styles ne meurent jamais"

    Nous avions récemment parlé des Vanished Souls, auteurs d'un album hypnotique, rock et psychédélique qui sort aujourd'hui. Nous avons voulu en savoir plus sur ces quatre garçons dans le vent.

    Bla Bla Blog – Bonjour, les Vanished Souls. Comme le nom du groupe et vos titres ne l’indiquent pas, vous êtes Français. Voulez-vous vous présenter et parler de votre rencontre ? De quand date-t-elle d’ailleurs ?

    Vanished Souls – Bonjour. Svein & DriX. Nous nous sommes rencontrés il y a de nombreuses années alors que nous étudions la musique dans une grande école de Nancy. Cela date d'une dizaine d'années et la rencontre s'est faite naturellement autour de goûts musicaux communs et une véritable envie de créer et tester des choses. Nous avons beaucoup expérimenté au travers de l'impro à cette époque, sans savoir que nous jetions les bases d'une longue collaboration.

    BBB – Racontez-nous votre manière de travailler ? Qui compose ? Comment sont partagés les rôles ?

    VS – On compose tout à deux. Pas de règles, pas de méthodologie juste un travail d'échange sur des idées. Parfois des bouts d'idée, parfois des choses plus abouties. On arrange puis on maquette pour avoir une vision globale du morceau. Il arrive que pas mal de choses changent au moment de l'enregistrement, notamment les arrangements, on reste toujours ouvert à l'accident. Pas de calcul non plus, parfois la musique d'abord, parfois le texte ou par magie les deux en même temps. Toujours ce leitmotiv que le morceau se compose par lui même comme si nous n'étions que les ouvriers de cet animal sauvage qu'on essaye de dompter.

    BBB – Vous avez été découverts en 2013, avant une année 2014 menée tambour battant. Pouvez-vous nous parler de ce début de carrière assez dingue ? 

    VS – Nous sommes deux très gros travailleurs et nous composons énormément (nous sommes également compositeur a l'image pour la TV et le cinéma), ce qui fait que nous avons toujours la tête dans le guidon. L'année 2014 a fait suite à la sortie de notre premier album et a cristallisée nos premières "vraies" apparitions en terme de groupe dans la presse et les médias, ainsi que sur des scènes conséquentes avec comme point d'orgue notre participation au Festival Solidays

    BBB – Il y a aussi ce clip viral des deux membres du groupe, DriX et Svein, autour du retour de militaires auprès de leurs enfants. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

    VS – C'est la résultante de notre travail parallèle en dehors du groupe et notre collaboration avec Universal Publishing. C'est une histoire assez drôle car c'est une amie qui nous a montré un jour la vidéo sans que nous sachions, ni elle, ni nous que c'était notre musique ! La magie de la diffusion sur internet et sur les réseaux.

    "Cet album est comme une série avec différents épisodes" 

    BBB – Venons-en à ce nouvel album. Quand l’avez-vous commencé et surtout comment écrire un album aux ambiances et aux influences aussi différentes ? Comment présenteriez-vous ce nouvel album ? 

    VS – Pour commencer nous avons mis deux ans pour composer cet album. Nous souhaitions prendre notre temps et également aller vers plus d'épure avec des morceaux plus courts. Essayer de dire en 3-4 minutes ce que l'on disait sur le premier album en dix minutes. Pour cela nous avons collaboré avec le DA Fred Vectol du studio Question de son afin de nous guider dans cette tâche. On aime imaginer cette album comme une série avec différents épisodes. Chaque épisode (titre) raconte quelque chose et peut être pris séparément, mais peut également être capté comme faisant parti d'un tout.  

    BBB – On parle d’influences. Les vôtres sont à chercher dans plusieurs directions. On pense bien sûr au rock psychédélique de Pink Floyd, à Archive, Radiohead. La pop des années 80 également ? La new wave ? 

    VS – Oui nous sommes très ouverts musicalement et notre travail de producteur de musique à l'image nous à amené à explorer de nombreux styles. Pour nous la musique est semblable aux humeurs et aux sentiments humains, multiples et riches. 

    BBB – Sans oublier le rap. On pense au titre Am your shadow

    VS – Oui, typiquement une émergence des influences profondes du groupe, sous-jacent depuis toujours et qui s'est affirmé sur ce titre. C'était une évidence et en rien calculé. La couleur de ce morceau s'est imposée d'elle même.

    BBB – Vous semblez faire une synthèse entre différents courants musicaux. Votre album est-il un hommage au rock, que certains annoncent mort, ou bien une tentative de le renouveler ?

    VS – On n'a aucunement la prétention de rendre hommage ou renouveler quoi que ce soit. On fait juste ce que l'on ressent, ce qu'on rêve et on le fixe sur l'enregistrement. Apres les histoires de mort de tel ou tel style de musique n'a pour nous aucun sens car les style ne meurent pas, ils échappent peut être à la mise en lumière pour le "grand public" mais dans tout les cas il perdurent et se transforment. Tout n'est qu'un éternel renouvellement. Il y aura toujours du jazz, du blues, du classique, du hip-hop, du métal, de l'électro...

    BBB – Qu’écoutez-vous aujourd’hui ? Que trouve-ton dans votre play-list à chacun ?

    VS – De tout, absolument de tout !

    BBB – Et y a-t-il un titre "honteux" que vous aimez écouter ?

    VS – Également et beaucoup trop de titres ! Mais c'est notre jardin secret ça !

    BBB – Quel est le dernier livre et le dernier film que vous avez lu et vu ?

    VS – (DriX) Manuel Ikea de montage pour DriX. Et le film 3 Billboards... bouleversant. (Svein) Je ne regarde que les bandes annonces et les résumés : ça va plus vite...

    BBB – Quelle est votre prochaine actualité après la sortie de cet album ? Des concerts ? Des tournées ? 

    VS – Oui concerts prévu déjà jusque juin pour commencer et surtout notre release party au Nouveau Casino à Paris le 19 avril. Tout est sur notre Facebook et notre site.

    BBB – La sortie de l’album est prévue le 30 mars. Vous vous sentez comment ? 

    VS – Excité et agréablement surpris par les premiers retours très positifs sur l'album qui nous font chauds au cœur, hâte de défendre ça sur scène.

    BBB – Bonne rentrée musicale, alors, les Vanished Souls. Et merci d’avoir répondu à nos questions. 

    VS – Merci beaucoup et à bientôt sur les routes. 

    Vanished Souls, Vanished Souls, Frozen Records / Chancy Publishing
    Sortie le 30 mars 2018
    http://www.vs-music.com

    "Vanished Souls, les enfants du rock"

  • Marie Cherrier : "Les comédies musicales m'ont toujours beaucoup attirées"

    Il a plusieurs fois été question de Marie Cherrier sur Bla Bla Blog. La musicienne avait même été en tête de notre classement Bla Bla Blog en 2015... À l'occasion de la préparation de sa comédie musicale Les Bas-Fonds de Paris, Marie Cherrier a accepté de répondre à nos questions.

    Un musical ambitieux créé par l'auteure du Temps des Noyaux : voilà qui ne pouvait que nous intriguer...

    Bla Bla Blog – Pouvez-nous raconter l'origine de ce projet de comédie musicale ?

    Marie Cherrier – Ce sont des chansons ! Des mélodies qui se prêtaient bien à une comédie musicale et que je destinais à d'autres interprètes. J'ai donc tissé un lien entre elles, imaginé des personnages, écrit d'autres chansons, des dialogues, et tout s'est imbriqué petit à petit pour aboutir aux Bas-Fonds de Paris.
     
    BBB – Racontez-nous en quelques mots l'histoire de ces Bas-Fonds ?

    MC – Le pitch : Ça se passe à Paris dans un futur imaginaire où la ville est plongée dans la misère. Seule la butte Montmartre s'élève comme le dernier bastion des banques et des bureaux d'affaires. Camille et Momo se sont créés là un petit théâtre ambulant et tentent de présenter aux quelques touristes encore de passage, un Paris moins ennuyeux. Mais le cœur n'y est plus pour Camille, elle va descendre visiter les bas-fonds et y croiser quelques personnages qui chantent leur espoirs, leur révolte ou leur solitude. Un poète enrhumé, une bande de zonards, une femme romantique esseulée, un ivrogne exilé… Que du beau monde !
     
    BBB – Ceux qui vous connaissent sont sans doute surpris de vous voir vous lancer dans une comédie musicale. Pourquoi ce choix artistique ?

    MC – C'était une envie très forte et je l'ai suivie. Je l'ai suivie parce qu'il me semblait avoir les éléments clés d'une comédie musicale : les chansons et les personnages. Et puis c'était une bonne période pour ce virage. Après plusieurs albums solo je ne ressentais plus le besoin de chanter mes chansons. J'avais envie de quelque chose de plus fantastique. Et à cause de cette idée fixe : une fois que j'ai une histoire en tête, comme une chanson, il me faut l'aboutir, il faut qu'elle existe pour le public. Alors sans penser aux débouchés j'ai ficelé cette histoire, et une fois prête, j'ai tout mis en oeuvre pour la réaliser. Ces dernières années ont été conditionnées dans cet objectif. 

    BBB – Avez-vous un goût particulier pour les comédies musicales ?

    Oui, j'ai vu et revu tant de fois des classiques comme La mélodie du bonheur, West Side Story, Hair, ou Mary Poppins... Je le dois à ma mère, qui m'a fait découvrir tout ça, et qui est très sensible à la danse aussi. Toutes ces formes d'expressions pour mettre en scène une histoire, ça m'a toujours beaucoup attiré. À travers le cinéma surtout. J'ai d'ailleurs écrit les Bas-Fonds en pensant au cinéma.
     
    BBB – Parlez-nous un peu de Brian Larsen, l'arrangeur des Bas-Fonds. Comment s'est faite votre rencontre ?

    MC – Je l'ai connu grâce à Caspar David, artiste danois, qui interprète un des personnage des Bas-fonds. Brian avait fait des arrangements sur ses chansons que j'aimais beaucoup. Je suis allée au Danemark rencontrer Caspar avec qui je correspondais depuis plus d'un an (nous nous échangions des musiques, des paroles..) et j'en ai profité pour aller trouver Brian, à Copenhague. Bien que très limitée par la langue (mes connaissances en anglais sont très rudimentaires..) j'ai quand même pu lui exposer mon projet. Je lui ai envoyé les maquettes, il a tout de suite été emballé pour travailler dessus. Ce fut la première pierre indispensable à ce projet. C'est à partir de là que j'ai pu voir la suite. La musique est la base de cette histoire. Il fallait que ça sonne comédie musicale, et alors je pouvais m'accrocher à mon ambition derrière.
     
    BBB – Quels artistes vont vous accompagner dans ce projet ?

    MC – Très fière de vous les présenter, j'ai la chance d'avoir pu réunir pour ce disque d'excellents interprètes, qui ont vraiment amené une âme et une profondeur aux personnages et aux chansons : Pauline Chodlewski, qui chante Michèle le personnage romantique, Yann Destal qui chante le gitan, Camille Esteban qui chante Camille la môme de la butte, Capsar David qui chante Nino l'ivrogne exilé. Et les acteurs Adrien Balet qui joue le rôle de Baptiste le poète, Fabio Riche qui fait Momo, Joyce Franrenet , Hadi Rassi et Zack Naranjo qui jouent les zonards, et Adrien Chaumond le barman. Pour la scène l'équipe sera plus réduite. En fonction des moyen et des lieux de diffusion. Du côté des musiciens, tout un orchestre joue sur le disque (cordes, flûtes, cuivres, guitares, accordéon, piano, percussions..), et six feront partie des répétitions pour la scène : Pierre Bertona à la contrebasse, Renaud Détruit aux percussions, Maïe Tiaré Coignard au violoncelle, Alban Coignard au violon, Anthony Chéneau à l'alto et Arnaud Delespinay au violon.

    "C'est un album très ambitieux"

    BBB – Votre dernier album, L'Aventure, a été auto produit. Pour les Bas-Fonds, vous avez fait appel au financement participatif via Ulule. Pourquoi ce choix ? Et quels sont les résultats de ce financement?

    MC – C'est un album très ambitieux, c'était une manière de le faire avec le public, d'avoir du soutien, et de commencer à communiquer dessus. Ça a très bien marché, même si ce genre de disque coûte beaucoup plus cher que ce qui a été récolté, c'est une aide très précieuse et surtout, un encouragement pour aller au bout.
     
    BBB – On connaissait Marie Cherrier, chanteuse et parolière à fleur de peau (Tourterelle), drôle (Pas d'ma faute), engagée (Le Temps des Noyaux ou T'es où ?), indépendante (c'est le cas de tout l'album L'Aventure), romantique et non sans fibre féministe ( (Le Septième Ciel), mais aussi rock (J'm'appelle Billie). Quelle Marie Cherrier allons-nous découvrir cette fois ?   

    MC – Il ne s'agit pas de moi cette fois. J'ai sûrement versé dans tous les personnages quelque chose qui me ressemble pour pouvoir m'y attacher, mais je n'ai pas cherché à faire passer quelque chose qui me concerne.
     
    BBB – Vous parlez de la sortie de l'album début 2018. Pouvez-vous nous en dire plus ?

    MC – Pas en ce début d'année. Sûrement une sortie régionale dans un premier temps, à l'automne.
     
    BBB – Qu'en est-il du spectacle et d'une future tournée ?

    MC – Nous commençons les répétitions en avril et une date de présentation sera fixée à l'automne dans la région de Blois, puis sûrement un show case à Paris, mais il n'est pas encore question de tournée.

    BBB – On vous sait attachée à la Touraine. Vous revenez souvent en Région Centre et sur les bords de Loire. Vous y avez toujours des attaches ? C'est là que vous trouvez votre inspiration ?

    MC – Il y a ma famille, mes amis, ma maison.. L'inspiration, elle, est un peu partout...
     
    BBB – Après cette comédie musicale, quels sont vos projets ?

    MC – Plusieurs projets, mais j'essaie de tenir ma langue pour déjà terminer celui-ci !

    BBB – Merci, Marie Cherrier, d'avoir bien voulu répondre à nos questions. 

    https://fr.ulule.com/les-bas-fonds-de-paris
    http://mariecherrier.com

    "Voilà Marie"
    "Revoilà Marie Cherrier"

  • Abi Lomby : "Travailler avec LaShawn Daniels a été comme une évidence"

    C’est une jeune artiste de la RnB qui monte, qui monte, qui monte. Abi Lomby a lancé l’automne dernier son premier single, Lose No Sleep, écrit – excusez du peu – avec LaShawn Daniels. Nous en avions déjà parlé sur Bla Bla Blog.

    Lose No Sleep continue de faire son petit bonhomme de chemin sur Internet comme sur les radios, avant d’autres projets. Et il n’est pas impossible que la voix d’Abi Lomby devienne bientôt incontournable, en France comme aux États-Unis où l’artiste vit une partie de l’année.

    Abi Lomby a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog pour mieux la connaître.

    Bla Bla Blog – Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

    Abi Lomby – Je suis franco-américaine, j’ai 21 ans, je vis entre Paris et Los Angeles. Je suis une fille nature, qui aime la vie, rire, partager des bons moments avec mes proches et mes amis, bref s’amuser et bien sûr chanter !

    BBB – Racontez-vous votre rencontre avec LaShawn Daniels.

    AB – Un moment qu’on n’oublie pas ! Je me suis retrouvée face à un grand Monsieur de la musique. Je me suis sentie à l’aise instantanément et travailler ensemble a été comme une évidence ! 

    BBB – Que saviez-vous de lui auparavant ?

    AB – Je connaissais tous ses tubes, écrit pour tous ces grands artistes (Michael Jackson, Whitney Houston, etc.). Autant vous dire combien j’étais impressionnée !

    BBB – Comment avez-vous travaillé avec lui ?

    AB – Vous l’avez compris, tout s’est passé comme si on se connaissait déjà ! Il est d’une infinie gentillesse. Il m’a tout de suite prise sous son aile, entraîné par ma détermination !

    BBB – Avec quels autres artistes avez-vous collaboré ?

    AB – Amir bien sûr ! Une première et merveilleuse aventure ! Lui aussi, si gentil, si rassurant, un peu comme un grand frère !

    "Travailler avec BigFlo et Oli serait incroyable !"

    BBB – Vous vivez entre les États-Unis et la France. Racontez-nous justement cette vie particulière et, j’imagine, excitante. 

    AB – J’ai effectivement cette grande chance. Je suis née aux USA. Depuis mon plus jeune âge, je navigue entre LA et Paris. Je profite de ces deux cultures si différentes, qui m’ont ouvertes à tant de styles musicaux.

    BBB – Quelles sont vos influences musicales ? De quels artistes vous sentez-vous proches ?

    AB – Elles sont multiples. J’aime particulièrement le RnB, et le rap US ! Je me retrouve dans The Weeknd, Drake, Cassie... 

    BBB – Avec quel artiste français souhaiteriez-vous travailler ? 

    AB – Je pense tout de suite à BigFlo et Oli. Ces deux frères ont une telle plume ! Travailler avec eux serait incroyable ! 

    BBB – Quelle est la prochaine étape de votre carrière après le single Lose No Sleep ? Un album ?

    AB – Un deuxième single et mon album arrivent dans les mois à venir ! 

    BBB – Des concerts et une tournée sont-ils prévus prochainement ?

    AB – On y travaille ! J’espère pouvoir très vite partir à la rencontre du public, c’est vraiment sur scène que j’ai envie de m’exprimer ! 

    BBB – Merci pour vos réponses.

    Abi Lomby, Lose No Sleep, InterConcerts, 2017
    "A voice is born"

  • Exclusivité Bla Bla Blog | Leonard Adreon : "Je suis préoccupé par la situation en Corée"

    Les récits de guerres sont nombreux, beaucoup moins ceux concernant la Guerre de Corée (1950-1953), un conflit oublié et pourtant fondamental dans l’histoire de la Guerre froide. La Guerre de Corée prend une résonance particulière aujourd’hui avec la crise nord-coréenne et les tensions entre le Président américain Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.

    Leonard Adreon, ancien lobbyiste puis conseiller auprès de Ronald Reagan, est l’auteur d’un récit sur son passé de soldat pendant la guerre de Corée : Hilltop Doc (éd. BookBaby, non-traduit en français).

    Leonard Adreon a vécu certains des pires carnages de la guerre de Corée mais aussi des moments plein d'humanité. Sa description saisissante donne vie à la guerre entre l'armée chinoise et les Marines américains, au cours de batailles faisant rage pour la conquête de collines en Corée. Aide-soignant dans les Marines, Leonard Adreon raconte son histoire, celle d'un jeune homme de Saint-Louis sans expérience médicale mais chargé de sauver des vies au milieu du chaos sanglant de la guerre. Il décrit des scènes sinistres, bouleversantes et parfois comiques des champs de bataille, avec sa propre histoire en arrière-fond – qui est aussi celle de ses erreurs et des vicissitudes de l'armée qui l'ont fait atterrir sur le 38e parallèle.

    Leonard Adreon a accepté de répondre à nos questions. Il nous parle de son expérience de vétéran, nous livre sa vision de la crise nord-coréenne et propose des leçons à tirer de la guerre à laquelle il a participé.

    Bla Bla Blog : Pensez-vous que la Guerre de Corée soit une "guerre oubliée" ?
    Leonard Adreon : Oui, la guerre de Corée est une guerre oubliée. Elle était coincée entre la monumentale seconde guerre mondiale et la tragique guerre controversée du Vietnam. Elle a commencé sur le 38e parallèle et s'est terminée sur le 38e parallèle. La perception en Amérique est qu’elle avait lieu au milieu de nulle part et qu’elle n’a rien changé. Les 50 millions de personnes qui ont été sauvées en Corée du Sud seraient en désaccord avec cette perception.
    BBB : Cette guerre est inconnue par une majorité de Français. Et les Américains ?
    LA : Ma précédente déclaration répond à cette question sur la méconnaissance de cette guerre par les Américains.
    BBB : Pourquoi êtes-vous allé à la guerre ? Quel âge aviez-vous ? Le regrettez-vous aujourd’hui ?
    LA : J'ai été enrôlé à l'âge de 17 ans en 1944. J’ai rejoint les réserves, avant d’être libéré de mes obligations. Puis, j’ai été remobilisé en 1950 lorsque la guerre de Corée a commencé.
    BBB : Vous parlez dans votre livre de la Dog Company (Compagnie des Chiens) Qu'est-ce que la Dog Company ?
    LA : Les compagnies marines étaient désignées par des lettres. Ma compagnie était la compagnie D. Elles étaient ensuite surnommées à partir de ces lettres : Able, Baker, Charlie, Dog, et Easy, etc.
    BBB : Sur quels champs de bataille avez-vous été ?
    LA : Les champs de bataille étaient les collines et les vallées autour du 38e parallèle.
    BBB : Pourquoi avoir attendu 60 ans pour raconter votre histoire, et pourquoi avez vous décider de parler maintenant ?
    LA : J'ai attendu plus de 60 ans parce que quand j'ai quitté la Corée, moi et les membres de mon peloton avons décidé que nous allions mettre l'expérience coréenne derrière nous et passer à autre chose dans nos vies quand nous retournerions à la maison et si nous y pouvions y retourner. J'ai décidé de parler maintenant parce que ma mémoire est claire et précise sur ce qui s'était passé. Par ailleurs, la faculté de l'Université Washington de Saint Louis, où j’exerce dans le cadre de cours d'écriture, a découvert que j'avais fait la guerre et m'a encouragé à écrire un livre.
    BBB : Quels camarades et amis proches avez-vous perdu là-bas ? Qu'aimeriez-vous leur dire aujourd'hui ?
    LA : J'ai perdu un certain nombre de camarades de Marines très proches. Je parle d’eux dans Hilltop Doc. Je voudrais leur dire qu'après un long silence, j'ai écrit ce livre pour les honorer et que je penserai à eux jusqu'à ma mort.
    BBB : Pouvez-vous nous parler d'un événement en Corée qui vous a particulièrement touché ?
    LA : Dans le prologue du livre, je fais référence à Big Mike, un Marine de carrière qui avait survécu aux affreuses batailles d'Iwo Jima [février-mars 1945] pour finalement perdre la vie sur une colline en Corée. Il a succombé après que ses instincts affûtés m’aient sauvé de la mort moi et son équipe de pompiers à cause d’une grenade chinoise. Par la suite, je n'ai pas réussi à le sauver. Je l'ai porté en bas de la colline et j'ai aidé à charger son corps sur un camion, avant son long voyage de retour. Je lui devais ma vie. Cela m’a profondément affecté.
    BBB : Êtes-vous retourné en Corée après la fin de la guerre ?
    LA : Non, je ne suis pas retourné en Corée.
    BBB : Avez-vous parlé à vos enfants de votre expérience de soldat ?
    LA : Mes filles en ont entendu parler quand j'ai commencé à écrire ce livre.
    BBB : Qu'aimeriez-vous dire à vos petits-enfants au sujet de votre expérience militaire ?
    LA : Je veux dire à mes six petits-enfants que la guerre est le pire des règlements lorsqu’il y a un différend entre parties. S'ils lisent Hilltop Doc, ils devraient comprendre le message.
    BBB : Est-ce que la situation en Corée vous inquiète ? Pourquoi ?
    LA : Je suis préoccupé par la situation aujourd'hui. À moins que la Chine n'intervienne et que Kim Jon-un abandonne son programme nucléaire en échange d'une garantie de survie de la Corée du Nord, la menace d'une conflagration majeure risque de tuer beaucoup de personnes en Corée du Nord, en Corée du Sud et dans de nombreux endroits d’Asie du Sud-Est, sans compter aux États-Unis.
    BBB : Pensez-vous que nous pouvons revivre aujourd'hui ce qui s'est passé il y a 60 ans ?
    LA : Nous ne pouvons pas revivre ce qui s'est passé il y a 60 ans, mais nous pouvons comprendre cet événement. En tout cas, c’est ce que mon livre tente de faire.
    BBB : Si vous pouviez conseiller le président Trump, que lui diriez-vous ?
    LA : J'espère que le président Trump épuisera toutes les possibilités de faire pression sur Kim Jong-un, probablement via la Chine, pour mettre un terme à ses programmes nucléaires potentiellement désastreux. Si la Chine ne peut ou ne veut pas le faire, le président devrait chercher un changement de régime. Attaquer la Corée du Nord est un dernier recours désespéré.
    BBB : Si vous pouviez dire quelque chose au président français Emmanuel Macron au sujet de la guerre de Corée et de la Corée de Kim Jong, qu'est-ce que ce serait ?
    LA : J'espère que le président français se joindra à d'autres pays du monde pour forcer la Corée du Nord à cesser ses programmes nucléaires intercontinentaux.
    BBB : Comment pouvons-nous mieux aider les anciens combattants de la guerre de Corée et et des autres guerres ?
    LA : Les vétérans de la guerre de Corée diminuent en nombre. Je pense que la meilleure chose que nous pouvons faire est de les honorer pour leur service en se souvenant de cette guerre oubliée. Les vétérans, vivants et morts, comme les victimes de la guerre, méritent de ne pas être oubliés et d’être respectés.
    BBB : Merci pour vos réponses, Leonard Adreon.

    The books about wars are numerous, much less those concerning the Korean War (1950-1953), a conflict that is fundamental in the history of the Cold War. We are talking today about this war forgotten because of the North Korean crisis and the tensions between US President Donald Trump and North Korean dictator Kim Jong-un.

    Leonard Adreon, a former lobbyist and Ronald Reagan advisor, is the author of a story about his past as a soldier during the Korean War: Hilltop Doc (BookBaby).

    As a Marine corpsman, Leonard Adreon saw some of the worst of the Korean War’s carnage and the best of its humanity. His gripping description brings to life the war between the Chinese army and the U.S. Marines as they battled to take the high ground. As a corpsman, Adreon tells the story from the unique perspective of a young man from St. Louis, with no medical background, thrown into the role of saving lives amid the war’s violence. He leavens the grim, emotional, and sometimes ironic battlefield scenes with his background story – of how his own mistakes and the military’s bumbling landed him at Korea’s 38th Parallel.

    Leonard Adreon accepted to answer our questions. He talks about his experience as a veteran, tells us his vision of the North Korean crisis and gives some lessons after his military past in Korea.

    Bla Bla Blog: Do you think that the Korean War is a “Forgotten War” ?
    Leonard Adreon: The Korean War is a forgotten war. It was squeezed in between the monumental WW 2 and the tragic, controversial Viet Nam War. It started at the 38th Parallel and ended at the 38th Parallel. The perception in America was that it went nowhere and accomplished nothing. The 50 million people of South Korea who were saved would disagree with that perception.
    BBB: This war is unknown by a majority of French. What about the Americans?
    LA: My statement above answers the question about American’s knowledge of the war.
    BBB: Why did you go to war?" How old were you ? Do you regret it?
    LA: I was drafted at age 17 in 1944. Joined the reserves when released from service and called back in 1950 when the Korean War began.
    BBB: You're talking about the Dog Company (Chapter 15) What is the Dog Company?
    LA: Marine companies were designated by letters. My company was D Company. Companies were called Able, Baker, Charlie, Dog, and Easy etc.
    BBB: On what battlefield have you been?
    LA: The battlefields were the hills and valleys in the area of the 38th Parallel.
    BBB : Why do you waited 60 years to tell tour story, and why do you decide to speak now?
    LA : I waited more than 60 years because when I left Korea the members of my platoon decided that we were going to put the Korean experience behind us and move on with our lives when and if we made it home. I decided to speak now because my memory was vivid and clear about what happened and the faculty of Washington University of St. Louis, where I facilitate writing classes, discovered that I was in the war and urged me to write a book.
    leonard adreon,guerre de corée,corée du nord,corée du sud,emmanuel macron,donald trumpBBB : What companions and close friends have you lost there? What would you like to tell them today?
    LA : I lost a number of close Marine buddies and I have written about them in Hilltop Doc. I would like to tell them that, after a long delay, I wrote a book to honor them and that I will think of them until I die.
    BBB : Can you tell us about an event in Korea that particularly affected you?
    LA : In the prologue of the book I make reference to Big Mike, a career Marine who had survived the horrible battles of Iwo Jima [february-march 1945] only to loose his life on a hillside in Korea. He lost his life after his quick instincts saved me and his fire team from death by a Chinese grenade. After I was unsuccessful in saving him, I carried him down the hill and helped load his body on a truck to start his long journey home. I owed him my life. It had a profound effect on me.
    BBB : Did you return to Korea after the end of the war?
    LA : I did not return to Korea.
    BBB: Have you talked to your children about your experience as a soldier?
    LA: My daughters heard from me about it when I proceeded to write the book.
    BBB: What would you like to tell your grandchildren about your military experience?
    LA : I tell my 6 grandchildren that war is worse alternative to settling disputes between people. If they read Hilltop Doc they will get the message.
    BBB : Does the situation in Korea worry you? Why ?
    LA : I am concerned about the situation today. Unless China steps in and causes Kim Jon-Un to give up its nuclear program in exchange for a guarantee by China of North Korea’s survival, there is a serious danger of a major conflagration that will kill many in North Korea, South Korea and, possibly, in many places in Southeast Asia and the United States.
    BBB : Do you think that we can relive today what happened 60 years ago?
    LA : We can’t relive what happened 60 years ago, but we can understand it which is what my book attempts to do.
    BBB : If you could advise President Trump, what would you tell him?
    LA : I hope President Trump will exhaust all possibilities of pressuring Kim Jong-Un, probably via China, to discontinue his potentially disastrous nuclear programs. If China can’t or won’t do it, the President should seek regime change. Attacking North Korea is a desperate last resort.
    BBB : If you could say something to french President Emmanuel Macron about the Korean War and the Korea of Kim Jong un, what would that be?
    LA : I hope the French President will join with other world nations to force North Korea to cease its intercontinental nuclear programs.
    BBB : How we can better serve veterans of the Korean War and beyond?
    LA : The veterans of the Korean War are diminishing in numbers. I think the best thing we can do is to honor them for their service by remembering the forgotten war. The veterans, living and dead, and the casualties of the war deserve to be remembered and appreciated.
    BBB : Thank you for your answers, Leonard Adreon.

    Leonard Adreon, Hilltop Doc:
    A Marine Corpsman Fighting Through the Mud and Blood
    of the Korean War
    , BookBaby, 244p. 2017

    http://www.hilltopdoc.com