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Séries et TV

  • Bach total

    Enregistré à Dijon, cette Passion selon s. Jean de Jean-Sébastien Bach, mis en scène par la chorégraphe Sasha Waltz, entrera sans aucun doute dans les annales. Arte propose en replay cette incroyable vision jusqu’en juin prochain. Choc visuel et sonore garanti, pour public averti cependant.

    L’oratorio de Bach, conçu comme un ballet contemporain osé, intelligent et faisant la part belle au symbolisme, commence par cette incroyable scène de 11 danseurs et danseuses nues cousant leur propre vêtement – leur linceul, avons-nous envie de préciser – dans un silence monacal, si l’on excepte celui des machines à coudre.

    Et ce n’est que le début d’un spectacle total où la danse, les jeux exigeants des artistes et la mise en scène inventive et audacieuse de Sasha Waltz ne font que servir une œuvre à la fois profane et sacrée – elle s’appuie sur les Évangiles mais n’était pas destinée au culte. À la direction musicale, Leonardo García Alarcón et son orchestre sont parties prenantes, dans tous les sens du terme, de cette version vitaminée de la Passion de Jean. Que l’on  pense au "Von den Stricken meiner Sünden", interprété par un formidable Benno Schachtner ou à la lumineuse interprétation du "Ich folge dir gleichfalls" par Sophie Junker. 

    Des idées de mise en scène qui feront date

    Œuvre baroque, il fallait bien un spectacle baroque pour donner à ce chef d’œuvre créé en 1724 une nouvelle lecture. Sasha Waltz avait déjà proposé sa mise en scène à Liepzig, à l’occasion des 300 ans de cet opus intemporel.

    Il est évident que beaucoup hurleront au choix artistique d’un décor dénudé et d’acteurs et actrices qui ne le sont souvent pas moins. Que l’on adhère ou non, on ne pourra qu’applaudir aux idées de mise en scène qui feront date : la fameuse scène des machines à coudre (Ouverture), les bâtons symbolisant des instruments de supplice ("Christus, der uns selig macht"), les cadres figurant les croix ("Betrachte, meine Seel, mit ängstlichem Vergnügen")  et en général les performances des danseurs et danseuses lorsque les corps s’unissent, s’affrontent, se rejettent et emplissent l’espace. Le but de la chorégraphe ? Proposer une lecture moins sacrée qu’humaine. Le personnage de Jésus prend une figure symbolique et interchangeable. Tantôt homme, tantôt femme – voire couple enlacé (le "Mein teurer Heiland, laß dich fragen" dans l’Acte IV) – Sasha Waltz a volontairement choisi de faire de cette Passion une œuvre de notre époque, n’éludant pas un discours féministe, tout en parlant de souffrance, de sacrifice, de liberté et d’écrasement du faible par la force brutale – ici, politico-religieuse.

    Véritable coup de maître, ce spectacle mérite d’être vu et revu pour saisir tous les détails de la mise en scène, comme pour apprécier la maîtrise des danseurs et danseuses. Rien n’est laissé au hasard dans ce chef d’œuvre de création contemporaine pour servir la musique indémodable de Jean-Sébastien Bach. Du grand art total, assurément.  

    Jean-Sébastien Bach, La Passion selon saint Jean, par Sasha Waltz,
    Arte, 132 mn, Arte, 2024, Arte, jusqu’en juin 2026

    avec Sasha Waltz (Mise en scène et chorégraphie), Cappella Mediterranea dirigé par Leonardo García Alarcón, chœur de la Chambre de Namur, Opéra de Dijon
    https://www.arte.tv/fr/videos/119415-000-A/la-passion-selon-saint-jean-de-bach-par-sasha-waltz
    https://www.sashawaltz.de

    Voir aussi : "Pierre Boulez, le maître au marteau et à la baguette"

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  • Des détectives, des vraies

    La première saison de True Detective, il y a 11 ans de cela, déjà, était entrée dans l’histoire des séries, avec les géniaux Matthew McConaughey et Woody Harrelson en flics cyniques et butées face à des crimes aussi tordus et cruels que religieux et métaphysiques.

    Il était difficile de faire mieux. D’ailleurs, les deux saisons suivantes n’avaient pas laissé de souvenirs impérissables. La saison 4, qui a débarqué il y a peu sur Max, pouvait inquiéter. Or, si elle n’a pas le lustre de la saison 1, elle réussit à en prendre le contre-pied, parfois avec maladresse mais souvent avec justesse. Ajoutez à cela un dernier épisode qui propose une conclusion étonnante et bien vue.  

    Après le climat moite de la première saison, la créatrice Issa López transporte de nouveaux détectives en plein Alaska, pendant une semaine de Noël à haut risque. Pour ne rien arranger à l’histoire, dans cette contrée arctique, la nuit polaire s’est abattue pour de longs mois. La police locale est chargée d’enquêter sur la mort de scientifiques d’une station de recherche, retrouvés nus et gelés. Liz Danvers et Evangeline Navarro sont chargés d’enquêter et font vite le lien avec la mort quelques années plus tôt d’Annie Kowtok, une militante de la tribu Iñupiat. Sa langue coupée est en effet trouvée sur la base polaire. 

    Mais qu’est-il arrivé à cette foutue langue ?

    Pour cette saison, c’est Jodie Foster qui fait figure de star, dans un rôle peu enviable de policière tyrannique. À ses côtés, Kali Reis fait plus que tirer son épingle du jeu. C’est une vraie révélation, au point que le couple qu’elle forme avec Jodie Foster semble évident.

    True Detective est de retour avec ses fondamentaux : des crimes sordides et mystérieux, des policiers aux sombres personnalités, une atmosphère lourde avec son lot de mysticisme. Et ici, un contexte très actuel mêlant enjeux climatiques et propos féministes. Que les deux flics soient des femmes est tout sauf un hasard.

    La série prend son temps, campant des personnages paumés, dans un décor rarement vu au cinéma ou à la télé : celui d’une petite ville en Alaska, battue par le froid glacial et le blizzard. Avec cela, une nuit perpétuelle – si on excepte toutefois une singulière et courte scène où une lumière blafarde apparaît derrière l’agent Navarro. Une erreur ?

    Les fans se sont interrogés sur la destinée de la langue coupée d’Annie. Sans faire de spoils, on pourra regretter des zones d’ombres – bon, il est vrai que nous sommes en pleine nuit polaire – et les informations laissées sous silence – la relation par Internet d’Hank Prior avec sa "fiancée" russe, le passé de Liz Danvers et l’ultime image de la série. Admettons. C’est plus problématique s’agissant d’un élément de l’enquête, qui a fait dire à de nombreux fans : "Mais qu’est-il arrivé à cette foutue langue ?"

    Ceci étant dit, voilà une très bonne série, qui nous réconcilie quelque peu avec le projet True Detective. Une saison 5 est d’ailleurs déjà programmée. Cool.

    True Detective : Night Country, série américaine de Issa López, avec Jodie Foster, Kali Reis, Fiona Shaw, Christopher Eccleston, Finn Bennett, John Hawkes et Isabella Star LaBlanc, HBO Max, 6 épisodes, 2025
    https://www.hbomax.com/fr/fr/shows/true-detective

    Voir aussi : "Un détective, un vrai"

     

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  • Pierre Boulez, le maître au marteau et à la baguette

    2025 marque le centenaire de la naissance de Pierre Boulez, décédé en 2016, il y a moins de 10 ans. Le documentaire Pierre Boulez - Le chemin vers l'inconnu, visible sur Arte propose de revenir sur ce géant de la musique, tour à tour décrié, acclamé, incompris ou admiré. C’est singulièrement d’Allemagne que nous vient ce document passionnant. Thomas von Steinaecker propose de parler de Pierre Boulez, le déchiffrer et expliquer son importance.

    Qui est Pierre Boulez ? La question se pose d’emblée. Que de chemins parcourus entre ce jeune homme originaire de la Loire et ce personnage qui a fait se déplacer les foules lors de ses concerts et est devenu le personnage central de la musique du XXe et du début du XXIe siècle.

    Révolutionnaire est le mot qui revient le premier en tête lorsque l’on évoque le compositeur. le pianiste Pierre-Laurent Aimard évoque à ce sujet une conversation entre le jeune Boulez et son maître Olivier Messiaen au sujet de la musique sclérosée d'après-guerre. D’emblée, Messiaen voit en Boulez celui qui va renverser la table et bousculer un art qui se remettait à peine des années 30 embourgeoisées et des années 40 de sinistre mémoire. L'intuitionn était la bonne. En quelques dizaines d’années, Boulez transforme la France musicale comme personne avant lui.

    "Secret"

    Le documentaire explique en quoi Boulez a dominé son époque comme peu d’artistes avant lui. La comparaison avec Mozart peu étonner. Or, si elle est critiquable c’est sans doute paradoxalement en raison de l’apport bien plus fondamental de Boulez à son époque, tant du point de vue stylistique que culturel.

    Des grandes œuvres sont évoquées, à commencer par Le Marteau sans maître (1855), "une révolution" dit le chef d’orchestre François-Xavier Roth. Rythmes, finesse des sons (ce qui n’est a priori pas la première chose qu’un auditeur retiendrait à la première écoute), écriture précise sans cesse "remise sur le métier" (Notations, Pli selon pli) et surtout complexité d’interprétation pour les interprètes.

    En 2025, l’œuvre de Boulez est entrée dans le patrimoine, avec respect et admiration mais aussi beaucoup d’incompréhension et de perplexité. Le documentaire nous fait entrer aussi au cœur d’une époque remuée par les révolutions, les expérimentations (l’apport de l’électronique via, notamment, l’Ircam) et le désir de changer le monde pour le meilleur – l’humanisme, la créativité, l’intelligence.

    L’autre domaine dans lequel Boulez a excellé est dans l’orchestration. Après ses jeunes années de création contemporaine, il se révèle en chef d’orchestre incroyable, y compris dans le répertoire classique et romantique : précis, sensible, intelligent, révolutionnaire (La Tétralogie de Wagner mise en scène par Patrice Chéreau à Bayreuth, en 1976). Ses versions de Mahler (la 2e Symphonie notamment) font parfois dire que beaucoup préfèrent largement le conducteur d’orchestre au compositeur novateur.

    Le documentaire de Thomas von Steinaecker aborde peu l’aspect privé de l’artiste. C’est un "homme secret" est-il dit. Le voile est cependant levé discrètement sur son ancien secrétaire particulier, Hans Messner, qui a sans doute été le soutien le plus important de la vie du musicien. On n'en saura pas plus et peu importe. L’œuvre de Boulez est si importante qu’il faut s’en contenter et c'est déjà énorme.   

    Pierre Boulez - Le chemin vers l'inconnu,
    documentaire allemand de Thomas von Steinaecker, Arte, 2025, 54 mn

    https://www.arte.tv/fr/videos/115573-000-A/pierre-boulez-le-chemin-vers-l-inconnu

    Voir aussi : "Pierre Boulez : Mort d'un géant"

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  • Ewa, lève-toi

    La série The Eastern Gate sonne bizarrement et froidement en cette période marquée par les tensions entre Russie, Europe, OTAN et États-Unis.

    C’est de Pologne que nous vient cette création proposée par la plateforme Max. Nous sommes dans les six premiers mois de l’année 2021. La Russie n’a pas encore envahi l’Ukraine. Une équipe d’espions polonais est envoyée en Biélorussie suite au suicide d’une consule. On soupçonne une taupe d’y sévir à l’ambassade polonaise.

    Ewa Oginiec et son compagnon Skiner y sont dépêchés, en dépit d’une précédente mission qui a laissé l’agente blessée et traumatisée. Or, Skinner qui l'a précédée est enlevé par les services secrets biélorusses.

    La main de la Russie est derrière cette opération. Ewa rejoint la Biélorussie sous couverture officielle. La fausse consule enquête pour découvrir la taupe alors que les menaces grondent en Europe : tensions autour de Kaliningrad, menaces de déstabilisation sur la Pologne sous prétexte d’attentats et OTAN sur les dents. 

    Les menaces grondent en Europe

    La mini-série polonaise d’espionnage fait la part belle aux dissimulations, fausses identités et autres coups tordus. On sera agréablement dépaysé et surpris par le parti-pris de faire descendre ces agents de l’ombre de leur piédestal. Ewa est une femme meurtrie par les conséquences d’une mission ayant mal tourné  – ou plutôt ayant à moitié réussi. Impénétrable, froide et déterminée, elle embrasse ses couvertures avec talent – jeune étudiante transie d’amour, diplomate hautaine, fille de bar – mais non sans se mettre en danger.

    Derrière ces opérations à haut risques, ces "légendes" ou ces manipulations – et il y en a jusqu’au tout dernier épisode – se profilent des tensions politiques, bien réelles celles-là. Une Biélorussie en État sous-fifre de Moscou, une Russie inquiétante et menaçante et une Pologne se voyant en cible potentielle d’un pays dominé par un dictateur que personne ne nomme mais que tout le monde connaît...

    La fameuse "Porte de l’Est", illustrée par le titre éloquent du générique, fait référence au Couloir de Suwałki, une bande frontalière hautement stratégique et dangereuse. Elle sépare la Pologne et la Lituanie mais, surtout, elle est bordée par la Biélorussie, d’une part, et l'enclave russe de Kaliningrad. Autant dire qu'il s'agit d'un territoire de 85 kilomètres de long absolument explosif.   

    Voilà donc une série fictive passionnante, avec une actrice formidable (Lena Góra, déjà vue en France dans la série polonaise The King), sur fond de géopolitique, hélas d'actualité. Frissons garantis. 

    The Eastern Gate, série d’espionnage polonaise de Jan P. Matuszyński,
    avec Lena Góra, Karol Pochec, Bartlomiej Topa, 2025, saison 1, 6 épisodes, Max

    https://play.max.com/show/b307efb7-32fc-40be-97d7-da7f32e70e69

    Voir aussi : "Les maîtres du ghetto"
    "Mes parents étaient des espions communistes"

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  • La Terre du Milieu à la croisée des chemins

    On a presque oublié que Les Anneaux de Pouvoir étaient au départ une déclinaison – nous n’oserons pas dire commerciale – du Seigneur des Anneaux et de la saga du Hobbit. L’univers foisonnant de Tolkien était propre à susciter l’intérêt de millions de fans. Fans qui ont été enthousiastes lorsque Amazon Prime a sorti il y a deux ans la première saison des Anneaux de Pouvoir.

    Pour raconter le préquel du Seigneur des Anneaux, la création des anneaux magiques par les elfes et la montée en puissance de Sauron, les créateurs pouvaient, pour des raisons de droits, ne compter que sur les annexes du livre, non sans se référer, on en est certains, au Silmarillion - avec tous les problèmes de droits d'auteur que cela impliquait (mais ceci est une autre histoire).

    La saison 1 s’était terminée par de sombres présages et la révélation sur l’identité de Sauron. Dans le même temps, celle de l’homme sauvage tombé du ciel restait des plus obscure, ce dernier balançant un moment entre le bien et le mal avant de choisir son camp. 

    Les choses s’éclaircissent, l’action prend le dessus et l’intrigue devient vraiment intéressante

    La saison 2 commence par une belle trouvaille scénaristique en forme de long flash-back, jusqu’au naufrage réunissant Galadriel et Halbrand. La situation chez les nains – car Les Anneaux de Pouvoir alternent entre les mondes des elfes, des hommes et des nains – n’est pas des plus florissantes, avec le roi Durin III et son fils du même nom s’affrontant sur fond de conflit familial, d’héritage royal et de considérations sur les elfes. Les elfes, justement, voient l’image de Galadriel ternie et s’interrogent également sur l’utilisation des trois anneaux fondus par Celebrimbor. Quant aux Piévelus, ils sont dignement représentés par Nori et Poppy, sans doute les personnages les plus courageuses et paradoxalement humaines de la série, bien décidées à secourir l’étrange homme venu du ciel.

    La saison 1 avait ou décevoir par ses longueurs, ses dialogues littéraires volontairement datés et ses nombreuses portes ouvertes. Avec la fin de la saison 1 et surtout le début de la saison 2, les choses s’éclaircissent, l’action prend le dessus et l’intrigue devient vraiment intéressante. On aura même plaisir à faire un tour du côté de l’incroyable prélude du Seigneur des Anneaux. Les personnages sont à l’avenant. Galadriel pouvait agacer dans la saison 1 ? Cette fois, elle émeut grâce à ses doutes et ses faiblesses. L’elfe Elrond devient héroïque. Sauron déstabilise autant qu’il terrifie. Quant à la cité de Númenor, elle devient plus qu’humaine, avec ses luttes de pouvoir, ses secrets mais aussi ses références à l’Antiquité moyen-orientale.

    Voilà qui fait définitivement des Anneaux de Pouvoir un must et un incontournable du mpment.      

    Les Anneaux de pouvoir, saison 2, série américaine de J. D Payne et Patrick McKay,
    avec Morfydd Clark, Robert Aramayo, Owain Arthur, Megan Richards, Charles Edwards,
    Amazon Prime, 2024

    https://www.primevideo.com
    https://www.tolkiendil.com
    https://www.tolkienestate.com/fr

    Voir aussi : "Avant Frodon, Bilbo et Gandalf"
    "Retour sur Tolkien et sur la Terre du Milieu"

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  • Mon nom est Personne

    Nautilus est une des jolies surprises télé de cet été. Cette série anglo-américaine est pourtant une miraculée. Prévue au d’abord pour Disney+, la firme aux grandes oreilles a finalement abandonné le projet pour le proposer à AMC. Elle est depuis diffusée et disponible en France sur France Télévisions. Voilà pour l’aspect production et diffusion.

    Que l’on ne s’y trompe pas. Nautilus n’est pas une nouvelle adaptation de Vingt Mille Lieues sous les Mers, le chef d’œuvre de Jules Verne mais un récit autour d’un de ses personnages emblématiques, le mystérieux Jules Verne. Mystérieux car, de Nemo, le romancier français a savamment entretenu le flou sur lui. D’ailleurs, le surnom Nemo vient du latin nemo qui veut dire "personne". Dans L’Île Mystérieuse, toutefois, on en sait plus sur le capitaine du Nautilus. Descendant d’une famille princière des Indes, occidentalisé et éduqué, il se passionne pour les sciences avant de s’engager dans une lutte contre le colonisateur anglais. Sa famille est décimée et lui prend le chemin de la clandestinité. Il prend la main sur un sous-marin, le Nautilus, qui devient à la fois son véhicule de fuite, son arme de guerre et un outil d’exploration jamais vu – nous sommes au milieu du XIXe siècle.

    Voilà brossé à gros traits la trame du personnage, au moment où la série Nautilus commence. Les scénaristes ont donc trouvé matière pour bâtir un récit d’aventures que Jules Verne n’aurait pas renié. 

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk

    Il y a du sombre dans cette histoire à la facture steampunk. Toutefois, la série se veut à destination d’un public familial. Le sujet grave de la colonisation, même s’il est parfois édulcoré, n’est pas oublié. Colonisateurs anglais sans scrupules, capitalistes véreux, soldats brutaux, lords britanniques rongés par la suffisance et traîtres dévoués à la couronne britannique – ou pas – affrontent un héros au grand cœur – quoique parfois sombre et taciturne – bientôt rejoint par Humility, une milady farouche, courageuse et éprise de sciences.

    À bord du Nautilus, ce que Jules Verne avait d’ailleurs mis de côté dans Vingt Mille Lieues sous les Mers, l’équipage prend une place importante, avec notamment Thierry Frémont, que l’on est heureux de retrouver dans le rôle de Gustave Benoit, le brillant scientifique qui a travaillé sur le célèbre sous-marin.

    Dans cette histoire plein de rebondissements, il ne manque ni les attaques surprises des ennemis anglais partis en chasse contre les fuyards grâce à un sinistre et impressionnant navire de guerre, ni des îles mystérieuses, ni des découvertes extraordinaires au fond de la mer, ni des actes courageux qui font décidément passer un excellent moment.   

    Nautilus, série d’aventure anglo-américaine de James Dormer,
    avec Hazad Latif, Georgia Flood, Thierry Frémont, Pacharo Mzembe,
    Arlo Green, Tyrone Ngatai, Ling Cooper, Andrew Shaw, Ashan Kumar et Chum Ehelepola,
    2024, 10 épisodes, France Télévision

    https://www.france.tv/france-2/nautilus
    https://www.amcnetworks.com

    Voir aussi : "Des bâtards, des dragons et des reines"

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  • Des bâtards, des dragons et des reines

    Alors que la deuxième saison de House of the Dragon est maintenant disponible dans son intégralité sur Max, il est sans doute temps de faire le point sur le célèbre préquel de Game of Thrones.

    L’adaptation télé de la saga de fantasy de George R.R. Martin avait été un choc, pour ne pas dire un événement culturel et artistique qui a fait date. En dépit du dernière saison qui a pu laisser beaucoup de fans sur leur faim, il a été beaucoup pardonné au créateur du monde de Westeros et de son fameux Trône de Fer. Un tel succès rendait quasi obligatoire une suite, sinon une déclinaison de Game of Thrones. C’est donc chose faite avec les deux premières saisons de House of the Dragon.

    Oublions les personnages légendaires que sont Tyrion Lannister, l’inquiétante Cersei, son frère Jaime, Arya Stark, le bâtard Jon Snow, l’inquiétant Theon Greyjoy, sans oublier la reine des dragons, Daenerys Targaryen.

    C’est du reste la famille des Targaryen qui est au cœur de la série House of the Dragon. L’histoire se passe 170 ans avant les événements de GOT. Lorsque le roi Viserys s’assoit sur le Trône de Fer, après une succession qui ne se passe sans rancœur, il a une fille unique, Rhaenyra. Faute de garçon, c’est elle qu'il proclame comme son héritière. Tourne autour du roi et de la dauphine Daemon, le frère de Viserys, un homme aussi imprévisible et violent qu’audacieux et attiré par la jeune femme. Mais il faut aussi compter sur l’aristocratie de Westeros où les ambitieux et ambitieuses ne manquent pas. Viserys tente de contenir les animosités. Mais jusqu’à quand ?

    Les dragons, autant animaux fabuleux qu’armes de destruction massive

    Les fans de Game of Thrones seront à la fois en terrain connu et dépaysés par cette histoire de pouvoirs, de guerres et de coups tordus. Le rythme est plus lent et les précautions d’usage lorsqu’il est question de violences, de sexe et de tortures.

    La vague Meetoo est passée par là, ce qui est visible lorsque les créateurs font des femmes de grandes héroïnes – ou anti-héroïnes. C’est Rhaenyra que l’on suit jeune (la formidable et envoûtante Milly Alcock) et plus âgée (la non moins extraordinaire Emma D'Arcy). C’est la reine Lady Alicent Hightower (Olivia Cooke) ou encore Mysaria, dite Le Ver Blanc (Sonoya Mizuno). La guerre qui ne va pas manquer d’éclater pour le Trône de Fer s’avère être un conflit d’héritage dans lequel les femmes et les enfants ont un rôle central. Stratèges, coups fourrés et trahisons ne manquent pas dans cette excellente série, pas plus que les dragons, autant animaux fabuleux qu’armes de destruction massive. Évidemment un clin d’œil à notre époque, ce qui rend cette production HBO particulièrement maligne.    

    House of the Dragon, série de fantasy américaine de George R.R. Martin, avec Paddy Considine, Matt Smith, Olivia Cooke, Emma D'Arcy, Rhys Ifans, Steve Toussaint, Eve Best, Fabien Frankel, Sonoya Mizuno, Milly Alcock, Emily Carey et Graham McTavish, HBO, Max, depuis 2022
    https://play.max.com/show/c68e69d7-9317-428a-a615-cdf8fe5a2e06
    https://gameofthrones.fandom.com/fr/wiki/House_of_the_Dragon

    Voir aussi : "Game of Thrones, saison 8 et fin, normalement"  

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  • Révolutions

    Le problème à trois Corps est d’abord un roman de Liu Cixin. Ou plutôt le nom du premier tome de sa saga de science-fiction qui a fait forte impression il y a huit ans à sa sortie et a été catapultée au rang d’œuvre culte de la hard SF. Autant dire que l’adaptation en série télévisée par Netflix était attendue de pied ferme. D’autant plus que ce sont les créateurs de Game of Thrones qui se sont attelés au scénario. Une sacrée gageure étant donné l’ambitieux récit raconté.

    L’histoire, donc, prend ses origines pendant la Révolution Culturelle en Chine. En 1967, la jeune et douée chercheuse en astrophysique, Ye Wenjie, voit son père, lui aussi scientifique réputé, mourir sous ses yeux, martyrisé par des communistes enragés. Persécutée elle aussi, la jeune femme est récupérée par l’armée qui a besoin de ses connaissances en astrophysique. Elle se retrouve dans un centre secret, la Côte Rouge, et doit, contre sa volonté, collaborer et travailler avec les autorités communistes.

    Mais un jour elle décrypte un message venu d’une planète lointaine. Elle découvre que des extra-terrestres s’apprêtent à fondre sur notre planète. Écœurée par ce qu’elle a vécu et désabusée par la condition humaine, elle répond au signal radio et encourage ces aliens à venir. Cinquante ans plus tard, à Londres, des scientifiques de renom se suicident de manière inexplicable. Un groupe d’amis est particulièrement touché par cet événement inexplicable. 

    Le cinquième épisode est en particulier un vrai tour de force

    Une adaptation est toujours une trahison, pour reprendre une expression bien connue. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Pour autant, on peut avoir lu et aimé les romans de Liu Cixin et goûter avec plaisir à cette série tout aussi ambitieuse.

    La première séquence est fidèle au premier tome. Les créateurs nous propulsent en 1967 dans la Chine communiste de Mao, au milieu du chaos de la sanglante révolution culturelle. Le grand coup de maître est d'avoir fait d’un événement traumatique et historique les origines d’un drame spatial à venir, puisque les "Santi", ces aliens vivant dans une planète invivable, ne doivent débarquer que d’ici quatre siècles. Voilà qui rend le projet lointain, mais qui devient problématique si tous les scientifiques de renom disparaissent.

    Série de hard-SF, réflexion sur l’amitié et les liens familiaux, Le Problème à trois Corps se base aussi sur la théorie newtonienne du même nom (en très grand résumé, cela parle de l’imprévisibilité de trois objets célestes gravitant les uns autour des autres), avec un message environnemental par dessus le marché.

    Après un démarrage relativement lent sous forme de mise en situation, la première saison finit par prendre sa vitesse de croisière au milieu de la série. Le cinquième épisode est en particulier un vrai tour de force à la fois visuel et scénaristique (attention aux âmes sensibles toutefois !), avant une fin à la fois ahurissante et qui s’ouvre sur une saison 2 que l’on va attendre avec impatience.  

    Le Problème à trois Corps, série de science-fiction américaine de David Benioff, D. B. Weiss et Alexander Woo, avec Eiza González, Jess Hong, Benedict Wong et Liam Cunningham, Netflix, première saison, 8 épisodes, 2024
    Liu Cixin, Le problème à trois Corps, éd. Actes Sud, 2016, 432 p.
    Liu Cixin, La Forêt sombre, éd. Actes Sud, 2024, 656 p.
    Liu Cixin, La Mort immortelle, éd. Actes Sud, 2024, 816 p.
    https://www.actes-sud.fr/le-probleme-trois-corps
    https://www.netflix.com/fr/title/81024821

    Voir aussi : "Quand la science-fiction chinoise s’éveillera"

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