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• • Articles et blablas

  • Très grand Bacri

    Nicolas Bacri est l’un de nos meilleurs compositeurs contemporains, multiprimé et plusieurs fois nommé aux Victoires de la Musique classique. Très demandé, il est l’auteur de plus de 150 partitions, aussi bien dans la musique symphonique, l’opéra, la musique de chambre que l’oratorio. Il est de retour cette année avec un nouvel album, Da Camera (Passavant), interprété par Elizabeth Balmas, au violon et à l’alto et Orlando Bass au piano. L'enregistrement se compose de deux nocturnes et de trois sonates, toutes datant des années 2000 à 2019, si l’on met de côté la Sonata Da Camera aux dates de composition échelonnées sur plus de vingt ans.

    Mais commençons par le Notturna ed allegro op. 151, commandée au départ par la pianiste luxembourgeoise Sabine Weyer, une œuvre au départ pour trio piano-violon-violoncelle. Le compositeur précise que cette pièce peut être et, d’ailleurs, a été joué sur d’autres instruments, que ce soit en solo – on pense à la flûtiste Jieun Han – ou à plusieurs. Ici, au violon, alto et piano avec Elizabeth Balmas et Orlando Bass.

    Nicolas Bacri fait partie de ses compositeurs qui entendent réconcilier l’irréconciable : la musique contemporaine atonale et sérielle et le classicisme, sans a priori, en privilégiant le travail sur le langage (on pense au motif basé sur les lettres B.A.C.R.I., comme il le rappelle dans le livret du disque) mais aussi sur l’expressivité – on hésitera à employer le terme d’"expressionnisme". Le résultat de cette première nocturne c’est un dialogue, non sans tension – féminin et masculin, comme il le remarque lui-même – mais finalement tendre et qui va vers l’apaisement et un bel éclat de lumière.

    Influencé par le modernisme atonal du début du XXe siècle (on pense à Berg et surtout à Webern, pour sa sensibilité et sa précision), Nicolas Bacri a écrit en 1977, alors qu’il n’a même pas 17 ans, la Sonata Da Camera, op. 67. Il a retravaillé cette œuvre tout au long de sa carrière, en 1997 puis en 2000. Pour autant, reste l’essence "juvénile" de son thème. La passion se devine dans l’Andante de la Sonatina dont s’emparent avec fougue Elizabeth Balmas et Orlando Bass. Il faut de la technique pour s’attaquer à cette pièce ambitieuse et qui donne son nom à l’opus. C’est dire son importance. On parle d’expressionnisme dans cette sonate qui suit la carrière de Nicolas Bacri et à laquelle il avoue être attaché. Que l’on écoute le nerveux Scherzo et le long et bouleversant Pezzo elegiaco (adagio molto). On peut d’autant plus parler de romantisme contemporain. Le compositeur français évoque d'ailleurs la figure de Schubert lorsqu’il parle de "la douceur et la quasi naïveté" du thème centrale de la Sonate op. 67 qui se termine par des variations à la fois déroutantes et virtuoses (Variazioni). Elizabeth Balmas et Orlando Bass démontrent que l’audace moderne de l’atonalité n'est pas morte.

    Romantisme contemporain

    Autre Nocturne, Tenebrae, datée de 2015 et 2016, voit Nicolas Bacri revenir vers l’harmonie, sans pour autant tourner le dos à une construction musicale ambitieuse. Cette Nocturne n°6 a été écrite pour le piano. La prise de son met à l’honneur le jeu tour à tour puissante, élégant, sombre (d’où le titre Tenebrae) et expressionniste d’Orlando Bass. Le compositeur confie qu’il s’agit d’une de ses pièces pour piano les plus représentatives.  

    La Sonate n°2 op. 75 est proposée dans une version pour violon et piano. Elle date de 2002. Là aussi, elle peut s’écouter comme une réconciliation entre ses premières compositions sérielles et atonales et son retour vers la tonalité, avec toujours la recherche de l’expression et du sentiment. Il s’agit de l’une de ses pièces les plus significatives, comme il le confie lui-même et il est vrai qu’elle reste extrêmement jouée. Elizabeth Balmas et Orlando Bass s’affrontent plus qu’ils ne discutent, tout en tension (Introduction et Allegro), avant une Élégie à la fois sombre et mystérieuse. La violoniste semble voler au-dessus de ce mouvement qui voit dialoguer les deux instruments, tel un chant d’amour d’amour et de douleur, avant un long et éloquent silence. La Sonate n°2 se termine par un Rondo infernal, telle une danse des morts, tour à tour riante, menaçante mais finalement non sans rédemption.

    La Sonata Variata op. 75 est proposée dans une version pour alto seule. Elle a été écrite entre 2000 et 2001. L’auditeur ou l’auditrice découvrira un Nicolas Bacri joueur et ne tournant pas le dos à la mélodie (Preludio), pas plus qu’à ses influences classiques, à l’instar de sa Toccata rustica. Lorgnant du côté de Bach, le compositeur français fait se rejoindre archaïsme et modernité. L’alto reste tendu de bout en bout, avalant tout l’espace sonore durant deux minutes 30. Cette dernière sonate se termine par un finale nommé Metamorfosi. Un mouvement mystérieux, comme son nom l’indique. On est loin des premières œuvres atonales de Nicolas Bacri.

    L’artiste ne vend pourtant pas son âme à la modernité néoclassique. Toujours aussi exigeant, il reste un compositeur mû d’abord par l’émotion, l’expressivité et une écriture très fine, ce que le livret de l’album laisse à voir. Son homologue néerlandais John Borstlap a salué Nicolas Bacri comme "le compositeur français le plus important depuis Messiaen et Dutilleux" C’est dire l’importance de son œuvre, à découvrir ou redécouvrir donc.

    Nicolas Bacri, Da Camera, Elizabeth Balmas (violon et alto) & Orlando Bass (piano), Passavant, 2025
    https://www.facebook.com/nicolasbacriofficial
    http://www.nicolasbacri.net/biographiefr.html
    https://www.passavantmusic.com

    Voir aussi : "Un inconnu nommé Dupont"
    "Plus d’air, plus d’espaces"

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  • 18 ans + 18 années

    La lecture du Dernier été de mon innocence, roman graphique de près de 330 pages (éd. Robinson), ressemble à une autobiographie, celle précisément de Chloé qui a fui à Aubin, le village de sa jeunesse avant de revenir s’y installer avec sa fille unique, Diwi. Que s’est-il passé dans sa vie ? En rangeant des cartons, Chloé et son frère découvrent de vieux polaroids.

    Retour en arrière, 18 ans plus tôt, en 1996, alors que Chloé a 15 ans. À Aubin, une jeunesse désœuvrée traîne, bois parfois plus que de raison, fume un peu trop (et pas que de la cigarette), parfois flirte. Chloé traîne comme eux son ennui et ne se sent pas heureuse avec un père doux mais taiseux, une mère, artiste peintre et paumée et un frère souvent absent. Chloé, elle-même, est douée en dessin et rêve d’une carrière dans les arts. Mais en attendant, il y a le lycée et le bac.

    Et si, pour l’adolescente, la pension scolaire et la fuite pouvaient être une solution à son mal-être ? Un mal-être qu’elle cache derrière une succession de faits qu’elle raconte à la première personne : une relation qui se termine mal, un village où elle se sent malheureuse et un microcosme familial pesant. Ses années de lycée et de liberté vont aussi apporter leurs lots de déceptions avant, peut-être une lente reconstruction.

    Un a priori de plus en plus tenace laisserait croire que seule une femme peut parler d’une autre femme

    Cette dense et sensible bande dessinée a été imaginée, scénarisée et dessinée par Antonin Gallo. Un homme, donc. Et pourquoi pas ? Un a priori de plus en plus tenace laisserait croire que seule une femme peut parler d’une autre femme, un homme d’un autre homme ou une personne de couleur d’une autre personne de couleur. Rien de plus faux et Antonin Gallo le prouve sur le terrain.

    Le dernier été de mon innocence arrive à se placer dans la peau de Chloé, jeune femme adolescente durant les eighties, prenant le virage des années 2000, avec ses révolutions sociales et technologiques.

    Antonin Gallo fait preuve de tact et de subtilités pour parler des blessures d’une jeune femme se dépatouillant dans ses doutes, ses galères, ses névroses et surtout ses blessures : une histoire d’amour se terminant en viol, des études ratées, un petit copain prenant à la légère une blessure profonde ou une "dangereuse aventure" au milieu de skinheads. Mais il y a heureusement les amis et les proches, grâce à qui la guérison peut venir : les amis, un frère, une fille et aussi des parents.

    L’auteur a fait le choix de couleurs sépia pour une bande dessinée passionnante sans être spectaculaire. Juste... juste.   

    Antonin Gallo, Le dernier été de mon innocence, éd. Robinson, 2025, 328 p.
    https://editions-robinson.fr
    https://www.facebook.com/antonin.gallo.illustrateur
    https://www.instagram.com/antoningallo

    Voir aussi : "L’amour à l’italienne"

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  • Est-ce qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ?

    Le Café philosophique de Montargis proposera son prochain rendez-vous le vendredi 28 novembre prochain à la Médiathèque de Montargis, à 19 heures. Le sujet de la soirée portera sur cette question : "Est-ce qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ?"

    C’est sur une expression du langage courant que les participants de la dernière séance ont choisi de débattre. "Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis", entend-on régulièrement lorsqu’une personne adopte une opinion différente d’une autre qu’elle défendait auparavant. Dans ce cas, changer d’avis deviendrait une marque de raison et d’intelligence et non un signe de versatilité.

    Il sera question avant tout de notre rapport à la vérité et à nos opinions. Nos certitudes sont-elles toutes fragiles et susceptibles de devenir caduques ? Peut-il y avoir des avis définitifs qui ne peuvent jamais être remis en question ? Pourquoi est-il si difficile de changer d’avis, même face à des contradictions évidentes ? Comment distinguer l’obstination, considéré comme négatif, et la persévérance – plutôt positive, elle ? Changer d’avis est-ce un signe d’intelligence ou au contraire de faiblesse face à autrui ?      

    Voilà qui promet un débat riche. Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis le vendredi 28 novembre 2025 à 19 heures.

    La participation sera libre et gratuite. 

    "Est-ce qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ?"
    Médiathèque de Montargis
    Vendredi 26 septembre 2025, 19H
    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com
    https://www.facebook.com/cafephilosophique.montargis

    Voir aussi : "Triple tournée pour le Café Philo !"

    Photo : Photo : Pexels - Brendan Rühli

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  • Un inconnu nommé Dupont

    C’est sur un véritable tube que commence le dernier album de la pianiste Natacha Melkonian, à savoir le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy. La pianiste française, se produisant désormais à l’international, s’en empare avec ce qu’il faut d’élégance et de tact pour une pièce archi-jouée, demandant tout sauf de l’esbroufe. Une entrée en matière séduisante mais finalement peu étonnante.

    La surprise vient avec la suite de son programme, à la fois audacieux et passionnant. Natacha Melkonian choisit en avant de mettre à l’honneur Gabriel Dupont (1878-1914), contemporain de Debussy, avec qui il partage d’ailleurs le goût pour des pièces "impressionnistes", aux subtiles couleurs. La pianiste a fait le choix de consacrer l’essentiel de son opus à La maison dans les dunes. Ce cycle datant des années 1907-1910 est composé de dix pièces tout à tour contemplatives (Dans les dunes, par un matin clair), naturalistes (Voiles sur l’eau, Le soleil se joue dans les vagues, une pièce joueuse et expressive), fortement empreintes de nostalgie (le mélodieux morceau La maison du souvenir ou le plus sombre Le soir dans les pins), mélancoliques (la bien nommée Mélancolie du bonheur) mais aussi avec je ne sais quoi de fantaisiste (Mon frère le Vent et ma sœur la Pluie). Au sérieux impénétrable de Debussy, on peut préférer la proximité et le caractère attachant de Dupont que Natacha Melkonian a la bonne idée de mettre à l’honneur.

    Lyrique ? Oui. Mais aussi naturaliste et descriptif

    Pour ce cycle paisible et méditatif, l’esbroufe est interdite. La pianiste l’a bien compris, qui se ballade avec naturel dans ces paysages sans doute normands – le pays d’origine du compositeur.

    Si les peintres impressionnistes pouvaient avoir une BO, ce serait sans doute vers Gabriel Dupont qu'ils se tourneraient, compositeur plus moderne qu’on ne le dirait de prime abord (Le soir dans les pins). Dupont est maître dans l’art de retranscrire des paysages battus par le vent et la mer (Le bruissement de la mer, la nuit). Lyrique ? Oui (que l’on pense à la pièce Clair d’étoiles). Mais aussi naturaliste et descriptif (Houles), ce qui rend sa musique si immédiatement attachante, grâce ici au talent remarquable de Natacha Melkonian.

    Parlons enfin des trois dernières pistes présentes dans l’album. Il s’agit de Correspondances. La première datée de 1906-1907, la deuxième de 1909-1913 et la troisième non-datée. Natacha Melkonian a fait le choix de lire des extraits de ces correspondances écrites par Dupont. Voilà qui nous fait connaître l’artiste de la manière la plus directe possible. Gabriel Dupont apparaît comme un compositeur plus vivant que jamais. Voilà une manière inédite de découvrir un artiste resté dans l’ombre de Debussy. Il était temps de s’y réintéresser. Merci à Natacha Melkonian et à Indésens.

    Natacha Melkonian, La maison dans les dunes, Indésens Calioppe, 2025
    https://indesenscalliope.com/boutique/la-maison-dans-les-dunes/
    https://www.instagram.com/natachamelkonian
    https://linktr.ee

    Voir aussi : "Marie Jaëll et ses amies"
    "Sacrés romantiques !"

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  • Dahlia colorée

    Il y a de la soul chez Dahlia Dumont, mais de la pop-soul dopée à l’électronique, avec une énergie sans artifices (Betty II). C’est ce que l’on aime chez notre Frenchie, de retour avec son nouvel album de 12 titres, bien nommé Fantasia.

    Oui, Dahlia Dumont sait être fantaisiste, se jouant des rythmiques et des voix. La ballade Stalker, aussi classique soit-elle dans sa facture, réserve de jolies surprises, sous forme d’emprunts aux sons urbains, latinos, world et électros.

    Fantasia ne se prend jamais au sérieux. Qu’on se le dise. Le morceau Semi-Automatic Trinket (Take It!) est un vrai tour de force, et dans sa composition et dans son instrumentation, mixant flow américain et intrusion de l’accordéon. On n’oubliera pas non plus le rieur et fantasque Oblivion II, faussement je-m’en-foutisme mais réellement bien... foutu.

    L’auditeur ou l’auditrice tomberont sans doute sous le charme du sensible Sickmess qui nous envoie assurément du côté des influences afro-américaines, tout comme d’ailleurs le voyageur Crossing To Brookling.

    Le sacrément culotté Fantasia, qui donne son nom à l’opus, fait le choix du français et d’un texte sans fard ("Des fantasmes, je m’en méfie ! Des fantasmes, tellement envie !"). Freud aurait adoré ! Philippe Katerine aussi… A découvrir absolument !

    Freud aurait adoré ! Philippe Katerine aussi…

    On retombe en terrain plus familier, et néanmoins tout aussi passionnant avec le plus pop, Wishing Well. Dahlia Dumont nous prouve qu’elle est une nouvelle voix de la scène française à suivre, délimitant son univers, à mi-chemin entre le rock psychédélique des années 70 et les années 2020 riches des influences soul, jazz, urbaines et électros, mais aussi marquées par des préoccupations actuelles, dont féministes. On pensera, à ce sujet, à l’éloquent et poignant Consent.

    Le talent de Dahlia Dumont ne cesse d’étonner tout au long de la découverte de l’album. Que l’on pense au morceau Sentimental Reasons, reggae amoureux dopé aux vagues synthétiques. Enivrant et franchement bluffant, autant pour son orchestration que pour son travail mélodique.

    Ce qui n’empêche pas la chanteuse de savoir rester sur des chemins plus balisés – nous ne dirons pas plus sage – à l’exemple de sa ballade sous forme de confidence, The Walls, pour nous le meilleur titre de l’opus.

    On n’oubliera pas un passage par le jazz, période Juliette Gréco de Saint-Germain-des-Prés, avec le poétique et surréaliste L’Oppossum (Drops). Un joli bouquet de Dahlia, donc !

    Dahlia Dumont, Fantasia, Single Bel, 2025
    https://thebluedahliamusic.com
    https://www.facebook.com/dahliadumontmusic
    https://www.instagram.com/dahliadumontmusic

    Voir aussi : "Soleils"

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  • Deux Procureurs

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Deux Procureurs. Il sera visible le jeudi 20 novembre et dimanche 23 à 18H, le lundi 24 à 14H. Soirée débat le mardi 25 novembre à 20H. 

    Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev. Il se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur-général à Moscou. A l’heure des grandes purges staliniennes, c’est la plongée d’un homme dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom.

    Prix François Chalais au festival de Cannes 2025.

    Deux Procureurs, drame russe de Sergei Loznitsa
    avec Aleksandr Kuznetsov, Aleksandr Filippenko, Anatoliy Belyy, 2025, 118 mn

    Titre original : Zwei Staatsanwälte
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1620
    http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-catalogue/deux-procureurs.html

    Voir aussi : "La Petite Dernière"

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  • De la Tchéquie à Vienne avec Vanhal

    Le violoniste Marco Pedrona et le pianiste Matteo Bogazzi (au pianoforte) proposent dans ce nouvel enregistrement d’Indésens Calioppe une sélection d’œuvres de Johann Baptist Vanhal (1739-1813). Une vraie découverte. Sa longue carrière européenne, commencée dans la Tchéquie de son enfance, l’a rendu célèbre à Vienne. L’homme, respecté et admiré, a côtoyé Mozart et Haydn, avec qui il aurait constitué un légendaire quatuor – le tout aussi oublié Carl Ditters von Dittersdorf complétait cette fine équipe. C’est sur deux instruments d’époques que Marco Pedrona et Matteo Bogazzi ont choisi de jouer les trois sonates opus 30 pour violon et pianoforte de Vanhal.

    Nous sommes au cœur du Vienne brillant de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Déjà le début d’une domination musicale, et ce pour un bon bout de temps. Vanhal était réputé dans les salons bourgeois et aristocratiques de la bonne société autrichienne. On peut le comprendre, à l’écoute de la mozartienne Sonate n°1 en si bémol majeur, enlevée (Allegro moderato). On pourra préférer dans cette pièce l’Adagio, plus fin et moins virtuose. Marco Pedrona et Matteo Bogazzi donnent du lustre à cette œuvre intime et que goûtaient avec plaisir les contemporains et contemporaines du natif de Nechanice, au nord de la Tchéquie. 

    1 300 compositions, dont 54 quatuors, environ 30 concertos et plus de 100 symphonies

    Que de chemins parcourus pour ce fils de paysan, parvenu à éblouir le cœur de l’Europe. La preuve encore avec la deuxième Sonate pour violon et pianoforte, celle-là aussi en si bémol majeur, où Johann Baptist Vanhal semble se dégager de l’influence de Mozart pour construire une pièce plus originale, enlevée et mélodieuse (Allegro vivace). Il faut préciser ici que Vanhal a été très prolifique : 1 300 compositions, dont 54 quatuors, environ 30 concertos et plus de 100 symphonies. Voilà qui place l’homme à un niveau prolifique assez rare. Toujours dans la 2e Sonate, on se laissera séduire par le court et élégant Andante molto, tout comme l’original et vrombissant Rondò Allegro (et Adagio-Tempo primo), servi par les deux musiciens italiens semblant s’amuser comme personne.  

    La facture classique de ces sonates n’empêche pas l'auditeur ou l'auditrice d’être séduits par la troisième Sonate en sol majeur laissant deviner un musicien alliant écriture précise, clarté et expressivité (Allegro moderato et le charmant Rondò Allegro), parvenant à surprendre sans cesse, même pour ces œuvres écrites pour deux instruments. Dans le Cantabile, ne sommes-nous pas déjà dans une forme de préromantisme ?  

    Au final, voilà des pièces faciles d’accès, précise le livret ; certes, mais non sans difficultés techniques et nécessitant de la virtuosité. Ce qui est à souligner et qui est d’autant plus remarquable pour les deux instrumentalistes italiens, partis – ce qui est en soi très audacieux – sur les traces de Vanhal. Et vous savez quoi ? Ils l’ont finalement retrouvé, à notre plus grand bonheur !

    Johann Baptist Vanhal, Sonatas for piano and fortepiano op. 30,
    Marco Pedrona (violon) et Matteo Bogazzi (pianoforte), Indésens Calioppe, 2025

    https://indesenscalliope.com/boutique/sonatas-for-violin-and-fortepiano

    Voir aussi : "Berlin à l’ombre de Géants" 

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  • Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’art sans jamais oser le demander

    À quelques semaines des fêtes, voilà un livre qui mériterait amplement de figurer dans les emplettes du Père Noël.

    Ce sont les éditions Larousse qui proposent 500 Chefs d'œuvre à la loupe, un passionnant et précieux panorama de l’histoire de l’art, allant des premières créations préhistoriques (La dame de Willendorf, La salle des Taureaux de Lascaux) aux artistes les plus contemporains, certains encore vivants, que ce soit l’Anglais Franck Bowling et ses larges coulures de peintures vives, le Ghanéen El Anatsui et ses créations mixtes ou le célébrissime et néanmoins mystérieux Banksy, présent avec sa Jeune fille au ballon qui avait fait le buzz lors d’une récente vente aux enchère.

    On sera gréé aux auteurs des chroniques présentes dans l’ouvrage d’avoir fait preuve d’esprit synthétique et d’efficacité dans la présentation des plus grands chefs d’œuvres de l’histoire de l’art. La peinture est archi-dominante dans ce beau livre généreux.

    Les auteurs ont voulu, en une seule page et parfois deux (pas plus), expliquer les principales caractéristiques de créations aussi remarquables que La jeune fille à la perle de Vermeer, La Naissance de Vénus de Botticelli, Les Nymphéas de Monet ou Guernica de Picasso. On imagine le choix cornélien des auteurs et autrices devant choisir souvent une seule œuvre, voire deux, rarement plus, dans le parcours de génies incontournables.

    L’objectif est de mettre en avant des secrets de compositions ou des détails que l’on n’imagine souvent pas. Beaucoup connaissent la révolution du sfumato chez Léonard de Vinci. On découvrira aussi le fascinant double portrait des époux Arnolfini de Van Eyck pour ses perspectives et les subtilités des traits. Raphaël est également mis à l’honneur dans plusieurs tableaux, dont la riche scène de L’École d’Athènes, moderne avant l’heure. Pour un tel ouvrage, l’observation des natures mortes (Zurbaran, Clara Peeters ou Giovanna Garzoni) est un vrai plaisir, grâce au rendu des photographies. Le livre ne laisse pas de côté l’abstraction et sait expliquer avec pertinence l’intrusion de visions modernes dans l’art.

    On fondera complètement à la vue de La Jeune fille dansant, un bronze indien datant d’il y a plus de 4 000 ans

    Par ailleurs, des doubles pages thématiques sont consacrées au paysage, aux nus, aux autoportraits, à l’art religieux ou encore à la peinture d’histoire.

    Mais là où l’ouvrage est un vrai plus c’est lorsqu'il met en avant d'e œuvres peu connues, dans des régions du monde autres que l'Europe ou les Etats-Unis (Afrique, Océanie, Asie et Amérique précolombienne) et d’artistes femmes laissées pendant des siècles dans l’ombre. On fondera complètement à la vue de La Jeune fille dansant, un bronze indien datant d’il y a plus de 4 000 ans. On découvrira des artistes féminines mises à l’honneur, que ce soit la Chinoise Guan Daosheng au XIVe siècle, Catharina von Hemessen durant La Renaissance ou encore l’impressionniste Eva Gonzalès (le superbe Jeune Fille au réveil). Impossible non plus de ne pas évoquer un incroyable médaillon de l’artiste Gluck (on ne parle pas ici du compositeur), se représentant de profil avec Nesta Obermer (1936). Une vraie déclaration d’un amour interdit et un cri de revendication. En proposant ce superbe livre, Larousse revient à ses classiques autant qu’il contribue à dépoussiérer l’histoire de l’art.    

    500 chefs œuvres à la loupe, trad. Caroline Abolivier et Laetitia Agostino, éd. Larousse, 2025, 480 p.
    https://www.editions-larousse.fr/livre/500-chefs-doeuvre-la-loupe-9782036083554

    Voir aussi : "Le peintre qui aimait les femmes"

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