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• • Articles et blablas

  • Les vivantes et les autres

    Ambre Chalumeau, beaucoup la connaissent. Journaliste et chroniqueuse télé pour Quotidien, elle s’est rapidement imposée par sa manière d’arpenter les champs culturels. Curieuse, douée, insatiable, elle sait aussi bien parler peinture que films, musiques ou littérature.

    Et c’est justement de littérature qu’il s’agit, mais cette fois avec Ambre Chalumeau comme artiste et écrivaine et plus seulement en médiatrice.

    Dans Les Vivants, paru chez Stock, on devine que c’est dans son (jeune) passé que l’écrivaine a puisé son inspiration. Aussi brillante que l’une de ses héroïnes, Diane, fraîchement bachelière et partie pour d’ambitieuses études littéraires. Inséparable de Cora et de Simon, elle voit sa vie bouleversée lorsqu’elle apprend que Simon vient d’être admis subitement à l’hôpital. Il va pourtant falloir avancer, attendre mais espérer, entre visites à l’hôpital, projets personnels et interrogations. Bientôt, les deux jeunes femmes se lient avec une troisième femme, Céline, la mère de Simon.

    Un roman passionnant. Mais comment ? 

    Sur une histoire tristement ordinaire – l’hospitalisation d’un jeune homme qui laisse peu d’espoir – Ambre Chalumeau a construit un roman passionnant. Mais comment ?

    D’abord, grâce à ce trio de femmes – Diane-Nora-Céline. Que de différences entre la brillante littéraire, la lumineuse Cora aux écorchures secrètes et la mère de famille qui se penche au chevet de son fils ! L’autrice s’attarde paradoxalement peu sur le jeune alité, sinon pour s’intéresser à un secret que ses amies et sa mère apprennent par hasard. Par contre, ce sont ces vivantes qui intéressent Ambre Chalumeau. Diane doit se démener pour maintenir sa tête hors de l’eau. Nora a fort à faire avec un petit ami insupportable qui sera une des victimes collatérale du drame – victime que l’on ne regrettera pas. Et il y a cette mère, bouleversante, blessée, perdue, lâchée par un mari ayant décidé de voir ailleurs.

    La maladie de Simon, dont on ne saura rien, est un catalyseur et un révélateur chez celles qui restent. "C’est injuste mais c’est vrai : aucun chagrin, même le plus déchirant, même le plus légitime, n’a suffi jusqu’ici à arrêter la marche du monde. Et souvent, par une force de résilience que je serais incapable de pratiquer ou même d’expliquer, ils ne suffisent pas à arrêter la marche d’une vie."

    Pour parler de ce drame, la plume d’Ambre Chalumeau est incomparable : vivante, nerveuse, inventive et non dénuée d’humour. Une belle découverte.

    Ambre Chalumeau, Les Vivants, éd. Stock, 2025, 304 p.
    https://www.editions-stock.fr/livre/les-vivants-9782234097650
    https://www.instagram.com/achalumax

    Voir aussi : "La Micro-Folie arrive dans l'Agglomération Montargoise !"

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  • Pas si frivole que ça

    Reynaldo Hahn est partiellement tombé dans l’oubli. Voilà pourquoi l’enregistrement du Dieu bleu par Les Frivolités Parisiennes (b.records) prend tout son intérêt. Pour ce ballet en un acte crée en mars 1912, le compositeur français né au Venezuela en 1874 (et décédé à Paris en 1947) a composé une musique typique de sa réputation de mélodiste raffiné, attaché aux harmonies et à contre-courant du modernisme qui a vu naître la musique contemporaine au début du XXe siècle.

    Dès les premières notes du Prélude, nous sommes bien dans un esprit typique de la musique française de la Belle Époque : harmonique, onirique et fortement influencée par Debussy (que l’on pense au passage éloquemment intitulé Clair de lune). Reynaldo Hahn s’y meut avec grâce, pour ne pas dire magnificence.

    Le Dieu bleu était au départ une commande de Serge Diaghilev pour les Ballets Russes sur un argument de Cocteau. L’histoire s’apparente à un conte oriental et pittoresque, que ne manque pas de refléter la musique de Hahn (Première danse, Danse des porteuses d’offrandes et des musiciennes). Sur un argument assez classique – une histoire d’amour impossible entre une jeune femme et un prêtre voué à la religion et que le Dieu bleu va autoriser et accepter de bénir – le compositeur imagine une musique à la facture classique et aux inspirations orientales, l’histoire étant sensée se passer dans une Inde fantasmée. 
    Les spectateurs et spectatrices de 1912 ont été à l’époque convaincus par la qualité de la composition somme toute assez académique et n’étant pas sans rappeler le Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov (Danse des Bayadères du Lotus). Reynaldo Hahn peut bien faire des concessions au modernisme dans un but expressionniste (Danse des Yoghis), il n’en reste pas moins vrai que son opus a bel et bien été éclipsé par ces autres ballets révolutionnaires que furent Petrouchka, L'Oiseau de feu ou le Sacre du Printemps dans les mêmes années.

    Son œuvre a été éclipsée par ces autres ballets révolutionnaires que furent Petrouchka, L'Oiseau de feu ou le Sacre du Printemps

    L’orchestre de 70 musiciens et musiciennes des Frivolités Parisiennes, que dirige Dylan Corlay, se pose en découvreur d’une œuvre qui n’en reste pas moins dense, intelligente et sensible. Romanesque et romantique aussi (Scène de la jeune fille), mais non sans moments tragiques, à l’instar de celui de La Colère des prêtres qui fait basculer l’histoire du couple. Pensons aussi aux apparitions fantasmagoriques de Monstres et démons.

    On ne sera paradoxalement pas dépaysé par ce ballet à la facture classique – les mauvaises langues utiliseront le terme "académique" – dont l’enregistrement public (à la Cité de le Musique et de la Danse de Soissons, en septembre 2023) présente l’avantage de sortir le Maestro Reynaldo Hahn d’un injuste oubli. Le musicologue Christophe Mirambeau parle dans le livret d’accompagnement de l’album de "l’incroyable modernité" du compositeur. Soulignons aussi qu’il s’agit d’une œuvre attachante dans sa simplicité (Le miracle, La déesse paraît).

    Le moment phare du ballet reste la danse éponyme du Dieu bleu. Le morceau séduit par sa richesse harmonique et par ses riches teintes orientales, poétiques à souhait. La musique de Reynaldo Hahn ne dépareillerait pas dans une bande originale de film actuel. Alors, parler d’auteur dépassé ? Oublions cela. L’ensemble des Frivolités parisiennes mettent à l’honneur une partition solide, raffinée et non sans originalité (L’enchantement divin), certes avec cet exotisme oriental typique de l’époque. Pour ne rien gâcher, ce conte dépaysant se termine avec un happy end, où l’amour des deux jeunes gens peut se vivre au grand jour (Les amants se réunissent) sous le regard des dieux (L’escalier d’or et la montée du Dieu). Une vraie belle curiosité. 

    Reynaldo Hahn, Le Dieu bleu, Les Frivolités Parisiennes,
    dirigé par Dylan Corlay, b•records, 2025

    https://www.b-records.fr/le-dieu-bleu
    https://reynaldo-hahn.net/Html/balletsDieuBleu.htm
    https://lesfrivolitesparisiennes.com

    Voir aussi : "4 voix désirables"
    "Loïe Fuller sur les pas de Salomé"

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  • Dimanches

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis les films Dimanches. Il sera visible les jeudi 3 juillet, dimanche 6 juillet à 18 heures, lundi 7 juillet à 14 heures et mardi 8 juillet à 20 heures 30. Soirée débat à l’Alticiné le lundi mardi 1er juillet à 20 heures 30.

    Un couple de paysans âgés vit paisiblement dans un petit village de la campagne ouzbek où il travaille la laine. Peu à peu, son existence se voit bouleversée par les sollicitations de ses deux fils, qui insistent pour faire pénétrer la technologie chez eux malgré leurs réticences – et avec une idée derrière la tête : démolir la vieille maison qu’ils habitent pour en construire une nouvelle, afin que le plus jeune fils, ayant réussi à l’étranger, puisse en faire sa résidence secondaire...

    Dimanches, drame ouzbèque de Shokir Kholikov
    avec Abdurakhmon Yusufaliyev, Roza Piyazova, 2025, 97 mn

    Titre original : Yakshanba
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1595
    https://carlottafilms.com/films/dimanches

    Voir aussi : "Ce n’est qu’un au revoir & Un pincement au cœur"

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  • La Micro-Folie arrive dans l'Agglomération Montargoise !

    La Micro-Folie de l’Agglomération Montargoise ouvre ses portes lors d’une journée festive le samedi 5 juillet 2025 de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. Accès libre à l’arrière du musée Girodet, par le parc Durzy.

    Au programme de cette journée : des ateliers pour toute la famille, de la musique, du théâtre d’improvisation et des visites libres du musée virtuel. Le tout, gratuitement ! La Micro-Folie restera dans le bâtiment du musée Girodet pendant plusieurs mois avant de se déplacer sur tout le territoire de l’Agglomération Montargoise Et rives du loing.

    Le réseau Micro-Folie permet de rendre la culture accessible à tous en réunissant plusieurs milliers de chefs-d’œuvre de nombreuses institutions et musées régionaux, nationaux et internationaux.

    Chaque Micro-Folie dispose d’une collection de plus de 5 000 œuvres, en constante évolution. Chefs d’œuvres artistiques, créations remarquables, archives sportives, spectacles vivants ou encore documentaires, dans une très haute qualité de définition, sont présentés au public sur grand écran et tablettes numériques, mais aussi grâce à des casques de réalité virtuelle. 
    Découverte libre, visites virtuelles, ateliers, jeux, livres et mallettes pédagogiques complètent le dispositif pour accompagner au mieux les visiteurs dans leurs découvertes.

    Le projet Micro-Folie est un dispositif culturel porté par le ministère de la Culture et coordonné par La Villette en lien avec 12 établissements nationaux fondateurs. L’Agglomération Montargoise Et rives du loing le propose aujourd’hui sur son territoire, avec le soutien de l’État, du Département du Loiret et de la DRAC.

    S’il n’est pas toujours possible d’aller vers les musées, pourquoi les musées ne se déplaceraient-ils pas vers le public ?  

    Dès cet été, la Micro-Folie de l’Agglomération Montargoise démarrera ses activités au musée Girodet avant de se déplacer sur tout le territoire de l’Agglomération Montargoise Et rives du loing, au plus près des habitants.

    Micro-Folie de l'Agglomération Montargoise
    Journée d'ouverture le samedi 5 juillet 2025 10H-12H et 14H-18H
    Musée Girodet
    https://www.musee-girodet.fr
    https://www.lavillette.com/micro-folie

    Voir aussi : "Prendre son temps, est-ce le perdre ?"

    © Nicolas Krief

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  • Philipp Scharwenka, nocturne et en pleine lumière

    Philipp Scharwenka (1847-1917)  n’est certes pas le plus connu des compositeurs allemands romantiques du XIXe siècle. Manque de bol pour Philipp Scharwenka à l’époque, sa notoriété avait déjà été quelque peu éclipsée par son frère Xaver, plus célèbre que lui – à l’exception toutefois des États-Unis où Philipp a remporté un certain succès. Oublié depuis, on doit son retour en grâce à un très joli album de la pianiste turque Cansu Sanlidag. Elle propose, sous le titre The Nocturnal Poet, des œuvres représentatives du compositeur, à savoir sa Ballade op. 94, la Rhapsodie op. 85 n° 1, le Scherzo op. 97 n°3 et les six premiers Abendstimmungen op. 107.

    Cansu Sanlidag caresse les touches de son clavier pour la langoureuse et mélancolique Ballade composée en 1894, ponctuée de moments lumineux et presque joyeux. L’influence de Chopin est évidente dans cette pièce. Rien d’étonnant que le compositeur polonais soit cité ici. Philipp Scharwenka et son frère Xaver sont natifs de Samter, actuelle Szamotuly, en Pologne. Ils ont par la suite rejoint en famille Berlin où le musicien a passé la majeure partie de sa vie. Il faut préciser que faire sa place musicale dans la bouillonnante capitale allemande n’a pas été simple. Après les décès des postromantiques allemandes que furent Liszt et Wagner, les Scharwenka ont été éclipsés par ces autres "monstres" qu’ont été Mahler, Wolf ou Richard Strauss. Aussi on ne peut que saluer l’entreprise de Cansu Sanlidag de faire sortir de l’ombre ce "poète nocturne".

    Faire sa place musicale dans la bouillonnante capitale allemande n’a pas été simple

    Les six Abendstimmungen op. 107 (littéralement "ambiances du soir") ont été composées en 1915. Philipp Scharwenka suit ses propres inspirations, bien loin du tapage de ses contemporains. Le néoromantisme est à l’œuvre chez lui, alors que la musique prend à l’époque bruyamment la voie de la modernité (Schoenberg, Berg et Webern, pour ne citer qu’eux). Pédagogue réputé, Philipp Scharwenka fait le choix du classicisme, de la pudeur et de la retenue. Cansu Sanlidag, dont la virtuosité est reconnue dans le monde, rend hommage à un compositeur aussi discret en ville que classique dans ses pièces (n°1). Le deuxième Abendstimmung renvoie à Chopin, lorsque le n°3 se fait plus onirique, plus inquiétant aussi. La Rhapsodie op. 85 datant de 1891, robuste et sombre, prouve que le romantisme est loin d’être mort lorsque Philipp Scharwenka compose cette pièce tourmentée et ambitieuse.

    Le quatrième Abendstimmung séduit par sa mélancolie au rythme entêtant, on pourrait même dire par sa dramaturgie exprimée par une Cansu Sanlidag décidément bien inspirée. Le n°5 laisse exploser les sentiments du compositeur allemand, avec toujours cette simplicité dans l’écriture et une interprétation hypersensible de la pianiste.

    Le sixième Abendstimmung s’écoute comme une saynète intime, touchante et simple. Philipp Scharwenka s’y montre tel qu’en lui-même, posé et à l’abri des tourments du monde, un monde à l’époque plongé dans le fracas de la première guerre mondiale – le musicien décède en 1917 sans avoir revu la paix.

    L’enregistrement se termine avec le Scherzo n°3, écrit en 1896. Le morceau a eu un joli succès à l’époque. Pétillant au départ, il monte peu à peu en gravité et en expressivité. Cansu Sanlidag s’y meut avec un naturel évident mais aussi un rare plaisir. Celui aussi d’avoir pu nous faire découvrir un compositeur injustement tombé dans l’oubli.     

    Philipp Scharwenka, The Nocturnal Poet, Cansu Sanlidag (piano), Pavane, 2025
    https://www.cansusanlidag.com
    https://www.instagram.com/p/DJznLjOtmmF

    Voir aussi : "Bach made in Rana"

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  • Richard Rasa et ses animaux

    Nous avions parlé de l’exposition de Richard Rasa à Amilly autour des animaux sauvages, en danger de mort dans une planète tournant décidément très mal.

    Le peintre, dessinateur et écrivain propose, dans la continuité de cet événement, un catalogue de ses plus belles œuvres animalières qu’il complète de textes, des poèmes qui sont autant de messages pour nous.  

    Quoi de mieux que la couleur, la beauté et les mots pour rendre efficace les alertes ? Surtout si le lanceur est un manchot. 

    Richard Rasa, Les cris et les maux du manchot voyageur, 2025, 50 p.
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100080681393987
    https://www.ritchi-rasa.com
    https://www.instagram.com/ritchi.rasa

    Voir aussi : "Âme-ni-maux"

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  • Jamais sans mon fils

    Un buzz existe sur Exterritorial : ce thriller allemand vient d’entrer dans le top 5 des films Netflix les plus vus sur la plateforme international. Singulier succès mais finalement pas si étonnant cela si on s’arrête sur la facture somme toute très classique dans les thrillers.

    Sara Wulf, ancienne soldate des forces spéciales, se remet difficilement d’un coup dur en Afghanistan. Gravement blessée suite à une attaque qui a tué son compagnon, elle ne vit que pour son fils Josh qui n’a pas connu su père. Elle s’apprête à quitter l’Allemagne pour rejoindre les États-Unis. Mais au Consulat américain de Francfort, son fils disparaît. La jeune femme est prise dans un complot. Commence une course contre la montre pour retrouver son enfant.   

    Le jeu rugueux de Jeanne Goursaud. Une sacrée révélation

    Sans être révolutionnaire, Exterritorial est un petit thriller à la fois malin, rythmé et servi par une actrice de premier choix, la formidable franco-allemande Jeanne Goursaud, dans le rôle d’une ex-militaire dont les compétences dans l’art de la guerre vont lui être très utiles. Mention spéciale pour Lera Abova, dans le rôle d’Irina, une ex-filtrée biélorusse servant de guide dans une partie du film.

    On est bien d’accord : le scénario pèche par manque de crédibilité – l’omniprésence des caméras de surveillance aussi nombreuses qu’inutiles – à moins qu’il ne s’agisse d’un message des créateurs – et des lacunes – mais où a été caché Josh.

    Mention spéciale par contre pour les courses poursuites, le long plan séquence des entrepôts à la piscine du consulat et le jeu rugueux de Jeanne Goursaud. Une sacrée révélation ! Pas étonnant que Netflix ait marqué les esprits avec ce film d’action distrayant venu tout droit de l’autre côté du Rhin.

    Exterritorial, thriller allemand de Christian Zübert,
    avec Jeanne Goursaud, Dougray Scott et Lera Abova, 2025, 109 mn, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81571720

    Voir aussi : "Dans la dèche"

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  • Chaude et envoûtante Méditerranée

    Il souffle un parfum de Méditerranée dans ce superbe album de l’Ensemble Myrtho. Avec Au Gré d’Eros nous voilà embarqué dans un périple à la fois géographique et temporel. Géographique parce que le groupe nous convie dans le bassin méditerranéen, que ce soit la Grèce, la Macédoine (Me Minise), la Corse et la France continentale ; temporel car les chants proposés ici sont issus de traditions multimillénaires.

    L’ensemble est formé par Pierre Blanchut (au santour, un instrument d’origine iranienne appartenant à la famille des cithares sur table), Laetitia Marcangeli (au chant et à la vielle à roue), Raphaël Sibertin-Blanc (aux violon, alto et kemençe d’Istanbul, un instrument à cordes frottées utilisé dans la musique classique turque jusqu'à la fin du XVIIIe siècle) et Timothée Tchang Tien Ling (aux percussions méditerranéennes).

    Laetitia Marcangeli ne chante pas Sapho, la poétesse du VIIe siècle avant notre ère ; elle est Sapho dans ce poétique, dépouillé et poignant Hymne à Aphrodite : "Viens à moi maintenant encore, et délivre-moi de ma douloureuse anxiété". Sapho revient plus loin dans l’album avec un fragment dans lequel la poétesse grecque se lamente sur un amour cruel : "L’amour a ébranlé mon cœur, comme le vent, dans les montagnes, s’abat sur les chênes" (Yo m'enamori d'un aire). Là encore, la chanteuse et musicienne Laetitia Marcangeli s’approprie l’âme de la femme de lettres antique. 

    Puisqu’il s’agit d’un opus placé sous le signe d’Éros, l’amour est omniprésent

    Puisqu’il s’agit d’un opus placé sous le signe d’Éros, l’amour est omniprésent. Il y a cette déclaration venue de Chypre, Paphitissa : "Ô ma douce colombe, quand ton vol s’incline sur le coteau, dis-moi où tu prends ton eau…" Pour cet autre chant amoureux qu’est Laledakia, L’Ensemble Myrtho emprunte le titre à un poème de Gérard de Nerval : "Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse, / Au Pausilippe altier, de mille feux brillant, / A ton front inondé des clartés d’Orient, / Aux raisins noirs mêlés avec l’or de ta tresse / C’est dans ta coupe aussi que j’avais bu l’ivresse, / Et dans l’éclair furtif de ton œil souriant, / Quand aux pieds d’Iacchus on me voyait priant, / Car la Muse m’a fait l’un des fils de la Grèce".

    L’opus, aussi singulier soit-il, séduit à, tout point de vue. Généreux, brillant et attachant, l’Ensemble Myrtho bâtit de passionnantes passerelles entre des cultures liées par la Mer Méditerranée. Avre tu purta, une délicieuse invite pour que la belle ouvre sa porte à l’amoureux, nous vient de la culture séfarade. Culture séfarade encore avec le traditionnel chant Yo m’enamori de un aire ou encore avec l’envoûtant, romantique et oriental Una matica de ruda, un air traditionnel venu de Rhodes dans lequel une jeune fille avoue à sa mère qu’un garçon lui a offert un bouquet de fleurs. Ces deux morceaux précèdent une chanson traditionnelle française écrit par Clément Marot (La belle endormie). On retrouve un autre air traditionnel français, du Quercy, avec la sérénade Rossignolet du bois, charmante adresse adressée à un oiseau afin qu'il enseigne la manière d’aimer.      

    La Corse n’est pas oubliée avec deux airs traditionnels corses : Lisa Bedda, qui pleure le départ pour Bonifacio d’une femme encore aimée et U pinu tunisianu, une singulière chanson sur une lettre entre deux cousins dont l’un, exilé en Tunisie, regrette d’avoir été rejeté par une femme. Incroyable découverte que ce chant qui rend hommage à l’une des plus importantes cultures vivantes en Méditerranée et dont on peut goûter avec délice le rythme comme la densité.  

    Une jolie découverte que cet album, idéal en ce début d'été.

    Ensemble Myrtho, Au Gré d'Eros, Concertons ! / L'Autre Distribution, 2025
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100070835440216
    https://bfan.link/au-gre-d-eros

    Voir aussi : "Voyage vers les Corées"

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