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Danse

  • Loïe Fuller sur les pas de Salomé

    L’album consacré à la Salomé de Florent Schmitt est précédé d’une autre œuvre, Loïe, de Fabien Touchard, un hommage à la danseuse et chorégraphe américaine Loïe Fuller, dont la modernité et le travail sur les voiles lui a permis d’incarner une Salomé légendaire dans l’œuvre de Florent Schmitt.

    Commençons donc par parler de cette Loïe, une œuvre de 2021 pour flûte et électroacoustique. Dans cette création de musique contemporaine, une place importante est laissée au silence ("Prologue") et aux vibrations mêlant le son acoustique de la flûte, comme venu des âges lointains et des percussions. Dans le deuxième mouvement de Loïe, modernité, classicisme et archaïsme se mêlent dans des élans tour à tour primaires, malheriens, avec une énergie brute semblant venir d’une chamane habitée. Le mouvement renvoie l'auditeur aux inventions sonores d'Igor Stravinski dans L'Oiseau de feu. Assurément, Fabien Touchard est un nom qu'il faudra retenir. 

    Restons au XXe siècle avec l’œuvre principale de cet album, la pièce La Tragédie de Salomé, opus 50, de Florent Schmitt, composée en 1907 et pour laquelle Loïe Fuller a dansé sur scène, au service de ce rôle des plus sulfureux. On a quelque peu oublié ce compositeur, figure pourtant importante de la musique classique du XXe siècle, à l'instar de Fauré, Ravel ou Saint-Saëns.

    La délicatesse et les mouvements soyeux et élégants éclatent dans ce drame muet en deux actes et sept tableaux mettant en musique un épisode du Nouveau Testament. Le travail mélodique apparaît presque comme un pied-de-nez et un défi, alors que les premières années du XXe siècle voyaient la musique s'ébrouer et revisiter ses fondamentaux (Schoenberg, Satie et – nous en parlions – Stravinski).

    Salomé fait se rencontrer la séduction et le sexe avec la peur et la mort

    Après un "Prélude" à la longueur singulière (plus de neuf minutes), le deuxième tableau fait le choix de l'expressivité. On imagine aisément les danseurs et danseuses – et en premier lieu Salomé/Loïe Fuller – évoluer sur scène. Le terme de musique de ballet prend tout son sens, d'autant plus qu'elle est servie par un orchestre - Les Apaches!- dirigé avec fraîcheur et nuance par Julien Masmondet.

    Parler d'accent orientalisant n'est pas absurde si l'on parle d'une œuvre se déroulant autour du bassin méditerranéen et moyen-oriental. Rappelons que l'œuvre date des premières années du XXe siècle, à une époque où le colonialisme était triomphant. Florent Schmitt n'oublie pas ces respirations bienvenues ("Troisième tableau", les quatre préludes, "Les enchantements de la mer") entre des morceaux de bravoure non dénuées de sensualité ("Danse des perles"). Quelle autre personne légendaire n'est aussi attaché à la chorégraphie que, précisément, Salomé ? C'est là que le compositeur français se montre le plus inspiré, à dessein. Fidèle à l’histoire légendaire, Florent Schmitt égraine les danses comme la fatale Salomé dans son strip-tease diabolique : à la romantique "Danse des perles", succède une luxuriante et orientalisante "Danse du paon", une "Danse du serpent" tentatrice à souhait (rappelons que nous sommes dans un épisode biblique) et une "Danse de l’acier" mêlant sensualité, mystère et puissance.

    Floerent Schmitt a fait le choix singulier d’attendre la fin de son œuvre – le "Chant d’Aïea" – pour faire intervenir la voix humaine, envoûtante et surnaturelle mélopée d’un peu plus de deux minutes. L’air est interprété par la soprano Sandrine Buendia dans cet enregistrement capté au Théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet en décembre 2021.

    La Tragédie de Salomé se termine par les deux dernières danses, la "Danse des Éclairs" et la "Danse de l’Effroi", moins sensuelles que glaçantes et mortifères. Salomé fait se rencontrer la séduction et le sexe avec la peur et la mort pour cette mise en musique et en ballet d'un personnage secondaire de la Bible devenu un mythe.

    Florent Schmitt, La Tragédie de Salomé et Fabien Touchard, Loïe,
    Les Apaches!, dirigé par Julien Masmondet,
    avec Marie Laforgue (flûte) et Sandrine Buendia (soprano), b.records, 2023

    https://www.b-records.fr/la-tragedie-de-salome
    https://www.ensemblelesapaches.com/l-ensemble
    http://www.fabientouchard.fr

    Voir aussi : "Amour, musique et nostalgie"

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  • Mi-figue, mi-raisin 

    mozart,opéra,cosi fan tutte,opéra de paris,lorenzo da ponte,jacquelyn wagner,michele losier,cyrille dubois,philippe sly,paulo szot,ginger costa-jackson,opéra national de paris,philippe jordan,anne teresa de keersmaeker,compagnie rosasMal-aimé, faussement léger et finalement génial : Così fan tutte fait partie des œuvres majeures et tardives de Mozart (1790, soit un an avant sa mort). L’argument du livret de Lorenzo da Ponte est d’une grande simplicité :  Guglielmo et Ferrando se félicitent devant le cynique Alfonso de la fidélité de leurs fiancées, Fiordiligi, la promise de Guglielmo et sa sœur Dorabella, fiancée à Ferrando. Alfonso moque la naïveté des jeunes hommes et leur propose un pari : tester la fidélité des jeunes femmes grâce à un jeu de séduction et de travestissements :  Fiordiligi pourrait-elle tomber amoureuse de Ferrando et Dorabella de Guglielmo. La servante Despina accepte d’aider Alfonso à cette double supercherie.

    Voilà pour l’histoire, bien connue des fans de lyrique, qui savent aussi comment Mozart a su s’emparer de ce sujet léger, pour ne pas dire dépassé, pour composer une musique d’une fluidité, d’une élégance et d’une grâce inouïes, non sans ces moments où la douleur et le pathétique peuvent surgir derrière une mesure, une note ou un accent : que l’on pense à l’ouverture, au final du premier acte ("Si mora, sì, si mora") ou aux arias de Despina.

    L’Opéra de Paris en a proposé une interprétation inédite en 2017. L’orchestre était dirigé par Philippe Jordan sur une chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker. Cette version est disponible en DVD et Blu-ray chez Arthaus.

    Perplexité

    D’où vient cependant cette perplexité à la découverte de cette version du Così fan tutte, un opéra plus complexe que que l’on veuille bien le dire, comme le montre la fin – les noces des deux couples ?

    D’abord et avant tout, moins au décor (un entrepôt sans âme ) et à la mise en scène contemporaine – ce qui est maintenant monnaie courant, y compris et surtout dans les œuvres classiques – qu’à la chorégraphie.

    En faisant appel à la chorégraphe belge, l’Opéra de Paris a fat le choix d’un spectacle dans lequel le lyrisme serait étroitement lié à la danse. Et il est vrai que les danseurs et les danseuses font presque jeu également avec les chanteurs et chanteuses. C’est simple : ils fonctionnent en duo, soit muet, soit dansant.

    Ce qui est une bonne idée au départ devient un spectacle déroutant qui peut séduire comme il peut rendre hermétique. L’importance de ce Così fan tutte est donné autant aux voix qu’aux corps en mouvement, sur une scène vide.

    Il y a bien entendu la musique de Mozart, grâce à laquelle on pardonnera tout. Mais il faut aussi souligner l’interprétation pleine de verve de  Ginger Costa-Jackson dans le rôle de Despina. Disons-le : c’est elle sans doute la vraie grande surprise de ce Così fan tutte.

    Così fan tutte, opéra, Dramma giocoso de Wolfgang Amades Mozart, livret de Lorenzo da Ponte, avec Jacquelyn Wagner, Michèle Losier, Cyrille Dubois, Philippe Sly, Paulo Szot et Ginger Costa-Jackson, Arthaus, DVD, 2017
    Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dirigé par Philippe Jordan
    Chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker
    Avec les danseurs et danseuses de la Compagnie Rosas
    https://www.operadeparis.fr/saison-17-18/opera/cosi-fan-tutte
    https://www.rosas.be/fr/productions/351-cosi-fan-tutte
    https://arthaus-musik.com/en/dvd/music/opera/media/details/Cosi_fan_tutte_3.html

    Voir aussi : "Toutes les mêmes, tous les mêmes"

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  • Les filles du Moulin Rouge (presque) prêtes au déconfinement

    Parce que la vie et le travail ne s’arrêtent jamais complètement pendant le confinement, les danseuses du Moulin Rouge entendent bien mettre à profit cette période pour continuer à s’entraîner et se tenir prête dès l’autorisation de l’ouverture des salles de spectacle.

    Pour le prouver, plusieurs danseuses du célèbre cabaret parisien, en chômage partiel, prouvent en image qu’elles continuent à s’entretenir, même si c’est dans le 30 m² de leur appartement. Et avec masque et attestation si besoin. La preuve par l’image sur le Facebook du Moulin Rouge.

    Les danseuses du Moulin Rouge
    http://www.moulinrouge.fr

    Voir aussi : "Une danseuse bionique au Crazy Horse"

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  • Danse pour une ville désertée

    La chorégraphe syrienne Yara al-Hasbani s’est d’abord fait connaître au début de la guerre civile syrienne en 2011 en protestant contre le régime en place. Menacée de mort, elle a choisi de s'installer à Paris.

    Dans une ville confinée et abandonnée, celle où elle vit donc, la dissidente syrienne qui a connu les paysages désertés par la guerre proposait ce week-end – mais sans public – une chorégraphie devant les lieux emblématiques que sont la Pyramide du Louvre, le Sacré Cœur ou le parvis du Trocadéro, un lieu où elle avait créé en 2015 une chorégraphie en hommage aux centaines d’enfants morts d’une attaque chimique dans son pays.

    Mieux qu’une performance artistique, Yara al-Hasbani entend envoyer un message de paix et de beauté dans une ville, certes en paix, mais comme abandonnée de ses habitants.

    Yara al-Hasbanin danse dans Paris confiné
    https://www.facebook.com/Y.Alhasbani

    Voir aussi : "Le Théâtre Mikhailovsky se pointe sur Internet"

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  • Le Théâtre Mikhailovsky se pointe sur Internet

    Lorsque le confinement vire au grand art : parce que les artistes classiques sont concernés lui aussi par le Grand Confinement, les danseurs du Théâtre Mikhailovsky de Saint-Petersbourg ont décidé de continuer leurs pointes, portées, et autres pas de chat, cette fois sur Facebook.

    L’internaute peut découvrir les prestations de ces artistes chez eux, en tutu, chaussons et collants… mais dans des activités les plus prosaïques : en pleine popote à la cuisine, chorégraphiant des pas sur le Don Quichotte tout en faisant la vaisselle, dans la salle de bain ou passant… le balai.
    Une magnifique manière de sourire par une troupe qui n’attend qu’une chose : retrouver la scène et le public. Le vrai.

    https://www.facebook.com/mikhailovskytheatre
    https://mikhailovsky.ru/en

    Voir aussi : "Vanessa Benelli Mossel : #iorestoacasa, nella musica"

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  • Qui va tango va sano e lontano

    Au Café Gran Tortoni, en plein cœur de Buenos Aires, un jeune homme attend d’être reçu par un maestro du tango afin de devenir son élève. En attendant ce rendez-vous qui va changer sa vie, Mina, une serveuse et danseuse, le prend son son aile en lui présentant les personnages gravitant autour d’elle, dans un café tout entier dévolu à la plus sensuelle des danses.

    Le tanguero novice découvre et écoute ces histoires argentines, comme autant de récits d’initiation.

    Des récits d'initiation

    Dans les 110 pages d’une BD entièrement consacrée au tango, Philippe Charlot et Winoc mettent en image des destins incroyables : dans les années 30, un acteur trouve le succès puis le malheur grâce à un texte révolutionnaire de Jorge Luis Borges ; sur la Plaza de Mayo, un payador, troubadour et chanteur de tango, débarque de la pampa pour défier Carlos Gardel ; un autre chanteur raconte dans quelles circonstances il a gagné un concours hors du commun organisé par une certaine mademoiselle Magdalena ; il est également question d’un bandonéon apporté par une jolie factrice d’accordéon, d’un danseur doué mais désargenté empêtré dans une histoire de vol et d’amour, d’un flirt hors du temps entre deux retraités et d’un fantôme errant dans les salles du Gran Café Tortoni.

    Les amoureux du tango adoreront cette bande dessinée au scénario envoûtant. Les autres se laisseront transporter par ces histoires dont le fil conducteur est une danse et une musique, et qui invitent à écouter ou réécouter le Volver de Carlos Gardel : "Volver con la frente marchita / Las nieves del tiempo platearon mi sien / Sentir que es un soplo la vida / Que veinte años no es nada."

    Philippe Charlot et Winoc, Gran Café Tortoni, tome 1, éd. Bamboo, 2018, 110 p.

  • Lorsque le cinéma se transforme en scène de ballet

    A l'occasion de la sortie en salles du film Ballerina le mercredi 14 décembre, la chaîne YouTube de danse DOT MOVE s’associe à Gaumont pour une vidéo happening au Gaumont Opéra à Paris. Des danseurs sont venus faire une surprise aux spectateurs du cinéma : lorsque le cinéma se transforme en ballet d'Opéra, ça peut donner ça.

  • Polina, de la danse au grand écran

    Bla Bla Blog s’était fait l’écho de la bande dessinée de Bastien Vivès, Polina ("Petite danseuse deviendra grande"). Cet auteur a fait l’objet de plusieurs chroniques et il semble bien qu’il soit passé dans une autre dimension cette semaine.

    Son album Polina fait en effet l’objet d’une adaptation cinéma déjà très séduisante sur le papier.

    En attendant de découvrir ce film, pourquoi ne pas découvrir ou redécouvrir sur papier le destin de cette danseuse russe follement douée ?

    "Petite danseuse deviendra grande"
    Bastien Vivès, Polina, éd. KSTR, 206 p.
    Blog de Bastien Vivès