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roman

  • CODE quantum

    Le voyage dans le temps. Voilà un thème régulièrement traité dans la science-fiction et dont Richard Rasa s’empare avec plaisir dans son premier roman, Échos originels (éd. Le Lac aux Fées). Ce livre, l’auteur avoue l’avoir mûri et travaillé pendant plusieurs années, et on le croit aisément à la lecture de chapitres plongeant dans la France de la Guerre de Cent Ans, aux côtés de Bertrand du Guesclin et dans la cour de Qin Shi Huang, le premier empereur chinois. Richard Rasa s’est visiblement documenté avec soin pour permettre au lecteur de voyager dans ces époques lointaines.

    Le sous-titre, Les Territoires du Passé, a été choisi avec soin. Dans un futur relativement proche, le voyage dans le temps est devenu possible grâce au CODE (Centre d’Observation et de Détection des Événements), placée sous la houlette d’Eva Kalder, une scientifique autant crainte qu’admirée. L’objectif ? Le voyage dans le temps a une mission scientifique : étudier, grâce aux explorateurs du futur, des périodes plus ou moins reculées afin d’en comprendre les zones d’ombre.

    Deux couples sont envoyés dans le passé après de très longs entraînements. Le premier est envoyé en Normandie en 1364, alors que du Guesclin harcèle l’ennemi anglais grâce à des coups militaires astucieux, audacieux et révolutionnaires. Le second duo est, lui, catapulté en 210 avant Jésus-Christ. L’objectif est de découvrir les secrets du mausolée du premier empereur de Chine et de ses soldats en argile. Deux missions à haut risque car, en plus des dangers de ces périodes, les explorateurs venus du futur ne doivent surtout pas interférer sur les événements. 

    Un épilogue incroyable qui promet une suite palpitante

    Pas besoin d’être expert en histoire ni amateur de romans historiques pour goûter au premier roman de Richard Rasa. Ajoutons que l’auteur aux multiples talents – qui poursuit d’ailleurs son travail de dessinateur – fait preuve d’un solide esprit de vulgarisateur lorsqu’il dépeint le premier Empereur de Chine ou les batailles du Connétable de France. On se doute que les aventures Jia, Juan, Amayas et Diego ne vont pas se passer exactement comme ce qui était prévu.

    L’auteur aborde un autre enjeu capital, certes assez peu développé (pour l’instant ?) : celui d’une colonie humaine dans le passé. Richard Rasa préfère s’intéresser à ces quatre scientifiques, au départ simples observateurs, devant prendre des décisions capitales à la fois pour leur survie et pour l’histoire, rien que ça. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils s’aperçoivent que leur voyage dans le temps cache bien d’autres secrets.

    Richard Rasa s’est visiblement fait plaisir dans ce formidable roman de SF, jouant avec les événements et les personnages réels du passé, les boucles temporelles ou les paradoxes de la modification du passé. C’est tout l’intérêt d’un épilogue incroyable qui promet une suite palpitante. Les enjeux et les personnages sont déjà là, dans ce premier volume. Le CODE n’a sûrement pas dit son dernier mot.   

    Richard Rasa, Échos originels, Les Territoires du Passé, éd. Le Lac aux Fées, 412 p. 2024
    https://www.leseditions-lelacauxfees.fr/echos-originels
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100080681393987
    https://www.ritchi-rasa.com
    https://www.instagram.com/ritchi.rasa

    Voir aussi : "Tout l’univers de Ritchi"

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  • Meurtres et mensonges

    Voilà un des très, très bons polars, sorti récemment, et celui-là nous vient tout droit des États-Unis, car on oublie trop souvent qu’en matière de policiers, on doit élever une statue pour ces auteurs et auteures qui, depuis près de trente ans ont contribué à sortir le polar de la niche où elle végétait. La suite, ce sont ces thrillers européens, français ou scandinaves. Lisa Gardner est une de ces grandes dames du policier qui propose, avec N’Avoue jamais (éd. Albin Michel, puis au Livre de Poche), un roman efficace qui écorne salement l’American Way of Life.

    À Boston, un homme est assassiné dans son bureau. Commercial dans la vente de fenêtres, soit en télétravail, soit en déplacement, Conrad Carter a une existence rangée, vie en couple harmonieux avec sa femme Evelyn avec qui il attend un premier enfant. Or, c’est elle que découvrent les policiers accourus sur place. Le cadavre de son mari gît à côté d'elle. Elle tient une arme à la main et vient de tirer plusieurs balles sur l’ordinateur de son mari. La femme ne se défend singulièrement pas et est mise en cause et enfermée. L’enquête commence, menée par D. D. Warren et son équipe. Dès son arrivée, une indic se manifeste. Elle s’appelle Flora Dane. Elle a été kidnappée quelques années plus tôt par un criminel abattu lors de sa libération. Or, la jeune femme est persuadée avoir croisé Conrad lors de sa captivité. Autre surprise, Evelyn/Evie s’est auto-accusée du meurtre de son père, tué d’un coup de fusil de chasse, avant d’être innocentée. Voilà qui tend à faire de cette enquête une affaire à tiroirs.

    N’Avoue jamais alterne les points de vue

    Un mari au-dessus de tout soupçon qui semble avoir bien caché son jeu. Une femme toute désignée pour l’avoir assassinée, après la mort de son père, meurtre dont elle a été blanchie. Vous ajoutez à cela une mère dominatrice et étouffante qui entend faire du secret une religion. Le lecteur tombera sur un tueur en série se servant du dark web pour commettre ses méfaits, un avocat omniprésent, un informaticien obsédé par les faits divers les plus sordides, un jeune pyromane très demandé, sans compter une ancienne victime incapable de tourner la page de son kidnapping.

    N’Avoue jamais alterne les points de vue : ceux d’Evie, de Flora puis de D.D. Warren. Une identifiée comme coupable présumée, une ancienne victime et une inspectrice tenace. Lisa Gardner donne une importance égale à ces trois femmes, même si ce polar appartient à la série des "DD Warren".  

    Impossible d’évoquer la fin de ce très bon polar qui nous aura entraîné du côté le plus noir du crime, avec aussi ses héros, ses héroïnes et cette part de résilience dans les dernières pages du roman. 

    Lisa Gardner, N’Avoue jamais, éd. Albin Michel, éd. Le Livre de Poche, 2022, 496 p.
    https://www.albin-michel.fr/navoue-jamais-9782226448866
    https://www.lisagardner.com

    Voir aussi : "La femme est l’avenir de l’homme"

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  • Le dîner

    roman,confrérie,danemark,diner,herman kochDeux couples ont rendez-vous pour un dîner dans un restaurant très sélect d’Amsterdam. Le lecteur apprend très vite que deux de ses convives, Paul et Serge, sont des frères, accompagnés de leurs compagnes respectives, Claire et Babette.

    L’objet de ce dîner nous sera révélé au fur et à mesure des pages. Sans dévoiler l’intrigue (pour avoir la surprise, évitez de lire le résumé en 4ème de couverture !), disons simplement qu’il sera question d’un problème familial et de la manière de le résoudre…

    Un excellent roman néerlandais (et best-seller) qui nous fait entrer avec un ton grinçant dans la vie d’une famille apparemment ordinaire. 

    Herman Koch, Le Dîner, éd. Belfond, 2011, 330 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/09/13/25098763.html
    https://www.lisez.com/ebook/le-diner/9782714451217

    Voir aussi : "La meilleure part des hommes"

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  • Tirer le bon numéro

    Et si finalement la vie ne serait qu’une loterie, du moins essentiellement ça ? Tel est le thème du dernier livre de Delphine Bell, justement nommé Loterieditions du Flair).

    Chroniques, roman, récit autobiographique ou, mieux, autofiction ? Il y a sans doute de tout cela à la fois. L’auteure avait parlé dans ses précédents romans de la mort de son père (Roi et Toi), de sa mère (Dernière Liberté), avant de consacrer un journal sur son année de confinement (Inattendu) où sa famille, encore une fois, avait une place de choix. On n’est pas donc étonné qu’avec son dernier opus, Delphine Bell arpente son destin mais aussi les relations à la fois tendres, complexes et cruelles autour de ses parents, de son frère mais aussi – un peu – de son couple et de ses amis.

    En trente-quatre chapitres plus un épilogue, l’écrivaine s’intéresse à des chiffres, celui d’un ticket de loterie qui vient basculer une vie. Elle s’interroge dans le "Pré-prologue" (sic) : "La vie est-elle une loterie ? J’écris sur le sens, l’extraordinaire qui se mêle à l’ordinaire, l’intime à l’universel".

    Le livre commence là, avec des chapitres qui, chacun à sa manière, établissent ces moments de la vie où le hasard vient rythmer notre existence, un hasard que nous devons approprier, pour ne pas dire gérer. L’auteure se base sur sa propre existence, ses origines, sa nationalité, ses rêves d’enfance et d’adolescence, ses ambitions d’auteure, mais sans oublier les drames familiaux. Il y a aussi ces loteries inattendues pour une femme qui revendique ce "livre feel-good". Plusieurs chapitres sont en effet consacrés à la "loterie du bien-être et du zen". La narratrice profite d’une fortune lui tombant du ciel pour aller quelques jours à Cabourg avec son frère. Elle y parle de la "loterie de la thalassothérapie" et du "développement personnel". Delphine Bell se révolte contre des faux mages qui semblent prescrire "une vie avec du bon détergent". Sa réaction est cinglante : "Soyez un robot, un duplicata d’une fausse sérénité qui abrutit et surtout génère une montagne de bénéfices. Une secte de la plénitude établie et très rentable".

    On est reconnaissants à Delphine Bell de n’être pas tombée dans les pièges de la littérature feel-good

    On est reconnaissants à Delphine Bell de n’être pas tombée dans les pièges de la littérature feel-good. Elle n’est jamais aussi convaincante que lorsqu’elle se confie sur ses faiblesses, vraies ou supposée ("trop gentille"), sur ses blessures (la mort de ses parents), les instants qui la font chavirer (les amies) et ses cris de souffrance lorsqu’elle écrit à quel point sa mère lui manque. "La douleur m’a-t-elle fait grandir ?" finit par s’interroger Delphine Bell dans un des derniers chapitres, non sans perplexité d’ailleurs.

    Loterie navigue entre promenade littéraire, passé et présent, rêve et réalité, monologues et conversations autour du "jeu du hasard". Une question est posée : "Qui a la roulette de la chance définitive ?" Cette interrogation  devient cruelle lorsque l’auteure, sans citer son nom, parle de Gaspard Ulliel, un acteur à qui tout réussissait, qui fascinait dès son entrée dans une pièce, un homme comblé et décédé subitement d’un banal accident de ski.

    Femme de lettres, Delphine Bell avoue son mépris des chiffres ("Absurdes, innombrables, presque vulgaires") et la loterie ("Une coterie"). Elle préfère largement se réfugier dans la philosophie ("C’est thérapeutique") mais aussi et surtout l’art, comme le montre la visite du musée de la faïence de Sarreguemines ("La mémoire élargit, et je trouve dans l’art un socle vertigineux. Je fouille, encore et encore"). Elle écrit encore : "Je m’y love avec facilité", même si l’art ne parvient pas à apaiser sa "faim".

    La nostalgie sourd à chaque page de ce joli livre riche de ses digressions et de ses phrases poignantes : "Maman… Attends, j’ai encore des choses à te dire. S’il te plaît, attends…" Une phrase magnifique qui prend à la gorge. On sent Delphine Bell apaisée dans les deux dernières pages de son voyage entre réel et imaginaire. Et si la solution était dans la création, l’art, l’écriture, "l’invention", mais aussi l’humour, le soin aux autres et la tendresse ? "Allez, vous reprendriez peut-être un paquet d’amour, non ?"

    Delphine Bell, Loterie , éd. du Flair, 2024, 191p.
    https://www.editionsduflair.fr/tous-nos-livres/loterie
    http://intelligently-sexy.centerblog.net
    http://intelligently-fashionable.blogspot.com

    Voir aussi : "Bas les masques"
    "Rien n’est écrit d’avance"

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  • Cœurs de pierre

    Prix Goncourt 2023 avec Veiller sur Elle (éd. L’Iconoclaste), le romancier Jean-Baptiste Andrea a derrière lui seulement, dirions-nous, quatre romans, tous multi récompensés. Ajoutons à cela une carrière de scénariste et de réalisateur. De là sans doute les caractéristiques d’un livre à la fois très imagé et très cinématographique, en plus des qualités littéraires et poétiques indéniables de l’écrivain.

    En 1986, un moine vit ses dernières heures, entouré de ses frères. On apprend que, non loin du vieil homme, est caché une statue remarquable dont on apprend très vite qu’il en est l’auteur. Le mourant se souvient. Flash-back. Nous sommes en Italie dans les premières années du XXe siècle. Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, est un enfant pauvre d’Italie du Nord que sa mère envoie chez un oncle sculpteur en Ligurie, dans le village de Pietra d’Alba.

    L’enfant a en effet des dispositions indéniables, à telle enseigne qu’il parvient très vite à dépasser Zio Alberta qui doit se charger de son éducation. Une nuit, dans un cimetière, Mimo tombe sur Viola, la fille des Orsini, les aristocrates de la région. Elle a le même âge que lui, a des rêves plein la tête, la fortune de ses parents, une famille soudée mais aussi les corsets patriarcaux contre lesquels elle se bat. Le pauvre sculpteur minuscule – pour ne pas dire nain – et la jeune aristocrate convoitée s’entendent bien contre toute attente, et ce malgré les tourments de l’école et leur propre destin tourmenté. Bientôt, la réputation de Mimo prend de l’essor alors que la jeune fille reste cloisonnée dans le château familial.  

    Une histoire romanesque dans un pays qui ne l’est pas moins

    Veiller sur Elle a été présenté comme une histoire romanesque dans un pays qui ne l’est pas moins – l’Italie. Il convient cependant de préciser, sans spoiler le livre, que Jean-Baptiste Andrea a d’abord imaginé l’histoire d’un garçon peu gâté la vie – physiquement et socialement – mais qui finit par trouver sa voie. Mieux, il rencontre une jeune femme que tout sépare a priori, mais qui va devenir son âme sœur. Mais n’en disons pas plus au sujet du couple Mimo-Viola.

    Le Goncourt 2023 se veut l’antithèse des romans "intellos", même si l’auteur ne se prive pas de passages à l’écriture parfois sophistiquée – dans le bon sens du terme. La poésie n’est pas absente dans un livre qui balaie presque 40 ans de l’Histoire italienne remuée par le fascisme. Mimo va d’ailleurs en profiter, avant d’en recevoir les contrecoups.

    Viola est l’autre personnage de ce film. Tour à tour charmante, insolente, insupportable, fragile, froide comme la pierre, combattante, rêveuse et ambitieuse, elle incarne le féminisme naissant dans une Italie machiste. Mimo, le sculpteur, va en garder un souvenir ineffaçable, jusque dans les pierres qu’il travaille. La fin du livre offre à cet égard une des plus jolies inventions qui soient.  

    Vue la carrière au cinéma et à la télévision de Jean-Baptiste Andrea (Dead End, La Confrérie des larmes, Big Nothing), gageons qu’il sera le premier à vouloir adapter sur grand ou petit écran son roman. Voilà qui promet.

    Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur Elle, éd. L’Iconoclaste, 2023, 
    https://editions-iconoclaste.fr
    https://www.facebook.com/editionsdeliconoclaste
    https://www.instagram.com/ed_iconoclaste

    Voir aussi : "Poésie feel good"

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  • La meilleure part des hommes

    tristan garcia,roman,confrérieCe roman paru en 2008 est le premier d’un jeune auteur, philosophe et romancier, aujourd’hui considéré comme est des intellectuels français les plus brillants. La Meilleure Part des Hommes, sorti en 2008, laisse deviner, derrière les défauts de ce premier roman, un talent et un culot prometteurs.

    Le principal intérêt de ce livre est la plongée dans l’histoire de la communauté homosexuelle parisienne à partir des années 90, même si cette plongée n'est pas exempte de caricature. 
    Deux hommes, Dominique, un intellectuel de gauche engagé prend sous son aile Willie, un jeune provincial encore crotté, sans éducation mais bourré d’ambition. Il fait de lui une figure de proue d’une communauté homosexuelle hétéroclite. Dominique, qui est parvenu à politiser le lobby homosexuel, voit peu à peu Willie prendre de l’ascendant malgré les discours indigents et les comportements plus que douteux de ce dernier.

    Entre les deux hommes, anciens amants devenus ennemis, un combat à mort s’ensuit. Un roman âpre et dur, écrit à la première personne (la narratrice est Elizabeth, témoin et actrice indirecte de cette lutte), s’avère intéressant même si on peu regretter le parti pris d’un style oral, que je trouve à la fois faussement moderne, peu nouveau et parfois agaçant.

    Tristan Garcia, La Meilleure Part des Hommes, éd. Gallimard, 2008, 305 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/10/08/25285625.html
    https://www.librairie-gallimard.com

    Voir aussi : "Dans la colonie pénitentiaire"

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  • Ma préférence à moi

    Attention, voici un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains. Plurielles, paru aux éditions Tabou, est un roman qui nous transporte vers un milieu peu courant, celui du BDSM. Son autrice, Éva Delambre fait partie de ces noms fameux de la littérature érotique, jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle interroge des thèmes de la soumission et de la BDSM. Plurielles nous propose une plongée plus vraie que nature dans un milieu vivant dans la discrétion. Éva Delambre en profite pour le désacraliser et de le faire découvrir, parfois dans toute sa crudité.

    Lorsque le roman commence, Perle vient d’être acceptée comme soumise auprès d’Aymeric, un maître qui a déjà autour de lui deux jeunes femmes, Opale et Ambre. Une troisième femme, Nola, faisant office de domestique - quoiqu'aux services très élargis - vit également dans sa vaste et belle demeure. À cela s’ajoute Bella, qu’il a à son service pour quelques jours. Elle lui a été prêtée par un de ses amis et a la particularité de vivre attachée avec une muselière. Elle est traitée comme une chienne au sens premier du terme. Perle profite de ses quelques jours de congés pour s’habituer à cet environnement où la soumission va vite devenir une affaire de concurrences ("Laquelle de nous deux est-elle censée remplacer ?"), de jalousies et de questionnements sur la préférence de l’une ou de l’autre. Perle a-t-elle trouvé sa "place", comme elle s’en félicite au début du récit ? 

    Une affaire de concurrences, de jalousies

    Il faut passer les premières pages pour s’habituer à cette histoire hors-norme qui entend faire tomber chez le lecteur toute notion de rejet, de critique et d’anormalité. C’est le temps aussi de s’habituer à la triade Perle-Opale-Ambre, sans oublier Nola, devenant par moment une maîtresse de cérémonie, bien plus investie auprès de son maître qu’elle ne veut bien se l’avouer ("Il exigeait aussi des prestations et une ouverture d’esprit qui rendaient compliqué un contrat de travail classique". Le personnage de Bella, muette de bout en bout, n’est pas le moins fascinant dans toute cette galerie de portraits, avec un Maître charismatique désirant avoir "le contrôle" sur tout et toutes.   

    Le roman va sans doute secouer le lecteur, autant pour ses scènes orgiaques, ses descriptions précises d’étreintes où ne manquent pas les martinets, que pour ces détails qui donnent encore plus de sel au livre : cages où peuvent être enfermées les soumises, femmes servant de tables vivantes ou séances publiques d’humiliation. Au milieu du roman, la soirée chez Maître Kann fait figure de moment assez inoubliable et qui entraînera un dénouement qui pourra étonné par sa dimension morale et sentimentale.        

    Éva Delambre sera l’invitée des Écrits Polissons le mardi 27 février 2024 de 19h30 à 21h30, au 153, 153, rue Saint-Martin 75003 Paris, Métro - Les Halles ou Rambuteau.

    Éva Delambre, Plurielles, éd. Tabou, 2023, 332 p.  
    https://www.tabou-editions.com
    http://www.evadelambre.com
    https://www.facebook.com/eva.delambre 

    Voir aussi : "Dialectique du maître et de l’esclave"

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  • Dans la colonie pénitentiaire 

    franz kafka,roman,tchèque,prague,fantastique,confrérieL’intérêt de ce recueil se mesure d’abord à son histoire éditoriale. Comme le rappelle Bernard Lortholary, le traducteur de ces courts textes, ceux-ci constituent l’essentiel de la publication du vivant de Franz Kafka (à l’exception de La Métamorphose).

    Même si l’écrivain tchèque a émis des réserves sur telle ou telle publication, ce recueil permet de juger avec une relative justesse l’écrivain. Plus que n’importe quel recueil, celui-ci est hétéroclite.

    À côté de textes majeurs, comme La Colonie pénitentiaire, récit terrible sur une exécution mécanique, on peut être comme moi moins sensibles à des récits plus courts, lapidaires pour certains (Considération par exemple). La nouvelle Le Verdict (et d’autres récits comme Un rêve ou Devant la Loi) n’est pas sans rappeler Le Procès, le plus célèbre roman de Kafka, publié après sa mort - et en dépit des dernières volontés de son auteur. Finalement, tout Kafka est là, condensé : auteur moderne, atypique et non dénué de causticité. 

    Franz Kafka, Dans la Colonie pénitentiaire, éd. GF Flammarion, 197 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/11/02/25486289.html
    https://editions.flammarion.com

    Voir aussi : "Tonbon"

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