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suisse

  • Brahms doublement suisse (et même triplement)

    On connaît plus Brahms pour ses œuvres pour piano, ses Danses hongroises, ses Symphonies ou son Requiem allemand que pour ses Sonates pour violon et piano. Elles n’en restent pas moins essentielles pour qui se passionne pour le compositeur romantique allemand. Rachel Kolly d'Alba au violon et Christian Chamorel au piano, deux brillants et demandés instrumentistes suisses proposent les trois sonates pour violon et piano dans un tout récent enregistrement d’Indésens Calliope

    Dès le premier mouvement "Vivace ma non troppo" de la première sonate op. 78 nous voilà transportés dans un beau voyage à la fois aérien et vivifiant. Peu dissert en matière d’indications de jeu, Brahms aurait sans doute apprécié ce jeu tout en finesse – "à la française", même si ce sont deux musiciens suisses qui s’emparent de l’affaire. Le romantisme, ici, est synonyme de pudeur et de retenue, jusqu’aux dernières notes aux belles envolées.

    Au sujet du 2e mouvement "Adagio", il faut parler de ce qui en fait le cœur : la mort prématurée de Félix Schumann, le fils de ses amis Robert et Clara Schumann, à l’âge de 24 ans. Nous sommes en 1878, date de composition de la sonate. Brahms pense bien évidemment à sa chère Clara lorsqu’il écrit ce mouvement à l’accent funèbre et pathétique. Il lui conseillera par ailleurs de le jouer "très lentement". Clara Schumann vouera une très grande gratitude à Brahms pour cette composition grave et bouleversante.  

    Cette première sonate est habituellement surnommée "Sonate de la pluie". C’est précisément le troisième mouvement "Allegro molto moderato" qui évoque le mieux cette expression. Faussement léger et vraiment vivifiant, Brahms se fait coloriste autant que musicien. Les gouttes d’eau mais aussi les larmes tombent, comme un rappel à la tristesse qui étreint à l’époque le couple Schumann suite au décès de leur fils de 24 ans. Vie et mort semblent ainsi se partager le terrain. Brahms ne l’oublie pas qui demandera à son éditeur de verser ses honoraires pour cette œuvre à ses amis. Et à sa chère Clara, bien entendu. 

    "Aucune œuvre de Johannes ne m'a ravie aussi complètement"

    Sept ans après cet opus, Brahms récidive avec une deuxième sonate pour violon et piano op. 100 qu’il compose cette fois en Suisse, sur les rives du lac de Thoune, près de Berne. Tiens, tiens. Voilà, qui rend la version helvète de Rachel Kolly et Christian Chamorel particulièrement intéressante et éloquente. Le deuil des Schumann semble être loin dans cette œuvre apaisée, pour ne pas dire poétique et lumineuse. Rachel Kolly et Christian Chamorel s’en emparent avec grâce et une certaine volupté, à l’instar du premier mouvement "Allegro amabile".

    Le romantisme est à l’œuvre, alors que le XIXe siècle décline doucement et que la modernité est sur le point de frapper à la porte. Mais la place est encore à la mélodie et à l’harmonie, avec un "Andante tranquillo – Vivace" d’une belle richesse, balançant entre le calme, la douceur amoureuse et la joie de vivre. Joie de vivre encore avec le dernier mouvement "Allegretto grazioso (quasi andante)" tout en prestance et en retenue, se déployant pourtant peu à peu jusqu’à l’expression de la passion amoureuse qui vient surprendre l’auditeur, tant ce mouvement frappe par sa relative brièveté (un peu plus de cinq minutes) et son efficacité. Clara Schumann – toujours elle – a vu dans cette deuxième sonate une œuvre brillante et joyeuse – l’une des meilleures sans doute de Brahms – qui a sans nul doute dû contribuer à apaiser ses tourments : "Aucune œuvre de Johannes ne m'a ravie aussi complètement. J'en ai été heureuse comme je ne l'aurai été depuis bien longtemps", écrit-elle à son ami Johannes Brahms.  

    La troisième sonate op. 108 a la première particularité d’avoir été composée sur une relative longue période, de 1878 à 1887. Brahms l’a lui même jouée lors de sa première à Budapest en 1888. Par rapport aux deux premières sonates, celle-ci comporte quatre mouvements et non pas trois. Nous sommes là dans une œuvre écrite avec un soin particulier par un artiste qui, au crépuscule de sa vie, n’a plus rien à prouver. L’aisance est là, la maîtrise aussi. Brahms se joue des mélodies, des variations, du rythme, donnant au premier mouvement "Allegro" une palette de couleurs pour ne pas dire de sentiments… et de saisons. En parlant de saisons, n’est-ce pas l’automne qui s’annonce dans le deuxième mouvement "Adagio" ? Lent et nostalgique, Brahms y parle sans nul doute de cette vieillesse et du temps qui passe. Notons par ailleurs que le violon est un peu plus mis en avant que dans la précédente partie. Le violon mais aussi, singulièrement, le silence.

    Plus court (moins de trois minutes), le mouvement "Un poco presto e con sentimento" ressemble à une friandise délicate, une sorte de danse que l’on imagine avoir été composée avec plaisir et gourmandise par Brahms. La sonate se termine par un final du plus bel effet. Il est joué "presto agitado" par les deux interprètes suisses. Vif, vigoureux et nerveux, le mouvement clôt la sonate avec majesté.  

    C’est là qu’il faut parler de la dernière sonate pour violon et piano qui clôt cette intégrale. Il s’agit du Scherzo en do mineur WoO 2. Un seul mouvement donc pour cette œuvre qui fait en réalité partie d’une sonate en quatre mouvements composée à trois par Robert Schumann, Albert Dietricht et Johannes Brahms qui s’est occupé du troisième. Cette œuvre commune est surnommée "F.A.E." pour "Frei Aber Einsam" ("libre mais solitaire"). Composée en 1853, elle est précoce dans la carrière de Brahms, et a été écrite en hommage au violoniste Joseph Joachim. C’est la jeunesse, la fougue et l’enthousiasme qui caractérisent ce "Scherzo" souvent joué seul et qualifié à raison de sonate à part entière. L’auditeur ne devra pas passer à côté de cet opus interprété avec virtuosité, tendresse et fraîcheur par Rachel Kolly et Christian Chamorel. L’un des plus beaux hommages au compositeur romantique, sans aucun doute. À l’époque, il n’avait que vingt ans.

    Johannes Brahms, Violin Sonatas, Rachel Kolly (violon) & Christian Chamorel (piano),  
    Indésens Calliope, 2024
    https://indesenscalliope.com/boutique/brahms-sonatas
    http://rachelkolly.com
    https://www.facebook.com/rachelkolly
    https://www.facebook.com/rachelkolly
    https://christianchamorel.ch
    https://www.facebook.com/chrischamorelpiano

    Voir aussi : "Cher maître, doux élève"
    "Pour l’amour de Clara"

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  • Âme franco-suisse

    Sur des rythmes mystérieux et lancinants, Sophie Darly, une de ces très jolies découvertes pop de cet automne, débute son nouvel album, en anglais, Show Down Fast, par un titre à la fois pop et soul, appuyé par un orchestre d’une belle densité. "Living The Dream" est autant une confession qu’une une invitation à vivre de ses rêves : "Here I go, my world has fallen / My world has fallen down / Here I come, out of the boredom / Somewhere out of sight / I will plant everything of seed / Of Love, live and joy".

    La Franco-suisse prend à bras le corps des influences du sud américain – blues, folk et rock – pour bâtir un troisième opus convaincant. L’élégance et le timbre de Sophie Darly font d'ailleurs merveille dans le morceau blues "Miracle".

    La musicienne s’épanouit dans un répertoire de songs au large éventail. Elle opte pour la pop très nineties dans le délicat, poétique et touchant "J&A" aux fort bienvenues ruptures de rythme. Pop encore avec le très réussi et terrible "The Trap" qui parle d’amour et de ces pervers narcissiques, tellement doués pour tendre leurs pièges sentimentaux.

    Sophie Darly séduit par sa manière de revisiter la soul et le blues, avec la fougue de l’Européenne qu’elle est


    Mine de rien, Sophie Darly séduit par sa manière de revisiter la soul et le blues, avec la fougue de l’Européenne qu’elle est. Que l’on pense au vibrant "Love with A Twist", enrichi et colorée par une orchestration jazz – et le saxophone incroyable de Pierre Pédron. L’artiste y parle d’amour et des difficultés de la vie à deux, possible uniquement avec des compromis et, justement, d’une danse à deux – qu’elle soit valse ou twist.

    Sophie Darly est aussi capable de jolies tergiversations, à l’instar de "Monster B",  où son talent de chrooneuses fait merveille dans ce titre faussement léger.      

    Pour "Frozen Love", la chanteuse démarre par un piano-voix moins sombre que mélancolique. L’album se termine avec le délicat et touchant "In The Silence Of The Night". Une bonne manière de clôturer un opus à la fois sincère, vivant et au solide tempérament. Toute l'âme du sud, quoi... Pardon, de la soul.

    Sophie Darly, Show Down Fast, Broz Records label/ L’Autre Distribution, 2023
    Sophie Darly en concert le 19 janvier 2024 au Studio de l’Ermitage à Paris
    Et au Grand Studio du Conservatoire du 14ème, le 26 avril 2024, en hommage aux femmes compositrices
    https://sophiedarlymusic.com
    https://www.facebook.com/sophiedarlymusic
    https://www.instagram.com/sophiedarly

    Voir aussi : "Brune et chauffée à blanc"

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  • Désordres

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis leur film de la semaine, Désordres. Il sera visible du 15 au 20 juin 2023. La séance du mardi 20 juin à 20h30 sera suivie d'un débat.

    Désordres a été récompensée à la Berlinale 2022 - Encounters : Meilleur réalisateur au festival Premiers Plans Angers 2023 - Diagonales : Grand Prix et aux Entrevues de Belfort 2022 - Prix d’aide à la distribution Ciné+

    Dans une horlogerie suisse où commencent à poindre les bouleversements induits par les avancées technologiques du XIXe siècle, Joséphine, une jeune ouvrière, fabrique le balancier, véritable cœur des mécanismes. Alors que les dirigeants y réorganisent le travail, le temps et les salaires pour rester compétitifs, elle se retrouve mêlée à un mouvement local d’horlogers anarchistes où elle rencontre l’aventurier russe Pierre Kropotkine.

    Désordres, drame suisse, allemand, français et russe de Cyril Schäublin
    avec Clara Gostynski, Alexei Evstratov, Monika Stalder, 2023, 93 mn
    Coscénatiste : Cédric Anger
    Séances le jeudi à 18H, le dimanche à 18H, le lundi à 14H
    et le mardi à 20H30 avec débat
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1339

    Voir aussi : "Les âmes sœur"

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  • Électros-poèmes et autres chansons

    C’est du bon rock, mais du rock poétique, que nous propose Sam Frank Blunier dans son dernier opus, Loterie, qui est également le titre d’un des nombreux morceaux engagés de ce dernier opus.

    Bien dans son époque, le chanteur s’appuie sur des textes rigoureux pour nous parler de la grande loterie qu’est notre vie et notre société hyperconnectée ("Web, promesses & vidéo"). Un vaste miroir aux alouettes, dit l’artiste dans une électro pop rock enjouée. Sam Frank Blunier  se fait le chantre de la liberté, la vraie, au-delà des apparences et du virtuel : "Il te faut des printemps prometteurs aux parfums tellement enivrants qui te f’ront voyager plus loin que le désir" ("Klein Twitterin").

    Qu’on ne s’y trompe pas : le chanteur suisse est un poète et un sage, certes très rock. La maîtrise de son album est évidente. Le musicien y met de l’urgence et de l’engagement, non sans se priver de conseils et de notes d’espoir ("T’as dansé", "Mon bel amour").

    Musicalement, Sam Frank Blunier assume ses influences du côté des eighties - le délicat "Maria (au petit jour)" - et non sans des décrochages du côté de l’urbain ("Loterie", avec Lady_o en featuring)  

    Il y a du Bernard Lavilliers dans ces morceaux bruts et au sombre lyrisme

    Le deuxième partie de l’album est consacrée à ces électro-poèmes, tout aussi engagées. Il y a du Bernard Lavilliers dans ces morceaux bruts et au sombre lyrisme ("J’utilise la nuit, le matériau brut des poèmes", "On m’attend quelque part"), mais un Bernard Lavilliers qui se serait nourri de sons d’aujourd’hui.

    "Désir" illustre parfaitement ces "électro-poèmes". L’artiste propose un texte dont la noirceur brille avec l’éclat des textes parnassiens. La musique accompagne avec justesse et sobriété cette déclaration d’amour d’un authentique auteur de fin de siècle ("Je voudrais voir l’aurore sur le galbe de tes seins / Dans une chambre d’hôtel qui ne ressemble à rien / Et que l’on rie du plafond et des motifs anciens / Qui serpentent sur les plinthes et le papier peint").

    "Pochimou" a la facture des beaux textes slamés, sur le thème du voyage (le texte est dédié à Blaise Cendars), où la nuit et l’insomnie ont le beau rôle ("La nuit est rousse / Je peux la tousser / La nuit est douce / Elle vient me caresser"), appuyée par une musique rock planante et minimaliste.

    Tout aussi sobre et porté par un séduisant et sensuel talk-over, le morceau "Elle parlait" laisse là aussi la part belle au texte et à ce poème en forme de road-movie mais aussi de retour vers un souvenir d’adolescent. L’auditeur sera sensible à ce souvenir poignant d’une amour à la fois puissant et éphémère, de ceux que l’on n’oublie jamais.

    "L’Avenue des Amériques", qui vient clore cet opus à la fois musical et littéraire, prouve l’exigence artistique de Sam Frank Blunier. L’artiste musicien propose un album infiniment personnel. L’œuvre d’un homme se tournant vers son passé avec nostalgie, avec regret aussi. Oui, semble-t-il nous dire, la vie est une loterie. Mais que cette loterie est belle !

    Sam Frank Blunier, Loterie, Sabina, 2023
    https://www.samfrank-blunier.com
    https://www.facebook.com/SamFrankBlunier
    https://www.instagram.com/samfrankblunier

    Voir aussi : "Mâle assurance"

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  • Noga en lumière

    Un  très beau titre anglo-saxon vient éclairer – si l’on peut dire – LEV, le superbe album de la chanteuse suisse Noga : Songs That Light The Night, littéralement : "Chansons qui éclairent la nuit". Et il est vrai que la lumière illumine cet opus, à l’instar du premier morceau "Rakia". Après les premières mesures tourmentées et très contemporaines, Noga s’installe, tout en douceur, grâce à une pop-folk qui ne peut pas laisser l’auditeur insensible, d’autant plus que de morceau s’inspire d’un psaume hébraïque.   

    Née de parents émigrés d'Israël, l’artiste propose un retour à ses origines et à sa culture en puisant son inspiration dans des poèmes ancestraux, issus des Psaumes (Le Livre des Téhilim) donc, mais aussi dans des chants traditionnels, à l’instar de cet "Eli Ata" dont Noga propose une version  jazzy. Jazz encore avec le beau, mélancolique "Shir", mêlant instruments traditionnels et sons électro (une prière psalmodiée par une voix masculine), et dans lequel la chanteuse suisse se laisse aller à la méditation. 

    On est avec LEV dans un album se plaçant à la confluence de la pop-folk, du jazz de la musique traditionnelle, sans qu’aucun des genres ne soit trahi ni dénaturé. L’auditeur s’en rendra compte avec le très beau "Me-Ayin", qui peut s’écouter comme une séduisante et langoureuse ballade. 

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants. Que l’on pense au très beau "Shevet Hachayot", aux accents orientaux et au rythme envoûtant. La chanteuse en fait de très beaux joyeux musicaux, à l’exemple de "Lev", qui donne son titre à l’opus. De même, les textes multimillénaires semblent ne pas avoir pris une ride et parviennent à nos oreilles avec une nouvelle fraîcheur (l’étonnant et séduisant "Roi" se déployant avec volupté). Les collaborations des musiciens Patrick Bebey, Arnaud Laprêt aux percussions, Daniel de Morais (théorbe) ou Asher Varadi – ajoutons aussi Guillaume André, Sonja Morgenegg pour le vocal et Sohar Varadi au shofar – n’y sont bien entendu pas pour rien.

    Il faut abandonner l’impression que LEV serait un album sérieux et purement conceptuel. Il y a au contraire de la légèreté ("Honneni") mais aussi du modernisme indéniable, y compris dans les mises en musique de textes traditionnels ("Shalom Halechem"). Cela donne des titres singulièrement proches de nous ("Pitchu-Li"). 

    Saluons aussi le travail sur les voix de cet album. Il faut rappeler ici que Noga est aussi connue pour son association Catalyse qu’elle a fondée et qu’elle préside, avec à Genève un centre dédié à la voix. 

    On ne sera pas étonné que l’album de Noga se termine avec "hallelu",  comme un ultime hommage, salut et rappel à la réconciliation entre traditions, religions et création musicale. Et cette fois, c’est sur un rythme de gospel que la chanteuse suisse mâtine ce psaume. 

    Noga, LEV – Songs that light the night, Evidence Musique, 2023
    https://www.nogaspace.com
    https://www.facebook.com/Nogaofficiel
    https://www.instagram.com/nogaofficiel
    https://www.catalyse.ch

    Voir aussi : "Éternelle et musicale Norvège"

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  • L'ogre

    roman,jacques chessex,goncourt,suisse,confrérieJacques Chessex, écrivain suisse disparu en 2009, mérite d’être découvert ou redécouvert tant pour son style audacieux et rude que pour son sens du lyrisme.

    L’Ogre l’a fait connaître en France en 1973 et lui a permis de gagner le Prix Goncourt. Qui est l’ogre de ce roman ? Rien de moins que le père du personnage principal, Jean Calmet, modeste professeur de Latin à Lausanne. Les souvenirs de ce personnage paternel, mort et incinéré dès le début du livre, viennent hanter son fils qui n’arrivera jamais à oublier la présence tutélaire de cette autorité tyrannique.

    Un roman coup de poing qui frappe là où cela fait mal : Jacques Chessex parle du patriarcat dictatorial à une époque où on le croirait disparue (nous sommes en Suisse en 1972, en pleine révolte de la jeunesse contre leurs aînés) et de l’impossibilité d’un homme de construire sa vie à cause de ce père omniprésent, même après sa mort. Un livre magnifique.

    Jacques Chessex, L'Ogre, éd. Grasset, 1973, 208 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/08/16/18828624.html
    https://www.grasset.fr/livres/l-ogre-9782246111412

    Voir aussi : "Le nœud de l’intrigue"

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  • Le nœud de l’intrigue

    daniel fattore,suisse,nouvelles,confrerie18 nouvelles composent Le Nœud de l'Intrigue, le premier livre de Daniel Fattore aux éditions de la Plume noire. Dans ces histoires, tour à tour graves ("L'examen"), surréalistes ("Un verre chez Roger"), sombres ("Je tire"), burlesques ("Votre chartreuse a un goût"), poétiques ("Cheveux d'or") ou tendres ("Le filet de bar"), Daniel Fattore nous invite à une série de voyages dans des "quotidiens réels ou rêvés", comme il le dit lui-même. Et on ne peut pas dire qu'il manque de style ni d'humour pour une telle entreprise ! Avec une maîtrise remarquable, dans des histoires à l'intrigue parfois ténue, Le Nœud de l'Intrigue marque le début prometteur d'un écrivain qui a toutes les armes pour aller bien plus loin.  

    Daniel Fattore, Le Nœud de l’Intrigue, éd. La Plume noire, 2010, 98 p. 
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/12/20/19929260.html
    https://editionlaplumenoire.blog4ever.com/le-noeud-de-l-intrigue-de-daniel-fattore
    http://fattorius.blogspot.com

    Voir aussi : "Tout droit de reproduction interdit"

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  • De Jeanne à Jenny

    Il y a ces bandes dessinées (ou romans graphiques, c’est comme vous voulez) qui vous procurent le plaisir d’apprendre vraiment quelque chose. Le Siècle de Jeanne d’Éric Burnand et Fanny Vaucher (paru aux éditions Antipode) en fait indubitablement partie.

    Le public français doit absolument découvrir cet ouvrage venu de Suisse d’une belle ambition qui nous fait découvrir un pays voisin et ami dont nous connaissons finalement assez peu l’histoire.

    Nous sommes en Suisse dans les dernières années du XVIIIe siècle. Jeanne vit dans une famille de la paysannerie pauvre du Pays de Vaud. La confédération helvétique regarde son voisin français avec inquiétude, panique ou au contraire envie et source d’inspiration : la Révolution française est en train de mettre à bas un régime hérité de la féodalité, régime très présent en Suisse au XIXe siècle.

    C’est dans ce contexte qu’éclate une révolte largement héritée de la nuit du 4 août : celle des "Bourla-Papey", littéralement "brûleurs de papier". Le père de Jeanne fait partie de ces révolutionnaires helvétiques, bien décidés à remettre en cause un système inégalitaire. C’est le début d’un siècle de mouvements sociaux et révolutionnaires que retrace la BD d’Éric Burnand et Fanny Vaucher, à travers la vie d’une paysanne pauvre. 

    Jeanne et Eugénie sont les témoins de ces soubresauts que les pays européens ont connu suite à la Révolution française

    Jeanne (mais aussi sa petite fille Eugénie qui découvre l’existence de son aïeule grâce à un long courrier) est un personnage fictif et c’est du reste son histoire familiale qui sert de trame au récit. De sa naissance dans un milieu de la paysannerie modeste à son départ vers l’Amérique du Sud, en passant par une éducation contrariée du fait de son sexe et un mariage corseté, le lecteur suit le parcours d’une Suissesse ordinaire dans un pays secoué par les mouvements révolutionnaires du XIXe siècle.

    C’est du reste tout l’intérêt d’une BD qui montre un pays, souvent caricaturé un peu facilement comme calme, paisible et conservateur, être secoué par des revendications sociales : fin des privilèges, luttes entre révolutionnaires et partisans d’une Restauration, luttes contre le travail des enfants, limitations de la durée du travail, féminisme. Jeanne et Eugénie sont les témoins de ces soubresauts que les pays européens ont connu suite à la Révolution française.

    Le Siècle de Jeanne est ponctué de pages éclairant tel ou tel personnage ou fait historique : l’avocat et révolutionnaire Claude Mandrot (1756-1835), la femme de lettres Germaine de Staël (1766-1817), la révolte des Bourla-Papey, le théoricien de la Restauration Charles-Louis de Haller (1768-1854) ou encore l’avocate Émilie Kempin-Spyri (1853-1901) qui a largement inspiré Eugénie/Jenny.

    Si vous ajoutez à cela que cette BD se lit facilement et avec plaisir, vous risquez d’être convaincu de vous offrir ou d’offrir un livre de bonne facture et écrit avec intelligence et sans pathos. 

    Éric Burnand & Fanny Vaucher, Le Siècle de Jeanne, éd. Antipodes, 2022, 248 p.
    https://www.antipodes.ch/produit/le-siecle-de-jeanne
    https://fixement.com
    https://www.facebook.com/eric.burnand.3

    Voir aussi : "Tout droit de reproduction interdit"

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