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  • Bergers

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Bergers. Il sera visible les jeudi 1er, dimanche 4 et lundi 5 mai. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 6 mai à 20H30.

    Sur un coup de tête, Mathyas troque sa vie de publicitaire à Montréal pour celle de berger en Provence. Il espérait trouver la quiétude, il découvre un métier éreintant et des éleveurs souvent à bout. Mais quand il rencontre Elise qui elle aussi vient de tout quitter, ils se voient confier un troupeau de 800 moutons et s’engagent dans une transhumance. Ensemble, ils vont traverser les épreuves de la montagne et se façonner une vie nouvelle.

    Prix du Meilleur film Canadien au Festival International du Film de Toronto

    Bergers, drame franco-québécois de Sophie Deraspe
    avec Félix-Antoine Duval, Solène Rigot, Guilaine Londez, 2025, 103 mn

    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1543
    https://bergers-lefilm.com

    Voir aussi : "Riverboom"
    "Au Pays de nos Frères"

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  • Beethoven, un jeune compositeur très ambitieux

    Œuvres de jeunesse de Ludwig van Beethoven, les six premiers quartets du compositeur allemand sont catalogués comme son opus 18. Ils ont été composés entre 1799 et 1801. À l’époque, Beethoven, âgé d’une trentaine d’années, entreprend de revisiter un genre archi-classique que dominaient son maître Haydn et Mozart, mort quelques années plus tôt. L’ambition de Beethoven est patente et le natif de Bonn ne va pas manquer de confirmer son talent par la suite. L’histoire raconte que Beethoven répond à une commande du Prince Lobkowitz et que le compositeur allemand est en concurrence avec… Haydn lui-même qui n’a finalement pu honorer l’écriture de ces quartets. L’enregistrement en 3 CD de ces six quatuors est proposé par le Calidore String Quartet, avec Jeffrey Myers et Ryan Meehan (violons), Jeremy Berry (alto) et Estelle Choi (violoncelle).

    Beethoven surfe encore à l’époque sur le classicisme XVIIIe siècle. Il y a ces envolées et ces lignes mélodiques mozartiennes de l’allegro con Brio du Premier Quartet en fa majeur. Le Beethoven génial sort pourtant de son cocon dans un deuxième mouvement Adagio affettuoso e appasionato préromantique. Il y a de l’expressivité et de l’enthousiasme (Allegro) dans ce premier quatuor écrit en 1799.

    Beethoven se pare des costumes du XVIIIe siècle (Allegro du 2e Quartet en ré majeur) pour mieux s’approprier cette musique de chambre. Les notes virevoltent dans une construction beaucoup plus sophistiquée qu’il n’y paraît. Beethoven happe l’auditeur avec ses mouvements mêlant passion romantique et enthousiasme (le vibrant Adagio cantabile du 2e Quartet), sans oublier la légèreté (Scherzo et Allegro, 2e Quartet) et l’insouciance de l’Allegro molto, quasi presto de la même pièce.  

    Beethoven fait sortit la musique de chambre des salons bourgeois

    Le 2e CD contient les 3e et 4e Quartets, toujours opus 18. C’est un Beethoven enthousiaste et juvénile qui est à l’œuvre, toujours fidèle à une fibre classique (Allegro du 2e Quartet), mais non sans tensions ni moments pathétiques.

    Romantique, Beethoven l’est dans le 3e Quatuor, élégant, touchant et avec une évidence qui en fait l’un de ses chefs d’œuvre. L’ensemble Calidore String Quartet joue à l’unisson sans qu’aucun instrument ne prenne le dessus (Allegro). L’Andante con motto, méditatif, n’est sans légèreté. Beethoven avait à cœur, disent les musiciens de l’ensemble, de ne pas composer que pour une élite mais pour toute la population. Après un court mouvement Allegro plein de rondeurs, Beethoven nous embarque dans un Presto révolutionnaire dans son essence, tourmenté et d’une grande modernité.

    Le 4e Quartet en do mineur commence Allegro, telle une série de danses. Compositeur populaire, Beethoven fait sortir la musique de chambre des salons bourgeois et aristocrates. L’Andante scherzoso quasi Allegretto s’écoute comme une jolie digression amoureuse, avant un Menuetto revisitant une danse typique typique du XVIIIe siècle. Beethoven en fait un mouvement nerveux et aux assauts répétés. Pas de demi-mesure mais du sentiment, de la passion et une soif de vivre. L’Allegretto Prestissimo vient conclure cette pièce et le 2e CD dans la fougue et des rythmes de danses dont s’empare avec enthousiasme le Calidore String Quart.Le 3e CD complète l’enregistrement de l’opus 18.

    Avec ces pièces de musique de chambre, Beethoven a revigoré un genre. L’Allegro du 5e Quartet en la majeur virevolte. Il faut toute la virtuosité de l’ensemble new-yorkais pour venir à bout d’un mouvement aussi tonique. Beethoven a beau revenir à ses "classiques" – l’élégant et non moins majestueux Menuet –, il s’affirme dans ses élans romantiques irrésistibles avec un mouvement Andande cantabile se permettant même une cavalcade réjouissante et redoutable… pour les interprètes. Incroyable de modernisme pour l’époque. Le Quatuor en la majeur se termine avec un Allegro tout aussi vif, semblant faire le lien avec classicisme mozartien et romanisme.

    Le 6e Quartet en si bémol majeur vient clore le 3e CD et le coffret de cet opus 18. Beethoven y fait preuve du même tempérament enthousiaste (l’éclatant et alerte Allegro con brio). L’Adagio de ce quartet se distingue par son élégante ligne mélodique comme par son raffinement qui nous renvoie aux salons allemands de la fin du XVIIIe siècle. L’auditeur sera séduit par le court (3 minutes 12), coloré et nerveux Scherzo et Allegro. Le coffret et les six premiers quartets se terminent par le singulier et bouleversant mouvement Malinconia, suivi de son Allegro. La Malinconia s’écoute comme le dialogue entre deux personnages, l'un mélancolique et hésitant, l'autre jovial et entreprenant. Un troisième personnage (Allegro) vient s’immiscer entre les deux premiers, donnant à ce mouvement incroyable l’aspect d’une pièce de théâtre tragi-comique.

    Ces quatuors "de jeunesse" furent très probablement composés dans l'ordre suivant : 3, 1, 2, 5, 4, 6. En proposant un ordre à la fois logique (1, 2, 3, 4, 5, 6) et inverse des dates de composition, le Calidore String Quartet entend terminer par le mouvement le plus spectaculaire et le plus théâtrale. Pour appuyer ce choix, le livret repend à son compte une citation de TS Eliot dans son recueil Quatre Quatuors : "Ce que nous appelons le début est souvent la fin / Et faire une fin, c'est faire un commencement / La fin est l'endroit d'où nous commençons". Voilà qui est " tout à fait beethovénien" !

    Beethoven, The Early Quartets, Calidore String Quart, Signum Classics, 2025
    https://www.calidorestringquartet.com

    Voir aussi : "Haydnissimo !"
    "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"
    "À Beethoven, l’humanité reconnaissante"

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  • Sanglantes eighties

    Voilà le dernier Grangé. Que dis-je ? Voilà les derniers Grangé, puisque le célébrissime et culte auteur de polars revient avec deux livres en même temps, en réalité deux tomes consacrés à une double, voire triple enquête. On peut sans erreur qualifier Sans Soleil (éd. Albin Michel) de vrai roman historique et scientifique nous menant plus de quarante ans en arrière, au début des années 80.

    L’histoire débute en 1982 à l’Institut Arthur Vernes, à Paris. Le Docteur Ségur, spécialisé dans les maladies tropicales, voit passer des patients atteints d’une affection pas encore identifiée, aussi inédite que mortelle. Au bout de quelques semaines, le malade décède. Parmi ses patients, il y a Federico, immigré chilien et homosexuel qui était venu le consulter au départ pour une pneumonie. Ségur s’est pris d’affection pour le malade dont il n’a pas pu empêcher la dégradation de l’état physique. Heidi Becker, une jeune femme de 18 ans, immigrée elle aussi, mais originaire, elle, d’Argentine, est attachée au jeune homme. Lycéenne douée, Heidi est une écorchée vive et enchaîne les petites magouilles avec Federico, du moins jusqu’à sa santé de ce dernier le cloue au lit. Or, ce n’est pas cette mystérieuse maladie – que l’on nommera un peu plus tard "Sida" – qui l’achève mais un meurtre sauvage.

    L’inspecteur Patrick Swift, brillant policier au look dandy très eighties, se penche sur l’affaire et s’intéresse à ce mystérieux tueur de malades du Sida, tous homosexuels. Qui peut leur en vouloir ? Dans quel but puisque les victimes sont déjà voués à la mort. Le flic se rapproche du Docteur Ségur et de de Heidi. Commence une enquête au long cours. 

    Grangé impressionne par sa description de l’Afrique

    Disco inferno, le premier tome de Sans Soleil, un pavé de plus de 800 pages, se déroule en France, dans sa capitale. C’est le Paris des Bains Douches, du Palace, de la liberté sexuelle, de l’homosexualité légalisée (les socialistes sont au pouvoir depuis un an) et d’un vent d’insouciance, avant que le Sida ne vienne doucher les enthousiasmes – sexuels. Dans cette première partie "parisienne", Jean-Christophe Grangé installe ses personnages – le policier haut en couleur, le médecin passionné et tout en retenue et la lycéenne romanesque et paumée – pour brosser le tableau d’une époque libre. Bientôt, c’est le rouge qui domine le thriller, avec un tueur à la machette aussi impitoyable que dément.

    Le deuxième tome, sous-titré Le roi des ombres, nous fait quitter la France pour le continent africain puis les Caraïbes. C’est dans cette partie que le talent de Grangé explose. Du Maroc à Haïti, en passant par la Centrafrique, les trois personnages principaux suivent la piste du tueur, cinq ans après la résolution – partielle – de l’enquête. 
    Grangé impressionne par sa description de l’Afrique. On est happés par sa manière de parler de la chaleur, de la moiteur, des forêts primaires, des populations, avec ces portraits précis et frappants de personnages secondaires traversant le récit. Swif, Ségur et Heidi parcourent la moitié du globe à la recherche d’un serial killer – à moins qu’il ne s’agisse de plusieurs. Avec toujours le même fil rouge : celui d’une maladie dévastatrice qui, entre 1982 et 1986, n’en était qu’à ses débuts. La fin d’une époque, le début d’une autre.

    Jean-Christophe Grangé, Sans Soleil, 2 tomes, éd. Albin Michel, 2025, 432 p. (tome 1) et 400 p. (tome 2)
    https://www.albin-michel.fr/sans-soleil-tome-1-disco-inferno-9782226480798
    http://facebook.com/JeanChristopheGrange.Officiel
    https://www.instagram.com/jcgrangeofficiel

    Voir aussi : "Cherchez la femme"
    "La vengeance aux deux visages"

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  • La fille sur la photo

    On aime Jim que l’on avait déjà chroniqué pour des albums où il était au texte et au dessin (Une Nuit à Rome, L’Érection, Héléna), des œuvres incroyables pour leur sensibilité, leur audace et leur sens du récit. Place aujourd’hui à L’Étreinte (éd. Grand Angle), une BD plus récente où il est cette fois au scénario, laissant à Laurent Bonneau le soin de mettre en image l’histoire d’un homme paumé et poursuivi par une quête impossible et un deuil qui vient.

    À leur retour d’un séjour à Cadaqués, une station balnéaire en Espagne, Benjamin et Romy échangent sur la photo d’une baigneuse que l’artiste, sculpteur de son état, a pris par hasard. Sa compagne le taquine gentiment avant qu’une voiture ne surgisse. L’accident est inévitable. Pour Benjamin, les blessures sont superficielles mais Romy est placée en comas artificiel. Son état est désespéré et les visites à l’hôpital se multiplient. Comment vivre malgré tout ? Benjamin se remobilise pour respecter ses engagements professionnels - on lui a commandé une exposition de sculptures. Il décide aussi de faire une recherche autour de la mystérieuse baigneuse, leur dernier sujet de conversation avec Romy. 

    Les choses de la vie

    L’étreinte du titre de la BD n’en est pas vraiment une. Ou bien c'est, en réalité, le fantasme d’une étreinte car c’est un fantôme que poursuit le survivant de l’accident. Qui est cette jeune femme en maillot de bain se prélassant sur la plage et dont on ne voit même pas le visage ?

    Sur plus de 300 pages, le lecteur marche sur les pas de Benjamin et de son enquête. Cette jeune femme est-elle originaire de Cadaqués ? Est-ce une touriste française ? Une Espagnole ? Ou alors une violoncelliste qui jouait justement lors de son dernier funeste séjour ?

    Pendant que Benjamin court après une apparition, il consacre de moins en moins de temps à sa femme alitée, d’autant plus que son exposition le monopolise. La musicienne qu’il avait contactée s’invite justement au vernissage. Est-elle la fille de la photo ?

    Romy est partout dans l’histoire d’un homme paumé, sur le fil entre vie, mort, espoir de réveil, deuil et désir de vie. Jim fait référence au film Les choses de la vie, l’histoire d’un accident de voiture, avec Michel Piccoli et Romy… Schneider.

    La vie va-t-elle reprendre ses droits dans cette histoire d’un bref moment où la vie bascule ? La réponse se verra dans les dernières pages pleines d’onirisme et finalement d’amour.   

    Jim & Laurent Bonneau, L’Étreinte, éd. Grand Angle, 2021, 312 p.
    https://www.angle.fr/bd/grand_angle/l__etreinte/l_etreinte_-_histoire_complete/9782818979150
    https://www.facebook.com/jimterrasson
    https://www.laurentbonneau.com

    Voir aussi : "Rendez-vous jeudi prochain, même lieu, même heure"
    "La débandade"

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  • Au Pays de nos Frères

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Au Pays de nos Frères. Il sera visible les jeudi 24, dimanche 25 et lundi 29 avril. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 29 avril à 20H30.

    Afghanistan, 2002. Trois jeunes reporters montent dans une voiture pour un périple qui va changer leur vie à tout jamais. Serge, un journaliste moraliste et bourreau de travail, Paolo, un photographe aussi jovial qu’inconscient, et Claude, un typographe suisse froussard qui s’improvise cinéaste.

    Au Pays de nos Frères, drame iranien de Raha Amirfazli, Alireza Ghasemi avec Hamideh Jafari, Bashir Nikzad, Mohammad Hosseini, 2025, 95 mn
    Titre original : In the Land Of Brothers
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1543
    https://www.jhrfilms.com/catalogue/au-pays-de-nos-freres

    Voir aussi : "Riverboom"

     

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  • Riverboom

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Riverboom. Il sera visible les jeudi 24, vendredi25 et mardi 29 avril. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 29 avril à 20H30.

    Afghanistan, 2002. Trois jeunes reporters montent dans une voiture pour un périple qui va changer leur vie à tout jamais. Serge, un journaliste moraliste et bourreau de travail, Paolo, un photographe aussi jovial qu’inconscient, et Claude, un typographe suisse froussard qui s’improvise cinéaste.

    Riverboom, documentaire français de Claude Baechtold avec Claude Baechtold, Paolo Woods, Serge Michel, 2024, 99 mn
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1542
    https://www.riverboom.ch

    Voir aussi : "Deux Sœurs"

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  • Cécile Chaminade et ses amies

    Louis-Victor Bak nous avait fait découvrir Cécile Chaminade (1857-1944) dans un très bel album Debussy-Chaminade. La compositrice, une célébrité à son époque mais que l’on a oubliée par la suite – son sexe n’y était pas pour rien  ! – est remise à l’honneur avec plusieurs consœurs de son époque : Marguerite Canal (1890-1978), Pauline Viardot (1821-1910), Claude Arrieu (1903-1990), Clémence de Grandval (1828-1907), Louise Farrenc (1804-1875) et Joséphine Boulay (1869-1925).

    Yasuko Suzuki et Honoré Béjin proposent une sélection d’œuvres représentatives de leur musique de chambre. Il s’agit pour la plupart de transcriptions pour flûte et piano, à l’exception de la Sonatine de Claude Arrieu qui a été originellement écrite pour ces deux instruments.

    Ce répertoire rare et parfois inédit nous replonge dans une musique française pleine de nostalgie et que la flûte de Yasuko Suzuki vient transcender. La Sonate pour violon et piano – ici, pour flûte et piano – nous fait découvrir une Marguerite Canal largement nourrie des influences de Debussy : la transparence de l’Andantino, le parfum orientalisant du mouvement Sourd et haletant et le néoromantisme de l’Adagio expressivo riche d’une belle ligne mélodique et de l’Allegro con bravura.

    Autre adaptation d’un opus au départ pour violon et piano, la Sonatine de Pauline Viardot. La courte pièce transcrite par Yasuko Suzuki ravit par sa légèreté et son insouciance. Nous sommes en présence d’une très belle pièce dont le mouvement unique est découpé en trois parties vive-lente-vive. Pauline Viardot puise autant son inspiration dans les compositeurs romantiques du XIXe siècle que dans des mouvements folkloriques et les danses traditionnelles.   

    Une célébrité à son époque mais que l’on a oubliée par la suite – son sexe n’y était pas pour rien !

    La Sonatine de Claude Arrieu a été, comme nous le disions, composée pour flûte et piano au lendemain de la seconde guerre mondiale. Nous sommes dans une facture néo-classique typique des années 30. La compositrice a choisi une forme tout aussi classique, vive-lente-vive (Allegro, Andantino et Presto). Il semble que le morceau balance entre classicisme et modernité. Il y a une grande simplicité dans ces trois mouvements brefs, inférieurs à 3 minutes et dans lesquelles s’écoutent les influences, notamment, de Debussy et de Ravel.

    Autre musicienne à l’honneur, Clémence de Grandval. Cette femme a particulièrement lutté contre les préjugés. Cantatrice et compositrice, elle s’est faite remarquer dans l’opéra mais aussi dans la musique sacrée. La Valse mélancolique proposé dans cet enregistrement était au départ destiné à la flûte et à la harpe. D’où la légèreté et la transparence du jeu fluide d’Honoré Béjin. À noter que, de son vivant, Clémence de Grandval a reçu le Prix Chartier pour sa musique de chambre. Très musique française, cette jolie valse est l’un des rares et convaincants exemples de sa maîtrise qui a fait dire à Saint-Saëns que ses mélodies "seraient certainement célèbres si leur auteur n'avait le tort, irrémédiable auprès de bien des gens, d'être femme". Injustice, encore.

    Louise Farrenc, née sous Napoléon Ier est la compositrice la plus ancienne de ce programme. Connue pour ses talents de pédagogue et de professeure, elle a, tout comme sa consœur Clémence de Grandval, était récompensée par un Prix Chartier pour sa musique de chambre. On trouve dans l’opus de Yasuko Suzuki et Honoré Béjin ses Variations concertantes sur un air suisse op. 20 d’un beau classicisme, déjà préromantique. Une vraie découverte interprété par une Yasuko Suzuki tout en délicatesse et en espièglerie.

    Deux courtes pièces viennent conclure cet album. Le premier, une Romance sans paroles, titre cher aux Schumann, nous vient de Joséphine Boulay. Aveugle dès son plus jeune âge, la musicienne née à la fin du XIXe siècle trouve très rapidement sa voie dans la musique. Élève de César Franck grâce à qui elle devient une organiste réputée, elle devient professeure au Conservatoire de Paris. Compositrice, elle s’inscrit parfaitement dans ce mouvement de musique française porté par césar Franck, Jules Massenet ou Gabriel Fauré qui ont été ses maîtres. Yasuko Suzuki et Honoré Béjin proposent sa Romance sans paroles néoromantique, mélancolique et non sans modernité. On se laisse porter par cette pièce dans laquelle la passion est teintée de profonde tristesse.  

    Le dernier morceau nous vient de Cécile Chaminade. Il est vrai que l’album est placé sous son auspice. La pièce est relativement courte – un peu moins de cinq minutes. Les Sylvains op. 60A a été au départ composé pour violon et piano. Cela devient un opus pour flûte et piano. Compositrice prolifique (plus de 400 œuvres à son actif), elle se distingue par son style néo-romantique qui a fait son succès lors de ses tournées internationales, même si elle est morte oubliée. On découvre ou redécouvre une artiste attachante, mélodieuse et d’une grande finesse. La flûte y ajoute un magnifique accent onirique.  

    Cécile Chaminade et ses amies et consœurs trouvent dans cet album de quoi faire résonner plus d’une âme. Yasuko Suzuki et Honoré Béjin peuvent en être fiers.

    De Grandval, Canal et Chaminade, L’âme résonnante, Hommage aux compositrices françaises,
    Yasuko Suzuki (flûte) et Honoré Béjin (piano), Indésens Calliope Records, 2024

    https://indesenscalliope.com
    https://www.bs-artist.com/pages/communication

    https://www.yasukosuzuki.com/html/profile_fr.html

    Voir aussi : "Bak et la Belle Époque "
    "Pierre Boulez, le maître au marteau et à la baguette"

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  • Livralbum

    C’est avec un concept album et un livre que Nicolas Fraissinet revient. Son projet musical Joie sauvage se décline en 13 chansons et 13 chapitres de son livre éponyme (éd. Trytons). Chacun de ces chapitres porte le nom des pistes de l’opus et commence avec les paroles de la chanson qui lui correspond. Le musicien et auteur parle d’un "livre de promenade", parfait pour des déambulations poétiques et mentales avec sa bande-son.

    Une sacrée idée, audacieuse et intelligente qui permet de décliner sinon d’approfondir les thèmes de l’artiste franco-suisse. Dans Soleils, l’envie de partir et d’aventure chantée dans l’album devient une soif d’absolus (Chants anciens), de rencontres et d’amour (La demande, C’est comme si…), sans oublier la recherche du sacré (Calydra).

    Grâce un joli titre en forme de calembours poétique – Lierre encore Nicolas Fraissinet se fait combatif dans un pop-rock parlant d’un amour persistant… avec difficulté. Mais ne désespérons pas, ajoute l’auteur dans le recueil Joie sauvage car, en dépit des coups que l’on se donne (Carnivore), la résistance fait partie de notre ADN (Résistantes) tout comme l’espoir d’un autre ailleurs (Urbex) et de lendemains qui chantent... peut-être (La jeune pousse, Après toi).

    Avec le morceau L’Homme Vert, Nicolas Fraissinet se fait onirique. Les sentiments humains se matérialisent dans la nature et dans les forêts (Cantilènes, Les rois couronnés). Le Cerf-paon, superbe poème puissamment évocateur d’un homme aux bois de cerf, est repris sous la forme du visuel gothique du concept-album. Dans le livre, l’auteur explique les "raisons du choix de cette image" : "Est-ce un humain portant des bois de cerf ? / Est-ce un animal portant un manteau ?"  Dans l’autre texte Toujours près de toi, il fait de cet animal anthropomorphique "une figure emblématique de la mythologie européenne" et explique la raison pour laquelle il en a fait son animal totem.

    Dans le morceau Hiver, l’artiste ne fait pas du froid de cette saison quelque chose de triste mais au contraire un moment de repli et d’intimité avec l’être aimé. Sa poésie évoque la blancheur superbe (Opalines, Fleurs blanches), le silence apaisant, l’immobilité (En suspens) et le goût des agrumes de Noël (Mandarines givrées). Hiver encore avec Amours polaires. Si l’enfer est associé au feu et à la chaleur extrême, le paradis ne serait-il pas en hiver ? Nicolas Fraissinet admire les icebergs majestueux (Iceberg). Dans ce chapitre, c’est bien le bonheur, la beauté et l’amour qui sont au cœur de ses propos sur les frimas hivernaux (Il y aura, Je t’aime, Nuages).

    Le paradis ne serait-il pas en hiver ?

    Abattoirs et son chapitre associé se veulent plus sombres. C'est là que l'opus bascule vraiment vers la noirceur. L’auteur y parle de l’environnement, de l’élevage industriel (Abattoirs, Â-ni-M-al-E) ou de la chasse (Lettre au "chasseur-loisir"). Le Cerf-paon refait son apparition, comme le rappel du sens du sacré bafoué (Le trophée) et de la nature blessée (Animal), avec le rappel d’un certain Pythagore, philosophe et mathématicien du VIe s. av. JC ("Tant que les hommes continueront à détruire sans pitié les êtres vivants des règnes inférieurs, ils ne connaîtront ni la santé ni la paix. Tant qu'ils massacreront les animaux, ils s'entretueront. En effet, qui sème le meurtre et la douleur ne peut récolter la joie et l'amour").

    L’Aspic est au cœur d’un chapitre. Il représente le mystère, les combats mais aussi les aspirations profondes d’un animal souvent rejeté (Boire ton corps, Ma dérive). Des aspirations également de l’artiste.

    La poésie de Nicolas Fraissinet frappe par sa puissance d’évocation et sa qualité d’écriture, tant littéraire que musicale (La votive). Le chapitre éponyme est largement concentré au pouvoir des mots et des scansions (Carpe Diem, Rai Mantra). Sans oublier le singulier texte À l’envers, à découvrir grâce au livre.

    Phénix s’écoute comme une confession ("Combien de refuges ai-je traversés sans / Que personne ne vienne m'y trouver ?"). Le chanteur ne s’en montre pas moins combatif qu’il décline en texte écrit dans le poème Sagittaire, "un appel au départ" ou en parlant de son "feu sacré" qui couve en lui (Sol Invictus). Il s’identifie au Marginal et fait de la mythique Sorcière comme son double féminin.

    Dans Loups, Nicolas Fraissinet rêve de "vie sauvage" (les textes Sauvages et Adjectifs). Jean de la Fontaine est convié à cette éloge de la nature (Le loup et le chien) et finalement à celle du loup (À pas de loup), avec fierté car, comme il le chante, "Combien d’entre vous / Auraient pu vivre comme nous / Combien d’entre vous / Auraient survécu / À ces coups ?"

    L’espoir de liberté et de bonheur n’est pas pour autant absent, en dépit des menaces : "Dehors un jour pour moi / La porte s’ouvrira" (le superbe morceau Dehors). Nicolas Fraissinet pleure l’étau qui le serre (L’ombre étroite) comme sa Zoolitude ("Ô liberté douce amère / Répondras-tu à mon appel ?"). Mais, écrit-il, "Viendra le jour / Où tout se révélera" (Viendra le jour) et viendra finalement La délivrance, ce "sentiment qui nous vient tôt le matin".

    L’artiste et poète se fait menaçant mais surtout contemplatif dans le titre et chapitre La grande vague. Il attend de peupler son arche de belles âmes (Mon Arche), admire Les oiseaux ou le ciel orageux (L’orage). Dans un monde menaçant et menacé, Nicolas Fraissinet se voit en nouveau Noé en partance pour l’aventure afin de fuir le déluge dans son arche, son Refuge.

    Alliances vient conclure ce concept album-livre avec un appel désespéré. Contre la fin du monde qu’il voit venir (Minuit moins trois), l’auteur invite chacun à être proche de la nature (Abeille, Totem, Animalité). Après Pythagore, c’est un autre intellectuel antique qui est chanté, Plutarque, qui parlait de "l’intelligence des animaux" (Plutarque avait raison).

    On termine la lecture et l’écoute de ce projet musical avec la sensation d’avoir voyagé dans un univers plus que poétique, fantasmagorique. 

    Nicolas Fraissinet, Joie Sauvage, Trytons / Inouïe Distribution, 2025
    Nicolas Fraissinet, Joie sauvage, éd. Trytons, 2024, 174 p.
    https://www.fraissinet.net
    https://www.facebook.com/Nicolas.Fraissinet
    https://www.instagram.com/nicolas.fraissinet

    Voir aussi : "Pour une dame brune"

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