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Livres et littérature

  • Des femmes sans influence

    Jolie découverte que ce roman américain de Jane Smiley, sorti en 2022 et publié en France l’an dernier chez Rivages, sous le titre Un métier dangereux.

    Ce métier dangereux  c’est d'abord celui pratiqué par Eliza Ripple à Monterey en Californie. Nous sommes en 1851. Eliza est prostituée depuis la mort de son mari. Or, paradoxalement, elle vit cette "reconversion" dans un bordel tenu par Madame Parks comme une chance. Son mariage se passait mal. Après avoir été séparé de ses parents, elle était malmenée par son époux, si bien que sa nouvelle vie apparaît en comparaison, et paradoxalement, bien plus douce. Elle rencontre Jean, prostituée comme elle, mais cette fois dans un établissement réservé aux femmes. Les deux femmes deviennent amies au moment où un premier meurtre de prostituée a lieu. Puis un second… Eliza et Jean mènent l’enquête. 

    Les atouts de ce policier

    Ce roman vraiment intéressant même thriller et réflexion sociale, le tout avec deux héroïnes prostituées, très courageuses pour ne rien gâter. Voilà les atouts principaux de ce policier étonnant qui prend le temps de s'écouler, avec singulièrement peu de violences - si l'on excepte la découverte de corps. On est dans un western finalement assez méditatif, tout en restant très réaliste. 

    Jane Smiley ne cache pas que pour ce roman, elle s’est solidement documentée afin de rendre le récit le plus réaliste possible. C’est simple : on se croirait dans la Californie précédant de dix ans la Guerre de Sécession. C’est une Amérique déchirée qui cohabite tant bien que mal, violente et impitoyable envers les gens de couleur et les femmes – car le "métier dangereux", ici, est en réalité celui de "femme".

    Les meurtres sont les enjeux de ce roman qui se termine avec la résolution des crimes, bien sûr. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui intéresse l’autrice américaine ce sont ces deux héroïnes attachantes et plus particulièrement la condition féminine. La prostitution semble être paradoxalement moins un problème qu’une solution, si l’on pense à la nouvelle liberté dont jouit Eliza. Lorsque Jane Smiley parle des clients de la jeune prostituée, elle le fait avec détachement, sans vulgarité, sans cacher que le danger est quotidien.

    Un métier dangereux refuse les scènes d’action et même l’enquête pointilleuse pour s’attacher aux personnages, à leurs habitudes, aux longues ballades mais aussi aux réflexions sur la place de ces dames dans la société américaine. Souvent cantonnée à des rôles secondaires dans les westerns, la figure de la prostituée devient un personnage particulièrement révélatrice.  

    Jane Smiley, Un métier dangereux, éd. Rivages Poche, 2024, 333 p.
    https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/un-m%C3%A9tier-dangereux-9782743662387

    Voir aussi : "Du froid à la lumière"

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  • Story, next !

    On ne le sait sans doute pas mais Nextory est une importante plateforme de lecture de livres. Elle était cette année encore un partenaire du Festival New Romance qui se tient au Havre du 31 octobre au 2 novembre. Une belle initiative et fort à propos, tant ce genre littéraire, n’en déplaise aux grincheux et grincheuses, est en pleine expansion, et ce peu importe le format de lecture. Les études de consommation menées par l’application européenne de lecture montrent que la romance demeure un des genres les plus consommés par les utilisateurs, représentant 20 % du total des lectures en 2025, avec une nette progression du format audio.

    "Chez Nextory, nous croyons fermement que la lecture permet de s’évader du quotidien, et la romance fait cela très bien. Le Festival New Romance célèbre la passion, aussi bien des lectrices que des autrices, pour ce genre littéraire en plein essor", déclare Hélène Merillon de Nextory.

    Pendant le mois d’octobre, la communauté Nextory a ainsi pu voter pour le Prix de la meilleure romance audio qui sera révélé pendant le festival. Les titres suivants sont nominés cette année pour le Prix Nextory de la meilleure romance audio 2025 : Campus Agency de Lyly Bay, Insomnia de Léa Nemezia, Midnight Kiss d’Acacia Black et Mad Majesty de Delinda Dane.

    Les titres d’autrices françaises comme Delinda Dane ou Morgane Moncomble ont eu un succès tout particulier sur Nextory cette année, mais d’autres phénomènes internationaux, mentionnés à de nombreuses reprises sur BookTok, fonctionnent également très bien, comme on peut le voir avec les titres d’Ana Huang et de Rebecca Yarros qui, cette année encore, font partie du top lecture sur l’application, inspirant une nouvelle génération de lecteurs avec des romances addictives mêlant amour et résilience.
    Résultats des votes très bientôt.

    https://festivalnewromance.com
    https://nextory.com/fr

    Voir aussi : "Qui est Arsène K ?"

    Photo : avec l'aimable autorisation de Nextory

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  • Du froid à la lumière

    Voilà un singulier roman qui nous vient de Corée du Sud et que les éditions Nathan proposent dans sa version française. À noter que la traduction dans notre langue du roman de Soyoung Park est issue de la version américaine. Dommage mais on dira que c'est un choix éditorial.

    Snowglobe, sorti dans son pays il y a cinq ans, a reçu le prestigieux prix Young Adult Changbi X Kkaopage. Destiné à un lectorat adolescent, il suit les aventures de Chobahm, 16 ans, vivant dans un monde post-apocalyptique.

    Guerre mondiale et crise climatique ont plongé la terre dans une ère glaciaire. La majorité de la population doit survivre en travaillant, tels des hamsters, dans de gigantesques usines produisant de l’énergie. La seule évasion possible, c’est la télévision, en particulier des émissions de télé-réalité, créés à Snowglobe, grosse consommatrice d'électricité mais également créatrice d'inégalités. Ce lieu est celui des nantis et il fait rêver l’adolescente. Or, elle est contactée par une mystérieuse femme qui lui propose un contrat : remplacer la jeune star Goh Haeri qui lui ressemble et qui vient de se suicider. Voilà Chobham partie vers le monde de Snowglobe pour remplacer l’actrice, mais sans dévoiler ce secret.

    Tel un k-drama d’un autre genre

    Véritable roman d’aventure qui saura séduire un public adolescent, a fortiori s’il est fan de culture coréenne, Snowglobe n’était pas pour autant mièvre, loin s’en faut. Cette histoire de voyage dans un univers mêle utopie et dystopie mêle enjeux climatiques, réflexions sur les inégalités sociales, condamnation des illusions médiatiques et récit initiatique.

    D’autres thématiques sont abordées : l’identité et la violence, sophistiquée, sournoise et tout aussi cruelle. Chobham se transforme au cours de son récit, grandit et mûrit, tout en découvrant de lourds secrets sur elle et ses origines.  

    Soyoung Park a écrit là un étonnant roman, atypique, aux nombreux personnages, tel un k-drama d’un autre genre, inscrit dans un futur cauchemardesque, avec des adolescentes en aventurières déterminées. Voilà qui devrait convaincre plus d’une jeune lectrice. 

    Soyoung Park, Snowglobe, éd. Nathan, 2025, 368 p.
    https://site.nathan.fr/livres/snowglobe-9782095037710.html

    Voir aussi : "Du style à Gangnam"

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  • Lou Andreas-Salomé féministe

    Au milieu de la vaste littérature féministe, le nom de Lou Andreas-Salomé n’est a priori pas le premier que l’on a en tête. Pourtant, la femme de lettres et psychanalyste (l’une des premières !), dont la relation avec Nietzsche est restée à la fois ténébreuse et légendaire, a laissé une œuvre solide, entre romans, correspondance, une autobiographie mais aussi des essais psychanalytiques.

    Justement, parlons d’essais, et plus particulièrement de celui-ci, L’humanité de la femme, republié cette année aux éditions de la Reine Rouge. En 1899, l’autrice proposait ce court texte, au sous-titre éloquent, Ébauche d’un problème. D’emblée, l’intellectuelle germano-russe (elle est née à Saint-Pétersbourg) prenait à bras le corps un sujet qui la concernait : celui de la place des femmes dans le monde.

    Frederika Abbate préface cet essai à la fois moderne et d’une grande vivacité et souligne que l’écrivaine et scientifique "suit le courant de son époque (…) en s’appuyant sur des données scientifiques et biologiques". C’est paradoxalement, de la part de cette scientifique reconnue, la faiblesse de cet essai ponctué de passages poétiques autour des caractères féminins et masculins. "Le corps est naturel", commente Frederika Abbate pour justifier la présence de ces pages sur la biologie que la première édition avait pris soin d’écarter.  

    Fulgurances

    L’absence de chapitre laisse entendre que Lou Andreas-Salomé a laissé ses fulgurances jaillir, non sans passions ni enthousiasme. Cela donne un livre finalement intéressant en ce qu’il donne à lire les idées d’une intellectuelle européenne parlant de ses contemporaines et s’interrogeant sur les moyens de leur émancipation, sans pour autant les trahir dans leur être. C’est aussi un hommage à ses sœurs, pour leur "créativité", leur "rythme vital", leur "bonté" et leur "essence intime". Que la femme doive imiter l’homme lui paraît tout autant un contresens. À elles de trouver leur place.

    Lou Andreas-Salomé s’interroge plus qu’elle ne donne des réponses à cette émancipation féminine voulue. Le lecteur et la lectrice sera frappé par cette observation pleine de bon sens, lorsqu’elle signale que l’expression "Comme tu es féminine !" est beaucoup plus typique – et caricaturale – que "Comme tu es masculin !" - expression qui n'est, du reste, jamais utilisé... Le livre, rappelons-le, a été écrit en 1899.

    Au final, on ne trouvera pas dans ce court essai un plaidoyer ou un manifeste féministe mais plutôt les réflexions d’une des plus grandes intellectuelles européennes du début du XXe siècle sur un sujet plus que jamais d’actualité.  

    Lou Andreas-Salomé, L'humanité de la femme,
    préface de Frederika Abbate, éd. de la Reine Rouge, 2025, 80 p.

    https://frederika-abbate.com/lhumanite-de-la-femme-de-lou-andreas-salome

    Voir aussi : "Évangile underground"

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  • Caca, boudin, et cetera

    Voilà un sujet tabou. Et combien ! Et pourtant, ce sujet est universel. "On fait tous caca", comme le chantait malicieusement Giedré. Voilà que l'auteur et illustrateur Mathis s’attaque à son tour au sujet.

    L’objet est ce livre illustré destiné d'abord aux enfants, Merveilleux caca (éd. La Doux). L’auteur et illustrateur aborde le sujet par tous les bouts : de sa formation via sa digestion jusqu’à son recyclage et son retour à la nature.

    Mathis traite des formes du caca, de son vocabulaire, des animaux et leurs excréments ou des "cacas étonnants".

    Lecture faite, nos matières fécales n’auront (presque) plus de secret, même pour les adultes. Et tout porte à croire que les enfants passeront une excellent lecture. Bravo.

    Mathis, Merveilleux caca, éd. La Doux, 2025, 20 p.
    https://www.editionsladoux.com/livres/merveilleux-caca
    https://www.instagram.com/mathis.auteur.illustrateur

    Voir aussi : "  "

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  • Pop-up et arty pop

    Ce livre pour enfant est à mettre entre toutes les mains, y compris adultes.

    Larousse inaugure par là-même une nouvelle collection, "Arty Pop" afin de démocratiser, notamment auprès des plus petits, de grandes figures de l’art.

    Vincent Van Gogh a les honneurs de ce début en fanfare. Pourquoi est-il devenu célèbre, alors qu’il n’a vendu presque aucune toile de son vivant ? Comment son style a-t-il évolué ? Quelles étaient ses relations avec Gauguin, un autre génie de la fin du XIXe siècle ? Sait-on qu’il n’a vécu que quatre ans en France ?

    Fascination garantie

    Cet album très court (10 pages), est une petite merveille. Sur un texte de Susie Hodge, chaque page est illustrée par Teresa Bellón et complétée par d’incroyables pop-up, rendant "Les Tournesols","La Nuit étoilée" ou "L’Église d’Auvers-sur-Oise" plus vrais que nature…

    Une magnifique et géniale façon de rentrer dans l’art de Van Gogh. Pour les petits, la fascination est garantie. Quoi de mieux pour les faire entrer en douceur dans l’historie de l’art ?

    Susie Hodge et Teresa Bellón, Vincent Van Gogh, éd Larousse Jeunesse, coll. Arty Pop, 2025, 10 p.
    https://www.editions-larousse.fr/livre/arty-pop-vincent-van-gogh
    https://www.susiehodge.com
    https://www.instagram.com/teresa_bellon

    Voir aussi : "Aimez-vous les livres pour enfants ?"

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  • Évangile underground

    Le moins que l’on puisse dire est que Frederika Abbate, que l’on a pu croiser sur ce blog, n’entend pas être catégorisée. Tour à tour biographe de Letizia Battaglia, légendaire photographe italienne anti-mafia (Letizia Battaglia, Une Femme contre la Mafia, éd. de la Reine Rouge), intellectuelle et philosophe pensant le féminisme contemporain (La Femme est une île, éd. de la Reine Rouge) et ardeuse défenseuse des artistes underground (Anne van der Linden, Cavalière de la tempête aux éditions White Rabbit Prod), la voici elle-même en autrice justement underground.

    Son dernier roman, L’Absolue rencontre, paru aux éditions Douro, entend mettre les pieds dans le plat en modernisant un texte ancien, sans peur de choquer. Sous sa plume, les Évangiles deviennent un sulfureux roman mêlant thriller policier, récit d’initiation et portraits de personnages torturés, paumés ou au contraire habités. Tout commence avec le meurtre d’une jeune femme, un assassinat mis en scène de manière morbide, renvoyant à une symbolique mythologique et sacrée. Bientôt, un personnage apparaît dans l’histoire : un homme à la fois inspiré et séduisant, dans tous les sens du terme. Il se nomme Jesùs (sic), tient des propos qui attirent et surtout est capable de faire des miracles. 

    Des personnages se sentant mal dans leur monde

    Que Jésus inspire des romanciers et romancières, voilà qui n’est pas nouveau. Frederika Abbate s’inspire des Évangiles et de l’histoire de Jésus (le vrai) pour trousser un récit très actuel. Les crimes en série sont certes mis au premier plan mais ils deviennent finalement ni plus ni moins que le décor d’un monde bringuebalant : une Magdeleine en Marie-Madeleine paumée, une religieuse aux multiples facettes (pieuse et écrivaine profane – très profane), sans compter un étrange messie.

    Le terme d’underground est ce qui caractérise le mieux L’Absolue rencontre. "Absolues rencontres au pluriel", aurions-nous envie d’ajouter, tant ce roman suit les pérégrinations de personnages se sentant mal dans leur monde, recherchant le sacré et se perdant trop souvent dans la violence et la folie.

    Le dernier livre de Frederika Abbate est tout sauf tiède. Il recycle des mythes anciens et un texte sacré sans avoir peu de choquer. On appréciera ou on détestera. C’est aussi ça, la littérature.    

    Frederika Abbate, L’Absolue rencontre, éd. Douro, 2025, 116 p.
    https://frederika-abbate.com/labsolue-rencontre
    https://www.editionsdouro.fr

    Voir aussi : "Cherchez la femme"

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  • L’horrible plus beau jour de ma vie

    Attention, spoiler si vous n’avez pas lu les deux premiers opus de la sage de La femme de ménage !

    L’autrice américaine prévient que La Femme de ménage se marie (City éditions), longue nouvelle ou court roman – comme on voudra – "sert à combler la longue ellipse entre le tome 2 [Les Secrets de la femme de ménage] et le tome 3 [La Femme de ménage voit tout]".

    Nous voici donc avec un œuvre atypique, destinée avant tout aux fans de Freida McFadden et qu’on lira avec un mélange de plaisir et de curiosité – et un peu de frisson, bien sûr.

    Comme son titre l’indique, au moment où Mille se marie, la jeune femme s’apprête à convoler en juste noces avec son petit ami. Le mariage promet d’être des plus simples. Malgré tout, les parents de Millier ont accepté de venir, en dépit des relations plutôt fraîches entre eux et l’ex-taularde.

    L’égérie des femmes battues continue de porter sa poisse

    Or, le matin du mariage, un inquiétant appel téléphonique menace la femme de ménage. Le plus beau jour de sa vie risque de ne pas être aussi idyllique. Surtout que, malchance supplémentaire, sa robe de mariée ne lui va plus.

    On devine que Freida McFadden a pris un plaisir manifeste à écrire ce relatif court texte autour de son héroïne. L’égérie des femmes battues continue de porter sa poisse et, comme d’habitude, entend bien assumer seule le gros seum qui s’annonce.

    La Femme de ménage se marie se lit en une grosse heure. Idéal pour passer le temps. Un vrai plaisir, en attendant de suivre un tome 3, déjà dans toutes les bonnes librairies.  

    Freida McFadden, La Femme de ménage se marie, éd. City éditions, éd. J'ai Lu, 2025, 416 p.
    https://www.city-editions.com/index.php
    https://www.freidamcfadden.com

    Voir aussi : "Premier nettoyage à sec"
    "Femmes, je vous hais"

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