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  • Qui êtes-vous, Evaristo ?

    La Fondation Renaud accueille jusqu’au 19 décembre l'exposition "Evaristo : au-delà du trait reflets d'âmes". Une évidence pour cet organisme qui s’est donné pour mission de de conserver et de présenter des œuvres créées par des artistes ayant travaillé à Lyon et dans la région.

    En 2017, la famille Estivill a souhaité faire don à la Fondation Renaud d’une sélection d’œuvres provenant de l’atelier d’Evaristo, décédé huit ans auparavant. Ce sont au total 165 peintures , 410 dessins, 9 carnets à dessin, 319 gouaches et 20 sculptures qui sont entrés dans le fond de la fondation lyonnaise.

    L’exposition commencée le 24 octobre 2021, accompagnée d’une représentation de la compagnie Godot et d’un atelier créatif, présente les toiles, les dessins, les gouaches et les sculptures les plus belles et représentatives du travail d’Evaristo, un peintre dont l’humanité explose à chaque création.

    Inclassable, en marge des grands courants de l’Histoire de l’Art et pourvu d’un talent pour le dessin, Evaristo n’a pas eu peur d’exprimer au travers de ses œuvres, la condition humaine, la cruauté de la guerre et la beauté de la vie à laquelle ne pouvait s’attacher qu’un message d’espoir. Stéphanie Rojas-Perrin, commissaire de l’exposition parle d’une œuvre qui "n’est pas autobiographique mais [qui] représente une certaine universalité de la condition de l’être humain".

    Né en Espagne en 1923, Evaristo, jeune berger à l'époque, est obligé de quitter son pays pour la France en raison de la Guerre Civile. Cet épisode le marque toute sa vie, lui qui parle de "la Retirada" lorsqu’il parle de l’exil massif des Espagnols. Installé à Lyon après la seconde guerre mondiale, ouvrier le jour, il consacre le reste de son temps à l’apprentissage de la peinture. 

    Evaristo reconstruit des paysages où l’homme et la nature ne forment qu’un seul élément

    L'exposition présente les toiles, les dessins, les gouaches et les sculptures les plus belles et les plus représentatives de son travail, afin de donner à voir un peintre empreint d'humanité, mais capable aussi de montrer la noirceur de notre condition humaine ("Face à la muraille", 1971). "En regardant les peintures d´Evaristo Estivill, comment ne pas penser à cet autre enfant berger et artiste autodidacte qu’était Miguel Hernández ?", commente Juan López-Herrera, Consul Général d’Espagne à Lyon.

    La peinture naïve, lumineuse et coloré d’Evaristo le distingue ("Paysage au ciel jaune", 1970). L'artiste commente ainsi : "Si vous regardez bien, mes toiles abstraites ou mes gouaches, on retrouve toujours le même esprit pour la couleur, parce que je croyais effacer la figuration avec la couleur et la forme pour exprimer complètement ma spiritualité, sans figuration".

    L’autre grand thème de l’artiste est la nature ("Paysage Sampzon", 1955, "Personnages suspendus", 1976) : normal pour un homme qui fut berger dans ses jeunes années. Evaristo reconstruit des paysages où l’homme et la nature ne forment qu’un seul élément, que ce soit par la représentation de paysages habités d’animaux, en huile sur toile ou en gouache, par ses dessins ou encore par ses sculptures réalisées à partir de troncs d’oliviers. Mais cette nature peut aussi cacher des créatures fantastiques ("Papillon", 1959).

    Dans les années 1950, Evaristo rejoint le groupe Contraste initié par l’artiste Jean-Marcel Héraut (1920-1982). A ses débuts, Evaristo a peint de manière boulimique. Il utilise l’art comme méthode d'expression pour témoigner. Puis, très vite, il commence à exposer ses œuvres dans plusieurs galeries à Lyon en débutant par la galerie Bellecour. Suivront, dans les années 70, la galerie Cassiopée et la galerie puis la galerie Dettinger-Meyer dans les années 90, jusqu’à sa mort.

    En 1973, il obtient le Prix de la Critique d’Art lyonnaise et il est présent au Salon d’Automne et du Sud-Est à partir de 1950. Il a pu bénéficier de nombreuses rétrospectives de son vivant, notamment celle organisée par la Ville de Villeurbanne en 1996, celle de la collégiale Saint-Barnard de Romans-sur-Isère en 2000 ou encore celle de Vallon-Pont-d’Arc en 2006, trois avant sa mort, alors que l’artiste est touché par la maladie d’Alzheimer.

    Il est urgent de découvrir ou redécouvrir l’œuvre d’Evaristo. Elle est proposée par la Fondation Renaud au  Fort de Vaise jusqu’au 19 décembre 2021.

    Exposition "Evaristo - au-delà du trait reflets d'âmes",  Fondation Renaud, Fort de Vaise, Lyon
    24 octobre – 19 décembre 2021
    Ouverture du mercredi au dimanche, de 14H à 18H
    https://www.fondation-renaud.com

    Voir aussi : "Des émaux, des choses et des chats"

    "Sermon sur la montagne", Evaristo, 1960, huile sur toile, coll. Fondation Renaud

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  • Lumineux Agustín Galiana

    Omniprésent, à la télévision, au cinéma et dans les médias en général, Agustín Galiana, le plus français des Espagnols, fait aussi une entrée rafraîchissante sur la scène avec un joli album de reprises, Plein Soleil. Un opus qui est aussi un hommage à la France qui l'a accueilli à bras ouverts.

    Pour celles et ceux que le terme de "reprise" fait tiquer, il faut préciser que le comédien – et désormais chanteur – propose à côté de standards hispaniques (Por que te vas, Piensa en mí), des revisites chaleureuses thématiques – le soleil, la plage, la Méditerranée – et fleurant bon les années eighties et nineties (Duel au soleil, L’amour à la plage, Le soleil donne, Le sud, La corrida).

    L’auditeur ne boudera pas son plaisir à découvrir des versions lumineuses d’Étienne Daho (Duel au soleil), Niagara ou Laurent Voulzy. Pas plus qu’il dédaignera un Por que te vas dédaignant la mélancolie au profit d’un bonheur nonchalant.

    Et parmi ces reprises, il ne faut pas passer à côté de Tuyo, la chanson générique de Rodrigo Amarante pour le générique de la série Narcos.

    Agustín Galiana, Plein Soleil, Fontana, 2020
    https://www.facebook.com/agustingaliana

    Voir aussi : "Gainsbourg par..."

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  • L’art de la débauche

    Publiée en Espagne il y a 12 ans, la bande dessinée Les Saintes Eaux de Raúlo Cáceres nous est proposée par les éditions Tabou dans une version française de Myriam Lobo. Cet ouvrage atypique, baroque et sulfureux autant que subversif frappe par sa richesse graphique et scénaristique.

    Disons tout de suite que le sexe est l’alpha et l’oméga d’une histoire à la fois simple et complexe, déployée sur 24 chapitres et pas loin de 200 pages : un "voyage en pornographie sacrée", comme l’annonce la couverture du livre.

    Le docteur Melania Ricius, psychologue et sexologue de son état, reçoit en pleine séance disons échevelée, un appel vidéo d’une ancienne élève, Sara Guttiérrez, enseignante à Aguas Callientes, un village perdu de l’Estrémadure espagnole. Cette dernière lui fait part d’étranges phénomènes d’hystérie collective touchant les habitants de cette bourgade. Subitement, la connexion se coupe. Inquiète de ce silence autant qu’intriguée, Melania décide de se rendre elle-même à Aguas Callientes pour partir à la recherche de Sara mais aussi percer le secret de cette vague de folie transformant un tranquille coin espagnol en lupanar à ciel ouvert. L’enquête commence pour la sexologue, une enquête qui sera jalonnée de rencontres et de découvertes qui vont sérieusement secouer la spécialiste jungienne.

    Une bande dessinée au souffle et aux méandres incroyables

    Avec un humour grinçant, Raúlo Cáceres signe avec Les Saintes Eaux une bande dessinée au souffle et aux méandres incroyables. Grâce à ses dessins somptueux au très beau noir et blanc et à un scénario bien documentée et aux multiples tergiversations, l’auteur espagnol laisse aller son imagination et sa créativité folle pour une histoire mêlant enquête policière, récits mythologiques et religieux, critiques des superstitions, propos psychanalytiques et, bien entendu, orgies. Pour ces nombreuses scènes, le coup de patte du dessinateur fait merveille dans sa manière de représenter avec une débauche de détails les corps, les étreintes, les sexes et les échanges de liquides divers et variés.

    On suit le parcours tumultueux et pour le moins épuisant de Melania et de son ami Jacobo sans savoir où il nous mènera, tant le récit regorge de personnages tout aussi fantasques – et même fantastiques – les uns que les autres. Tout ce petit monde se croise, se côtoie, se toise et souvent copule dans un village isolé et inquiétant, symbole d’un monde tiraillé entre folklores, religions monothéistes et attirances pour d’anciens rires païens – qui peuvent être aussi caricaturaux que les idéologies qu’ils combattent.

    En ne se proclamant d’aucune chapelle et en faisant du sexe le cœur du récit, c’est là que l’auteur des Saintes Eaux se montre le plus subversif. Melania, l’héroïne solitaire n’ayant comme repère que la science psychanalytique, se fait finalement l’apôtre du Moi, se réconciliant avec lui-même et avec son corps : "Ce que la morale castratrice essaie de dissimuler n’est pas l’envie de baiser mais le joyeux besoin de ne pas arrêter de le faire."

    Pour public averti.

    Raúlo Cáceres, Les Saintes Eaux, Voyage en Pornographie sacrée
    trad. Myriam Lobo, éd. Tabou, 2020, 186 p.

    https://raulocaceres.es
    http://www.tabou-editions.com

    Voir aussi : "Ma sorcière mal aimée"

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  • Qui est Nevché ?

    Et qu’est-ce que la Valdevaqueros ?

    C’est une plage de sable fin le long de la Costa de la Luz, cerclée par des dunes. Ce sera aussi le titre du prochain album de Fred Netché – alias Frédéric Nevchehirlian.

    L’homme s’est bâti une solide réputation d’artiste exigeant, nourri à des influences tous azimuts : musique populaire, poésie, slam, électro ou chanson.

    Sa biographie nous rappelle que son premier album a reçu le prix Printemps de Bourges 2005 et FAIR 2008 et que Fred Nevché a vendu en toute discrétion pas moins de 20 000 albums et s’est produit dans 400 concerts.

    Il sort son nouvel EP Besoin de la Nuit, avec Simon Henner aux arrangements. Ce sont trois titres à l’univers si particulier de Nevché, où électro et chansons se répondent et se servent mutuellement (Le Besoin de la Nuit), comme si le musicien voulait donner à ces vagues électro somptueuses un supplément d’âme grâce à un des mots, aussi simples soient-ils.

    Dans Si tu vas, Fred Nevché privilégie le texte et le minimalisme (claviers et voix) : "Rien ne sera aussi beau / Qu’un dauphin d’Ajaccio / Si tu vas / Pour un vers de Garcia Lorca."

    Le voyage et le road-movie (ou plutôt le "road-music") est le thème de Moi Je Rêve de Johnny Souvent. Dans ce slam coloré, exotique et rythmé, c’est sans doute à Valdevaqueros  que nous entraîne Nevché, sur ces plages espagnoles, avec ces "panneaux publicitaires de paysages utopiques en 3D."

    Dépaysement musical et dépaysement tout court assuré pour cet EP d’un artiste dont la sortie du nouvel album est attendu le 21 septembre prochain.

    Fred Nevché, Besoin de la Nuit, Internexterne, sortie le 8 juin 2018
    Fred Nevché, Valdevaqueros, Internexterne, sortie le 21 septembre 2018
    http://nevchehirlian.com

  • Une BO pour mon pays

    Voilà une initiative originale du spécialiste des voyages en ligne, TravelBird : savoir quelle musique représenterait le mieux son pays. Cette question fait partie de celle qui a été posée aux représentants officielles de centaines de pays. Grâce aux réponses de 49 représentants d’ambassades, une bande originale a été dressée par le spécialiste des voyages en ligne. Il n’est bien sûr pas question de parler d’hymnes nationaux, mais de musiques emblématiques, connues ou non, collant au mieux à l’identité de tel ou tel pays.

    C’est une BO hétéroclite et parfois surprenante que nous proposent ces officiels et promoteurs de la culture de leur pays. La musique classique est bien présente avec Le Beau Danube Bleu de Johann Strauss Fils ou le 21e concerto pour piano de Mozart pour l’Autriche, Finlandia de Sibelius pour la Finlande ou Morning Mood de Grieg pour la Norvège. Mais les ambassadeurs mettent surtout en avant des musiques de la tradition populaire : La Misa Criolla d’Ariel Ramírez ou Mi Buenos Aires Querido de Carlos Gardel pour l’Argentine, Der er et yndigt land de Hans Ernst Krøyer pour le Danemark, Cielito Lindo de Quirino Mendoza y Cortés pour le Mexique ou le mythique et incontournable Que viva España de Manolo Escobar pour l’Espagne.

    Et la France dans tout cela ?

    Mais les ambassadeurs n’oublient pas le répertoire plus actuel, avec des réponses qui ne manqueront sans doute pas d’étonner : Rock Me Amadeus de Falco (Autriche), Canadian Railroad Trilogy de ,(Canada), Ojalá que llueva café de Juan Luís Guerra (République dominicaine) ou… Vienna de Leonard Cohen (toujours pour l’Autriche).

    Pour en savoir plus, TravelBird a mis en ligne les résultats de son enquête.

    Et la France dans tout cela ? Les ambassades de notre pays méritent un carton jaune pour leur silence sur cette enquête. En clair, aucun représentant d’ambassade française dans le monde n’a daigné répondre. Une copie blanche que Bla Bla Blog ne souhaite pas laisser rester morte. Osons donc trois BO pour la France : L’air du Galop infernal d'Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach, L’Hymne à l’Amour d’Édith Piaf ou La Javanaise de Serge Gainsbourg.

    À moins bien sûr que la prochaine bande originale de notre pays ne soit celle qui sera composée demain. Allez savoir.

    https://travelbird.nl/travel-like-a-local

  • Que vaut le dernier Dan Brown ?

    Sauf à être totalement réfractaire, lire un Dan Brown est une vraie expérience en soi. Souvent imité, jamais égalé, le romancier américain est le maître des thrillers mêlant crimes, ésotérisme, sciences, arts et religions. Son dernier roman, Origine (éd. JC Lattès), respecte ce cahier des charges. On en demande pas plus. Mais au final, que vaut le dernier opus de Dan Brown ?

    Un personnage récurrent refait son apparition dans Origine : Robert Langdon, professeur en symbologie - et immortalisé à l'écran par Tom Kanks. Notre scientifique se mue une nouvelle fois encore en détective lors d’un voyage en Espagne. Son ami et confrère Edmond Kirsh, brillant futurologue et athée convaincu, est assassiné en plein cœur du Musée Guggenheim de Bilbao alors qu’il s’apprêtait à dévoiler au monde entier les résultats de recherches révolutionnaires. Ses révélations menaçaient à ce point de défriser les religions que les regards se portent en direction d’un prélat bien installé au sommet du pouvoir espagnol. Robert Langdon n’a que quelques heures pour découvrir les secrets de son ami. Le professeur prend son son aile la sémillante Ambra Vidal, directrice du Guggenheim et future reine espagnole. Ensemble, ils partent en en direction de Barcelone grâce à l’aide de Wilson, l’assistant très particulier d’Edmond Kirsh.

    Un excellent objet publicitaire pour Barcelone

    Courses poursuites, menaces d’un meurtrier insaisissable aux lourds secrets, suspects trop parfaits, neurones fonctionnant à plein : Dan Brown construit son intrigue avec le talent qu’on lui connaît. Menée tambour battant, la fuite du couple permet une visite en quatrième vitesse de l’Espagne et de la capitale catalane. Bilbao et son Guggenheim, Madrid et les palais royaux, Barcelone et les monuments de Gaudí : à coup sûr, les responsables touristiques espagnols trouveront dans ce Dan Brown un excellent objet publicitaire, comme cela l’avait été pour Paris avec le Da Vinci Code.

    Par ailleurs, comme souvent le thriller chez Dan Brown est un moyen de créer une intrigue autour de sujets a priori irréconciliables : religions et sciences, arts et techniques, informatique et symboles. Le tout avec un sens de la vulgarisation qui est à saluer.

    Soyons cependant honnête : bien que de bonne facture, Origine n’atteint pas le niveau qu’avait eu en son temps Da Vinci Code (je parle bien du livre, et non pas de sa version ciné très décevante). Il est vrai que l’on part de loin. Dans Origine, le secret découvert par Robert Langdon et Ambra Vidal pourra laisser le lecteur sur sa faim. Si surprise il y a, elle est plutôt à chercher du côté de l’une des plus belles trouvailles de l’auteur américain : cet étrange et fascinant Wilson.

    Si l’on ajoute enfin que le Dan Brown se lit d’une traite, voilà qui pourra malgré tout finir de convaincre celles et ceux à la recherche d’un bon – et intelligent – polar.

    Dan Brown, Origine, éd. JC Lattès, 2017, 566 p.
    http://danbrown.com

  • La royauté espagnole dans une mauvaise posture

    "La Bête et le Souverain" : en France, ce scandale sur fond d'art, de politique et de morale est resté relativement discret. En Espagne, par contre, cette affaire a ému jusqu'au plus haut sommet de l'État, alors que le roi Felipe VI tente de redorer l'image d'une royauté bien mal en point.

    De quoi s'agit-il ? D'une sculpture de l'artiste autrichienne Ines Doujak intitulée Not Dressed for Conquering / Haute couture. Derrière ce titre ésotérique se cache une création plastique en papier mâché représentant l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos vomissant un bouquet de fleurs et sodomisé par la syndicaliste bolivienne Somitila Barrios de Chungara, elle-même prise par un chien-loup. N'en jetez plus !

    L'artiste a eu beau expliquer que son œuvre entendait traiter du néo-colonialisme espagnol, du traitement de la politique par l'humour grinçant et qu'elle s'inscrivait dans la grande "tradition parodique, des figures de carnaval et des caricatures iconoclastes", cette sculpture a ému et profondément divisé le pays. Un vrai crime de lèse-majesté (ou de "baise majesté" ?) !

    Bartomeu Mari, le responsable du musée d'art contemporain de Barcelone (le Macba) l'a d'abord interdite, comme d'ailleurs l'exposition "La Bête et le Souverain" ("La Bestia i el Sobira") où elle devait être présentée. Mais devant une lever de boucliers venue du monde entier et des accusations de censure, le directeur du Macba a changé son fusil d'épaule en maintenant cette manifestation et en présentant ses excuses. Au risque d'être accusé, par certaines mauvaise langues, d'avoir dû baisser son pantalon ! Quelques jours plus tard, il annonce sans surprise sa démission.

    Aux accusateurs voyant dans cette création une insulte faite à une nation, les défenseurs disent ceci : "L'œuvre n'est pas censée insulter une personne privée, mais reformuler de façon critique une représentation collective du pouvoir souverain". 

    Pas sûr que la royauté espagnole apprécie la nuance !

    "La Bestia y el Soberano", Macba, Barcelone, jusqu'au 30 août 2015
    Macba, Barcelona