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thriller

  • Meurtres et mensonges

    Voilà un des très, très bons polars, sorti récemment, et celui-là nous vient tout droit des États-Unis, car on oublie trop souvent qu’en matière de policiers, on doit élever une statue pour ces auteurs et auteures qui, depuis près de trente ans ont contribué à sortir le polar de la niche où elle végétait. La suite, ce sont ces thrillers européens, français ou scandinaves. Lisa Gardner est une de ces grandes dames du policier qui propose, avec N’Avoue jamais (éd. Albin Michel, puis au Livre de Poche), un roman efficace qui écorne salement l’American Way of Life.

    À Boston, un homme est assassiné dans son bureau. Commercial dans la vente de fenêtres, soit en télétravail, soit en déplacement, Conrad Carter a une existence rangée, vie en couple harmonieux avec sa femme Evelyn avec qui il attend un premier enfant. Or, c’est elle que découvrent les policiers accourus sur place. Le cadavre de son mari gît à côté d'elle. Elle tient une arme à la main et vient de tirer plusieurs balles sur l’ordinateur de son mari. La femme ne se défend singulièrement pas et est mise en cause et enfermée. L’enquête commence, menée par D. D. Warren et son équipe. Dès son arrivée, une indic se manifeste. Elle s’appelle Flora Dane. Elle a été kidnappée quelques années plus tôt par un criminel abattu lors de sa libération. Or, la jeune femme est persuadée avoir croisé Conrad lors de sa captivité. Autre surprise, Evelyn/Evie s’est auto-accusée du meurtre de son père, tué d’un coup de fusil de chasse, avant d’être innocentée. Voilà qui tend à faire de cette enquête une affaire à tiroirs.

    N’Avoue jamais alterne les points de vue

    Un mari au-dessus de tout soupçon qui semble avoir bien caché son jeu. Une femme toute désignée pour l’avoir assassinée, après la mort de son père, meurtre dont elle a été blanchie. Vous ajoutez à cela une mère dominatrice et étouffante qui entend faire du secret une religion. Le lecteur tombera sur un tueur en série se servant du dark web pour commettre ses méfaits, un avocat omniprésent, un informaticien obsédé par les faits divers les plus sordides, un jeune pyromane très demandé, sans compter une ancienne victime incapable de tourner la page de son kidnapping.

    N’Avoue jamais alterne les points de vue : ceux d’Evie, de Flora puis de D.D. Warren. Une identifiée comme coupable présumée, une ancienne victime et une inspectrice tenace. Lisa Gardner donne une importance égale à ces trois femmes, même si ce polar appartient à la série des "DD Warren".  

    Impossible d’évoquer la fin de ce très bon polar qui nous aura entraîné du côté le plus noir du crime, avec aussi ses héros, ses héroïnes et cette part de résilience dans les dernières pages du roman. 

    Lisa Gardner, N’Avoue jamais, éd. Albin Michel, éd. Le Livre de Poche, 2022, 496 p.
    https://www.albin-michel.fr/navoue-jamais-9782226448866
    https://www.lisagardner.com

    Voir aussi : "La femme est l’avenir de l’homme"

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  • Voilà l’homme

    On a souvent reproché aux séries françaises leur manque de sérieux, leurs facilités et leur manque d’ambition scénaristique. Tel n’est pas Sambre, la mini-série en six épisodes retraçant l’histoire d’un violeur en série qui a sévi dans le nord de la France et jusqu’en Belgique, de 1988 à 2018. Oui, il aura fallu trente ans avant que la police n’arrive à interpeller le coupable, un homme au-dessus de tout soupçon.

    La Sambre est une rivière, affluent de la Meuse, et coule au nord de la France et en Belgique. En novembre 1988, on loin de Maubeuge, dans une paisible commune, une jeune femme se réveille au petit matin inconsciente au bord du cours d’eau.

    Choquée, incapable d’expliquer ce qui s’est réellement passée, elle dépose une main courante à la police. Quelques jours plus tard, une jeune fille déclare une agression sexuelle. Pourtant, rien ne se passe. L’enquête est quasi inexistante, jusqu’à ce qu’une magistrate s’y intéresse quelques années plus tard.

    En vain. Les femmes et adolescentes victimes se multiplient et les années passent. En 2018, un commissaire se penche sur le dossier que tout le monde semble avoir oublié. 

    Par ce miroir tendu en direction des hommes, la série de France TV parvient à faire mouche

    La série passionnante proposée par France Télévision, disponible en replay, est inspirée du fait divers devenu emblématique des affaires judiciaires au long cours et des égarements de la justice et de la police. De ce point de vue, Sambre est édifiante : enquêteurs dépassés, procédures menées à la "va-comme-je-te-pousse", lorsqu’elles ne sont carrément pas "oubliées", victimes déconsidérées (la fameuse scène de l’adolescente auditionnée est de ce point de vue choquante) et hypothèses de profileurs sèchement démenties par la réalité.

    Si l’on parle de ce dernier point, comment ne pas parler de l’identité du criminel ? Dino Scala – devenu Enzo Salina pour les besoins de la fiction – n’est pas ce marginal tordu et solitaire comme le suppose une enquêtrice dans le quatrième épisode mais un "bon père de famille", père, grand-père, salarié dans la même entreprise et considéré comme un citoyen généreux dans la ville où il habite.

    Jean-Xavier de Lestrade a pris le parti-pris des victimes (excellente Alix Poisson !) et des femmes pour sa série, en mettant aussi en avant ces figures féminines combatives qui ont contribué à faire avancer l’enquête : une juge (Pauline Parigot), une maire (Noémie Lvovsky), une scientifique (Clémence Poésy). Ce sera finalement un commissaire taciturne et opiniâtre (l’excellent Olivier Gourmet) qui mettra la mains sur le violeur en série, jugé et condamné l’an dernier.  

    Fait divers sordide ayant compté plusieurs dizaines de victimes sur trente ans, Sambre est aussi une fiction sociale s’interrogeant sur les violences faites aux femmes et sur la violence masculine, qu’elle soit frontale – ces viols – ou sournoise – les conflits dans la sphère familiale. Avec souvent les regards des hommes mêlant dédains, mépris et même agacements. Par ce miroir tendu en direction des hommes, la série de France TV parvient à faire mouche.   

    Sambre, mini-série policière française de Jean-Xavier de Lestrade,
    avec Alix Poisson, Olivier Gourmet, Julien Frison, Jonathan Turnbull, Noémie Lvovsky, Pauline Parigot, et Clémence Poésy, France TV, 2023

    https://www.france.tv/france-2/sambre

    Voir aussi : "Wonder boy"

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  • Je veux retourner à la maison

    Voilà une mini-série de six épisodes venue d’outre-Rhin à la fois passionnante et terrifiante. Chère Petite est proposée en ce moment sur Netflix. Nul doute qu’elle risque de laisser des traces et de longtemps s’interroger sur le pouvoir de la manipulation mentale.

    Le premier épisode commence avec la fuite d’une jeune femme, Lena. Elle fausse compagnie à l’homme qui la séquestre, traverse la campagne accompagnée d’une enfant, Hannah, mais est victime d’un accident de voiture. C’est paradoxalement une chance pour elle et pour la jeune fille qui est elle. Elles se retrouvent à l’hôpital. Une enquête de police commence. On apprend que Lena a laissé un garçon derrière lui. Il faut le retrouver. Une course contre la montre commence, mais aussi une investigation : qui est Lena ? 

    L’identité du kidnappeur s’avère secondaire à l’intrigue et à cette histoire de séquestration et de lavage de cerveaux

    Le spectateur risque fort d’être accroché et en même temps de devoir s’accrocher à cette série dont on dit que les jeunes acteurs ne connaissaient pas réellement les tenants et les aboutissements de cette histoire. Et on a envie d’ajouter : tant mieux. 
    L’identité du kidnappeur est révélée dans le dernier épisode mais s’avère finalement secondaire à l’intrigue et à cette histoire de séquestration et de lavage de cerveaux.

    La réalisatrice Isabel Kleefeld prend le parti des victimes, de Lena et des deux enfants dont les personnalités ont été complètement brisées (que l’on pense aux scènes de présentations des mains). Les histoires de viols et d’enlèvements sont légion dans la littérature policière, le cinéma et la télé. Mais celle-ci présente l’avantage d’aller au bout de la démarche. Du beau travail, tant on aura longtemps en tête les visages de Lena et de Sarah, une gamine inquiétante à souhait et une vraie révélation. 

    Chère Petite, mini-série germano-améraine d’Isabel Kleefeld,
    avec Julika Jenkins, Kim Riedle, Naila Schuberth, Netflix, 2023

    https://www.netflix.com/fr/title/81513233

    Voir aussi : "Menés en bateau"

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  • Lost

    Séance de rattrapage pour ce roman paru chez HarperCollins en 2021. Nicolas Druart sortait son troisième roman, L’Enclave, un thriller bien enlevé et bien tordu, comme on les aime. Non sans des scènes à la limite de l'insoutenable et capable de vous donner la nausée. Voilà pour vous donner envie.

    Alors que la France vibre pour les exploits de la Coupe du Monde de Football, l’adjudant-chef de Buzac, modeste bourgade de l’Aveyron, doit gérer une histoire de disparitions. Deux touristes se sont volatilisés au cours d'une excursion dans une région sauvage. Sale temps, alors que le climat invite plus à l’allégresse footballistique qu’à une enquête obscure.

    À Paris, justement, un groupe d’handicapés est amené par Vanessa et Simon, deux animateurs chargés d’amener le petit groupe, dans l’Aveyron justement. Des vacances en forme de bouffée d’air pour des jeunes gens plus habitués à la vie en centre qu’à un trip dans les beaux paysages du sud. Beaux mais dangereux. Vanessa est mise en garde contre l’enclave, une région à l’écart du monde où les légendes les plus folles sont colportées par les habitants.

    Le climat invite plus à l’allégresse footballistique qu’à une enquête obscure

    Des disparitions, des crimes, des supplices, un monstre légendaire et un génie du mal – à moins qu’il n'y en ait plusieurs. Dans ce chassé-croisé entre un gendarme tenace, sa subalterne pugnace et une jeune Réunionnaise, parisienne d’adoption, les surprises ne manquent pas. Nicolas Druart nous balade en ménageant ses effets et en alternant le chaud de cet été meurtrier et le glacial d’une enclave bien mystérieuse, et tout cela dans une ambiance festive de coupe du monde.

    Quelle est justement cette zone en dehors de toute société ? Une ZAD ? Un mini-royaume ? Une zone de non-droits ? Et quelle est cette étrange créature cannibale ?  

    Impossible ici d’en raconter plus, sauf à spoiler les futurs lecteurs de ce thriller à déguster les doigts de pied en éventail. Une idée de roman pour les vacances ? Vous en avez un tout cuit, avec quelques surprises à la clé, bien entendu.  

    Nicolas Druart est bien allé droit au but.

    Nicolas Druart, L’Enclave, éd. HarperCollins, coll. Noir, 2021
    https://www.harpercollins.fr/products/lenclave

    Voir aussi : "Désir ou amour, tu le sauras un jour"

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  • L'Evangile selon Satan

    81wbpyvsw2L.jpgSurfant sur la vague des thrillers religieux Patrick Graham entraîne le lecteur sur la piste d'un tueur en série impitoyable, pourchassé par une profileuse du FBI dotée de dons de médium. Elle aura le plus grand mal à suivre ce criminel, et pour cause : ce Caleb n'est ni plus ni moins qu'une incarnation du diable. Le vrai enjeu de cette chasse est un livre ancien, L'Évangile selon Satan, que l'Église tente par tous les moyens de cacher et qu'une société secrète sataniste entend récupérer à l'occasion de la succession d'un pape - assassiné, bien sûr ! Bon, évidemment, voilà un livre qui n'entrera jamais dans un Lagarde et Michard. Mais cela a beau être cousu de fil blanc et parfois poussif, ce thriller français (à mi-chemin entre le Da Vinci Code et Anges et Démons) joue bien son rôle de nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page. Une vraie réussite pour un livre idéal pour les vacances.    

    Patrick Graham, L'Evangile selon Satan, éd. Pocket, 2007, 660 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/08/25/18897183.html

    Voir aussi : "Le nœud de l’intrigue"

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  • Un cauchemar vieux de 40 ans

    L'album mythique Thriller de Michael Jackson fête en ce moment ses quarante ans. Il s’agit de l'album des superlatifs : 66 millions d'exemplaires vendus, 32 fois disque de platine, 37 semaines à la première place du classement du magazine Billboard, sept des neuf chansons de l'album sont sortis en single et sont tous entrés à l’époque dans le Top 10 du Billboard Hot 100N. Et c’est sans compter des clips légendaires : "Beat It", "Billie Jean" et bien entendu "Thriller". Voilà qui méritait largement une réédition pour les 40 ans de la sortie de l'album.

    Gros coup de nostalgie avec ce deuxième album solo de Michael Jackson et qui nous rappelle à quel point le "roi de la pop" a su profondément renouveler un genre musical pour lui donner ses lettres de noblesse. Que l’on pense à "Wanna Be Startin' Somethin'" à la pop déjà urbaine et non sans accents de world music. Quant au funk de "Baby Be Mine", il est rehaussé de nouveaux sons venus d’un genre (presque) naissant : l'électronique, également présent dans le moins connu "P.Y.T. (Pretty Young Thing)".

    Lorsque la pop est souriante, efficace et pas forcément géniale ("Human Nature" ou le slow "The Lady In My Life"), elle finit tout de même par devenir légendaire lorsque Michael Jackson s'offre le luxe du featuring – à l'époque où le terme n'était pas galvaudé – de l'ex-Beatles, Paul McCartney.

    En parlant de featuring mémorable, il fait parler de celui de Vincent Price, la voix d'outre-tombe de "Thriller". La petite histoire et les témoignages post-mortem racontent que le roi de la pop n'était pas trop regardant sur le droit de la propriété intellectuelle et morale et que l'ex-interprète de Dracula s'en trouva fort marri. Mais passons sur cette considération juridique et préférons écouter ce fameux "Thriller", cauchemar en même temps que délice musical. Ce chef-d'œuvre intemporel a été en outre magnifié par un clip de près de quatorze minutes, réalisé par John Landis. Un authentique court-métrage sans effet numérique – nous sommes au début des années 80 – mais sentant les effets spéciaux analogiques dignes des meilleurs films d'horreur et la sueur de danseurs – dont le chanteur en personne – grimés en zombies. 

    "Thriller", cauchemar en même temps que délice musical, magnifié par un clip de près de quatorze minutes

    L’autre featuring à évoquer est celui d'Eddie Van Hallen, forcément incroyable avec cette guitare qui a contribué à faire entrer le titre "Beat It" dans la légende du rock. Et ne parlons pas du clip réalisé par  Bob Giraldi. Impossible non plus de ne pas parler de "Billie Jean" : à la scansion inimitable, à la mélodie irrésistible et au son toujours entre la justesse et la sophistication. Le clip, tout aussi mémorable, est de Steve Barron.

    Les neuf titres du célèbre album, dont l'auditeur redécouvre la profondeur du son et la subtilité des arrangements, sont agrémentées pour cette réédition 2022 du 40e anniversaire de dix titres inédits. De vraies curiosités, plus que des morceaux de bravoure, et qui prouvent que Michael Jackson choisissait avec soin les morceaux qu’il allait dévoiler.

    Arrêtons-nous tout de même sur quelques-uns de ces titres, à commencer par "Starlight", une revisite lumineuse du sombre "Thriller". Côté pile et côté face. 

    Les démos du "roi de la pop" peuvent s’écouter comme les trouvailles d’un créateur dingue jamais repu de recherches musicales et rythmiques, souvent franchement abouties ("Got The Hots"), lorsqu’elles ne sont pas joyeuses et étonnantes ("Behind The Mask"). On est là au cœur des années 80, comme nous le rappellent les slow langoureux et sexy, "Who Do You Know" et "Carrousel".

    Maître de la pop, Michael Jackson a su marquer de son empreinte la funk, sur le déclin au début de cette décennie mémorable. C’est ce que nous montrent le nerveux et dansant "Can’t Get Outta The Rain" ou le morceau "Sunset Driver" qui avait largement sa place dans le Thriller définitif. L’auditeur pourra d’ailleurs se demander, à l’écoute du bonus, ce qui a conduit à écarter tel ou tel titre, à l’image du séduisant et amoureux morceau "The Toy".

    D’autres morceaux sont restituées "dans leur jus", à l’instar de "What A Lovely Way To Go" ou, à moindre égard, de "She’s Trouble". On n’ose imaginer ce que l’auteur de Thriller aurait fait de ces diamants purs. 

    Michael Jackson, Thriller, Epic/Legacy, 1982 & 2022
    https://www.thriller40.com
    https://www.michaeljackson.com/fr

    Voir aussi : "Tous fous de Jovan ?"

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  • Moteur, action, tuez !

    Qu’on se le dise : après son premier roman Les Réponses, les Etats-Unis tiennent sans doute avec Elizabeth Little leur reine du polar et du crime. Une nouvelle preuve avec son dernier polar, Les Filles mortes ne sont pas aussi jolies. Voilà une auteure non seulement maligne mais qui sait aussi camper des personnages incroyables au caractère bien trempé. Ajoutez à cela l’art de planter les décors – une petite ville dans le Dakota du Nord dans le premier roman et une île du Delaware, dans un hôtel imposant et froid, digne de l’Hôtel Overlook de Shining pour son dernir livre.

    Les Réponses parlaient de la fuite d’une ex-prisonnière, détestée par son pays et libérée pour vice de procédure après dix ans de prison. Dans le dernier roman d’Elizabeth Little, c’est une autre femme incomprise qui est au centre du récit, Marissa Dahl, une jeune femme monteuse de films, à qui une boîte de production fait appel. La candidate, intelligente, libre et perspicace, accepte de participer au tournage du prochain long-métrage de Tony Rees sur l’histoire d’un crime jamais élucidé. L’ambiance est détestable pour Marissa, visiblement pas la bienvenue pour tout le monde. 

    "Donnez-moi un film, et je trouverai un sens"

    "Donnez-moi un film, et je trouverai un sens", confie la narratrice au début de son récit, entrecoupé par des extraits du podcast des inénarrables Grace et Suzy, deux adolescentes perdues dans l’hôtel de l’île Kickout.  Marissa se transforme en détective pour tenter de découvrir l’histoire d’un meurtre resté sans solution, hormis un suspect idéal – l’ex-petit ami devenu un pestiféré. Évidemment, ce serait trop simple.

    Parmi les personnages secondaires de ce roman, et hormis les deux jeunes filles dont nous parlions – il y a le tyrannique et talentueux cinéaste Tony Rees, son assistante Anjali, l’acteur sur le retour Gavin Davies. Il y a aussi Liza, jeune et jolie actrice choisie pour incarner le rôle de la victime vingt ans plus tôt et Eileen, sa consœur et aînée, qui a eu son heure de gloire des années plus tôt. Il faut aussi compter sur Isaiah, chargé de la sécurité de la monteuse.

    L’intrigue tortueuse se joue du lecteur en proposant une réflexion sur la représentation du crime et sur la vérité cachée derrière les images. Quoi de mieux qu’une monteuse pour les décortiquer et les remonter dans l’ordre ? Elizabeth Little en profite pour adresser quelques coups bien sentis pour le milieu du cinéma. 

    Elizabeth Little, Les Filles mortes ne sont pas aussi jolies, éd. Sonatine / éd. 10/18, 2020, 448 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/les-filles-mortes-ne-sont-pas-aussi-jolies/9782355843211
    https://www.elizabeth-little.com/home

    Voir aussi : "Tout le portrait craché de sa mère"

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  • Poe en invité surprise

    C’est une Amérique que l’on n’a pas l’habitude de voir sur l’écran : celle des premières années du XIXe siècle, entre sa naissance sous Washington et le début de la guerre de Sécession. Pale Blue Eye, le film proposé en cé début d'année par Netflix plante son décor dans ces Etats-Unis là.

    Nous sommes précisément en 1830, en plein hiver.  Augustus Landor est un inspecteur civil que l’académie militaire de West Point – appelée à un destin prestigieux – contacte pour résoudre une affaire ennuyeuse qu’elle voudrait résoudre au plus vite et ne pas laisser fuiter. Landor est l’homme de la situation : taciturne et secret, accessoirement tourné vers la boisson, il vit seul après le décès de sa femme et la disparition de sa fille.

    L’affaire qu’il doit résoudre est celle du suicide d’un jeune cadet à qui l’on a, par la suite, arraché le coeur. Au sein de l’Académie, iul trouve un soutien inattendu chez un autre cadet. Son nom ? Edgar Allan Poe qui se targue d’être poète et se révèle un détective très doué. 

     Un bon thriller doublé d’un film d’époque

    Outre le cadre de The Pale Blue Eye – la jeune République étasunienne – la vraie bonne idée du film proposé par Netflix est de mettre en scène le célèbre auteur des Nouvelles extraordinaires que beaucoup d’écoliers ont lu dans leur jeunesse. Voilà ici un Edgar Allan Poe étonnant et attachant, joué par le formidable Harry Melling, l’ex Dudley d’Harry Potter, et que l’on a vu plus tard dans Le Jeu de la Dame.  

    Ce n’est d’ailleurs pas la seule star du film : outre Christian Pale dans le rôle de Landor, on trouve également Gillian Anderson, Robert Duvall, Lucy Boynton et notre Charlotte Gainsbourg nationale dans un rôle finalement très secondaire.

    Cette histoire de meurtres rituels transposée dans un univers gothique – pouvait-il en être autrement avec la présence de Poe ? – prend un tour inattendu à partir de la dernière demie-heure. Inutile bien sûr d’en dire plus. Un bon thriller doublé d’un film d’époque, cela ne se refuse pas. Et cela donne envie de relire le génial Edgar Allan Poe. 

    The Pale Blue Eye, thriller historique de Scott Cooper, avec Christian Bale, Harry Melling,
    Gillian Anderson, Robert Duvall, Lucy Boynton et Charlotte Gainsbourg,
    2022, 128 mn, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81444818

    Voir aussi : "Crimes, flegme et glamour"
    "D’échecs en échecs"

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