Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

1982

  • Espagne, année 0

    Le thriller espagnol fait des vagues, à telle enseigne que l’on peut deviner dans les prochaines années un réel engouement, à l’image des polars venus du froid. Mais nous n’en sommes pas encore là. En attendant, intéressons-nous à un film passé complètement sous les radars et qui vaut pourtant son pesant de cacahuètes.

    The Replacement a choisi l’année 1982, date fondamentale pour l’Espagne post-franquiste, sur le point d’élire le premier gouvernement démocratique et socialiste. Un tournant, un an après le coup d’état manqué d’une junte nostalgique de Franco, mort 7 ans plus tôt. 1982 est également l’année de la coupe du monde de football, compétition dont les Français se souviennent… C’est cette année que débarque à Dénia, sur la Costa Brava, Andrès. Ce policier, aussi taiseux que mû par un idéalisme qui lui a sans doute coûté sa mutation, débarque sur ce port apparemment paisible avec femme et enfant.

    Arrivé à son poste, il rencontre ses collègues, dont Columbo, un policier antipathique, abîmé par le tabac et l’alcool. Andrès découvre qu’il remplace un collègue mort d’une overdose. Rapidement, les opérations de surveillance de la police autour de villas luxueuses le troublent. Mais Colombo lui demande de ne pas faire de vague. 

    Óscar Aibar gratte le vernis de la société espagnole post-franquiste

    Des vagues, il va pourtant y avoir, grâce à Andrès (Ricardo Gómez) mais aussi Columbo (le formidable Pere Ponce). Dans une facture classique – le flic bad boy et le vieux policier bourru se lancent dans une enquête borderline – Óscar Aibar gratte le vernis de la société espagnole post-franquiste. 40 ans de dictature fasciste ne s’effacent pas d’un trait de plume, est-il rappelé, comme le montre une scène du bar au cours de laquelle le salut fasciste réapparaît très vite.

    En situant son récit au début des années 80, le spectateur peut se délecter des reconstitutions historiques : vêtements, coiffures, voitures, mobiliers... et omniprésence de la cigarette. Le réalisateur a la bonne idée de donner à l’histoire le cadre de la coupe du monde de football (mais pas la fameuse demi-finale France-Allemagne…).

    Le cœur du récit est un épisode passé sous silence : celle d’une Espagne devenue un asile pour des centaines d’anciens officiers nazis. The replacement est tiré d’une histoire vraie, ce qui donne au film un trouble supplémentaire. Seul bémol : Óscar Aibar ne joue pas toujours dans la subtilité.

    En tout cas, le message transmis par le cinéaste, après un dernier retournement, a le mérite de sonner comme une alarme : après la disparition d’une génération persécutée, le mal est prêt à revenir et à frapper de nouveau. Nous voilà prévenus.  

    The replacement, thriller historique espagnol d’Óscar Aibar,
    avec Ricardo Gómez, Vicky Luengo, Pere Ponce, Joaquín Climent
    et Susi Sánchez, 2022, 117 mn, VOD, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/the-replacement/h/17689951_40099

    Voir aussi : "Amour, musique, matelas et autres contrariétés"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Balles au pied

    Deux portraits, deux documentaires, deux personnalités exceptionnelles et deux joueurs de football légendaires. Hasard du calendrier télévisuel, Netflix et Canal+ proposent presque en même temps deux films qui vont passionner tous les amateurs de ballon rond.

    Le premier, consacré à notre "platoche" national, conte l’histoire – presque – ordinaire d’un petit gamin de Meurthe-et-Moselle devenu en quelques années le roi des stades, sans avoir pu toutefois toucher le nirvana (en l'occurrence une coupe du monde) avec son équipe nationale.

    Les plus âgés d’entre nous savent qu’avant que Michel Platini ne devienne l'un des pontes décrié du football européen, il fut un milieu de terrain au pied magique, élu par un magazine spécialisé comme le meilleur footballeur français du XXe siècle, devant Zinedine Zidane et Raymond Kopa. Il a rendu fou ses adversaires avec des coups francs venus d’une autre planète, et son génie lui a valu trois ballons d’or consécutifs, de 1983 à 1985.

    Jean-Marie Goussard a choisi pour son documentaire des archives non-commentées, donnant à son film un aspect brut, qui permet au spectateur de se régaler autant que de juger par lui-même la qualité d’un joueur qui n’a joué que dans trois équipes nationales (Nancy, le mythique Saint-Étienne et la Juventus de Turin). Cette relative fidélité fait de Platini "le dernier romantique", comme l’indique le sous-titre du film. Évidemment, le must du must de sa carrière exceptionnelle reste la demi-finale de 1982 contre l’Allemagne, un sommet du sport mais aussi de la dramaturgie, qui n'a pas laissé au joueur le mauvais souvenir que l'on penserait.

    Un sommet du sport mais aussi de la dramaturgie

    L’autre documentaire, sobrement intitulé Pelé, nous vient de Grande-Bretagne et parle lui aussi d’un génie du football – si ce n’est DU génie. Pelé, moins connu qu’on ne le croit, a droit à un portrait à la fois élogieux et nuancé. Le palmarès de Pelé fait rêver : trois coupes du monde avec l’équipe nationale, des dizaines de coupes nationales dont deux coupes intercontinentales et le championnat américain et pas moins de 1300 buts (dont un record de 8 buts pour un seul match). Le joueur accepte pour ce film de témoigner devant la caméra.

    C’est essentiellement sur ses coupes du monde que s’intéresse le réalisateur. Huit ans après le traumatisme de la finale perdue en 1950 à domicile contre l’Uruguay, en 1958 Pelé devient à 17 ans un héros national en remportant son premier titre important. Un titre que l’équipe nationale conserve quatre ans plus tard, même si Pelé se blesse et ne participe pas aux matches à élimination directe. En 1970, en fin de carrière, le Roi Pelé est de retour dans ce qui reste comme le sommet de sa carrière.  

    David Tryhorn et Ben Nicholas écornent malgré tout l’image de ce génie du ballon rond lorsqu’ils parlent de la manière dont Pelé a vécu la période de dictature militaire brésilienne de 1964 à 1985. Les témoins n’épargnent pas celui qui reste le Brésilien et le footballeur le plus connu au monde : il était "Incapable de contester, de critiquer" et "Il se faisait remarquer par son manque de prise de position politique", apprend-on de quelques témoins. Plus gênant encore, la coupe du monde gagnée en 1970 a constitué un inespéré coup de projecteur sur les dictateurs de cette "guerre sale".

    Sans pour autant refuser ces critiques, Pelé répond en joueur de foot qu’il fut : "Je ne pensais pas que je pouvais faire quelque chose… Je n’étais pas Superman, je ne faisais pas de miracle… Je suis absolument certain d’avoir bien plus aider le Brésil en jouant et en vivant comme je l’ai fait…"

    Platini, le dernier romantique, Documentaire français de Jean-Marie Goussard, 2021, 112 mn
    https://www.canalplus.com/articles/sports/platini-le-dernier-romantique
    https://www.canalplus.com/sport/platini-le-dernier-romantique/h/15754352_50001
    Pelé, documentaire britannique de David Tryhorn et Ben Nicholas, 2021, 108 mn
    https://www.netflix.com/fr/title/81074673

    Voir aussi : "Lev Yachine, l’araignée dorée" 

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !