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Il ne s'agit pas du livre le plus connu d'Arthur Schopenhauer mais c'est un essai très abordable qui permet de comprendre quelques bases de la pensée de ce philosophe majeur.
Écrit en 1837, Essai sur le libre arbitre est en fait la contribution de Schopenhauer à un concours de la Société Royale de Norvège qui avait posé ce problème : "Le libre arbitre peut-il être démontré par le témoignage de la conscience de soi ?" Le philosophe allemand part de cette problématique pour mieux asseoir ses théories sur la liberté (elle n'existe que d'un point de vue moral) et le libre arbitre (c'est un leurre).
Quel est l'intérêt d'un essai historique sur Eva Braun ? La question se pose s'agissant de celle qui, finalement, n'a été que la maîtresse d'Adolf Hitler et n'a jamais joué de rôle notable, politique ou autre.
Et pourtant, Eva Braun demeure un personnage extrêmement connu (la plus connue sans doute de toutes les compagnes de dictateur) et ce, alors même qu'Hitler l'a soigneusement cachée pendant les 14 ans qu'a duré leur relation. Il ne se maria avec elle que quelques heures avant leur suicide en avril 1945 dans Berlin assiégé.
Cette célébrité, dit Heike B. Görtemaker, vient sans doute en partie de son intimité avec celui qui personnifie plus que jamais la figure du Mal. Il est pourtant intéressant de suivre le parcours d'Eva Braun. Sa rencontre en 1929 avec Hitler est en soi un choc de génération. Il a déjà 40 ans, est célibataire, passionné par la politique, impitoyable et est certain d'arriver à ses fins dans la conquête du pouvoir. Elle a 17 ans, est une jolie blonde sportive et plutôt cultivée et restera des années encore insouciante et naïve.
L'idylle naissante arrive alors que Hitler se remet difficilement d'une histoire d'amour avec sa nièce (sic) Geli Raubal, terminée avec le suicide de cette dernière, désespérée. Heike B. Görtemake suit pas à pas les circonstances et les premières années du couple Hitler/Braun : confiances réciproques, séparations, tentatives de suicides et manipulations ponctuent cette union peu ordinaire et cachée des années durant (l'auteur explique pourquoi).
Heike B. Görtemake s'attache également à montrer le degré d'implications de cette jeune femme dans le cours de l'histoire. Jamais encartée au NSDAP, elle adhère pourtant aux idées du parti nazi et restera l'une des dernières vraies fidèles de Hitler, au point de refuser de fuir Berlin assiégé et de mourir avec son compagnon. Ce portrait trace également un portrait saisissant de la petite société qui tournait dans l'intimité du dictateur et de sa compagne. C'est enfin l'occasion de s'arrêter longuement sur les femmes de dirigeants nazis, tenues à l'écart de toute politique (pour raisons idéologiques) mais qui en savaient bien plus que ce qu'elles ont voulu admettre.
Voilà un petit livre plutôt bien fait pour entrer dans la philosophie en douceur. Ce petit manuel ne rentre pas dans des grands concepts philosophiques mais, avec pas mal de fraîcheur et beaucoup de clins d'œil, il donne quelques outils pour nous faire cogiter.
Au passage, de grands penseurs sont appelés à la rescousse ainsi que quelques-unes des plus célèbres citations philosophiques : "Je pense donc je suis" de Descartes, "Connais-toi toi-même" de Socrate (concept plus complexe qu'on ne le croit), "Dieu est mort" de Nietzsche, etc.
Comme l'indique son titre, cet essai se donne pour but d'étudier des événements au moment où un détail, un accident ou le hasard transforment le cours de l'Histoire. 16 périodes sont ainsi couvertes dans des chapitres très denses avec autant d'hypothèses étonnantes : Ponce Pilate gracie Jésus, les Grecs sont défaits à Salamine, Jeanne d'Arc meurt lors du siège d'Orléans, Louis XVI n'est pas reconnu à Varennes, la première guerre mondiale s'arrête en 1914, la bombe atomique n'est pas prête en 1945, Israël est vaincue lors de la guerre du Kippour...
On peut regretter la vanité d'un tel essai scientifique mais ce livre permet au moins de comprendre les enjeux de tel ou tel événement. Ces chapitres sont par ailleurs inégalement convaincants : autant celui sur Richelieu et la journée des dupes ou bien la fuite de Louis XVI m'ont parus intéressants et troublants, autant les chapitres sur mai 68 (la mort de De Gaulle dans un vol d'hélicoptère...) ou sur Raspoutine m'apparaissent plus comme de l'hypothèse gratuite. En tout cas, voilà un petit livre qui se lit comme du petit lait. Alors...
En 1944, alors que la Solution Finale contre les Juifs européens bat son plein, les pontes de la SS, dont Ernst Kaltenbrunner, Heinrich Himmler et Rudolf Höss, le responsable d’Auschwitz, ont l’idée d’immortaliser en photos "l’efficacité" de la machine de mort nazie. Entre mai et août 1944, le "Programme Hongrie" organise la déportation de près de 600 000 juifs hongrois - qui seront pour la plupart tous exterminés. Deux photographes allemands, Bernhard Walter et Ernst Hoffmann sont chargés de multiplier des clichés qui serviront de bases à une dizaine d’albums.
Un seul est retrouvé par une déportée hongroise, Lili Jacob. En avril 1945, alors qu’elle est mourante et que les troupes américaines approchent du camp de Mittelbau, elle tombe sur cet album d’Auschwitz. En dépit de l’utilisation de quelques clichés pour des procès, dont celui d’Eichmann, l’album reste curieusement dans l’ombre. Le voilà maintenant restitué et analysé dans cet essai incroyable autant que bouleversant.
Ces visages d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants
Rarement une source historique n’a été autant scrutée et étudiée. Tal Bruttmann, Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller analysent les lieux des crimes, Auschwitz, l’un des nombreux sites de mise à mort dans l’Europe nazie, devenu symbolique pour son étendue, son "efficacité" et finalement le nombre de victimes. En ayant l’idée perverse de laisser des preuves photographiques de leur crime – bien qu’aucune photo ne montre chambres à gaz et fours crématoires, hormis deux clichés ajoutés sur le tard – les dignitaires, militaires, responsables des camps et forces supplétives laissent à l’histoire les images d’un des plus grands crimes de l’humanité.
Le lecteur sera secoué devant les files de déportés. Ces visages d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants ! – affrontent l’objectif. La plupart mourront peu après. Pas de morts sur ces photos – hormis la silhouette d’une vieille femme morte d’épuisement – et la violence ne surgit qu’épisodiquement – une canne à la main d’un officier, une vieille femme conduite par deux hommes vers la mort et les tours d’un four crématoire. Le lecteur sera frappé par ces clichés où des milliers de personnes arrivent sur les quais du camp nazi, des ballots de bagages et des foules de déportés attendant dans un bois que les chambres à gaz, mis à contribution, se libèrent.
Il a souvent été dit que les Juifs exterminés étaient conduits à la mort sans se défendre. Quelques indices nous indiquent qu’il n’en a rien été : les regards plein de défiance, les tentatives de révolte, mais aussi ces langues tirées avec affront en direction du photographe et de leurs bourreaux. Gestes faussement anodins, mais riches de sens.
Qu’on ne s’y trompe pas. Le titre de l’essai de Bob Garcia, Hergé, les ultimes Secrets (aux éditions du Rocher) n’entend pas être l’ouvrage définitif sur le génial dessinateur belge mais plutôt le bilan d’une recherche pointue sur des sources de première main pour comprendre l’œuvre d’Hergé : les journaux pour lesquels il a travaillé – Le Petit Vingtième, Le Soir Jeunesse et Le Journal de Tintin.
Il faut d'abord saluer le travail de l’auteur, spécialiste de Tintin, qui s’est astreint à décortiquer près de 80 000 pages de journaux préalablement numérisées. Bob Garcia a en effet épluché les différentes parties et rubriques de ces magazines pour la jeunesse : éditoriaux, articles d’actualité, conseils de lectures et de spectacles, pages religieuses (ces journaux étaient d’obédience catholique), courrier des lecteurs, chroniques sportives, gags, sans compter les couvertures et les unes.
La première partie de l’essai est consacré aux inspirations d’Hergé pour les aventures de Tintin. Bob Garcia a choisi logiquement de s’attaquer à chaque album, du plus ancien (Tintin au Pays des Soviets) au plus récent (Tintin et les Picaros). Il faut cependant regretter que L’Alph-Art, l’ouvrage inachevé d’Hergé, n’ait pas droit à sa rubrique.
Les tintinophiles retrouveront certainement des informations qui ne leur étaient pas inconnues : le destin de Chang dans Le Lotus Bleu et Tintin au Tibet, l’influence du Professeur Piccard pour ses figures de savants – dont Tournesol – et les affaires de politique internationale pour le diptyque lunaire (Objectif Lune et On a a marché sur la Lune) et L’Affaire Tournesol. Sans oublier les références à la guerre sino-japonaise pour Le Lotus Bleu.
Le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé
À côté de cela, le livre de Bob Garcia s’annonce passionnant lorsqu’il déniche des sources de première main : pour Les Cigares du Pharaon, Hergé s’est autant inspiré de Lord Carnavaron et de la découverte de Toutankhamon en 1922 (soit quelques années avant la naissance de Tintin) que du… Ku Klux Klan pour la secte Khi-Oskh.
Les surprises se multiplient à chaque page. Ainsi, qui sait que le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé ? Les amateurs du détective belge seront sans doute surpris de voir que Les Bijoux de la Castafiore, l’un des chefs d’œuvre d’Hergé, n’a droit qu’à deux pages, au contraire du Sceptre d’Ottokar, plus mineur, mais aussi mieux documenté.
Les albums de Jo, Zette et Jocko mais surtout Quick et Flupke, ont également été étudiés. Et l’on découvre comment les deux gamins belges, avec leurs gags potaches, illustrent l’ambiance et les préoccupations de la Belgique avant et pendant la seconde guerre mondiale.
L’ouvrage se termine avec un chapitre qui se veut une mise au point : "La vérité sur Hergé". L’auteur y aborde un sujet hautement sensible : les accusations de racisme et d’antisémitisme qui continuent de coller à la peau d’Hergé. L’album Tintin au Congo, le plus décrié, n’est pas oublié. Bob Garcia remet en perspective les idées d’un artiste aussi humaniste que naïf, critiquable dans ses choix de carrière, notamment durant l’Occupation, mais en, tout cas attachant et ayant laissé une série de chefs d’œuvre toujours actuels.
En choisissant de comprendre comment la raison est née dans la Grèce antique pour s'imposer en Occident au XXème siècle, non sans se trouver confronter à une impasse, François Châtelet esquisse brillamment une histoire de la philosophie en s'arrêtant sur quelques personnages clés de la rationalité : Descartes, bien sûr, mais aussi Platon, Aristote, Machiavel, Kant, Hegel (pierre angulaire de son livre), Marx ou Nietzsche.
Voici un livre particulièrement revigorant qui donne envie d'aller plus loin dans la compréhension d'une science exigeante, passionnante et parfois mal aimée. Un bouquin vraiment formidable !
Radical. Nicolas Le Bault arpente avec obstination les champs de l’art et de la pensée underground. Après ces créations graphiques incroyables (les publications de White Rabbit Dream,), il s’attaque aux travers de nos sociétés contemporaines avec un essai choc, Le Transhumanisme, stade terminal du Capitalisme (éd. La Reine Rouge).
La première qualité de son livre est de remettre sur la table l’étonnant et prophétique livre de Georges Bernanos, La France contre les Robots.L’auteur de Sous le Soleil de Satan annonçait soixante-dix ans à l’avance l’irruption d’une société robotisée où le statut même de travailleur allait être remis en cause.
Nicolas Le Bault s’appuie sur l’actualité récente et les derniers progrès technologiques pour pointer du doigt les dérives du progrès que l’auteur résume ainsi, en reprenant des analyses du philosophe Jean Baudrillard : "Jean Baudrillard, bien avant l’avènement des réseaux sociaux, incombait à l’omniprésence des images et à la multiplication des répliques du réel la déréalisation progressive du monde". La disparition du monde réel, remplacé par des reproductions plus vraies que nature : voilà qui fait le premier danger de nos sociétés et qui est, selon l’auteur, encouragés par les GAFAM.
Un engagement certain et sans renier ses influences du côté de chez Karl Marx
Le livre de Nicolas Le Bault balaie, en un peu moins de cent pages, les problématiques économiques et sociaux de notre époque, avec un engagement certain et sans renier ses influences du côté de chez Karl Marx. Que l'on pense à cette citation : "[Le] haut-patronat et actionnaires ont réussi la double opération de rendre impossible la réponse des prolétaires à la lutte des classes".
Il est bien question de lutte des classes dans cet essai, de travailleurs, de prolétariat, d'inégalités et de richesse, mais il y a aussi les avatars de ce néo-libéralisme : l'ubérisation, l'auto-entreprenariat, l'automatisation mais aussi l'intelligence artificielle et le transhumanisme.
Nicolas Le Bault parle de "révolution culturelle transhumaniste" et comme un nouvel outil au service du capitalisme moderne. Si le lecteur peut être critique sur les pages consacrées au "soulèvement des peuples", Nicolas Le Bault est plus pertinent lorsqu'il parle de la "la civilisation de l'oubli" qu'il compare avec le mythe des Lotophages.
Évidemment, on tremble à la lecture de sombres prédictions ("[Dans] une économie automatisée, les hommes pourraient être tentés d'exterminer ceux dont le quotient intellectuel est inférieur à un certain niveau") tout autant qu'on se retrouve parfaitement en accord et ragaillardi par un vibrant appel à l'art et aux artistes.