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Musiques - Page 8

  • À Beethoven, l’humanité reconnaissante

    Peu connu mais archidoué, virtuose et romantique (son look sur la pochette d’album finit de nous convaincre), le pianiste Nikolay Khozyainov revient cet année avec un nouvel opus, Monument to Beethoven (Rondeau Production). Pourquoi, d’ailleurs, cette expression ? Il faut revenir aux années 1830-1840, soit quelques années après la mort du compositeur allemand. Franz Liszt entreprend de rendre hommage à son illustre aîné en faisant bâtir une statue à Bonn. Robert Schumann, Félix Mendelssohn et bien entendu Liszt sont sollicités pour composer des œuvres directement inspirés du répertoire de Beethoven, et en particulier de l’Allegretto de sa Symphonie n°7.

    Ce sont ces morceaux créés ad hoc que Nikolay Khozyainov a choisit d’enregistrer, en commençant par l’Allegretto originel, ici transcrit au piano par Liszt. C’est à un Everest que s’attaque le pianiste, dont la virtuosité n’écrase jamais la puissance dramatique ni la densité. Les respirations sont les bienvenues et viennent insuffler ce souffle que l’on appellera plus tard romantisme. Beethoven a fait de cette marche funèbre un mouvement allegretto, comme pour se jouer de la mort et donner à ce deuxième mouvement le pouvoir de la vie. Nikolay Khozyainov la rend dans un mélange d’ardeur, de passion et de gravité.

    Suit Robert Schumann avec ses Études en forme de variations sur un thème de Beethoven. 15 variations, rarement de plus d’une minute 30, s’approprient le thème principal de l’Allegretto de la 7e de Beethoven en variant les tempos, du Moderato au Prestissimo, en passant par le Passionato.

    Nikolay Khozyainov s’empare de cette œuvre rare de Schumann en prouvant le panel de son jeu, y compris des variations les plus sombres (Ohne Titel n°5) ou les plus techniques (Presto n°6). Schumann fait œuvre d’une grande liberté dans son appropriation du thème original (A11. Legato teneramente), ne s’empêchant pas des revisites franchement épatantes (B4. Ohne Titel) et transformant la marche funèbres en chants populaires (B5. Cantando), voire d’une singulière modernité (B7. Ohne Titel). Ces études se terminent de la plus belle des manière, avec la variation la plus longue de l’opus, tout en pudeur et en légèreté. Bref, un bel hommage à Beethoven. 

    Un bel hommage à Beethoven

    Plus courtes, les Variations sérieuses de Felix Mendelssohn Bartholdy prennent à la fois plus de liberté et plus de gravité avec l’Allegretto de Beethoven. Le Thema et les Variations balancent entre la luxuriance et romantisme fou.

    Beethoven est de retour avec une transcription par Liszt du lied An die ferne Geliebte ("À ma bien aimée"). L’histoire retient qu’il s’agit du premier cycle de lieder de l’histoire de la musique. Il est difficile de rester insensible à ce court morceau dont le pianiste rend toute la profondeur et toute la justesse sentimentale.

    La Fantaisie, op. 17 de Robert Schumann a ceci de particulier qu’elle fait partie des œuvres majeures du compositeur allemand. Cet opus autonome, en trois parties, n’a figuré que tardivement dans le programme hommage à Beethoven – en réalité les deux derniers mouvements – pour la souscription destinée à la construction de son monument à Bonn. La Fantaisie est au départ une déclaration à Clara Wieck, future Clara Schumann. Nikolay Khozyainov s’en empare avec délectation. Il y a du Beethoven dans la puissance évocatrice du 2e mouvement et la richesse de l’opus devient un envol du romantisme dans le dernier mouvement.

    Nikolay Khozyainov ne pouvait terminer ce Monument à Beethoven autrement que par une création, car il est lui-même compositeur. Avec son morceau Petals of Piece. Son hommage au compositeur allemand est aussi un chant de paix que lui avait commandé l’ONU en novembre 2022. dans cette œuvre contemporaine et post-romantique, c’est avec gravité que l’instrumentiste russe lance ses "Pétales de la Paix". Plus que jamais d’actualité pour cet artiste résolument engagé pour le pacifisme. 

    Nikolay Khozyainov, Monument à Beethoven, Rondeau Production, 2024
    https://www.nikolaykhozyainov.com
    https://www.bs-artist.com/pages/communication

    https://www.rondeau.de

    Voir aussi : "Beethoven, Intégrale, Première"

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  • Plus jamais tu me pourriras 

    Epona, que l’on découvre ici, vient de Belgique et montre un sacré caractère.

    Après un premier EP, Help I'm fine!, c’est en français que la jeune chanteuse entend bien faire bouger la scène belge, décidément riche et incontournable.

    Dans Peine pour toi, sur un son pop-rock, Epona parle de trahison, s’inspirant de sa vie et d’une rencontre avec un homme au cours d’une mauvaise expérience professionnelle. Le clip a d’ailleurs été tourné dans des bureaux. "J’ai de la peine pour toi / Beaucoup de peine / Que tu mentes à tous ces gens / Que tu mentes en négligeant / Que tu mentes aussi conséquemment", chante-t-elle.

    On craque déjà sur la moue de cette artiste qui ne s’en laisse pas conter et qui choisit la résilience plutôt que l’abattement : "Une vengeance, je savoure / Fini, c'est fini / Plus jamais tu me pourris / Avec tes escroqueries".

    "Après mon premier EP, nourri des récits des femmes autour de moi, j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin. L’envie de porter la voix de celles qui ont vécu des situations difficiles reste forte, mais je suis maintenant prête à parler de moi, de ce que j’ai vécu, et surtout de ce que ça m'a appris", se confie Epona.

    Une nouvelle artiste à suivre absolument pour ses prochaines aventures musicales.

    Epona, Peine pour toi, 2025
    https://www.facebook.com/3p0na
    https://www.instagram.com/3p0na

    Voir aussi : "Julia Jean-Baptise pour l’éternité"
    "Brol d’elle"

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  • Vanessa Philippe : Vérité, poésie et autodérision

    Bla Bla Blog suit la carrière de Vanessa Philippe depuis la sortie de son formidable album Soudain les oiseaux. La chanteuse à l’univers à la fois grave et poétique, mais non sans humour, a accepté de répondre en exclusivité aux questions de Bla Bla Blog

    Bla Bla Blog – Bonjour Vanessa. Tu fais partie des voix singulières de la chanson française. Peux-tu nous parler en quelques mots de ton parcours ? Et d’abord la musique a-t-elle toujours été une évidence pour toi ?
    Vanessa Philippe – Bonjour. J'ai grandi au Cameroun où j'ai commencé à écrire très tôt. J’ai toujours fait de la danse, je voulais être danseuse contemporaine. Après mes études à Marseille et à Montréal j'ai suivi des formations en écoles de danse professionnelle à Paris. J’ai proposé mes poèmes par hasard à un compositeur qui en manquait, il les a trouvé très personnels et m’a suggéré de les chanter moi-même. C’était une évidence pour moi dès la première chanson ! Sans compositeur après deux premiers albums, je me suis mise à écrire mes textes à la guitare, en mélodies. J’ai commencé en anglais, en co-composition avec Naïm Amor (Calexico) pour mon troisième album, puis j'ai continué toute seule en français. L'envie de me filmer, de monter et réaliser mes propres clips est arrivée à la même période, pour me réapproprier des chansons qui m’avaient échappé pendant l'enregistrement en studio. J’ai pensé aussi la mise en scène de mes pochettes en séance photo par rapport aux clips. Au final les contraintes que j’ai pu rencontrer dans mon parcours artistique m’ont porté vers plus de créativité et d’imagination. 

    BBB – Quel⸱le⸱s artistes t’ont influencée 
    VP – Pour L’amour c’est chiant  j’étais inspirée par Elli & Jacno, Lili Drop, Taxi Girl, auxquels je me suis particulièrement intéressée suite à des articles qui comparaient l’esprit de mon album Soudain les oiseaux à ces références des années 80. 

    BBB –  En 2022, ton album Soudain les oiseaux a marqué les esprits avec son mélange de gravité et de légèreté dans sa facture. C’est un opus très personnel et marquant dans ta carrière. ? Peux-tu nous en parler 
    VP – L’album Soudain les oiseaux est un hommage à ma grande sœur décédée en 2019. C’est le premier album que j’ai entièrement composé seule. Dans la continuité de mon album précédent À l’abri du vent, j’ai proposé à Pascal Parisot de le réaliser. Je souhaitais un album joyeux, rythmé, pour contraster avec la gravité des textes. La légèreté se trouve dans les arrangements électro pop et les clips que j’ai imaginé comme des tableaux surréalistes, avec un poisson rouge qui m’inspirait la joie de vivre et qui était aussi sur ma pochette. Maurice Renoma m’a d’ailleurs contacté pour une collaboration artistique autour de ce poisson. Du coup j’ai réalisé le clip Trop de larmes en écho à son exposition Mythologies du poisson rouge, puis j’ai fait un concert à l’Appart Renoma, où ont été projeté mes clips. J’avais aussi mis une tête de poisson à mon musicien, que j’ai gardé ensuite pour mon set à la JIMI Festival de Marne.

    BBB – L’an dernier, ton dernier album, L’amour c’est chiant, marquait ton retour, avec des titres moins sombres et où tu t’interroges sur l’amour. L’amour c’est vraiment "chiant", comme tu le chantes ?
    VP – Tout dépend de quel amour il s’agit… Je trouve que l’amour c’est le coeur de la vie. Mais même s’il y a toujours des hauts et des bas, quand il nous emprisonne et qu’il est toxique, c’est franchement chiant. J’aborde également l'amour filial avec Jeanne, ma grand-mère qui en a beaucoup souffert. Je me suis interrogée sur l’amour dans tous mes albums, avec des textes faussement naïfs inspirés de mes émotions personnelles. L’amour c’est chiant est un peu plus direct. C’est la vérité crue en poésie et avec autodérision comme l’illustrent les pochettes du single L’amour c’est chiant ou de l’album avec l‘emprise de la main sur la tête et le double profil sur un fond de jeu Pac-Man. Là aussi je voulais des contrastes, un album coloré, avec des drums, des arrangements très électro-pop sur lesquels on aurait envie de danser. J’ai proposé à l’artiste franco mexicaine Alba de le réaliser.

    "L'amour, quand il nous emprisonne et qu’il est toxique, c’est franchement chiant !"

    BBB – Impossible de parler dans ta carrière sans évoquer tes clips, multi- récompensés. Autrice, compositrice, chanteuse et aussi réalisatrice, avec succès. Peux-tu nous parler de ton travail artistique sur tes clips. Les réaliser toi-même a-t-il été une évidence ? Comment travailles-tu d'ailleurs sur tes clips ? 
    VP – Réaliser mes propres clips me permet de développer mon univers. J’improvise devant ma caméra, souvent dans mon salon, avec une simple idée de départ qui peut aussi bien être un vêtement, un accessoire ou un mouvement chorégraphique. Je ne prévois presque rien, je filme à l’aveugle et j’utilise ensuite les rushs comme de la matière pour créer. Quand je suis au montage mes images font sens et c’est là que je m’amuse le plus, surtout quand je trouve un fil conducteur comme le poisson rouge ou Pac-Man. J’aime bien réaliser des trilogies qui reprennent le visuel pochette. Le clip est aussi une façon de me rapprocher du public quand en tant qu’artiste indépendante, faire de la scène n’est pas si simple. Certains ont été programmés sur MTV et je les présente régulièrement dans des Festivals Internationaux pour qu’ils soient vus et diffusés dans des espaces différents.

    BBB – Quels sont tes projets ? Un futur album ? D’autres clips ? Des concerts ? Des collaborations ? 
    VP – Je prépare un nouveau clip que j’ai tourné ce lundi pour le titre Clair de lune de l’album L’amour c’est chiant. J’ai aussi repris ma guitare pour écrire d’autres chansons, je pense à un futur album. Je me laisse porter par l’envie, les rencontres et l’intuition, y compris pour la scène que je n’oublie pas même si on m’y voit très peu en ce moment.

    BBB – Une dernière question pour nos lecteurs et lectrices. Quels sont tes derniers coups de cœur ? Aurais-tu un livre, un film, une série et de la musique – pop, chanson, classique ou pop- ? rock – à nous conseiller ?
    VP – J’ai beaucoup aimé Deux moi de Cédric Klapisch. J’ai eu un coup de cœur pour Aki Kaurismaki et particulièrement pour le film Au loin s’en vont les nuages que je trouve très poétique et très juste. Le choix de la BO, la présence de groupes de musiques récurrents en font vraiment une œuvre particulière. Et j’ai adoré Arcane, une série à voir absolument, pour la BO, le graphisme et l’histoire ! Sinon en ce moment je lis Résister à la culpabilisation, le dernier livre de Mona Chollet. Beauté fatale qu’elle avait écrit il y a quelques années m’a inspiré une chanson et un clip du même titre dans l’album L’amour c’est chiant. Incontournable aussi En studio avec les Beatles qui m’a accompagnée pendant l’écriture de mon album Soudain les oiseaux et que je relis ! 

    Bla Bla Blog – Merci, Vanessa.
    VP – Merci

    Vanessa Philippe, L’amour c’est chiant, Le Poisson Spatial / Modulor, 2024
    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi

    Voir aussi : "Il faut qu’on avance"
    "Loulia : Trouver du réconfort dans la musique que je fais"

     

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  • Sacrés romantiques !

    Sublimes romantiques que ces cinq là ! Je veux parler de Richard Strauss, Frédéric Chopin et Franz Liszt, bien entendu, mais aussi de leurs interprètes de cet enregistrement Indésens, à savoir David Louwerse, au violoncelle, et François Daudet, au piano.

    C’est Richard Strauss, le dernier des grands romantiques (il est décédé en 1949), qui ouvre ce programme consacré à un style qui fit les beaux jours de la musique classique au XIXe siècle. La Sonate pour violoncelle en fa majeur, op. 6 a été composée en 1883. Il flotte sur cette œuvre un parfum de légèreté et d’insouciance (l’Allegro con brio) que David Louwerse et François Daudet transmettent avec passion, dans une conversation violoncelle-piano passionnée mais non sans instants mélancoliques ou enflammés.

    Le deuxième mouvement lent débute de manière funèbre. Strauss fait preuve de simplicité dans cet Andante ma non troppo, d’autant plus frappant après la fougue de la première partie. C’est simple. Il semble que le piano et le violoncelle chantent de concert. Les lignes mélodiques se déploient avec élégance, dans une économie de moyens singulière. La jeunesse et la fougue ont laissé place aux regrets, à la nostalgie et à la tristesse, sans que ces sentiments ne soient jamais appuyés.

    Le livret parle d’espièglerie en évoquant l’ouverture du troisième mouvement (Finale – Allegro vivo). Il est vrai que l’on retrouve ici de la joie de vivre et la jeunesse d’un compositeur de 19 ans seulement lorsqu’il écrit cette sonate incroyable. Le génie de Strauss est déjà à l’œuvre. Violoncelle et piano s’amusent autant qu’ils dialoguent, dans une série de conversations (de "questions-réponses" dit le livret) à la fois légères, séduisantes et passionnantes.  

    "Le meilleur des critiques, c'est le temps"

    Frédéric Chopin prend la relève avec sa Sonate pour violoncelle en sol mineur, op. 65 en quatre mouvements. Écrite en 1846, il s’agit de sa dernière œuvre publiée de son vivant. On retrouve la touche du compositeur polonais, notamment dans les premières minutes du long Allegro moderato. Cependant, rapidement elle suit une direction qui a pu déconcerter les contemporains de Chopin. Le "roi des romantiques" a énormément travaillé cette œuvre, ce qui se sent à l’écoute du premier mouvement, complexe et comme torturé.

    On applaudira la technicité des deux interprètes dans le jeu de cette sonate pour violoncelle et piano aux nombreuses lignes mélodiques. Chopin avait ces mots au sujet de cette pièce : "Je suis tantôt content, tantôt mécontent de ma sonate avec violoncelle. Je la jette dans un coin et puis je la reprends. La réflexion vient ensuite et l'on rejette ou l'on accepte ce qu'on a fait. Le meilleur des critiques, c'est le temps ; et la patience le meilleur des maîtres." Plus enjoué et dansant, le Scherzo se veut à la fois lyrique et vivant. Dans la grande veine romantique, le Largo se déploie avec une majesté des plus sombres. C’est un Chopin à la fin de sa vie qui s’exprime ici – il a pourtant à peine 36 ans ! La Sonate op. 65 se termine avec un Finale luxuriant et aux nombreuses lignes mélodiques. David Louwerse et François Daudet y déambulent avec bonheur, assurance et virtuosité. Voilà un Chopin tardif étonnant et d’une grande modernité.

    L’album se termine avec la troisième des Consolations, Lento quasi recitativo de Franz Liszt. La poésie, les lumières et les couleurs du génial pianiste et compositeur hongrois baignent cette pièce jouée avec délicatesse et profondeur par deux interprètes décidément romantiques dans l’âme. 

    David Louwerse (violoncelle) & François Daudet (piano), Les sublimes romantiques,
    Strauss, Chopin et Liszt
    , Indésens Calliope, 2024

    https://indesenscalliope.com/boutique/les-sublimes-romatiques
    https://www.bs-artist.com/pages/communication

    https://www.david-louwerse.com
    https://francoisdaudet2.wixsite.com

    Voir aussi : "Bouquets de Fauré"

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  • 3 est un chiffre impair

    Séduction garantie dès les premières notes de Wanderer pour le poétique album Valse en U du trio Espace impair.

    Espace impair, "impair" comme le chiffre 3, c’est Gérald Lacharrière à la flûte, Matthieu Buchaniek au  violoncelle et Frédéric Volanti au piano et au mélodica. Impair également comme les rythmiques impaires données aux 9 morceaux de l’opus. Les 3 artistes ont fait le choix de l’instrumental et d’une musique croisant le jazz, le contemporain, la  pop et la musique du monde.

    Wanderer, qui ouvre l’opus, est en soi un univers mixant avec bonheur rythmes jazz et pop, sons de musique de chambre et dépaysement comme seuls les musiques du monde peuvent se le permettre.

    Espace impair rend très pop-rock ce formidable opus. Dépaysement garanti avec le méditerranéen Pizza di Spagna mêlant astucieusement jazz et musique contemporaine.

    C’est la nostalgie qui domine Malinconico, tout aussi jazz. Plus court mais tout aussi passionnant, il déploie de jolies lignes mélodiques, servies par le trio de musiciens dialoguant en parfaite harmonie. 

    Dépaysement garanti

    Valse en U, qui donne son titre à l’album, s’approche plus de la création contemporaine que du traditionnel ou du jazz. Voilà une valse digne de figurer dans tous les concerts de musique de chambre. Les trois musiciens font preuve ici d’audace dans le travail sur les sonorités et les rythmes et où l’improvisation n’est pas absente. Toundra se déploie sur la même facture, avec un enthousiasme certain et le sens du swing.

    L’auditeur sera touché par les vagues harmoniques de Mer morte, morceau jazz à la fois méditatif et mélancolique. Dans le court Ségolène Swing, c’est le minimalisme qui prévaut, dans un morceau qui n’est pas sans adresser un clin d’œil appuyé au courant répétitif américain. Flûte, violoncelle et piano viennent dialoguer avec bonheur.  

    Pour Uzivaj, nos trois compères font le choix d’un alliage contemporaine-traditionnel, avec des rythmes tout droit venus des Balkans mais là aussi dopées au jazz, avec le piano incroyable de Frédéric Volanti.

    Silencio vient clore l’album de la plus belle manière. Le morceau se déploie avec nostalgie et mélancolie, pour ne pas dire tristesse (félicitations particulières pour la flûte de Gérald Lacharrière). Aussi pop que jazz, Silencio est une lente déambulation dans lequel s’exprime tout l’esprit d’indépendance du groupe Espace Impair. À découvrir absolument. 

    Espace impair, Valse en U, Booster Music, 2024
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100066700990993
    https://www.instagram.com/espaceimpair

    Voir aussi : "Pas de réserve pour Paris Orly"

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  • Pas de réserve pour Paris Orly

    Il y a comme un parfum années 80 dans le dernier EP de Paris Orly, La réserve. Dès le premier morceau Il va falloir déménager, on est dans le grand bain avec cette chanson électro-pop à la fois survitaminée et aux accents désabusés sur nos existences.

    Derrière Paris Orly, se cache un homme, Stéphane Loisel. Aux manettes de A à Z dans cet album autoproduit, l’artiste propose un univers à la fois vintage et ultramoderne, dans une pop acidulée dominée par des sons synthétiques et une voix humaine qui tente de se faire sa place (Lotus Elan).

    Il y a autant de de la poésie dans cet opus singulier ultrasophistiquée (Le jardinier systématique) que de l’engagement.

    Engagement

    Bien dans son époque, Paris Orly se fait le critique de la société de consommation, à l’instar du titre parlé-chanté Je suis unique chez Prisunic. Grande distribution, consommateurs choyés, magasins achalandés jusqu’au dégoût, services clients, "identités visuelles" ou "niveau de contestation". L’artiste vilipende la culture autant que la novlangue de notre société mercantilisée, avec une voix robotisée. Implacable.  

    Tout aussi sombre, Paris Orly s’attaque aux dangers environnementaux avec le sombre et lourd Paris sous 50 degrés. Le désenchantement est là, dans cette french pop bricolée avec amour (Joueur de fond de court), même si ça et là percent des sons presque réconfortants (l’harmonica bienvenu des Éléments).

    Le titre éponyme vient conclure La Réserve. Accents eighties là encore pour un morceau pourfendant les ordres et la discipline.

    Pas de réserve pour cet album qui vient confirmer tout le bien que l’on pense de Paris Orly. 

    Paris Orly, La Réserve, 2024
    https://www.facebook.com/music.parisorly
    https://www.instagram.com/parisorly_music
    https://parisorly.bandcamp.com/album/dans-les-espaces-interm-diaires

    Voir aussi : "Dans la ronde du blues-rock"
    "BT93 ou le miracle d’une résurrection"

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  • Dans la ronde du blues-rock

    Place au rock, plus précisément au blues rock, avec le groupe Circle of Mud, de retour avec leur deuxième album Inside the circle.

    Dès le premier morceau, nommé le plus simplement du monde The Circle, les guitares font le show dans une ronde à la fois inquiétante et séduisante. Voilà qui nous met tout de suite dans l’ambiance d’un style intemporel, les pieds bien ancrés dans le sol poussiéreux du sud américain.

    Ce qui nous mène au deuxième morceau, Six Feet Under Ground, à la forte odeur de diesel et aux sons poussés bien hauts, comme si le groupe de Flo Bauer nous entraînait avec lui dans son vieux pick-up sur les routes entre la Louisiane et le Mississippi.

    Qu’on ne s’y trompe cependant pas. Le groupe Circle of Mud, tout entier tourné vers les racines du blues-rock américain, est bien français. Son jeune et charismatique leader, Flo Bauer, peut se targuer d’une participation à The Voice 3 et d’un Prix révélation Blues sur Seine. On peut saluer à la fois l’audace de ce nouvel opus confirmant tout le bien que l’on pense de Circle of Mud.

    Labourer les terres du blues

    Inside The Circle mord s’agrippe furieusement aux oreilles, à l’instar de Snake, l’un des meilleurs morceau de l’opus.
    L’auditeur sera pareillement séduit par le son pop-rock de Since You’re Gone, preuve que les quatre musiciens de Circle of Mud – Flo Bauer, Gino Monachello, Franck Bedez et Matthieu Zirn – ne se contentent pas de labourer les terres du blues, même s’il n’est jamais mis de côté par la bande à Flo Bauer (Perfect Kinf Of Guy).

    À l’écoute de cet album, impossible de ne pas avoir en tête l’influence de leurs brillants aînés ZZ Top. Les guitares accrochent, ronflent et "riffent" avec enthousiasme (Wrong, Deep Inside Of Me), portées par la voix de l’ex candidat de The Voice. Le blues se trouve au passage modernisé par des sons pop (Stop Praying, You’re Planning Me), permettant à un large public de se retrouver et de découvrir les attraits et la puissance du blues. Fédérateur : tel est l’objectif des quatre artistes, bien décidés à sortir le blues de sa zone de confort. Séduisant, comme le titre qui conclut l’album, Where We Belong.    

    Circle Of Mud, Inside The Circle, Dixiefrog, 2024
    https://www.circleofmud.fr
    https://www.facebook.com/CircleOfMud
    https://www.instagram.com/circleofmudmusic

    Voir aussi : "La Norvège, l’autre pays du blues"
    "Vivre malgré tout"

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  • Vers l’apaisement

    Digne d’une véritable BO pour film à grand spectacle, Mt. Mundame, le dernier opus du compositeur néerlandais Stephen Emmer s’écoute les yeux fermés. On prend sa respiration et on se laisse entraîner par ce voyage épique autant qu’intérieur (que l’on pense au second mouvement In search for meaning).

    L’opus a été écrit pour grand orchestre, défiant l’habitude de faire du contemporain minimaliste er vite ténébreux. Ici, tout est plus vaste (Belvedere’s exotic garden), comme si l’on se trouvait face à un panorama à couper le souffle, voire à un voyage intergalactique dans une bulle apaisante, bercée par un majestueux piano (Don’t force the path). Tout cela donne des morceaux d’une belle puissance expressive (Everyman’s journey). Il faut préciser que Stephe Emmer s’est entouré de beau monde pour sa création, que ce soit Anthony Weeden (Le Seigneur des anneaux : Les anneaux de pouvoir) ou Andrew Dudman (la trilogie du Seigneur des anneaux).

    Véritable BO pour film à grand spectacle

    Voyage musical et intime, écrivions-nous. En effet, Stephen Emmer a beau faire le choix de l’harmonie et de constructions mélodiques, il sait aussi se faire méditatif (The here and the now).

    Avec de tels moyens symphoniques (30 musiciens pour un album enregistré dans les prestigieux studios Abbey Road) Sphen Emmer aurait pu choisir la démesure. Il n’en est rien. La priorité est laissée à des morceaux brefs et denses (Expedition of the self), voire néoromantiques (Scotch Rose). L’auditeur trouvera dans cet opus ambitieux matière à se réconcilier avec une musique contemporaine aux fortes qualités sonores… et visuelles, que ce soit l’exotique et vibrant Personal Shangri-la, l’étrange Monsieur Chroche, l’inquiétant Imaginary Climbing ou le sombre Mirror of distraction.

    Mt. Mundame est présenté par son compositeur comme le fruit du dépassement d’une crise personnelle. La gravité est là, tout le long de l’opus, que ce soit dans les cordes et les percussions de Seven Storys, la ronde envoûtante de Travels of a young man ou le formidable dernier morceau, Reaching the peak, mélange de retenue et de majesté qui vient conclure en beauté ce formidable opus. 

    Stephen Emmer, Mt. Mundame, Electric Fairytale Recordings, 2024
    https://stephenemmer.com/audio/mt-mundane

    Voir aussi : "Caroline Leisegang ressort de l’ombre"

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