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corse

  • Voyages autour du monde en France

    On le sait depuis le début de la crise sanitaire : voyager à l’étranger est devenu sinon impossible, du moins fort risqué. Autant dire que l’idée de faire un tour du monde s’avère des plus périlleux. C’est sur cette idée que le journaliste et écrivain Philibert Humm, après son Tour de France de deux enfants d’aujourd’hui, a décidé de parcourir notre pays , dans l’optique de faire un tour du monde sans franchir les frontières. Il vient d'en sortir un livre au titre vernien : Les Tribulations d’un Français en France (éd. Du Rocher).

    Cette idée n’est pas si étrange qu’il n’y paraît : "En cherchant un peu, j’ai appris que nous avions en France un Sahara, une Irlande, une petite Belgique et trois Monaco." Notre pays regorge en effet une "variété de paysages" mais aussi de "cent [noms de] pays" apposés à des villes ou des régions bien de chez nous.

    Voilà donc Philibert Humm parti sur les routes de la Tolède du Contentin (Coutances), de la Toscane-sur-Loire (Clisson), de la Venise du Gâtinais (Montargis), de la petite Russie (Nice, bien entendu) ou encore du (petit) Colorado du Luberon (Rustrel).

    Grâce à des chroniques courtes et qui se lisent avec plaisir, le journaliste raconte la visite de cités bien souvent discrètes et oubliées (Coutances), parfois magiques ("Saleccia, les Caraïbes corses") en tentant de saisir la ressemblance ou non de l’obscure commune alsacienne de Truchtersheim avec Monaco. De ce point de vue, Philibert Humm se montre parfois dubitatif, lorsque par exemple il s’intéresse à cette Amazonie auvergnate qu’il présente à un témoin, tout aussi perplexe : "Tu sais, mon p’tit gars, ton Amazonie, elle ressemble bougrement à l’Auvergne…"

    "Tu sais, mon p’tit gars, ton Amazonie, elle ressemble bougrement à l’Auvergne"

    L’auteur se montre par contre plus laudateur lorsqu’il parle de Clisson, cette ville proche de Nantes, réputée aujourd’hui pour son festival de heavy metal, le Hellfest. Mais ce qui intéresse l’auteur c’est bien la manière dont la ville a été reconstruite après les Guerres de Vendée sur le modèle de paysages italiens : "Le chianti local est le muscadet." On devine le journaliste s’attardant sur les routes sinueuses, entre les coteaux ligériens, tout en savourant un expresso à l’ombre des campaniles. "Et on voudrait nous faire croire que nous sommes en Loire-Atlantique", conclue-t-il.

    Le blogueur sait bien entendu arrêté sur une des nombreuses Venise de France (il y en a 13 en France, apprend-on) : celle du Gâtinais, Montargis. Sa promenade dans cette sous-préfecture du Loiret est le moyen de discuter, comme souvent, avec quelques habitants : les dames de l’office de tourisme, une bouquiniste ("Le Monde à l’envers") ou cette habitante qui parle de la crue centennale de 2016.

    Les  Tribulations d’un Français en France est complété par un voyage en auto-stop un peu particulier. Grâce à une pancarte où est inscrit "N’importe où" en guise de destination, Philippe Humm, accompagné d’Hélène, une photographe, a traversé le pays de Paris à Toulon, en passant par Auxerre, Limoges et La Rochelle. Cette façon inédite de voyager lui permet de croquer des habitants "ordinaires", du routier au couple de jeunes retraités, en passant par Claire, la nomade solitaire, en passant par Catherine, qui semble aller nulle part.

    Mais aller nulle part, n’est-ce pas aller quelque part ? 

    Philibert Humm, Les Tribulations d’un Français en France, éd. Du Rocher, 2021, 148 p.
    https://www.editionsdurocher.fr

    Voir aussi : "Montargis la Chinoise"

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  • Napoléon, l’homme qui ne meurt jamais

    Derrière ce titre hugolien, se cache une initiative bienvenue : parler du personnage historique le plus commenté cette année et dont la commémoration est la plus débattue.

    L’ensemble des émissions de Philippe Collin, "Napoléon, l’homme qui ne meurt jamais" propose de s’intéresser à un personnage historique majeur de notre histoire, amis aussi controversé. Dictateur ou unificateur du territoire ? Génie militaire ou monstre sanguinaire ? Réformateur moderne ou souverain tourné vers le passé ? Fossoyeur ou continuateur de la Révolution par d'autres moyens ? Peut-être un peu tout cela à la fois. 

    Les quatre premiers épisodes de cette série sont d’une très bonne facture et proposent une relecture intelligente, contrastée et passionnante d’un personnage qui reste encore profondément ancré dans notre inconscient collectif. Cela explique pourquoi la commémoration de sa mort laisse peu de personnes indifférentes.

    Les podcasts ne suivent pas la chronologie de Napoléon. Ainsi, le premier épisode, intitulé "La mort de l’aigle ou a naissance du mythe", parle de la mort de l'empereur déchu en 1821, du transport de sa dépouille de l’Île Sainte-Hélène en France, décidé singulièrement par le dernier roi de France Louis-Philippe mais du mythe de l’empereur, encore bien présent de nos jours. Comme le dit un spécialiste, lorsque nous balayons devant notre porte, lorsque nous devons enterrer nos morts six pieds sous terre, lorsque nous regardons nos grandes villes et les architectures néoclassiques (Bordeaux, Lyon), c’est l’héritage napoléonien qui est là, sans que nous en soyons conscients.

    Le deuxième épisode s’intéresse de son côté au clan napoléonien et à la manière dont cette famille corse a pris le pouvoir avec une logique et "une construction politique" intelligent et si possible sans violence, parce que la Révolution, avec ses excès, est passée par là ("On ne peut pas faire n’importe quoi").

    Plus étonnant, l’épisode suivant s’intéresse à la "la virilité à cheval ou l’image de l’homme puissant". "Napoléon incarne la bravoure militaire et la sobriété vestimentaire, qui ont défini le masculin pour les générations suivantes… Quant aux femmes, elles ont été cantonnées à la sphère domestique ou à la séduction mondaine", dit l’historien Jean-Clément Martin. Une réalité qui peut être nuancée par quelques femmes de son entourage au caractère bien trempé : sa première femme Joséphine de Beauharnais, mais aussi Juliette Récamier, Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine sa deuxième épouse, mais aussi Félicité de Choiseul-Meuse, la première auteure libertine de cette époque. 

    Essayer d’expliquer à la société  du XXIe siècle que Napoléon Bonaparte fut l’homme de son temps et que sa gloire fut immense

    L’auditeur sera enfin très certainement intéressé par l’émission s’intéressant à la célèbre campagne d’Égypte que la propagande a décrite comme une opération  autant militaire que scientifique. Les invités de Philippe Collin la décrivent comme ce qu’elle est : une guerre coloniale sur laquelle plane le modèle d’Alexandre le Grand. "Sévices sexuels, décapitations, exécutions sommaires : la campagne d’Égypte fut le théâtre de violences guerrières inouïes et pourtant ce n’est pas ce que l’on a retenu. Aujourd’hui ce périple napoléonien est avant tout associée à une expédition scientifique inédite". Ce modèle de propagande à des fins de politique intérieure est bien un conflit meurtrier mené par 35 000 hommes, mais aussi 170 savants, et qui va avoir des conséquences culturelles incalculables, comme le dit un  spécialiste : la campagne d’Égypte de 1798-1801, au piètre bilan militaire, marque surtout "le coup d’envoi d’un phénomène scientifique qui va être extrêmement rapide… le Mystère de l’Égypte ancienne est emporté. Il a vécu pendant 2000 ans."

    Ces émissions ont l’immense qualité de faire le point sur un personnage complexe. Et sur la question de la commémoration de Napoléon, Philippe Collin, âprement débattue, commente ainsi : "Il faut bien sûr commémorer ce bicentenaire et en profiter pour essayer d’expliquer à la société du XXIe siècle que Napoléon Bonaparte fut l’homme de son temps et que sa gloire fut immense, bien plus grande que celle de Washington aux États-Unis. Néanmoins la France de 2021 n’est plus celle de 1821. La société française a profondément changé, et rien ne nous interdit, bien au contraire, de questionner l’héritage napoléonien, sans oukase, uniquement à l’aide des historiens. Ne jamais juger le passé à l’aune du présent !"

    Napoléon, l’homme qui ne meurt jamais, série historique de  Philippe Collin
    en 9 épisodes, France Inter, en podcasts

    https://www.franceinter.fr/emissions/napoleon-l-homme-qui-ne-meurt-jamais

    Voir aussi : "Oh pop pop !"

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  • Une nuit étoilée avec Sarah Brightman

    Il n’y avait qu’en cette fin d’année que nous pouvions parler de l’album de Sarah Brightman, France. Un opus qui brille de mille feux, même s’il n’a pas été conçu pour susciter l’unanimité. Avec cette nouveauté, la chanteuse anglaise lorgne bien évidemment de ce côté de la Manche, en faisant appel à des artistes populaires (Florent Pagny, Roch Voisine, Andrea Boccelli, I Muvrini et même Jean-Jacques Goldman).

    Entendons-nous bien : derrière sa facture de pop internationale, l’opus de la diva a pour unique ambition d’offrir une heure de voyage romanesque et romantique – en France, serions-nous tentés d’ajouter – où ne manquent ni la luxuriance, ni les nappes de violons amoureux, ni les envolées lyriques, ni ce je ne sais quoi de clinquant qui pourra en agacer certaines et certains.

    Mais laissons de côté les critiques tièdes et intéressons-nous à cette diva britannique, désignée comme "la soprano la plus vendue au monde" (30 millions d'albums, 180 Platinum & Gold Award dans 40 pays sur 5 continents, sans compter son apparition aux ouvertures des JO de Barcelone et de Pékin). L'artiste a choisi de concilier le lyrique et le classique à la pop, voire au rock à l’instar de la reprise d'un extrait du Fantôme de l'opéra, qui l'a rendue célèbre et qu’elle interprète en duo avec Vincent Niclo. Cette initiative de faire un pont entre des genres qui ont pour fâcheuse habitude de se regarder en chiens de faïence, mérite d’être relevée, même si elle n’est pas inédite.  

    À cet égard, la découverte du titre "A Question Of Honour" mérite d’être relevée : après l’ouverture sur l’air célèbre de La Wally ("Ebben? Ne andrò lontana"), la soprano fait le choix d’une rythmique électro-pop et de vagues mêlant synthétiseurs et guitares, avant de clôturer sur les célèbres mesures d’Alfredo Catalani.

    Andrea Boccelli ("Time To Say Goodbye"), Florent Pagny ("Just Show Me How To Love You"), Vincent Niclo ("There For Me"), Roch Voisine ("Ne viens pas"), Alessandro Safina ("Sarai Qui") ou I Muvrini ("Tu quieres volver") accompagnent Sarah Brightman pour des duos étincelants et produits avec soin. 

    "Just Show Me How To Love You", qu’elle interprète avec Florent Pagny, l’une des plus belles voix masculines de la chanson française, a tout pour devenir un futur tube pour les guimauves que nous sommes : de l’amour, du vrai, du lyrique, des serments éternels, avec une sérieuse dose d'exubérance et de classe, comme si nous étions invités à une bal des débutants au Château de Versailles, avec grand orchestre s’il vous plaît.

    Un pont entre des genres qui ont pour fâcheuse habitude de se regarder en chiens de faïence

    Amour de nouveau avec la belle déclaration "Sogni", écrite par Frank Peterson et Chiara Ferrau : "Amore mio, dove sei stato? / Nei miei sogni io ti ho cercato / Giorno o notte mi sei mancato" ("Mon amour, où étais-tu? / Dans mes rêves je te cherchais / Tu m'as manqué jour ou nuit"). On pourrait tout aussi citer "Sarai Qui" avec Alessandro Safina : "Quando penso ai giorni che / Ho passato insieme a te / Io vorrei che tu tornassi qui / Per non lasciarmi mai" ("Quand je pense aux jours que / J'ai passés avec toi / j'aimerais que tu reviennes ici / Pour ne jamais me quitter").

    La diva anglaise se frotte avec le même plaisir à la pop : "Tout ce que je sais", "Ne viens pas" de et avec Roch Voisine ou "He Doesn’t See Me", écrit en partie par Jean-Jacques Goldman.

    "Nella Fantasia" mérite que l’on s’y arrête : l’artiste lyrique a choisi de proposer une version du désormais classique "Gabriel's Oboe", écrit par Ennio Morricone pour le film Mission.

    "Tu quieres volver", que Sarah Brightlman chante avec I Muvrini constitue l’un des très bons morceaux de cet album. Fusion du lyrique et de la chanson, alliance de l’espagnol et du corse : la soprano, le groupe de Jean-François Bernardini et le London Symphony Orchestra font merveille, avec ce souffle romanesque et puissant.

    Le classique est bien entendu présent dans cet album, avec des succès multiséculaires remis au goût du jour : l'étude n° 3 "Tristesse" de Chopin ("Dans la nuit"), l’Adagio d’Albinioni dans une version singulièrement sombre et rythmée ("Anything Anywhere"), la marche funèbre de la 7e Symphonie de Beethoven ou l’"Ave Maria" de Schubert, dans une facture plus traditionnelle.

    On peut reconnaître à la soprano anglaise qu'elle est aussi à l'aise dans l'interprétation de grands airs d’opéra, à l’instar du "O Mio Babbino Caro" ou du  "Nessum Dorma" de Giacomo Puccini (respectivement tirés des opéras Gianni Schicchi et Turandot). Toujours classique, ou plutôt néo-classique, la chanteuse propose une nouvelle version du Pie Jesu du compositeur anglais contemporain Andrew Lloyd Webber, qu’elle met également à l’honneur avec son interprétation, nous l'avons dit, d’un extrait de The Phantom of the Opera. Un clin d’œil pour celle qui est devenue une star planétaire grâce à son rôle de Christine dans la célèbre comédie musicale.

    Il était inévitable que la soprano ne pouvait pas nous quitter sans sa version du tube "Time To Say Goodbye", avec le non moins célèbre Andrea Boccelli. De quoi garder en tête pour un bon bout de temps ce morceau intemporel : "Time to say goodbye / Paesi che non ho mai / Veduto e vissuto con te…"

    Vous connaissez la suite.

    Sarah Brightman, France, SaFran / Pias, 2020
    https://sarahbrightman.com
    https://www.facebook.com/SarahBrightmanMusic

    Voir aussi : "Le trio Sōra vous souhaite un joyeux anniversaire, M. Beethoven"

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