Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musiques - Page 9

  • Le pouvoir de consolation de Sarah Lancman

    Sarah Lancman est de retour avec un nouvel album, Le Pouvoir des Mots, dans lequel la jazzwoman s’épanouit dans des compositions où la chanson française se teinte harmonieusement de jazz. Est-il encore utile de répéter que la musicienne s’aventure sur les pas de Michel Legrand ? Une influence qu’elle revendique au travers de sa reprise de "Que feras-tu de ta vie ?", titre composé à l’origine pour le film The Happy Ending et pour lequel Michel Legrand a été nommé en 1970 pour le Golden Globe de la meilleure chanson originale et pour l'Oscar de la meilleure chanson originale. "Les Feuilles mortes" est l’autre reprise, en bonus track, de l’opus. Saluons au passage l’interprétation mezza-voce et jazzy de Sarah Lancman dans ce classique de Prévert et Kosma. 

    La musicienne se fait aussi compositrice dans ce nouvel album, concocté, on l’imagine, avec un soin particulier. Du bel ouvrage. Dès le début de son opus, la Parisienne rend un superbe hommage à la plus belle ville du monde avec "Nostalgia in Paris" : romantisme, mélancolie, voix veloutée et orchestration impeccable font de ce morceau un magnifique joyau de l’album.

    Sarah Lancman sait aussi quitter les sentiers battus et surprendre avec un boléro ("Boléro Nocturne n°3) pour une succulente et soyeuse déclaration d’amour, sous le signe de la danse à deux, joue contre joue : "Tu as le beau rôle / Toi mon héros".

    L’auditeur sera également frappé par une autre danse, cette fois un tango qui sert de trame à une chanson de séparation. Paradoxal et pertinent choix de faire de la plus sensuelle des danses à deux le rythme d’une séparation. Mais une séparation douce et rassurante, comme un joli beau baume à l’âme. "Mon amour ne me fait pas souffrir / C’est quand il a disparu / Que le cœur a si mal se déchire / On souffre quand on n’aime plus".

    Jazzwoman jusque dans ses tripes

    Jazzwoman jusque dans ses tripes (son "Interlude musical" au piano) , Sarah Lancman propose avec la chanson qui donne son titre à l’album une revisite du poème "Liberté" de Paul Éluard. La musicienne s'inspire du texte emblématique de l’écrivain en chantant un message universaliste, susurré comme un désir ardent : "Mais c’est bien le pouvoir des mots / Qui rendre le monde plus beau / Démolissant les interdits."

    Outre le morceau personnel et autobiographique "Je le sais", dont Bla Blog avait parlé, Sarah Lancman prend l’auditeur par la main pour un voyage intime, chaleureux et réconfortant. C’est cette "Ôde à l’amitié" touchante ("Toi"). C’est aussi "Les hommes que j’aime" que l’on goutte avec plaisir. Sarah Lancman se lance dans un hommage aux hommes sous forme d’une liste de qualités que beaucoup reconnaîtront sans doute : "Les atypiques / Les astucieux / Les lunatiques / Les audacieux / Les romanesques / Les courageux / Les passionnés…" C’est léger et frais comme une coupe de champagne.

    On sera tout autant touché par "Ma prière", une prière païenne en vérité dans laquelle Sarah Lancman parle de chagrin, de résilience et d’un "signe" qui se fait attendre : "Que ma voix me porte / Pour tracer ma voie / Vulnérable ou forte / Je chanterai pour toi".

    Il y a un parfum de résilience, voire de consolation, dans cet album, à la fois léger dans sa forme et profond dans son message. C’est un peu à l’image de "Danse avec ta peine", un titre qui entend nous ragaillardir, et nous appeler à aller de l’avant, en un mot à aimer : "Est venu le temps de dire au revoir / Aux larmes et aux regrets / Pour enfin retrouver l’espoir / D’aimer encore et encore". 

    Sarah Lancman, Le Pouvoir des Mots, Inouïe Distribution, 2023
    https://www.sarahlancman.com
    https://www.facebook.com/sarahlancmanjazz
    https://www.instagram.com/sarahlancman

    Voir aussi : "Sarah Lancman, on le sait"
    "Sarah Lancman amoureuse"
    "Sarah Lancman : 'Oser oser !'"
    "Les bonnes fées de Sarah Lancman"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Les paroles, la musique et le vieil homme

    Il faut bien sûr commencer par parler du livret et du texte de cette incroyable œuvre de Samuel Beckett, Words and Music. L’auteur irlando-français l’a écrit en 1962 pour une œuvre radiophonique de la BBC. Une création contemporaine dédiée donc d’abord à l’écoute et pas forcément à la scène. C’est John Stewart Beckett, dramaturge et cousin de l’écrivain, qui est chargé de la partition. Vingt ans plus tard, Beckett demande à Morton Feldman une nouvelle partition pour ce texte singulier. Très récemment, le compositeur Pedro García Velásquez vient proposer au texte sa propre version musicale, en livrant une nouvelle partition. Alphonse Cemin est à la direction musicale pour cette nouvelle revisite.

    Samuel Beckett est une figure majeure de la littérature française, enseigné à l’école, joué des milliers de fois, aimé également, et même beaucoup en France. Le groupe Le Balcon propose ici une de ses œuvres où, comme le nom Words and Music l’indique, les mots ont toute leur importance. Bien qu’il ait écrit cet opus vocal en anglais, les éditions B.records proposent une traduction en français. Voilà qui est parfait pour un auditeur non-anglophone de découvrir ce dialogue.

    Dans un étrange pays, très Shakespearien et que le Roi Lear aurait pu habiter, un vieil homme, Croak, s’adresse à deux interlocuteurs qu’il nomme Jo et Bob. Jo personnifie les paroles et Bob la musique. Les Paroles, la Musique et le vieil homme évoquent ensemble le temps qui passe, son absurdité, mais aussi l’amour. "L’amour est de toutes les passions la passion la plus puissante et à vrai dire il n’est nulle passion plus puissante que la passion de l’amour".

    Jo personnifie les paroles et Bob la musique

    Des personnages non identifiés dans un monde à la fois familier et irréel. Des dialogues a priori décousus. Des interrogations sur le sens de la vie et sur la souffrance. Mais également ici une plongée dans les questions sur la création. L’auditeur retrouve dans Words and Music l’essence même de l’œuvre de Samuel Beckett, un phare essentiel de la littérature du XXe siècle.

    Pour appuyer les mots de l’écrivain, il fallait une musique à sa hauteur, qui vienne appuyer sans trahir ni recouvrir les mots de l’auteur. Le jeune compositeur franco-colombien Pedro García-Velásquez s’est attelé à cette tâche avec enthousiasme, y apportant son sens de la modernité.

    Comment revisiter en musique une pièce vieille de plus de 60 ans, écrite par un écrivain majeur ? Pedro García-Velásquez choisit la veine résolument contemporaine, utilisant autant un orchestre de chambre traditionnel que de la musique électronique. Cela donne au final une expressivité et un expressionnisme d’autant plus fort que le texte est servi par les récitatifs graves, puissants et dramatiques de Jean-Claude Frissung et Johann Leysen.

    L’album est d’ailleurs dédié à l’acteur belge, décédé le 30 mars 2023.

    A noter enfin que cette création de Pedro García-Velásquez a remporté le Prix de la Création musicale du Syndicat de la Critique.

    Samuel Beckett et Pedro García-Velásquez, Words and Music
    Le Balcon, direction musicale Alphonse Cemin, b.records, 2023
    Avec Johan Leysen (Words) et Jean-Claude Frissung (Croak)
    https://www.lebalcon.com/?encyclopedia=words-and-music
    https://www.b-records.fr/wordsandmusic

    Voir aussi : "Loïe Fuller sur les pas de Salomé"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Louis Arlette, classique et moderne

    On ne saurait que conseiller de se précipiter sur Sacrilèges, le dernier album de Louis Arlette qui avait déjà, par le passé, séduit Bla Bla Blog. Sa personnalité, son univers et la densité de sa musique ne peuvent que frapper. Mais là où le musicien s’avère indispensable – oui, indispensable !  – c’est dans sa revisite de textes classiques de la littérature française. Une revisite ou un sacrilège comme le laisse penser le musicien ? "Je prends un poème que j’adore. Je le déshonore ! Un premier poème. Puis deux... Le plaisir est devenu ivresse. Plongée en apnée....", confie-t-il. François Villon, Ronsard, Alfred de Musset, Gérard de Nerval et – bien sûr – Baudelaire sont les héros de son dernier EP, Sacrilèges. La mort et la fin sont le fil conducteur de cet EP.

    L’auditeur pourra se replonger dans un des premiers grands monuments de la littérature française. Au XVe siècle, alors que Villon, vaurien condamné par la justice, attendait, dit la légende, son exécution, il donne par écrit la parole à des morts pendus. Poignant, humain et exemplaire : "Frères humains, qui après nous vivez, / N’ayez les cœurs contre nous endurcis, / Car, si pitié de nous pauvres avez, / Dieu en aura plus tôt de vous mercis". Ici, Louis Arlette rhabille ce grand classique du Moyen-Âge de sons électro, en redonnant la densité à ce texte à redécouvrir.

    Pierre de Ronsard est lui aussi dépoussiéré. À l’instar de Maurice Ravel qui, en 1924, avait mis en musique le poème "À son âme", Louis Arlette propose une lecture pop-folk et faussement légère d’un texte, en forme d’épitaphe, sur l’âme de l’écrivain et sur sa mort à venir : "Passant, j’ay dit, suy ta fortune / Ne trouble mon repos, je dors".

    Séduisant et incontournable EP

    La revisite de Musset et de son poème "Tristesse" séduira tout autant, avec une mention spéciale pour la flûte métaphysique accompagnant la voix toute en retenue du chanteur : "Quand j’ai connu la Vérité, / J’ai cru que c’était une amie ; / Quand je l’ai comprise et sentie, / J’en étais déjà dégoûté".

    Louis Arlette a fait le choix d’un grand texte de Gérard de Nerval. "El Desdichado" fait partie des "Chimères", la dernière partie des Filles de feu de l’un des grands artistes maudits du XIXe siècle. "El Desdichado" est exemplaire de construction, de poésie et de puissance d’évocation ("Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, / Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : / Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé / Porte le Soleil noir de la Mélancolie").  Il fallait du cran et de l’audace pour adapter ce chef-d’œuvre en 2023. Louis Arlette le fait avec une gourmandise non dissimulée, délivrant ce sonnet comme on entonne une chanson populaire de marin au long cours.

    Baudelaire ne pouvait pas ne pas apparaître dans cet album. Intelligemment, Louis Arlette a choisi "La fin de la journée", un poème des Fleurs du Mal où la mort est identifié à la nuit, ces "rafraîchissantes ténèbres" : "La nuit voluptueuse monte, / Apaisant tout, même la faim".

    Assurément, ces revisites de classiques français sont délivrées avec intelligence, et sans esprit de "sacrilège" comme le laisserait penser le titre de ce séduisant et incontournable EP. 

    Louis Arlette, Sacrilège, Le Bruit Blanc, 2023
    https://www.facebook.com/louisarlette
    https://www.instagram.com/louisarlette/?hl=fr

    Voir aussi : "Le loup Arlette"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Séparation en beauté

    L’amour, le désir, le besoin de l’autre, la vie à deux et finalement la séparation et le manque : les grandes aventures amoureuses sont d’insatiables sources d’influences pour les artistes.

    La preuve de nouveau avec le dernier single d’Andrea Ponti, "Je ne t’ai pas, dit". La chanteuse française parle avec sincérité d’une séparation douloureuse, mettant en mots et en notes, justement, ce qu’elle n’a pas dit :  "Pourquoi je ne t’ai pas dit de rester / Pourquoi je ne t’ai pas dit de m’aimer / Encore, et encore / Sans t’arrêter".

    "Je ne t'ai pas dit", véritable ode à la sensibilité et à la vulnérabilité, est aussi un appel vibrant à dire aux autres qu'on les aime.

    D’une voix claire et chaude, sur une musique qui réchauffera les oreilles sans les agresser, et soutenue par un clip à la facture classique mais néanmoins efficace, Andrea Ponti continue à tracer son chemin où l’intime a le plus beau rôle.  

    Andrea Ponti, Je ne t'ai pas dit, 2023
    https://www.facebook.com/andreaponti.off
    https://www.instagram.com/andreaponti_off

    Voir aussi : "Andréa Ponti et sa musique"
    "La vie commence à 40 ans"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Ave Caesar

    L’anglo-suédois Caesar Spencer arrive avec un premier album ambitieux, qu’il résume ainsi : "Je voulais démontrer qu’en France, il y a une sophistication dans la créativité musicale qui n’existe nulle part ailleurs. Je prends mon univers anglo-saxon et je le déplace dans un contexte français avec tous les personnages qui vont avec. C’est à la fois étrange, et fascinant."

    Get Out Into Yourself, c’est ça : du son pop-rock dense, coloré, attrayant, mélodique et aux influences des plus nobles :  de Scott Walker à Lee Hazlewood, Morrissey ou Pete Doherty. Quand je vous parlais d’ambition. Et pour ne rien arranger, Caesar Spencer s’est offert de très bons featurings : Jo Wedin, omniprésente, mais aussi Jean Felzine, Gilles Tandy, Mareva Galanter et même Jacqueline Taïeb.  

    Gilles Tandy, figure du punk à la française apparaît dans "Hail Caesar", un rock pur sans chichi, avec également Jean Felzine, du groupe Mustang. De l’instrumental, guitares et un soupçon de sons électros. Après cette entrée en matière instrumentale, intéressons nous à ce "Get Out Into The Pigs", au parfum eighties, que Morrissey et sa bande des Smiths n’auraient pas renié. Le plaisir est évident dans ce morceau d’une belle générosité.

    Disons-le : la pop de Caesar Spencer se déguste comme une sucrerie, sans prise de tête et sans se poser de questions. L’album a été produit avec soin, à l’instar du séduisant morceau "Isn’t That What Jimi Said", dans lequel le duo Jo Wedin et Jean Felzine fonctionne à merveille.

    La pop de Caesar Spencer se déguste comme une sucrerie

    Il y a ce je ne sais quoi de dandysme très eighties dans cette manière d’aborder un album séduisant du début à la fin, à l’instar de "When I Whisper In Your Ear", hommage à Serge Gainsbourg et Ennio Morricone : orchestration soignée, voix au diapason et caressantes et avec Mareva Galanter en featuring, s’il vous plaît.

    Les nineties ne sont pas en reste dans ce retour plein de nostalgie, à l’exemple du lancinant "Jane Loves The Highway", en forme de road-movie musical. Citons aussi le plus sombre "Requiem", sombre mais sexy… en diable, ou encore le plus classique "Broken By The Song". Ce qui n’empêche pas Caesar Spencer de s’engager, à l’exemple de "Cult Of Personality", dans un morceau efficace et au solide tempérament.

    Le familier ou la familière de Bla Bla Blog sera sans doute heureux en même temps qu’étonné de retrouver la voix de Jacqueline Taïeb, en invitée exceptionnelle pour le morceau "Waiting For Sorrow"), énergique, sincère, pour ne pas dire enthousiaste.

    "Get Out Into Yourself", qui donne son titre à l’album, lorgne du côté de la pop seventies, avec ces sons planants, ses sonorités claires et ses recherches sonores et mélodiques.

    L’album se termine en beauté avec "Knew That One Day", l’un des morceaux les plus réussis de l’album, finalement tout aussi enjoué, mélodique et bien foutu que tout le reste, avec toujours la présence lumineuse de Jo Wedijn et Jean Felzine. Décidément inséparables, et qui donnent sons contexte ce lustre supplémentaire à l’opus de Caesar Spenser 

    Caesar Spencer, Get Out Into Yourself, Modulor, 2023
    https://www.caesarspencer.com
    https://www.facebook.com/caesarspencerofficial
    https://www.instagram.com/caesar_spencer

    Voir aussi : "Les chanteuses disent la vérité"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Rui Lopes, le basson peut lui dire merci

    Le basson. Voilà un instrument rare, peu mis en valeur dans le répertoire classique, si ce n’est dans les grands orchestres, mais noyé dans la masse... Voilà qui rend la démarche du bassoniste Rui Lopes passionnante. Grâce à son album Close Encounters, il nous fait découvrir son instrument à travers un choix d’œuvres d’Édouard du Puy, Wynton Marsalis (et oui!), mais aussi Camille Saint-Saëns et Astor Piazzolla. À noter aussi la présence d'artistes moins connus, la compositrice Helena Winkelman et Marcelo Nisinman.

    Le son rond, grave, picaresque, pour ne pas dire pittoresque, du basson se déploie avec fraîcheur dans le "Quintette pour basson, violons, alto et violoncelle" d’Édouard Du Puy. L’auditeur découvrira sans doute ce compositeur suisse de la fin du XVIIIe siècle, à la facture très classique, pour ne pas dire mozartienne, mais qui nous ouvre une jolie œuvre mettant en relief et en valeur le basson.  

    L’auditeur sera certainement intrigué par l’apparition de Wynton Marsalis dans ce programme classique et contemporain. Le jazzman figure dans une pièce à la contemporanéité déconcertante, "Meeelaaan, pour basson et quartette à cordes". Une composition à la fois austère, rigoureuse et où le jazzman se joue paradoxalement du rythme. Les cordes se triturent ans tous les sens et tous les espaces pour ce morceau en trois mouvements à l’étonnante modernité mais où le jazz n’est pas absent, pas plus que ses revisites de styles et de danses populaires, "Blues", "Tango" et "Bebop". Marsalis propose ainsi une rencontre inédite entre des musiques et des rythmes que tout opposait a priori

    Après cette légende de la musique, place à des nouveautés, avec d’abord la compositrice Helena Winkelman et sa création pour Rui Lopes, "Gott-Fa", sous-titrée "Deux scènes pour basson et orchestre à cordes". Les deux mouvements, ou "scènes", "Gott – In nomine" et "Fan – Respect the machine", sont à découvrir avec attention. La première scène, "Gott – In nomine", est un lancinant chant de plus de 12 minutes, tour à tour méditatif, plaintif et inquiétant. Dans la deuxième scène, "Fan – Respect the machine", plus courte (moins de 6 minutes), c’est le rythme et le mouvement qui est au centre. Comme une machine infernale, le basson de Rui Lopes prend les choses en main, avec un appétit insatiable et une audace, à l’égal de celle de la compositrice. 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ?

    Autre création contemporaine et création, "Rui’s Tango" est, comme son nom l’indique, une autre création autour de la célèbre danse argentine, cette fois par Marcelo Nisinman, qui nous vient – est-ce un hasard ? – d’Argentine. En trois mouvements, son tango prend des allures de revisite audacieuse – moins sans doute que celle de Winton Marsalis toutefois – sans pour autant trahir l’essence du tango : rythme, passion, sensualité, mais avec cette folie amoureuse que l’on trouve dans le deuxième mouvement "Andante, Vielas de Alfama", sans oublier ce sens de l’expérimental ("Allegro"). 

    Il est heureux qu’après ces découvertes et ces créations, Rui Lopes revienne aux grands classiques, à commencer par la "Sonate pour basson et piano op. 168" de Camille Saint-Saëns. L’auditeur sera agréablement chatouillé par cette œuvre à la fois modeste (moins de 13 minutes pour les trois mouvements), délicate et d’une belle construction mélodique et harmonique, à l’instar du troisième mouvement "Adagio – Allegro moderato". 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ? Car ce genre fait de nouveau l’objet d’un titre, le dernier de l’album. Le bassoniste reprend la célèbre "Etude n°3" d’Astor Piazzolla. Superbe, passionnant et un très bon exemple d’adaptation réussite, pour un instrument que le musicien défend admirablement bien : "J’ai toujours été fasciné par la façon dont le son du basson se mêlait à celui du quatuor à cordes. Pour cet album, j’ai choisi des œuvres que j’aime jouer, certaines originales, d’autres « ré-arrangées ». J’ai ensuite demandé à des compositeurs que j’admire d’écrire pour cette formation. Deux des pièces ont été enrichies d’une contrebasse".

    Exemplaire et remarquable, à plus d'un titre.

    Rui Lopes, Close Encounters, Prospero, 2023
    https://www.facebook.com/ruilopesmusic/?locale=fr_FR
    https://www.rui-lopes.com

    Voir aussi "Majeur !"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • La glande avec Roland Garros

    Ouais, c’est Sophie Le Cam ! Oui, c’est Roland Garros ! Le mois de juin, le début de l’été, les après-midis passés devant la télé à suivre en cinq sets les petites balles jaunes et les exploits des tennismen français… Euh, en fait, non !

    Sophie Le Cam, que l’on adore, est de retour avec son nouveau single "Mais c'est Roland Garros". Avec sa pop joliment bricolée et son humour, cette irrésistible voix de la scène française propose un hommage tendre au célèbre tournoi, non sans quelques coups de griffe à destination de nos tristes préoccupations quotidiennes : "Faut réserver ses vacances / Au moins 4 mois à l'avance / Et avoir vite des enfants / Et aussi une Peugeot / Mais c'est Roland Garros".

    "Mais c'est Roland Garros" est le deuxième single extrait de son premier album Vedette qui sortira le 1er septembre 2023 au label Le Furieux.

    Sophie Le Cam, Mais c'est Roland Garros, Le Furieux, 2023
    http://www.sophielecam.fr
    https://www.facebook.com/chansonsdemoi.sophielecam

    Voir aussi : "Sophie le Cam est hype"
    "À cause des garçons"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Électros-poèmes et autres chansons

    C’est du bon rock, mais du rock poétique, que nous propose Sam Frank Blunier dans son dernier opus, Loterie, qui est également le titre d’un des nombreux morceaux engagés de ce dernier opus.

    Bien dans son époque, le chanteur s’appuie sur des textes rigoureux pour nous parler de la grande loterie qu’est notre vie et notre société hyperconnectée ("Web, promesses & vidéo"). Un vaste miroir aux alouettes, dit l’artiste dans une électro pop rock enjouée. Sam Frank Blunier  se fait le chantre de la liberté, la vraie, au-delà des apparences et du virtuel : "Il te faut des printemps prometteurs aux parfums tellement enivrants qui te f’ront voyager plus loin que le désir" ("Klein Twitterin").

    Qu’on ne s’y trompe pas : le chanteur suisse est un poète et un sage, certes très rock. La maîtrise de son album est évidente. Le musicien y met de l’urgence et de l’engagement, non sans se priver de conseils et de notes d’espoir ("T’as dansé", "Mon bel amour").

    Musicalement, Sam Frank Blunier assume ses influences du côté des eighties - le délicat "Maria (au petit jour)" - et non sans des décrochages du côté de l’urbain ("Loterie", avec Lady_o en featuring)  

    Il y a du Bernard Lavilliers dans ces morceaux bruts et au sombre lyrisme

    Le deuxième partie de l’album est consacrée à ces électro-poèmes, tout aussi engagées. Il y a du Bernard Lavilliers dans ces morceaux bruts et au sombre lyrisme ("J’utilise la nuit, le matériau brut des poèmes", "On m’attend quelque part"), mais un Bernard Lavilliers qui se serait nourri de sons d’aujourd’hui.

    "Désir" illustre parfaitement ces "électro-poèmes". L’artiste propose un texte dont la noirceur brille avec l’éclat des textes parnassiens. La musique accompagne avec justesse et sobriété cette déclaration d’amour d’un authentique auteur de fin de siècle ("Je voudrais voir l’aurore sur le galbe de tes seins / Dans une chambre d’hôtel qui ne ressemble à rien / Et que l’on rie du plafond et des motifs anciens / Qui serpentent sur les plinthes et le papier peint").

    "Pochimou" a la facture des beaux textes slamés, sur le thème du voyage (le texte est dédié à Blaise Cendars), où la nuit et l’insomnie ont le beau rôle ("La nuit est rousse / Je peux la tousser / La nuit est douce / Elle vient me caresser"), appuyée par une musique rock planante et minimaliste.

    Tout aussi sobre et porté par un séduisant et sensuel talk-over, le morceau "Elle parlait" laisse là aussi la part belle au texte et à ce poème en forme de road-movie mais aussi de retour vers un souvenir d’adolescent. L’auditeur sera sensible à ce souvenir poignant d’une amour à la fois puissant et éphémère, de ceux que l’on n’oublie jamais.

    "L’Avenue des Amériques", qui vient clore cet opus à la fois musical et littéraire, prouve l’exigence artistique de Sam Frank Blunier. L’artiste musicien propose un album infiniment personnel. L’œuvre d’un homme se tournant vers son passé avec nostalgie, avec regret aussi. Oui, semble-t-il nous dire, la vie est une loterie. Mais que cette loterie est belle !

    Sam Frank Blunier, Loterie, Sabina, 2023
    https://www.samfrank-blunier.com
    https://www.facebook.com/SamFrankBlunier
    https://www.instagram.com/samfrankblunier

    Voir aussi : "Mâle assurance"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !