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Musiques - Page 7

  • La jazz est une matière vivante

    Quelques mois après une chronique sur le brillant album Symphony de Jean-Michel Pilc, voilà le jazzman français de retour avec, cette fois, un album trio, le bien nommé YOU Are The Strong.

    Symphony se présentait comme un opus se jouant des styles, entre jazz, contemporain et classique. Voilà ici Jean-Michel Pilc de retour avec du jazz, du vrai, mené tambour battant, avec le groupe formé avec le contrebassiste François Moutin et le batteur Ari Hoenig. Il faut préciser que l’ensemble Pilc Moutin Hoenig ne s’était pas réuni depuis douze ans : "C’était une belle occasion de s’associer avec une maison de disque qui comprend notre manière de jouer, c’est-à-dire notre traitement du rythme et notre façon de composer ensemble à travers l’improvisation", confie le musicien français, avant d’ajouter : "C’est un album important pour nous… Nous avons tant évolué en tant que trio. Aujourd’hui, nous sommes différents de ce que nous étions il y a dix ans".

    La couleur et le rythme sont ce qui domine dans cet opus aux multiples univers. Celui d’abord de la reprise de standards. C’est "Impression" de John Coltrane, nous renvoyant à la légende américaine et à son album éponyme de 1963.

    Reprise encore, avec "The Song Is You" de Jerome Kern et Oscar Hammerstein, écrit à l’origine pour la comédie musicale Music in the Air (1932). Le trio Pilc-Moutin-Hornig font de ce classique des Broadway une revisite presque contemporaine, aux teintes où se mêlent sensualité, mélancolie et étrangeté, comme si l’amour venait nous cueillir par surprise. 

    Un album marquant le retour de l’ensemble Pilc Moutin Hoenig

    Arrêtons-nous sur cet autre morceau, "Dear Old Stockholm", passionnante déambulation tirée, nous dit l’album, d’une chanson traditionnelle suédoise. Précisons tout de même que cet air a aussi fait les honneurs du jazz dans le passé grâce à des reprises de Stan Getz, Miles Davis, Paul Chambers et John Coltrane. Ici, c’est l’ensemble Pilc-François-Hoenig qui se prête au jeu avec un bel aplomb.

    Thelonious Monk est présent sur d’autres pistes. C’est d’abord le cool "Straight No Chaser", que le trio étire de trois à plus de six minutes pour se l’approprier totalement. C’est ensuite le "Bemsha Swing", composé par "Monk" et le batteur Denzil Best, morceau qui, cette fois, est raccourci de moitié, comme si Pilc et ses amis voulaient en retirer tous ses sucs.

    Jean-Michel Pilc, François Moutin et Ari Hoenig sont à la composition pour plusieurs morceaux. "YOUu are the strong", qui donne son nom à l’opus, est une déambulation jazz à la nostalgie certaine. Mais c’est aussi une belle déclaration. Plus rythmé et plus ramassé, "Searing Congress" prouve la solidité du trio autant que ses envies de revenir à l’essence même du jazz. La tension est là, tout comme la virtuosité des interprètes et cette manière de faire du jazz une matière vivante. Plus nostalgique et plus sombre, pour ne pas dire mystérieux, "Thin Air", le morceau le plus court de l’opus (un peu plus de trois minutes).

    L’album se termine par deux singulières reprises. La première est un standard de 1918, "After You've Gone" de Turner Layton et Henry Creamer, un bel hommage aux origines du jazz autant qu’une revisite moderne. La seconde est une vraie surprise qui vient clôturer l’album, "Alice in Wonderland" de Sammy Fain et Bob Hilliard. Une incroyable et merveilleuse reprise d'un Disney qui clôt de main de maître cet album marquant le retour de l’ensemble Pilc Moutin Hoenig. Et une manière aussi de dire que le jazz sait ne pas se prendre au sérieux et se jouer la légèreté. 

    Pilc Moutin Hoenig, YOU Are The Strong, Justin Time Records, 2023
    https://jeanmichelpilc.com
    https://www.facebook.com/jeanmichel.pilc.5

    Voir aussi : "No Symphony Jazz"
    "Ella, elle l’a"

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  • Bla Bla Blog fête ses 9 ans

    Joyeux anniversaire à Bla Bla Blog, qui fête ce jour ses neuf ans. 

    Vous avez bien compté : presqu'une décennie de chroniques culturelles - livres, musiques, cinéma, séries, expositions - au service de la curiosité. Plus de 2200 chroniques par votre bloggeur préféré ! 

    Bla Bla Blog continue après une brève coupure estivale avant d'entamer une nouvelle saison. Je vous parlerai de rentrée littéraire avec d'excellents ouvrages, de musique classique avec des enregistrements des 20e, 21e, 23e et 27e concertos pour piano de Mozart par Elizabeth Sombart. Je vous proposerai aussi une nouvelle incursion dans l'univers décomplexé des sœurs Berthollet. 

    Il sera aussi question de musique médiévale avec un enregistrement qu'il me tarde de vous faire découvrir, aussi de jazz avec le retour du trio Pilc Mountain Hoenig, de plusieurs découvertes, dont le Miracle(s) de Lhomé, mais aussi de BD, avec la découverte d'une personnage singulière de la mafia américaine.   

    Et, bien sûr, toujours, notre hors-série sur la Confrérie des 10001 Pages.

    J'ai hâte de vous retrouver !

    Photo : Pexels - Polina Tankilevitch

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  • Mille milliards d'éclairs de génie

    Voici sans doute l’un des meilleurs albums de 2023. Un vrai coup de poing à l’estomac par une musicienne, nouvelle venue de la scène française. Zaho de Sagazan propose avec La Symphonie des Éclairs un choc musical autant que poétique, mixant chanson française, électro et textes aux jaillissements inoubliables. Que l’on pense aux premiers vers de La "Fontaine de sang" qui ouvre l’opus : "Le vin de ses vaisseaux / Au rythme de son cœur / Coule et donne à boire / À des bouches au hasard".

    Pour ses grands et brillants débuts, Zaho de Sagazan puise à la fois dans son quotidien et dans ses "aspirations". C’est d’ailleurs le titre du deuxième morceau, véritable hymne à la cigarette par une chanteuse dont la voix si caractéristique l’a rendue reconnaissable entre toutes. Une voix au grain incroyable rend d’autant plus bouleversant et irrésistible ce chant d’amour pour l’amour qu’est "Les Dormantes" : "L'amour qui fait tomber les cheveux / L'amour qui nous bande les yeux / L'amour vendu aux plus sensibles / Par des putains de vicieux / L'amour qui nous faire croire que lui, c'est eux / Que ça n'sera jamais mieux".

    L’amour est bien ce qui porte Zaho de Sagazan. Que l’on pense à "Les Garçons", en forme de listing et d’hommage, à la déclaration "Langage", au fragile et délicat voix-piano "Dis-moi que tu m’aimes" ("J’en ai vécus des amours miséreux / Alors, prends-en soin / Prends soin du cœur que tu as entre les mains"), sans oublier l’électrisant "Mon inconnu" ("Je crois que j'suis amoureuse d'un inconnu / Impossible Mon Père de l'oublier / Depuis que je l'ai vu, j'en ai honte / En manque d'amour, ou détraquée, ah / Putain, je suis détraquée").

    Réussite totale

    Femme de lettres – on peut le dire – Zaho de Sagazan est tout aussi douée dans ses compositions et sa manière de retourner les cœurs. C’est, par exemple, "Je rêve", en forme de slow qui proclame que le rêve est la réalité. Une vraie philosophie et, de nouveau, une déclaration d’amour. Cette manière de renouveler la chanson française grâce au son électronique est une vraie marque de fabrique de la native de Saint-Nazaire. Les nappes synthétiques enveloppent un texte réduit à son essentiel : "Je t'aime / Passionnément, tu m'aimes / Suffisamment, pour que je reste / Mais pourquoi je reste".  Cette pureté se veut pudeur, fort à propos dans le titre aérien "Mon corps", en forme de confession et de jeu de miroir, que le morceau "Ne te regarde pas" assume plus encore.

    Le public a été frappé par "Tristesse", formidable composition tendue électro-pop au texte de combattante autant que d’artiste exigeante. La réussite est si totale que l’auditeur aura longtemps en tête les paroles exigeantes et existentialistes : "Marionnettiste je suis / Et sûrement pas l'inverse".

    À ce point de la chronique, il faut parler de ce chef d’œuvre qu’est le morceau "La Symphonie des éclairs", qui a donné le nom à l’album. Les mots de cette chronique sont trop faibles pour parler de cette chanson aérienne, hymne dédiée au pouvoir de la musique, à la puissance poétique rarissime. Il faut juste écouter, réécouter et se laisser porter par cette œuvre incroyable : "Il fait toujours beau au dessus des nuages / Mais moi je suis de ces oiseaux qui nous font danser sous l'orage / Je traverserai tous les nuages pour trouver la lumière / En chantant sous la pluie la symphonie des éclairs".

    Une réussite totale, vraiment. 

    Zaho de Sagazan, La Symphonie des Éclairs, 2023
    https://www.instagram.com/zahodesagazan
    https://www.facebook.com/zahodesagazan
    https://zahodesagazan.store

    Voir aussi : "Dingue d'amour"

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  • Méfiez-vous de Ferielle

    Oui, méfions-nous de l’eau qui dort, comme le dit le titre du premier EP de Ferielle. Il faut avoir l’oreille attentive sur le rock décomplexée de cette petite nouvelle de la scène française, franchement à découvrir.

    Ferielle gagne à être connu. C’est ce que l’on se dit à l’écoute d’un mini-album personnel, à l’exemple de "JAMAIS", récit amoureux et impossible ("J’ferme les yeux / Mais je ne vois plus que toi"), suivi presque naturellement de "JETER UN SORT", de nouveau une histoire de passion ("Tu m’as demandé / Est-ce que je peux t’embrasser ? / Je me suis laissée tenter / Pour la première fois"). Mais comme les histoires d’amour finissent mal en général, Ferielle chante avec énergie – et presque joie – un appel à l’être qui manque, en maniant l’art des larmes autant que du fiel : "Je voudrais lui jeter un sort / Pour lui montrer qu’il a tort / De rester dans son confort / Au lieu de m’aimer fort".

    Au passage, la jeune musicienne fait preuve d’humour et d’auto-dérision lorsqu’elle parle du clip : "J’avais envie de faire un clip rigolo à regarder autant qu’à faire… Propriétaire d’un master en dramaqueen, j’adore ridiculiser ma tristesse pour passer à travers. Me mettre en scène en train de boire de l’eau de javel, me noyer sous un verre de vin ainsi qu’être menaçante avec un diadème et un couteau, c’est le meilleur moyen que j’ai pour rire au lieu de pleurer toutes les larmes de mon corps."

    "Dis-moi où on va", plus pop, est entré dans la BO de la série-culte Emily in Paris (saison 3)

    Ferielle, au texte et à la musique, propose en six titres un vrai bel univers, rafraîchissant et enthousiasmant. C’est "Face à face", au rock franc et assumé. C’est encore cette jolie ballade, "Aimant" – tout simplement –, introspectif et, quelque part, universel : "Je suis coupable / C’est un délit de fuite / Si c’est moi le problème / C’est que j’ai pas de problème / Je sais que le monde est beau / J’aurai le dernier mot".

    Quant à "Riviera", c'est un rock sur l’histoire d’une rupture, propre, nette et (presque) sans bavure : "L’été avec toi c’était l’enfer / pire que d’attendre dans le RER / A A A… / Moi sur la Riviera tu me reverras pas". Voilà qui méritait d’être dit.

    La preuve que Ferielle a déjà su taper dans l’œil ? Son titre "Dis-moi où on va", plus pop, est entré dans la BO de la série-culte Emily in Paris (saison 3). C’est assurément le signe que Ferielle est à suivre de manière très, très sérieuse.

    Quand on vous disait qu’il fallait se méfier de l’eau qui dort.

    Ferielle, L'eau qui dort, Finalistes, 2023
    https://www.facebook.com/ferielle.fever
    https://www.instagram.com/hyperferielle

    Voir aussi : "Amours sauvages"

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  • Dingue d'amour

    Faussement léger et futile, "Aimez moi", le dernier titre de Kloé Lang est à écouter autant qu’à regarder. L’artiste est à la réalisation pour son clip d’une belle ambition, avec des seconds rôles et des figurants utilisés à bon escient.

    Musicalement, Kloé Lang semble partager l’univers doux dingue de Clarika ou, plus proche de nous, de Camille, de Philippe Katerine ou de Sophie Le Cam qui avait fait les honneurs de Bla Bla Blog il y a peu.

    "Aimez-moi" est un grand cri d’amour, on l’aura deviné, et qui laisse entrevoir un peu d’espoir dans ce monde décidément bien démoralisant.

    Oui, on a besoin de Kloé Lang et de son rappel à ce qui fait l’essentiel de notre existence. Elle le chante avec joie mais aussi humour acerbe à la Droopy : "Aimez moi, marquez moi / Que je le sente, le consente, l’expérimente / Aimez moi, percez moi comme un couteau, / comme un radeau dans votre dos, comme un vélo / Aimez moi sans y penser".

    Validé !

    Le single figurera également sur le prochain EP de Kloé Lang prévu début 2024.

    Kloé Lang, Aimez moi, InOuïe Distribution, 2023
    https://www.youtube.com/watch?v=X4Li-CB6PyI
    https://www.kloelang.com
    https://www.facebook.com/kloelang.music
    https://www.instagram.com/kloelang

    Voir aussi : "Sophie Le Cam : Un goût certain pour le décalé, le kitch, l’auto-dérision et la poésie de la maladresse"
    "Chloé Lacan et son ménage à trois"

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  • Chiller avec les sœurs Berthollet

    Fans de séries et de musique, j’ai l’album qu’il vous faut, histoire de vous faire papillonner les oreilles durant cet été : l’album de Camille et Julie Berthollet, Series. Les deux divas du violon ont choisi depuis leurs débuts de rendre la musique classique attrayante, hypermoderne, sexy, en un mot : pop.

    Le medley Series (en anglais et sans accent) laisse de côté le répertoire de Vivaldi, Mozart ou Bach, au profit de revisites en musique de chambre ou avec grand orchestre de grands thèmes télévisés, adaptés avec talent par Matthieu Gonet.

    On y trouvera quelques standards incontournables – "La Panthère Rose" (Henri Mancini), "Mission Impossible" (Lalo Shiffrin), "Les Simpson" (Danny Effman), sans oublier le formidable "Amicalement Vôtre" de John Barry, au rythme, à la densité et à la tension intacts. Plus près de nous, impossible de ne pas louper non plus ces génériques télé passés désormais à la postérité : "Game of Thrones" de Ramin Djawadi, "Downton Abbey" de John Lunn, "The Crown" (composés par Lorne Balfe, Rupert Gregson-Williams et – excusez du peu – Hans Zimmer) ou, certes moins connu, "Le Jeu de la Dame"  avec l’envoûtant "The Queen’s Gambit" de Carlos Rafael Rivera.

    N'oublions pas "House of Cards" de Jeff Beal. Pour la musique de la série politique américaine, les sœurs Berthollet parviennent à en faire une création presque contemporaine capable de vous donner la chair de poule. Impossible non plus de ne pas citer le thème de "Stranger Things" de Kyle Dixon et Michael Stein, si bien visité (il faut bien sûr évoquer le gros travail de Matthieu Gonet et Ronan Maillard) qu’il semble être une authentique création.

    Qui dit adaptations dit parfois revisites surprenantes, à l’instar du "Bella Ciao", un traditionnel italien remis au jour par la série espagnole Casa del Papel.

    Cool, quoi

    L’auditeur s’arrêtera certainement avec un big smile aux lèvres sur le "Yakety sax" de James Q. Rich et Boots Randolph, popularisé par la série – pour certains ou certaines "honteuse" – Benny Hill, générique ultra-célèbre que les deux violonistes nous ressortent avec une belle audace.

    Dans ce mélange régressif et franchement plaisant, Camille et Julie Berthollet n’oublient pas de proposer des morceaux moins connus, tel que "The Skye Boat Song" aux accents écossais. Rien de plus normal pour ce thème d’Outlander, qui est lui aussi issu d’un répertoire populaire et traditionnel.

    L’auditeur découvrira sans doute ce titre de Marron 5, "Girls Like You", une singulière revisite en musique de chambre très XVIIIe siècle pour la série La Chronique des Bridgerton. Des bandes originales font figure de vraies belles découvertes. C’est le cas du nerveux et coloré "The Game Is On", un thème de David Arnold et Michael Price pour la série Sherlock ou de la non moins captivante musique et création "The Leftovers" de Max Richter.

    La France n’est pas absente de ce medley, car sont présents les thèmes de l’enjouée Dix pour cent de Loïk Dury et Christophe Mink et le succès tricolore Lupin ("Arsène" de Mathieu Lamboley, aux accents de musique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle).

    Admettons quelques écarts avec le titre de l’album, puisque quelques thème de films – et non de séries – se glissent dans ce medley, en l’occurrence le délicieux "La La Land" de Justin Hurwitz, respecté à la lettre, y compris dans le mélange comédie musicale Broadway et jazz, mais aussi un extrait de la BO d’Intouchables, composée par le désormais culte Ludovico Einaudi.  

    Toujours aussi surprenantes, les sœurs Berthollet proposent deux inédits. Julie Bethollet a composé et chante le mélancolique "Flashback". Le morceau a été adapté par Camille Berthollet. Le second, justement intitulé "Générique" (proposé à la fin de l’album, évidemment) est un instrumental à la facture classique, s’écoutant comme un concerto pour piano. Il a été lui aussi composé par Julie Berthollet et arrangé par sa sœur.

    Les deux musiciennes ont eu l’excellente idée de proposer en bonus de leur album le sombre et déchirant  "Concerto de l’adieu" de Georges Delerue, extrait de la bande originale du film Diên Biên Phu.  

    Tout cela est cool, quoi. De quoi se réconcilier avec la musique classique, si encore on était fâché avec elle. 

    Camille & Julie Berthollet, Series, Warner Classics, 2021
    Orchestre national d’Île-de-France, sous la direction d’Ernst van Tiel
    https://www.warnerclassics.com/fr/release/series
    https://www.camilleetjulieberthollet.com
    https://www.facebook.com/camilleetjulieberthollet
    https://www.instagram.com/julieberthollet/?hl=fr
    https://www.instagram.com/camilleberthollet/?hl=fr
    https://www.youtube.com/channel/UCd4tZR7nSGBtHF5Gbt4BZQg

    Voir aussi : "La la la ♫♪♫"

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  • Les Schumann en majesté

    C’est un programme ambitieux et passionnant que propose le double album sobrement intitulé Collection Schumann, avec des œuvres pour violon de Robert Schumann et Clara Schumann. L’opus a été enregistrés en public à la salle Elie de Brignac-Arqana de Deauville entre avril et août 2022. La formation de chambre au cœur de cet opus est formée du violoniste Pierre Fouchenneret, du pianiste Théo Fouchenneret et de l’Orchestre Régional de Normandie placé sous la direction de Jean Deroyer pour la dernière œuvre, le Concerto pour violon et orchestre en ré mineur.

    Cette Schumann Collection est pour l’essentiel consacrée à de la musique de chambre. Commençons par parler de Robert Schumann et des ses trois Fantaisies pour violon et piano, classiques, élégantes et surtout des parfaits exemples de ce qu’il y a de mieux dans le romantisme. Légèreté n’est pas forcément mièvrerie, aurait-on envie d’écrire à l’écoute du "Lebhaf, leicht". Ces fantaisies ouvrent avec aplomb et enthousiasme le double album.

    L’auditeur retrouvera ensuite avec plaisir la Sonate pour violon et piano n°3 en la mineur. Quel tempérament pour cette œuvre aux multiples arabesques sonores (le premier mouvement, "Ziemlich langsam – Lebhaft"), et au romantisme irrésistible ! Pas de doute, nous sommes dans la grande période romantique de ce XIXe siècle (le délicieux "Scherzo""Intermezzo"), avec un compositeur usant de multiples couleurs pour rendre cette sonate d’une richesse et d’une expressivité incroyable.

    L’auditeur fondera sans doute sur les délicates et bouleversantes Romances pour violon et piano op. 94, servies par un ensemble au diapason servant à merveille ces pièces finement travaillées. Que l’on pense à la deuxième fantaisie, "Einfach, innig".

    La Sonate pour violon et piano n°1 en la mineur op. 105 présente la particularité d’avoir été peu aimée du compositeur allemand qui déclarait en 1853 : "La première sonate ne me plaisait pas, c'est pourquoi j'en ai fait une seconde, dont j'espère qu'elle sera meilleure". Une deuxième sonate qui figure bien entendu dans l’album. Mais revenons à cette première sonate. Sans doute moins lumineuse que ce qu’il aurait souhaité, le compositeur s’inscrit dans un  registre très automnal, avec une œuvre moins passionnée que tourmentée (le premier mouvement "Mit leidenschaftlichem ausdruck"). On goûtera avec plus de plaisir le deuxième mouvement allegretto, à la belle légèreté. On trouvera dans cette sonate mal-aimée du compositeur un étonnant et moderne "Lebhaft", singulier mouvement aussi harmonieux que luxuriant, presque festif.

    Toujours chez Robert Schumann, saluons la bonne idée d’avoir inclus dans cette collection la Rêverie, Träumerei, tirée des Scènes d’enfants op. 15, par un Robert Schumann proposant une pièce géniale, mettant à l’honneur l’enfance – ce qui est assez nouveau pour l’époque. Simplicité, délicatesse, fragilité : cette Rêverie va à l’essentiel, sans artifice ni sensiblerie. Vous l’avez deviné : cela en fait une œuvre majeure pour cet enregistrement.

    L’histoire du Concerto pour violon retiré du catalogue officiel de Schumann mériterait à elle seule une chronique entière

    Pour ouvrir la seconde partie de cette Collection Schumann, c’est Clara Schumann qui est mise à l’honneur avec ses Trois Romances pour violon op. 22 dans lequel l’auditeur découvrira ou redécouvrira le génie d’une femme – elle et Robert Schumann étaient amoureux et mariés – s’inscrivant à plein dans le mouvement romantique. La texture de ces Romances – évidemment, le terme n’est pas anodin – laisse deviner, en dépit de leur brièveté, l’univers d’une compositrice subtile, exceptionnelle et capable d’émouvoir, même un siècle plus tard. Que l’on pense au premier mouvement tout en champagne, "Andante molto" mais aussi au formidable "Allegretto".

    Nous en parlions : la Sonate pour violon et piano n°2 op. 121, vantée par un Robert Schumann très crique envers la sonate précédente, est incluse dans cette collection schumanienne. On remarquera que le compositeur se déploie avec bonheur, tout en prenant son temps, à l’instar du premier mouvement "Ziemlich langsam Lebhaft" – plus de 14 minutes quand même –, véritable univers dans l’univers. On peut tout aussi bien parler de paysage musical dans le deuxième mouvement, "Sehr lebhaft", enlevé et vivant. L’auditeur sera sans doute surpris par le mouvement suivant, "Leise, einfach", commençant par des pizzicati d’une belle expressivité – modernes, aurions-nous envie d’ajouter – avant de se déployer vers une jolie berceuse. Voilà qui donne une des plus beaux mouvements de ce double album. Le quatrième mouvement, "Bewegt", retrouve une vigueur nouvelle, grâce aux jeux enthousiastes des frères Fouchenneret.

    L’opus se termine avec un grand orchestre, celui de Normandie dirigé par Jean Deroyer, pour le Concerto pour violon et orchestre en ré mineur. Après la sobriété et l’intimité des sonates, fantaisies et autres romances, place à une œuvre majestueuse, dense et aux mille teintes, mais que le compositeur n’a jamais vu jouer de son vivant (il est mort en 1856, trois ans après l’écriture du concerto) et qui n’a été redécouverte qu’au milieu des années 30. L’histoire du Concerto pour violon, retiré du catalogue officiel de Schumann pendant des dizaines d'années, mériterait à elle seule une chronique entière, voire un film. L’œuvre se déploie avec majestuosité mais aussi noirceur (le premier mouvement, "In kräftigem, nicht zu schnellem Tempo"), avant un deuxième mouvement, le "Langsam", introspectif, méditatif, voire métaphysique. Le programme se termine avec le troisième mouvement du concerto ("Lebhaft, doch nicht schnell"), brillant et virevoltant.

    Les frères Fouchenneret prouvent par cette Collection Schumann leur  très grande complicité au service d’œuvres essentielles du répertoire romantique. 

    Schumann Collection : Œuvres pour violon /Violin Works, Pierre Fouchenneret (violon), Théo Fouchenneret (piano), Orchestre Régional de Normandie dirigé par Jean Deroyer, b.records, 2023
    https://www.b-records.fr
    https://pierrefouchenneret.com
    https://www.theofouchenneret.com
    https://www.orchestrenormandie.com

    Voir aussi : "Les paroles, la musique et le vieil homme"

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  • Ella, elle l’a

    La jazzwoman Robin McKelle fait son retour tant attendu avec un album gracieux et séduisant, Impressions of Ella, Ella comme Ella Fitzgerald, bien sûr.

    C’est l’occasion de découvrir ou découvrir des classiques du jazz qu’Ella Fitgerald a interprété à son époque. Pour ces revisites, Robin McKelle est accompagné d’un orchestre restreint, avec Kevin Barron au piano, Peter Washington à la guitare et Kenny Washington à la batterie, sans compter le featuring de Kurt Elling.  

    Cet opus marque le grand retour de la chanteuse américaine, sous forme d’hommage à une figure tutélaire du jazz. "Ma voix a mûri, et moi aussi. J’ai senti qu’à ce moment de ma vie, ces paroles avaient un sens pour moi. Impressions of Ella est comme un retour à la maison pour moi. Comme une réunion familiale après des années de séparation. Une reconnexion avec la musique qui m’a nourrie pendant toutes mes années de formation musicale, et qui furent largement influencées par Ella Fitzgerald", confie Robin McKelle, bien décidée à remettre au goût du jour des standards du jazz.

    Que l’on pense au "Old Devil Moon", composée par Burton Lane sur des paroles de Yip Harburg pour la comédie musicale Finian's Rainbow (1947), et que Robin McKelle interprète sans coup férir, dans l’esprit des musicaux de Broadway.    

    Autre grand classique, toujours de l’entre-deux-guerre, "My One And Only" a été d’abord une chanson de George Gershwin et Ira Gershwin pour la comédie musicale Funny Face, avant de figurer dans le répertoire de la Grande Elsa. Et maintenant Robin McKelle, dans une facture des plus simples et efficaces – voix et piano, avec ce swing extraordinaire. Les frères Gershwin ont d’ailleurs une place de choix dans Impressions of Ella, avec le délicat "Embraceable You" et le mélancolique "Soon" qui vient clôturer l’album. 

    Du jazz, du vrai, du pur

    Le lecteur de cette chronique sera sans doute surpris de voir le nom de Lady Gaga cité en référence pour le titre "Lush Life" de Zara Larsson. Il est vraie que l’interprète de "Bad Romance" l’avait chanté pour son album jazz (et oui!), en duo avec Tony Bennett. C’est là l’occasion de se précipiter sur l’opus Cheek to Cheek (2014), aussi velouté et sensuel que la version de sa compatriote. On pourrait dire la même chose de "I Won’t Dance" de Jerome Kern que Robin McKelle interprète avec Kurt Elling, tout en suavité et en complicité.

    Il y a incontestablement un swing réjouissant chez Robin McKelle, à l’instar de "How High The Moon" de Morgan Lewis et Nancy Hamilton. Robin McKelle s’épanouit avec un bonheur communicatif, à l’instar du "Do Not Nothing Til You Hear from Me" que Duke Ellington avait écrit dans les années 40. Ella Fitgerald avait chanté cette chanson pour l’album de 1957 (Ella Fitzgerald chante le livre de chansons de Duke Ellington). Dans cette version de 2023, Robin McKelle ne se laisse pas impressionner par ces deux figures de la musique du XXe siècle. On y voit la marque d’une artiste à la voix puissante et capable des plus belles arabesques.

    "Robin’s Nest" ne pouvait pas ne pas apparaître dans cet hommage à Ella Fitgerald. Du jazz, du vrai, du pur, là encore. Un titre écrit par la jazzwoman, ainsi qu'Illinois Jacquet et Charles Thomson.

    Vernon Duke est à l'honneur à deux reprises à la fin de l’opus, avec deux classiques, le standard de Broadway "Taking a Chance to Love", écrit avec John LaTouche et Ted Fetter et le suave "April in Paris", cette fois avec Yip Harburg. Robin McKelle s’empare de ces classiques avec gourmandise, tempérament et passion.

    Est-il utile de dire que le bonheur est à tous les étages dans ce somptueux album ? 

    Robin McKelle, Impressions of Ella, Naïve / Believe, 2023
    https://www.facebook.com/RobinMcKelleMusic
    https://www.instagram.com/robinmckelle

    Voir aussi : "Lady Gaga et Tony Bennett, joue contre joue"

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