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violoncelle

  • Ophélie Gaillard : "Un amour peut-être encore plus fort !"

    À l’occasion de la sortie son dernier album consacré au tango (Cello Tango, Aparté), la violoncelliste Ophélie Gaillard a bien voulu répondre en exclusivité aux questions de Bla Bla Blog. Portrait d’une artiste se fichant pas mal des barrières entre genres et en profitant pour sortir de l’ombre un compositeur argentin mal connu et pourtant passionnant. Et il sera bien entendu question de projets musicaux alléchants pour 2025 et de violoncelle.

    Bla Bla Blog – Bonjour Ophélie. Vous revenez ce printemps avec Cello Tango, un album consacré, comme son nom l’indique, au tango et à la musique argentine. Voilà qui peut paraître surprenant pour une musicienne comme vous qui avez plutôt exploré les répertoire classique et contemporain. Pouvez-vous nous expliquer ce choix de répertoire ?
    Ophélie Gaillard – Ce programme est né de mon coup de cœur pour l’Argentine et ses musiques, et j’ai souhaité rendre hommage à ses deux compositeurs les plus importants du siècle dernier à mon sens: Alberto Ginastera et Astor Piazzolla. Chacun à leur façon ils ont interrogé leur héritage musical et artistique et se sont nourris des musiques populaires si riches et diverses de cet immense territoire. Celui des campagnes et de la pampa, celui des hauts plateaux des Andes, sans oublier le genre totalement citadin du tango. De plus depuis ma première tournée en Argentine je suis tombée amoureuse du tango et le pratique, c’est donc une immersion en profondeur et un double album consacré à cette passion, qui fait suite à la parution de mon double album Alvorada en 2015.

    BBB – Au centre de cet album est Alberto Ginastera. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce compositeur, beaucoup moins connu du grand public que son compatriote Astor Piazzolla ?
    OP – C’est une figure passionnante de l’avant-garde argentine, et qui a eu un dialogue très fécond avec les inspirations folkloriques qui l’ont nourri. De plus il était passionné par le violoncelle auquel il a consacré deux concertos  et de nombreuses œuvres dédiées à sa seconde épouse. J’aime à penser que sa pièce solo Puneña, véritable défi technique et artistique, est une sorte de réponse musicale au réalisme magique du colombien Gabriel Garcia Marquez, tant il excelle à transformer le violoncelle tantôt en charango, tantôt en flûte des Andes, tantôt en oiseau magique de Cuzco, tantôt en instrument à percussions.

    BBB – Quelles sont les plus grandes difficultés et les plus grands pièges dans l’interprétation de la musique du tango ? 
    OP – Cette musique exige à la fois une haute technicité, car la plupart des musiciens de tango ont toujours été d’excellents musiciens classiques aux "heures ouvrables", et en même temps une liberté extrême dans l’interprétation. Sensualité, cambrure rythmique, mais aussi le sens du rubato sont les principaux enjeux de cette musique fascinante. 
     
    BBB – Le violoncelle n’est pas le premier instrument auquel on pense lorsque l’on parle de tango. Cela était-il au contraire une évidence pour vous que de vous attaquer au tango ?
    OP – C’est vrai que dans la dernière version du quintette de Piazzolla comportait une contrebasse mais pas de violoncelle. Cependant, Bragato, qui a travaillé avec Piazzolla, a contribué à nous familiariser avec ce timbre en réalisant des transcriptions. Et personnellement je trouve que le violoncelle dans le tango peut a la fois incarner la puissance rythmique de la basse que le cantabile du chanteur.

    "Sensualité, cambrure rythmique"

    BBB – Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les artistes qui vous ont accompagné dans ce disque ? Comment avez-vous travaillé dans le choix des titres et dans leur interprétation ? 
    OP – J’ai travaillé en étroite collaboration avec trois arrangeurs pour ce double album, essentiellement William Sabatier qui possède son Piazzolla sur le bout des doigts et a tout de suite eu l’intuition de mon jeu. Ensuite deux interprètes argentins qui ont aussi une démarche de compositeurs contemporains : Tomas Bordalejo à la guitare qui maîtrise la musique populaire et accompagne le chanteur Nahuel Di Pierro les yeux fermés avec un groove fantastique, et bien sûr Juanjo Mosalini, Bandoneoniste de génie qui est mon complice depuis l’album Alvorada.
     
    BBB – Vous offrez quelques standards du tango : María de Buenos Aires, Oblivion, Volver. Comment avez-vous abordé ces classiques ? Étaient-ils "indispensables" pour cet enregistrement de tangos ? Vous paraissaient-ils une évidence ? 
    OP – Oui il y a des découvertes mais aussi des "tubes" revisités dans des nouvelles compositions originales comme Volver ou La Cumparsita. Plus que des arrangements ou des relectures, ce sont de nouvelles compositions avec la "pâte" sonore du violoncelle en trame principale et c’est ce qui permet à cette tradition du tango d’être complètement renouvelée à chaque interprétation. Enfin Yo soy María ne pouvait être incarné selon moi que par la voix sensuelle et altière de Ines Cuello qui n’ai découverte lors de la production de María de Buenos Aires au Grand Théâtre de Genève. 

    BBB – Au sujet de Volver, pourquoi ce titre est-il proposé sans ses paroles ? 
    OP – Grâce à Gardel, Volver fait maintenant partie de l’imaginaire collectif, et justement parce que sa voix est irremplaçable, il fallait inventer une nouvelle composition inspirée et vibrante. Juanjo Mosalini a su trouver le ton juste pour notre duo. 

    BBB – Impossible de ne pas parler de la participation d’Agnès Jaoui dans le titre Oblivion. La connaissiez-vous ? Qui a eu l’idée de cette collaboration ? Vous ?
    OP – J’aimais beaucoup le premier album d’Agnès Jaoui produit par Vincent Segal et je voulais lui confier l’interprétation de Oblivion. C’est par Emilie Kociolek qui travaille souvent avec elle que la connection s’est faite, très naturellement ! Sa sincérité et sa diction me touchent particulièrement.

    BBB – Lucienne Renaudin-Vary a sorti il y a quatre ans un album consacré à Piazzola. Pouvons-nous rêver d’un projet musical avec vous deux, avec le tango comme fil conducteur ?

    OP – Ce projet existe! Et  Nous serons en concert pour une date exceptionnelle le 15 juin au festival de Saint-Denis !

    BBB – 2025 marque les 20 ans de votre ensemble Pulcinella Orchestra. Quel bilan pouvez-vous d’ores et déjà faire de cette aventure musicale. Qu’avez-vous prévu pour fêter cet anniversaire ?
    OP – Que d’aventures en 20 ans ! Et en même temps notre premier concert aux Flâneries Musicales de Reims puis dans  la petite église baroque de Cordon semblent avoir eu lieu hier ! Je suis très fière d’avoir pu mener à bien quelques uns de nos rêves, d’avoir travaillé avec passion sur le répertoire baroque et pré-classique avec violoncelle concertant et d'avoir partagé nos découvertes de répertoires avec un large public. La liberté que nous cultivons nous permet d’avoir le privilège de choisir nos sujets et de se choisir, ce qui est un grand luxe même si cette d’éducation exige un immense travail. Nos enregistrements sont les témoins et les pépites semées sur le chemin de nos recherches. 

    BBB – Un dernier mot au sujet de votre violoncelle, volé en septembre dernier puis retrouvé quelques mois plus tard, à votre grand soulagement. Comment va-t-il ? Est-ce toujours le grand amour ?
    OP – Oui, un amour peut-être encore plus fort car le cambriolage a été un traumatisme que je ne souhaite à personne de vivre.

    BBB – Merci, Ophélie.
    OP – Merci à vous.

    Ophélie Gaillard, Cello Tango, Aparté, 2025
    https://www.ophelie-gaillard.fr
    https://www.facebook.com/opheliegaillard.cello
    https://www.instagram.com/ophelie.gaillard
    https://apartemusic.com/fr/album-details/cello-tango

    Voir aussi : "Ophélie Gaillard sous les auspices de Ginastera et Piazzolla"
    "Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary"

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  • Ophélie Gaillard sous les auspices de Ginastera et Piazzolla

    Ce sont des histoires de tangos que nous propose Ophélie Gaillard dans son dernier double album, Cello Tango. Voilà qui peut paraître surprenant de la part d’une violoncelliste abonnée au répertoire classique, que ce soit Fauré, Bach, Chopin ou Brahms. C’est par contre oublier que la musicienne s’intéresse à la création contemporaine depuis des années et ne dédaigne pas faire des passerelles entre les différents genres.

    Ophélie Gaillard confie que l’idée de ce projet vient de son idée de mettre en lumière le répertoire du compositeur argentin Alberto Ginastera (1916-1983), présent dans plusieurs œuvres, La Puneña n°2 op.45, La Pampeana n°2 op. 21 et deux chansons (Canciones op. 3).

    Commençons donc avec ces œuvres dont le modernisme, certes sombre ("Harawi", Puneñas n°2), pourra désarçonner dans un opus consacré au tango. Ophélie Gaillard offre une entrée passionnante dans l’œuvre du compositeur argentin relativement peu connu dans nos contrées. On ne taxera pas la musicienne de facilité. Alberto Ginastera mérite cependant que l’on se penche sur son œuvre. Il a su s'inspirer de la musique de son pays tout en l’ancrant dans la modernité, avec des rythmes carnavalesques à la fois endiablés et désespérés menés par une Ophélie Gaillard solide et et expressionniste ("Wayno Karnavalito", Puneñas n°2). Plus mystérieuse encore est la Pampeana n°2, avec son court mouvement Lento rubato, précédant un Allegro au rythme de tango revisité et fiévreux. La musicienne qui se met au service d’un compositeur disparu il y a plus de 40 ans et, pourtant, tellement actuel ! Une nouvelle preuve s’il en est avec le pathétique Lento ed esaltato, en forme de chant funèbre. N’est-ce pas l’Argentine abîmée par la dictature militaire des années 60 à 80 qui s’exprime ? Alberto Ginastera a d’ailleurs vécu la censure puis l’exil. Le court Allegro vivace vient clore cette Pampeana, un mouvement sombre mais qui se veut aussi un appel à la vie et à la liberté. Comment rester indifférent au travail et à l’art d’un musicien argentin contraint de suivre de loin les affres de son pays ? Nahuel di Pierro vient interpréter dans le second CD deux chansons des Canciones op. 3 d’Alberto Ginastera. La nostalgie et la mélancolie cachent mal mal la douleur du déchirement natal (Canción al árbol del olvido), même si le désespoir ne peut se cacher trop longtemps (Canción a la luna lunanca).

    La danse la plus sensuelle et en même temps la plus existentielle qui soit

    Le tango, la danse la plus sensuelle et en même temps la plus existentielle qui soit, est représentée dignement par Astor Piazzolla. Inévitable. L’album rassemble des standards de tangos du célébrissime compositeur. Ophélie Gaillard aurait eu bien tort de ne pas s’en emparer, que ce soit Milonga for Three, Fuga y misterio derrière lequel se cachent les influences de Bach, le délicat Viage de bodas ou encore le désormais classique air de María de Buenos Aires, "Yo soy María", interprété avec conviction et tempérament par Inès Cuello. L’auditeur découvrira sûrement ce singulier titre de Piazzolla qu’est Vayamos al diablo, faisant se rejoindre tango traditionnel, rythmiques traditionnelles et facture moderne. Il faudra tout autant s’arrêter sur l’ambitieuse pièce Las Cuatro erstaciones Porteñas : Otoño porteño. Ces Estaciones porteñas constituent une suite en quatre parties, appelées "Saisons" – été, printemps, automne et hiver. Une œuvre réaliste et un hommage à Buenos Aires par le génie argentin. 

    Piazzola est présent dans le second disque du double album, avec le magnétique Milonga sin palabras, l’irrésistible et sensuel Regreso al amor, le sombre La Muerte del Angel et le désormais classique Oblivion, arrangé par William Sabatier et qu’interprète Agnès Jaoui.

    Hormis Ginastera et Piazzolla, on retrouvera dans ce convaincant opus de tangos des œuvres d’autres compositeur et compositrices. L’enregistrement débute d’ailleurs avec le pianiste argentin Osvaldo Pugliese (1905-1995) avec sa Negracha arrangée par William Sabatier.

    Le Volver d’Alfredo Gardel et d'Alfredo Le Pera est présent, comme de juste, mais singulièrement sans ses paroles, ce qui permet de s’arrêter sur la qualité de la composition musicale – et en particulier sur le dialogue entre le violoncelle d’Ophélie Gaillard et le bandonéon de Juanjo Mosalini.

    L’auditeur ou auditrice découvrira sans doute la compositrice Rosita Melo (1897-1981), présente dans l’album avec un de ses airs, la séduisante et mélancolique valse Desde el alma. Une autre compositrice a les honneurs de l’enregistrement, Mercedes Sosa (1935-2009). Celle que l’on surnommait "La Negra" est connue en Argentine comme chanteuse s’intéressant au folklore de son pays. Elle est présente dans l’album dans une de ses pièces, La Zafrera, ici interprétée en instrumental avec le violoncelle vibrant et vivant d’Ophélie Gaillard.  

    Dernière découverte de ce côté de l’Atlantique, celle de Julián Plaza (1928-2003), homme à tout faire du tango, proche d’Osvaldo Pugliese, musicien admiré, bandonéoniste, arrangeur génial, chef d’orchestre et ici compositeur. Avec Nocturna, arrangé par Juanjo Mosalini, il suit les pas de Piazzolla, mais tout en gardant son identité propre. Cette pièce séduit par sa liberté, son espièglerie mais aussi son attachement aux rythmes et musiques traditionnelles argentines.    

    L’album ne pouvait se terminer que par un standard – avec un grand "S" –, à savoir La Cumparsita de Gerardo Matos Rodríguez. Quelques coups de talons rythmés pour saluer ce programme argentin, séduisant et revivifiant ! Merci, Ophélie Gaillard, qui répondra très prochainement et en exclusivité, aux questions de Bla Bla Blog !

    Ophélie Gaillard, Cello Tango, Aparté, 2025
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    Voir aussi : "Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary"

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  • 1842, année romantique

    "1842" aurait pu être le titre du dernier coffret de b.records, Collection Schumann. Cet enregistrement consacré à la musique de chambre de Robert Schumann s’intéresse à quatre œuvres de jeunesse du compositeur allemand. Nous sommes en 1842 et Schumann ne s’est pas encore essayé aux quatuors, se limitant surtout à des opus pour piano et voix. Cette année 1842 entre dans l’histoire de la musique romantique.

    L’enregistrement proposé est la captation d’un concert donné par le Quatuor Strada à l’Auditorium de la Cité de la Musique et de  la Danse à Soissons, les 3 et 19 avril 2024. Le Quatuor réunit Pierre Fouchenneret et Ayako Tanaka au violon, Lise Berthaud (alto) et François Salque (violoncelle).

    Ce coffret Robert Schumann débute avec le 1er Quatuor à cordes op. 41 dont l’introduction soyeuse et vibrante annonce un mouvement harmonique et harmonieux, mais non sans l’expressivité romantique de Robert Schumann (Andante expressivo) ni une allégresse certaine (Allegro). Écrit en 1842 (Robert Schumann a 32 ans), ce Quatuor op.41 illustre l’état d’esprit de son auteur. Il vit une période heureuse, ce qu’illustre encore le deuxième mouvement Scherzo – Presto – Intermezzo vivifiant auquel s’attaque le Quatuor Strada avec enthousiasme. Même l’Adagio n’est ni triste ni funèbre. Mélancolique et beethovénien, il ressemble à une douce déclaration d’amour. Le Presto, vif comme un torrent sauvage, vient conclure un premier Quatuor typique de cette année 1842 placée sous le signe de la musique de chambre schumanienne.

    Toujours en 1842, le compositeur allemand écrit son deuxième Quatuor à cordes op. 41. L’Allegro vivace a la légèreté de ces œuvres insouciantes. Le Quatuor Strada s’y promène avec une bonheur. Le charme de l’Andante quasi variazioni réside dans sa manière d’avancer pas à pas, avec un sorte de nonchalance joueuse. Le mouvement suivant, Scherzo – Presto, le plus court de ce coffret, garde cette insouciance et cette joie de vivre, si caractéristique de la musique de chambre schumanienne de cette période. Tour aussi alerte, l’Allegro molto vivace vient clore le Quatuor à cordes n°2 ainsi que le premier CD du coffret.

    "Ils me ravissent jusque dans le moindre détail"

    Le 3e Quatuor à cordes commence par une somptueuse déclaration d’amour tout en romantisme. N’est-ce pas à Robert Schumann amoureux – de Clara Wieck, future Madame Schumann – dont nous avons à faire dans le premier mouvement Andante ? Les frères Fouchenneret précisent d’ailleurs dans le livret que le trio de quatuors ont été offerts à la musicienne et compositrice pour ses 23 ans qui a su apprécier la valeur de cette création : "Ils me ravissent jusque dans le moindre détail", lui dit-elle. Pour l’Assai agitato, Robert Schumann semble se démultiplier dans une partie virtuose, enlevée et à la construction savante. On se pose sur l’Adagio, plus sobre avant un Finale Allegro molto vivace, enlevé, capricieux et joueur, mais non sans élan amoureux et romantique, avec une ligne mélodique irrésistible.

    Le Quintette pour piano et cordes op. 44 vient compléter ce programme. Théo Fouchenneret au piano rejoint son frère Pierre, toujours avec le Quatuor Strada. Composé lui aussi en 1842, le Quintette en mi bémol majeur est devenu un des exemples les plus éclatants de la musique romantique, suscitant d’ailleurs l’admiration, entre autres, de Wagner himself. L’Allegro est "brillante", mené tambour battant grâce notamment au piano de Théo Fouchenneret. Arrêtons-nous un instant sur le second mouvement In modo d’una marcia, un poco largamente. C’est tout le génie de Schumann qui s’exprime dans cette partie plus sombre – sinon funèbre – et dans lequel le compositeur sort des sentiers battus. Le romantisme se pare de modernité dans ce séduisant et frappant mouvement nimbé de mystères, comme annonciateur de sombres dangers. Avec le Scherzo Molto vivace, c’est un Schumann jeune et alerte qui s’exprime dans un mouvement relativement court, et en tout cas efficace. Le Quintette et le coffret se termine avec un Finale allegro ma non troppo au solide tempérament. Il vient clore une œuvre essentielle chez Schumann et, par là, une année 1842 à marquer d’une pierre blanche.  

    Robert Schumann, Quatuors et quintette pour piano et cordes,
    Quatuor Strada et Théo Fouchenneret, b•records, 2025

    https://www.b-records.fr
    https://www.theofouchenneret.com
    https://pierrefouchenneret.com/quatuor-strada

    Voir aussi : "Romantique et métaphysique Schumann"

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  • Sacrés romantiques !

    Sublimes romantiques que ces cinq là ! Je veux parler de Richard Strauss, Frédéric Chopin et Franz Liszt, bien entendu, mais aussi de leurs interprètes de cet enregistrement Indésens, à savoir David Louwerse, au violoncelle, et François Daudet, au piano.

    C’est Richard Strauss, le dernier des grands romantiques (il est décédé en 1949), qui ouvre ce programme consacré à un style qui fit les beaux jours de la musique classique au XIXe siècle. La Sonate pour violoncelle en fa majeur, op. 6 a été composée en 1883. Il flotte sur cette œuvre un parfum de légèreté et d’insouciance (l’Allegro con brio) que David Louwerse et François Daudet transmettent avec passion, dans une conversation violoncelle-piano passionnée mais non sans instants mélancoliques ou enflammés.

    Le deuxième mouvement lent débute de manière funèbre. Strauss fait preuve de simplicité dans cet Andante ma non troppo, d’autant plus frappant après la fougue de la première partie. C’est simple. Il semble que le piano et le violoncelle chantent de concert. Les lignes mélodiques se déploient avec élégance, dans une économie de moyens singulière. La jeunesse et la fougue ont laissé place aux regrets, à la nostalgie et à la tristesse, sans que ces sentiments ne soient jamais appuyés.

    Le livret parle d’espièglerie en évoquant l’ouverture du troisième mouvement (Finale – Allegro vivo). Il est vrai que l’on retrouve ici de la joie de vivre et la jeunesse d’un compositeur de 19 ans seulement lorsqu’il écrit cette sonate incroyable. Le génie de Strauss est déjà à l’œuvre. Violoncelle et piano s’amusent autant qu’ils dialoguent, dans une série de conversations (de "questions-réponses" dit le livret) à la fois légères, séduisantes et passionnantes.  

    "Le meilleur des critiques, c'est le temps"

    Frédéric Chopin prend la relève avec sa Sonate pour violoncelle en sol mineur, op. 65 en quatre mouvements. Écrite en 1846, il s’agit de sa dernière œuvre publiée de son vivant. On retrouve la touche du compositeur polonais, notamment dans les premières minutes du long Allegro moderato. Cependant, rapidement elle suit une direction qui a pu déconcerter les contemporains de Chopin. Le "roi des romantiques" a énormément travaillé cette œuvre, ce qui se sent à l’écoute du premier mouvement, complexe et comme torturé.

    On applaudira la technicité des deux interprètes dans le jeu de cette sonate pour violoncelle et piano aux nombreuses lignes mélodiques. Chopin avait ces mots au sujet de cette pièce : "Je suis tantôt content, tantôt mécontent de ma sonate avec violoncelle. Je la jette dans un coin et puis je la reprends. La réflexion vient ensuite et l'on rejette ou l'on accepte ce qu'on a fait. Le meilleur des critiques, c'est le temps ; et la patience le meilleur des maîtres." Plus enjoué et dansant, le Scherzo se veut à la fois lyrique et vivant. Dans la grande veine romantique, le Largo se déploie avec une majesté des plus sombres. C’est un Chopin à la fin de sa vie qui s’exprime ici – il a pourtant à peine 36 ans ! La Sonate op. 65 se termine avec un Finale luxuriant et aux nombreuses lignes mélodiques. David Louwerse et François Daudet y déambulent avec bonheur, assurance et virtuosité. Voilà un Chopin tardif étonnant et d’une grande modernité.

    L’album se termine avec la troisième des Consolations, Lento quasi recitativo de Franz Liszt. La poésie, les lumières et les couleurs du génial pianiste et compositeur hongrois baignent cette pièce jouée avec délicatesse et profondeur par deux interprètes décidément romantiques dans l’âme. 

    David Louwerse (violoncelle) & François Daudet (piano), Les sublimes romantiques,
    Strauss, Chopin et Liszt
    , Indésens Calliope, 2024

    https://indesenscalliope.com/boutique/les-sublimes-romatiques
    https://www.bs-artist.com/pages/communication

    https://www.david-louwerse.com
    https://francoisdaudet2.wixsite.com

    Voir aussi : "Bouquets de Fauré"

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  • Top 10 de Bla Bla Blog en 2024

    Comme chaque année, Bla Bla Blog propose son top 10 des publications phares de cette année, celles qui ont fait le buzz et celles qui sont les plus populaires. Comme souvent, elles sont représentatives de Bla Bla Blog, le site des découvertes culturelles et artistiques. Qu’y trouve-t-on dans ce florilège ? Rimbaud et son actualité poétique autant que technologique (certes très critiquable !), de la musique avec du jazz (très bien représenté) mais aussi Gabriel Fauré dont nous fêtions en 2024 les 100 ans de sa mort. La chanson et la pop ne sont pas en reste, pas plus qu’une série télé que nous avons trouvé formidable ! Et pour épicer le tout, du sexe, avec un roman à ne pas mettre entre toutes les mains… Bref, il y a de tout pour faire un monde, et c’est très bien comme ça. 

    10/ "Un sacre pour Bobbie"

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    Les influences de Bobby s’appellent Joni Mitchell, Dolly Parton ou Bob Dylan. Un opus en anglais où la pop (Last Ride, Back Home) fait la part belle à la country, à l’instar du morceau Losing You qui ouvre ce délicieux album ou encore le formidable et enlevé The Sacred In The Ordinary qui lui donne son nom…"

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    9/ "Du classique, et que ça jazze !"

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    L’opus commence par un véritable tour de force. En l'occurrence, Gabriel Fauré et son Requiem en mode jazz, avec une "Introduction" et un "Kyrie", moins funèbre que sombre et mélancolique. On peinera à retrouver l’aspect liturgique de ces premières Impressions. L’"Agnus Dei" sonne comme un chant d’amour paisible, avec des improvisations au piano qui ont toute leur place. Le lyrisme du "Libera Me" originel est plus intimiste et personnel dans cette revisite. Plus paisible aussi. Une vraie libération, aurions-nous envie d’écrire. Les connaisseurs de Fauré et de son Requiem peineront sans doute à reconnaître l’œuvre originale, en particulier dans cet extrait, léger et rafraîchissant…"

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    8/ "Fauré, cent ans après toujours jeune"

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    En cette année Fauré (le compositeur est mort en 1924), Laurent Wagschal consacre une intégrale de ses œuvres pour piano. Pauline Bartissol le rejoint dans ses enregistrements consacrés au violoncelle et au piano. Au programme, les deux Sonates op. 109 et 117 pour violoncelle et piano et des pièces de musiques de chambre devenues universelles, à savoir la Sérénade op. 98, la célèbre Élégie op. 24, la Romance op. 69, la naturaliste pièce intitulée Papillon op. 77 et la délicieuse Sicilienne op. 78…"

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    7/ "Rimbaud, le vrAI du faux"

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    C’est sur les années 1870-1875 que se concentre la biographie de Luc Loiseaux, Rimbaud est vivant (éd. Gallimard), c’est-à-dire de son premier séjour à Paris – qui se termine en prison – jusqu’au décès de Vitalie, la jeune sœur de Rimbaud. Ce deuil marque aussi la fin de sa carrière littéraire…"

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    6/ "Regarde Andrea Ponti"

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    Son parcours personnel et artistique singulier lui a permis de créer des projets musicaux passionnants et attachants.

    L’artiste avait accordé une interview exclusive à Bla Bla Blog pour parler de son passé, de ses influences et de son actualité…

    Son actualité en cette fin d’été 2024 c’est un nouveau single, Regarde.

    Pour ce titre, la chanteuse s’est entourée des compositeurs Igit (Voila de Barbara Pravi) et Jonathan Cagne (Summer Body" d’Helena)..."

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    5/ "Haro sur Onfray"

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    Depuis le temps que le philosophe Michel Onfray truste les plateaux télé et propose sa "bonne parole", il fallait bien que quelques voix discordantes vienne susciter la polémique. C’est le cas avec cette Libre réponse à Michel Onfray proposé par les éditions Artège.

    Ce n’est pas un mais plusieurs ouvrages qui intéressent le philosophe et théologien Matthieu Lavagna : Traité d’Athéologie (2005), Décadence, Vie et Mort du Christianisme (2017) et Anima (2023). Le tort de Michel Onfray ? Affirmer que Jésus n’a jamais existé, ni plus ni moins, et que sa vie n’est jamais qu’un mythe. C’est la "thèse mythiste", très ancienne, pour ne pas dire datée. Dès la préface, Matthieu Lavagna cogne, et dur..."

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    4/ "Nuit et lumières chez les Schumann"

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    Le troisième est Albert Dietricht, compositeur du premier mouvement Allegro. Les trois amis écrivent en 1853 cette sonate au nom étrange mais plein de sens : F.A.E. pour Frei Aber Einsam ("libre mais solitaire"). Elle a été offerte cette année-là au violoniste Joseph Joachim. Ce dernier l’a d’ailleurs joué, tout comme Clara Schumann…"

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    3/ "Les quatre fantastiques"

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    Elle se nomme Les Invisibles et se présente comme une passionnante saga policière. Nous suivons un groupe de quatre enquêteurs du Nord, sous la direction du commandant Darius. Il est secondé par l’expérimentée et râleuse Marijo, la jeune lieutenant fraîchement recrutée surnommée Duchesse, sans oublier Ben, un autre lieutenant, père de famille exemplaire capable de jouer des poings en cas de besoin.

    Ces quatre-là ont une semaine pour identifier des morts anonymes, surnommés des "invisibles". Une chasse à l’identité qui devient vite une course à l’assassin..."

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    2/ "Ma préférence à moi"

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    Son autrice, Éva Delambre fait partie de ces noms fameux de la littérature érotique, jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle interroge des thèmes de la soumission et de la BDSM.

    Plurielles nous propose une plongée plus vraie que nature dans un milieu vivant dans la discrétion.

    Éva Delambre en profite pour le désacraliser et de le faire découvrir, parfois dans toute sa crudité…"

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    1/ "Jazz-songs"

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    L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des Passantes le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".    

    On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette Jolie Môme, moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la Jolie Môme originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay…"

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    Voir aussi : "2014-2024 : Top 10 de Bla Bla Blog"
    "Top 10 de Bla Bla Blog en 2023"

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  • Bouquets de Fauré

    Pour terminer cette année 2024, quoi de mieux que de le faire avec Gabriel Fauré dont nous fêtons les 100 ans de sa mort. Une "Année Fauré", donc, et qui mérite ce Florilège proposé par Indésens. Les enregistrements proposés sur 2 CD s’étalent sur 50 ans, de 1974 à 2024.  

    La première partie de l’album est constituée du Quatuor pour piano et cordes n°2 op. 45 et de la première Sonate pour violon op. 13. Ces œuvres ont été enregistrées entre 2017 et 2024.

    Gabriel Fauré, dont la musique est parfois considérée à tort comme mièvre et trop classique, surprend par sa franche énergie et son audace romantique dans le Quatuor op. 45. L’ensemble constitué par Lauriane Corneille (piano), Hugues Borsarello (violon), Arnaud Thorette (alto) et Raphaël Perraud (violoncelle) restituent de concert la densité de cette pièce de 1886, en particulier l’Allegro molto moderato. La jeunesse, la vivacité et l’audace de l’Allegro molto frappent aux oreilles. On peut aussi parler d’efficacité du langage comme du sens mélodique du compositeur français. Ringard et dépassé, Fauré ? Sûrement pas à l’écoute du troisième mouvement Adagio ma non troppo, mystérieux, raffiné, élégant mais aussi doué d’une singulière modernité avec son piano central dans le quatuor (le jeu inspiré de Lauriane Corneille fait particulièrement merveille). Le finale Allegro molto achève de nous convaincre de l’importance de cette pièce à la fois puissante et lyrique.

    Le premier CD est complété par la Sonate pour violon n°1 op. 13. Elle est jouée ici au violon par Tatiana Samouil, avec David Lively au piano. La gestation de l’œuvre a duré deux ans, de 1875 à 1877, avant de trouver sa forme définitive qui a immédiatement conquis le public. Fauré impose son style fait de recherches mélodiques, d’élégance mais aussi de virtuosité (Allegro molto). Il y a cette délicatesse et cette onctuosité propre à la musique française durant la Belle Époque (le léger et espiègle Andante). Fauré insuffle tout autant une fraîcheur bienvenue dans l’avant-dernier mouvement Allegro vivo avant un finale Allegro quasi presto, enlevé, joyeux et que le duo Tatiana Samouil-David Lively mène avec éclat.  

    De véritables tubes classiques

    La seconde partie de ce double-album de Gabriel Fauré est consacré à des pièces brèves, et pour certaines archi-célèbres. Mettons de côté le Chant funéraire op. 117, tardif (il a été composé en 1921), seul opus religieux de l’album et dont la retenue méditative renvoie à son chef d’œuvre qu’est le Requiem. Le Chant funéraire est ici proposé dans une version  de l’Orchestre d’harmonie des Gardiens de la paix, dirigé par Désiré Dondeyne. Mélodies et Romances dominent ce programme, dans des enregistrements s’étalant sur 50 ans. La harpiste Marie-Pierre Langlament et le violoncelliste Martin Löhr sont les interprètes majoritairement représentés.

    Le terme angliciste de best-of n’est pas galvaudé pour ce qui est un choix de musique de chambre, à telle enseigne que les curieux et curieuses désirant mieux connaître Gabriel Fauré seront bien inspirés de se précipiter sur ce double album, et en particulier sur le second CD passionnant.

    On image l’embarras pour ne pas dire le déchirement des programmateurs dans le choix des pièces. Remarquons cependant que la première Mélodie, op. 7 (Après un rêve), est proposée dans deux versions, l’une avec harpe et violoncelle (Marie-Pierre Langlament et Martin Löhr), l’autre, plus éclatante, avec trompette et piano (Eric Aubier et Pascal Gallet).

    De véritables tubes classiques sont évidemment présents, que ce soit la troisième Romance sans paroles op. 17, avec Alexandre Gattet au hautbois et le pianiste Laurent Wagschal – que les fidèles de Bla Bla Blog connaissent bien maintenant. Autre pièce majeure, La Sicilienne op. 78, toujours avec Marie-Pierre Langlament à la harpe et Martin Löhr au violoncelle. Citons aussi le léger et gracieux Papillon op. 77. Cette pièce revient plus loin dans une étonnante version pour euphonium (Lilian Meurin) et piano (Victor Metral). N’oublions pas non plus la Fantaisie op. 79 aux allures de danse fantasmagorique, avec Vincent Luca à la flûte et Emmanuel Strosser au piano ou la Romance op. 69 – romantique et mélodieuse à souhait.

    Des Huit pièces brèves op. 84, cinq ont été choisies. Laura Bennett Cameron au basson accompagnée de Roger Boutry au piano en proposent deux, le Caprocioso de la n°1 et l’Improvisation de la n°5, adaptés pour cet instrument à vent séduisant et de plus en plus en vogue. Absolument immanquable ! Marie-Pierre Langlament et Martin Löhr sont de retour pour la délicate Sérénade op. 98. L’Élégie op. 24 ne pouvait pas ne pas figurer sur l’album. Elle est proposée dans une version pour harpe et violon.

    Marie-Pierre Langlament et Martin Löhr – encore eux – viennent conclure ce programme avec de nouveau les Romances sans paroles op. 17. Outre le retour de la 3e Romance, Andante moderato, figurent la 1ère Andante quasi allegretto et la 2e Allegro molto. Tout l’esprit de Fauré est là : lignes mélodiques irrésistibles et expressivité tout en retenue.

    Voilà un double-album capital pour découvrir ou redécouvrir la musique de chambre d’un compositeur capital. 

    Gabriel Fauré, Florilèges, Indésens Calliope, 2024
    https://indesenscalliope.com
    https://www.bs-artist.com/pages/communication

    Voir aussi : "Bonnes chansons de Fauré"
    "Élégies pour Fauré"
    "Fauré, cent ans après toujours jeune"

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  • Caroline Leisegang ressort de l’ombre

    Encore peu connue en France, Caroline Leisegang le restera-t-elle longtemps ? Voilà d’emblée la question que l’on se pose à l’écoute de son cinquième album, Comes The Night. La compositrice sud-africaine a sorti cet automne ce passionnant, vibrant et poignant opus.

    Connue grâce à son premier album Øyeblikkin en 2015 et forte de ses millions de streams, Caroline Leisegang a fait le choix ici du piano solo, des cordes…. et de la simplicité, y compris dans l’écriture. La violoncelliste Clare Vendeleur l’accompagne dans ce récit musical, avec une introduction (Beginning) et une fin (End).

    La compositrice sud-africaine prend par la main l’auditeur et l’auditrice pour son opus à la fois harmonique et minimaliste. Chaque note est choisie avec soin. La rencontre du violoncelle et du piano dans Enter Caroline donne à entendre une musique de chambre de notre époque. Une impression confirmée avec et autre titre, I Was Once A Prelude.

    Si la nuit vient, pour reprendre le titre de l’opus et du troisième mouvement, elle n’est ni lugubre ni terrorisante. On la dirait apaisante et mélancolique (Comes The Night).  

    Ronde enchantée

    Caroline Leisegang a fait le choix de morceaux brefs qui rendent d’autant plus efficaces son langage. Écouter le court BlackBird At Dawn c’est observer ces merles dès l’aube, avec discrétion pour ne pas les déranger, avant de les voir décoller ; mieux, de les accompagner dans le début de leur voyage. Ce morceau naturaliste convainc par sa retenue et son efficacité.

    Il y a de l’engagement environnemental dans cet autre mouvement au titre évocateur : When The World Won’t Keep Still (littéralement : "Quand le monde ne reste pas immobile"). Après un début apaisé, le mouvement s’accélère et devient nerveux, laissant entendre une sourde inquiétude. 

    Arrêtons-nous aussi sur l’un des meilleurs titres de l’opus. Il s’agit de Victorine, le morceau le plus long de l’album et pour lequel Caroline Leisegang avoue un attachement personnel. C’est une ronde enchantée que propose la musicienne sud-africaine mais où l’inquiétude et la nostalgie ne sont pas absents. On reproche souvent à la musique contemporaine sa froideur et sa technicité. Rien de tel ici. Victorine est un authentique joyau happant et envoûtant nos oreilles.   

    Contre toute attente, c’est avec un titre relativement long (4 minutes 29) que se termine le cinquième album de Caroline Leisegang. Voilà une fin (End) envoûtante en forme de bilan apaisé. La nuit reprend ses droits, avec douceur et stoïcisme. Mais non sans regret.

    D’ailleurs, du regret il n’y en a aucun dans la découverte de la compositrice sud-africaine. Cette œuvre personnelle la place déjà parmi les musiciennes actuelles sur qui il faut compter. 

    Caroline Leisegang, Comes The Night, A reintroduction of Caroline Leisegang, Xhap Xhap, 2024
    https://carolineleisegang.com
    https://www.instagram.com/carolineleisegang_music
    https://wildkatpr.com/caroline-leisegang-releases-her-fifth-studio-album-comes-the-night 

    Voir aussi : "La Bohême, la Bohême…"
    "Trio percutant"
    "Les couleurs musicales d’AyseDeniz"

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  • Rita Strohl en robe de chambre

    Depuis quelques années, la musique classique revoit de fond en comble son catalogue avec un objectif remarquable : découvrir, redécouvrir et mettre en lumière des compositrices que l’histoire a oubliées. Parmi celles-ci, il y a Rita Strohl (1865-1941). La Boîte à Pépites s’est penchée sur cette musicienne française en proposant de nouveaux enregistrements via une série de coffrets.

    Sa musique de chambre fait l’objet d’un deuxième volume (il en comportera trois), avec des interprètes passionnés qui se sont penchés sur une œuvre rare mais d’un très grand intérêt. Il convient de citer les - jeunes - musiciennes et musiciens (car quelques hommes sont aussi de la partie) qui se sont attelés à la tâche de ressusciter une compositrice oubliée. Citons ces interprètes qui se sont lancés dans cette belle aventure : les violonistes Raphaëlle Moreau, Shuichi Okada, Alexandre Pascal, les altistes Léa Hennino, Claudine Legras, les violoncellistes Héloïse Luzzati, Edgar Moreau, Aurélien Pascal, la contrebassiste Lorraine Campet, le clarinettiste Nicolas Baldeyrou, les pianistes Célia Oneto Bensaïd (dont nous avons déjà parlé sur Bla Bla Blog) et Tanguy de Williancourt, avec également le Quatuor Dutilleux pour être complet.

    À la lisière du XIXe et du XXe siècle, la carrière de Rita Strohl épouse à la fois le classicisme français, le romantisme finissant (La Grande Fantaisie sur le premier CD) et le modernisme révolutionnaire qui est certes peu présent dans ce deuxième coffret. Une vraie belle découverte que celle de Rita Strahl qui nous fait dire que décidément parler de "sexe d’une œuvre" n’a pas grand sens. Le Moderato de La Grande Fantaisie nous entraîne, sous forme d'une valse, dans les salons français, encore tout imprégnés de classicisme mais aussi d’influences folkloriques qui en font une singulière composition. Rita Strohl n’oublie pas Bach, comme pour remettre l’église au milieu du village.  

    L’intimité le dispute à la légèreté dans le Septuor en ut mineur de 1890, avant une Romance surfant sur le mystère, l’onirique et la langueur. Cela fait de ce mouvement un joyau à ne surtout pas manquer et digne de figurer comme un des futurs grands tubes de la musique classique – on se plaît à rêver de l’utilisation qu’en ferait un réalisateur pour une BO. 

    Rita Strohl n’oublie pas Bach, comme pour remettre l’église au milieu du village

    Il y a de la légèreté, de la grâce et de l’enfance dans cet autre opus nommé Arlequin et Colombine. Les instruments se répondent avec une harmonie au service d’un discours amoureux (Allegretto quasi andantino) teinté de mélancolie (Andante).

    Rita Strohl soigne un univers musical bien à elle passant, dans le Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano (2e CD du coffret), du pathétique au romantique, avec des envolées jeunes et joyeuses (Scherzo), de la virtuosité enthousiasmante et où la patte de Bach ressurgit (Thème et variations – Andante).

    L’auditeur sera capté par la texture soyeuse du Deuxième Trio en ré mineur admirablement servi par Raphaëlle Moreau, Edgar Moreau et Tanguy de Williencourt (Andante sostenuto – Allegro). L’auditeur découvrira tout autant le prenant Andante, "très mystérieux" comme l’indique ce deuxième mouvement. Plus romantique que cela, il n’y a pas. C’est un final coloré qui vient conclure ce formidable Trio, une vraie belle et géniale découverte de Rita Strohl.

    La violoniste Héloïse Luzzati et la pianiste Célia Oneto Bensaïd apportent un supplément d’âme supplémentaire à ce deuxième CD avec Solitude, une Rêverie pour piano et violoncelle datant de 1897. L’ombre de Gabriel Fauré plane sur cette courte pièce à la puissante mélancolie. On est là au cœur de la musique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. La belle prise de son saisit au mieux la rondeur du violoncelle et le jeu tout en contrastes et en densité de Célia Oneto Bensaïd.  

    C’est singulièrement sur le CD 3 que l’on retrouve le Premier Trio pour piano, violon et violoncelle date de 1894. La compositrice a choisi de nommer les deux premiers mouvements, en plus des indications habituelles. Le premier mouvement, "Les adieux et le départ", est joué allegro. Voilà une scène d’adieu inhabituellement joyeuse. Invitation à se revoir ou bien plaisir de se retrouver seul ? On  laissera l’auditeur choisira ce que Rita Strohl souhaitait mettre en musique. Le deuxième mouvement, Adagio cantabile, est intitulé "Prière". Il est vrai que le contraste avec la partie précédente est saisissant. Les notes glissent et montent avec grâce, servies par une mélodie au majestueux classicisme.

    Le Quatuor Dutilleux est à la manœuvre pour nous faire découvrir le délicat Quatuor à cordes daté de 1885. Après le très court et grave Allegro ma non troppo, nous voilà partis dans un thème et des variations (Moderato) qui nous séduisent par le choix d’un mouvement passant de la séduisante mélopée aux accents baroques à la joyeuse danse devant des esprits capricieux. Voilà qui fait de ce passage un écart de la compositrice française vers la modernité.

    Celia Oneto Bensaïd vient conclure ce très beau coffret consacré à la musique de chambre de Rita Strohl avec la Musiques sur l’eau datant de 1903. L’ombre de Debussy plane sur cet opus en trois mouvements (Jeux de naïades, Barcarolle et Orage). Le jeu de la pianiste française séduit par sa simplicité, sa grâce et ses ondulations pleines de finesses, de naturel… et de naturalisme. Voilà qui permet de clore en beauté une rétrospective passionnante sur une compositrice trop vite oubliée et qui renaît aux oreilles de l'auditeur de 2024, 80 ans après sa mort. 

    Rita Strohl, Une compositrice de la démesure, Volume 2,
    Musique de chambre, La Boîte à Pepites, 2024, 3 CD

    https://elleswomencomposers.com
    https://www.presencecompositrices.com/compositrice/strohl-rita

    Voir aussi : "Album univers"
    "Résurrection"

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