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  • Ophélie Gaillard sous les auspices de Ginastera et Piazzolla

    Ce sont des histoires de tangos que nous propose Ophélie Gaillard dans son dernier double album, Cello Tango. Voilà qui peut paraître surprenant de la part d’une violoncelliste abonnée au répertoire classique, que ce soit Fauré, Bach, Chopin ou Brahms. C’est par contre oublier que la musicienne s’intéresse à la création contemporaine depuis des années et ne dédaigne pas faire des passerelles entre les différents genres.

    Ophélie Gaillard confie que l’idée de ce projet vient de son idée de mettre en lumière le répertoire du compositeur argentin Alberto Ginastera (1916-1983), présent dans plusieurs œuvres, La Puneña n°2 op.45, La Pampeana n°2 op. 21 et deux chansons (Canciones op. 3).

    Commençons donc avec ces œuvres dont le modernisme, certes sombre ("Harawi", Puneñas n°2), pourra désarçonner dans un opus consacré au tango. Ophélie Gaillard offre une entrée passionnante dans l’œuvre du compositeur argentin relativement peu connu dans nos contrées. On ne taxera pas la musicienne de facilité. Alberto Ginastera mérite cependant que l’on se penche sur son œuvre. Il a su s'inspirer de la musique de son pays tout en l’ancrant dans la modernité, avec des rythmes carnavalesques à la fois endiablés et désespérés menés par une Ophélie Gaillard solide et et expressionniste ("Wayno Karnavalito", Puneñas n°2). Plus mystérieuse encore est la Pampeana n°2, avec son court mouvement Lento rubato, précédant un Allegro au rythme de tango revisité et fiévreux. La musicienne qui se met au service d’un compositeur disparu il y a plus de 40 ans et, pourtant, tellement actuel ! Une nouvelle preuve s’il en est avec le pathétique Lento ed esaltato, en forme de chant funèbre. N’est-ce pas l’Argentine abîmée par la dictature militaire des années 60 à 80 qui s’exprime ? Alberto Ginastera a d’ailleurs vécu la censure puis l’exil. Le court Allegro vivace vient clore cette Pampeana, un mouvement sombre mais qui se veut aussi un appel à la vie et à la liberté. Comment rester indifférent au travail et à l’art d’un musicien argentin contraint de suivre de loin les affres de son pays ? Nahuel di Pierro vient interpréter dans le second CD deux chansons des Canciones op. 3 d’Alberto Ginastera. La nostalgie et la mélancolie cachent mal mal la douleur du déchirement natal (Canción al árbol del olvido), même si le désespoir ne peut se cacher trop longtemps (Canción a la luna lunanca).

    La danse la plus sensuelle et en même temps la plus existentielle qui soit

    Le tango, la danse la plus sensuelle et en même temps la plus existentielle qui soit, est représentée dignement par Astor Piazzolla. Inévitable. L’album rassemble des standards de tangos du célébrissime compositeur. Ophélie Gaillard aurait eu bien tort de ne pas s’en emparer, que ce soit Milonga for Three, Fuga y misterio derrière lequel se cachent les influences de Bach, le délicat Viage de bodas ou encore le désormais classique air de María de Buenos Aires, "Yo soy María", interprété avec conviction et tempérament par Inès Cuello. L’auditeur découvrira sûrement ce singulier titre de Piazzolla qu’est Vayamos al diablo, faisant se rejoindre tango traditionnel, rythmiques traditionnelles et facture moderne. Il faudra tout autant s’arrêter sur l’ambitieuse pièce Las Cuatro erstaciones Porteñas : Otoño porteño. Ces Estaciones porteñas constituent une suite en quatre parties, appelées "Saisons" – été, printemps, automne et hiver. Une œuvre réaliste et un hommage à Buenos Aires par le génie argentin. 

    Piazzola est présent dans le second disque du double album, avec le magnétique Milonga sin palabras, l’irrésistible et sensuel Regreso al amor, le sombre La Muerte del Angel et le désormais classique Oblivion, arrangé par William Sabatier et qu’interprète Agnès Jaoui.

    Hormis Ginastera et Piazzolla, on retrouvera dans ce convaincant opus de tangos des œuvres d’autres compositeur et compositrices. L’enregistrement débute d’ailleurs avec le pianiste argentin Osvaldo Pugliese (1905-1995) avec sa Negracha arrangée par William Sabatier.

    Le Volver d’Alfredo Gardel et d'Alfredo Le Pera est présent, comme de juste, mais singulièrement sans ses paroles, ce qui permet de s’arrêter sur la qualité de la composition musicale – et en particulier sur le dialogue entre le violoncelle d’Ophélie Gaillard et le bandonéon de Juanjo Mosalini.

    L’auditeur ou auditrice découvrira sans doute la compositrice Rosita Melo (1897-1981), présente dans l’album avec un de ses airs, la séduisante et mélancolique valse Desde el alma. Une autre compositrice a les honneurs de l’enregistrement, Mercedes Sosa (1935-2009). Celle que l’on surnommait "La Negra" est connue en Argentine comme chanteuse s’intéressant au folklore de son pays. Elle est présente dans l’album dans une de ses pièces, La Zafrera, ici interprétée en instrumental avec le violoncelle vibrant et vivant d’Ophélie Gaillard.  

    Dernière découverte de ce côté de l’Atlantique, celle de Julián Plaza (1928-2003), homme à tout faire du tango, proche d’Osvaldo Pugliese, musicien admiré, bandonéoniste, arrangeur génial, chef d’orchestre et ici compositeur. Avec Nocturna, arrangé par Juanjo Mosalini, il suit les pas de Piazzolla, mais tout en gardant son identité propre. Cette pièce séduit par sa liberté, son espièglerie mais aussi son attachement aux rythmes et musiques traditionnelles argentines.    

    L’album ne pouvait se terminer que par un standard – avec un grand "S" –, à savoir La Cumparsita de Gerardo Matos Rodríguez. Quelques coups de talons rythmés pour saluer ce programme argentin, séduisant et revivifiant ! Merci, Ophélie Gaillard, qui répondra très prochainement et en exclusivité, aux questions de Bla Bla Blog !

    Ophélie Gaillard, Cello Tango, Aparté, 2025
    https://www.ophelie-gaillard.fr
    https://www.facebook.com/opheliegaillard.cello
    https://www.instagram.com/ophelie.gaillard
    https://apartemusic.com/fr/album-details/cello-tango

    Voir aussi : "Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary"

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