Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musiques

  • Si la musique m’était contée

    Il faut d’abord saluer la bonne idée de cet album entièrement consacré à des contes mis en musique par Dana Ciocarlie au piano et Vincent Figuri en récitant. Ajoutons pour être complet la participation du violoniste Christophe Giovaninetti et du clarinettiste Philippe Cupper.  

    Avant de nous intéresser à Ma Mère L’Oye, le chef d’œuvre de Ravel, parlons du premier conte de l’opus, aussi peu connu que son compositeur. Nikolaï Tcherepnine (1873-1945) a terminé Le Conte du pêcheur et du poisson en 1917, juste avant son exil de la Russie communiste. Il a mis en musique un texte de Pouchkine, souvent mal traduit par Le Petit poisson d’or. Cette histoire de poisson magique, d’un pêcheur bon et sage et de sa femme acariâtre a été mise en musique dans un style romantique typique de la la musique russe de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le talent de conteur de Vincent Figuri hypnotise dans ce joli conte moral, à découvrir absolument dans cet enregistrement de Salamandre.

    C’est Vincent Figuri qui a écrit le texte pour Ma Mère L’Oye. Il est vrai que cette petite merveille de Maurice Ravel (1875-1937) ne pouvait pas être absente du programme de l’album. Pour cette composition délicate et instrumentale datant des années 1908-1912, Vincent Figuri a imaginé quatre textes autour des figures légendaires de La Belle au bois dormant, du Petit Poucet (également présent plus tard dans l’opus), de Laideronnette et de la Belle et la Bête. Le talent de narrateur de Vincent Figuri est porté par des musiciens respectant la composition hyper sensible de Ravel, en particulier dans cette merveille qu’est Le jardin féerique – sans texte.

    "Ah! pauvre petite innocente, que de transes, que d'angoisses pour ce premier aveu d'amour"

    Reynaldo Hahn (1874-1947) a 18 ans lorsqu’il compose son délicat Clair de lune, vraiment typique de cette musique française des années 1890-1900. Sur des mélodies simples, Louis Montégut a imaginé un texte à la fois naïf et romantique – et non sans humour – sur deux jeunes gens s’éloignant pour batifoler en paix. Mais, même au milieu d’une nature plus bruyante qu’on ne le croie, s’aimer est-il encore possible ? "Ah! pauvre petite innocente, que de transes, que d'angoisses pour ce premier aveu d'amour."

    La mère et l’enfant d’Edouard Lalo (1823-1892), de la même période, doit sa présence à son titre. Ces deux pièces instrumentales ont été transcrites par Florent Schmitt (dont on regrette qu’il soit toujours si méconnu) pour le violon et le piano. Elles ont la particularité de ne pas être accompagnées de textes. L’auditeur ou l’auditrice gouttera le travail de mélodie et la facture néo-romantique de ces deux morceaux rares.  

    De Marcel Landowski (1915-1999), on connaît surtout son conte La Sorcière du placard aux balais. Or, c’est une œuvre moins connue qui est proposée ici, à savoir une déclinaison du Petit Poucet : Le Petit Poucet joue du piano. Dans le livret de l’album, Vincent Liguri précise que Landowski propose ici une composition à vocation ludique autant que pédagogique. "Chaque pièce développe un travail sur les gammes, le jeun détaché, le legato, les notes répétées…" Cela donne une version du Petit Poucet étonnante et très moderne, par un compositeur contemporain qui a toujours revendiqué son attachement à la musique classique, tonale et à sa liberté. Voilà qui est parfait pour clore cet enregistrement attachant et qui restera longtemps dans les têtes.

    Tcherepnine, Ravel, Hahn, Lalo et Landowski, Contes
    (Conte Du Pêcheur Et Du Poisson - Ma Mère L’Oye,
    Au clair de lune, La mère et l’enfant, Le Petit Poucet joue du piano)
    ,
    Dana Ciocarlie (piano) et Vincent Figuri (narrateur), Salamandre, 2025

    http://www.salamandre-productions.com
    http://www.vincentfiguri.eu
    https://www.danaciocarlie.com

    Voir aussi : "Satie Cool"
    "Loïe Fuller sur les pas de Salomé"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Musique des sphères avec Nathan Henninger

    C’est avec le Scoring Berlin Orchestra que Nathan Henninger a enregistré en 2023 l’une de ses dernières créations, ses Cinq scènes pour orchestre. L’auditeur ou l’auditrice trouvera dans cette œuvre de beaux et romanesques moments – on n’emploiera pas le terme de "romantique", quoique…

    Après un court et méditatif prélude (Horn), l’orchestre semble surgir du néant pour se déployer avec mystère (Scène 1, Misterioso). Le compositeur canadien prend son temps pour plonger dans un univers vaste et d’une belle ambition, en dépit d’une durée relativement courte de ses suites (cinq minutes tout au plus). La Scène 2, plus majestueuse (Maestoso) grâce à son apport des cordes, devient méditative, comme si nous étions, avec le compositeur et chef d’orchestre, dans l’observation des étoiles. 

    Ses suites sont aussi bien sonores que visuelles

    Car, oui, il s’agit bien ici d’une musique des sphères qui nous est proposée dans ce très bel album aux couleurs luxuriantes et à la belle densité (Scène 3, Brightly). L’atmosphère n’en reste pas moins inquiétante. Nathan Henninger a composé pour le cinéma et la télévision, ce qui n’étonne pas ici : ses suites sont aussi bien sonores que visuelles. C’est simple : on voyage dans un maelstrom de rythmes, de sonorités… et de couleurs (Scène 4, Misterioso). L’influence des grands compositeurs romantiques russes est tout autant manifeste dans ces fascinantes Suites.  

    La Scène 5, Gently propose, avec son dialogue entre l’orchestre et les bois, une descente en douceur après un périple dans les confins de l’univers. Une musique des sphères, vous disais-je…

    Saluons pour terminer la conception visuelle de ce très beau disque conçu par Martin Rowsell, avec en particulier une peinture de Torsten Wolber qui apporte un moment de grâce supplémentaire. Préférez donc la version physique aux versions dématérialisées. Les artistes vous en remercieront chaudement ! 

    Nathan Henninger, Five Scenes For Orchestra, Natechet Music Llc, 2025
    The Scoring Berlin Orchestra, dirigé par Nathan Henninger
    https://nathanhenninger.com
    https://www.facebook.com/nathanhenningercomposer
    https://www.instagram.com/nathanhenningercomposer

    Voir aussi : "Lucia Micarelli a plus d’une corde à son arc"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Reboot sur le dur

    Pour une fois, soulignons dans Rester des hommes, le deuxième EP de Reboot, le travail de batterie de cet excellent groupe de rock. On est sur le dur dans leur mini-album intitulé Rester des hommes, à la fois sincère et engagé.

    Teardrop s’effarouche, en anglais, sur des sons de guitares, avec toujours cette batterie entêtante de Julien Giraud et un rythme qui, sans prétendre réinventer l’eau tiède, assume sa facture rock et ses influences ("Massive Attack cover", annonce d’ailleurs ce premier morceau).

    Le titre qui donne son nom à EP se veut engagé comme jamais, grâce aussi à un clip bienvenu, réalisé par Seb Houis. "La violence serait-elle à l’intérieur de nous ?" s’interrogent Kourros et ses amis dans Rester des hommes. "La question est vite répondue", comme le disait un philosophe (sic). Reboot appelle à "rester debout", explorer et demeurer libre. Un message universel asséné avec puissance.

    "La question est vite répondue"

    Puissance qui frappe d’autant plus si on pense au titre suivant, Ces Ombres Sur La Scène, émouvant portrait d’une danseuse travaillant avec acharnement pour un "art difficile", au risque de l’échec. Se battre, tomber, se relever. On sera d’autant plus sensible de voir un groupe de rock s’attaquer à la danse, un art a priori si diamétralement opposé.

    L’EP revient avec un dernier titre rock, Quand 2 et 1. L’amour, le couple et une histoire personnelle vécue à deux. Les guitares de Nicolas Dutaut et Jos, la voix de Kourros et les percussions de Julien Giraud sont au service d’un morceau plus intimiste qu’il ne paraît. Le tout, sans renier les essences du rock. Du vrai. 

    Reboot, Rester des homme, 2025 
    https://www.youtube.com/@rebootofficiel9163/featured
    https://www.facebook.com/rebootofficiel
    https://www.instagram.com/reboot.officiel

    Voir aussi : "Italianna crooneuse"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Lucia Micarelli a plus d’une corde à son arc

    Ce qui frappe d’emblée dans l’envoûtant album Anthropology c'est la voix de Lucia Micarelli. Be My Husband, qui ouvre son nouvel opus, est une reprise d’un standard jazz de Nina Simone, adaptation lui-même d’un chant traditionnel afro-américain, Rosie. Pour cette fois, l’artiste étasunienne abandonne son instrument fétiche, le violon, pour préférer une interprétation dépouillée voix-percussions. Audacieux et bouleversant.

    Elle se saisit plus loin de l’archer pour un air traditionnel roumain, Rustem, dans lequel la violoniste part dans une danse endiablée, offrant du même coup un aperçu de sa virtuosité. On sera captivé d’une autre manière par son interprétation incroyable d’une mélodie du compositeur élisabéthain Thomas Tallis (1505-1585). Sacrée découverte que ce Third Mode Melody ! On pourrait dire la même chose du traditionnel Very Day I’m Gone, chant de départ, chant de deuil et chant de l’exil bouleversant, interprété par une Lucia Micarelli, comme habitée : "Oh, the very day I′m gone / You will know what train I'm on / You will hear the whistle blow 100 miles / Hear the whistle blow 100 miles". Sans doute l’un de mes meilleurs titres de l’album.

    Après un passage par le jazz, tout en rythme et en sonorités du sud américain (1B d’Edgar Meyer) puis par la folk avec une reprise pudique de Both Sides Now de Joni Mitchell, c’est du côté du classique que l’on retrouve la musicienne et chanteuse. Place, en l’occurrence, à un monument de Jean-Sébastien Bach, l’Adagio de sa première Sonate pour violon en sol mineur BWV 1001. Vous me direz qu’il s’agit là d’un morceau incontournable, certes difficile et demandant une grande dextérité. Voilà qui illustre en tout cas à la fois la virtuosité et l’ouverture d’une musicienne s’attaquant à tous les registres de ses cordes – vocales… et celles de son violon, bien entendu.

    Un incroyable album pluriel qui rend Lucia Minarelli si attachante et si unique

    Lucas Micarelli ne pouvait pas ne pas explorer le répertoire contemporain. C’est chose faite avec le Duo pour violon et violoncelle (partie III) de Zoltán Kodály (1882-1967). N’oublions pas non plus sa version des Red Violin Caprices de John Corigliano, thème et variations composés pour le film Le violon rouge, film oscarisé en 1999 et tombé hélas dans un relatif oubli – si l’on excepte toutefois justement sa BO, devenue un classique.

    Parlons aussi de ces deux autres airs traditionnels que sont Black is the Color of My True Love’s Hair, une ballade écossaise bien qu’elle ait été aussi utilisée de l’autre côté de l’Atlantique dans les Chansons folkloriques anglaises des Appalaches du Sud de Cecil Sharp. L’album se termine avec le délicat Careless Love qui avait été immortalisé le siècle dernier par Madeleine Peyroux. L’artiste américaine s’empare de cette "ballade du XIXe siècle et de standard du Dixieland". Voilà qui achève de faire d’Anthropology un incroyable album pluriel, fascinant et qui rend Lucia Minarelli si attachante et si unique. On adore !

    Lucia Micarelli, Anthropology, Vital Records, 2025
    https://www.luciamicarelli.com
    https://www.facebook.com/luciamicarelli
    https://www.instagram.com/theloosh
    https://www.youtube.com/@LuciaMicarelliOfficial

    Voir aussi : "Altiera : ‘L’amour existe peut-être ailleurs, dans un autre univers, une autre dimension’"
    "Pas de pépin pour Julien Desprez"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Altiera : "L’amour existe peut-être ailleurs, dans un autre univers, une autre dimension"

    Altiera fait partie de ces artistes qui nous magnétisent dès que l’on commence à les connaître. Elle vient de sortir son single Tant pis, dont Bla Bla Blog s’était fait l’écho. Il nous a donné envie d’en savoir plus sur cette musicienne au parcours atypique, passionnant et aux ambitions certaines.

    Bla Bla Blog – Bonjour, Altiera. Pouvez-vous présenter votre parcours en quelques mots ?
    Altiera – Je suis auteure, compositeure, interprète et productrice. J’ai commencé le piano quand j’étais petite puis je l’ai enseigné pendant plusieurs années. J’ai eu un Master 2 d’Histoire de l’Art et après avoir travaillé dans les musées et les galeries d’Art j’ai décidé de me lancer dans la musique. J’ai chanté dans les bars et aussi dans les sound system dans lesquels j’improvisais en chantant avec des rappeurs. J’ai publié 2 albums sous un autre nom de scène. Au moment du covid j’ai mis la musique en pause et j’ai travaillé sur un projet de peinture. Aujourd’hui je reviens à la musique avec un nouveau nom de scène et un nouveau projet. 

    BBB – Votre dernier single parle d’amour, mais d’amour déçu.  
    Altiera – Tant pis c’est une chanson qui m’a été inspirée par une phrase du film Interstellar qui dit : "De toutes les choses que nous percevons, seul l’amour transcende les dimensions temporelles et spatiales". Cette phrase a résonné en moi à un moment où je vivais quelque chose qui nécessitait que je lâche prise. Je suis passionnée d’astronomie et écrire cette chanson m’a apaisé en imaginant que l’histoire d’amour qui ne peut pas fonctionner au présent existe peut-être ailleurs, dans un autre univers, une autre dimension ou une autre vie. 

    "Un film d’amour musical"

    BBB –Quelles sont vos influences ? De quels artistes vous sentez-vous la plus proche ? 
    Altiera – J’ai des influences diverses, j’ai grandit avec le rock, la chanson française et les chants corses. Quand j’étais adolescente j’écoutais beaucoup de hip-hop, de R&B et de trip hop. Je pense qu’aujourd’hui je suis très influencée par tous ces styles, y compris par l’électro, le blues, la soul et la musique classique. Je suis une fan absolue de Björk, Sade, Lana del Rey, Barbara, James Blake, Asap Rocky, Gwen Stefani, Lauryn Hill, Laura Pausini, Radiohead et Norah Jones. En ce moment j’écoute beaucoup des artistes de la nouvelle scène R&B anglophone comme Snoh Aalegra, Rimon, Sinead Harnett, Sabrina Claudio, Alina Baraz et Naomi Sharon. 

    BBB – Un EP est prévu pour 2026. On connaît déjà le premier single, Tant pis. Quel sera l’univers de ce mini-album ? 
    Altiera – C’est un EP qui sera sous la forme d’un film d’amour musical. Ce projet parle d’Amour à 100% dans toutes les étapes de l’Amour; le coup de foudre, la rencontre, la beauté des sentiments mais aussi les peurs, la dispute, la rupture. C’est un projet que j’ai voulu complètement sincère quant aux sentiments, aux sensations, aux émotions et qui exprime la vulnérabilité à une époque où les écrans et les applications de rencontres tentent de faire croire que la vulnérabilité devient presque quelque chose de honteux. Je crois qu’aujourd’hui remettre l’amour, les sentiments et la vulnérabilité au centre c’est une forme de combat et de résistance. 

    BBB – Sur Bla Bla Blog, nous aimons parler de tous les arts ? Quels albums, films, séries et expositions vous ont le plus marqués dernièrement ?
    Altiera – Évidemment j’adore le film Interstellar et tous les films de Christopher Nolan et j’aime aussi les classiques du cinéma italien et américain comme L’Eclipse de Michelangelo Antonioni et Le Port de l’Angoisse de Howard Hawks. Dernièrement, j’écoute en boucle l’album de Rimon Children Of The Night et aussi le dernier projet de Naomi Sharon The Only Love We Know. L’été, j’aime écouter Karol G et bien sûr Bob Marley. D’ailleurs je crois que si je devais choisir un seul album à amener sur une île déserte ce serait sûrement un album de Bob Marley. 

    BBB – Merci, Altiera.

    Altiera, Tant Pis, Miyajima Records, 2025
    https://www.miyajimarecords.com
    https://www.altieraofficiel.com
    https://www.instagram.com/altiera_off

    Voir aussi : "Et l’amour, dans tout ça ?"
    "Italianna crooneuse"

    Photo : © Stéfanu Ciabrini

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Pas de pépin pour Julien Desprez

    Attention, les oreilles ! Avec Abacaxi, le projet audacieux et passionnant de Julien Desprez, la guitare est poussée dans ses derniers retranchements, au service d’une création contemporaine audacieuse, sinon inédite. L’album est tiré d’une captation publique au Périscope de Lyon le 24 janvier 2024.

    "Abacaxi", qui signifie "ananas" en brésilien, n’a rien d’un voyage latino. Par contre, le dépaysement est là, dans cette manière de s’approprier guitares et batterie bousculées, triturées, perfusées de rythmes rock et funk et au service d’un nouveau langage musical (Licasso).

    Impossible d’être indifférent aux sons incroyables de Julien Desprez, à la composition et à la guitare, et de ses deux acolytes que sont Francesco Pastacaldi (batterie) et Jean-François Riffaud (basse). Devant le public du Périscope, le programme Abacaxi semble se jouer des outrances des grands guitaristes des années 60 et 70 – Jimi Hendrix en tête – pour montrer justement que l’on pouvait aller beaucoup plus loin dans la virtuosité,  en mêlant rock, musique industrielle et contemporain (les trois parties de Quetzal). Cet art de faire tomber les barrières entre genre et gravement séduisant. Et déstabilisant.

    Julien Desprez va jusqu’au bout de ses idées, étirant les six mouvements de l’album (Mainstream Desire dépasse les 13 minutes) pour en sortir tout le jus de son ensemble guitare-batterie-basse au service d’une composition incroyable d’imagination et même de mystère. 

    "Musique cubiste"

    Pour définir l’album, Julien Desprez parle de "musique cubiste", "une musique où les éléments sont balancés dans l’espace… aucun de nous ne joue en même temps. Les sons se répondent dans un autre espace" et se répondent, non sans improvisation. On pense à la partie III de Quetzal. "On joue avec l’écriture pour prendre des libertés", ajoute, non sans malice et enthousiasme, Julien Desprez.

    "Abacaxi" fait référence, non sans humour, à une expression locale qui veut dire, en français, "Il y a un pépin" – d’ailleurs, si pépin il y a eu durant ce concert du 24 juillet 2024, il n’a été que technique et géré avec humour, chaleur humaine… et partages de bières. Le public du Périscope a-t-il être déstabilisée par ce projet musical audacieux, pour ne pas dire "savant" ? Et bien, non ! "Parfois, cela provoque des sortes de transes dans le public. Ça crie !", ajoute le musicien et compositeur, ravi que l’aspect festif et rythmé de son opus ait trouvé ses admirateurs et admiratrices (Churros).

    La musique contemporaine est-elle forcément chiante ? La réponse est évidente avec cet album proposé par b.records. Julien Desprez et ses amis font de la guitare et de la basse des instruments ayant toute leur place dans la création actuelle, nous interrogeant même sur les dialogues sonores entre musique savante et mainstream (le somptueux, envoûtant et non moins inquiétant Mainstream Desire). Il s’agit sans nul doute d’un album qui mérite de faire date dans sa manière de bousculer les genres et de repenser les instruments pop-rock dans la composition actuelle. Et tout cela, en rythme et dans la bonne humeur. Yeah !  

    Julien Desprez, Abacaxi, b•records, coll. Périscope, 2025 
    https://www.b-records.fr/disques/abacaxi
    https://www.juliendesprez.com

    Voir aussi : "Pas si frivole que ça"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Italianna crooneuse

    Bouffée d’air frais, de joie de vivre et de simplicité garantie pour cet album piano-voix mené par la chanteuse Kikka et le pianiste Oscar Marchioni. Idéal pour ce début d’été.

    Alegre Me Siento est leur 7e album, après 20 ans de collaboration entre jazz, soul et répertoire italien (Ultimo Caffè, Ie Nun Te Reggae Chiu’) : "C'est notre premier album en duo, on voulait mettre à nue notre complicité, notre synergie… En duo j'ai la possibilité de rechercher au mieux les possibilités et les nuances de ma voix."

    Le piano d’Oscar Marchioni met en valeur la voix de crooneuse de Kicca, capable d’alterner sensualité, séduction, espièglerie (Ie Nun Te Reggae Chiu) avec rythme (Stop And Go) et instants de mélancolies amoureuses (Sei), mais non sans moments graves et douloureux (le magnifique See Where Love Goes To Die), sinon tragiques (Sing About Heaven).  

    Bonheur, joie de vivre mais aussi amour forment l’ADN de ce séduisant album de jazz

    Le titre de leur nouvel opus, Alegro Me Siento – qui est aussi le titre du premier morceau –, ne saurait mentir : bonheur, joie de vivre mais aussi amour (Just Wanna Be Your Girl) forment l’ADN de ce séduisant album de jazz. Parlons d'amour et aussi d'amour qui finit mal. Même si séparation il peut y avoir, elle a des allures de libération ("Tomorrow i'm gone, no time for so longs, / Your lucky star, has now made it too far / And now it's me, and now it's time for me", Whoo You).

    Alegre Me Siento est une vraie bouffée de bonheur et de messages à la sérénité. En témoigne le joli titre The Way To Be Fine. Comment être heureux ? s’interroge Kicca : "Travaillez pour semer la beauté et oublier les difficultés, allongez-vous sous un arbre et respirez en silence, comptez les étoiles et faites des vœux d'amour" ("Work to Sow beauty and forget the hardships, / Lie down under a tree and breathe in silence, / Count the stars and make love wishes").

    C’est dans le swing que se termine l’album de Kicca et Oscar Marchioni (You Can’t Stop). Séduction et peps garantis. 

    Kicca & Oscar Marchioni, Alegre Me Siento, Inouïe Distribution / Cristal Publishing, 2025
    https://kicca.fr
    https://www.facebook.com/kiccaoscarmarchioniofficialpage
    https://www.instagram.com/kiccaoscarmarchioni

    Voir aussi : "Lucien Chéenne sous le soleil d’Astaffort"
    "Coquette comme Tuck"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Et l’amour, dans tout ça ?

    Partons à la découverte d’une nouvelle voix dans la chanson française. Celle d’Altiera.

    Elle vient de sortir son nouveau single Tant pis, alliage et alliance envoûtants de chanson française, de pop et d’électro.  
    S’il s’agit bien d’amour dans ce titre, il s’agirait d’un désir d’amour ou plutôt d’un amour possible… mais dans une autre vie : "Dans une autre vie / Dans un autre univers / On s'aime pour la vie / Et il y a pas de galère".

    L’auditeur et auditrice sera séduit.e par la voix chaleureuse et veloutée d’Altiera, servie par une musique très actuelle, rythmée et aux sonorités électros. L’artiste en a visiblement sous la pédale et on attend avec impatience la sortie de son EP prévu pour 2026. 
    Une jolie découverte. 

    Altiera, Tant Pis, Miyajima Records, 2025
    https://www.miyajimarecords.com
    https://www.altieraofficiel.com
    https://www.instagram.com/altiera_off

    Voir aussi : "Regard sur Loulia"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !