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  • Jazz-songs

    Lorsque la chanson française se pare de jazz, ça donne A French Songbook, un album du Antoine Delaunay Quintette, un ensemble mené par Antoine Delaunay, avec la chanteuse Mélanie Dahan en vedette, Gilles Barikosky au sax ténor, Marc-Michel Le Bévillon à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie.

    L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des "Passantes" le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".    

    On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette "Jolie Môme", moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la "Jolie Môme" originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay.

    L’une des grandes réussites de cet opus est "Cécile ma fille", que l’on trouve d’ailleurs dans deux versions. On connaît l’amour de Claude Nougaro pour le jazz. Il avait complètement sa place pour le quintette d’Antoine Delaunay. Mélanie Dahan navigue dans le morceau avec une aisance et une grâce que l’on peut saluer. 

    Hyper-modernisée et hyper-jazzifiée

    Julien Clerc est présent à travers son célèbre "Fais-moi une place", coécrit avec Françoise Hardy. C’est délicat, velouté et souriant ("Fais-moi une place au fond d'ton cœur / Pour que j't'embrasse lorsque tu pleures / Je deviendrai tout fou, tout clown, gentil / Pour qu'tu souries"), avec l’éclairage du piano d’Antoine Delaunay. Chanson d’amour également avec "Forteresse", écrite par Michel Fugain et Brice Homs et que Maurane a immortalisée ("L'amour est une forteresse / Dont les murs sont faits de promesses / C'est là que dorment les amants / Cachés de tout, cachés du temps"). La chanteuse belge est également présente avec une reprise de son titre "Balancer", un morceau romantique, dansante et sexy : "Balancer, valser, balancer jusqu'à toi / Balancer java de haut en bas / Balancer reggae, balancer bossa / Déboussole-moi, déshabille-moi".    
    L’auditeur s’arrêtera sans doute sur un titre plus étonnant car moins connu. Il s’agit du délicieux "Fontaine de lait" de Camille, déclaration d’amour comme il y en a peu, transformée en un titre jazz de fort belle facture : "Et voilà que je fais / Une fontaine de lui / Et voilà que je suis / Une fontaine de lait". 
    Deux créations d’Antoine Delaunay sont proposée dans l’opus. C’est "A vous qui naissez dans le rose", un morceau de chanson française jazzy, véritable hymne aux incompris, déçus et laissez-pour-compte. C’est aussi "Vingt ans encore", jolie déclaration amour bafouant le temps, toute en simplicité.  
    Le Quintette d’Antoine Delaunay offre une place à un standard de jazz, en l’occurrence, "Caravan" de Irving Mills, Duke Ellington, et Juan Tizol mais aussi le classique "Carmen", dans une version de Stromae, évidemment hyper-modernisée et hyper-jazzifiée.  
    A French Songbook se termine de la plus belle manière, avec le magnifique, ténébreux et bouleversant "La noyée", traitée cette fois avec des teintes claires… et bien sûr jazz. 

    Antoine Delaunay Quintette, A French Songbook, Inouïe, 2024
    https://antoinedelaunay.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100007180695186
    https://www.instagram.com/delaunay
    Le 02/03/24 à Chanteloup-les-Vignes, saison culturelle, quintet
    Le 16/03/24 au Sunside, Paris, quintet
    Le 20/04/24 à la Salle Edmond Desouches, Lucé, quintet
    Le 24/05/24 à Saint-Maur-des-Fossés, quintet

    Voir aussi : "Le pouvoir de consolation de Sarah Lancman"

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  • No Dames, no drames

    C’est une anthologie à la fois étonnante et engagée que propose le contralto Théophile Alexandre, accompagné du Quatuor Zaïde. Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf et Juliette Salmona sont évidemment au cœur d’un album singulièrement titré  No(s) Dames.

    Le propos de l’opus est de s’intéresser aux grandes héroïnes de l’art lyrique pour qui "dames" rimaient surtout avec "drames". Parmi ces femmes fatales, figurent Carmen (Bizet), Salomé (Strauss), La Reine de la Nuit (La Flûte enchantée de Mozart), Manon (Massenet), Eurydice (Orfeo Ed Euridice, Gluck), Violetta (La Traviata de Verdi) ou Dalila (Saint-Saëns).

    La principale singularité de l’opus est de "réunir 23 icônes opératiques de 17 compositeurs différents, dans un cadavre exquis musical reliant ces arias les unes aux autres, dérangeant leurs clichés de madones, de putains ou de sorcières, et dessinant en creux le portrait d’une seule et même idole masculine : la Dame, telle que fantasmée et imposée aux femmes par les hommes depuis des siècles, par-delà les cultures ou les continents."

    L’auditeur pourra trouver quelques grands tubes du répertoire classique, baroque et lyrique :  La Sonnambula de Bellini ("Ah! non credea", acte 2), La Force du Destin et La Traviata de Verdi, Bellini (Norma, I Capuleti E I Montecchi) ou le bouleversant "L'ho perduta" des Noces de Figaro de Mozart.

    Le chef d’œuvre qu’est "Youkali"

    La chanson de Solveig de Peer Gynt de Grieg sonnera doucement aux oreilles françaises qui retrouveront bien entendu la mélodie qui a inspiré "Lost Song" de Serge Gainsbourg.

    Théophile Alexandre s’épanouit avec panache dans des airs baroques, que ce soit l’Orfeo Ed Euridice de Gluck ("Odio, furor, dispetto", Armida d’Haydn ou Alcina d’Haendel ("Ah! Mio Cor"). On frissonne au son de Cavalli, "Dell' antro magico" (Il Giasone), avec cette expressivité servie par la voix puissante et tourmentée de Théophile Alexandre.

    Le quatuor à cordes féminin Zaïde s’attaque en instrumental à d'autres morceaux du répertoire classique :  le "Barcarolle" des Contes d'Hoffmann, le prélude d'I Masnadieri de Verdi, un autre prélude, celui de Samson et Dalila de Saint-Saëns et "La Reine de la Nuit" de La Flûte enchantée.

    Il faut aussi s’arrêter sur ces titres que sont l’étonnant extrait de La Pucelle d'Orléans ("Adieu, forêts") de Tchaïkovski, le tango "Yo soy María" tiré de María De Buenos Aires de Piazzolla, sans oublier, bien entendu, l’aria de l’opéra Zaïde de Mozart ("Tiger, Wetze nur die Klauen!").

    Dans cet album, il faut enfin ne pas passer à côté de ce chef d’œuvre qu’est "Youkali", le bouleversant tango tiré de l’opéra Marie-Galante de Kurt Weil.

    Un énorme vent de liberté souffle sur l’album de Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, avec le projet que, pour une fois, "drame" ne rime plus avec "dame".

    Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, No(s) Dames, 2022
    http://www.theophilealexandre.com
    https://www.quatuorzaide.com

    Voir aussi : "Emoción à tous les étages"

    Photo © Julien Benhamou

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  • Annulation du Carmen de la Fabrique Opéra Toulouse

    1706276907.JPGJ'avais parlé il y a peu du joli projet de la Fabrique Opéra de Toulouse.

    Les 3, 4, 8 et 9 mai 2016 le Zénith de Toulouse devait accueillir pour la première fois Carmen par La Fabrique Opéra Toulouse. Malheureusement, les organisateurs toulousains sont dans l’obligation d’annuler pour des rasions économiques le spectacle à la suite de la décision de La Fabrique Opéra nationale de rompre unilatéralement la convention qui les unissait depuis 2015.

    Les organisateurs toulousains communiquent et remercient l’ensemble des élèves et des établissements qui étaient impliqués depuis plusieurs mois à leurs côtés pour créer un spectacle hors du commun ainsi que tous les partenaires et mécènes qui les soutenaient.

    "Carmen ou Comment fabriquer un opéra"

  • Carmen ou comment fabriquer un opéra

    carmen.JPGRendre l’opéra accessible à tous est la petite ritournelle qui ne mange pas de pain et qui semble faire l’unanimité. Par contre, dès qu’il s’agit de la mettre en application…

    Depuis 2006, sous la houlette de Jacques Attali, La Fabrique Opéra a retroussé ses manches et s’est attelée à un projet qui mérite d’être salué. Le principe ? Monter un opéra de A à Z grâce à l’économie participative, au maillage associatif et à toutes les bonnes volontés. L’objectif est également de populariser un genre n’ayant – hélas ! – pas les faveurs des jeunes générations.

    Ce projet a démarré à Grenoble et entend bien essaimer partout en France et encourager la production d’opéras. En entendant Orléans courant 2016, La Fabrique Opéra Toulouse proposera quatre représentations de Carmen de Georges Bizet au Zénith de Toulouse les 3, 4, 8 et 9 mai 2016.

    Parler d’opéra collaboratif et populaire n’est pas un vain mot. Le concept de La Fabrique Opéra est d’ouvrir la création d’un opéra de A à Z à tous. Puisque le spectacle lyrique est souvent impuissant à faire venir de nouveaux publics, c’est ce nouveau public qui est invité à investir et gérer un domaine considéré – à tort ou à raison – comme élitiste.

    Monter un opéra : ce projet fou est désormais accessible à tous. Ainsi, à Toulouse près de 400 élèves issus de filières professionnelles, répartis sur 10 établissements de la région, sont chargés de créer de toute pièce un spectacle de Carmen : décors, costumes, coiffures, communication, selon leurs domaines de prédilection. La Fabrique Opéra peut s’enorgueillir d’accueillir parmi ses publics 50 % de néophytes et 30 % de moins de 40 ans (et 62 % viennent en famille) : des chiffres qui feraient pâlir les opéras Garnier, Bastille et consort.

    À cela s’ajoute un mode de financement original : 65 % du budget repose sur la billetterie. Le reste vient d’un mécénat très large – grands groupes, fondations, ministère de l’Éducation nationale, associations – mais aussi du crowdfunding. "Le modèle économique de La Fabrique Opéra permet de proposer des places au tarif moyen raisonnable (autour de 37€), soit moitié moins qu’un opéra traditionnel", apprend-on également sur le site de La Fabrique Opéra.

    Côté spectacle maintenant, les créateurs du Carmen qui sera produit à Toulouse, n’entendent pas mégoter sur la qualité. Stéphane Roche, du Capitole, de Toulouse, est chargé de la mise en scène l’opéra de Bizet. Stanislas de Monredon, chef d’orchestre de La Philharmonie de Toulouse, sera à la direction. Giuseppina Piunti endossera le rôle redoutable et sulfureux de Carmen. Elle côtoiera notamment Luca Lombardo (Don José), Julia Kogan (Micaëla) et Yann Toussaint (Escamillo).

    Une jolie distribution pour un projet ambitieux. Rarement l’expression "rendre l’opéra accessible" n’a paru aussi adéquate.

    Carmen de Georges Bizet, Zénith de Toulouse, 3, 4, 8 et 9 mai 2016
    http://www.lafabriqueopera.com