Un inconnu nommé Dupont (21/11/2025)

C’est sur un véritable tube que commence le dernier album de la pianiste Natacha Melkonian, à savoir le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy. La pianiste française, se produisant désormais à l’international, s’en empare avec ce qu’il faut d’élégance et de tact pour une pièce archi-jouée, demandant tout sauf de l’esbroufe. Une entrée en matière séduisante mais finalement peu étonnante.

La surprise vient avec la suite de son programme, à la fois audacieux et passionnant. Natacha Melkonian choisit en avant de mettre à l’honneur Gabriel Dupont (1878-1914), contemporain de Debussy, avec qui il partage d’ailleurs le goût pour des pièces "impressionnistes", aux subtiles couleurs. La pianiste a fait le choix de consacrer l’essentiel de son opus à La maison dans les dunes. Ce cycle datant des années 1907-1910 est composé de dix pièces tout à tour contemplatives (Dans les dunes, par un matin clair), naturalistes (Voiles sur l’eau, Le soleil se joue dans les vagues, une pièce joueuse et expressive), fortement empreintes de nostalgie (le mélodieux morceau La maison du souvenir ou le plus sombre Le soir dans les pins), mélancoliques (la bien nommée Mélancolie du bonheur) mais aussi avec je ne sais quoi de fantaisiste (Mon frère le Vent et ma sœur la Pluie). Au sérieux impénétrable de Debussy, on peut préférer la proximité et le caractère attachant de Dupont que Natacha Melkonian a la bonne idée de mettre à l’honneur.

Lyrique ? Oui. Mais aussi naturaliste et descriptif

Pour ce cycle paisible et méditatif, l’esbroufe est interdite. La pianiste l’a bien compris, qui se ballade avec naturel dans ces paysages sans doute normands – le pays d’origine du compositeur.

Si les peintres impressionnistes pouvaient avoir une BO, ce serait sans doute vers Gabriel Dupont qu'ils se tourneraient, compositeur plus moderne qu’on ne le dirait de prime abord (Le soir dans les pins). Dupont est maître dans l’art de retranscrire des paysages battus par le vent et la mer (Le bruissement de la mer, la nuit). Lyrique ? Oui (que l’on pense à la pièce Clair d’étoiles). Mais aussi naturaliste et descriptif (Houles), ce qui rend sa musique si immédiatement attachante, grâce ici au talent remarquable de Natacha Melkonian.

Parlons enfin des trois dernières pistes présentes dans l’album. Il s’agit de Correspondances. La première datée de 1906-1907, la deuxième de 1909-1913 et la troisième non-datée. Natacha Melkonian a fait le choix de lire des extraits de ces correspondances écrites par Dupont. Voilà qui nous fait connaître l’artiste de la manière la plus directe possible. Gabriel Dupont apparaît comme un compositeur plus vivant que jamais. Voilà une manière inédite de découvrir un artiste resté dans l’ombre de Debussy. Il était temps de s’y réintéresser. Merci à Natacha Melkonian et à Indésens.

Natacha Melkonian, La maison dans les dunes, Indésens Calioppe, 2025
https://indesenscalliope.com/boutique/la-maison-dans-les-...
https://www.instagram.com/natachamelkonian
https://linktr.ee

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00:00 Écrit par Bruno Chiron | Tags : natacha melkonian, gabriel dupont, debussy, classique, musique classique, piano, pianiste, sp | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |