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  • Maigret et les jeunes filles perdues  

    Sorti cette année et disponible en ce moment sur Canal+, "le" Maigret de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu était attendu au tournant à plus d’un titre. D’abord parce qu’un film de notre Gégé national est toujours un événement. Ensuite parce qu’une adaptation d’un Georges Simenon réserve très souvent des surprises, tant l’écrivain belge a bâti une œuvre exceptionnelle parvenant à fouiller l’âme humaine derrière le vernis de polars et d’enquêtes policières. Et puis, il ne faut pas oublier que Patrice Leconte, après son succès populaire des Bronzés, est parvenu à amadouer les critiques grâce au superbe Monsieur Hire, qui était déjà une adaptation d’un roman de Simenon. Ici, Patrice Leconte s’est attaqué à un autre livre, Maigret et la Jeune Morte, sorti en 1954.

    Sous le titre sobre Maigret, Depardieu endosse le célèbre commissaire parisien du 36 Quai des Orfèvres. Nous sommes dans les années 50. Une jeune femme sans identité a été retrouvée morte sur la Place Vintimille. Elle portait une luxueuse robe de soirée mais aucune pièce d’identité. Le policier commence une enquête peu ordinaire à la recherche d’abord du nom et de l’adresse de cette jeune femme mineure.

    Quant à Depardieu, il campe un Maigret avec une économie de moyens

    Des esprits chagrins ont pu regretter l’adaptation impeccable mais froide et académique de cette énième adaptation de Maigret. Mais que n’aurait-on dit à l’inverse d’une relecture biaisée d’une œuvre de l’auteur belge ? Et puis, soyons juste : Gérard Depardieu incarne un Maigret incroyable, sombre, puissant et d’une noirceur bouleversante. C’est à l’image de cette période post-seconde guerre mondiale, ce qui n’empêchait pas la bonne société parisienne de rire et de s’amuser. Que l’on pense à Jeanne, convolant en juste noce avec le "bien né" Laurent.

    Patrice Leconte respecte à la lettre le contrat moral qui le lie à Simenon, quitte à laisser dans l’ombre les personnages secondaires – si on excepte les formidables Betty (Jade Labeste) et Jeanine (Mélanie Bernier).

    Finalement, l’intrigue policière compte moins que le souffle tragique, pour ne pas dire métaphysique de cette histoire de jeune fille morte et quasi oubliée.  

    Quant à Depardieu, il campe un Maigret avec une économie de moyens. Le spectateur aura longtemps en tête la silhouette massive, l’imperméable ample et le chapeau vissé du tenace commissaire. L’affiche très réussie nous renvoie de manière subliminale, avec ce clin d'œil à la "ligne claire", du côté de la Belgique de Simenon et d’Hergé. Le film se termine sur cette image du policier déambulant dans les rues pavés de Paris et croisant une de ces nombreuses jeunes Provinciales, déracinées et perdues.   

    Maigret, polar franco-belge de Patrice Leconte, avec Gérard Depardieu,
    Jade Labeste, Mélanie Bernier, Clara Antoons, Pierre Moure, Aurore Clément,
    Anne Loiret, Bertrand Poncet, Élizabeth Bourgine, Hervé Pierre
    et André Wilms, 2022, 88 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/maigret/h/18144538_40099
    https://www.unifrance.org/film/52648/maigret

    Voir aussi : "Sombres pensées"

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  • Thomas Kahn, volcanique !

    Il souffle un peu de l’esprit de Marvin Gaye sur This Is Real, le deuxième album de Thomas Kahn. À l’écoute de "More Than Sunshine", le titre qui ouvre l’opus (et le conclue, avec une seconde version "radio edit" à la fin), voilà l’auditeur transporté du côté des États-Unis, période seventies, avec instruments acoustiques, cuivre, chœur et surtout la voix envoûtante du chanteur clermontois. This Is Real est le fruit de deux années de travail. Et ça se voit. 

    La filiation culturelle de Thomas Kahn est à la fois évidente et bluffante, tant le chanteur semble avoir fait ses gammes entre New-York et Detroit, en passant par Memphis. Si l’on parle de la Mecque du rock c’est que le musicien sait aussi se faire avec "Doomed The Start" plus brut, plus tranchant et plus incendiaire. En un mot plus rock.

    Il n’est pas insultant de dire que c’est du vintage pur jus que nous propose Thomas Kahn, si l’on pense au très réussi "Don’t Look At Me", à "Alone" ou à  "Stay Away",  un funk pop enlevé à la jolie construction et au rythme franchement dansant, porté par la voix chaude et puissant de l’interprète.

    Sans nul doute, This Is Real aurait réellement sa place dans une BO de Quantin Tarantino

    Cet autre morceau qu’est "Try To See Further" semble pareillement réveiller les cendres de James Brown grâce au travail mélodique, une interprétation sans faux-pli et une orchestration acoustique à l’avenant. Sans nul doute, This Is Real aurait réellement sa place dans une BO de Quantin Tarantino.

    Régressif et nostalgique, Thomas Kahn sait aussi se faire tendre et sensuel avec ses ballades "Hope" et le slow "It Won’t Be so Long", sans oublier le morceau pop-rock "Out Of The Blue".

    C’est la voix déchirée que Thomas Kahn propose un titre très personnel sous forme de ballade, "Brother I Miss You", avant de se lancer, comme une forme de résilience, dans une chanson d’amour, sucrée comme un baiser. C’est "I’m In Love", plus fort que tout.

    Finalement, c’est un pont entre les volcans d’Auvergne et le New York de Marvin Gaye que Thomas Kahn a su bannir. Et rien que pour cela, il mérite toute notre admiration.

    Thomas Kahn, This Is Real, Musique Sauvage, 2022
    http://thomas-kahn.com
    https://www.instagram.com/thomas_kahn

    Voir aussi : "Grand vent pour Julien Rieu de Pey"
    "À l’ancienne"

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  • Guillermo del Toro, entre Hitchcock et Twilight Zone 

    Dès l’ouverture des huit épisodes de la série Cabinet de curiosités, son créateur Guillermo del Toro lorgne clairement du côté de la Quatrième Dimension (Twilight Zone) mais aussi de la série Alfred Hitchcock présente qui ont fait les belles heures de la télévision dans les années 50 et 60.

    Cette nouvelle série de Netflix laisse cependant de côté la SF et le polar pour le fantastique. Guillermo del Toro, comme Rod Steiger et Alfred Hitchcock à leur époque, intervient au début de chaque épisode comme maître de cérémonie et aussi garant de la singularité des univers. Pour cette première saison, huit épisodes d’une durée d’une heure environ sont proposés. 

    Et quels univers ! Car, à côté d’histoires se passant à notre époque (Le Lot 36, L'Autopsie, La Prison des apparences), on voit l’influence des du gothique victorien (Rats de cimetière, Le Modèle,  Cauchemars de passage). L’influence d’Edgar Allan Poe, mais aussi HP Lovecraft qui voit deux de ses nouvelles adaptées ("Le Modèle de Pickman" pour l’épisode de Le Modèle et "Dreams in the Witch House" pour Cauchemars de passage).

    Des demeures hantées, des artistes maudits et des rats. Beaucoup de rats.

    Ce sont des histoires de monstres tapis, de revenants bienfaiteurs ou non, de personnages sataniques ou fous (ou les deux), sans oublier des demeures hantées, des artistes maudits et des rats. Beaucoup de rats.

    À la réalisation, Guillermo del Toro a fait appel à des réalisateurs et réalisatrices Ana Lily Amirpour, Panos Cosmatos, Catherine Hardwicke, Jennifer Kent, Vincenzo Natali, Guillermo Navarro, David Prior et Keith Thomas. Il a lui-même supervisé – et parfois scénarisé – ces histoires.

    Questions acteurs et actrices, citons F. Murray Abraham dans le rôle d’un médecin légiste en proie avec une créature surnaturelle, Kate Micucci dans celui d’une épouse taxidermiste humiliée et pas finie et Rupert Grint, endossant après son personnage de Ronald Weasley celui d’un homme ne parvenant pas à se faire à la mort de sa sœur.  

    Un tel concept, variant les plaisirs, présente le risque d’avoir des épisodes de qualités inégales. C’est la loi du genre, et Le Cabinet de curiosités n’y échappe pas. La Prison des apparences, avec cette histoire d’une Américaine moyenne tentant de s’intégrer dans une micro-société bourgeoise, est franchement réjouissante, avec un humour noir sanglant et une série de messages sur le féminisme et la société de consommation. On peut être moins sensible à L’Exposition et ce piège machiavélique tendu à quatre artistes de la fin des années 70. Ajoutez à cela une bonne grosse dose de gore et d'hémoglobine pour la majorité des épisodes. Personnes sensibles : s'abstenir.

    Mention spéciale pour La Murmuration et cette émouvante histoire de deuil au sein d’un couple d’ornithologues. Il y est question de morts mystérieuses, d’apparitions, de bruits étranges, d’une maison hantée et aussi d’oiseaux. Ne parlions nous pas d’Alfred Hitchcock en début de chronique ?

    Cabinet de curiosités, série fantastique américaine de Guillermo del Toro
    avec Guillermo del Toro, Lize Johnston, Kevin Keppy, Tim Blake Nelson,
    Sébastien Roché, David Hewlett, F. Murray Abraham, Glynn Turman,
    Kate Micucci, Ben Barnes, Crispin Glover,
    Rupert Grint, Peter Weller, Andrew Lincoln et Essie Davis, saison 1, 8 épisodes, 2022, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80209229

    Voir aussi : "Sombres pensées"

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  • Loïs Le Van : Qui sème le Vind...

    Étrange et fascinante atmosphère que celle qui nimbe le début du dernier album de Loïs Le Van : le jazzman démarre "Bleu" par un a cappella épuré, avant que le piano ne le rejoigne. La ligne mélodique pure fait de ce premier morceau une vraie signature. Loïs Le Van est comme ça. L’artiste est un poète à l’hypersensibilité manifeste, comme le montre la voix et la guitare habitée de "The Dying Light".

    Vind 2.0, le nom de son opus, est la suite de son précédent album, Vind – bien entendu. Les treize compositions sont signées Nicky Schrire. Loïs Le Van est accompagné de Sandrine Marchetti au piano et de Paul Jarret à la guitare et aux effets. Voilà qui donne un trio diablement séduisant.

    Des effets, il y en a en effet, à l’instar de l’étonnant "Clowning", dans lequel le jazz se teinte de sonorités contemporaines. On peut aussi penser à "In G", minimaliste, aérien et habité. Loïs Le Van n’oublie toutefois jamais que le jazz est d’abord une musique profondément humaine, née dans le déchirement et la douleur. Il le démontre avec le titre "Isolate" se déchaînant dans le dernier quart pour prendre des accents rock, jusqu’aux dernières notes terribles.

    Un trio diablement séduisant

    À la suite, "Sum Of All Parts" séduit l’oreille de l’auditeur par son choix du cool, avec toujours la voix élégante de Loïs Le Van. Le titre plus court, "Barn På Mattan", nous conduit dans une autre contrée. Plus voyageur, plus instrumental, le morceau séduit par sa simplicité dans la composition. Osons dire qu’il s’agit d’un des morceaux les plus séduisants de Vind 2.0. Il est encore question de voyage dans le bien-nommé "Isles Of Delight". La voix de Loïs Le Van dialogue avec la guitare de Paul Jarret et le piano de Sandrine Marchetti dans ce séduisant titre jazz où l’improvisation n’est pas absente.

    "Paulux", plus sombre et énigmatique, semble être d’un autre univers, moins jazz que contemporain, aux sonorités concrètes.  Avec "Recall", Loïs Le Van fait un tour cette fois du côté de la pop : une jolie ligne mélodique, des instrumentistes à l’unisson et une voix servant à merveille un texte en forme… d’appel.

    "La poupée près du train" est l’extrait le plus long de l’album : plus de sept minutes. Le chanteur se déploie pour installer l’univers de ce morceau personnel, mystérieux et inquiétant. À la voix et au piano, viennent s’ajouter d’étranges sonorités, donnant à cette "poupée" l’aspect d’un objet déchirant. "Idée fixe" sort lui aussi le jazz de sa zone de confort grâce à une ouverture a cappella du chanteur. Le morceau se déploie telle une psalmodie ou une incantation mystique. Nous voilà dans une musique sans frontière mais non sans douleur ni interrogations.

    L’opus se clôt avec le titre "Everything Must Change", plus cool, plus classique aussi dans sa facture. L’artiste y fait le constat autant que l’éloge du changement : "The young become the old / And mysteries do unfold / Cause that’s the way of time / Nothing and no one goes unchanged". 

    Loïs Le Van, Vind 2.0, Cristal Records, 2022
    https://loislevan.com
    https://www.facebook.com/loislevan
    https://www.instagram.com/levanlois

    Voir aussi : "Marl’n, en fait oui"

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  • Éros littéraire à Paris

    C’est un événement cher au cœur de Bla Bla Blog et que nous ne pouvions pas ne pas évoquer ici.

    Le  Salon de la Littérature Érotique est de retour pour sa sixième édition – déjà ! – à la Bellevilloise, à Paris, 20e. Cela se passera le dimanche 27 novembre de 15 heures à 21 heures.

    On ne dira jamais suffisamment combien ce genre, parfois considéré avec dédain par le public comme par les professionnels, est majeur dans la littérature. Il l’est particulièrement en 2022 si l’on pense que les auteures féminines ont su renouveler la littérature érotique et en ont fait un terrain de combats pour le féminisme, l’acceptation du corps et la tolérance.

    L’organisatrice, Flore Cherry, rameute cette année encore du beau monde pour cette nouvelle éditions d’un salon riche de rencontres, de conférences, d’ateliers d’écriture, de jeux, de défis, histoire de montrer que la littérature érotique entend dévoiler le meilleur d’elle-même. 

    "Les auteurs érotiques sont-ils tous des obsédés ?"

    Parmi les thèmes abordés et discutés lors du salon, il sera question de l’avenir des sextoys pour les prochaines années, comment écrire de l’érotisme sans parler de sexe, de la femme comme avenir de la littérature érotique ou du cyberharcèlement. On parlera aussi de masturbation, de l’apprentissage amoureux ou de cette grande question : "Les auteurs érotiques sont-ils tous des obsédés ?" Auteurs ou auteures ?

    Parmi les invités, figureront en vedette Alexandre Lacroix, philosophe et auteur de Apprendre à faire l'Amour (éditions Allary), Rosa Bursztein, animatrice de l’émission OrgasmiQ sur Teva et auteure de Les mecs que je veux ken (éd. Les Arènes) et la star Brigitte Lahaie, animatrice sur Sud Radio, directrice de la collection "Psycho-love" (éd. La Musardine).

    Parmi les autres invités, citons aussi Eva Delambre, Aurélie Stefani, Sonia Saiont-Germain, Belinda Sans Tabou, Jessica Pirbay, Tom Connan, ou Octavie Delvaux.

    Au menu, enfin, des cadeaux, de la bonne humeur, de l’ambiance et de vraies belles découvertes. Cela se passera à  La Bellevilloise le dimanche 27 novembre 2022, de 15 heures à 21 heures 

    Salon de la littérature érotique, La Bellevilloise, 19-21 rue Boyer, Paris 20e 
    Dimanche 27 novembre 2022, de 15 heures à 21 heures 
    Fermeture de la billetterie en ligne le samedi 26 à minuit
    https://www.labellevilloise.com/evenement/salon-de-la-litterature-erotique-a-paris
    https://www.facebook.com/events/618192359934166
    https://bit.ly/3LuFRyq

    Voir aussi : "L’érotisme en littérature à l’honneur le week-end prochain"
    "J’incarne en quelque sorte « la maîtresse d’école »"
    "Polissonne, mais pas que"

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  • Où va Oaio ?

    Oaio a besoin d’amour et de voyages. Elle le chante dans son dernier album Bizarre Monde, aussi poétique que musicalement passionnant.

    À l’image du premier titre "Où ?", Oaio fait le choix d’une pop-folk riche et sensuelle. Sa voix à la Zazie se fait mélancolique lorsqu’elle s’interroge : "Où est-ce qu’on va si on se dit tout ?" Pour ne rien gâcher, l’univers folk se teinte de sons world. Il est vrai que la chanteuse est à la croisée de courants berbères, italiens et ardéchois.

    Les huit titres de Bizarre Monde ont pour fil conducteur, outre l’amour, le voyage, les échanges, les rencontres et les destinations que l’on se donne – ou que l’on s’interdit.

    Sur un rythme enlevé, "Carnaval" mélange les couleurs pour parler d’une relation qui se joue des frontières. Il est vrai que la biographie d’Oaio la décrit comme bourlingueuse. Avec une belle sensualité ("Fais moi une chanson avec ton corps"), "Carnaval" invite à refuser la lassitude de la vie : "A mon âge on est folle quand on nage en hiver et sans drapeau tricolore", chante-t-elle avec pertinence.

    La vie, l’amour, l’espoir : voilà ce qui guide toute entière cette passionnante artiste de la scène française

    La vie, l’amour, l’espoir : voilà ce qui guide toute entière cette passionnante artiste de la scène française. Mais aussi d'autres sujets comme l'environnement et la nature.

    "Bizarre Monde", le morceau qui donne son nom a l’album, est une adresse autant qu’un plaidoyer humaniste et écolo : "T’es pas intéressant / Personne peut te promener à son bras", dit-elle à notre Grande Bleue, en si mauvais état. Rien n’est moins sexy qu’un long discours sur l’environnement, ajoute, en substance, l’artiste, un rien désabusée : "Tout est foutu / Pardon / T’es mal aimé pour un paradis / Bizarre monde arrondi".

    Outre les deux titres en anglais, deux ballades, "That Song" et "Nice Day", "Fort" est un autre très beau morceau de l’opus : "Rêvons la nuit / Le jour oublions", chante Oaio, avant d’ajouter : "As-tu assez vu le monde ?" On l'imagine aisément sur un bateau, voguant à travers l’Atlantique, destination l'Argentine. Cet extrait est aussi la confession d’une forte tête qui, entre le silence et le parler fort, a fait son choix. On vous laisse deviner lequel. D’ailleurs, ajoute-t-elle en l’assumant, pourquoi se taire ? "J’ai assez d’amis / J’ai assez d’amour… C'est court la vie, as-tu assez vu le monde ?"

    Parlons aussi de "Bonbon", porté par le ukulélé chéri de cette dame. "Que la terre est grande", chante-t-elle, à la manière une gamine émerveillée. Elle porte son regard vers ses souvenirs et son enfance. Encore une fois, il est question d’amour mais aussi d’absence.

    Bizarre Monde vaut le détour pour ce mélange entre chanson française, pop-folk et world music, avec de jolies trouvailles dans les sons, à l’instar des chœurs de "Bizarre Monde" ou de "Simple". L’auditeur se laissera tout autant emporté par la concision des textes, leur efficacité et leur poésie.

    Au terme de cette découverte (enrichie par une très belle et très étonnante pochette), que dire, sinon : "Quel caractère !" ?

    Oaio, Bizarre Monde, Acoustic Kitty / Kuroneko, 2022
    https://www.facebook.com/oaiomusic
    https://www.instagram.com/oaio_music
    https://linktr.ee/oaio

    Voir aussi : "Marl’n, en fait oui"
    "Dédales de Sigal"

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  • Downton Abbey sous le feu des projecteurs

    Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère est d’abord une déclinaison de la série éponyme. Au terme de six saisons saluées par la critique comme par le public, les personnages créés par Julian Fellowes ont repris vie au cinéma en 2019, avec succès puisqu’une suite – toujours sur grand écran – a fait cette année le bonheur des familiers de la famille Crawley et de leurs domestiques. Elle est disponible en ce moment sur Canal+.

    Pour ce nouvel opus, dont les créateurs assurent qu’il pourrait bien s’agir du dernier, les scénaristes ont planté leur décor dans le château de Downton Abbey – bien entendu – mais aussi sur la Côte d’Azur. L’histoire commence en 1928 par un mariage, prélude à une double nouvelle. Le comte et la comtesse Crawley apprennent que leur mère, la vénérable et inimitable Violet, a hérité d’ une fastueuse maison à Nice suite au décès d’un de ses vieux amis. La surprise est totale et pas question pour la doyenne de refuser ce bien qu’elle destine à Sybil, sa première petite-fille.

    Voilà le comte et la comtesse partis rejoindre la France pour rencontrer la famille du bienfaiteur inconnu. Les choses vont s’avérer plus compliquées que prévues. De plus, pendant ce voyage, le château de Downton Abbey devient l’enjeu d’un surprenant projet : une équipe de tournage est accueillie par Mary pour la réalisation d’un film – muet et en noir et blanc, bien entendu. 

    Les créateurs vont jusqu’à imaginer une séquence surprenante, prenant complètement à contre-pied cette dialectique filmée du maître et du serviteur

    Les fans de Downton Abbey goûteront ce nouvel opus comme une petite madeleine de Proust. Ils retrouveront leurs personnages familiers : Mary, Tom, Cora et Robert Crawley, sans oublier les serviteurs, John et Anna Bates, Thomas Barrow, Daisy et l’incorrigible Charles Carlson. Tout ce petit monde évolue entre Nice et Downton Abbey. La surprise vient surtout du tournage du film et de l’apparition de nouveaux personnages : le metteur en scène Jack Barber, Guy Dexter, un acteur venu d’Hollywood (le formidable Dominic West) et Myrna Dagleish, l’actrice star et tête-à-claque.

    Les créateurs vont jusqu’à imaginer pour la dernière partie du long-métrage, une séquence surprenante, nous prenant complètement à contre-pied, avec des domestiques sous un autre jour.

    Le spectateur pourra voir dans ce Downton Abbey II meilleur, à mon avis, que le premier opus au cinéma – une mise en abîme fascinante. Qu’un film tourné dans le célébrissime château, véritable personnage secondaire, traite d’un autre tournage – certes, imaginaire –, voilà qui donne du sel à l’histoire. Malgré l’apparition de Nathalie Baye en guest-star, l’histoire de l’héritage déçoit malgré tout et n’est sauvée que grâce à la présence de Violet Crawley.

    Alors, Downton Abbey II, suite et fin ? Julian Fellowes l’a assuré. Il est vrai que quelques éléments, que nous tairons, iraient dans ce sens... alors que d’autres nous laissent penser le contraire. L'avenir nous le dira.

    Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère, drame historique anglo-américain de Simon Curtis,
    avec Hugh Bonneville, Maggie Smith, Elizabeth McGovern,
    Michelle Dockery et Nathalie Baye, 2022, 124 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/downton-abbey-ii-une-nouvelle-ere/h/19489060_40099
    https://www.universalpictures.fr/micro/downton-abbey-a-new-era

    Voir aussi : "Le retour sur grand écran des maîtres et de leurs serviteurs"
    "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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  • Junky et sans complexes

    Avec Junky Cable (éd. Shockdom), le dessinateur italien Claudio Avella propose une bande dessinée de SF qui réjouira les amateurs de récits à la fois déjantés et lorgnant du côté de la dystopie. Mais ce serait une dystopie presque joyeuse où se mêlent des humains shootés à l’hornet, une drogue synthétique, robots maléfiques et vamps bioniques. Le tout dans un monde qui aurait le pied droit dans Bad Runner et l’autre dans un univers à la One Piece.

    Allister et Cheap, deux hors-la-loi pourchassés par des chasseurs de prime, aussi défoncés qu’amoureux, vivent de contrebandes de porogoces, de drôles de petites bestioles. Après être partis négocier une vente auprès de Janet, une sculpturale mafieuse, Allister et Cheap se retrouvent dans la cité de New Okinawa, à la recherche de Siri, une enfant dont ils s’occupaient et dont ils ont perdu la trace. Depuis, la jeune fille a bien grandi et est même devenue une figure importante de cette ville importante. 

    Janet, la "reine des insectes ultrasexy"

    La dystopie fait florès en SF. Trop sans doute. Clairement, il faut avoir le moral pour se plonger dans des récits post-apocalyptiques. Claudio Avella prend le contre-pied de cette mode en proposant une BD colorée et un récit vif. Ajoutez à cela deux anti-héros attachants et des personnages secondaires hauts en couleurs. Voilà qui donne une bande dessinée attrayante et audacieuse où l’humour et la sensualité sont bien présents.

    Graphiquement, le dessinateur italien revendique l’influence des mangas. Junky Cable est l’exemple quasi parfait de BD mêlant les écoles européennes (on oserait parler de "ligne claire") et japonais, pour notamment les scènes de combats.

    Une grande attention est portée aux figures féminines (Janet, la "reine des insectes ultrasexy") ou l’inquiétante Suzy. Pour corser le tout, Claudio Avella inclus une histoire de double disparition, que nous ne dévoilerons bien entendu pas ici.

    Pas mal du tout.     

    Claudio Avella, Junky Cable, éd. Shockdom, 2022, 128 p.
    https://fr.shockdom.com/boutique/shock/junky-cable
    https://www.facebook.com/ClaudioAvellaArt
    https://avellart7.wixsite.com/claudioavella

    Voir aussi : "L'art de Loputyn"

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