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  • Mon royaume pour un tombeau

    Vraie petite surprise et vraie pépite, le dernier Stephen Frears, The Lost King, est à découvrir en ce moment sur Canal+. Une découverte merveilleuse qui va vous donner l’envie, en plus, de lire ou relire Shakespeare, et en particulier Richard III – mais si, vous savez, la fameuse citation : "Un cheval, un cheval ! Mon Royaume pour un cheval" !

    Comment bâtir un film sur une intrigue aussi mince qu’une fraîche passionnée, à la fois candide et malade (elle souffre du du syndrome de fatigue chronique) partie à la recherche du mal-aimé Richard III, jeune roi d’Angleterre de 1783 à 1485 ? Stephen Frears s’empare du sujet, grâce au jeu de l’excellente Sally Hawkins, occasion pour lui de parler de l’histoire d’une double réhabilitation – celle d’un roi à la sinistre et sans doute injuste réputation, mais aussi et surtout d’une femme elle aussi rejetée, se découvrant l’âme d’une historienne, scientifique et archéologue. Nous sommes en 2012 et l’historiographie anglaise et shakespearienne est sur le point d’être mise à mal grâce à l’enquête d’une modeste employée.

    Exemplaire !

    À Édimbourg, en Écosse, Philippa Langley, divorcée, mère de deux adolescents mais cohabitant vaille que vaille avec son ex, ne peut que constater que l’entreprise où elle travaille la considère comme perdue. Sa maladie qui la laisse régulièrement épuisée n’est pas pour rien dans sa mise au placard.

    Un soir, elle accompagne un de ses garçons à une représentation de Richard III. La sortie scolaire se transforme en révélation pour elle : Shakespeare a largement brodé sur le roi du XVe siècle, et Philippa a l’intuition que la mauvaise réputation de Richard III est injustifiée. Après s’être documentée sur le souverain anglais, elle rallie une modeste association ricardienne, persuadée comme elle que Richard III mériterait d’être réhabilité.

    Le corps du roi ayant été jetée dans la rivière Soar, après sa défaite lors de la bataille de Bosworth (1485), aucune sépulture n’existe pour lui. Mais Philippa, après avoir consulté des sources, est persuadée que le roi a bel et bien été enterré. Les pas de l’historienne la mènent à Leicester où pourrait bien se trouver ses restes. Elle tente de convaincre les autorités locales, a priori peu convaincue par cette femme timide mais aussi particulièrement opiniâtre.

    Stephen Frears suit les pas d’une mal-aimée et rejetée à la recherche d’un autre proscrit, apparaissant sous la forme d’un fantôme, d’abord muet, si bien que l’enquête historique se transforme en introspection pour Philippa Langley. Le réalisateur britannique ne trahit pas sa fibre sociale, lorsqu’il confronte la modeste et passionnée historienne avec l’establishment universitaire, et c’est sans doute là qu’il fait le plus mouche.

    Comédie dramatique, The Lost King se termine par la victoire finale d’une de ces innombrables femmes déconsidérées et traitées avec un  mélange de mépris et de dédain. Exemplaire !

    The Lost King, comédie dramatique de Stephen Frears,
    avec Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd, Mark Addy et Lee Ingleby, 2023, 109 mn, Canal+,

    https://www.canalplus.com/cinema/the-lost-king/h/21946302_40099
    https://www.bbc.co.uk/bbcfilm/films/the-lost-king

    Voir aussi : "Aimez-vous Tamara Drewe ?"

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  • Espions, Flemming, MI6, M, Q… mais sans 007 

    Un bien énigmatique titre pour une histoire qui ne l’est pas moins. La Ruse, film d’espionnage réalisé par John Madden et sorti en France l’an dernier, se présente comme un récit d’autant plus ahurissant qu’il se base sur une historie vraie, survenue en pleine seconde guerre mondiale. Et l’un des protagonistes – certes un des personnages secondaires – n’est autre que Ian Flemming, le père de James Bond.

    En 1943, les Alliés s’apprêtent à reconquérir l’Europe dominée par les armées hitlériennes. La première étape est un débarquement qui doit avoir lieu en Sicile, "le ventre mou de l’Europe", selon Churchill lui-même. Le hic c’est que les Allemands le savent aussi. Une opération de désinformation est lancée par les services secrets britanniques. Le moyen ? bâtir de toute pièce un récit sur un officier britannique retrouvé noyé sur les côtes espagnoles et transportant avec lui des faux-documents pour duper l’ennemi.   

    Derrière cette opération d’intoxication se cache une célébrité : Ian Flemming

    L’histoire de cette opération surnommée "Mincemeat" ("Chair à pâté") fait partie des opérations d’intoxication militaire les plus impressionnantes de l’Histoire. Elle a surtout permis d’épargner, nous dit le film, la vie de dizaine de milliers de soldats lors du Débarquement d’Italie en 1943. Autant dire que cela méritait bien un long-métrage et une reconstitution, depuis les discussions sur sa faisabilité jusqu’aux retournements complètement imprévus, en passant par le choix du cadavre et la création de l’identité du noyé. Le film s’avère de ce point de vue efficace.

    Ce qui l’est moins est la partie sentimentale : une sémillante secrétaire et fonctionnaire (Kelly Macdonald) courtisée par deux brillants officiers (Colin Firth et Matthew Macfadyen). Cette jeune veuve assez peu éplorée est prête à tomber dans les bras d'un mari dont le couple flanche, sous les yeux d'un agent jaloux en mal de reconnaissance. Cette partie du film est la moins convaincante et tend à alourdir un film d’espionnage qui tenait largement la rampe avec cette histoire de manipulations, d’imprévus et de coups tordus.  

    C’est là aussi qu’il faut parler de ce qui s’avère être le vrai sel de La Ruse. Car, derrière cette opération d’intoxication se cache une célébrité : Ian Flemming, le créateur de James Bond. Les scénaristes ont fait du futur écrivain la voix off du récit. Une liberté, certes, mais qui cache aussi les origines du célèbre et fictionnel 007 : l’amiral John Henry Godfrey, le supérieur de Flemming, surnommé M, et Q trouvent leurs origines dans l’opération "Mincemeat". Et si James Bond était réellement né durant ces années de sang et de feu ? 

    La Ruse, film d’espionnage et de guerre britannico_américain de John Madden,
    avec Colin Firth, Kelly Macdonald, Matthew Macfadyen,
    Penelope Wilton et Johnny Flynn, 2021, 128 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/la-ruse/h/19150840_50001

    Voir aussi : "Les liens du sang"
    "Un Churchill costaud et massif"

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  • Downton Abbey sous le feu des projecteurs

    Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère est d’abord une déclinaison de la série éponyme. Au terme de six saisons saluées par la critique comme par le public, les personnages créés par Julian Fellowes ont repris vie au cinéma en 2019, avec succès puisqu’une suite – toujours sur grand écran – a fait cette année le bonheur des familiers de la famille Crawley et de leurs domestiques. Elle est disponible en ce moment sur Canal+.

    Pour ce nouvel opus, dont les créateurs assurent qu’il pourrait bien s’agir du dernier, les scénaristes ont planté leur décor dans le château de Downton Abbey – bien entendu – mais aussi sur la Côte d’Azur. L’histoire commence en 1928 par un mariage, prélude à une double nouvelle. Le comte et la comtesse Crawley apprennent que leur mère, la vénérable et inimitable Violet, a hérité d’ une fastueuse maison à Nice suite au décès d’un de ses vieux amis. La surprise est totale et pas question pour la doyenne de refuser ce bien qu’elle destine à Sybil, sa première petite-fille.

    Voilà le comte et la comtesse partis rejoindre la France pour rencontrer la famille du bienfaiteur inconnu. Les choses vont s’avérer plus compliquées que prévues. De plus, pendant ce voyage, le château de Downton Abbey devient l’enjeu d’un surprenant projet : une équipe de tournage est accueillie par Mary pour la réalisation d’un film – muet et en noir et blanc, bien entendu. 

    Les créateurs vont jusqu’à imaginer une séquence surprenante, prenant complètement à contre-pied cette dialectique filmée du maître et du serviteur

    Les fans de Downton Abbey goûteront ce nouvel opus comme une petite madeleine de Proust. Ils retrouveront leurs personnages familiers : Mary, Tom, Cora et Robert Crawley, sans oublier les serviteurs, John et Anna Bates, Thomas Barrow, Daisy et l’incorrigible Charles Carlson. Tout ce petit monde évolue entre Nice et Downton Abbey. La surprise vient surtout du tournage du film et de l’apparition de nouveaux personnages : le metteur en scène Jack Barber, Guy Dexter, un acteur venu d’Hollywood (le formidable Dominic West) et Myrna Dagleish, l’actrice star et tête-à-claque.

    Les créateurs vont jusqu’à imaginer pour la dernière partie du long-métrage, une séquence surprenante, nous prenant complètement à contre-pied, avec des domestiques sous un autre jour.

    Le spectateur pourra voir dans ce Downton Abbey II meilleur, à mon avis, que le premier opus au cinéma – une mise en abîme fascinante. Qu’un film tourné dans le célébrissime château, véritable personnage secondaire, traite d’un autre tournage – certes, imaginaire –, voilà qui donne du sel à l’histoire. Malgré l’apparition de Nathalie Baye en guest-star, l’histoire de l’héritage déçoit malgré tout et n’est sauvée que grâce à la présence de Violet Crawley.

    Alors, Downton Abbey II, suite et fin ? Julian Fellowes l’a assuré. Il est vrai que quelques éléments, que nous tairons, iraient dans ce sens... alors que d’autres nous laissent penser le contraire. L'avenir nous le dira.

    Downton Abbey 2 : Une nouvelle ère, drame historique anglo-américain de Simon Curtis,
    avec Hugh Bonneville, Maggie Smith, Elizabeth McGovern,
    Michelle Dockery et Nathalie Baye, 2022, 124 mn, Canal+

    https://www.canalplus.com/cinema/downton-abbey-ii-une-nouvelle-ere/h/19489060_40099
    https://www.universalpictures.fr/micro/downton-abbey-a-new-era

    Voir aussi : "Le retour sur grand écran des maîtres et de leurs serviteurs"
    "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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  • Crimes, flegme et glamour

    Un Agatha Christie est toujours un plaisir à la limite de la perversité : un crime parfait, un coupable insoupçonnable, une intrigue alambiquée : voilà qui est parfait pour ce triturer les méninges. Hugh Laurie, que le grand public a connu sous les traits de l’inimitable Docteur House, est à la réalisation pour l’adaptation d’une des énigmes les plus retorses de la "Reine du crime".

    Pour une fois, la traduction française du titre, Pourquoi pas Evans ?, s’avère à la fois plus écliptique et plus mystérieuse que l’original, Why Didn't They Ask Evans?

    On se doute que le ou la Evans en question n’apparaît qu’au terme d’une longue enquête, qui est bien entendu le point fort du roman et de la série disponible en ce moment sur Canal+.

    Tout commence par un crime dans une de ces bourgades typiques de la campagne anglaise. Nous sommes au milieu du siècle. Bobby Jones (Will Poulter, que l’on avait découvert dans Midsommar), découvre au cours d’une partie de golfe au bord d’une falaise le corps d’un homme agonisant. Le fils du vicaire vient porter assistance au moribond. Les secours sont appelés. Le jeune homme entend le malheureux prononcer une phrase : "Pourquoi pas Evans ?" Il découvre aussi la photo d’une jeune femme. Un individu débarque pour s’occuper, dit-il, de la victime. Il dit s’appeler Roger Bassington-Ffrench (avec deux "f") et être médecin. Quelques temps plus tard, le mystère de l’identité du mort est dévoilé mais Bobby Jones, secondé par la pétillante Lady Frances – Franky – (Lucy Boynton) ont des doutes et mènent leur propre enquête. 

    Les fans d’Agatha Christie goutteront leur plaisir      

    Évidemment, impossible d’en dire plus sur cette énigme policière, particulièrement retorse, et qui sera résolu par le couple irrésistible que forment Bobby et Franky. Hugh Laurie – qui apparaît brièvement dans le rôle d’un médecin inquiétant – utilise avec talent les qualités de la mini-série (4 épisodes) pour déployer patiemment une enquête, où les détails ont leur importance, tout autant que les relations subtiles et pleines de séductions entre deux jeunes gens aux positions sociales différentes – mais qui se ressemblent sur pas mal de points.

    C’est simple : Will Poulter est impeccable dans le rôle de fils de vicaire devant assumer une position sociale peu simple et Lucy Boynton est juste irrésistible dans celui d’une jeune lady avide de liberté. Le message féministe n’est pas absent de cette série, ce qui lui apporte une réelle touche de modernité.

    Les fans d’Agatha Christie goutteront leur plaisir l’enquête, en dépit de quelques longueurs. Ajoutez à cela les paysages anglais, les costumes, les voitures : voilà qui nous plonge dans une atmosphère so british.      

    Pourquoi pas Evans ?, mini-série policière britannique de Hugh Laurie, avec Will Poulter, Lucy Boynton, Lucy Boynton, Hugh Laurie, Maeve Dermody, Conleth Hill, Daniel Ings, Jonathan Jules, Amy Nuttall, Miles Jupp et Richard Dixon, 4 épisodes, Canal+
    https://www.canalplus.com/series/pourquoi-pas-evans/h/18517447_50001
    https://www.agathachristie.com/stories/why-didnt-they-ask-evans

    Voir aussi : "Quand je pense à la vieille Anglaise"
    "Lumineuse secte"

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  • Lady Di, celle qui ne voulait pas être reine

    Un an après sa biographie sur Simone Veil, c’est sur une autre femme que s’est penchée Amandine Deslandes : Diana, que la postérité à surnommé Lady Di (Diana, éd. City). Celle qui fut princesse de Galles, mariée à Charles, héritier du trône britannique, a connu une célébrité aussi brève que flamboyante. Son décès tragique le 31 août 1997 à Paris, suite à un dramatique accident de la route, a été aussi surmédiatisé que sa vie d’altesse royale et de people.

    Une abondante littérature est revenue sur l’existence de Diana. La biographie d’Amandine Deslandes déroule avec limpidité l’histoire de cette jeune femme morte à l’âge de 36 ans et qui a bousculé, comme personne avant elle, les traditions pour le moins sclérosées de la couronne britannique.

    L’histoire débute pour elle comme un conte de fée : Diana Spencer est issue d’une double lignée aristocratique, avec des ascendances "impressionnantes" (avec notamment "un lien d’alliance avec Churchill", tout de même). Son histoire familiale est cependant déchirée par le divorce de ses parents. Ce scandale pour l’aristocratie britannique ne va pas pour autant empêcher son union avec le Prince désigné de la couronne : Charles de Windsor, le Prince de Galles.

    À l’âge de 17 ans, Diana rencontre le fils d’Elisabeth II lors d’une partie de chasse. Celui dont la réputation de coureur de jupons n’est plus à faire jette son dévolu sur cette fille simple, "fleur bleue" et timide qui lui a tapé dans l’œil : "Elle était belle, joyeuse, amusante et pleine de vie". Le hic c’est qu’une autre femme est déjà au cœur de l’existence du Prince Charles : Camilla Parker Bowles.

    Le couple Charles-Camilla aurait mérité à lui seul un chapitre entier, tant leur relation est à la fois passionnée, complexe et romanesque. La maîtresse de Charles est omniprésent dans la vie de Diana ("l’ombre au tableau"), y compris le jour de son mariage, un événement médiatisé comme jamais avant lui : le faste et la pompe royale côtoient la modernité d’une retransmission télé et d’un merchandising qui prend des proportions inédites.

    Le "mariage du siècle", en juillet 1981, est le réel point de départ d’une Dianamania : le public qui se reconnaît dans la nouvelle princesse ("[Les Anglaises] veulent toutes lui ressembler") et la presse populaire sont fascinées par cette jeune femme aux cheveux bonds et courts qui va vite devenir une égérie de la mode et une people incontournable. Une nouveauté pour l’époque, qui ne va pas être sans conséquence sur sa propre existence. "Diana est devenue le membre le plus populaire de la famille royale", ce qui n’est pas sans provoquer jalousies et désapprobations, y compris chez la reine, pourtant attachée à sa belle-fille.

    Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles

    L’auteure revient longuement sur les aspects de sa vie privée : les relations avec le Prince Charles qui font alterner froideur, dédain, incompréhension et franche haine, y compris lors des voyages officiels. La personnalité de Lady Di peut être vilipendée ("La princesse serait capricieuse, tatillonne et difficile à vivre"), le public voue une admiration sans borne à "la prisonnière de Galles".

    Les aventures et les amants de Lady Di ne sont pas oubliées (un de ses amants parle à ce sujet de "baise de protestation"). La famille princière, agrandie très vite de deux fils, William et Henry, se déchire, jusqu’à rendre public leurs affaires privées : c’est le Camillagate en 1992 puis l’interview choc de  Lady Di en 1995, qui a fait scandale 25 ans plus tard en raison des méthodes douteuses du journaliste Martin Bashir.

    Amandine Deslandes consacre de longues pages aux projets humanitaires de la princesse de Galles : luttes contre la pauvreté, sensibilisation au problème du Sida, mines anti-personnels. Finalement, c’est dans ce domaine que l’action de Diana a été la plus déterminante, quitte à faire de cette aristocrate anglaise une madone qui a bousculé les comportements (notamment lorsqu’elle "a touché un malade du Sida") et qui a fasciné autant qu’elle a permis de drainé des centaines de millions de dollars en faveur des plus pauvres et des plus faibles.

    Avec le divorce de Diana, négocié pied à pied avec la famille royale, l’existence de celle qui ne voulait et qui ne sera pas reine prend un nouveau virage, jusqu’à l’accident du Pont de l’Alma.

    Amandine Deslandes consacre un dernier chapitre sur les suites de son décès. Elle pointe du doigt la mainmise des Spencer sur sa mémoire ("Nul ne saura jamais où la princesse repose") autant que les influences de Diana sur la couronne britannique, à commencer par ces fils qui ont été les premiers marqués par leur mère, disparue trop tôt.

    Nul doute que cette biographie tombe à point nommé, alors que nous fêteront en août prochain les 25 ans de sa mort. 

    Amandine Deslandes, Diana, Princesse des larmes, éd. City, 2022, 335 p.
    https://www.amandinedeslandes.fr
    https://www.facebook.com/amandine.deslandes.marseille
    http://www.city-editions.com

    Voir aussi : "En suivant la route de Simone Veil"
    "Amandine Deslandes : « Je pense que l’on a fait de Simone Veil une icône féministe contre sa volonté »"
    "Le trône de mère"

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  • De la dynamite pour les braves

    On va être clair au sujet de L'Enfer sous terre, ce long-métrage anglais sorti cette année : sa principale qualité est dans le récit d’un fait peu connu de la Grande Guerre.

    En 1916, les armées alliées et allemandes sont embourbées dans une guerre de position : tranchées, batailles au corps à corps et à la baïonnette, attaques au gaz, vie misérable des poilus dans la boue, percées meurtrières et inutiles. Le moral des soldats, qu’ils soient anglais, français ou germaniques, est au plus bas et toutes les stratégies sont bonnes pour se sortir d’un conflit meurtrier.

    Côté britannique, une solution est proposée par le colonel Hellfire (Tom Goodman-Hill) : faire sauter à la dynamite des forts allemands ennemis. Pour cela, il décide de faire appel à une équipe de mineurs spécialisés dans les explosions souterraines qui devront former des soldats. Contre toute attente, William Hackett (Sam Hazeldine) et ses acolytes, qui n'ont pas été mobilisés et travaillent toujours en Grande-Bretagne, se portent volontaires pour effectuer eux-mêmes cette tâche dangereuse et technique. Ils sont engagés comme volontaires et partent sur le front des Flandres.

    L'une de ces mines explosant dans les Flandres a été si forte qu’elle a été entendue… jusqu’à Londres

    Peu de personnes connaissent ce fait d’arme de la première guerre mondiale. On savait que les gaz asphyxiants, les chars d’assaut et les avions – des moyens nouveaux à l’époque – avaient été utilisés par des commandements au service d’un conflit particulièrement meurtrier. Ici, c’est la dynamite qui fait figure de moyen stratégique, avec en plus des difficultés techniques qui la rend infiniment dangereux : creuser plusieurs mètres sous terre, avancer sur des centaines de mètres au risque d’être surpris par l’ennemi et surprendre l’adversaire. 19 charges ont explosé en tout (le film n'en évoque que deux), causant environ 10 000 soldats allemands. Le spectateur apprend que l’une de ces mines explosant dans les Flandres a été si forte qu’elle a été entendue… jusqu’à Londres.

    Pour mener ce récit, J. P. Watts a fait le choix d’un film académique, non sans facilités et manichéisme parfois. La réalité de la vie dans les tranchées est par contre montrée sans fard (les cadavres, les rats, la boue ou les excréments), sans compter les absurdités du commandement militaire.

    De ce récit honorablement montré, on gardera en mémoire le destin de ces braves lancés dans un conflit qu’ils n’auraient jamais dû mener et qui n'a finalement pas fait basculer le récit, comme ils l'espéraient. 

    L'Enfer sous terre, drame historique anglais de J. P. Watts, avec Sam Hazeldine, Alexa Morden, 
    Tom Goodman-Hill, eElliot James Langridge t Andrew Scarboroug, 2021, 92 mn
    https://www.canalplus.com/cinema/l-enfer-sous-terre/h/15647011_50001

    Voir aussi : "En cage"

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  • Quand j’étais chanteuse

    C’est un petit film britannique très sympa que je vous invite à découvrir. The Singing Club de Peter Cattaneo, avec Kristin Scott Thomas et Sharon Horgan dans les rôles-titres ne révolutionnera certainement pas le cinéma, mais il a le double avantage d’être une comédie feel-good et de faire un coup de projecteur sur un phénomène culturel en Grande-Bretagne, peu connu de ce côté de La Manche : celui des chorales de femmes militaires. Le générique de fin nous apprend qu’il y en a aujourd’hui 75 au Royaume-Uni, à Chypre et aux Malouines, soit 2300 femmes chanteuses.

    The Singing Club conte l’histoire de compagnes de  la garnison de Flitcroft envoyée en opération extérieure en Afghanistan. Nous sommes en 2011. L’attente, l’ennui et surtout l’angoisse sont le lot quotidien de ces épouses (quelques hommes complètent cette petite société fonctionnant en quasi huis-clos). Pour souder la petite communauté constituée de femmes très différentes, Kate Barclay (Kristin Scott Thomas), l’épouse collet-monté d’un colonel, décide de créer un projet commun. Bientôt, l’idée d’une chorale d’amateurs se met en place, avec en perspective un concert au Royal Albert Hall de Londres.

    Un coup de projecteur sur un phénomène culturel en Grande-Bretagne

    Inutile de spoiler la fin -  prévisible - de ce film qui sait être grave lorsque c’est nécessaire. Car, évidemment, il est aussi question dans ce film des dangers guettant des militaires engagés dans des guerres lointaines. Peter Cattaneo, à qui l’on doit le désormais classique The Full Monty, toujours sur des inconnus lancés dans un projet un peu fou, est aux manœuvres dans ce long-métrage qui se regarde avec plaisir.  

    Outre que The Singing Club fait le portrait de femmes attachantes, il traite aussi d’approches différentes de la musique, avec d’un côté la rigide et précise Kate, et de l’autre Lisa (Sharon Horgan) à l’approche plus légère, mais devant aussi gérer une adolescente un peu paumée.

    Peter Cattaneo a également pris le plus grand soin avec la bande originale : musique eighites (dont Depeche Mode, Cindy Lauper ou Yazoo) et une chanson originale (Sing), clou du spectacle, dans les dernières minutes.

    Un joli moment de cinéma donc.

    The Singing Club, comédie dramatique britannique de Peter Cattaneo,
    avec Kristin Scott Thomas, Sharon Horgan et Jason Flemyng, 2019, 112 mn, Canal+

    http://distrib.pyramidefilms.com
    https://www.canalplus.com

    Voir aussi : "Colette, Lucie et Jean-Pierre"

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  • Le trône de mère

    Voilà enfin cette saison 4 de The Crown, la superproduction de Netflix consacrée au règne d’Elisabeth II, une saison qui semble avoir été peu gouttée par la famille royale. Alors que les trois première saisons avaient été accueillies avec un mélange de bienveillance et de silence poli, la suite des aventures de la Reine d’Angleterre, se déroulant cette fois au cœur des années 80, a vu les communicants de la couronne britanniques se réveiller.

    Il faut croire que Lady Di reste encore un sujet sensible du côté de la Perfide Albion. Être témoin des infidélités du Prince de Galles, héritier du trône, de ses hésitations entre la toute jeune Diana Spencer et son amour de toujours Camilla Shand (ex Parker Bowles) passe encore. Par contre, mettre en scène la pression familiale pour qu’il tienne la barre d’un mariage raté par avance et faire revivre une Lady Di sans doute trop jeune et trop décalée pour les Windsor, anorexique, paumée, se baladant en patins à roulettes, se perdant dans des relations extra-conjugales au vu et au su du Prince Charles, voilà qui a fini de défriser la couronne britannique. Mais il semble que ce soit l’existence d’une lettre de Lord Mountbatten pour le Prince Charles quelques heures avant son attentat par l’IRA qui ait quelque peu tourneboulé les proches d’Elisabeth II.

    Voilà qui a fini de défriser la couronne britannique

    Olivia Colman interprète avec justesse une reine parfois perdue dans une époque qu’elle ne reconnaît plus. Tradition et modernité se percutent tout au long des 10 épisodes de la série événement de Netflix, impeccablement mise en scène, avec des moyens d’une superproduction. Évidemment, il s’agit d’une fiction, mais comme beaucoup de biopic, serions-nous tentés d’ajouter. 

    Hormis les déboires éloquents de Lady Di (Emma Corrin) et énervants de la princesse Margaret (Helena Bonham Carter), la vraie curiosité est dans le traitement de l’autre personnage central de la série : Margaret Thatcher. Gillian Anderson, l’ex Scully d’X-Files, endosse le rôle de la Dame de Fer, figure-clé du libéralisme triomphant dans un parti conservateur et masculin.

    The Crown continue à portraitiser avec sérieux et une certaine rigueur les ors et les désordres du trône d’Elisabeth II. On a déjà hâte de voir comment seront traités les années Blair, les dernières années de Lady li et la tragédie du Pont de l’Alma.

    The Crown, série historique britannique de Peter Morgan, avec Olivia Colman, Tobias Menzies, Helena Bonham Carter, Gillian Anderson, Josh O'Connor, Emma Corrin, Marion Bailey, Erin Doherty, Stephen Boxer et Emerald Fennell, saison 4, 10 épisodes, Netflix
    https://www.netflix.com/fr/title/80025678

    Voir aussi : "Maîtres et serviteurs à Downton Abbey"

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