Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Ophélie Gaillard : "Un amour peut-être encore plus fort !"

    À l’occasion de la sortie son dernier album consacré au tango (Cello Tango, Aparté), la violoncelliste Ophélie Gaillard a bien voulu répondre en exclusivité aux questions de Bla Bla Blog. Portrait d’une artiste se fichant pas mal des barrières entre genres et en profitant pour sortir de l’ombre un compositeur argentin mal connu et pourtant passionnant. Et il sera bien entendu question de projets musicaux alléchants pour 2025 et de violoncelle.

    Bla Bla Blog – Bonjour Ophélie. Vous revenez ce printemps avec Cello Tango, un album consacré, comme son nom l’indique, au tango et à la musique argentine. Voilà qui peut paraître surprenant pour une musicienne comme vous qui avez plutôt exploré les répertoire classique et contemporain. Pouvez-vous nous expliquer ce choix de répertoire ?
    Ophélie Gaillard – Ce programme est né de mon coup de cœur pour l’Argentine et ses musiques, et j’ai souhaité rendre hommage à ses deux compositeurs les plus importants du siècle dernier à mon sens: Alberto Ginastera et Astor Piazzolla. Chacun à leur façon ils ont interrogé leur héritage musical et artistique et se sont nourris des musiques populaires si riches et diverses de cet immense territoire. Celui des campagnes et de la pampa, celui des hauts plateaux des Andes, sans oublier le genre totalement citadin du tango. De plus depuis ma première tournée en Argentine je suis tombée amoureuse du tango et le pratique, c’est donc une immersion en profondeur et un double album consacré à cette passion, qui fait suite à la parution de mon double album Alvorada en 2015.

    BBB – Au centre de cet album est Alberto Ginastera. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce compositeur, beaucoup moins connu du grand public que son compatriote Astor Piazzolla ?
    OP – C’est une figure passionnante de l’avant-garde argentine, et qui a eu un dialogue très fécond avec les inspirations folkloriques qui l’ont nourri. De plus il était passionné par le violoncelle auquel il a consacré deux concertos  et de nombreuses œuvres dédiées à sa seconde épouse. J’aime à penser que sa pièce solo Puneña, véritable défi technique et artistique, est une sorte de réponse musicale au réalisme magique du colombien Gabriel Garcia Marquez, tant il excelle à transformer le violoncelle tantôt en charango, tantôt en flûte des Andes, tantôt en oiseau magique de Cuzco, tantôt en instrument à percussions.

    BBB – Quelles sont les plus grandes difficultés et les plus grands pièges dans l’interprétation de la musique du tango ? 
    OP – Cette musique exige à la fois une haute technicité, car la plupart des musiciens de tango ont toujours été d’excellents musiciens classiques aux "heures ouvrables", et en même temps une liberté extrême dans l’interprétation. Sensualité, cambrure rythmique, mais aussi le sens du rubato sont les principaux enjeux de cette musique fascinante. 
     
    BBB – Le violoncelle n’est pas le premier instrument auquel on pense lorsque l’on parle de tango. Cela était-il au contraire une évidence pour vous que de vous attaquer au tango ?
    OP – C’est vrai que dans la dernière version du quintette de Piazzolla comportait une contrebasse mais pas de violoncelle. Cependant, Bragato, qui a travaillé avec Piazzolla, a contribué à nous familiariser avec ce timbre en réalisant des transcriptions. Et personnellement je trouve que le violoncelle dans le tango peut a la fois incarner la puissance rythmique de la basse que le cantabile du chanteur.

    "Sensualité, cambrure rythmique"

    BBB – Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les artistes qui vous ont accompagné dans ce disque ? Comment avez-vous travaillé dans le choix des titres et dans leur interprétation ? 
    OP – J’ai travaillé en étroite collaboration avec trois arrangeurs pour ce double album, essentiellement William Sabatier qui possède son Piazzolla sur le bout des doigts et a tout de suite eu l’intuition de mon jeu. Ensuite deux interprètes argentins qui ont aussi une démarche de compositeurs contemporains : Tomas Bordalejo à la guitare qui maîtrise la musique populaire et accompagne le chanteur Nahuel Di Pierro les yeux fermés avec un groove fantastique, et bien sûr Juanjo Mosalini, Bandoneoniste de génie qui est mon complice depuis l’album Alvorada.
     
    BBB – Vous offrez quelques standards du tango : María de Buenos Aires, Oblivion, Volver. Comment avez-vous abordé ces classiques ? Étaient-ils "indispensables" pour cet enregistrement de tangos ? Vous paraissaient-ils une évidence ? 
    OP – Oui il y a des découvertes mais aussi des "tubes" revisités dans des nouvelles compositions originales comme Volver ou La Cumparsita. Plus que des arrangements ou des relectures, ce sont de nouvelles compositions avec la "pâte" sonore du violoncelle en trame principale et c’est ce qui permet à cette tradition du tango d’être complètement renouvelée à chaque interprétation. Enfin Yo soy María ne pouvait être incarné selon moi que par la voix sensuelle et altière de Ines Cuello qui n’ai découverte lors de la production de María de Buenos Aires au Grand Théâtre de Genève. 

    BBB – Au sujet de Volver, pourquoi ce titre est-il proposé sans ses paroles ? 
    OP – Grâce à Gardel, Volver fait maintenant partie de l’imaginaire collectif, et justement parce que sa voix est irremplaçable, il fallait inventer une nouvelle composition inspirée et vibrante. Juanjo Mosalini a su trouver le ton juste pour notre duo. 

    BBB – Impossible de ne pas parler de la participation d’Agnès Jaoui dans le titre Oblivion. La connaissiez-vous ? Qui a eu l’idée de cette collaboration ? Vous ?
    OP – J’aimais beaucoup le premier album d’Agnès Jaoui produit par Vincent Segal et je voulais lui confier l’interprétation de Oblivion. C’est par Emilie Kociolek qui travaille souvent avec elle que la connection s’est faite, très naturellement ! Sa sincérité et sa diction me touchent particulièrement.

    BBB – Lucienne Renaudin-Vary a sorti il y a quatre ans un album consacré à Piazzola. Pouvons-nous rêver d’un projet musical avec vous deux, avec le tango comme fil conducteur ?

    OP – Ce projet existe! Et  Nous serons en concert pour une date exceptionnelle le 15 juin au festival de Saint-Denis !

    BBB – 2025 marque les 20 ans de votre ensemble Pulcinella Orchestra. Quel bilan pouvez-vous d’ores et déjà faire de cette aventure musicale. Qu’avez-vous prévu pour fêter cet anniversaire ?
    OP – Que d’aventures en 20 ans ! Et en même temps notre premier concert aux Flâneries Musicales de Reims puis dans  la petite église baroque de Cordon semblent avoir eu lieu hier ! Je suis très fière d’avoir pu mener à bien quelques uns de nos rêves, d’avoir travaillé avec passion sur le répertoire baroque et pré-classique avec violoncelle concertant et d'avoir partagé nos découvertes de répertoires avec un large public. La liberté que nous cultivons nous permet d’avoir le privilège de choisir nos sujets et de se choisir, ce qui est un grand luxe même si cette d’éducation exige un immense travail. Nos enregistrements sont les témoins et les pépites semées sur le chemin de nos recherches. 

    BBB – Un dernier mot au sujet de votre violoncelle, volé en septembre dernier puis retrouvé quelques mois plus tard, à votre grand soulagement. Comment va-t-il ? Est-ce toujours le grand amour ?
    OP – Oui, un amour peut-être encore plus fort car le cambriolage a été un traumatisme que je ne souhaite à personne de vivre.

    BBB – Merci, Ophélie.
    OP – Merci à vous.

    Ophélie Gaillard, Cello Tango, Aparté, 2025
    https://www.ophelie-gaillard.fr
    https://www.facebook.com/opheliegaillard.cello
    https://www.instagram.com/ophelie.gaillard
    https://apartemusic.com/fr/album-details/cello-tango

    Voir aussi : "Ophélie Gaillard sous les auspices de Ginastera et Piazzolla"
    "Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Ophélie Gaillard sous les auspices de Ginastera et Piazzolla

    Ce sont des histoires de tangos que nous propose Ophélie Gaillard dans son dernier double album, Cello Tango. Voilà qui peut paraître surprenant de la part d’une violoncelliste abonnée au répertoire classique, que ce soit Fauré, Bach, Chopin ou Brahms. C’est par contre oublier que la musicienne s’intéresse à la création contemporaine depuis des années et ne dédaigne pas faire des passerelles entre les différents genres.

    Ophélie Gaillard confie que l’idée de ce projet vient de son idée de mettre en lumière le répertoire du compositeur argentin Alberto Ginastera (1916-1983), présent dans plusieurs œuvres, La Puneña n°2 op.45, La Pampeana n°2 op. 21 et deux chansons (Canciones op. 3).

    Commençons donc avec ces œuvres dont le modernisme, certes sombre ("Harawi", Puneñas n°2), pourra désarçonner dans un opus consacré au tango. Ophélie Gaillard offre une entrée passionnante dans l’œuvre du compositeur argentin relativement peu connu dans nos contrées. On ne taxera pas la musicienne de facilité. Alberto Ginastera mérite cependant que l’on se penche sur son œuvre. Il a su s'inspirer de la musique de son pays tout en l’ancrant dans la modernité, avec des rythmes carnavalesques à la fois endiablés et désespérés menés par une Ophélie Gaillard solide et et expressionniste ("Wayno Karnavalito", Puneñas n°2). Plus mystérieuse encore est la Pampeana n°2, avec son court mouvement Lento rubato, précédant un Allegro au rythme de tango revisité et fiévreux. La musicienne qui se met au service d’un compositeur disparu il y a plus de 40 ans et, pourtant, tellement actuel ! Une nouvelle preuve s’il en est avec le pathétique Lento ed esaltato, en forme de chant funèbre. N’est-ce pas l’Argentine abîmée par la dictature militaire des années 60 à 80 qui s’exprime ? Alberto Ginastera a d’ailleurs vécu la censure puis l’exil. Le court Allegro vivace vient clore cette Pampeana, un mouvement sombre mais qui se veut aussi un appel à la vie et à la liberté. Comment rester indifférent au travail et à l’art d’un musicien argentin contraint de suivre de loin les affres de son pays ? Nahuel di Pierro vient interpréter dans le second CD deux chansons des Canciones op. 3 d’Alberto Ginastera. La nostalgie et la mélancolie cachent mal mal la douleur du déchirement natal (Canción al árbol del olvido), même si le désespoir ne peut se cacher trop longtemps (Canción a la luna lunanca).

    La danse la plus sensuelle et en même temps la plus existentielle qui soit

    Le tango, la danse la plus sensuelle et en même temps la plus existentielle qui soit, est représentée dignement par Astor Piazzolla. Inévitable. L’album rassemble des standards de tangos du célébrissime compositeur. Ophélie Gaillard aurait eu bien tort de ne pas s’en emparer, que ce soit Milonga for Three, Fuga y misterio derrière lequel se cachent les influences de Bach, le délicat Viage de bodas ou encore le désormais classique air de María de Buenos Aires, "Yo soy María", interprété avec conviction et tempérament par Inès Cuello. L’auditeur découvrira sûrement ce singulier titre de Piazzolla qu’est Vayamos al diablo, faisant se rejoindre tango traditionnel, rythmiques traditionnelles et facture moderne. Il faudra tout autant s’arrêter sur l’ambitieuse pièce Las Cuatro erstaciones Porteñas : Otoño porteño. Ces Estaciones porteñas constituent une suite en quatre parties, appelées "Saisons" – été, printemps, automne et hiver. Une œuvre réaliste et un hommage à Buenos Aires par le génie argentin. 

    Piazzola est présent dans le second disque du double album, avec le magnétique Milonga sin palabras, l’irrésistible et sensuel Regreso al amor, le sombre La Muerte del Angel et le désormais classique Oblivion, arrangé par William Sabatier et qu’interprète Agnès Jaoui.

    Hormis Ginastera et Piazzolla, on retrouvera dans ce convaincant opus de tangos des œuvres d’autres compositeur et compositrices. L’enregistrement débute d’ailleurs avec le pianiste argentin Osvaldo Pugliese (1905-1995) avec sa Negracha arrangée par William Sabatier.

    Le Volver d’Alfredo Gardel et d'Alfredo Le Pera est présent, comme de juste, mais singulièrement sans ses paroles, ce qui permet de s’arrêter sur la qualité de la composition musicale – et en particulier sur le dialogue entre le violoncelle d’Ophélie Gaillard et le bandonéon de Juanjo Mosalini.

    L’auditeur ou auditrice découvrira sans doute la compositrice Rosita Melo (1897-1981), présente dans l’album avec un de ses airs, la séduisante et mélancolique valse Desde el alma. Une autre compositrice a les honneurs de l’enregistrement, Mercedes Sosa (1935-2009). Celle que l’on surnommait "La Negra" est connue en Argentine comme chanteuse s’intéressant au folklore de son pays. Elle est présente dans l’album dans une de ses pièces, La Zafrera, ici interprétée en instrumental avec le violoncelle vibrant et vivant d’Ophélie Gaillard.  

    Dernière découverte de ce côté de l’Atlantique, celle de Julián Plaza (1928-2003), homme à tout faire du tango, proche d’Osvaldo Pugliese, musicien admiré, bandonéoniste, arrangeur génial, chef d’orchestre et ici compositeur. Avec Nocturna, arrangé par Juanjo Mosalini, il suit les pas de Piazzolla, mais tout en gardant son identité propre. Cette pièce séduit par sa liberté, son espièglerie mais aussi son attachement aux rythmes et musiques traditionnelles argentines.    

    L’album ne pouvait se terminer que par un standard – avec un grand "S" –, à savoir La Cumparsita de Gerardo Matos Rodríguez. Quelques coups de talons rythmés pour saluer ce programme argentin, séduisant et revivifiant ! Merci, Ophélie Gaillard, qui répondra très prochainement et en exclusivité, aux questions de Bla Bla Blog !

    Ophélie Gaillard, Cello Tango, Aparté, 2025
    https://www.ophelie-gaillard.fr
    https://www.facebook.com/opheliegaillard.cello
    https://www.instagram.com/ophelie.gaillard
    https://apartemusic.com/fr/album-details/cello-tango

    Voir aussi : "Histoires de tangos par Lucienne Renaudin Vary"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • "Chacun sa vérité ?"

    Le Café philosophique de Montargis fixe son prochain rendez-vous à la Médiathèque de Montargis le vendredi 30 mai 2025 à 19 heures pour une nouvelle séance qui aura pour sujet cette question : "Chacun sa vérité ?"

    La vérité est un thème philosophique majeur dans l’histoire de la pensée. Habituellement, l’expression "chacun sa vérité" est souvent utilisée pour écarter tout conflit entre deux personnes. C’est aussi affirmer qu’il n’y a pas de vérité absolue et prôner la liberté de chacun et chacune dans sa manière de penser.

    Se poserait donc la question de savoir s’il peut exister ou non une vérité absolue. Si l’on répond par non, cela voudrait-il dire que toutes les opinions se valent ? Y a-t-il au contraire des vérités universelles ? Et dans ce cas, que sont-elles ? La liberté d’opinion implique-t-elle forcément une "vérité personnelle" et un "relativisme total" ? Dans ce cas, en quoi la vérité serait-elle encore une valeur morale ? Construire "sa" vérité grâce à un cheminement personnel est-ce rejeter toute dimension scientifique de la vérité ?  

    Ce seront autant de points et de questions qui pourront être débattus lors de cette séance qui s’annonce déjà passionnante. Rendez-vous donc à l’Atrium de la Médiathèque de Montargis le vendredi 30 mai 2025 à 19 heures.

    La participation sera libre et gratuite. 

    "Chacun sa vérité ?"
    Médiathèque de Montargis
    Vendredi 30 mai 2025, 19H
    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com
    https://www.facebook.com/cafephilosophique.montargis

    Voir aussi : "Sommes-nous maîtres de nos technologies ?"

    Photo : Pexels – Cottonbro

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • La Marseillaise des Ivrognes

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film La Marseillaise des Ivrognes. Il sera visible les jeudi 22 mai, dimanche 23 mai et mardi 27 mai. Soirée débat à l’Alticiné le lundi 26 mai à 20H30.

    Une équipe de tournage parcourt les routes et les villes d’Espagne sur les traces du voyage clandestin entrepris par un groupe de jeunes ethnomusicologues italiens qui, au cours de l’été 1961, a collecté des chants populaires de résistance au franquisme et une mémoire orale. Leur publication est censurée par le régime franquiste, qui l’appelle "La Marseillaise des ivrognes". À chaque étape, chaque rencontre, chaque mémoire, une nouvelle chanson.

    Ce road-movie temporel réactualise le passé en dessinant une géographie émotionnelle et politique d’un territoire où les blessures restent ouvertes.

    La Marseillaise des Ivrognes, documentaire espagnol de Pablo Gil Rituerto
    Titre original : La marsellesa de los borrachos, 96 mn, 2025
    D’après le roman d’Aharon Appelfeld
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1565
    https://www.tangente-distribution.net/films-3/la-marseillaise-des-ivrognes

    Voir aussi : "Comment Devenir Riche (Grâce à sa Grand-Mère)"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • La Chambre de Mariana

    Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film La Chambre de Mariana. Il sera visible les jeudi 22 mai, dimanche 25 mai et lundi 26 mai. Soirée débat à l’Alticiné le mardi 27 mai à 20H.

    1943, Ukraine, Hugo a 12 ans. Pour le sauver de la déportation, sa mère le confie à son amie d’enfance Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close à la sortie de la ville. Caché dans le placard de la chambre de Mariana, toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scènes qu’il devine à travers la cloison…

    La Chambre de Mariana, drame français d’Emmanuel Finkiel
    avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk, Julia Goldberg, 130 mn, 2025

    D’après le roman d’Aharon Appelfeld
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1566 
    https://www.advitamdistribution.com/films/la-chambre-de-mariana

    Voir aussi : "Comment Devenir Riche (Grâce à sa Grand-Mère)"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Liza by Lucile

    On peut élever une statue à La Boîte à Pépites, un éditeur qui a courageusement choisi de mettre à l’honneur des compositrices oubliées – un euphémisme, hélas ! Pour cet album consacré à Liza Lehmann (1862-1918), née anglaise d’un père allemand, Lucile Richardot, la mezzo-soprano française réclamée dans le monde entier, vient donner de sa voix et de sa sensibilité pour sortir de l’ombre 24 chansons. La diva est accompagnée par Anne de Fornel au piano. L’enregistrement contient également des interprétations  du baryton Edwin Crossley-Mercer, de la soprano Marie-Laure Garnier et de la violoniste Manon Galy.  

    Chanteuse renommée à son époque, soutenue par Clara Schumann en personne, Liza Lehmann doit son passage à la composition à un problème de santé puis à un mariage qui la pousse à se retirer de la scène lyrique alors qu’elle n’a que 34 ans. C’est la composition qui a maintenant ses faveurs, avec en particulier la musique de chambre (Trois Valses de Sentiment, Album Of  Ten Pianoforte Sketches, Good Night, Babette!, pour ne citer que ces opus). Mais c’est avec la mélodie qu’elle perce réellement.

    Sa "première composition sérieuse" est In A Persian Garden, un cycle de 22 mélodies pour quatre voix et piano qui lui assure un incontestable succès. Ce cycle est salué à son époque comme la meilleure pièce jamais écrite par une compositrice. L’album contient deux morceaux de cet opus, Ah! Moon of my Delight et Ah! Not a Drop. Il y a du néoromantisme dans ces deux extraits, plus occidentaux qu’orientalisants – ce qui contredit le titre de l’œuvre.

    Hormis ces deux extraits d’In A Persian Garden et la charmante mélodie You And I sur un texte de Mary Atnold Childs (1897), l’enregistrement propose des airs du XXe siècle.

    Compositrice prolifique, Liza Lehman a écrit en tout plus de 350 mélodies, un genre particulièrement prisé en Angleterre. On imagine le choix cornélien de devoir choisir 24 pièces, témoignant de l’inspiration et du travail d’une compositrice sensible et engagée car l’artiste a défendu toute sa vie l’égalité entre hommes et femmes, à une époque où ce combat semblait perdu d’avance.

    Le tact de Lucile Richardot sert des mélodies au romantisme certain inspiré des lieder du XIXe siècle (The Beautiful Lady), sur des textes brillants (The Lake Isle Of Innisfree de W.B. Yeats). Le classicisme de la compositrice anglais ne l’empêche pas d’affirmer sa personnalité (Dusk In The Valley). Londonienne d’origine, Liza Lehmann rend hommage à la campagne (A Bird In The Sky) et aux traditions en s’inspirant des traditions folkloriques, à l’exemple d’un extraits de ses chants folkloriques bretons (I Dreamt My Love Was Singing).

    Une compositrice sensible et engagée

    Lucile Richardot excelle dans cette découverte de ce patrimoine musical anglais qui sait toucher aux cœurs (Echoes). William Shakespeare n’est pas absent dans l’album. Edwin Crossley-Mercer interprète avec Lucile Richardot un extrait du Marchand de Venise (le somptueux How Sweet The Moonlight Sleeps Upon This Bank). Restons au XVIe siècle avec Ben Johnson, un contemporain de Shakespeare, dont la compositrice anglais a mis en musique un de ses poèmes, The Lily Of A Day, aux paroles qui résonnent plus que jamais en 2025 :  "Ce n'est pas en croissant comme un arbre / En masse, que l’homme devient meilleur… / En de petites proportions, nous voyons de véritables beautés ; / En de courtes mesures, la vie peut être parfaite".

    On saluera le travail mélodique sur un texte d’Evelyn Young, In The Watches Of The Night, ou encore sur la chanson The Guardian Angel, écrit par Edith Nesbit. Beaucoup de femmes sont du reste mises à l’honneur dans ce très bel album, que ce soit Constance Morgan (Evensong), Marguerite Radclyffe Hall (le délicat The Silver Rose), Ethel Clifford (l’onirique By The Lake) ou Christina Rossetti (le funèbre When I Am Dead, My Dearest, composé quelques semaines avant le décès de Liza Lehmann).

    L’originalité de la compositrice étincelle également dans l’enlevé Good Morning, Brother Sunshine! écrit par J.W. Foley ou dans l'extrait du cycle à succès The Daisy-Chain datant de 1901 (Il No One Ever Marries Me). L’auditeur pourra être subjugué par ce singulier song tiré d’un superbe texte – traduit de l’azéri – de Mirza Shafi, Oh, Tell Me, Nightingale ("Ô dis-moi, Rossignol, doux oiseau, / Pourquoi ta voix ne se fait plus entendre, / Emplissant nos âmes de ravissement"). Lucile Richardot sert encore le mélange de puissance évocatrice et de subtilité lorsqu’elle interprète un poème amoureux de Robert Browing (Love, If You Knew The Light), lorsqu’elle déclame un amour avec tendresse et romantisme (Thoughts Have Wings) ou lorsqu’elle se fait onirique (When The Shadows Fall Tonight).

    Pour beaucoup, Liza Lehmann sort enfin de l’ombre. Grâce à La Boîte à Pépites, donc. Gros Big up pour cette maison, infatigable dans son projet artistique !     

    Liza Lehmann, Songs, La Boîte à Pépites, Lucile Richardot et Anne de Fornel, 2025
    https://citedescompositrices.com/la-boite-a-pepites-label
    https://www.opera-comique.com/fr/lucile-richardot

    Voir aussi : "Rita Strohl en robe de chambre"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Lorsque la Russie s’enlise contre un plus petit qu’elle

    Un dictateur russe, sûr de son génie tactique, se lance dans une opération militaire en s’en prenant à un pays frontalier vingt fois plus petit. Il est certain qu’en quelques jours il mettra au pas son voisin grâce à son armée pléthorique et surarmée, histoire d'annexer un pays et de s'étendre un peu plus. Mais c’est sans compter l’esprit de résistance du pays attaqué.

    Vous pensez que l’on parle de la guerre russo-ukrainienne toujours en cours depuis février 2022 ?

    Et bien, raté.

    Il s’agit de la Guerre d’Hiver déclenchée en novembre 1939 menée par une Russie aussi stupide qu’hautaine contre son voisin finlandais. Ca vous rappelle quelque chose, non ? Contre toute attente, une mobilisation générale a lieu, envoyant des citoyens sur un large front glacé par un hiver particulièrement rigoureux. Mal préparés, sous-estimant leur adversaire et affaiblie par les purges dans l’armée quelques années plus tôt, la Russie - appelée URSS - se casse les dents. Et, par dessus le marché, la Finlande peut compter sur le sniper le plus doué de l’histoire et qui personnifie comme personne l’esprit de résistance du Petit Poucet finnois contre l’ogre russe.

    Dans Les Guerriers de l’hiver (éd. Michel Lafon), Olivier Norek choisit de s’attacher à un groupe d’amis de la petite ville de Rautjärvi, non loin de la frontière russe. Parmi ces jeunes appelés finnois, l’attention se porte sur Simo Häyhä, bientôt surnommé "La Mort Blanche" par des soldats russes surpris et terrifiés par les talents de sniper du jeune homme. 

    Une Russie aussi aveuglée par l’Ukraine qu’elle ne l’a été avec la Finlande il y a 75 ans

    Olivier Norek, habitué aux thrillers robustes (Code 93, Territoires, Surtensions, Surface) surprend avec ce roman historique sur un épisode oublié des années 40.

    Il est vrai que ce que l’on a appelé la Guerre d’Hiver a été oublié du fait de l’événement monstrueux qu’était La Seconde Guerre Mondiale et qui n’en était qu’à ses débuts. Et pourtant, en Finlande, ce conflit contre la Russie, qui a duré de novembre 1939 à mars 1940 fait figure de moment majeure pour cette nation. Une vraie guerre patriotique aux yeux des Finlandais et voulue par Staline qui voyait dans l’invasion de la Pologne par Hitler l’occasion de s’étendre. Le dirigeant nazi saura se souvenir des difficultés de l’URSS à mettre au pas une nation de quelques millions d’habitants. À peine enclenchée, grâce à un faux attentat (classique !), le dictateur russe est persuadé que l’Armée Rouge ira jusqu’à Helsinki sans problème. C'est l'humiliation pour lui !

    Finalement, les enjeux de cette guerre sont moins importants que la vie au plus près du front. L’auteur français consacre des pages hallucinées sur les tueries comme sur l’apprentissage de l’art de la guerre par d’anciens ouvriers ou paysans contre un ennemi surpris par la résistance finnoise comme par l’hiver. Olivier Norek fait aussi et surtout de cette page d’Histoire une illustration de notre actualité, avec une Russie aussi aveuglée par l’Ukraine qu’elle ne l’a été avec la Finlande il y a 75 ans.  

    Olivier Norek, Les Guerriers de l’hiver, éd. Michel Lafon, 2024, 448 p.
    http://michel-lafon.fr/livre/3056-Les_guerriers_de_l_Hiver.html
    https://www.facebook.com/oliviernorek
    https://www.instagram.com/norekolivier

    Voir aussi : "Les quatre fantastiques"
    "Sanglantes eighties"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !