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Voilà un album qui vient vous cueillir à froid et qui est à placer parmi les belles surprises du moment. Le compositeur libano-français Wassim Soubra propose, avec Il vento, un voyage se jouant des frontières, entre classique, contemporain et world music.
Il y a du soleil dans cet album de huit titres instrumentaux (Réfractions), du soleil mais aussi des images. C’est en vérité un beau "film" que nous propose le compositeur dont l’influence de Georges Delerue paraît tomber sous le sens (Fluctuations, Alizé). Le son de l’oud de Khaled El Jaramani vient apporter ce souffle et cette lumière méditerranéenne (Azur, Anima), rappelant les origines moyen-orientales de Wassim Soubra qui a quitté son pays en 1974, alors qu’éclatait la guerre civile.
Une vraie bande originale de film !
Le musicien connaît très bien le classicisme, que ce soit Bach ou Debussy dont il s’inspire pour ses compositions subtiles et aux riches couleurs (Le pêcheur solitaire). On saluera tout autant le travail de mélodiste de Wassim Soubra (Alizé, Le pêcheur solitaire) qui s’est entouré de musiciens apportant leurs couleurs et leurs sensibilités. On pense à la flûte magique d’Henri Tournier et le violoncelle néo-romantique de Julie Sevilla-Fraysse.
Aucune fausse note dans ces huit titres dominés par la nostalgie (Anima) mais aussi la volonté de faire se rejoindre des cultures que l’on pense à tort comme irréconciliables. Wassim Soubra prouve le contraire. L’auditeur ou l’auditrice verra dans cet opus un livre d’images… musicales, que ce soit cette délicate rose d’un jardin du sud (La rose), les éclats de lumières du soleil méditerranéen (Réfractions), le ciel d’été (Azur) ou encore le vent (Il vento). Une vraie bande originale de film !
Une vraie et belle révélation que cet album incroyable, à écouter les jours de spleen.
Jolie découverte que ce roman américain de Jane Smiley, sorti en 2022 et publié en France l’an dernier chez Rivages, sous le titre Un métier dangereux.
Ce métier dangereux c’est d'abord celui pratiqué par Eliza Ripple à Monterey en Californie. Nous sommes en 1851. Eliza est prostituée depuis la mort de son mari. Or, paradoxalement, elle vit cette "reconversion" dans un bordel tenu par Madame Parks comme une chance. Son mariage se passait mal. Après avoir été séparé de ses parents, elle était malmenée par son époux, si bien que sa nouvelle vie apparaît en comparaison, et paradoxalement, bien plus douce. Elle rencontre Jean, prostituée comme elle, mais cette fois dans un établissement réservé aux femmes. Les deux femmes deviennent amies au moment où un premier meurtre de prostituée a lieu. Puis un second… Eliza et Jean mènent l’enquête.
Les atouts de ce policier
Ce roman vraiment intéressant même thriller et réflexion sociale, le tout avec deux héroïnes prostituées, très courageuses pour ne rien gâter. Voilà les atouts principaux de ce policier étonnant qui prend le temps de s'écouler, avec singulièrement peu de violences - si l'on excepte la découverte de corps. On est dans un western finalement assez méditatif, tout en restant très réaliste.
Jane Smiley ne cache pas que pour ce roman, elle s’est solidement documentée afin de rendre le récit le plus réaliste possible. C’est simple : on se croirait dans la Californie précédant de dix ans la Guerre de Sécession. C’est une Amérique déchirée qui cohabite tant bien que mal, violente et impitoyable envers les gens de couleur et les femmes – car le "métier dangereux", ici, est en réalité celui de "femme".
Les meurtres sont les enjeux de ce roman qui se termine avec la résolution des crimes, bien sûr. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui intéresse l’autrice américaine ce sont ces deux héroïnes attachantes et plus particulièrement la condition féminine. La prostitution semble être paradoxalement moins un problème qu’une solution, si l’on pense à la nouvelle liberté dont jouit Eliza. Lorsque Jane Smiley parle des clients de la jeune prostituée, elle le fait avec détachement, sans vulgarité, sans cacher que le danger est quotidien.
Un métier dangereux refuse les scènes d’action et même l’enquête pointilleuse pour s’attacher aux personnages, à leurs habitudes, aux longues ballades mais aussi aux réflexions sur la place de ces dames dans la société américaine. Souvent cantonnée à des rôles secondaires dans les westerns, la figure de la prostituée devient un personnage particulièrement révélatrice.
Parlons de la galerie Oana Ivan Gallery. Située au 93 rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, cet écrin tourné vers l’art, a ouvert ses portes en janvier de cette année. Après une première exposition autour de l’artiste visionnaire Peter Knapp, c’est sur le photographe Gilles Bensimon qui a les honneurs de la galerie parisienne. Il ne reste que quelques jours pour la découvrir.
Gilles Bensimon reste une figure marquante du magazine Elle. Il a lancé l’édition américaine en 1985, avant d’en devenir le directeur créatif. Il a photographié toutes les icônes de son époque : Linda Evangelista, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Madonna, Charlize Theron ou Gisele Bündchen.
Photographe des femmes, mais surtout pour les femmes
Photographe des femmes, mais surtout pour les femmes, il a libéré l’image du corps féminin sans jamais en faire un objet. Il a profondément réinventé la façon de photographier la femme : ni icône figée ni simple muse, mais partenaire d’une vision créative. Son œuvre est une ode à l’allure, à l’intimité, à l’instant.
"Ce sont les femmes qui m'ont tout donné", dit-il. Pour lui, un portrait doit être une découverte, garder une part d’ombre. Son ambition : faire "des photos hors du temps, mais qui disent aussi quelque chose de l’instant". Une quête qu’il poursuit avec une exigence sans relâche, souvent teintée de doute : "Je ne suis jamais entièrement satisfait de mes photos". C’est peut-être cette insatisfaction qui le pousse à aller toujours plus loin, à photographier encore, à ne jamais s’arrêter. Lorsqu’on lui demande quelle est sa photo préférée, il répond : "C’est celle que je ferai demain".
Exposition "Gilles Bensimon", du 12 septembre AU 8 novembre 2025 O.I, Oana Ivan Gallery 93, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris https://www.galleryoanaivan.com
On ne le sait sans doute pas mais Nextory est une importante plateforme de lecture de livres. Elle était cette année encore un partenaire du Festival New Romance qui se tient au Havre du 31 octobre au 2 novembre. Une belle initiative et fort à propos, tant ce genre littéraire, n’en déplaise aux grincheux et grincheuses, est en pleine expansion, et ce peu importe le format de lecture. Les études de consommation menées par l’application européenne de lecture montrent que la romance demeure un des genres les plus consommés par les utilisateurs, représentant 20 % du total des lectures en 2025, avec une nette progression du format audio.
"Chez Nextory, nous croyons fermement que la lecture permet de s’évader du quotidien, et la romance fait cela très bien. Le Festival New Romance célèbre la passion, aussi bien des lectrices que des autrices, pour ce genre littéraire en plein essor", déclare Hélène Merillon de Nextory.
Pendant le mois d’octobre, la communauté Nextory a ainsi pu voter pour le Prix de la meilleure romance audio qui sera révélé pendant le festival. Les titres suivants sont nominés cette année pour le Prix Nextory de la meilleure romance audio 2025 : Campus Agency de Lyly Bay, Insomnia de Léa Nemezia, Midnight Kiss d’Acacia Black et Mad Majesty de Delinda Dane.
Les titres d’autrices françaises comme Delinda Dane ou Morgane Moncomble ont eu un succès tout particulier sur Nextory cette année, mais d’autres phénomènes internationaux, mentionnés à de nombreuses reprises sur BookTok, fonctionnent également très bien, comme on peut le voir avec les titres d’Ana Huang et de Rebecca Yarros qui, cette année encore, font partie du top lecture sur l’application, inspirant une nouvelle génération de lecteurs avec des romances addictives mêlant amour et résilience. Résultats des votes très bientôt.
Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le filmCiudad Sin Sueño. Il sera visible les jeudi 23 octobre, le dimanche 26 octobre à 18h00 et le lundi 27 octobre à 14h00. Soirée débat mardi 28 octobre à 20 heures.
Toni, un garçon Rom de 15 ans, vit dans le plus grand bidonville illégal d’Europe, en périphérie de Madrid. Fier d’appartenir à sa famille de ferrailleurs, il suit son grand-père partout. Mais à mesure que leur terrain devient la proie des démolisseurs, la famille se divise : lorsque certains choisissent de partir en ville, son grand-père, lui, refuse de quitter leurs terres. Au fil des nuits, Toni doit faire un choix : s’élancer vers un avenir incertain ou s’accrocher au monde de son enfance.
Prix SACD à la Semaine Internationale de la Critique 2025
Voilà un singulier roman qui nous vient de Corée du Sud et que les éditions Nathan proposent dans sa version française. À noter que la traduction dans notre langue du roman de Soyoung Park est issue de la version américaine. Dommage mais on dira que c'est un choix éditorial.
Snowglobe, sorti dans son pays il y a cinq ans, a reçu le prestigieux prix Young Adult Changbi X Kkaopage. Destiné à un lectorat adolescent, il suit les aventures de Chobahm, 16 ans, vivant dans un monde post-apocalyptique.
Guerre mondiale et crise climatique ont plongé la terre dans une ère glaciaire. La majorité de la population doit survivre en travaillant, tels des hamsters, dans de gigantesques usines produisant de l’énergie. La seule évasion possible, c’est la télévision, en particulier des émissions de télé-réalité, créés à Snowglobe, grosse consommatrice d'électricité mais également créatrice d'inégalités. Ce lieu est celui des nantis et il fait rêver l’adolescente. Or, elle est contactée par une mystérieuse femme qui lui propose un contrat : remplacer la jeune star Goh Haeri qui lui ressemble et qui vient de se suicider. Voilà Chobham partie vers le monde de Snowglobe pour remplacer l’actrice, mais sans dévoiler ce secret.
Tel un k-drama d’un autre genre
Véritable roman d’aventure qui saura séduire un public adolescent, a fortiori s’il est fan de culture coréenne, Snowglobe n’était pas pour autant mièvre, loin s’en faut. Cette histoire de voyage dans un univers mêle utopie et dystopie mêle enjeux climatiques, réflexions sur les inégalités sociales, condamnation des illusions médiatiques et récit initiatique.
D’autres thématiques sont abordées : l’identité et la violence, sophistiquée, sournoise et tout aussi cruelle. Chobham se transforme au cours de son récit, grandit et mûrit, tout en découvrant de lourds secrets sur elle et ses origines.
Soyoung Park a écrit là un étonnant roman, atypique, aux nombreux personnages, tel un k-drama d’un autre genre, inscrit dans un futur cauchemardesque, avec des adolescentes en aventurières déterminées. Voilà qui devrait convaincre plus d’une jeune lectrice.
Quatre compositeurs majeurs de la musique française constituent le cœur de cet enregistrement du Quatuor Dutilleux : Henri Dutilleux – bien sûr – mais aussi Jean-Philippe Rameau, Maurice Ravel et Claude Debussy. Quatre figures majeures, donc, auxquels s’ajoute une petite nouvelle, Claire-Marie Sinnhuber, que nous découvrons donc.
On ne le dira jamais assez. On entre dans la musique de Rameau avec je ne sais quoi de méfiance pour une musique passant vite comme datée et on en ressort fatalement envoûté. Le Quatuor Dutilleux propose ici une œuvre qui n’est pas forcément la plus connue. Sa Suite à 4, quatre mouvements de moins de 12 minutes en tout, n’était au départ pas pour quatuor mais pour clavecin seul. C’est un gros travail de transcription de Thomas Duran – également au violoncelle – qui permet de recréer une pièce aérée, ample et colorée, véritable invitation aux Turcs, muses et cyclopes. Irrésistible comme Rameau.
Autre époque, autre univers avec Ainsi la Nuit d’Henri Dutilleux, une œuvre majeure de la musique contemporaine et du répertoire français. Le quatuor a été composé sur plusieurs années, dans la première moitié des seventies. Deux Nocturnes, quatre Parenthèses et un final Temps suspendu constituent cette pièce incroyable de modernité, tout autant que de retour au répertoire contemporain du début du XXe siècle – le livret parle de Bartok. On pourrait tout aussi bien citer Webern (Nocturne 1). Le Quatuor Dutilleux ne pouvaient pas faire l’impasse sur le compositeur français disparu il y a 12 ans. Précisons aussi que le titre de l’album, Miroir d’espace, reprend le sous-titre du mouvement Parenthèse 1 d’Ainsi la Nuit. Disons aussi que cette suite pourrait illustrer un tableau de Soulages. À la monochromie noire des peintures de ce dernier répondraient des sonorités et des rythmes alternant obscurités (les Litanies 1 et 2 des Parenthèses 2 et 3) et éclats (Parenthèse 1 / Miroir d’espace).
Dans l’espace sonore proposé par Dutilleux – le compositeur et l’ensemble, donc – alternent esprits inquiétants (Litanies) et voyages dans l’au-delà. Le compositeur français l’avait dédié en 1977 à la mémoire de l'amateur d'art américain Ernest Sussman, ami du compositeur. C’est du reste bien une prière que l’auditeur ou l’auditrice a l’impression d’écouter dans la Litanie 2 (Parenthèse 3), avec ce mouvement Constellations (Parenthèse 4), une musique des sphères mystérieuse. Suit un bref Nocturne – le second –, feu follet en forme d’apparition furtive. Temps suspendu vient clore Ainsi la Nuit, porté un ensemble qui a fait d’Henri Dutilleux leur figure de référence. Autant dire que Guillaume Chilemme (violon), Matthieu Handtschoewercker (violon), David Gaillard (alto) et Thomas Duran (violoncelle) ne pouvaient que bien servir le maître.
Ce désir de tendre attachement
Retour au classicisme avec Maurice Ravel et son Quatuor à cordes en fa majeur qu’il avait dédié à Claude Debussy. Il est vrai qu’il y a de l’onirisme, pour ne pas de l’impressionnisme, dans cette œuvre qui avait été demandée par Gabriel Fauré en 1902.
Maurice Ravel a 27 ans et créé là sa première pièce pour musique de chambre. On aime Ravel pour ce mélange de modernité et de classicisme. Ses compositions semble être d’une grande simplicité (Allegro moderato). Cela ne les rend, comme ici, que plus colorées et harmoniques. Le deuxième mouvement (Assez vite. Très rythmé) nous entraîne dans un univers lui aussi merveilleux, mais aussi joyeux et insouciant. Il y a souvent dans la musique de Ravel, non pas de l’archaïsme, mais un retour aux sources. Le compositeur, et avec lui, ici, l’ensemble Dutilleux, évoquent ce désir de tendre attachement. Nous sommes en terrain connu et conquis.
Voilà qui rend Ravel si prodigieusement actuel, y compris dans ses rythmiques et ses danses espagnoles – espagnoles, comme ses origines. On fond à l’écoute du mélodieux et bouleversant troisième mouvement Très lent. Les cordes du Quatuor Dutilleux viennent nourrir une partie à la tristesse ineffable. Voilà qui tranche avec le nerveux troisième mouvement (Vif et agité). Ravel conclut en beauté cet hommage à Debussy que l’on trouve plus tard dans l’album du Quatuor Dutilleux.
Beaucoup découvriront Claire-Marie Sinnhuber, présente dans ce programme avec sa pièce Flos Fracta. Littéralement "Fleur brisée", cette création prouve que le Quatuor Dutilleux nage comme un poisson dans l’eau dans la création contemporaine. La musique de chambre se trouve bousculée ici, grâce à une œuvre puisant son inspiration dans la nature, l’environnement fragile, les oiseaux, les arbres et, bien sûr, le floral. Claire-Marie Sinnhuber lorgne aussi du côté d’Olivier Messiaen et de ses Chants d’oiseaux. Elle fait de Flos Fracta une vraie pièce naturaliste. C’est simple : grâce au quatuor français, on entend même la pluie perler sur les feuilles.
Debussy est présent dans l'enregistrement pour clore cet album de musique française. Il s’agit ici du célèbre Clair de lune, extrait de la Suite Bergamesque, dans une version pour quatre instruments adaptée par David Gaillard. Une rareté qui rend d'autant plus indispensable l'écoute de ce Clair de lune. Quelle magnifique initiative ! Une belle curiosité, immanquable.