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  • Désir ou amour, tu le sauras un jour

    Le moins que l’on puisse dire est que Noé Margolis sait accrocher le lecteur et parler à sa corde sensible. Le premier chapitre de son roman Ça fera des souvenirs (éditions Michalon) interpelle le lecteur directement tout autant qu’il l’interroge : "Ce n’est pas seulement l’histoire de ce livre que vous découvrez. C’est votre propre histoire. Vous nagez dans le temps, vous replongez en vous-même pour vous rappeler ce qui a eu lieu, ce qui n’a pas eu lieu, ce qui aurait pu avoir lieu".

    Mais de quelle histoire parlons-nous au juste ? Il s’agit de celle de Darius, un adolescent de dix-sept ans, un peu dégingandé du haut de son mètre quatre-vingt deux, pas forcément bien dans sa vie ("Grandir à la bonne place"), sans être forcément paumé, un peu en manque de reconnaissance dans sa famille, et avec les filles, ce n’est pas forcément très simple.

    Lorsque le roman commence, Darius assiste, avec sa famille, aux funérailles d’Alain, un ami de son père qui a compté pour l’adolescent. Un soutien mais aussi un jalon important dans sa jeune vie. Alors que la cérémonie se déroule au cimetière du Père-Lachaise, avec son lot de discours et de musique (l’auteure en fait d’ailleurs le métronome de son roman), Darius se replonge dans son passé, au sujet duquel Alain disait : "Au moins, ça te fera des souvenirs".

    Ce ne sont pas les parents ni même le frère de Darius qui forment le cœur de ses réflexions, mais trois personnes qu’il a connues, trois adultes, à la fois exemplaires, édifiants et bouleversants. Ils forment l’armature des souvenirs du jeune homme, appelé à grandir et vieillir.

    Ça fera des souvenirs est un des plus beaux livres écrits sur la manière d’être adulte dans notre société moderne


    Ça fera des souvenirs est une très jolie surprise littéraire de ce printemps. En dépit de ce que pourrait penser de ce récit plein de mélancolie, on en sort bizarrement ragaillardi, après avoir parcouru les quelques dizaines d’années du personnage principal, de l’adolescence jusqu’au mitan de sa vie.

    La compassion que le lecteur a pour Darius vient paradoxalement de sa simplicité, de ses failles et de ses défauts. Les premières idylles, les amours déçus ("Désir ou amour, tu le sauras un jour", cite l'auteure qui reprend les paroles d'une chanson d'Axelle Red), la rencontre avec un lycéen venu d’une famille huppée – où l’on découvre que les concerts des Enfoirés peuvent prendre une tournure métaphysique ! –, les rêves déçus (la danse) ou au contraire en construction (une librairie) ou la rencontre avec la femme de sa vie deviennent des aventures en soi.

    Mais là où Noé Margolis se montre sans doute la plus clairvoyante est dans sa manière de mettre la mort au centre du récit – car trois enterrements ponctuent le récit – et surtout de faire de trois adultes, en âges plus ou moins avancés, à la fois des références (Alain), des exemples bouleversants (Charline) et des personnages mystérieux aux lourds secrets (Gilbert).

    La vie, l’amitié, les rêves, le temps passé qui ne reviendra plus et, finalement, les souvenirs. Il faut ajouter à cela l’amour, le désir, les histoires jamais abouties (Charline et Alain) ou les souvenirs que l’on ne racontera jamais. Tels sont les thèmes du roman de Noé Margolis. Mine de rien, Ça fera des souvenirs est un des plus beaux livres écrits sur la manière d’être adulte dans notre société moderne (car le roman se déroule des années 80 à notre ère technologique), avec, comme observateur et acteur, un Darius grandissant, observant, expérimentant et vivant. Non sans mélancolie et nostalgie, car, comme le dit l’auteure : "Vieillir, c’est s’éloigner de soin époque, comme on s’éloigne du rivage".  

    Noé Margolis, Ça fera des souvenirs, éd. Michalon, 2023, 192 p.
    https://www.michalon.fr

    Voir aussi : "L'un dans l’autre, l’un contre l’autre"

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  • Ave Caesar

    L’anglo-suédois Caesar Spencer arrive avec un premier album ambitieux, qu’il résume ainsi : "Je voulais démontrer qu’en France, il y a une sophistication dans la créativité musicale qui n’existe nulle part ailleurs. Je prends mon univers anglo-saxon et je le déplace dans un contexte français avec tous les personnages qui vont avec. C’est à la fois étrange, et fascinant."

    Get Out Into Yourself, c’est ça : du son pop-rock dense, coloré, attrayant, mélodique et aux influences des plus nobles :  de Scott Walker à Lee Hazlewood, Morrissey ou Pete Doherty. Quand je vous parlais d’ambition. Et pour ne rien arranger, Caesar Spencer s’est offert de très bons featurings : Jo Wedin, omniprésente, mais aussi Jean Felzine, Gilles Tandy, Mareva Galanter et même Jacqueline Taïeb.  

    Gilles Tandy, figure du punk à la française apparaît dans "Hail Caesar", un rock pur sans chichi, avec également Jean Felzine, du groupe Mustang. De l’instrumental, guitares et un soupçon de sons électros. Après cette entrée en matière instrumentale, intéressons nous à ce "Get Out Into The Pigs", au parfum eighties, que Morrissey et sa bande des Smiths n’auraient pas renié. Le plaisir est évident dans ce morceau d’une belle générosité.

    Disons-le : la pop de Caesar Spencer se déguste comme une sucrerie, sans prise de tête et sans se poser de questions. L’album a été produit avec soin, à l’instar du séduisant morceau "Isn’t That What Jimi Said", dans lequel le duo Jo Wedin et Jean Felzine fonctionne à merveille.

    La pop de Caesar Spencer se déguste comme une sucrerie

    Il y a ce je ne sais quoi de dandysme très eighties dans cette manière d’aborder un album séduisant du début à la fin, à l’instar de "When I Whisper In Your Ear", hommage à Serge Gainsbourg et Ennio Morricone : orchestration soignée, voix au diapason et caressantes et avec Mareva Galanter en featuring, s’il vous plaît.

    Les nineties ne sont pas en reste dans ce retour plein de nostalgie, à l’exemple du lancinant "Jane Loves The Highway", en forme de road-movie musical. Citons aussi le plus sombre "Requiem", sombre mais sexy… en diable, ou encore le plus classique "Broken By The Song". Ce qui n’empêche pas Caesar Spencer de s’engager, à l’exemple de "Cult Of Personality", dans un morceau efficace et au solide tempérament.

    Le familier ou la familière de Bla Bla Blog sera sans doute heureux en même temps qu’étonné de retrouver la voix de Jacqueline Taïeb, en invitée exceptionnelle pour le morceau "Waiting For Sorrow"), énergique, sincère, pour ne pas dire enthousiaste.

    "Get Out Into Yourself", qui donne son titre à l’album, lorgne du côté de la pop seventies, avec ces sons planants, ses sonorités claires et ses recherches sonores et mélodiques.

    L’album se termine en beauté avec "Knew That One Day", l’un des morceaux les plus réussis de l’album, finalement tout aussi enjoué, mélodique et bien foutu que tout le reste, avec toujours la présence lumineuse de Jo Wedijn et Jean Felzine. Décidément inséparables, et qui donnent sons contexte ce lustre supplémentaire à l’opus de Caesar Spenser 

    Caesar Spencer, Get Out Into Yourself, Modulor, 2023
    https://www.caesarspencer.com
    https://www.facebook.com/caesarspencerofficial
    https://www.instagram.com/caesar_spencer

    Voir aussi : "Les chanteuses disent la vérité"

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  • L’inquiétant familier d’Anne van der Linden

    La passionnante monographie consacrée à la peintre et dessinatrice Anne van der Linden permet de plonger et de découvrir – ou redécouvrir – le parcours d’une artiste importante de l’underground français.

    Frederika Abbate est aux commandes de cet essai richement illustré et commenté, Anne van der Linden, Cavalière de la tempête (éd. White Rabbit Prod), une artiste pas tout à fait inconnue à vrai dire de Bla Bla Blog, puisqu’elle apparaît régulièrement dans les publications de White Rabbit Dream. Le lecteur trouvera dans cette monographie une étude à la fois complète, sérieuse et documentée sur l’œuvre d’une artiste dont le parcours a été à la fois sinueux et cohérent.

    Née à Paris de parents expatriés et biberonnée par l’art, Anne van der Linden a été marqué dès le début de sa carrière par l’influence des mouvances contestataires de mai 68 et par une série de voyages à l’étranger, dans des régions reculées, en compagnie de son ami Jean-Louis Costes. De là, vient sans doute son influence : des tableaux bigarrées ("Navigation à vue"), un style brut ("Cortège"), des personnages naïfs ("Le spleen de Tarzan"), des couleurs omniprésentes ("Rollerderby"),  l’importance accordée à la nature ("Terreur dans les bois", "Scolopendre"), voire aux cultures primaires ("Les indigènes").

    La violence et le sexe sont des thématiques avec lesquels l’artiste joue et s’amuse, telle une enfant naïve

    L’œuvre d’Anne van der Linden, loin de lorgner du coté du dépaysement exotique ou d’un attrait superficiel pour l’ailleurs, puise dans ces voyages pour mieux revenir vers elle-même, offrant une singulière réflexion sur ce qui fait notre vie quotidienne, notre modernité, nos rites et, finalement notre intimité et notre sexualité.

    Le sexe est sans doute le centre et même le point d’achoppement de ses tableaux. C’est aussi ce qui choquera sans doute le spectateur et le lecteur : des accouplements étranges, pour ne pas dire  surréalistes ("Gang bang à La Courneuve"), des viols ("Grand-Père", le terrifiant viol incestueux dessiné pour , pour l’édition illustré d’un roman de Jean-Louis Costes), des êtres monstrueux ("Le trapéziste"), des hermaphrodites ("Pan ! Dans l’œil", "Androgyne"), des scènes de torture (le troublant "Les aiguilles"), de meurtre, voire de cannibalisme ("Le festin"). On y voit des êtres à deux têtes, masculine et féminine ("Les choses doubles"), des créatures surnaturelles, des diables et aussi des dieux ("Dieu", 1998).  

    Cette immersion du sacré, l’essai de Frederika Abbate en parle longuement dans le chapitre au titre intrigant, "L’entrée au couvent". Ce sont les rites et rituels chrétiens qui sont détournés, pour ne pas dire désacralisés ("Ecce homo", "Un p’tit air de Mona Lisa", "Christ aux os").

    Faut-il y voir une dénonciation de la religion ? Pas vraiment, dit en substance l’auteure. Car, ce qui intéresse Anne van der Linden, c’est bien l’intime et les rapports humains. Il ne faut pas prendre au pied de la lettre les scènes spectaculaires de l’artiste : "Comme tous les personnages de ses tableaux, celle qui mange est impassible et l’action se fait calmement, sans signe d’hystérie ni de sauvagerie". La violence et le sexe sont, quelque part, des thématiques avec lesquels l’artiste joue et s’amuse, telle une enfant naïve.

    Alors oui, il y a de l’inquiétant dans cette artiste underground, mais c'est un "familier inquiétant" freudien. Le quotidien, l’amour, l’attachement, le détachement sont traitées sous l’angle de la mythologie, des références religieuses mais aussi des artefacts de notre monde moderne. Sans oublier ces retours aux cultures primaires, omniprésentes et fascinantes. 

    Frederika Abbate, Anne van der Linden, Cavalière de la tempête
    éd. White Rabbit Prod, 2023, 240 p.
    https://www.whiterabbitprod.com
    https://www.annevanderlinden.net

    Voir aussi : "Bataille contre la mafia"
    "Visages de la peur"

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  • Les âmes sœur

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis leur film de la semaine, Les Âmes Sœurs. Il sera visible du 8 au 13 juin 2023. La séance du mardi 13 juin à 20h30 sera suivie d'un débat.

    David, lieutenant des forces françaises engagées au Mali, est grièvement blessé dans une explosion.

    Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne.
    Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était.

    Les Âmes Sœurs, drame français d’André Téchiné
    avec Benjamin Voisin, Noémie Merlant, Audrey Dana,
    André Marcon et Alexis Loret, 2023, 100 mn

    Coscénatiste : Cédric Anger
    Séances le jeudi à 18H, le dimanche à 18H, le lundi à 14H
    et le mardi à 20H30 avec débat
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1323 

    Voir aussi : "Le barrage"

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  • Les Travailleurs de la mer

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis un véritable événement cinématographique : la projection des Travailleurs de la Mer, un film muet d’André Antoine de 1918.

    Les Travailleurs de la mer est une adaptation du roman de Victor Hugo. Gilliatt, pêcheur solitaire et grand rêveur, brave toutes sortes d’obstacles pour arriver à sauver le moteur de La Durande, bateau de Mess Lethierry qui a été saboté par des marins jaloux. Lethierry lui offre en récompense la main de sa nièce Déruchette, dont Gilliatt est secrètement amoureux.

    Fuyant Paris pendant la guerre, le metteur en scène profite de son exil breton en transposant Les Travailleurs de la mer à Camaret- sur-mer où il a acheté une maison en 1902. Le tournage débute à la fin du mois de juillet et se termine en septembre. Premier volet du filon régionaliste d’Antoine, Les Travailleurs de la mer est très bien accueilli à la fois par la presse et le public. Gustave Simon, légataire testamentaire d’Hugo, félicite même le metteur en scène pour sa retranscription à l’écran de l’énergie et l’atmosphère du roman. "C’est une belle leçon d’art", conclut-il.

    Une belle leçon d’art

    L’histoire est portée par Romuald Joubé (le marin Gilliatt), acteur fétiche d’Antoine, qui obtient une permission du Ministère de la Guerre le temps du tournage. Il est accompagné d’Armand Tallier, Andrée Brabant, Charles Mosnier, Philippe Garnier, Clément Liezer, Verthuys, Liener et Marc Gérard. Antoine mobilise aussi de nombreuses forces vives locales qui ajoutent du pittoresque au film.

    La restauration de la Fondation Pathé Restauration 4K réalisée en 2020 à L’Image Retrouvée par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et La Cinémathèque française, avec le soutien du CNC. Restauration à partir d’une copie néerlandaise teintée et virée unique issue des collections de la Cinémathèque. La musique a été composée par Stephen Horne.

    La projection unique aura lieu le jeudi 8 juin 2023 à 20 heures, en présence et avec le soutien de Marthe et Daniel Danzon, arrière-petits-neveux du réalisateur.

    Les Travailleurs de la Mer, drame français d’André Antoine
    avec Romuald Joubé, Andrée Brabant, Charles Mosnier, 1918, 95 mn
    Séance le jeudi 8 juin 2023 à 20 heures
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1323 

    Voir aussi : "Le barrage"

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  • Cinq jours en novembre 2015

    Aux mauvaises langues qui accusaient le cinéma français de faire de bons films d’action intelligents, il va falloir répondre par une simple phrase : "Et Cédric Jimenez ?"

    Après l’excellent Bac Nord, une plongée plus vraie que nature dans la criminalité marseillaise, le réalisateur français s’est lancé, avec Novembre, dans un projet plus coriace encore : raconter l’enquête policière qui a conduit à l’arrestation des responsables des attentats du 13 novembre 2015. Projet ambitieux et délicat, tant le traumatisme est encore présent. Mais projet réussi.

    Le film commence par une scène incroyable : les sonneries simultanées de centaines de téléphone dans les bureaux de l’antiterrorisme, à Paris. Des attaques viennent d’avoir lieu au Bataclan, au Stade de France et sur plusieurs terrasses de cafés parisiens. L’enquête peut commencer. Il y a urgence, avant que les terroristes s’évanouissent dans la nature pour rejoindre d’autres pays, dont l’État islamique. 

    Nerveux et passionnant

    Novembre réuni une belle brochette d’acteurs et d’actrices, avec Jean Dujardin, en chef pugnace et méticuleux et la toujours excellente d’Anaïs Demoustier en jeune recrue investie jusqu’à s’affranchir des règles. À noter aussi la présence de Sandrine Kimberlain en haute-fonctionnaire travaillant entre son équipe sur le terrain et les hautes sphères de l’État.

    Les terroristes sont au cœur évidemment de cette enquête policière qui a la particularité de s’asseoir sur un fait entré dans l’Histoire. La recherche des hommes les plus recherchés de France permet de se plonger dans un pays traumatisé et attaqué par l’État Islamique, via des musulmans paumés, comme le dit un imam dans le film.

    Nerveux et passionnant, Novembre montre comment la traque contre Abaaoud et ses tristes sbires a pu empêcher de nouveaux attentats en France. On le doit aussi à une courageuse jeune femme, "Sonia" qui a permis, dit un bandeau à la fin du film, une loi pour garantir la protection des témoins.

    En ce moment, sur Canal+.

    Novembre, drame et policier français de Cédric Jimenez, avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier et Lyna Khoudri, 100 mn, 2022, Canal+
    https://www.unifrance.org/film/53161/novembre#
    https://www.canalplus.com/cinema/novembre/h/20604271_40099

    Voir aussi : "Marseille, côté nord, côté sombre"
    "La bête doit mourir"

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  • Rui Lopes, le basson peut lui dire merci

    Le basson. Voilà un instrument rare, peu mis en valeur dans le répertoire classique, si ce n’est dans les grands orchestres, mais noyé dans la masse... Voilà qui rend la démarche du bassoniste Rui Lopes passionnante. Grâce à son album Close Encounters, il nous fait découvrir son instrument à travers un choix d’œuvres d’Édouard du Puy, Wynton Marsalis (et oui!), mais aussi Camille Saint-Saëns et Astor Piazzolla. À noter aussi la présence d'artistes moins connus, la compositrice Helena Winkelman et Marcelo Nisinman.

    Le son rond, grave, picaresque, pour ne pas dire pittoresque, du basson se déploie avec fraîcheur dans le "Quintette pour basson, violons, alto et violoncelle" d’Édouard Du Puy. L’auditeur découvrira sans doute ce compositeur suisse de la fin du XVIIIe siècle, à la facture très classique, pour ne pas dire mozartienne, mais qui nous ouvre une jolie œuvre mettant en relief et en valeur le basson.  

    L’auditeur sera certainement intrigué par l’apparition de Wynton Marsalis dans ce programme classique et contemporain. Le jazzman figure dans une pièce à la contemporanéité déconcertante, "Meeelaaan, pour basson et quartette à cordes". Une composition à la fois austère, rigoureuse et où le jazzman se joue paradoxalement du rythme. Les cordes se triturent ans tous les sens et tous les espaces pour ce morceau en trois mouvements à l’étonnante modernité mais où le jazz n’est pas absent, pas plus que ses revisites de styles et de danses populaires, "Blues", "Tango" et "Bebop". Marsalis propose ainsi une rencontre inédite entre des musiques et des rythmes que tout opposait a priori

    Après cette légende de la musique, place à des nouveautés, avec d’abord la compositrice Helena Winkelman et sa création pour Rui Lopes, "Gott-Fa", sous-titrée "Deux scènes pour basson et orchestre à cordes". Les deux mouvements, ou "scènes", "Gott – In nomine" et "Fan – Respect the machine", sont à découvrir avec attention. La première scène, "Gott – In nomine", est un lancinant chant de plus de 12 minutes, tour à tour méditatif, plaintif et inquiétant. Dans la deuxième scène, "Fan – Respect the machine", plus courte (moins de 6 minutes), c’est le rythme et le mouvement qui est au centre. Comme une machine infernale, le basson de Rui Lopes prend les choses en main, avec un appétit insatiable et une audace, à l’égal de celle de la compositrice. 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ?

    Autre création contemporaine et création, "Rui’s Tango" est, comme son nom l’indique, une autre création autour de la célèbre danse argentine, cette fois par Marcelo Nisinman, qui nous vient – est-ce un hasard ? – d’Argentine. En trois mouvements, son tango prend des allures de revisite audacieuse – moins sans doute que celle de Winton Marsalis toutefois – sans pour autant trahir l’essence du tango : rythme, passion, sensualité, mais avec cette folie amoureuse que l’on trouve dans le deuxième mouvement "Andante, Vielas de Alfama", sans oublier ce sens de l’expérimental ("Allegro"). 

    Il est heureux qu’après ces découvertes et ces créations, Rui Lopes revienne aux grands classiques, à commencer par la "Sonate pour basson et piano op. 168" de Camille Saint-Saëns. L’auditeur sera agréablement chatouillé par cette œuvre à la fois modeste (moins de 13 minutes pour les trois mouvements), délicate et d’une belle construction mélodique et harmonique, à l’instar du troisième mouvement "Adagio – Allegro moderato". 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ? Car ce genre fait de nouveau l’objet d’un titre, le dernier de l’album. Le bassoniste reprend la célèbre "Etude n°3" d’Astor Piazzolla. Superbe, passionnant et un très bon exemple d’adaptation réussite, pour un instrument que le musicien défend admirablement bien : "J’ai toujours été fasciné par la façon dont le son du basson se mêlait à celui du quatuor à cordes. Pour cet album, j’ai choisi des œuvres que j’aime jouer, certaines originales, d’autres « ré-arrangées ». J’ai ensuite demandé à des compositeurs que j’admire d’écrire pour cette formation. Deux des pièces ont été enrichies d’une contrebasse".

    Exemplaire et remarquable, à plus d'un titre.

    Rui Lopes, Close Encounters, Prospero, 2023
    https://www.facebook.com/ruilopesmusic/?locale=fr_FR
    https://www.rui-lopes.com

    Voir aussi "Majeur !"

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  • La glande avec Roland Garros

    Ouais, c’est Sophie Le Cam ! Oui, c’est Roland Garros ! Le mois de juin, le début de l’été, les après-midis passés devant la télé à suivre en cinq sets les petites balles jaunes et les exploits des tennismen français… Euh, en fait, non !

    Sophie Le Cam, que l’on adore, est de retour avec son nouveau single "Mais c'est Roland Garros". Avec sa pop joliment bricolée et son humour, cette irrésistible voix de la scène française propose un hommage tendre au célèbre tournoi, non sans quelques coups de griffe à destination de nos tristes préoccupations quotidiennes : "Faut réserver ses vacances / Au moins 4 mois à l'avance / Et avoir vite des enfants / Et aussi une Peugeot / Mais c'est Roland Garros".

    "Mais c'est Roland Garros" est le deuxième single extrait de son premier album Vedette qui sortira le 1er septembre 2023 au label Le Furieux.

    Sophie Le Cam, Mais c'est Roland Garros, Le Furieux, 2023
    http://www.sophielecam.fr
    https://www.facebook.com/chansonsdemoi.sophielecam

    Voir aussi : "Sophie le Cam est hype"
    "À cause des garçons"

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