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restauration

  • Les Travailleurs de la mer

    Les Cramés de la  Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis un véritable événement cinématographique : la projection des Travailleurs de la Mer, un film muet d’André Antoine de 1918.

    Les Travailleurs de la mer est une adaptation du roman de Victor Hugo. Gilliatt, pêcheur solitaire et grand rêveur, brave toutes sortes d’obstacles pour arriver à sauver le moteur de La Durande, bateau de Mess Lethierry qui a été saboté par des marins jaloux. Lethierry lui offre en récompense la main de sa nièce Déruchette, dont Gilliatt est secrètement amoureux.

    Fuyant Paris pendant la guerre, le metteur en scène profite de son exil breton en transposant Les Travailleurs de la mer à Camaret- sur-mer où il a acheté une maison en 1902. Le tournage débute à la fin du mois de juillet et se termine en septembre. Premier volet du filon régionaliste d’Antoine, Les Travailleurs de la mer est très bien accueilli à la fois par la presse et le public. Gustave Simon, légataire testamentaire d’Hugo, félicite même le metteur en scène pour sa retranscription à l’écran de l’énergie et l’atmosphère du roman. "C’est une belle leçon d’art", conclut-il.

    Une belle leçon d’art

    L’histoire est portée par Romuald Joubé (le marin Gilliatt), acteur fétiche d’Antoine, qui obtient une permission du Ministère de la Guerre le temps du tournage. Il est accompagné d’Armand Tallier, Andrée Brabant, Charles Mosnier, Philippe Garnier, Clément Liezer, Verthuys, Liener et Marc Gérard. Antoine mobilise aussi de nombreuses forces vives locales qui ajoutent du pittoresque au film.

    La restauration de la Fondation Pathé Restauration 4K réalisée en 2020 à L’Image Retrouvée par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et La Cinémathèque française, avec le soutien du CNC. Restauration à partir d’une copie néerlandaise teintée et virée unique issue des collections de la Cinémathèque. La musique a été composée par Stephen Horne.

    La projection unique aura lieu le jeudi 8 juin 2023 à 20 heures, en présence et avec le soutien de Marthe et Daniel Danzon, arrière-petits-neveux du réalisateur.

    Les Travailleurs de la Mer, drame français d’André Antoine
    avec Romuald Joubé, Andrée Brabant, Charles Mosnier, 1918, 95 mn
    Séance le jeudi 8 juin 2023 à 20 heures
    https://www.cramesdelabobine.org/spip.php?rubrique1323 

    Voir aussi : "Le barrage"

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  • Bien rater sa vie à Paris

    Vite, il est plus que temps de faire une séance de rattrapage avec l’adaptation des Illusions perdues de Balzac, disponible en ce moment sur Canal+ ! Un classique qui a sans doute traumatisé beaucoup de scolaires, impressionnés par ce roman ambitieux, mais qui devient grâce au génie de Xavier Giannoli une fresque passionnante. Oui, vous avez bien lu : "génie"… Car il en fallait pour réussir à condenser dans un long-métrage d’environ deux heures 20 les affres d’un jeune homme ambitieux et surtout très naïf et qui croyait pouvoir devenir un loup au milieu des loups.

    Disons-le aussi : sept Césars reçus en 2022, dont celui du meilleur film, est une preuve de l’excellence d’un long-métrage qui refuse l’académisme, tout en respectant les canons de la reconstitution historique et l’adaptation littéraire. Xavier Giannoli fait preuve d’une modernité étonnante, même pour un récit se déroulant durant la Restauration française.

    Dans les années 1820, le jeune Lucien de Rumbempré, orphelin désargenté travaillant dans une imprimerie en Charentes, rêve de carrière littéraire. Il a sorti un modeste recueil de poésie, remarqué par Louise de Bargeton, une aristocrate de la noblesse provinciale. Elle voue à ce garçon sensible une belle admiration, avant de tomber dans ses bras. Pour éviter le scandale d’un adultère, Julien et Louise partent à Paris, ce qui serait aussi l’occasion pour l’écrivain en herbe de rencontrer des éditeurs. C’est le monde de la presse écrite qui lui ouvre les bras grâce à un rédacteur aussi cynique qu’ambitieux, Étienne Lousteau. Les deux deviennent amis et Lucien de Rubempré commence à se faire un nom. Mais le jeune poète oublie que dans le monde huppé de la bonne société parisienne, tout n’est qu’illusions, hypocrisie, calculs et coups bas.  

    Un superproduction prenant par moment des accents scorcesiens

    Nous avions parlé d’Eugénie Grandet et de l'honorable adaptation qu’en avait fait Marc Dugain en 2021, la même année bizarrement que Les Illusions perdues de Xavier Giannoli. Alors que le premier misait sur le quasi-huis-clos, sur l’austérité et sur des tons grisâtres, le second fait de son film une fresque luxuriante, grinçante, colorée et menée tambour-battant. Il faut dire que l’histoire de Julien de Rubempré, jeune provincial à peine dégrossi mais désireux de se faire un nom à Paris, se prêtait à cette superproduction prenant par moment des accents scorcesiens.  

    Le scénario modernise le roman, avec des clins d’œil à l’actualité contemporaines que le spectateur pourra facilement deviner, alors que le texte de Balzac, certes retravaillé, est mis à l’honneur grâce à la voix off de Xavier Dolan. Benjamin Voisin, avec son visage lumineux, "est" Julien de Rubempré, dans toute sa candeur et son enthousiasme. Ambitieux, oui. Mais un ambitieux devenant vite une proie en raison de choix pour le moins hasardeux.

    Illusions perdues se paie le luxe de seconds rôles prestigieux qui prennent un réel plaisir à être dans cette œuvre balzacienne : Cécile de France en Louise de Bargeton, femme amoureuse blessée et ne sachant plus comment gérer son insaisissable amant ; Jeanne Balibar en marquise et mante religieuse redoutable ; Xavier Dolan en écrivain émergeant et dont l’évolution n’est pas la moins inintéressante ; Gérard Depardieu en éditeur… et "épicier". Le spectateur français découvrira sûrement Salomé Dewaels, parfaite dans le rôle de Coralie, cette comédienne de boulevard, paradoxalement l’une des seules personnes romantiques de ce drame cruel. N’oublions pas enfin le formidable Vincent Lacoste qui a été récompensé par un César pour son interprétation d’un éditeur tour à tour cynique, ambitieux, drôle et impitoyable.

    Grâce au film de Giannoli, les allergiques à Balzac vont trouver dans cet écrivain majeur de la littérature mondiale de nouvelles raisons de se replonger dans sa Comédie humaine

    Illusions perdues, drame de Xavier Giannoli, avec Benjamin Voisin, Cécile de France,
    Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar,
    Louis-Do de Lencquesaing et Gérard Depardieu, 2021, 150 mn, Canal+

    Honoré de Balzac, Illusions perdues, éd. Folio Gallimard, 960 p.
    https://www.gaumont.fr/fr/film/Illusions-perdues.html
    https://www.canalplus.com/cinema/illusions-perdues/h/17230453_40099

    Voir aussi : "Eugénie Grandet, classique et moderne"
    "Corpus delicti"

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