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Bla Bla Blog - Page 334

  • Stanley Kubrick [2] : Émancipation d'un génie

    Plus que Spartacus, c’est le film suivant, Lolita, qui va être déterminant dans la carrière de Kubrick.

    Alors que Kirk Douglas le contacte pour qu’il tourne ce péplum flamboyant, le cinéaste travaille déjà sur un autre projet : l’adaptation du roman de Vladimir Nabokov, Lolita. Sorti aux États-Unis en 1958, ce livre scandaleux a été un succès public et critique. Kubrick et son fidèle associé Harris, qui ont acheté les droits, négocient avec la United Artists pour faire ce film tout en gardant le contrôle absolu sur sa réalisation. Après avoir obtenu gain de cause, ils s’envolent en 1962 pour la Grande-Bretagne afin de bénéficier de clauses financières plus intéressantes. James Mason est engagé. La jeune Sue Lyon (14 ans à l’époque) est recrutée pour jouer le rôle de Lolita et Peter Sellers est choisi comme second rôle. Cette histoire d’amour entre une jeune adolescente et un homme mûr parvient à contourner la censure anglaise grâce à la grande diplomatie de Kubrick et à sa mise en scène tout en nuance. L’humour n’est pas absent de ce drame amoureux, pas plus que les attitudes ambiguës des personnages secondaires. Au final, ce film au budget moyen, tourné en quelques semaines, s’avère non seulement rentable commercialement mais en plus il installe Kubrick parmi les cinéastes les plus en vue. Après Lolita, ce dernier est conforté dans son désir de contrôler de A à Z ses créations, de la production jusqu’au montage et à la musique.

    De retour aux États-Unis, il s’attaque à un thème bien différent : la course à l’arme atomique. Après le choix de l’adaptation d’un roman sombre de Peter George (Red Alert), Kubrick confie au journaliste satirique Terry Southern le soin d’en faire un scénario loufoque. Le titre complet en anglais est lourd de sens : Dr Strangelove : or How I learned to Stop Worrying and Love the Bomb (que l’on pourrait traduire par : Dr Folamour : ou comment j’ai arrêté de m’en faire et que je suis tombé amoureux de la Bombe). Docteur Folamour raconte l’histoire d’un bombardier sommé par erreur de larguer des ogives nucléaires sur l’URSS, ce qui déclenche l’apocalypse nucléaire. Ce film très sarcastique et pessimiste (et aussi avec une forte connotation sexuelle !) permet à Kubrick de retrouver deux acteurs qu’il avait déjà mis en scène, Peter Sellers et Sterling Hayden. Après la fin du tournage en 1963, Kubrick passe au montage, qui dure huit mois et aboutit à un film proche de la perfection. C’est aussi un succès critique et commercial.

    L’année de la sortie de Docteur Folamour, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke. Ils décident de collaborer à un film de science-fiction. Clarke propose comme point de départ sa nouvelle La Sentinelle, écrite en 1948. Le sujet de cette histoire est la découverte par des astronautes d’un tétraèdre extraterrestre sur la lune. Kubrick et Clarke travaillent simultanément sur ce projet : le scénario du film pour Kubrick et un roman, 2001 : l’Odyssée de l’Espace pour Arthur C. Clarke. Ces deux œuvres seront des succès autant que de véritables classiques. Le parti pris du cinéaste est de construire une vaste saga de l’humanité depuis la naissance de l’intelligence humaine plusieurs milliers d’années avant notre ère jusqu’à la rencontre avec de nouvelles intelligences (artificielle puis extraterrestre) dans le futur.

    On ne soulignera pas assez à quel point 2001 : l’Odyssée de l’Espace, film de science-fiction autant que fable philosophique et poétique, est d’une puissance et d’une ambition sans égale. Cette œuvre mythique a marqué le cinéma comme jamais. Kubrick, cinéaste confirmé en pleine maîtrise de sa technique, use de moyens jamais vus pour ce tournage. Il s’entoure de techniciens renommés et s’appuie sur des outils révolutionnaires de la NASA pour élaborer un film aussi impressionnant que magnifique. Il y a eu sans nul doute un avant et un après 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Signe des temps, le film est sorti en 1968, année révolutionnaire s’il en est !

    Vers cette époque, la vie de Kubrick commence à fasciner la presse. Installé à Londres avec sa femme et ses trois filles, sa vie personnelle est surveillée par les médias. On le sait hyperactif, méticuleux jusqu’à l’obsession et capable de documentations phénoménales pour ses projets.

    En 1971, Kubrick s’attaque à l’adaptation du roman d’Anthony Burgess, Orange mécanique. Là encore, l’auteur de Lolita frappe fort mais pas là où on l’attendait. En suivant l’itinéraire criminel de jeunes adolescents puis l’histoire de la réintégration mouvementée d’Alex, le leader de ce gang dans la société, Kubrick déclenche la polémique. Certains auteurs de faits violents à l’époque l’accusent de les avoir inspirés. Les images chocs ont tout pour susciter l’indignation de la censure (scènes de viols, détachements des personnages principaux devant leurs méfaits, notions fluctuantes du bien et du mal). Aux Etats-Unis, le film est classé X. Pour stopper la vague d’indignation en Grande-Bretagne, Kubrick choisit d’arrêter de lui-même la diffusion de son film dans ce pays. Il n’y sera autorisé qu’en 2000, soit un an après la mort du cinéaste.

    Fort du soutien de la Warner, Stanley Kubrick peut se permettre un contrôle artistique absolu sur sa création artistique, tout en pouvant user de budgets conséquents. Son souci de perfection atteint des sommets avec Barry Lyndon, un film longtemps sous-estimé. Il s’agit d’une adaptation du roman anglais de William Makepeace Thackeray, Les Mémoires de Barry Lyndon, écrit en 1844 et racontant à la première personne la réussite sociale puis la chute d’un parvenu irlandais au XVIIIe siècle. Kubrick choisit cependant pour voix off celle d’un narrateur anonyme, donnant au personnage de Lyndon une distance froide et cynique.

    Le tournage de Barry Lyndon est devenu légendaire : tournages aux chandelles (grâce à un objectif mis au point par la NASA ! – 2001 : l’Odyssée de l’Espace n’est pas loin!), costumes historiques achetés par Kubrick lui-même et copiés méticuleusement, perruques réalisées avec les cheveux de jeunes Italiennes entrant au couvent, répétitions incessantes des acteurs, décors entièrement naturels, prises innombrables et épuisantes pour l’équipe de tournage. À sa sortie en 1975, et bien qu’il soit considéré comme un chef d’œuvre primé à de multiples reprises, le public boude cette fresque somptueuse.

    Stanley Kubrick doute : durant cette période, il se demande comment il pourra rebondir...

    La suite, ici...

  • Stanley Kubrick [1] : Premiers pas d'un géant

    Le bloggeur propose aujourd'hui une série d'articles sur Stanley Kubrick, réalisateur américain génial malgré sa filmographie peu développée (13 longs-métrages et 3 courts). Cinéaste éclectique (films historiques, péplum, science-fiction, drames, farce, etc.), un point commun au moins réunissait ses œuvres : l'exigence poussée à son paroxysme.

    Retour sur un auteur atypique et d'une modernité exceptionnelle, à travers une biographie, une filmographie, quelques critiques de films ainsi qu'un focus sur ses rapports avec la musique.    

    Stanley Kubrick naît le 26 juillet 1928 à New-York dans une famille de la petite bourgeoisie du Bronx. Élève moyen timide mais néanmoins d’une très grande curiosité, il se destine très jeune à la photographie, domaine où il exerce son premier métier à 17 ans dans la revue Look, luxueux magazine concurrent de Life. Cette première expérience sera décisive dans sa future carrière de cinéaste. Dès sa toute première création, un reportage photographique sur le boxeur Walter Cartier (Le Boxeur professionnel, 18 janvier 1949), le jeune Stanley Kubrick démontre déjà un grand sens du cadrage et de la lumière. 

    Le cinéma devient rapidement une vraie passion. Cinéphile, le jeune photographe, à la technique déjà assuré, s’intéresse avec le plus grand sérieux aux innombrables films qu’il visionne. Vers la même époque, il découvre la musique classique, qui restera l’autre grand intérêt de sa vie.

    En 1951, il scénarise, produit, réalise et monte son tout premier film, Day of the Fight, un court-métrage sur le même Walter Cartier qu’il avait suivi quelques années plus tôt. L’année suivante, il créé dans les mêmes conditions Flying Padre, un documentaire sur un prêtre aviateur, court-métrage dont il ne cachera jamais son mépris.

    Ces deux premières réalisations, pour frustrantes qu’elles lui apparaissent, sont pourtant des succès encourageants : elles sont toutes deux vendues à bon prix à la société de production RKO Pathé. Kubrick en tire même un petit bénéfice et démissionne du magazine Look pour se lancer à temps plein dans le cinéma.

    En 1953, Kubrick demande à un de ses amis, le poète Howard Sackler, de lui écrire un scénario qui devient sa première œuvre de fiction, Fear and Desire. Ce film de guerre raconte l’épopée de quatre soldats perdus derrière des lignes ennemies. Kubrick est déjà dans ce long-métrage non seulement un virtuose de l’image mais également un créateur soucieux de tout contrôler, au point parfois de malmener son équipe et ses acteurs (pour les besoins du tournage, il va jusqu’à faire pulvériser sur ses acteurs des litres d’insecticide depuis un avion, au risque de tuer l’ensemble de son équipe !).

    Après un documentaire sur un syndicat de marins américains (The Seafarers), il réalise et produit Le Baiser du Tueur (Killer’s Kiss), l’histoire d’un boxeur raté (de nouveau une histoire dans ce milieu sportif !) poursuivi avec sa petite amie, une taxi-girl, par des tueurs sans scrupule. Malgré le soin particulier que met Kubrick dans le cadrage, les plans et le montage, Le Baiser du Tueur pèche par un scénario léger et par un jeu des acteurs honnête, sans plus. Cette erreur, Kubrick ne la reproduira plus.

    Vers cette époque, son premier mariage avec son amie d’enfance Toba Metz bat de l’aile. En 1954, il s’installe avec Ruth Sobtka, une ballerine avec qui il se marie en 1957, sitôt son divorce. 

    Entre temps, déjà soucieux d’assumer son indépendance, il fonde avec son ami James B. Harris leur maison de production la Harris-Kubrick Pictures Corporation.

    L’Ultime Razzia (The Killing) marque l’arrivée en 1956 de Kubrick à Hollywood. Le scénario est écrit par l’écrivain de polars Jim Thomson (auteur notamment de 1275 Âmes ou du Démon dans ma peau) d’après le roman Clean Break de Lionel White. La United Artists propose de le financer à condition de voir dans ce film un acteur renommé. Sterling Hayden est contacté et accepte moyennant un cachet confortable. Cette histoire de hold-up brillamment réussi dans le milieu des courses hippiques mais qui se termine par un règlement de comptes au sein de l’équipe de gangsters est la première réussite complète de Kubrick : un polar haletant, des personnages ambigus aux motivations troubles, des mouvements de caméra élaborés. De bonnes critiques saluent le film bien que les entrées soient décevantes. Signe que Kubrick a réussi son entrée à Hollywood, il est approché par la MGM pour un nouveau film, Les Sentiers de la Gloire, dont les droits du roman de Humphrey Cobb viennent d’être achetés par Kubrick et James B. Harris.

    Pour autant, la MGM reproche à Kubrick et Harris de se consacrer à d’autres films simultanément. Renvoyés pour cela, ces derniers continuent néanmoins de travailler sur Les Sentiers de la Gloire, dont le scénario est, comme pour le film précédent, travaillé en collaboration avec Jim Thomson. Le soutien financier et personnel vient de Kirk Douglas, la star hollywoodienne qui met tout son poids et son influence pour contraindre la United Artists à financer ce film. Sorti en 1957, Les Sentiers de la Gloire, film antimilitariste, raconte l’histoire de cinq soldats français fusillés en 1915 pour une mutinerie imaginaire. À sa sortie en 1957, ce long-métrage est un tel scandale qu’il est interdit en France jusqu’en 1974 et vertement critiqué dans de multiples pays. Les Sentiers de la Gloire est cependant considéré comme le premier chef-d’œuvre du cinéaste américain qui maîtrise à la perfection la caméra (travellings fluides qui feront sa renommée – et qui sont dédiés au cinéaste Max Ophüls décédé au cours du tournage en Europe). Le scénario haletant et bouleversant, le jeu inspiré de Kirk Douglas ou du second rôle Adolphe Menjou, les décors et le travail sur les lumières, achèvent de faire de cette œuvre une réussite totale même si la réussite commerciale n’est pas au rendez-vous.

    Les Sentiers de la Gloire marquent en plus un événement personnel dans la vie du cinéaste : sur le tournage de ce film, il rencontre l’actrice allemande Christiane Susanne Harlan qui interprète le rôle de la chanteuse de cabaret. Il divorce une seconde fois et se marie avec celle qui partagera dorénavant le reste de sa vie.

    Pour autant, il faut croire que Kirk Douglas ait été pleinement satisfait de sa collaboration avec Kubrick puisqu’il lui demande de tourner un nouveau film avec lui : Spartacus.

    Le tournage débute rapidement, en 1959. Il s’agit pour Kubrick d’un film atypique par l’ampleur (une superproduction hollywoodienne de 12 millions de dollars) et par son investissement artistique : Kubrick remplace en effet un autre grand de la réalisation, Anthony Mann, fiable, expérimenté mais trop indépendant aux goûts de Kirk Douglas ; or, avec Kubrick, la star hollywoodienne ignore qu’elle va travailler avec un artiste autrement plus libre et incontrôlable ! Spartacus, péplum ambitieux sur la révolte d’esclaves romains au Ier siècle avant JC. Cette fable sur la liberté est tournée en pleine Chasse aux Sorcières américaine (l’un des scénaristes est Donald Trumbo qui a été lui-même poursuivi pour des activités communistes). Kubrick démontre surtout qu’en plus d’être un artiste hors pair, il peut réaliser des films rentables. Cette expérience douloureuse d’un tournage conflictuel, notamment avec Kirk Douglas, le convainc également de mettre du champ entre lui et Hollywood.

    Le film suivant, Lolita, permet l'émancipation d'un artiste qui ne va avoir de cesse que contrôler toute son oeuvre...

    La suite ici...

  • Nannerl, sœur de Mozart et génie sacrifiée

    A l'occasion de la journée de la femme, le bloggeur voudrait faire un éclairage sur une de ces nombreuses femme de génie qui a pu être sacrifiée et oubliée. 

    Pourquoi ne pas parler de Maria Anna Walburga Ignatia Mozart (1751-1829), dite Nannerl, brillante musicienne et compositrice mais dont toutes les œuvres ont disparu ? Cette femme a fait l'objet d'un film sorti discrètement en 2010, Nannerl, la Sœur de Mozart, un long-métrage historique et somptueux du réalisateur français René Féret.

    L’auteur de L’Histoire de Paul et La Communion solennelle nous plonge dans l’histoire d’une femme restée dans l’ombre d’un génie musical exceptionnel.

    Qui savait que Wolfgang Amadeus Mozart avait non seulement une sœur mais en plus une sœur talentueuse dont la carrière prometteuse a été éclipsée ? Maria Anna Mozart, surnommée Nannerl, est née en 1751 et a reçu à l’âge de 7 ans une éducation musicale par son père, le charismatique Léopold Mozart.

    Ce dernier la promet à un brillant avenir. Mais les convenances de l’époque – une femme ne doit pas composer ! – autant que la précocité de son jeune frère Wolfgang condamnent Nannerl à rester dans l’ombre et à n’être que témoin de la carrière fulgurante de l’auteur de Don Giovanni.

    René Féret n’a pas souhaité faire une reconstitution fidèle du XVIIIe siècle - jusque dans les choix de la bande originale ! Son objectif est de mettre au centre de son film la musique et surtout le destin d’une artiste bridée du fait des convenances de son époque et de sa famille. Plus familier des chroniques contemporaines que des films historiques, le cinéaste fait le choix de parler de création dans un long métrage dont il assume l’aspect fictionnel. Le critique Alain Riou ajoute que le cinéaste, qui s’est longtemps battu pour ce film, a mis dans Nannerl, la Sœur de Mozart des éléments de son histoire personnelle et de son enfance. 

    Nannerl, la Soeur de Mozart, de René Féret, avec Marie Féret,
    David Moreau, Marc Barbé, Delphine Chuillot, France, 2010, 120 mn

  • Lover dose

    La littérature érotique, genre longtemps méprisé, sinon interdit et vendu sous le manteau, est aujourd'hui mis sous les feux de projecteur, à la faveur de quelques best-sellers, dont Cinquante Nuances de Grey.

    C'est d'un autre livre que je vais vous entretenir, Vie érotique, écrite par Delphine de Malherbe et illustrée par Isild Le Besco, actrice, scénariste, romancière et peintre. 

    L'histoire ? Celle d'une rencontre entre une jeune femme, surnommée Vénus, danseuse et et d'un homme, Éros, un voisin. Ils s'observent par la fenêtre plusieurs jours et se séduisent à distance. Au bout d'un moment, ils décident de se rencontrer. Éros – le lecteur va apprendre qu'il se nomme Philippe, qu'il est avocat, qu'il est marié et a des enfants  la convie dans son atelier et lui demande de danser pour elle (chapitre "Lover dose"). 

    Je ne suis pas le premier à affirmer que l'apport des femmes dans la littérature érotique a permis de souffler un vent frais sur ce genre. Plutôt que la crudité, les pulsions et la pornographie, les auteures préfèrent l'audace, les fantasmes et la liberté. La liberté est d'ailleurs le maître-mot de ce court roman : celle des corps, de nos désirs comme de nos choix de vie.

    L'apport de Vie érotique réside aussi dans les illustrations d'Isild Le Besco. Des dessins, parfois de simples esquisses, croquant des corps en mouvements, souvent sans visage. Textes et illustrations viennent s'appuyer et se répondre les uns aux autres, indissociables et magiques.

    Delphine de Malherbe, dessins de Isild Le Besco, Vie érotique,
    éd. Robert Laffont, 175 p.

  • Bientôt, Kubrick mis en scène et en musique

    Dès la semaine prochaine, sur ce site, le bloggeur proposera une série d'articles sur Stanley Kubrick : il sera question de sa carrière cinématographique exceptionnelle, de critiques de quelques-uns de ses films mais aussi de ses rapports avec la musique.

    Restez en ligne et gardez les yeux grands ouverts ! 

  • Scarlett Johansson et moi

    Que feriez-vous si Scarlett Johannsson débarquait un soir chez vous, épuisée, et vous demandait une aide pour disparaître quelques jours, loin des caméras, des journalistes et des sollicitations de toutes sortes ? Voilà le point de départ de ce roman de Grégoire Delacourt, La première Chose qu'on regarde.

    Cette drôle d'aventure cueille à froid Arthur Dreyfuss, modeste garagiste célibataire, plutôt beau garçon (un "Ryan Gosling, mais en mieux"), installé dans un village de la Somme. La célèbre actrice de Lost in Translation, Vicky Cristina Barcelona ou Lucy frappe à la porte de sa maison alors qu'il regarde un épisode des Soprano, dans une tenue improbable ("marcel blanc et caleçon Schtroumpf").

    Contre toute attente, notre héros prend sous son aile la star hollywoodienne, visiblement en état de burnout, et entreprend avec elle un chemin vers une reconstruction. Car La première Chose qu'on regarde peut se lire comme un roman initiatique. Il y est question de blessures d'enfance des deux personnages principaux (qui vont rapidement finir par se dévoiler, dans tous les sens du terme) et de désillusions de l'existence. La rencontre improbable de deux êtres que, a priori, tout éloigne, va, au fil des pages, les transformer et les rendre acteurs de leur propre destin. 

    Grégoire Delacourt se fait également le portraitiste naturaliste de notre société, des petites gens ou de la culture populaire. De vrais tranches de vie rythment cette histoire qui se termine par un dénouement surprenant, poignant et d'un réalisme cru comme rarement on a pu l'écrire.

    Un grand petit livre.

    Grégoire Delacourt, La première Chose qu'on regarde, éd. Livre de poche, 217 p.

  • Ceux qui lisent prendront le train

    Chanceux voyageurs en train du Languedoc-Roussillon !

    Le bloggeur apprend que depuis le 3 février dernier, les TER de cette région proposent un service gratuit de bibliothèque numérique, service qui est également présent dans les TER de Lorraine.

    Le principe : chaque usager muni d'un smartphone ou d'une tablette pourra télécharger un ouvrage gratuitement (certains sont payants, à partir de 0,99 euros). Les livres sont en libre lecture pour la durée du voyage (soit, d'un quart d'heure à une heure).

    Ce service, mis en place avec Languedoc Roussillon Livre et Lecture, est encore balbutiant (seuls 60 titres sont disponibles) mais pourrait être une idée pour redorer l'image vieillissante et ringarde des trains. 

    "Une bibliothèque digitale à bord des TER", La Vie du Rail, 20 février 2015
    Bibliothèques numériques à bord
    Languedoc Roussillon Livre et Lecture
     

  • Morte ! Mais de quoi ?

    Coup de projecteur sur un roman et une auteure à suivre...

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    Moi, c’est Odile. Etat civil : décédée !

    Le toubib prétend que je suis morte d’une crise cardiaque, c’est ridicule ! Je décide donc de mener ma propre enquête sur la cause de mon trépas, tout en m’habituant à ma nouvelle condition de fantôme. Tâche pas si aisée qu’il y paraît, croyez-moi ! Bien des obstacles entraveront mes recherches, et le hasard me procurera une alliée plutôt surprenante…

    L’intérêt de Stéphanie Coos pour le paranormal influence ses écrits, emmenant le lecteur dans un univers décalé. Elle met un point d’honneur à terminer ses récits de façon inattendue.

    Alliant humour et suspense, Morte ! Mais de quoi ? est son troisième roman, après Trois jours et Mariée à un Con.

    Stéphanie Coos, Morte! Mais de quoi ?, éd. Assyelle
    http://stephcoos.wix.com/auteur