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  • Transformations de Laughing Seabird

    Derrière le joli nom de Laughing Seabird se cache la Française Céline Mauge, à l’œuvre dans son très beau deuxième album, The Transformation Place,  avec ses 12 titres arrangés par Emmanuel Heyner.

    La chanteuse se fond à merveille dans un répertoire lorgnant tant du côté de l’Irlande ("My Shell"), de l’Angleterre ("Scarborough Fair"), des États-Unis ("In Spite Of") que de ce côté-ci de La Manche et de l’Atlantique ("Le somptueux règne des absents", "Karmen KéroZen", "Les filles sages et les autres").

    Avec une fausse légèreté,  Laughing Seabird aborde des sujets sérieux et parfois même rarement traités, comme la grossophobie dans le titre "I Feel Hat" qui ouvre l’opus : "I feet fat today / I ate too much yesterday evening". Pour le morceau "Vivre (No Way Back)", c’est la dépression qui est au cœur de cet appel à se ressaisir et avancer : "Chaque jour, travaille à te grandir / Réveille-toi, la terre est bien ronde / Chaque jour, œuvre à ton avenir / Et tu trouveras la voie".

    Balançant sans cesse entre folk, brit pop et chanson française, la musicienne d'origine bretonne revendique ses inspirations musicales anglo-saxonnes et irlandaises, à l’instar de la reprise du chant traditionnel "Scarborough Fair". On se ballade avec plaisir dans The Transformation Place, tant Laughing Seabird sait allier mélodies travaillées, rythmes entraînants et textes sensibles ("Direction oubliée (Let Go)").  

    "The Transformation Place", le titre éponyme de l’album, s’avère l’un des plus réussi : lancinant, coloré et gourmand, il frappe justement par ses transformations incessantes, ses ruptures et ses contrastes, tout comme par le travail sur la voix de Laughing Seabird, toujours sur le fil dans cet appel à ne jamais abandonner ses rêves d’enfant et à ne pas se fier aux premières impressions ("You have just opened the doors of your perception"). Tout cela est chanté, joué et interprété non sans clins d’œil assumé pour la musique psychédélique des années 70 (on pense par exemple au fameux "Bicycle Race" de Queen).

    Lancinant, coloré et gourmand

    L’étonnant et passionnant album de Laughing Seabird a beau être très cohérent, il n’hésite pas à prendre des chemins détournés, lorsqu’elle choisit de nous emmener du côté de l’Irlande, dans un voyage dépaysant et amoureux ("Just won’t fall in the trap / Take the road without a map / Sure to find not look for / Any key to a door… / I become the laughing seabird / And you’re my shell", "My Shell").

    Dans sa facture pop-rock assez classique, "Le somptueux règne des absents" dévoile un peu plus des failles de la douée et prolifique Laughing Seabird, comédienne, doubleuse et, ici, musicienne et chanteuse. Derrière ce titre énigmatique, se cache un morceau poignant sur une disparition qui ne passe pas : "J’ai beau me dire / Qu’il faut tenir / L’hiver s’installe et le froid empire… / J’ai beau vouloir et vaillamment croire / Mes combats sont vains quand vient le soir" ("Le somptueux règne des absents"). "L’appel du monde" semble répondre à ce cri de douleur : partir, découvrir le monde, chante-t-elle, comme en écho à ce qu’elle disait dans " The Transformation Place".

    La superbe reprise de Sailor Song" de Rickie Lee Jones ("I could fly away / But i take the sea / For stranger days than these") ainsi que le rock régressif "Karmen KéroZen" ont été inclus dans la bande original du film Ça tourne à Saint Pierre et Miquelon, réalisé par Christian Monnier et dans lequel joue, comme par hasard, Céline Mauge. La musicienne propose là aussi de nouvelles invitations au voyage, en pleine mer. Idéal pour laisser derrière soi ses tourments : "KarmenZéro, j’ai brisé mes chaînes / Rompu les barreaux de ma cage / Je suis pour toujours en voyage. "

    Laughing Seabird choisit le talk-over pour la dernière chanson faussement insouciante, "Les filles sages et les autres" : avec humour, effronterie et non sans un vibrant message féministe, Céline Mauge égratigne les contes pour enfants qui s'avèrent souvent être de vraies prisons mentales : "Les filles sages vont au paradis / Les autres, où elles veulent / Moi je poréfère suivre mon envie / Car la liberté n’a pas de prix." À bonne entendeuse… 

    Laughing Seabird, The Transformation Place, Ad Libertam / L'Autre Distribution, 2021
    https://laughingseabird.com
    https://www.facebook.com/laughingseabird
    https://www.instagram.com/laughingseabird

    Voir aussi : "Madeleine Cazenave derrière le piano"

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  • Écrivez puis brûlez-le (ou pas)

    l’ouvrage de Sharon Jones, Burn After Writing a été l’un des succès inattendu en librairie. Grâce largement au bouche-à-oreille, le public a été curieux d’avoir entre les mains cet ouvrage de développement personnel. Du "feel good", comme on le dit aujourd’hui.  Mais que regroupe exactement ce manuel destiné, comme son titre l’indique, à être brûlé après avoir été rempli ?

    Il faut tout d’abord dire que le titre du livre est une idée géniale, donnant à l’ouvrage de Sharon Jones un parfum de mystère et même d’interdit. Or, l’interdit est en nous. Plus précisément, c’est nous même qui l’alimentons, et l’ouvrage de Sharon Jones permet d’en jouer afin de sortir le lecteur de ses derniers retranchements.

    Burn After Writing ne se lit pas : il s’écrit, se remplit, se gribouille et se coche : le livre "propose des questions introspectives, des expériences de réflexion et des devoirs" sur soi-même, ce qui en fait un livre intime et personnel, à condition bien entendu de jouer le jeu.

    Sharon Jones s’inscrit dans l’ère des réseaux sociaux, en même temps qu’elle s’en démarque : alors que les Facebook, Instagram et autres Tik-Tok font de l’intime et du privé des sujets de conversation, Burn After Writing propose au contraire de s’asseoir, de prendre un crayon et de s’intéresser à soi, mais en secret. Bref, "jouer à Action ou Vérité" avec soi-même.

    L’auteure présente aussi son livre comme un "dossier noir…", avant d’ajouter : "Il est un espace où vous révélez librement votre vérité, sans vous préoccuper de l’opinion ou du jugement des autres."

    Dans cette recherche de la vérité sur soi, il s’agit de porter un regard sur son passé, ses aspirations, ses désirs, ses frustrations et ses plus secrètes motivations. Là est toute la difficulté : "Je suppose que la véritable question est la suivante : comment se distinguer clairement à travers son propre regard, le plus souvent subjectif ?"

    Comment se distinguer clairement à travers son propre regard, le plus souvent subjectif ?

    Le livre se découpe en trois parties d’une logique implacable : "Le passé", "Le présent" et "L’avenir". En se penchant sur son passé, l’utilisateur est invité à se remémorer des souvenirs, des proches, ses préférences ou ses premières fois. "Regarder en arrière" : tel est l’objectif de cette première section.

    L’introspection se fait confession dans la partie suivante consacrée au présent et à "la vérité pertinente". À côté de questions relativement ludiques sur le mode du "si j’étais", le lecteur muni de son Bic est invité à s’interroger sur une question existentielle : "Ce que je suis".  Ses désirs, sa personnalité, ses traits de caractère, ses compétences. Pour répondre à ces interrogations, l’auteure propose des sections surprenantes, telle que celle-ci : "Si je pouvais réaliser un film hollywoodien [sur ma vie]". Des grilles sous forme de notations sont également à remplir, tout comme des associations de mots, des listes à cocher et des pages entières à remplir ("Ce que l’argent ne peut acheter",  "La famille c’est…" ou "Mes mantras et mes règles de vie").

    La dernière partie traite logiquement de l’avenir : "Où allez-vous ? Que traversez-vous ?" Là encore, des questions ouvertes ou fermées, des listes à remplir ou à cocher et des pages de notes proposent de s’interroger sur son futur, grâce notamment à des "listes d’envie".

    Au terme de ce livre, l’auteure de Burn After Writing trahit un chouia son titre : l’ouvrage a finalement vocation d’être non pas brûlé après utilisation mais au contraire conservé pour être consulté dans le futur : "Dans quelques années, vous relirez  ce livre et referez ces exercices".

    Mais tout cela, en secret, bien entendu.  

    Sharon Jones, Burn After Writing, éd. Contre-dires, 2021, 160 p. 
    https://www.editions-tredaniel.com/burn-after-writing-p-9211.html

    Voir aussi : "Le Bujo, c’est pas que pour les filles"

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  • Souvenirs de Piednoir

    Piednoir vient de sortir son premier EP,  Souvenirs de la houle. La houle en question est celle de sa Normandie natale. Et il est vrai qu’il souffle sur cet album un vent frais et la sensation que le musicien dessine des paysages qui lui sont familiers.

    Pour autant, Souvenirs de la houle est bien un pérégrination intérieure qui est un  appel à la vie, aux rencontres et à l’amour, y compris s’il peut décevoir ("Dis-moi que tout va bien / Mens moi juste une dernière fois" ,"Dis-moi" ).  "La tête haute", son premier titre, entend délivrer une série de messages bienvenus : avancer, assumer, affronter et, surtout, garder "la tête haute". 

    Les chansons de Piednoir sont plus complexes qu’il n’y parait. Les instruments acoustiques ("À nous deux") sont enrichis de sons électros mais aussi de rythmes urbains ("22H23").

    Comment ne pas conclure cette chronique par les mots de Piednoir lui-même ? Et d’abord, au sujet de son nom, justement : "Piednoir, c'est mon nom. Et parce que j'ai dû le porter, à présent je veux qu'il me porte. Je veux qu'il agisse comme un prisme pour dévoiler la poésie et le positif qu'il y a dans chaque sentiment qui me trouble, me perd, qui me rend vivant."

    Piednoir, Souvenirs de la houle, EP, 2021
    https://www.facebook.com/PiednoirMusic

    Voir aussi : "Je me fous de la chanson qui passe"

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  • Gino Bartali, Juste Champion

    Exceptionnels destin et carrière que ceux de Gino Bartali !

    Les fans de cyclisme connaissent le champion et ses deux victoires au Tour de France, l’une en début de carrière en 1938 et l’autre à la toute fin, dix ans plus tard, en 1948, alors que le champion italien va sur ses 40 printemps. L’exploit est encore inégalé à ce jour.

    La performance est d’autant plus remarquable que la carrière du cycliste a été stoppée net par la seconde guerre mondiale, et là est justement le cœur de la bande dessinée de Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes (éd. Marabulles).

    Figure sportive autant qu’héroïque, Gina Bartali naît en Italie dans un village près de Florence. Ses origines modestes le destinent à une existence modeste – maçon comme son père ou ouvrier agricole comme sa mère. Mais c’est le vélo, qu’il découvre jeune, qui le passionne. Côtoyer son cousin Armando mais aussi et surtout son ami Giacomo Godbenberg ont un impact décisif sur son existence et sur sa vie. D’abord parce que la bicyclette a eu une place prépondérante dans les jeunes années de ces garçons, et aussi en raison des origines juives du petit Giacomo, fils d’expatriés russes.

    Rapidement, de courses amateurs en critériums semi-professionnels, Gino Bartali excelle dans les courses à vélo, jusqu’à obtenir ses premiers prix. Sport déjà populaire, le cyclisme est également vu comme une arme idéologique et patriotique dans l’Italie mussolinienne.

    Attachant et comme invulnérable

    Compétiteur dans l’âme, Gino Bartali arrive au Tour de France 1937 comme favori mais il lui faut attendre un avant avant de remporter le Maillot Jaune. Il est le deuxième Italien à remporter la plus importante course du monde. C'est pain bénit pour Mussolini qui rêve de faire de Bartali un des nouveaux héros italiens, "mais dans son pays, le fait qu’il n’encense pas le fascisme et qu’il ne mentionne pas le Duce dans son discours de remerciement fut remarqué."

    Ce premier acte de courage n’est pas le dernier pour celui qui est le plus grand sportif italien de son époque. Sa carrière est cependant compromise avec la seconde guerre mondiale, et contre toute attente, Gino Bartali choisit de se mettre au service de la Résistance et de la lutte contre l'antisémitisme.

    Les fans de cyclisme se précipiteront sur cette bande dessinée élégante et sensible consacrée à une des figures majeurs du vélo, double vainqueur du Tour de France et véritable héros dans son pays. Gino Bartali a été un peu oublié de ce côté des Alpes et cette BD est un excellent moyen de se souvenir de lui, de son parcours, de ses choix et de sa carrière qui aurait pu être bien différente sans le conflit mondial de 39-45 et des dictatures nazies et fascistes du XXe siècle.

    Sur un scénario dense et héroïsant le champion péninsulaire, Lorena Canottiere, Grand Prix Artemisia 2018 pour l’album Verdad, utilise des couleurs pastel rose et orangées. Il y a une certaine douceur, pour ne pas dire naïveté, dans les traits de ses personnages. En dépit de la dureté de cette période, les événements les plus tragiques sont évoquées avec pudeur pour ne garder que l’essence de l’athlète italien, attachant, héroïque, généreux et comme invulnérable. 

    Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes,
    éd. Marabulles, 2021, 128 p.

    https://www.yadvashem.org/fr/justes/histoires/bartali.html

    Voir aussi : "Le philosophe aux plateaux"
    "Lev Yachine, l’araignée dorée"

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  • Madeleine Cazenave derrière le piano

    Titre énigmatique, Derrière Les Paupières se présente comme un envoûtant, magnétique et étonnant album de jazz proposé par le trio Rouge. Madeleine Cazenave, à la composition et au piano, est accompagnée de Sylvain Didou à la contrebasse et Boris Louvet à la batterie.

    Le jazz de Derrière Les Paupières, composé de seulement six titres de 6 à 9 minutes, se déploie avec un luxe de couleurs et de densité, tel le premier morceau, "Petit jour". Faussement simple, il commence sur la pointe des pieds avant de se déployer dans des vagues mélodiques et orientales.

    Ces accents orientaux sont plus présents encore dans "Étincelles", dans une fusion entre jazz cool et musique world et métissée traversée par un mouvement nostalgique absolument bouleversant. 

    Une invitation au dépaysement

    C’est une invitation au dépaysement que propose le trio Rouge, à l’instar du morceau de près de 8 minutes, "Abysses". Ce titre, toujours dominé par le piano de Madeleine Cazenave, peut s’écouter comme un voyage vers nulle part. L’auditeur est invité à s’aventurer dans des contrées musicales mêlant jazz, électro et contemporain, avec ce je ne sais quoi de sons zen dominés par la contrebasse proprement métaphysique de Sylvain Didou. Elle est la véritable héroïne de cette piste passionnante et envoûtante.

    Derrière Les Paupières n’est pas sans rappeler l’album Music for Egon Schiele qu’avait sorti le groupe Rachel’s en 1996. Il y a à la fois du lyrisme et de la modernité dans cette manière d’aborder le jazz ("Brumaire"). Le trio ne le quitte cependant jamais complètement, à l’exemple de "4 %", qui nous ramène à un son plus familier. Ce jazz cool est impeccablement servi par des interprètes à l’unisson, non sans des décrochages mélodiques au piano.

    "Cavale", le morceau qui clôt l’album, avance doucement avant de s’élancer, mais non sans une forme de mélancolie comme s’il y avait encore beaucoup à dire et à partager. 

    Rouge, Derrière Les Paupières, Laborie Jazz, 2021
    https://www.madeleinecazenave.com

    Voir aussi : "Sarah Lancman : « Oser oser ! »"

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  • Bon sang ne saurait mentir

    Débarrassons-nous pour commencer de ce qui fait la singularité a priori du film Possessor : le réalisateur, lui-même. Le nom de Brandon Cronenberg ne vous est certainement pas inconnu : il s’agit ni plus ni moins que du fils de David Cronenberg, le cinéaste de Crash, de La Mouche ou d’ExistenZ. Voilà qui situe déjà le personnage, à bonne école s’agissant de films fantastiques un tantinet barrés.

    Les fils ou filles de sont légion dans le milieu du cinéma et, comme souvent, sans cracher sur les avantages d’être intégrés dans un milieu et d’en connaître les codes, le rejeton ou la rejetonne décide la plupart du temps de "tuer le père" (ou la mère) en choisissant un univers diamétralement opposé (que l’on pense à Francis Ford Coppola et à sa fille Sofia).

    Or, la singularité de  Brandon Cronenberg c’est qu’il a choisi de suivre le même chemin artistique que son père : une science-fiction dystopique dans lequel le corps humain est trituré jusqu’à devenir déviant. Un choix qui a porté a priori chance à Brandon Cronenberg puisque son deuxième long-métrage, Possessor, a obtenu le Grand prix du Jury au dernier Festival international du film fantastique de Gérardmer.

    Le corps humain est trituré jusqu’à devenir déviant

    Bon sang ne saurait mentir, donc, et ce n’est pas rien de le dire. Dans un futur proche, Tasya Vos (Andrea Riseborough) est une agente un peu spéciale, chargée de se débarrasser physiquement de personnes, au terme d’un contrat signé avec une agence gouvernementale. Sa couverture est imparable : une technologie lui permet d’endosser le corps d’une tierce personne qui se charge de la sale besogne. Pour une de ses missions ultra-secrète, elle prend possession du corps du petit ami de la fille d’un riche homme d’affaire. La mission ? Tuer le beau-père. Sauf que rien ne se passe comme prévu et la mission se transforme en carnage.

    Les fans de Cronenberg trouverons dans le Possessor de Brandon Cronenberg un peu de l’ADN de son père : milieux inquiétants, personnages torturés et corps mis à contribution, ce qui n’est pas sans soulever le cœur et vous donner des sursauts. On appréciera les images et les effets spéciaux proches de l’abstraction, avec un travail remarquable sur les gros plans (la photographie est de Karim Hussain).

    Dans cette réflexion sur la déshumanisation, cela ne surprendra personne que les personnages apparaissent éthérés et lointains – si l’on excepte la scène intimiste avec la famille de Tasya.  Brandon Cronenberg, derrière cette dystopie horrifique, parvient à laisser passer un message sévère autour des nouvelles technologies et des sociétés de surveillance. 

    Voilà qui fait de Possessor un film d'horreur réussi et intelligemment fait, quoiqu'un peu clinique. 

    Possessor, thriller horrifique anglo-canadien de Brandon Cronenberg,
    avec Andrea Riseborough, Christopher Abbott, Jennifer Jason Leigh,
    Tuppence Middleton et Rossif Sutherland, Canada et Roy, 2020, 105 mn, Canal+

    https://www.possessormovie.com
    https://festival-gerardmer.com/2021

    Voir aussi : "Montagnes russes"

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  • Carole Masseport est bien à sa place

    Nous attendions avec curiosité le nouvel album de Carole Masseport, En Équilibre. Après la sortie d’un premier single, "On se remet de tout", la chanteuse confirme tout le bien que l’on pensait d’elle, grâce à un album écrit et produit avec soin, avec entre autres Albin de la Simone et JP Nataf, le chanteur des Innocents.

    Carole Masseport chante en équilibre dans un opus tout en finesse ("À ma place"). Le thème de l’amour est bel et bien là même s’il s’agit d’amours cabossés mais revivifiés par de nouvelles rencontres : "une seconde chance n’a rien de ridicule… Je suis là, hélas, et lasse / Je suis là à ma place".

    Sur des textes faussement légers ("On se remet de tout"), la chanteuse assume la simplicité de textes et de mélodies parlant de la vie à deux ("Rien n’y fera"), de la recherche de l’autre ("Si elle m’aime"). L’attachement, les confessions, les trahisons et les doutes : Carole Masseport les exprime de sa voix fragile à la Enzo Enzo, avec une économie de moyens.

    Faussement légers

    Tout cela est fait avec grâce, y compris lorsque la musicienne s’engage et aborde le problème des migrants ("Calais"), avec un regard plein d’acuité et presque avec légèreté ("Garavan").

    Il faut aussi parler de "Cœur de dentelle",  une jolie balade folk avec guitare et voix sur la fin implacable d’une relation, en raison d’un homme "qui tire sur la corde… le loup qui dévore c’est toi". Cette histoire d’un échec amoureux est chantée avec une retenue bienvenue, ce qui n'empêche pas des moments de confession : "Dans mon lit c’est Hiroshima / J’y ai cru toi et moi / Tu m’as crue je ne joue pas".

    Toujours pop-folk, l’album se termine par une étonnante reprise de "Hors-saison", le tube de Francis Cabrel. Et s’il fallait chercher là les influences de Carole Masseport ? 

    Carole Masseport, En Équilibre, L’autre distribution, 2021
    https://www.carolemasseport.fr
    https://www.facebook.com/carolemasseportmusic

    Voir aussi : "Consolation"

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  • "Assez de bla bla" #4 : Vaiteani

    La nouvelle chronique de "Assez de Bla Bla", diffusée sur la radio C2L et sur le magazine Entre Loire et Loing est consacrée au nouvel album du groupe Vaiteani. Une vraie belle découverte. 

    Pour en savoir plus sur ce formidable duo, rendez-vous ici.

    Merci à Pascal Weber pour la réalisation et le montage.

    "Assez de bla bla", les capsules de Bla Bla Blog
    http://www.c2l-radio.fr/-Entre-Loire-Loing-le-magazine-du-Gatinais-135-.html
    https://www.facebook.com/entreLoireetLoing
    https://www.vaiteani.com

    Voir aussi : "Les signes de Vaiteani"

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