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  • D’abord un gros plan sur Muet

    "Le Pic De Tout", titre qui ouvre l’album éponyme du duo Muet annonce la couleur : noir. Ou plutôt gris, avec toutes ses nuances, souvent des plus sombres. Ce premier morceau, aux vagues électroniques, fait de l’écriture poétique une arme pour parler de catastrophe environnementale et de l’impuissance des gens de peu à vivre dans l’espoir – voire à vivre tout court. L’originalité du propos – certes pas nouveau – est l’intrusion de l’anticipation et de la SF, certes tout aussi pertinente que pas franchement plus réjouissante : "Des fusées s’échappent de la terre / Emportant quelques milliardaires / Vers des horizons stellaires". Et que restent-ils à celles et ceux qui restent ? "du vide".

    On retiendra le travail sur le texte dans cet album engagé. "Mille mots" dénonce les flux d’informations, les discours bavards, les mensonges se multipliant et la vitesse en continu. Les sons électros servent un album paradoxalement très humain : on souffre, on "tombe", on "flanche" ("Électrochoc"). Et si l’on se libérait ? Et si l’on allait "dessous les choses" ? Là "où puisent tous les poètes / Dort ce que l’on garde / Toutes les choses muettes" ? ("Dessous les choses").

    L’auditeur sera sans doute plus subjugué encore par "Ailleurs", un titre qui fait le choix de la sobriété, de la mélancolie, de l’amour et de l’espoir : "Ailleurs te retrouverais-je ?" Tout aussi poétique, "Les sirènes" nous propose une aventure à la fois romanesque et mythologique – une promenade vaine ? "J’ai trop rêvé / Tu n’existais pas en vrai / Je t’ai trop rêvé". Parlons encore mythologie avec "Le colosse", "Titan dégénéré / Titan entêté… / Oubliant que ses talons d’Achille / Étaient faits d’argile". Un morceau eighties aux visions frappantes et qui fait également sens dans notre monde contemporain.

    La grande surprise de l’album vient de la reprise du classique de Claude Nougaro, "Le cinéma"

    La grande surprise du premier album de Muet, un duo formé de Colin Vincent (ex leader du groupe Volin) et de Maxime Rouayroux, vient de la reprise du classique de Claude Nougaro, "Le cinéma". Les musiciens et adaptateurs ont fait le choix de sons synthétiques et d’une rythmique urbaine. Cela donne un titre que l’on redécouvre, à la fois mystérieux, planant et lascif : "Sur l'écran noir de mes nuits blanches / Moi je me fais du cinéma / Sans pognon et sans caméra / Bardot peut partir en vacances / Ma vedette c'est toujours toi".

    Le duo séduit par sa manière de rendre à cet album sombre de sublimes éclats de lumière, à l’instar du généreux "Devant" ("La foudre est tombée trop souvent / Sur ce chemin tu es partie devant / C’est l’exil qui te tend la main / Sauras-tu retrouver le chemin / Qui te ramènera / Chez toi ?") ou le subjuguant et – presque – instrumental "Thilda" ("Viens là / Thilda / Parle-moi").

    Avec ce premier projet de Muet, on se dit que décidément le noir est une couleur, et même sans doute la plus belle de toutes. 

    Muet, Le Pic De Tout, Upton Park, 2023
    https://www.facebook.com/Muetmusique
    https://www.instagram.com/muet_musique

    Voir aussi : "Charlotte Savary en invitée surprise de Batz"

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  • Roxane Elfasci : "La relation avec un instrument est assez conflictuelle, c’est presque comme une passion amoureuse"

    Roxane Elfasci est un des gros coups de cœur de cette fin d’année, avec un album consacré à la guitare et à des adaptations passionnantes, étonnantes, enivrantes et parfois surprenantes pour cet instrument. C’est l’objet de Poésie française et Hommage à Debussy. Nous avons voulu en savoir plus cet projet musical mêlant tubes classiques, standards français et coups de cœur. Rencontre inédite avec Roxane Elfasci qui a la guitare dans la peau. 

    Bla Bla Blog – Bonjour Roxane. Vous proposez, avec votre Poésie française un album de reprises et d’arrangement à la guitare deux albums en un. Pouvez-vous nous raconter la genèse de cet opus ? Tout est parti, je crois de Youtube et d’une première version du Clair de lune.

    Roxane Elfasci – Bonjour, et merci pour l’intérêt que vous portez à mon album ! J’ai toujours eu un grand amour pour la musique française, et en particulier celle du tournant du 20ème siècle. Debussy est un compositeur sans égal, qui a su amener énormément de délicatesse et de poésie dans ses compositions. J’ai eu très tôt l’envie de m’approprier sa musique à la guitare, par le biais d’arrangements. Le premier enregistrement que j’ai réalisé a été le Clair de Lune en effet, puis j’ai enregistré un premier album, sorti en 2021, entièrement consacré à la musique de Debussy et à des hommages à sa musique écrits par d’autres compositeurs. Après cela, je sentais que tout n’avait pas encore été dit, c’est pourquoi j’ai voulu enregistrer un second album intitulé Poésie Française : on y retrouve un nouvel arrangement de Debussy, pour duo de guitares : La Valse Romantique, mais également des références à d’autres compositeurs iconiques français comme Fauré, Satie ou encore Saint-Saëns. L’album est comme une mosaïque, un patchwork de la poésie musicale de ces années-là, en France.  

    BBB – L’auditeur découvrira sans doute tout l’éventail de nuances que propose la guitare. Quelle relation avez-vous d’ailleurs avec cet instrument, mais aussi avec la musique classique, un genre où la guitare est présente de manière plus discrète que le piano ou le violon ? 

    RE – J’ai commencé la guitare très jeune et je ne l’ai jamais quittée depuis. Parfois, la relation avec un instrument est assez conflictuelle, c’est presque comme une passion amoureuse : il y a des moments de joies intenses, d’autres où on se sent malheureux, mais en fin de compte, je ne peux pas me passer de ma guitare, elle fait partie de ma vie et de mon quotidien. Je suis dépendante de son odeur, de la sensation tactile des doigts sur la touche, du son de ses six cordes, et de tous les effets que le travail d’un instrument procure sur les sens. Je n’écoute pas uniquement de la musique classique, mais il est vrai que mes plus grands émois musicaux proviennent de là. J’ai appris à l’écouter, à l’apprécier, à en connaître les secrets au fur et à mesure de mes études et c’est aussi ça qui me plaît : avoir cette écoute active, comprendre toutes les merveilles d’écriture d’une symphonie, d’un concerto, d’une sonate pour piano. Certes la guitare classique est un peu à part dans ce milieu, mais la volonté que j’ai eue de m’y consacrer entièrement est indissociable de l’amour que j’ai pour la musique classique et de la fascination que ce milieu exerce sur moi. 

    BBB – On est surpris de voir que la guitare sert admirablement bien des œuvres de Debussy, Satie ou Fauré. Pour vous, ces compositeurs allaient-ils de soi pour des adaptions à la guitare ? 

    RE – D’une manière générale, la guitare fonctionne très bien pour les adaptations d’énormément de styles musicaux différents. C’est un instrument polyvalent, polyphonique, et qui offre des ressources quasiment illimitées quant aux variétés de timbres ou de modes de jeu. Réaliser des arrangements a toujours été une tradition chez les guitaristes classiques. C’est aussi une manière pour nous de pallier les manquements de notre répertoire : Debussy, Satie et Fauré n’ont jamais écrit pour guitare par exemple. Toutes les œuvres ne sont pas arrangeables pour autant, et le travail de transcription commence d’abord là : choisir les œuvres qui fonctionneront, et déterminer également pour quelle formation de cordes pincées on va l’arranger : guitare seule, duo, quatuor… Dans l’album Hommage à Debussy, l’un des arrangements fait appel à une formation assez rare : un trio avec deux guitares et une guitare baryton (instrument peu commun): c’était la formation qui me semblait convenir le mieux pour recréer l’atmosphère énigmatique et profonde de La Plainte au loin du Faune de Paul Dukas, à l’origine écrite pour piano. 

    BBB – Pouvez-vous nous parler des adaptations en elles-mêmes, puisque vous êtes l’auteure de quelques-unes d’entre elles, dont les Gymnopédies de Satie, La Rêverie de Debussy ou sa première Arabesque. Quelles sont les difficultés lorsque l’on passe d’une œuvre composée pour le clavier à la guitare ? 

    RE – Le piano offre un très grand ambitus, avec plus de sept octaves de jeu. La guitare elle, a un ambitus beaucoup plus réduit, qui s’étend sur un peu plus de trois octaves, avec un accès déjà plus difficile aux suraigus pour la main gauche. Par ailleurs, le pianiste dispose de ses dix doigts sur le clavier, ce qui lui permet une grande facilité de phrasé. À la guitare, nous sommes limités par les quatre doigts de la main gauche. Mais c’est ce qui est formidable aussi avec la guitare : c’est qu’elle arrive à rendre possible ce qui semble parfois impossible ! Je me souviens que lorsque j’avais travaillé sur l’arrangement de l’Arabesque, j’avançais pas à pas, mais je trouvais à chaque fois des solutions étonnantes qui ravivaient mon amour pour la guitare car je prenais conscience de toutes ses possibilités. On trouve des astuces, des combinaisons d’arpèges, des choix d’octaviation, des scordatura arrangeantes, un usage approprié des harmoniques etc. qui permettent de s’en sortir. Un arrangement réussi, c’est lorsqu’on oublie quel a été l’instrument destinataire et qu’on se laisse entièrement convaincre par le nouvel instrument.  

    "Il y a certaines œuvres classiques qui sont devenus de tels "tubes" qu’ils sont presque passés dans le registre populaire"

    BBB – Parlons aussi d’Édith Piaf. Voilà une présence étonnante dans cet album. Pourquoi ce choix ? 

    RE – Il y a certaines œuvres classiques qui sont devenus de tels "tubes" qu’ils sont presque passés dans le registre populaire : c’est le cas de la Gymnopédie n°1 de Satie ou encore du Cygne de Saint-Saëns, et à l’inverse, des musiques populaires d’une telle richesse mélodique et orchestrale, qu’on les considère comme des "grands classiques". J’ai voulu illustrer cette perméabilité de la frontière entre musique classique et musique populaire en insérant ces deux pièces chantées par Édith Piaf à la fin de l’album. Je trouve qu’elles illustrent tout autant la poésie française que la Gymnopédie de Satie par exemple. Par ailleurs les arrangements de ces deux chansons de Piaf sont incroyables : ils ont été réalisés par Roland Dyens qui est probablement l’un des guitaristes que j’admire le plus, tant pour son exceptionnelle inventivité de compositeur et de transcripteur que pour ses qualités uniques d’interprète et d’improvisateur. 

    BBB – L’auditeur sera frappé par cette Marseillaise de Baden Powell, si mélancolique, si romantique… On sent que vous avez pris plaisir à surprendre et désarçonner.

    RE – J’avais découvert cette version de La Marseillaise il y a quelques années déjà, et j’avais tout de suite été séduite par la douceur de ses harmonies et la sobriété de l’écriture, à contre-pied de l’ambition martiale de l’hymne français. Cet arrangement a été écrit par Baden Powell, un guitariste et compositeur brésilien que j’affectionne beaucoup. On peut trouver sur YouTube une vidéo où on l’entend jouer cette Marseillaise. La partition n’est qu’une retranscription de ce moment live. J’ai depuis le début cette idée d’insérer La Marseillaise dans l’album Poésie Française, car ce disque est aussi une manière pour moi de manifester mon patriotisme. Je suis en effet une grande admiratrice de la culture française : son histoire, sa musique, sa littérature, sa gastronomie, ses paysages… C’est elle qui a nourri ma sensibilité et mon approche artistique, et j’ai souhaité lui rendre hommage ainsi avec ma guitare. 

    BBB – Quels sont vos projets pour 2024 ? Un nouvel album ? Une tournée ?

    RE – J’aimerais consacrer du temps en 2024 à promouvoir ce nouvel album. De nouvelles vidéos doivent encore sortir, notamment celle de la Valse Romantique, et quelques concerts sont prévus pour l’instant. J’ai toujours en tête de nouvelles idées d’albums, et je suis actuellement en train de travailler avec mon duettiste Baptiste Erard sur un projet autour de la musique de Philip Glass. J’ai par ailleurs un nouveau projet musical avec une chanteuse lyrique mezzo-soprano, Marthe Alexandre, que j’avais rencontrée il y a quelques années lors de concerts aux Arènes de Montmartre l’été. Nous commençons à jouer notre programme en public, et nous cherchons à multiplier progressivement les concerts en 2024. Je travaille également régulièrement avec mon quatuor de guitares, la Quatuor Iberia ; nous venons de sortir notre première vidéo sur YouTube, il s’agit d’une valse vénézuélienne composée par Jorge Cardoso. Nous avons également pour projet d’enregistrer un disque très prochainement. 

    BBB – Merci, Roxane.

    Roxane Elfasci, Poésie française et Hommage à Debussy, Amigo, 2023
    https://roxane-elfasci.com
    https://www.instagram.com/roxanelfasci
    http://amigo-musik.se/en

    Voir aussi : "Guitare et classique by Roxane Elfasci"

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  • La jeunesse au pouvoir

    C’est un Voyage à Paris que je vous propose. Enfin, quand je vous dis "Je vous propose", disons plutôt que ce périple est musical, puisqu’il s’agit de la captation d’un enregistrement public à l’Académie Orsay-Royaumont en mai dernier, avec quatre jeunes artistes venant présenter un choix d’œuvres des XIXe et XXe siècle.

    Comme le titre de l’album l’indique, les compositeurs français sont à l’honneur, quoique pas intégralement. Francis Poulenc ouvre le bal avec cinq courtes chansons (mise à part "Sanglots", d’environ quatre minutes) de ses Banalités, avec la mezzo-soprano Brenda Poupard et la pianiste Anne-Louise Bourion. Nous sommes ici au cœur de la tradition classique française, avec un compositeur qui est un jalon essentiel entre le classique et le contemporain, et qui mérite d’être découvert ou redécouvert (on pense au délicieux et original "Fagnes de Wallonie"). Parmi les morceaux, figure le bref air "Voyage à Paris" qui donne son titre à l’opus. L’auditeur s’arrêtera sans doute avec intérêt sur le sombre "Sanglots". Francis Poulenc revient plus tard dans l’album avec un air de ses Chansons gaillardes, le délicieux "Sérénade", interprété cette fois par le baryton basse Adrien Fournaison et la pianiste Natallia Yeliseyeva. Le compositeur met en musique en 1925 les paroles d’un texte anonyme du XVIIe siècle : "Avec une si belle main, / Que servent tant de charmes, / Que vous tenez du dieu Malin, / Bien manier les armes. / Et quand cet Enfant est chagriné / Bien essuyer ses larmes".

    Brenda Poupard et Anne-Louise Bourion s’attaquent ensuite à un compositeur allemand, et pas le moindre. C’est Franz Liszt qui est mis à l’honneur, avec trois lieder au romantisme intact. S’enchaînent, avec élégance les airs "Lasst mich ruhen" (composé vers 1858), le lancinant "Über allen Gipfeln ist Ruh" (autour de 1849) et le plaintif "Gebet" (plus tardif, 1878 environ).

    Ce voyage parisien se poursuit avec Adrien Fournaison et Natallia Yeliseyeva s’attaquant – évidemment, serait-on tenté de préciser – au plus français et parisien sans doute des compositeurs français, Gabriel Fauré. La subtilité de l’auteur du Requiem est flagrante dans la chanson pleine de mélancolie "L’absente". Moins connu sans doute pour le grand public, Henri Duparc est mis à l’honneur dans le sombre et naturaliste "La vague et le clocher". Outre la "Sérénade" de Poulenc, le programme d’Adrien Fournaison et Natallia Yeliseyeva se poursuit avec un lieder du compositeur allemand du XIXe siècle Carl Loewe ("Elkönig"), assez typique du répertoire romantique, mais moins cependant que le "Harfenspieler I" de Franz Schubert. 

    Ambiance, ambiance

    C’est du reste ce dernier qui ouvre la section de la soprano Cyrielle Ndjiki Nya et la pianiste Kaoli Ono, avec deux autres lieder : "Der Zwerg" et "Totengräbers Heimwhle". L’auditeur gouttera la pureté de la voix de la soprano, naviguant dans les vagues pianistiques de Schubert avec un plaisir évident. Que l’on pense au lied "Der Zwerg", d’autant plus incontournable qu’il a été interprété par le passé notamment par Dietrich Fischer-Dieskau, Jessye Norman et, plus récemment, par Matthias Goerne. Déployant sa maîtrise, la soprano se montre puissante et sombre dans le "Totengräbers Heimwhle", le titre le plus long de l’album. On ne pourra qu’admirer la maîtrise et la technique du duo dans ce morceau plein de désespoir et d’appel à la paix définitive ("Ô destin / – Ô triste devoir – / Je n’en peux plus ! / Quand sonnerez-vous pour moi, / Ô heure de paix ?! / Ô mort ! Viens et ferme les yeux !"). Ambiance, ambiance.

    Au sombre romantisme vient succéder les Trois chansons de Bilitis de Debussy. Retour en France et à Paris, donc (L’homme est né à Saint-Germain-en-Laye et est mort dans le 16ᵉ arrondissement). L’auditeur gouttera avec délice ces airs impressionnistes portés par le piano plein de nuances de Kaoli Ono ("La flûte de pan") et l’étrange intimité ("La chevelure") qui sourd de ces chansons composées en 1897 d’après des textes originaux – et pseudo traductions du grec – de Pierre Louÿs : "Cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine". La modernité de Debussy est évidente dans "Le tombeau des naïades", mystérieux, inquiétant mais aussi sensuel : "Il me dit : « Les satyres sont morts. « Les satyres et les nymphes aussi. Depuis trente ans il n’a pas fait un hiver aussi terrible. La trace que tu vois est celle d’un bouc. Mais restons ici, où est leur tombeau »".  

    Le ténor Ted Black, accompagné du pianiste Dylan Perez viennent conclure ce programme de Voyage à Paris avec, de nouveau, Debussy. Ils choisissent deux chansons des Proses lyriques, écrites entre 1892 et 1893. C’est le lyrique et romantique "De rêve", déployant de longues et colorées vagues, et le non moins lyrique "De fleurs". Ces mélodies ont été spécialement transcrites pour ténor. La voix à la fois puissante et subtile de Ted Black fait merveille dans ces airs d’une grande complexité, autant que brillants d’une lumière évidente ("De fleurs").

    Le programme et l’album se terminent avec un compositeur de la première moitié du XXe siècle. Erich Wolfgang Korngold, né en Autriche, est parti aux États-Unis pendant la seconde guerre mondiale où il a vécu et travaillé. Surtout connu pour ses BO de films hollywoodiens (Les Aventures de Robin des Bois, Capitaine Blood, L'Aigle des mers). Les lieder proposés, "Mond, so gehst du wieder auf" et "Gefasster Abschied" témoignent d’un esprit romantique tardif, atypique – et daté – alors que l’Amérique et l’Europe sont en plein mouvement contemporain. Cela ne nous empêche pas de découvrir avec plaisir un compositeur oublié, grâce à de jeunes talents qui n’oublient pas d’où ils viennent. 

    Voyage à Paris, Orsay-Royaumont Live, b-records, 2023
    https://www.b-records.fr/voyage-a-paris
    https://www.instagram.com/_brenda_poupard_
    https://www.linkedin.com/in/mlle-bourion
    https://www.facebook.com/AdrienFournaisonBarytonBasse
    https://natallia-yeliseyeva.com
    https://www.cyriellendjikinya.com
    https://www.kaoliono.com
    https://www.tedblacktenor.com
    https://www.dylanjohnperez.com

    Voir aussi : "En image, en musique et en public"

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  • Guitare et classique by Roxane Elfasci

    Voilà un des plus beaux albums classiques de cet automne. Un vrai voyage poétique – Poésie française est, du reste le titre de l’opus – proposé par la guitariste Roxane Elfasci.

    Deux parties composent cet album, Hommage à Debussy et Poésie française, avec quelques reprises peu étonnantes tellement elles semblent avoir été écrites pour la guitare. On pense à la première "Gymnopédie" de Satie ou à la délicieuse "Valse romantique" de Claude Debussy. Comment ne pas parler non plus plus de ce morceau romantique qu’est "Le cygne" de Camille Saint-Saëns, véritable tube du répertoire classique, même si l’on a souvent du mal à mettre un nom sur cette pièce archi-connue.

    Disons-le : Roxane Elfasci est géniale dans ces arrangements pour un instrument aussi populaire que peu goutté des compositeurs classiques. Que l’on pense à sa manière de s’emparer des "Romances sans paroles op. 17",  numéros 1 et 3, de Gabriel Fauré. L’élégance est là, la simplicité aussi, sans affectation ni sensiblerie. Impossible non plus de ne pas parler du bel "Hommage à Ravel", à la fois classique dans sa forme et hispanisant.

    Les surprises de l’opus viennent de ces coups de cœur populaires de la guitariste. Édith Piaf a droit à deux arrangements de Roland Dyens : "La foule" et le non moins célèbre "Hymne à l’amour", proposé dans une version d’une profonde mélancolie. Suit un morceau jazz de Baden Powell : la fameuse "Marseillaise" de Rouget de Lisle. L’auditeur sera frappé de constater que la charge guerrière de l’hymne française a totalement disparu, au profit d’un morceau d’une profonde tristesse, comme si le jazzman américain avait voulu proposer un hommage aux héros de la liberté.

    Un immense succès sur Youtube, avec plusieurs millions d’auditeurs

    Retour à Debussy dans la seconde partie de l’album, cet Hommage à Debussy qui avait fait l’objet d’un disque à part de Roxane Elfasci. Le "Clair de lune" de Claude Debussy (arrangé par James Bishop-Edwards) est bien entendu présent. À noter que le premier enregistrement de la musicienne a connu un immense succès sur Youtube à sa sortie en 2016, avec plusieurs millions d’auditeurs. L’auditeur y retrouvera les nuances impressionnistes du chef d’œuvre grâce au jeu subtil de la guitariste. On se prend à penser que ce joyau musical trouve dans la guitare un médium naturel – pour ne pas dire évident.

    Roxane Elfasci est adaptatrice elle-même de la "Rêverie". Le passage à la guitare permet de voir sous un œil différent des œuvres de Debussy, à l’instar de "Doctor Gradus and Parnassum". L'Hommage à Debussy est de ce point de vue une réelle redécouverte du compositeur français, même lorsqu’il s’agit de morceaux légendaires ("Arabesque n°1"). Disons aussi que la guitare prend tout son sens lorsqu’il s’agit de pièces hispanisantes dans l’esprit (le coloré et attendrissant "Soirée dans Grenade", adapté par James F. Smith).

    L’Hommage à Debussy fait place, dans la fin de cette partie, à des pièces d’autres compositeurs. Il y les classiques et ses contemporains Manuel de Falla (le "Tombeau de Claude Debussy", sombre et hispanisant) et Paul Dukas (l’étrange "Plainte au loin du Faune").

    L’opus se termine avec des créations. Georges Migot propose "Pour un hommage à Claude Debussy" en trois mouvements, "Prélude", "Pastorale" et "Postlude". Des morceaux méditerranéens, modernes qui ne trahissent pas l’esprit impressionniste du compositeur symboliste. Philippe Lemaigre propose enfin un "Prélude en hommage à Claude Debussy". L’auditeur y trouvera les échos du "Clair de lune".

    Envoûtant. Un cadeau idéal pour les fêtes. 

    Roxane Elfasci, Poésie française et Hommage à Debussy, Amigo, 2023
    https://roxane-elfasci.com
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    https://www.instagram.com/roxanelfasci
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    Voir aussi : "Harpe et Basson au rooftop" 

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  • Charlotte Savary en invitée surprise de Batz

    L’auditeur de Red Gold Rush, le premier album de Batz sera certainement désarçonné par l’entrée en matière de l’opus ("Pier One"), servant d’intro électro à une pop très nineties, "Call Me By Your Name", en hommage au film de 2017, un morceau porté par la voix suave et enfantine de Charlotte Savary.

    La chanteuse du groupe Wax Tailor est, du reste, présente dans quatre autres morceaux de l’album, ce qui n’est pas le moindre de ses points forts. La chanteuse semble être un maillon des plus convaincants entre électro et pop, comme le prouve "Before The Flowers Die", sans doute l’un des meilleurs titres de l’opus.

    "A Two Days Walk" se veut une déambulation noctambule aux accents de mystères. Et que dire de "A Polaroid On The Beach" ? La voix juvénile de  Charlotte Savary est envoûtante et séduisante à souhait dans ce morceau à la fois pop, électro et gothique. Plus rock et nineties, la membre de Wax Tailor se donne avec passion et conviction dans le magnétique "Race Against Time". Ajoutons pour être complet que Charlotte Savary a par ailleurs participé à l’écriture de l’album.  

    L’inventivité du duo de Batz fait évidence

    Plus électro, le "Musical Boxes" frappe par sa densité, son rythme rock et ses trouvailles sonores nous baladant entre comptines pour enfant, boîtes de nuit et boucles sonores tirés d’un discours des plus inquiétants. On pourrait dire sensiblement la même chose avec le non moins sombre "Klaatu Barada Nikto", morceau à la sombre beauté, mais tout aussi irrésistible dans son travail sur le rythme et le son. Les membres de Batz revendiquent leurs influences à chercher du côté de John Carpenter, Depeche Mode, Vangelis ou Giorgio Moroder. On croirait par ailleurs que le Bowie de la Trilogie berlinoise s’est penché au-dessus du berceau du groupe créé par Franck Marchal et Sébastien Moreau.

    Avec "Neve", nous restons dans ce courant largement hérité de l’électro archaïque, mais néanmoins pleine d’audace et de joie, des années 70.  En cette période où le rap écrase tout, saluons "Information Paradox", un titre très rock et d’une belle sophistication. L’inventivité du duo de Batz fait évidence, tout autant que leur culture musicale et leur désir de s’approprier le meilleur de la culture pop. Citons ici l’énigmatique et entêtant "47°15’50,8> 2° 27’13,1>W (The Map)" ou encore l’électro-pop endiablée et "jarrienne" de "Sodium Chloride".

    "Pier Two" est le pendant final du "Pier One". Nous voilà dans de l’électronique pur jus dont les vagues planantes à la Vangelis sont un vrai bonheur. Parfait pour terminer ce Red Gold Rush d’une fort belle tenue. 

    Batz, Red Gold Rush, SuperCali, 2023
    https://www.facebook.com/Batzmusic
    https://www.instagram.com/wearebatz
    https://supercali.ffm.to/smokyquartz.opr

    Voir aussi : "Brune et chauffée à blanc"

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  • Astérix et compagnie

    Je vous avais parlé il y a peu des éditions Cote-a-cas consacrées aux figurines et produits dérivés. Après une publication consacrée à Tintin et aux personnages d’Hergé, L’auteur et éditeur Cas. Mallet se penche cette fois sur l’œuvre d’Uderzo, et en premier lieu Astérix (Encyclopédie des Figurines de Collection, éd. Cote-a-cas).

    Les passionnées du petit Gaulois seront aux anges à la découverte de ce panorama très complet des figurines et produits dérivés liés à l’univers d’Uderzo. Quelques pages sont, du reste, consacrés à des personnages plus rares du dessinateur, à l’instar l’indien Oumpah-pah ou Tanguy et Laverdure.

    L’ouvrage est découpé en chapitres consacrés aux éditeurs et distributeurs, que ce soit Attakus, Fariboles, Lebon Delienne ou Pixi. Références, sculpteurs, matières, années de création, provenance, tailles et bien sûr prix (estimations et prix d’origine) sont mentionnés avec précision. Tout collectionneur sera bien inspiré de se procurer l’ouvrage avant de se lancer dans l’achat de l’une ou l’autre de ces pièces.

    Pas la peine de s’appeler Tifus (le riche marchand d’esclaves dans l’album Les Lauriers de César) pour se monter une petite collection de produits dérivés. Un Astérix ou un Obélix en résine de chez Plastoy vous coûtera dans les 40 euros, et pas plus de 30 euros pour un Idéfix du même spécialiste.

    Tout collectionneur sera bien inspiré de se procurer l’ouvrage

    Attakus propose des figurines un peu plus chères, toujours en résine, mais un peu plus grandes. Un César en toge revient à 80 ou 90 euros. La qualité de fabrication explique le prix plus élevé des irrésistibles Gaulois : 180 euros pour un Abraracourcix et même 190 euros pour un "Obélix & Idéfix". Les prix montent sensiblement du côté de chez Fariboles, avec des personnages ne se négociant pas à moins de 200 euros pour un Agecanonix. Mais il est vrai que la passion n’a pas de prix.

    Les prix atteignent parfois des sommets, avec un  "Obélix assis" de Leblon Delienne (680 euros). Un "Astérix grand format" (95 centimètres) peut revenir à 600 euros, soit quand même moitié moins que la statuette d’origine datant de 2001. Et que dire de cet "Obélix grand format" de 2009 estimé à 3 200 euros ?

    Les matières ont leur importance dans la rareté de ces figurines particulièrement réussies dans leur ensemble. Ainsi, Pixi propose des objets en métallique, évidemment globalement plus chères que des figurines analogues en résine. On peut quand même, apprend-on, se faire plaisir avec un petit "Soupalognon" de 9 centimètres estimé à 50 euros ou un "Obélix amoureux" à 60 euros.

    Parmi les pièces les plus impressionnantes, l’ouvrage présente une échoppe du village gaulois de 2006, estimé à 4 000 euros, en raison de sa faible production (60 exemplaires). Plus rare et plus onéreux encore, ce buste de César en résine de Stéphane Saint Emett (4 800 euros) ou encore le char d’Astérix et Obélix, tiré de l’album Astérix chez les Helvètes, figurine de 30 centimètres en résine estimée à 10 000 euros.  

    Véritable ouvrage de référence consacré à ces objets à la fois précieux, populaires et régressifs, cette Encyclopédie des Figurines de Collection mérite à coup sûr de devenir une référence pour tous les amoureux de BD et d’Astérix que nous sommes.   

    Cas. Mallet, Encyclopédie des Figurines de Collection, Uderzo & co,
    Cote-a-cas éditions, 2023, 114 p. 

    https://cac-editions.com/fr

    Voir aussi : "Tintin et compagnie en figurines"

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  • V comme Victor, H comme Hugo

    Victor Hugo : voilà sans doute la figure majeure de la littérature française. Un artiste d’exception. Mieux, un génie dont l’ombre continue de vivre et habiter notre pays, à telle enseigne qu’il faudrait mieux parler de "langue de Victor Hugo" plutôt que de langue de Molière.

    Les éditions Plon sortaient cette rentrée un Dictionnaire amoureux consacré à Victor Hugo. Sébastien Spitzer s’est mis au travail, travail que l’on peut saluer, tant l’œuvre de l’écrivain s’avère d’une richesse incroyable, avec des ouvrages imposants : près de 2 000 pages pour Les Misérables ou 800 pages pour Notre Dame de Paris et L’Homme qui rit.

    Chacun de ces romans ont bien sûr leur entrée dans ce dictionnaire. L’Homme qui rit a aussi droit à un traitement particulier : ouvrage mains connu mais d’une rare modernité et d’une grande noirceur, il est décrit comme "le sommet hugolien" par Sébastien Spitzer. L’auteur du dictionnaire le cite largement dans plusieurs articles : "Gwynplaine", "Érotisme", "Féminisme" ou… "Joker". Sébastien Spitzer rappelle d’ailleurs que le méchant emblématique de Batman a été inspiré par le fameux  Gwynplaine, justement.

    Hugo apparaît dans toute son humanité, sa profondeur, mais aussi sa part de lumières et d’obscurité. Que l’on pense à Léopoldine, sa fille de 19 ans retrouvée noyée avec son jeune mari. Le lecteur découvrira avec effroi comment Victor Hugo a appris sa mort. Que l’on pense aussi aux rapports qu’entretenait Victor Hugo avec les femmes : ses maîtresses, ses doubles vies, mais aussi sa compassion pour les grandes oubliées de l’histoire. L’entrée sur les "Pétroleuses" revient sur les femmes fusillées pendant la Commune et sur son admiration pour ces révolutionnaires. 

    Victor Hugo a habité dans l’avenue qui porte son nom

    Les dessins d’Alain Bouldouyre viennent illustrer ce Dictionnaire amoureux passionnant qui réjouira autant les "hugoliens" que les passionnés de littérature. On peut lire cet ouvrage en picorant telle ou telle entrée, comme on peut le dévorer de la première à la dernière page. De A comme "Abeille" – le cadeau et hommage fait à l’écrivain au retour de son long exil, en 1870 – à Z comme le mystérieux "Zoïle" – référence à un ancien penseur sophiste grec, mentionné dans Les Châtiments – en passant par E comme "Esméralda" ou N comme "Napoléon" – les deux, le "Grand" et le "Petit".

    Si plusieurs entrées ne comportent qu’une seule citation de Victor Hugo ("Amour", "Canon", "Famille", "Obus" ou "Quolibets"), il faut saluer les talents de conteur et d’exégèse de l’auteur de ce Dictionnaire amoureux. Ainsi, à côté de chroniques sur ces pièces de théâtre mythiques que furent Hernani ou Ruy Blas (il existe un article "Folie des Grandeurs [La]", qui s'est inspiré de Ruy Blas), c’est bien les romans hugoliens qui ont la part du lion, au point que plusieurs personnages légendaires ont droit à leur entrée, que ce soit Cosette, Gwynplaine, Frollo, Jean Valjean, Javert, Thénardier (on découvrira d’ailleurs les origines de ce nom), Esméralda ou l'attachant et bouleversant curé Myriel.    

    Le Hugo politique n’est pas oublié : les Révolutions du XIXe siècle, Napoléon III, l’exil, le retour en grâce et le Sénat qu’il a occupé, marquant l’hémicycle par ses discours mémorables. Pour amoureux qu’il soit de Napoléon, Sébastien Spitzer ne se prive pas de revenir sur son "Discours sur l’Afrique" au sujet duquel il lui a été fait tant de reproches. Mais il est vrai qu’à l’époque, la France ne voyait pas sa puissance sans celle de ses colonies.  

    Ce dictionnaire, forcément incomplet et naturellement subjectif, donne envie de se plonger et se replonger dans les œuvres de celui qui a tant marqué la littérature mondiale. Un homme dont les funérailles (dans un corbillard des pauvres) puis le transfert de sa dépouille quelques jours plus tard – ce qui reste inédit – vers le Panthéon, ont été salué par plusieurs millions de personnes. Autre fait incroyable : l’auteur rappelle dans l’entrée "Avenue" que, de 1881 à sa mort en 1885, Victor Hugo a habité dans l’avenue qui porte son nom. Qui peut en dire autant ?  

    Sébastien Spitzer, Dictionnaire amoureux de Victor Hugo, éd. Plon, 2023
    https://www.lisez.com
    https://www.maisonsvictorhugo.paris.fr

    Voir aussi : "À l’ombre de Pontaniou"

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  • Âme franco-suisse

    Sur des rythmes mystérieux et lancinants, Sophie Darly, une de ces très jolies découvertes pop de cet automne, débute son nouvel album, en anglais, Show Down Fast, par un titre à la fois pop et soul, appuyé par un orchestre d’une belle densité. "Living The Dream" est autant une confession qu’une une invitation à vivre de ses rêves : "Here I go, my world has fallen / My world has fallen down / Here I come, out of the boredom / Somewhere out of sight / I will plant everything of seed / Of Love, live and joy".

    La Franco-suisse prend à bras le corps des influences du sud américain – blues, folk et rock – pour bâtir un troisième opus convaincant. L’élégance et le timbre de Sophie Darly font d'ailleurs merveille dans le morceau blues "Miracle".

    La musicienne s’épanouit dans un répertoire de songs au large éventail. Elle opte pour la pop très nineties dans le délicat, poétique et touchant "J&A" aux fort bienvenues ruptures de rythme. Pop encore avec le très réussi et terrible "The Trap" qui parle d’amour et de ces pervers narcissiques, tellement doués pour tendre leurs pièges sentimentaux.

    Sophie Darly séduit par sa manière de revisiter la soul et le blues, avec la fougue de l’Européenne qu’elle est


    Mine de rien, Sophie Darly séduit par sa manière de revisiter la soul et le blues, avec la fougue de l’Européenne qu’elle est. Que l’on pense au vibrant "Love with A Twist", enrichi et colorée par une orchestration jazz – et le saxophone incroyable de Pierre Pédron. L’artiste y parle d’amour et des difficultés de la vie à deux, possible uniquement avec des compromis et, justement, d’une danse à deux – qu’elle soit valse ou twist.

    Sophie Darly est aussi capable de jolies tergiversations, à l’instar de "Monster B",  où son talent de chrooneuses fait merveille dans ce titre faussement léger.      

    Pour "Frozen Love", la chanteuse démarre par un piano-voix moins sombre que mélancolique. L’album se termine avec le délicat et touchant "In The Silence Of The Night". Une bonne manière de clôturer un opus à la fois sincère, vivant et au solide tempérament. Toute l'âme du sud, quoi... Pardon, de la soul.

    Sophie Darly, Show Down Fast, Broz Records label/ L’Autre Distribution, 2023
    Sophie Darly en concert le 19 janvier 2024 au Studio de l’Ermitage à Paris
    Et au Grand Studio du Conservatoire du 14ème, le 26 avril 2024, en hommage aux femmes compositrices
    https://sophiedarlymusic.com
    https://www.facebook.com/sophiedarlymusic
    https://www.instagram.com/sophiedarly

    Voir aussi : "Brune et chauffée à blanc"

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