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Un auteur de bande dessinée, italien et qui se prénomme Fabio. L’aspect autobiographique n’échappera pas au lecteur ou à la lectrice de La vie d’artiste… de Fabio Jacomelli, proposé en France par les éditions Tabou.
Ce livre se lit comme une mise en image de trois souvenirs, et trois chapitres, datant respectivement de 1985, 1986 et 1988 et qui se situent tous à Milan.
Trois souvenirs, trois chapitres ("La visite…", "Séance photo…" et "La fresque…") mais aussi trois femmes venant perturber un dessinateur tentant de vivre de son art. Et s’il y avait plus important ? L’irruption de Claudia, Laura et Elena va perturber pour quelques heures la vie rangée de Fabio et lui donner un peu de peps, seul capable de faire taire ses angoisses.
Classique et classe
On ne résiste pas à l’efficacité et la simplicité de ce livre, conçu comme un souvenir en images et en bulles. Fabio Jacomelli aime ces femmes qui viennent surgir avec audace dans ces trois saynètes.
Il y a Claudia, l’amie venant "guérir" les états d’âme de son amie. Il y a Laura lui demandant d’être son modèle pour un cours de photographie. Il y a enfin Elena, contactant le dessinateur pour qu’il lui créée une fresque, au grand dam du bédéiste – du moins au début…
Cela donne une bande dessinée à la fois simple, épurée, efficace et amoureuse. Le trait est classique et classe – on sent d’ailleurs l’influence de la BD belge et de la ligne claire. L’érotisme est assumé sans jamais tomber dans la pornographie. Saluons aussi le travail sur les couleurs soyeuses de Claudia Giuliani. Du beau travail, net, propre et super sexy.
Déjà huit tomes. Le dessinateur espagnol Erich Hartmann assume son univers et son discours complètement à rebours à une époque penchant beaucoup vers la pudibonderie.
Orgies barbares, que propose Tabou en France est un univers de de fantasy où les aventures d’héroïnes n’ayant pas froid aux yeux – ni ailleurs, d’abord – ne sont que des prétextes à des parties de jambes en l’air ou des expériences parfois surnaturelles ("Le grimoire", "La source du désir").
Comme le titre l’indique, la violence n’est pas absente dans ce huitième opus. On y voit Yasmine se livrant à un démon terriblement membré ("Le grimoire"). Dans "Concubine à vendre", c’est la sulfureuse Eririka, prisonnière et violentée, qui fait la nique à ses geôliers. Dans "Une des nôtres", c’est d’une autre prisonnière dont il est question, Azuza, secourue par ses compagnes et amies.
Erich Hartmann s’amuse à faire des hommes les malheureux et souvent les victimes idiotes
Plus léger, "Qui garde les gardiennes ?" propose une éducation sexuelle dans un château tout droit sorti du Moyen Âge. Derrière ces orgies, Erich Hartmann s’amuse à faire des hommes les malheureux et souvent les victimes idiotes, souvent pris au piège de leur présomptuosité et d’une virilité mal placée.
Graphiquement, nous sommes dans un style assez classique. Le coup de crayon est précis, les corps féminins rendus avec délicatesse. Nous sommes, certes, dans un Moyen-Âge fantasmé, avec des hommes forcément brutaux et des femmes piquantes et sulfureuses.
Évidemment, tout cela n’est ni sérieux ni révolutionnaire. Juste un moment de bande dessinée érotique réservée aux amateurs du genre.
Revoilà Connie, la plus sexy des femmes préhistoriques. L’héroïne de la saga de Giuancluca Maconi reste fidèle à son caractère bien trempé. Jamais la derrière pour se battre – ou plutôt se défendre contre des mâles arrogants – et toujours la première pour se faire plaisir, quels qu’en soient les risques.
Dans ce quatrième volume de Connie, intitulé Le baiser du comte de Tencula (sic), le récit d’Héroic Fantasy, toujours aussi dingue et osé (avec un diabolique Seigneur de Chozlà châtré mais toujours aussi certain de sa virilité), se pare de fantastique et même d’épouvante. Cependant, ce lointain ancêtre de Dracula – le bien nommé comte de Tencula –, entouré de femmes vampires, belles et dangereuses comme des démones, s’avère plus attachant et tentant que prévu.
Faire l’amour pas la guerre
Cet opus de Connie est réservé aux amateurs et amatrices du genre. Je ne vous ferai pas de dessins, moi ! Gianluca Maconi, au crayon justement, n’est pas homme à s’autocensurer. Humains, monstres, déesses et dieux se croisent, s’affrontent et surtout copulent dans un joyeux bordel.
Rythmé, coloré, drôle et sexy, la bande dessinée de l’auteur italien se lit comme une jolie récréation qui parle largement de bagatelles, mais aussi du combat d’une jeune femme pour sa liberté – y compris celle de jouir comme elle le veut.
L’humour est à tous les étages dans ce réjouissant récit décousu, avec une rousse héroïne décidément bien attachante et qui ne s’en laisse pas compter. Pour la bonne cause.
Faire l’amour pas la guerre : voilà qui serait une parfaite conclusion à cette chronique sur une BD proposée par les éditions Tabou.
Le moins que l’on puisse dire est que Frederika Abbate, que l’on a pu croiser sur ce blog, n’entend pas être catégorisée. Tour à tour biographe de Letizia Battaglia, légendaire photographe italienne anti-mafia (Letizia Battaglia, Une Femme contre la Mafia, éd. de la Reine Rouge), intellectuelle et philosophe pensant le féminisme contemporain (La Femme est une île, éd. de la Reine Rouge) et ardeuse défenseuse des artistes underground (Anne van der Linden, Cavalière de la tempête aux éditions White Rabbit Prod), la voici elle-même en autrice justement underground.
Son dernier roman, L’Absolue rencontre, paru aux éditions Douro, entend mettre les pieds dans le plat en modernisant un texte ancien, sans peur de choquer. Sous sa plume, les Évangiles deviennent un sulfureux roman mêlant thriller policier, récit d’initiation et portraits de personnages torturés, paumés ou au contraire habités. Tout commence avec le meurtre d’une jeune femme, un assassinat mis en scène de manière morbide, renvoyant à une symbolique mythologique et sacrée. Bientôt, un personnage apparaît dans l’histoire : un homme à la fois inspiré et séduisant, dans tous les sens du terme. Il se nomme Jesùs (sic), tient des propos qui attirent et surtout est capable de faire des miracles.
Des personnages se sentant mal dans leur monde
Que Jésus inspire des romanciers et romancières, voilà qui n’est pas nouveau. Frederika Abbate s’inspire des Évangiles et de l’histoire de Jésus (le vrai) pour trousser un récit très actuel. Les crimes en série sont certes mis au premier plan mais ils deviennent finalement ni plus ni moins que le décor d’un monde bringuebalant : une Magdeleine en Marie-Madeleine paumée, une religieuse aux multiples facettes (pieuse et écrivaine profane – très profane), sans compter un étrange messie.
Le terme d’underground est ce qui caractérise le mieux L’Absolue rencontre. "Absolues rencontres au pluriel", aurions-nous envie d’ajouter, tant ce roman suit les pérégrinations de personnages se sentant mal dans leur monde, recherchant le sacré et se perdant trop souvent dans la violence et la folie.
Le dernier livre de Frederika Abbate est tout sauf tiède. Il recycle des mythes anciens et un texte sacré sans avoir peu de choquer. On appréciera ou on détestera. C’est aussi ça, la littérature.
On est bien d’accord : Milo Manara ne fera jamais des têtes de gondole des rayons BD. Disons aussi que cette histoire sulfureuse mettant en scène une jeune femme aux mœurs légère, surprise par un homme invisible aussi timide que complexé, peut être considérée comme très datée. Il faut dire que MeeToo est passé par là.
On s’est penchés avec curiosité sur Le Parfum de l'invisible, une œuvre publiée pour la première fois en 1986, il y a presque 40 ans, par un des maîtres de la bande dessinée érotique. Les éditions Glénat publiaient en 2010 l’intégrale de cette histoire mêlant SF, thriller (pour la 2e partie) et aventure érotique.
Miel, sémillante jeune femme aux longs cheveux clairs bouclés, tombe nez à nez, dans une chambre d’hôtel d’une belle cité balnéaire, avec un homme. Ou plutôt un "demi-homme". Scientifique de son état, inventeur d’une technologie d’invisibilité (il a testé sa création et est invisible à partir de la taille). L’intrus s’est immiscé dans la chambre de Miel pour s’approcher de l’amie de cette dernière, Béatrice, dont il est secrètement amoureux. Il lui fait promettre de garder le secret. Miel accepte. La voilà bientôt suivie partout par cet amoureux transi, sinon désespéré.
Scènes gênantes
Cette histoire improbable d’invisibilité est bien entendu un prétexte pour Milo Manara de déshabiller ses héroïnes, à savoir la blonde Miel pour la première partie et la brune anonyme pour la seconde partie. Anonyme car, finalement, le dessinateur italien fait de ses personnages féminins des archétypes fantasmés. En cela, Le Parfum de l’invisible ne pourrait sans doute pas être réécrit et encore moins dessiné de nos jours. Mais le principal reproche que l’on fera à cette bande dessinée est de proposer des scènes gênantes où l’agression sexuelle et le viol sont traités avec légèreté, sinon désinvolture.
Parlons des hommes. Falots, idiots ou, pire, violents ils sont ridiculisés. Le Professeur fait figure de pauvre type, aveuglé et au romantisme piétiné du pied. Disons aussi que les héroïnes de Milo Manara font figure de femmes fortes, menant les hommes à la baguette...
Reste le dessin de Milo Manara qui a fait la célébrité de l’artiste. "Ses" femmes sont représentés avec amour. Les traits sont fin et l’influence de la ligne claire est évidente. Cela donne une étrange BD, à la fois datée, charmante, bourrée d’humour et dont on pardonnera – car l’époque était différente ! – l’audace, choquante pour beaucoup. Une histoire où le sexe a le beau rôle.
Si Mike Diana est entré dans l’histoire de l’art et de la justice c’est en raison d’un procès singulier survenu il y a un peu plus de 30 ans. Nous sommes en mars 1994 en Floride, dans le comté de Pinellas. Mike Diana a à peine 25 ans et produit une série de dessins et de BD pour plusieurs fanzines confidentiels, dont la revue Boiled Angel ("Ange bouilli" en français) qui peine à dépasser quelques dizaines de lecteurs. Une production underground amenée à tomber dans l’oubli sans un policier trouvant des liens entre des dessins de ce fanzine et des meurtres particulièrement horribles dans la région.
Finalement, le procureur de l’époque retient la plainte d’obscénité, une première dans un pays libéral comme les États-Unis, premier producteur en outre de matériaux pornographiques.
DansDisgrâce en Amérique, paru aux éd. White Rabbit Prod, Pierre Dourthe revient sur cette affaire hors-norme et sur les 10 ans de la production de Mike Diana, entre 1988 et 1997. ajoutons que l’artiste est toujours en activité aujourd’hui.
La monographie s’intéresse à l'artiste américain underground grâce à de nombreuses illustrations et planches à ne pas mettre entre toutes les mains. L’art de Mike Diana est en effet volontairement provocatrice et ne s’empêche aucun interdit. Sexe, violence, tortures, mutilations et toutes les perversités possibles et imaginables constituent cet univers singulier. Le dessin est "rudimentaire" comme le précise Pierre Dourthe. La facture du dessin est naïve, les traits réduits à leur plus simple expression et les décors quasi inexistants.
À ne pas mettre entre toutes les mains
Le grotesque le dispute au morbide et les personnages apparaissent comme des caricatures soumises à toutes les perversités. La religion – le christianisme en l’occurrence – en prend pour son grade, avec ses symboles détournés. Monstres, extra-terrestres et animaux viennent compléter ce bestiaire parfois difficilement supportable.
Le procès en valait-il cependant la chandelle ? C’est là que la question se pose de manière pertinente. Au début des années 90, Mike Diana est un adolescent inconnu proposant ses œuvres à des magazines confidentiels, parfois photocopiés et agrafés sommairement – maintenant des objets culturels à la valeur marchande certaine. Cependant, l’Amérique traditionnelle et puritaine est bien décidée à ne pas laisser passer ce qui ressemble à une série de créations qu’elle considère comme obscène.
Pierre Dourthe s’interroge longuement sur la question à la fois du jugement moral et de l’utilité sociale d’un tel procès. "Que fait le dessin de Mike Diana ?" se demande-t-il. La brutalité des crimes, leur gratuité, leur absence de justification et, plus que tout, leurs violences sans limite font dire que l’artiste fait de la dérision et de la raillerie le cœur de son œuvre. Le lecteur aura d’ailleurs en-tête la participation à un projet postérieur, celui d’un jeu de société, The Rape Game! Ce faisant, Mike Diana se pose en pourfendeur de la morale traditionnelle, ce que les accusateurs de l’artiste ne pouvaient ou ne voulaient pas admettre. Pire pour eux, c’est aussi aux rituels et aux institutions chrétiennes que s’attaque le dessinateur dans plusieurs créations.
Pierre Dourthe souligne, tout comme Nicolas Le Bault dans la préface, que le premier amendement de la constitution américaine sur la liberté d’expression ne pouvait protéger Mike Diana des foudres de la censure. Au final, les outrances de Mike Diana n’ont pas été freinées par la décision judiciaire de 1994, loin s’en faut. Pour autant sa condamnation interroge sur la notion d’œuvre d’art, sur la place de la morale, sur la capacité d’une cour de justice de rendre des décisions esthétiques et, plus généralement sur la notion de liberté d’expression. Il est au final frappant que de telles questions ont été posées à cause de fanzines confidentielles qui auraient très bien pu rester complètement oubliés.
Sacrée idée de ressusciter Emmanuelle, personnage emblématique de l’érotisme apparue au cinéma dans les années 70 ! D’abord roman d’Emmanuelle Arsan sorti en 1959, Emmanuelle devient une adaptation cinéma en 1974, avec Sylvia Kristel dans le rôle titre. Le résultat est un succès planétaire incroyable, incarnation d’un érotisme libéré mais non sans critiques, notamment au sujet de la contrainte et du viol. Qu’est-ce qu’Emmanuelle avait à nous raconter dans les années 2020 ?
Audrey Diwan, louée et multi-récompensée pour son superbe drame L'Événement, une autre adaptation, celle d’un roman d’Annie Ernaux, s’est lancée dans l’aventure.
L’Emmanuelle d’Audrey Diwan, incarnée par Noémie Merlant, est une contrôleuse qualité pour un groupe hôtelier. Elle est chargée par ses employeurs d’un rapport sur le Rosefield, un palace de Hong Kong. Sa très efficace directrice, jouée par Naomi Watts, est sur la sellette. En bon employée aux dents longues, Emmanuelle vit au rythme de l’hôtel. Elle s’y fond, non sans plaisir et fascination. Elle y croise aussi et surtout des clients et des clientes qui aiguisent ses sens, notamment une jeune Asiatique et un mystérieux client – un ingénieur qui ne dort jamais dans cet hôtel. Pendant qu’elle navigue dans ce lieu aseptisé, Emmanuelle s’interroge sur sa place, comme sur ses désirs.
Audrey Diwan ne tombe ni dans les pièges de la crudité ni dans celui de la mièvrerie
L’érotisme transgressif de l’Emmanuel des années 70 – et les opus suivants – est dépassé, dans ce film plus grave. Le discours sous-jacent du colonialisme laisse place au monde des années 2020, celui de la richesse, de la mondialisation, du libéralisme triomphant et du sexe qui n’est plus vraiment un tabou. Quoique.
Finalement, c’est le désir qui est au cœur du film. Désir des clients du palace à assouvir et bien entendu désir d’une femme à la beauté glaciale. La scène du début dans l’avion est à cet égard éloquente, a fortiori lorsque la jeune femme la narre à Kei, un mystérieux client qui la fascine. Pas d’espièglerie ni de mièvrerie dans cet Emmanuelle de 2024 mais une femme forte mais qui semble avoir perdu le contrôle de ses désirs. Et qui se cherche.
Dans un décor luxueux, avec des mouvements de caméra soignés et un travail sur les jeux de regards, Audrey Diwan ne tombe ni dans les pièges de la crudité ni dans celui de la mièvrerie. On peut saluer la performance de Noémie Merlant pour un rôle des plus impressionnants. Tour à tour forte, impitoyable, sensuelle, déstabilisée lorsque le désir la cueille au passage, Emmanuelle devient un personnage éminemment moderne, interrogeant le corps de la femme, le désir, la séduction et finalement les choix de vie, jusqu'à une fin en forme de climax.
Sans doute incompris lors de sa sortie en dépit de ses qualités esthétiques, cet Emmanuelle d’Audrey Diwan est absolument à découvrir en DVD.
Emmanuelle, drame d’Audrey Diwan, avec Noémie Merlant, Will Sharpe, Jamie Campbell, Bower, Anthony Wong, Chacha Huang, Naomi Watts, Pathé, 2024, 105 mn, en DVD https://www.pathefilms.com/fr/films/emmanuelle
Comme chaque année, Bla Bla Blog propose son top 10 des publications phares de cette année, celles qui ont fait le buzz et celles qui sont les plus populaires. Comme souvent, elles sont représentatives de Bla Bla Blog, le site des découvertes culturelles et artistiques. Qu’y trouve-t-on dans ce florilège ? Rimbaud et son actualité poétique autant que technologique (certes très critiquable !), de la musique avec du jazz (très bien représenté) mais aussi Gabriel Fauré dont nous fêtions en 2024 les 100 ans de sa mort. La chanson et la pop ne sont pas en reste, pas plus qu’une série télé que nous avons trouvé formidable ! Et pour épicer le tout, du sexe, avec un roman à ne pas mettre entre toutes les mains… Bref, il y a de tout pour faire un monde, et c’est très bien comme ça.
"Bobbie, c’est l’une des révélations du moment. Mais attention, pas n’importe quelle révélation ! La jeune chanteuse française a puisé dans l’Amérique profonde les sources de son album The Sacred In The Ordinary.
Les influences de Bobby s’appellent Joni Mitchell, Dolly Parton ou Bob Dylan. Un opus en anglais où la pop (Last Ride, Back Home) fait la part belle à la country, à l’instar du morceau Losing You qui ouvre ce délicieux album ou encore le formidable et enlevé The Sacred In The Ordinary qui lui donne son nom…"
"Hervé Sellin propose de nouvelles adaptations jazz dans son Jazz Impressions. Après Debussy, c’est Gabriel Fauré et Maurice Ravel qui ont les honneurs du pianiste français.
L’opus commence par un véritable tour de force. En l'occurrence, Gabriel Fauré et son Requiem en mode jazz, avec une "Introduction" et un "Kyrie", moins funèbre que sombre et mélancolique. On peinera à retrouver l’aspect liturgique de ces premières Impressions. L’"Agnus Dei" sonne comme un chant d’amour paisible, avec des improvisations au piano qui ont toute leur place. Le lyrisme du "Libera Me" originel est plus intimiste et personnel dans cette revisite. Plus paisible aussi. Une vraie libération, aurions-nous envie d’écrire. Les connaisseurs de Fauré et de son Requiem peineront sans doute à reconnaître l’œuvre originale, en particulier dans cet extrait, léger et rafraîchissant…"
"Peu d’instruments sont aussi à la fois élégants et humains que le violoncelle. Et si vous ajoutez à cela un répertoire de la classe de Gabriel Fauré, voilà qui devrait définitivement vous convaincre de découvrir l’album que Pauline Bartissol – au violoncelle, donc – et le pianiste Laurent Wagschal consacrent à l’auteur du fameux Requiem.
En cette année Fauré (le compositeur est mort en 1924), Laurent Wagschal consacre une intégrale de ses œuvres pour piano. Pauline Bartissol le rejoint dans ses enregistrements consacrés au violoncelle et au piano. Au programme, les deux Sonates op. 109 et 117 pour violoncelle et piano et des pièces de musiques de chambre devenues universelles, à savoir la Sérénade op. 98, la célèbre Élégie op. 24, la Romance op. 69, la naturaliste pièce intitulée Papillon op. 77 et la délicieuse Sicilienne op. 78…"
"Qui était vraiment Rimbaud ? Que reste-t-il de lui ? Quelques (vraies) photos, une correspondance et surtout une œuvre brève (Une saison en enfer et Les Illuminations, sans compter de nombreux poèmes en vrac). Pour autant, son importance et son influence sur la littérature est exceptionnelle. Précurseur de la poésie moderne, Arthur Rimbaud a produit une œuvre révolutionnaire avant ses 20 ans. Il abandonne définitivement la poésie en 1875, jusqu’à son décès en 1891 à l’âge de 37 ans.
C’est sur les années 1870-1875 que se concentre la biographie de Luc Loiseaux, Rimbaud est vivant (éd. Gallimard), c’est-à-dire de son premier séjour à Paris – qui se termine en prison – jusqu’au décès de Vitalie, la jeune sœur de Rimbaud. Ce deuil marque aussi la fin de sa carrière littéraire…"
"Une chose est sûre. Mattieu Lavagna et Michel Onfray ne passerons pas leurs vacances ensemble, comme aurait dit un journaliste sportif.
Depuis le temps que le philosophe Michel Onfray truste les plateaux télé et propose sa "bonne parole", il fallait bien que quelques voix discordantes vienne susciter la polémique. C’est le cas avec cette Libre réponse à Michel Onfray proposé par les éditions Artège.
Ce n’est pas un mais plusieurs ouvrages qui intéressent le philosophe et théologien Matthieu Lavagna : Traité d’Athéologie (2005), Décadence, Vie et Mort du Christianisme (2017) et Anima (2023). Le tort de Michel Onfray ? Affirmer que Jésus n’a jamais existé, ni plus ni moins, et que sa vie n’est jamais qu’un mythe. C’est la "thèse mythiste", très ancienne, pour ne pas dire datée. Dès la préface, Matthieu Lavagna cogne, et dur..."
"C’est par une œuvre collective que commence cet enregistrement d’œuvres de Robert Schumann pour violon et piano. La Sonate F.A.E. nous vient de deux figures majeures du romantisme – Brahms (pour le troisième mouvement Allegro (Scherzo) et Schumann pour les deuxième et quatrième mouvements, Intermezzo et Finale.
Le troisième est Albert Dietricht, compositeur du premier mouvement Allegro. Les trois amis écrivent en 1853 cette sonate au nom étrange mais plein de sens : F.A.E. pour Frei Aber Einsam ("libre mais solitaire"). Elle a été offerte cette année-là au violoniste Joseph Joachim. Ce dernier l’a d’ailleurs joué, tout comme Clara Schumann…"
"En ce début d’année, et alors que nous sommes toujours nombreux à trouver une bonne série à se mettre sous les dents, pourquoi ne pas se tourner vers la télévision publique ? La série Sambre avait, à juste titre, suscité l’enthousiasme. L’une des meilleures de 2023, osons le dire. Bla Bla Blog en avait parlé. Voilà une autre qui mérite tout notre intérêt.
Elle se nomme Les Invisibles et se présente comme une passionnante saga policière. Nous suivons un groupe de quatre enquêteurs du Nord, sous la direction du commandant Darius. Il est secondé par l’expérimentée et râleuse Marijo, la jeune lieutenant fraîchement recrutée surnommée Duchesse, sans oublier Ben, un autre lieutenant, père de famille exemplaire capable de jouer des poings en cas de besoin.
Ces quatre-là ont une semaine pour identifier des morts anonymes, surnommés des "invisibles". Une chasse à l’identité qui devient vite une course à l’assassin..."
"Attention, voici un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains. Plurielles, paru aux éditions Tabou, est un roman qui nous transporte vers un milieu peu courant, celui du BDSM.
Son autrice, Éva Delambre fait partie de ces noms fameux de la littérature érotique, jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle interroge des thèmes de la soumission et de la BDSM.
Plurielles nous propose une plongée plus vraie que nature dans un milieu vivant dans la discrétion.
Éva Delambre en profite pour le désacraliser et de le faire découvrir, parfois dans toute sa crudité…"
"Lorsque la chanson française se pare de jazz, ça donne A French Songbook, un album du Antoine Delaunay Quintette, un ensemble mené par Antoine Delaunay, avec la chanteuse Mélanie Dahan en vedette, Gilles Barikosky au sax ténor, Marc-Michel Le Bévillon à la contrebasse et Luc Isenmann à la batterie.
L’opus commence dans le mystère et la mélancolie avec la reprise des Passantes le classique de Brassens, sur un air de jazz épuré, chanté par Mélanie Dahan, une vraie revisite jazz. "Je veux dédier ce poème / À toutes les femmes qu'on aime / Pendant quelques instants secrets".
On sera sans doute un peu plus décontenancée par cette Jolie Môme, moins espiègle que la version de Léo Ferré. On a là une promenade germanopratine et joyeuse propre à autant éclairer les cœurs que la Jolie Môme originelle, avec en plus les improvisations d’Antoine Delaunay…"