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terrorisme - Page 3

  • Les Eagles Of Death Metal témoignent et promettent de revenir (si possible au Bataclan)

    Je publiais hier un article sur le groupe Eagles Of Death Metal qui a été au cœur de l'actualité, avec l'attentat au Bataclan au cours d'un de leur concert.

    Cette semaine, les EODM, survivants de la tuerie dans la salle de spectacles où ils se produisaient, témoignent pour Vice presque deux semaines après les événements du 13 novembre. 

    L'effroi, le choc et le chagrin n'empêchent pas les artistes de se projeter vers ce qu'ils font de mieux : la musique. Ils promettent déjà de revenir jouer à Paris et même d'être les premiers à rejouer au Bataclan lorsque la salle rouvrira.

    "Eagles of Death Metal Discuss Paris Terror Attacks", Vice, 25 novembre 2015
    "Eagles Of Death Metal, contre le pire et pour le meilleur"

  • Eagles Of Death Metal, contre le pire et pour le meilleur

    Qui sont les Eagles Of Death Metal ? Le 13 novembre 2015, ce groupe de rock californien devenait – hélas ! – mondialement connu, suite à l'attentat au Bataclan, lors d'un de leur concert. Plusieurs terroristes de Daesh y faisaient un carnage, provoquant la mort de 90 spectateurs – jeunes voire très jeunes – et des centaines de blessés. En l'espace de quelques heures, ce groupe, jusque-là d'abord connu seulement des amateurs de rock, accédait à une tragique notoriété, au point sans doute d'entrer bientôt dans les livres d'histoire.

    Les Eagles Of Death Metal méritent de s'arrêter sur ce qu'il y ait de meilleur chez eux : leur musique et leurs choix artistiques.

    Aux premières heures du drame, nombreux auront été ceux qui les ont identifié comme appartenant à un courant de death metal. Cette confusion a longtemps été assumée par les membres fondateurs d'EODM, Jesse Hughes et Josh Homme, l'ancien leader de Queens of the Stone Age. Jesse Hugues se plaît à raconter que ce nom d'Eagles Of Death Metal est venu après une soirée arrosée au cours de laquelle a été évoqué un croisement musical inédit entre le groupe de country-rock Eagles et le death metal. La notoriété du groupe tient du reste à un perpétuel jeu de fausses pistes, de détournements assumés et de seconds degrés.

    Si Eagles Of Death Metal est bien un groupe de rock, caractéristique pour ses guitares saturées, ses batteries testostéronées et ses voix puissantes, c'est pour mieux se jouer et se moquer des archétypes viriles du rock : sexe, drogue et alcool. Les fans des Rolling Stones apprécieront. Les Eagles Of Death Metal symbolisent “le droit naturel de l’homme de se moquer de tout. Des opinions. Des religions. Même de sa propre existence de rocker” comme l'écrit le Süddeutsche Magazin au lendemain des attentats de Paris.

    EODM s'est fait connaître du grand public grâce à deux titres tirés de leur premier album  Peace, Love, Death Metal et utilisés pour deux publicités : "Don't speak" pour Nike et "I Only Want You" pour Microsoft.

    Sorti en octobre, Zipper Down s'avère un excellent disque de rock, susceptible de séduire un large public, en plus de devenir emblématique pour la pire des raisons – l'un des plus terribles attentats que l'Europe ait connu dans son histoire. L'équipe de Jesse Hugues et Josh Homme se livre complètement avec "Complexity", punchy et brut, semblant avoir été enregistré par une bande de potes au fin fond d'un garage, et sans prise de tête : "That it's easier without complexity". Tout aussi rythmé, "Got A Woman" séduit par sa ligne mélodique facilement mémorisable, tout comme l'est d'ailleurs "Oh Girl", plus posé, plus sombre aussi. "Skin-Tight Boogie", revendiquant ses influences hard-rock, est tout en guitares lourdes, complexes et séduisant en diable. Mais impossible de ne pas parler de Zipper Down sans citer leur morceau devenu le plus célèbre : "Save A Prayer". Cette reprise plus que réussie d'un tube de Duran Duran est un savant mélange de rock (bien sûr), d'électro et de new-wave. Les réseaux sociaux et la presse ont largement favorisé l'engouement pour cette chanson, appelée à devenir l'hymne des victimes du Bataclan : "Don't save a prayer for me now, save it till the morning after". Des fans appellent, symboliquement, à hisser ce titre au sommet des charts anglais. La mission est presque remplie et les droits d'auteur de cette chanson devraient être reversés par Duran Duran aux victimes des attentats de Paris.

    Eagles Of Death Metal va-t-il continuer après cette épreuve ? Ou bien faire un doigt d'honneur aux soldats de Daesh et choisir de continuer, comme des milliers de ses admirateurs le réclament, avec sa joie de vivre, son exubérance communicative, sa créativité et son humour potache, si caractéristique de ce groupe azimuté ?

    Un humour qui était encore présent au soir du 13 novembre. En plein carnage du Bataclan, alors que, terrifiés, ils se trouvaient enfermés dans une loge en attendant le pire, un fan s'adressait ainsi au bassiste du groupe afin de baisser la tension insupportable à ce moment : "Mec, franchement j'ai préféré ton concert de juin à celui-ci".

    Eagles Of Death Metal, Zipper Down, Universal Int. Music, 2015
    Eagles Of Death Metal : la page Facebook

  • Une partie de football contre le djihadisme

    Le cinéma français consacrait cette année le film Timbuktu d'Abderrahmane Sissako, bouleversant tableau d'un village malien écrasé par l'Islam radical.

    Pour traiter du djihadisme international avec une telle puissance et une telle justesse, il fallait une musique à la hauteur. Celle d'Amine Bouhafa parvient à relever le défi haut-la-main. C'est l'ambition qui frappe d'emblée l'auditeur : instruments traditionnels, la voix bouleversante de Fatoumata Diawara, un orchestre à cordes "sublimant" (le mot est du compositeur lui-même) les scènes du film.

    L'extrait sans doute le plus inoubliable de Timbuktu est celle de la partie de football, sans ballon, qui mérite de figurer parmi les scènes d'anthologie du cinéma. Le compositeur tunisien a composé et orchestré pour l'occasion un des plus morceaux de sa bande originale. Bouleversant et lyrique, cette partie de foot – et la bande-son qui l'accompagne – est la plus belle réponse aux fondamentalistes interdisant toute forme de distractions – musiques, jeux, sports...

    Le 13 novembre, ce sont justement des endroits dédiés aux loisirs, au sport et à la culture auxquels qui ont été pris pour cible par des terroristes islamiques.

    Amine Bouhafa, Timbuktu, 2014
    Timbuktu, film franco-mauritanien de Abderrahmane Sissako
    avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, 2014, 1H48

  • Je pense que vous serez d'accord avec moi

    Charb, assassiné le 7 janvier 2015 lors de l'attentat contre Charlie Hebdo, avait publié un ensemble de chroniques, Manuel de l'Intolérance, surnommées ironiquement "Les fatwas de Charb".

    Il n'est pourtant pas question dans ce livre d'un réquisitoire contre les fanatiques de tout poil – qu'ils soient catholiques, musulmans ou juifs – mais de portraits féroces de ces sinistres individus que nous avons tous côtoyés ou de ces petits faits modernes qui peuvent nous pourrir la vie. Prenant à témoin le lecteur ("Je pense que vous serez tous d'accord avec moi..." est la locution qui clôt chaque billet), Charb ne prend aucun gant pour tirer à boulet rouge sur les jeunes papas gâteaux (et gâteux), les toilettes de train, les serveurs misogynes, "les radins de l'amour", les tongs, les lampes basse tension ou les tics de langage ("je gère"). Autant de travers de la vie contemporaine condamnés sous forme de "fatwas" par un Charb drôle et cinglant. 

    L'auteur termine ce recueil par un article sur "Mort à ceux qui ont peur de mourir". Un dernier billet qui prend tout son relief depuis la tuerie de Charlie Hebdo, transformant du même coup ce Manuel de l'Intolérance à l'humour très noir (sorti la première fois en 2009 mais réédité après les attentats de Paris) en une œuvre poignante.  

    Un tome 2 de ces fatwas impertinentes est sorti trois mois avant l'assassinat du directeur de Charlie Hebdo.

    Charb, Petit Traité d'Intolérance, Librio, 2012, 128 p.
    Strips Journal

  • Le beauf à géométrie variable

    Durant les années 70, le dessinateur Cabu créait l'un de ses personnages les plus célèbres, le beauf. Le beauf, raccourci de "beau-frère", est ce personnage bedonnant et moustachu, caricature du Français moyen, un homme veule, stupide, raciste et bourré de certitudes (et aussi chanté avec férocité par Renaud).

    Après les attentats des 7 et 9 janvier 2015, qui ont vu l'assassinat du célébrissime dessinateur, cette triste créature a comme fait irruption dans notre actualité. Les beaufs ont montré de multiples visages consternants ces dernières semaines.

    Cela a commencé par les réseaux sociaux et les appels à la haine dès le lendemain des meurtres à Charlie-Hebdo, des discours que n'auraient pas renié la créature antipathique du génial et engagé Cabu (qui prévoyait d'ailleurs de créer un personnage plus contemporain, le fils du beauf). 

    Les beaufs se sont également manifestés pendant et après la Marche républicaine du 11 janvier. Ce pouvait être ceux se bousculant pour être sur la photo officielle des chefs d'Etat. Ceux affirmant la main sur le cœur être "Charlie"  le dimanche à Paris, avant de condamner le journal satirique le lendemain dans leur pays. Ceux criant au complot instrumentalisé (par les Américains et "vous savez qui...") . Ceux considérant que la sécurité du pays devraient passer par une restriction des libertés individuelles, voire de la liberté de la presse – qui a quand même été, rappelons-le, l'une des grandes victimes de ces événements. Ceux prenant ombrage des caricatures de la revue satirique le 6 janvier, avant de devenir des "Charlie" le 8 puis de retomber dans un discours prônant le délit de blasphème le 14. Ceux demandant que les "musulmans modérés s'expliquent" et désavouent ces actes, comme si l'on avait demandé en 2011 que les "catholiques modérés" – voire les blancs de souche – désavouent le carnage de Anders Behring Breivik en 2011  !

    Le beauf se tapit derrière tous ces visages. Il est à géométrie variable mais a pour dénominateur commun une bêtise et une pensée à court terme qui pourraient devenir explosifs si l'on n'y prend garde. La plus grande victoire des "fous de dieu" serait de voir notre pays s'enfoncer dans des affrontements idéologiques, attisés par les beaufs de toute origine et de toutes religions. À deux ans des élections présidentielles, le cynisme est grand pour de futurs candidats et candidates de profiter du "Je suis Charlie" pour avancer leurs billes : union derrière un étendard politique rassurant, nationalisme, lutte contre l'immigration, lois sécuritaires.  

    Une page blanche s'ouvre aujourd'hui après ces attentats et bien malin qui sait ce qu'il en ressortira : le chaos ou la grande réconciliation ? La crispation derrière des idéologies religieuses ou l'œcuménisme républicain ? Le courage de la liberté ou l'abandon public à quelque beauf politique ? 

    Christopher Caldwell, journaliste au Weekly Standard, rappelait qu'au lendemain du 11 septembre 2001, les Américains avaient réagi à l'attentat contre les tours jumelles par une union sacrée nationale, récupérée ensuite à des fins politiques et avec les conséquences que l'on sait : Patriot Act, guerre en Afghanistan ou guerre en Irak. Gageons que le beauf cher à Cabu ne rechignerait pas à ce glissement. Après l'appel unanime du "Je suis Charlie" (en écho au "Je suis Américain" du 11 septembre) , le journaliste américain nous appelle, nous, Français, à user de la seule arme qui vaille aujourd'hui : la raison. 

  • Que trouve-t-on dans Charlie ?

    Comme on pouvait s'y attendre, le numéro 1178 de Charlie Hebdo, numéro historique après l'attentat du 7 janvier 2015 puis la marche républicaine du 11 janvier, s'est arraché dans les kiosques. Mais au fait, qu'y trouve-t-on ?

    Les habitués de la revue, exceptionnellement moins fournie que les numéros précédents (8 pages au lieu de 16), peuvent retrouver les rubriques et les dessinateurs qui leur sont familiers, y compris Cabu, Wolinski, Charb, Honoré et Tignous – tous décimés le 7 janvier dernier sous les balles de terroristes djihadistes. La "Vie des jeunes" de Rihad Sattouf est aussi là, tout comme le strip de Charb, "Maurice et Patapon", les planches pleines de libibo et de jolies poupées de Wolinski et la fameuse dernière page "Les couvertures auxquelles vous avez échappé".  

    La verve, le talent, la provocation et l'humour potache sont bien présents, au point que ce numéro peut être qualifié "d'excellent Charlie Hebdo" (du moins c'est l'opinion du bloggeur).

    La couverture de ce numéro a été commenté à multiples reprises (y compris sur ce site). Elle a pu susciter incompréhension, émotion ou exaspération. La figure de Mahomet pleurant, avec à la main un panneau "Je suis Charlie", reste emprunt d'émotion et de dignité, même si le "Tout est pardonné" en titre peut offrir plusieurs grilles de lecture.

    L'éditorial ne pouvait s'ouvrit que sur le rappel d'une semaine folle qui a vu la plus décriée de nos revues devenir une figure de ralliement universel pour la liberté d'expression et la laïcité : "Les millions de personnes anonymes, toutes les institutions, tous les chefs d'État et de gouvernement (...) qui, cette semaine, ont proclamé « Je suis Charlie » doivent savoir que ça veut dire aussi « Je suis la laïcité »". Pour ceux qui en doutaient encore, la revue assume ce combat, qu'elle a payé au prix fort. Et Gérard Biard ne manque pas de rappeler que pendant des années, Charlie Hebdo s'est trouvé bien seul dans ce combat (avec le trop fameux : "je condamne... mais"). Pas d'angélisme donc - y compris après la communion républicaine du 11 janvier - mais une vigilance accrue ("Nous ne sommes pas dupes") et avec, en conclusion, une demande faite au pape : "Nous n'acceptons que les cloches de Notre-Dame sonnent en notre honneur que lorsque ce sont les Femen qui les font tinter" ! 

    Les articles de ce numéro exceptionnel sont autant d'éclairages sur l'attentat qui a ensanglanté le journal : Jean-Yves Camus traite des thèses fumeuses du complot qui fleurissent sur le net, destinées à dédouaner l'islamisme et à charger un pseudo complot judéo-américain ; une enquête de Laurent Léger nous parle des failles de l'antiterrorisme ; un article poignant de Sigolène Vinson s'attache à Lila, le cocker mascotte de la revue, rescapée elle aussi de la tuerie du 7 janvier ; un autre de Sylvie Coma est un cri à la vie et au courage, après la mort de ses amis de Charlie ("Crever, c'est assez chiant comme ça, pour qu'en plus on ait la trouille") ; Antonio Fischetti, Patrice Pelloux, Zineb El Rhazoui et Jean-Baptiste Theret  offrent également des témoignages émus et des des vibrants hommages à leurs amis assassinés ce 7 janvier 2015. Signalons également une lettre de Mathieu Madenian adressée à Charlie, une double page illustrée consacrée à la marche républicaine (avec ce cri de la flamme du soldat inconnu : "Je bande !") et un coup de projecteur de Solène Chalvon sur l'attentat contre Charlie vu de l'étranger.

    Il y a surtout ces articles et ces dessins qui prennent aux tripes car ils sont autant de testaments. Les caricatures hilarantes de Cabu : l'arrivée de gamins du "9-3" débarquant dans un camp djihadiste, d'anciens soldats de Dieu devant se reconvertir à Pôle Emploi ou le pape en train de donner la communion à des divorcées. Les planches colorées et littéraires de Wolinski, imaginant le sort réservé aux otages du djihad si ceux-ci ne doivent plus être rançonnés. Les personnages esquissées de Charb, reconnaissables entre tous avec leurs yeux globuleux et leur air perdu. Les dessins d'Honoré, superbes de réalisme et de sensibilité. Les caricatures bourrées d'humour noir de Tignous.

    Et puis, il y a ces deux autres articles. Le premier est une interview de Charb datant du 11 septembre 2011, juste après l'incendie des locaux de Charlie Hebdo, et dans laquelle il invite à faire disparaître des discours l'expression de "musulman modéré". Le second est un billet de Bernard Maris (Oncle Bernard) : "Quand « Charlie » avait 20 ans" retrace la ligne éditoriale du journal créé par Cavanna (disparu il y a un an, presque jour pour jour) : "La politique de Charlie est non violente et non haineuse. Elle est gaie."

    Charlie Hebdo, en kiosque et sur abonnement

  • Tout est pardonné

    Charlie Hebdo sort son premier numéro "post-7 janvier". Un numéro qui s'avère d'ores et déjà historique, avec un tirage inédit de plusieurs millions d’exemplaires.

    La couverture de ce numéro 1178 vient de sortir sur les réseaux sociaux, avec un titre à la fois choc et digne - et une caricature de Mahomet, lui aussi "Charlie"... 

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  • Tous Charlie ?

    Une forme d'unanimité a suivi l'attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, unanimité qui a été illustrée par ce slogan quasi spontané : "Je suis Charlie".

    Une unanimité que les survivants de la revue satirique ont salué avec émotion mais aussi aussi avec une amertume compréhensible. La journaliste Zineb, qui n'était heureusement pas présente lors du tragique comité de rédaction, n'a pas manqué de se féliciter de ce soutien universel, tout en regrettant qu'il vienne bien tardivement et après la mort de douze personnes dans les conditions tragiques que l'on sait. Un des autres rescapés, le dessinateur Luz, va plus loin, considérant que les manifestations monstrueuses vont "à contre-sens de Charlie".

    "Je suis Charlie" ont proclamé des millions de personnes en France et dans le monde ; or, force est de constater que cela n'a pas été toujours le cas.  

    Il est certain que dans la période pré-7 janvier, l'hebdomadaire s'est trouvé bien seul dans son combat quotidien pour la liberté de la presse. Ainsi, lorsque Charlie Hebdo a publié en 2005 les caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, un certain nombre de voix ont critiqué son "manque de responsabilité". Hommes publiques, organisations religieuses et même l'Union européenne, ont pu être coupables d'une forme d'aveuglement et de mansuétude pour les adversaires (religieux) de Charlie. Le procès de 2007 contre le journal, intenté par le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), n'a pas conduit à voir les représentants publiques et républicains se lever vent debout pour défendre Charlie. Loin s'en faut ! 

    Lors du procès de 2007, ce qui était demandé par les accusateurs du titre était un respect des croyances religieuses (dit autrement, un délit de blasphème !). Or, ces respects, un journal laïc et satirique au nom de l'impertinence, du rire et de l'engagement contre les idéologies, ne pouvait et ne peut pas l'accepter ! Comme le soulignait lors de sa plaidoirie Richard Malka, l'avocat de Charlie, le magazine d'information satirique s'est en tout temps attaqué aux idéologies religieuses, qu'elles soient chrétiennes, juives ou musulmanes. Or, il démontrait que non seulement l'Islam n'avait pas été – et de loin – la religion la plus moquée mais qu'en outre elle demandait une forme de "régime d'exception"... Inacceptable!

    La publication en novembre 2011 du hors-série Charia Hebdo a été marquée par un cran supplémentaire dans la violence à l'encontre du journal : incendies des locaux, piratage de son site Internet, menaces de mort de ses responsables. "Tous Charlie" après ce nouveau coup contre la liberté de la presse ? Pas totalement. Ainsi, à l'époque, tout en condamnant cet attentat et en proclamant le principe de laïcité et de liberté de presse, le premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, mettait en garde contre "tout excès" et en appelant à "l'esprit de responsabilité de chacun". Suivez mon regard...

    Un peu plus de trois ans plus tard, un stade inédit a été franchi, plongeant notre pays dans l'effroi et la colère. "Je suis Charlie" ont – enfin ! – proclamé quasi unanimement les citoyens et responsables du pays. Quasi unanimement car, outre un groupe minoritaire intitulé "Je ne suis pas Charlie", un homme politique s'est désolidarisé du mouvement général. Jean-Marie Le Pen, le fondateur et président d'honneur du Front National a déclaré publiquement : "Et bien moi, je suis désolé, je ne suis pas Charlie. Et autant je me sens touché par la mort de douze compatriotes français dont je ne veux même pas savoir l'identité politique, encore que je la connaisse bien, qu'elle soit celle d'ennemis du FN qui en demandaient la dissolution par pétition il n'y a pas tellement longtemps."

    Preuve supplémentaire que le parti d'extrême-droite n'est pas tout un fait un parti comme les autres. Mais ceci est une autre histoire.  

    http://www.charliehebdo.fr
    https://charliehebdo.wordpress.com