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  • Cours, Etsy, cours

    Unorthodox a été la série à succès inattendue de cette période de confinement. Une mini-série en réalité : avec quatre épisodes cette création Netflix n’impose pas un temps interminable de binge-watching. Là est sans doute l’une des raisons du succès d’Unorthodox. Mais pas que.

    À vrai dire, la série allemande avait tout pour faire fuir de nombreux spectateurs : le récit a priori aride d’un déracinement et d’une séparation, une plongée dans l’univers peu connu des hassidiques, des acteurs inconnus et le refus du spectaculaire.

    Esther Schwarz est Etsy, une jeune New-yorkaise élevée dans un milieu orthodoxe extrêmement pieux, si pieux que le respect des rituels juifs vire à l’obsession jusque dans la vie quotidienne. Etsy a été élevée par sa grand-mère et sa tante après la séparation de sa mère, Alex, partie vivre en Allemagne. Le père, lui, est incapable de l’élever. Alcoolique et aussi croyant que les autres membres de sa famille, il a laissé sa mère et sœur le soin de s’occuper de sa fille. Et s’occuper d’elle signifie surtout la marier.

    Sa famille lui trouve un homme, Yanky Shapiro, aussi respectueux des traditions qu’il peut être doux et très réservé. Mais les relations entre Esther et Yanky s’aggravent en raison de la pression sociale pour qu’elle devienne mère. Un an après les noces célébrées en grande pompe, Etsy décide de fuir pour rejoindre Berlin. Sa mère y vit toujours, mais entre les deux femmes les liens ont été coupés depuis longtemps, car Alex elle-même a dû se séparer de son mari peu de temps après la naissance d’Essther. Pendant ce temps, le rabbin de la communauté hassidique demande à Yanky de partir en Europe récupérer son épouse. Pour l’accompagner, on lui impose la présence de son cousin Moishe. Les deux hommes s'envolent pour Allemagne pour retrouver celle qui a fui leur communauté.

    Il faut la voir débarquer à Berlin, à la fois éblouie, fascinée et apeurée

    Unorthodox est l’adaptation du récit autobiographique de Deborah Feldman, The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots (2012). Pour raconter cette histoire d’une fuite et d’une libération, les showrunneuses ont insisté sur la construction intérieure d’Esty, se trouvant du jour au lendemain livrée à elle-même dans un monde qu’elle ne connaît pas. Il faut la voir débarquer à Berlin, à la fois éblouie, fascinée et apeurée. Une baignade, un concert de musique classique ou une soirée en boîte de nuit prennent des allures de découvertes ahurissantes et déstabilisantes. Esty y découvre à cette occasion l’amitié, l’amour, une vocation mais aussi la grisante incertitude de la liberté.

    Esther est interprétée par Shira Haas, impressionnante de bout en bout et littéralement métamorphosée lors de son arrivée en Europe. Elle endosse avec un naturel désarmant cette femme déracinée d'un milieu toxique et bien décidée à se battre pour exister. Mais cette quête pour son identité en cache une autre : celle d’une jeune femme juive se reconstruisant sur les lieux mêmes où la Shoah a pris corps. La série multiplie les références et les symboles de ce traumatisme : la fameuse baignade dans le lac en face de Wannsee (le lieu de la tragique conférence du 20 janvier 1942), la tête rasée d’Etsy, des conversations sur le nazisme et même une chemise rayée que porte un moment la jeune femme.

    On ne racontera pas la fin de cette série, qui fait d’un concours de musique la conclusion d’un récit intelligent et émouvant sur la liberté, les racines, le féminisme mais aussi la réconciliation.

    Unorthodox, mini-série dramatique allemande d’Anna Winger et Alexa Karolinski
    avec Shira Haas, Amit Rahlav et Jeff Willbursch
    une saison, 4 épisodes, 2020, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81019069

    Voir aussi : "Mando, l'autre Boba Fett"

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  • Premiers fantômes

    Avec le recul, et au regard du parcours de Tatiana de Rosnay, il y a une certaine excitation à se pencher sur le tout premier livre de l’auteure franco-britannique, L’Appartement témoin (éd. Livre de Poche).

    Nous sommes en 1992 et le public découvre le roman d’une certaine Tatiana de Rosnay : un nom qui n’est pas inconnu et qui renvoie à son oncle Arnaud de Rosnay, figure légendaire de la planche à voile disparu en mer à l’âge de 38 ans, à l’épouse de ce dernier, Jenna de Rosnay, championne de planche à voile mais également mannequin, et surtout à Joël de Rosnay, scientifique et chroniqueur radio. Voilà donc la petite dernière, Tatiana de Rosnay, émergeant dans le milieu des lettres. Son premier roman contient en germe l’essentiel des thèmes que développera l’auteure par la suite : la mémoire des lieux, les disparus, la famille et ses secrets.

    L’Appartement témoin suit, dans des chapitres alternant le "il" et le "je", un homme approchant de la soixantaine. Divorcé et père de Camille, une jeune fille sur le point de s’émanciper, il porte un regard amer sur ses échecs passés et sur un avenir peu reluisant. Il choisit de déménager dans le lieu le plus impersonnel qui soit : un appartement témoin. "Il semblait fait sur mesure pour ceux qui vivent seuls, par choix, par nécessité ou destinée, et qui ne comptent qu’une brosse à dents au-dessus du lavabo."

    Un récit qui n’est pas tant celui d’une chasse aux fantômes que d'une reconstruction de soi

    C’est pourtant dans cet endroit, a priori sans passé, que le nouveau locataire voir surgir à plusieurs reprises deux fantômes : une jeune femme jouant du piano et une fillette à ses pieds. Abasourdi puis curieux, l’homme entreprend des recherches et découvre qu’à l’emplacement de son immeuble, une bâtisse plus ancienne abritait une pianiste, une certaine Adrienne Duval, disparue depuis. Par contre, sa fille pourrait bien être toujours vivante. Il découvre son prénom, Pamina – comme la personnage de La Flûte enchantée de Mozart. Une première piste conduit le locataire de l’appartement témoin jusqu’à New York, puis à Venise. L’homme décide de poursuivre son enquête, certain qu’elle changera sa vie.

    Est-il possible que des morts puissent vous donner des clés pour vivre ? Tatiana de Rosnay répond par l’affirmatif dans un récit qui n’est pas tant celui d’une chasse aux fantômes que d’une découverte de secrets enfouis et d’une reconstruction de soi.

    Cette reconstruction passe dans le roman par des rencontres inattendues, dont la sculpturale Iris Gapine, l’influente rédactrice en chef new-yorkaise Sharon Elizabeth Gardiner, l’ancienne mannequin Jessica Parker, Adrian Hunter, le fils de Pamina, la gouvernante Véronique Barbey, mais aussi Camille, la propre fille du locataire de l’appartement témoin qu'il semble redécouvrir.

    Nous parlions de l’importance des lieux. Outre cet appartement, l’enquête menée par notre homme le conduit dans des lieux que Tatiana de Rosnay prend plaisir à nous faire découvrir en nous prenant par la main : Paris, New York et surtout Venise. Car c’est dans cette cité italienne que s’achève cette quête improbable. Une quête complètement folle, faite de découvertes - dont celle de Mozart, qui n’est pas la plus anodine.

    Tatiana de Rosnay, L’Appartement témoin, éd. Livre de Poche, éd. Fayard, 1992, 313 p.
    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Elle s’appelait Anna"

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  • Mon amie Marlena

    Les occasions de saluer le travail des traducteurs n’est pas si fréquent. C’est pourtant par-là que débutera cette chronique sur Marlena de l’Américaine Julie Buntin (éd. La Belle Colère). On doit à Patricia Barbe-Girault la version française de ce premier roman encensé par la critique outre-atlantique. La traductrice a su rendre toute la force d’un texte d’une rare densité, à l’exemple de cet extrait : "C’était bizarre, mais pas plus que les trois cœurs dessinés au marqueur sur le dos de sa main droite, que son mascara bleu ciel ou que sa broche de vieille dame, qui était plus belle, même en miniature, que toutes les baraques de Silver Lake." Disons aussi que Marlena donne à la génération Y – celle de Facebook des smartphones ou de Youtube – un des grands romans sur l’adolescence, roman qui est appelé sans doute à devenir culte dans les prochaines années. Et l’on se prend à rêver de l’adaptation que pourrait en faire une cinéaste comme Sofia Coppola.

    Marlena Joiner est cette adolescente de 17 ans dont Catherine, la narratrice, choisir de raconter, vingt ans après les faits, la dernière année de sa vie. Les deux adolescentes se rencontrent dans une petite ville paumée du Michigan. Leur amitié dure à peine un an, mais c’est une année si dense, si marquante et finalement si tragique que Catherine ne s’en est jamais remise. Marlena est une lycéenne belle, charismatique et attirée par les excès de l’alcool et de la drogue. Une fille que Cat semble ne décrire qu’à l’aide de superlatifs : "La quintessence de la joie et de la blondeur, des bikinis et des glaces à l’eau, de l’herbe fraîchement coupée et des fauteuils en skaï qu’on installe durant l’été." Rapidement, les deux filles que beaucoup de choses opposent – hormis peut-être une vie familiale compliquée et des fins de mois difficiles – se lient d’amitié, jusqu’à la mort brutale de celle qui était devenue un modèle et une figure écrasante : "Avant Marlena, je n’étais qu’une fille molle, informe, attendant que quelqu’un débarque et me dise qui être."

    "Dis-moi ce que tu ne peux oublier et je te dirai qui tu es"

    La mort de Marlean est une vraie déflagration dans l’existence de Cat. Que s’est-il passé ? Comment est décédée l’adolescente indéfinissable, à la fois incontrôlable et capable de s’occuper quasi seule de son petit frère Sal en l’absence d’un père violent ? S’agit-il d’un accident, d’un homicide volontaire ou d’un crime ? Julie Buntin choisit de ne pas répondre complètement à ces questions. Au moment de son récit, Cat s’apprête à revoir le frère de son amie, se donnant une nouvelle chance de tourner la page de cette année de lycée – si encore c’est possible.

    L’absence, le deuil et la douleur de l’être manquant est au cœur d’une histoire où les bonnes questions ne sont pas celles que l’on attend. "Dis-moi ce que tu ne peux oublier et je te dirai qui tu es" : ainsi début un roman qui nous parle de la construction d’une jeune fille de quinze ans marquée par une rencontre et par la disparition de celle qui a été essentielle dans sa vie : "Ce que Marlena ne pigeait pas, et que je n’aurais jamais pu lui avouer, c’est que même si on se faisait profondément, gravement, irrémédiablement, dangereusement chier à Silver Lake, j’étais plus heureuse que je ne l’avais jamais été.

    Marlena Joiner, "l’amie prodigieuse" pour reprendre le titre d’une trilogie bien connue, traverse les pages du roman tel un ouragan, avec son lot d’excès : d’abus, d’amour, de comportements transgressifs, d’idées folles, d’actes généreux mais aussi de rêves qui resteront inassouvis.

    Un chagrin indicible traverse les pages de Marlena, notamment dans les courts chapitres se déroulant à New York. Vingt ans après les faits, Catherine ne parvient pas à se sortir de cette période qu’elle veut revivre : "Bois aux efforts que tu fais pour la ramener", écrit-elle, comme pour justifier l’alcoolisme qui la ronge.

    Dans le tourbillon d’une amitié marquante et traumatisante, deux personnages viennent apporter un semblant de lumière et d’équilibre : Jimmy, le frère, qui finira pas connaître une brève idylle avec Marlena et surtout la maman de Cat. Julie Buntin délivre des pages à la fois tendres et incisives sur cette sublime mère courage : "Son odeur de chardonnay et son fer qu’elle oubliait de débrancher, ses blagues pourries sur les brocolis qui font péter, sa manière de retrousser les dents quand elle se mettait en rogne, ses gants de ménage qu’elle laissait sur la banquette arrière, ma mère qui refusait catégoriquement de cesser de m’aimer, qui commettait des erreurs bêtes, buvait trop et me ressemblait comme deux gouttes d’eau quand elle riait, ma mère qui jamais, jamais ne partirait, et à qui je faisais si pleinement confiance qu’un monde sans elle défiait mon imagination."

    Au final, devenue adulte, Catherine fait de son histoire le récit d’un deuil impossible comme le portrait d’une jeune femme à bien des égards inoubliable : "Si tu savais, Marlena, j’en ai fait des conneries. Seulement, chaque jour j’ai droit à un essai supplémentaire."

    Julie Buntin, Marlena, trad. Patricia Barbe-Girault, éd. La Belle Colère, 2018, 336 p.
    http://www.juliebuntin.com

    Voir aussi : "Amy Liptrot à l’écart"

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  • Éternel Beigbeder

    frédéric beigbeder,éternité,génétique,robotique,biotechnologie,dieu,transhumanisme,jérusalem,new york,genève,détox,la vie,romanEt si le dernier livre de Frédéric Beigbeder était le premier grand roman français sur le transhumanisme ? Fausse autofiction et vrai ouvrage de vulgarisation sur la révolution biotechnologique qui est en train de faire sous nos yeux, Une Vie sans Fin (éd. Grasset) s’aventure dans un périple d’autant plus passionnant que l’auteur de 99 francs et Windows on the World a évité les pièges d’un livre a priori glaçant. Le sujet ? La vieillesse et la mort inéluctable. "La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde – davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale. Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes."

    Roman fictionnel ou récit authentique ? Les deux à la fois. Pour s’en rendre compte, il fait aller à une partie du livre souvent ignorée, celle des remerciements. Le lecteur y retrouvera les personnes lui ayant permis d’écrire son livre et souvent mises en scène dans des situations hilarantes, à l’exemple d’un déjeuner transgénique à New York.

    Une Vie sans Fin commence par une promesse complètement folle faite par l’auteur à sa fille Romy : "T’inquiète pas, chérie, à à partir de maintenant, plus personne ne meure." Cette simple phrase lance aussitôt notre fringant quinquagénaire, auteur d’une émission télé-réalité scandaleuse et populaire, sur les chemins de cette immortalité qui serait en train de se faire dans les laboratoires de Paris, de Jérusalem ou de la Silicon Valley. Tel les héros de L'Âge de Cristal, l'auteur est bien décidé à fuir une mort prématurée et atteindre, sinon l'éternité, du moins les 300 ans.  

    La posthumanité serait-elle bovine ?

    Avec une foi de charbonnier qui n’a d’égal que sa curiosité insatiable et son humour à toute épreuve, Frédéric Beigbeder, accompagné de sa fille, se met sur le chemin de ce qui pourrait permettre sa future résurrection. Il y découvre les secrets de la génétique, l’utopie d’une humanité sans maladies grâce au séquençage humain, la reprogrammation cellulaire, l’impression d’organes en 3D, le stockage de l’information sur l’ADN ou la robotique avec l’entrée en scène de l’étonnant Pepper.

    L’auteur nous fait aussi entrer dans un de ces lieux réservé à la jet-set : un sanatorium nouvelle génération et surtout lieu de détox au cœur de la Suisse genevoise. L’auteur nous sert quelques-unes de ses meilleures pages pour faire un sort à des curistes prêts à payer des fortunes pour se nettoyer le sang et se faire affamer : "Tout semblait organisé pour culpabiliser un maximum les riches consommateurs en savates-éponges. Nous étions entourés d’individus ruminants et solitaires qui regardaient tristement le ponton menant vers le lac. La posthumanité serait-elle bovine ?"

    L’homme nouveau que recherche Frédéric Beigbeder serait-il une chimère, malgré les milliards de dollars et d’euros engloutis dans la recherche ? La question est sous-jacente dans ce roman qui s’intéresse également à la place de Dieu : "Dieu est mort… mais son cadavre bouge encore." Lorsque Frédéric Beigbeder conduit Romy à Jérusalem, c’est pour visiter un laboratoire biotechnologique. Mais rapidement, les pas du père écrivain et de sa fille les mènent sur la ville des trois polythéismes. Entraîné dans une course devant les guider vers une vie sans fin, Beigbeder, qui a affirmé récemment douter "de l’inexistence de Dieu" (La Vie, 24 janvier 2018"), croise la route d’une autre forme d’éternité. Il le dit autrement dans ce passage : "J’étais de plus en plus croyant en vieillissant… Et sincèrement, je ne croyais plus que Dieu était mort : la situation était plus compliquée. Il était mort au XXe siècle, mais Il revenait au au siècle suivant pour remplacer la cocaïne."

    Frédéric Beigbeder, parti à la recherche de l’éternité et de ces scientifiques qui veulent tuer la mort, ressortira transformé au terme de son aventure, réconcilié avec lui-même et avec les autres, sans doute aussi plus stoïcien que jamais : "L’après-midi est infini comme la mer."

    Frédéric Beigbeder, Une Vie sans Fin, éd. Grasset, 2017, 348 p.
    "Je doute de l'inexistence de Dieu", La Vie, 24 janvier 2018

    Voir aussi : "Nous Sapiens"

  • Quand on arrive en ville

    Guillaume Chansarel expose cette semaine à la Galerie Detais / Sabine Bayasli le fruit de son dernier projet, Drawing Art : un parcours de New York en long et en large, soit 22 kilomètres, à raison de trois kilomètres et 35 dessins par jour pour immortaliser Harlem, Colombus Circle, Central Park, Times Square ou Wall Street. Bla Bla Blog est partenaire de cette exposition, qui aura lieu du 5 au 9 juin 2018. C’est l’occasion de découvrir un artiste, soutenu notamment par Frédéric Beigbeder qui signe le texte de son catalogue, Drawing Avenue, 247 dessins en 7 jours.

    Dire que Guillaume Chansarel a fait des métropoles son terrain de jeu est un euphémisme. De fait, l’artiste s’y installe, s’y meut et s’y déploie comme un poisson dans l’eau. "New York, plan fixe", "Tokyo", "London", "Chicago" (Galerie Flora), "Versailles-Paris" (Galerie Jamault) ou "Roma" (Galerie Egidio, Rome) : les thèmes de ses expositions font sens. Le peintre fait des villes non plus des endroits impersonnels et inhumains (et ce, même si ses habitants sont rarement représentés) mais des espaces ouverts et captés de manière inédite.

    Fort opportunément, Guillaume Chansarel cite en guise de présentation de son site Internet l’écrivain et critique d’art britannique John Ruskin : "Toute beauté est fondée sur les lois des formes naturelles. L’architecture d’une ville est d’émouvoir et non d’offrir un simple service au corps de l’homme."

    Le Londres de la reine Victoria, de Jack L’Éventreur et de Turner

    C’est en grand voyageur que Guillaume Chansarel conçoit son art. La préparation de ses explorations urbaines se limitent à un plan cadastral, sans rien qui puisse influencer son œil. Un œil qui parvient à capter l’essence même d’une ville, voire à la transcender. Ainsi, le Londres de Chansarel redevient la City du XIXe siècle, celle de la reine Victoria, de Jack L’Éventreur et de Turner. De Tokyo, ville trépidante et hyper-moderne, Guillaume Chansarel retient des quartiers hors du temps, bigarrés, aux enseignes colorées et aux fils téléphoniques et électriques striant le paysage. Pour Chicago et New York c’est la perspective, la profondeur et le travail sur le noir qui intéressent le peintre. Les métros de Chicago prennent vie et les contre-plongées sur les buildings de la Grosse Pomme nous plongent dans des décors de cinéma dignes d’Il était une Fois en Amérique.

    Guillaume Chansarel est un bourlingueur avide de découvrir. Il n’en reste pas moins un artiste pouvant embrasser aussi bien l’hyperréalisme, lorsqu’il immortalise Rome ou Hong Kong, que l’impressionnisme, telle cette vue imprenable de Londres sous la neige.

    Et si nous approchions de plus près encore les œuvres de Guillaume Chansarel ? Et si nous allions au-delà de ces paysages vertigineux et créés dans l’urgence et la passion ? Nous y découvririons l’essence profonde de son travail : les supports de ces tableaux, des livres anciens à qui il offre une nouvelle vie, et comme un témoignage du temps passé. Les pages retrouvées et oubliées sont travaillées, marouflées en atelier puis mis sur des châssis traditionnels : ce recyclage préalable redonne son importance à des objets ramenés souvent du bout du monde. Chez Guillaume Chansarel, la modernité et l’urbanité font corps avec le passé. Mieux, elles s’en nourrissent.

    Exposition "Drawing Art", du 5 au 9 juin 2018
    Du mardi au samedi de 14H à 19H et sur rendez-vous
    Galerie Detais / Sabine Bayasli, 39 rue Notre-Dame de Lorette, Paris 9e
    Guillaume Chansarel et Frédéric Beigbeder, Drawing Avenue, 247 dessins en 7 jours, exemplaire à réserver en ligne ou sur place à la galerie Detais / Sabine Bayasli
    https://www.guillaume-chansarel.com

    "Broadway au bout du crayon"

  • Broadway au bout du crayon

    Bla Bla Blog est partenaire avec Cherry Gallery d’une nouvelle exposition, Drawing Art, de Guillaume Chansarel, à la Galerie Detais / Sabine Bayasli (Paris 9e). Cet événement aura lieu du du 5 au 9 juin 2018. Notez bien ces dates sur vos agendas.

    À l’image de New York, Guillaume Chansarel est en perpétuel mouvement. Explorateur d’idées nouvelles, empêcheur de penser en rond, bouillonnant de projets, il nous surprend encore avec une création originale qui va faire le bonheur des esthètes.

    247 dessins en 7 jours

    Montrer New York différemment, tel était son objectif. Pour ce projet aussi simple qu’ambitieux, l’artiste fait de Broadway Avenue son terrain de jeu. Sur 22 kilomètres, il dessine tous azimuts. Harlem, Colombus Circle, Central
    Park, Times Square, Wall Street, subway, yellow cabs, feux tricolores, trucks, enseignes, néons, écrans géants...

    Tel un sportif de l’extrême, il s’impose une discipline de fer : 3 kilomètres et 35 dessins par jour, chronomètre en
    main ! "Comme on le ferait avec un Smartphone, je saisis un lieu, je capte une émotion". Caméra frontale vissée sur le crâne, à chaque intersection de rue, il dégaine son crayon, sort son carnet, et crobarde un corner. Le dépassement du "dessinateur de fond" donne une œuvre étonnante. Une série de croquis tendus et contrastés qui nous plonge au cœur de la mythique avenue.

    Un livre inédit avec Frédéric Beigbeder

    À l’occasion de ce projet artistique, Guillaume Chansarel et Frédéric Beigbeder, pour le texte, publient un livre inédit en édition limité : Drawing Avenue, 247 dessins en 7 jours. L’auteur prendra soin, sur la page de garde de chaque exemplaire réservé de réaliser une gouache originale personnalisée.Ce livre exceptionnel peut être réservé en ligne ou directement à la Galerie Detais / Sabine Bayasli.

    Du jamais vu ! On feuillette un autre New York. Revisité. Apaisé. Un surgissement de sérénité dans cette ville foisonnante. Le regard de l’artiste semble apprivoiser la jungle urbaine. "L’étonnement, ce commencement timide de la jouissance" dont parlait Roland Barthes. Avec ce "street movie" à pied, Guillaume a inventé un nouveau genre artistique. On a tous rêvé New York et Guillaume Chansarel l’a fait.

    Drawing Avenue, exposition de Guillaume Chansarel du 5 au 9 juin 2018
    Du mardi au samedi de 14H à 19H et sur rendez-vous
    Galerie Detais / Sabine Bayasli
    39 rue Notre-Dame de Lorette - Paris 9e
    Tél. 01 82 10 14 73 / contact@galeriedetais.fr
    www.galeriedetais.fr
    Guillaume Chansarel et Frédéric Beigbeder, Drawing Avenue, 247 dessins en 7 jours, exemplaire à réserver en ligne ou sur place à la galerie Detais / Sabine Bayasli

    https://www.guillaume-chansarel.com

    D’après un texte de Gilles Trichard
    © Guillaume Chansarel