Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mozart

  • Écouter Mozart ne rendrait pas plus intelligent

    Cette idée est solidement ancrée dans les certitudes : pour rendre votre enfant au QI capable de faire rougir Einstein, une solide dose d’écoute de concertos ou de symphonies de Mozart serait conseillée sans modération. Et les étudiants et étudiantes seraient bien inspirés de se mettre de La Flûte enchantée entre les oreilles pour avoir une chance de réussir leurs examens. Alors, fake ou pas fake ?

    Revenons donc aux origines de cette théorie, quitte à en décevoir certains et certaines. 

    Une étude de l’University of California at Irvine parue en 1993 dans la revue Nature semblait démontrer que l’écoute de la musique de Mozart améliorait les performances spatio-temporelles. Ainsi, 36 sujets s’étaient prêtés à une expérience. 1/3 du groupe écoutait Mozart (la Sonate pour deux pianos en ré majeur K448 de W. A. Mozart), un autre tiers de la musique relaxante, tandis que le dernier groupe attendait dans une salle en silence. Au bout de 10 minutes d’écoute ou de silence, les 3 groupes ont dû réaliser deux tâches d’habiletés cognitives générales et une tâche de mémoire spatiale. Les personnes ayant écouté Mozart ont obtenu des résultats supérieurs dans les trois tâches par rapport aux autres groupes. "L’effet Mozart" était né et toutes les superstitions qui allaient avec. Depuis de nombreuses études sont venues démontrer le contraire et pourtant, nous sommes encore beaucoup à croire qu’écouter de la musique classique et plus précisément du Mozart nous rendrait intelligents...

    Mozart risque de n’avoir aucune connaissance ni sur les résultats scolaires de votre enfant, ni sur vos prochains examens

    Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen entend remettre les pendules à l’heure : "Au risque d’en décevoir plus d’un, l’Effet Mozart est un mythe et vous ne serez pas plus intelligent si vous écoutez de la musique ou jouez d’un instrument ou alors si et seulement si vous pratiquez intensément d’un instrument. Et là encore, cela dépend de nombreux facteurs, sociaux, culturels… chaque facteur comptant et faisant la différence. Mais quoi qu’il en soit, faire ou écouter de la musique, quelle qu’elle soit, sollicite de nombreuses capacités, auditives, visuelles (lire la partition), motrice (jouer un instrument), et engendre des émotions qui stimulent et entrainent d’autres capacités cognitives comme la mémoire par exemple. Alors non, vous ne serez sans doute pas plus intelligent en écoutant du Mozart, plus détendu ou plus concentré sur le moment, sans doute. Et oui, vous aurez à travailler pour réussir vos examens, mais n’oubliez pas que tous les effets que produit la musique en nous sont une richesse", analyse Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’Université de Caen.

    Donc, la science semble avoir parlé : Mozart risque de n’avoir aucune connaissance ni sur les résultats scolaires de votre enfant, ni sur vos prochains examens. Pour autant, cela n’enlève en rien les qualités de Mozart : l’excellence musicale et le plaisir de l’écoute de ses concertos, symphonies et autres opéras.

    https://www.nature.com/news/2007/070409/full/news070409-13.html
    https://nimh.unicaen.fr/fr/personnes/name/herve-platel

    Voir aussi : "Compositrices et compositeurs, une frise chronologique"

    Photo : Cottonbro - Pexels

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Lyrisme à Wissant

    Pour la cinquième fois, le lyrisme posera ses valises cet été à Wissant, dans le Pas-de-Calais, du du 1er au 12 août 2022. Mozart, Verdi ou encore Donizetti seront notamment mis à l’honneur pour cet événement que tous les amoureux du classique suivront avec intérêt. Au total, les Estivales Lyriques de Wissant proposeront plus de vingt concerts et représentations, allant du baroque au XXe siècle.

    Après un Faust de Gounod à la distribution internationale, suivra un des chefs d’œuvre de Mozart, Les Noces de Figaro, par la compagnie I Giocosi, dans la version qu’elle fit applaudir fin 2019 dans le cadre du festival de la Mairie du 11e à Paris. Après Così fan tutte précédemment et Don Giovanni l’an dernier, Wissant pourra désormais s’enorgueillir d’avoir proposé – et ce n’est pas si courant ! – l’entière "trilogie Da Ponte" de Mozart à ses estivants.

    Vrai "laboratoire musical"

    Verdi et Donizetti seront ensuite mis à l’honneur à travers plusieurs de leurs pages les plus célèbres interprétées par le baryton Marc Labonette. L’invité régulier de l’Opéra National de Paris parrainera pour l’occasion deux étonnantes jeunes sopranos d’avenir !

    Le festival se clôturera avec le concert des artistes de la masterclass. Preuve que ces Estivales de Wisant sont un vrai "laboratoire musical", des chanteurs et des chanteuses de renom s’y sont produits, que ce soit Julie Bailly, Yann Beuron, Jennifer Courcier, Sarah Defrise, Marc Labonnette, Gabrielle Philiponet ou Artavazd Sargsyan.

    Une raison supplémentaire pour s’intéresser à ce festival lyrique d’une belle fraîcheur.

    Estivales Lyriques de Wissant
    Wissant, du 1er au 12 août 2022 
    https://www.facebook.com/estivalesWissant

    Voir aussi : "La montée au Trégor"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • No Dames, no drames

    C’est une anthologie à la fois étonnante et engagée que propose le contralto Théophile Alexandre, accompagné du Quatuor Zaïde. Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf et Juliette Salmona sont évidemment au cœur d’un album singulièrement titré  No(s) Dames.

    Le propos de l’opus est de s’intéresser aux grandes héroïnes de l’art lyrique pour qui "dames" rimaient surtout avec "drames". Parmi ces femmes fatales, figurent Carmen (Bizet), Salomé (Strauss), La Reine de la Nuit (La Flûte enchantée de Mozart), Manon (Massenet), Eurydice (Orfeo Ed Euridice, Gluck), Violetta (La Traviata de Verdi) ou Dalila (Saint-Saëns).

    La principale singularité de l’opus est de "réunir 23 icônes opératiques de 17 compositeurs différents, dans un cadavre exquis musical reliant ces arias les unes aux autres, dérangeant leurs clichés de madones, de putains ou de sorcières, et dessinant en creux le portrait d’une seule et même idole masculine : la Dame, telle que fantasmée et imposée aux femmes par les hommes depuis des siècles, par-delà les cultures ou les continents."

    L’auditeur pourra trouver quelques grands tubes du répertoire classique, baroque et lyrique :  La Sonnambula de Bellini ("Ah! non credea", acte 2), La Force du Destin et La Traviata de Verdi, Bellini (Norma, I Capuleti E I Montecchi) ou le bouleversant "L'ho perduta" des Noces de Figaro de Mozart.

    Le chef d’œuvre qu’est "Youkali"

    La chanson de Solveig de Peer Gynt de Grieg sonnera doucement aux oreilles françaises qui retrouveront bien entendu la mélodie qui a inspiré "Lost Song" de Serge Gainsbourg.

    Théophile Alexandre s’épanouit avec panache dans des airs baroques, que ce soit l’Orfeo Ed Euridice de Gluck ("Odio, furor, dispetto", Armida d’Haydn ou Alcina d’Haendel ("Ah! Mio Cor"). On frissonne au son de Cavalli, "Dell' antro magico" (Il Giasone), avec cette expressivité servie par la voix puissante et tourmentée de Théophile Alexandre.

    Le quatuor à cordes féminin Zaïde s’attaque en instrumental à d'autres morceaux du répertoire classique :  le "Barcarolle" des Contes d'Hoffmann, le prélude d'I Masnadieri de Verdi, un autre prélude, celui de Samson et Dalila de Saint-Saëns et "La Reine de la Nuit" de La Flûte enchantée.

    Il faut aussi s’arrêter sur ces titres que sont l’étonnant extrait de La Pucelle d'Orléans ("Adieu, forêts") de Tchaïkovski, le tango "Yo soy María" tiré de María De Buenos Aires de Piazzolla, sans oublier, bien entendu, l’aria de l’opéra Zaïde de Mozart ("Tiger, Wetze nur die Klauen!").

    Dans cet album, il faut enfin ne pas passer à côté de ce chef d’œuvre qu’est "Youkali", le bouleversant tango tiré de l’opéra Marie-Galante de Kurt Weil.

    Un énorme vent de liberté souffle sur l’album de Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, avec le projet que, pour une fois, "drame" ne rime plus avec "dame".

    Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, No(s) Dames, 2022
    http://www.theophilealexandre.com
    https://www.quatuorzaide.com

    Voir aussi : "Emoción à tous les étages"

    Photo © Julien Benhamou

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Mi-figue, mi-raisin 

    mozart,opéra,cosi fan tutte,opéra de paris,lorenzo da ponte,jacquelyn wagner,michele losier,cyrille dubois,philippe sly,paulo szot,ginger costa-jackson,opéra national de paris,philippe jordan,anne teresa de keersmaeker,compagnie rosasMal-aimé, faussement léger et finalement génial : Così fan tutte fait partie des œuvres majeures et tardives de Mozart (1790, soit un an avant sa mort). L’argument du livret de Lorenzo da Ponte est d’une grande simplicité :  Guglielmo et Ferrando se félicitent devant le cynique Alfonso de la fidélité de leurs fiancées, Fiordiligi, la promise de Guglielmo et sa sœur Dorabella, fiancée à Ferrando. Alfonso moque la naïveté des jeunes hommes et leur propose un pari : tester la fidélité des jeunes femmes grâce à un jeu de séduction et de travestissements :  Fiordiligi pourrait-elle tomber amoureuse de Ferrando et Dorabella de Guglielmo. La servante Despina accepte d’aider Alfonso à cette double supercherie.

    Voilà pour l’histoire, bien connue des fans de lyrique, qui savent aussi comment Mozart a su s’emparer de ce sujet léger, pour ne pas dire dépassé, pour composer une musique d’une fluidité, d’une élégance et d’une grâce inouïes, non sans ces moments où la douleur et le pathétique peuvent surgir derrière une mesure, une note ou un accent : que l’on pense à l’ouverture, au final du premier acte ("Si mora, sì, si mora") ou aux arias de Despina.

    L’Opéra de Paris en a proposé une interprétation inédite en 2017. L’orchestre était dirigé par Philippe Jordan sur une chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker. Cette version est disponible en DVD et Blu-ray chez Arthaus.

    Perplexité

    D’où vient cependant cette perplexité à la découverte de cette version du Così fan tutte, un opéra plus complexe que que l’on veuille bien le dire, comme le montre la fin – les noces des deux couples ?

    D’abord et avant tout, moins au décor (un entrepôt sans âme ) et à la mise en scène contemporaine – ce qui est maintenant monnaie courant, y compris et surtout dans les œuvres classiques – qu’à la chorégraphie.

    En faisant appel à la chorégraphe belge, l’Opéra de Paris a fat le choix d’un spectacle dans lequel le lyrisme serait étroitement lié à la danse. Et il est vrai que les danseurs et les danseuses font presque jeu également avec les chanteurs et chanteuses. C’est simple : ils fonctionnent en duo, soit muet, soit dansant.

    Ce qui est une bonne idée au départ devient un spectacle déroutant qui peut séduire comme il peut rendre hermétique. L’importance de ce Così fan tutte est donné autant aux voix qu’aux corps en mouvement, sur une scène vide.

    Il y a bien entendu la musique de Mozart, grâce à laquelle on pardonnera tout. Mais il faut aussi souligner l’interprétation pleine de verve de  Ginger Costa-Jackson dans le rôle de Despina. Disons-le : c’est elle sans doute la vraie grande surprise de ce Così fan tutte.

    Così fan tutte, opéra, Dramma giocoso de Wolfgang Amades Mozart, livret de Lorenzo da Ponte, avec Jacquelyn Wagner, Michèle Losier, Cyrille Dubois, Philippe Sly, Paulo Szot et Ginger Costa-Jackson, Arthaus, DVD, 2017
    Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dirigé par Philippe Jordan
    Chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker
    Avec les danseurs et danseuses de la Compagnie Rosas
    https://www.operadeparis.fr/saison-17-18/opera/cosi-fan-tutte
    https://www.rosas.be/fr/productions/351-cosi-fan-tutte
    https://arthaus-musik.com/en/dvd/music/opera/media/details/Cosi_fan_tutte_3.html

    Voir aussi : "Toutes les mêmes, tous les mêmes"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Concerts en poche

    Les Concerts de Poche, créés par  la pianiste Gisèle Magnan, débarquent aujourd’hui dans le Loiret, à Bonny-sur-Loire. L’association est reconnue d’utilité publique et labellisée "La France s’engage".

    Après la longue période de crise sanitaire et de contraintes, les Concerts de Poche mettent les bouchées doubles cet automne. Les Concerts de Poche viennent de lancer leur toute nouvelle saison sous le signe du renouveau et de la jeunesse.

    En région Centre-Val de Loire, c’est à Bonny-sur-Loire qu’aura lieu ce vendredi 15 octobre un premier concert consacré à Schubert et Mozart. Ce sont de jeunes talents qui sont mis à l’honneur : le harpiste Sylvain Blassel sera accompagné par le Quatuor Mirages, la violoniste Laetitia Amblard, le violoniste Constant Clermont, l’altiste Pierre-Pascal Jean, la violoncelliste Clémence Mesbout et le contrebassiste Yann Dubost.

    C’est une formation inédite qui se formera à l’occasion de ce concert, avec un répertoire consacré à Mozart et Schubert.

    Concerts de Poche
    Vendredi 15 octobre prochain à 20H30 à Bonny-sur-Loire (45)
    https://www.concertsdepoche.com

    Voir aussi : "C’est notre patrimoine"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • C’est Mozart qu’on ressuscite

    mozart,constanze weber,mozarteumJamais là mais pourtant omniprésent, Wolfgang Amadeus Mozart est bien la figure centrale du roman d’Isabelle Duquesnoy consacré à sa femme Constanze Weber, que l’auteure fait parler dans son récit passionnant.

    La redoutable Veuve Mozart (éd. La Martinière) démarre le 5 décembre 1791 à la mort du compositeur de La Flûte enchantée. Aux abois, l’artiste laisse, malgré l’admiration qu’il suscite, une dette importante, laissant sa femme et ses deux enfants dans une situation critique. Là sans doute réside l’explication de ce combat que n’aura de cesse de mener la veuve Mozart pour défendre à la fois l’héritage artistique de son mari et permettre à elle et ses deux fils, Franz-Xaver, dit Wolfgang Mozart II, et Carl Thomas, de sortir de la pauvreté. C’est ce dernier, l’aîné de la fratrie et aussi ancien fonctionnaire de Napoléon Ier, qui apparaît en filigrane du récit écrit à la première personne par Constanze.

    Ce qui intéresse Isabelle Duquesnoy est bien entendu le destin de la veuve Mozart, autant que l’histoire d’une famille autrichienne pas tout à fait comme les autres. Il pèse en particulier sur les enfants Mozart autant le poids d’un compositeur exceptionnel (le plus jeune enfant, bien que musicien, sera dans l’incapacité d’approcher la notoriété de son père) que le caractère combatif et étouffant d’une femme qui s’est résolue à défendre l’œuvre de son mari et à se battre contre les créanciers et faire-valoir ses droits – que l’on pense à l’histoire des droits sur le Requiem.

    Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent

    Isabelle Duquesnoy, à travers son livre La redoutable Veuve Mozart, entend aussi dépasser les différentes légendes autour de Mozart – la commande du Requiem, la jalousie de Salieri, le corbillard roulant seul pour conduire la dépouille mortelle jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. L’auteure souligne aussi la situation inconfortable de Mozart, à la fois admiré et rejeté en raison notamment de son appartenance à la franc-maçonnerie : "[Il] détestait les aristocrates, mais il ne souhaitait pas d’autres reconnaissances que la leur. Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent. Il avait faim de leurs compliments, ils l’endettèrent. Il rêvait de les faire danser, ils l’enterrèrent. Je n’ai pas d’autre but que de leur faire regretter cette méprise."

    Constanze Weber, veuve qui vouait un amour et une admiration inconditionnelle à "son Mozart" mari (que l’on pense à la scène de la recherche de son crâne dans la fosse commune), est bien plus qu’une défenseuse zélée de ses droits moraux : elle se montre opiniâtre pour payer ses créanciers, ne pas laisser le Requiem lui échapper, se mettre, elle et ses enfants à l’abri du besoin et aussi faire de Mozart une marque rentable à travers des produits dérivés, une fondation et bien entendu des concerts (nous sommes au début du XIXe siècle!).

    Isabelle Duquesnoy peint aussi le paysage passionnant de l’Europe plongée dans les turpitudes de la Révolution française et de l’Empire napoléonien, dont Carl Thomas fut un fidèle serviteur.

    Vrai roman historique, richement documenté et salué par la Fondation Mozarteum de Salzbourg, La redoutable Veuve Mozart est tout aussi passionnante pour des portraits émouvants et souvent aussi sans concession de quelques personnages historiques : Haydn, Casanova, Beethoven ou Nannerl Mozart.

    Voilà un roman qui redonne vie à un compositeur légendaire comme à une femme peu connue, mais essentielle pour comprendre la pérennité d’une œuvre sans égal.

    Isabelle Duquesnoy, La redoutable Veuve Mozart, éd. De la Martinière, 2019, 295 p.
    http://www.editionsdelamartiniere.fr

    Voir aussi : "Nannerl, sœur de Mozart et génie sacrifiée"

    Soutenez Bla Bla Blog et tenez-vous informés des derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Premiers fantômes

    Avec le recul, et au regard du parcours de Tatiana de Rosnay, il y a une certaine excitation à se pencher sur le tout premier livre de l’auteure franco-britannique, L’Appartement témoin (éd. Livre de Poche).

    Nous sommes en 1992 et le public découvre le roman d’une certaine Tatiana de Rosnay : un nom qui n’est pas inconnu et qui renvoie à son oncle Arnaud de Rosnay, figure légendaire de la planche à voile disparu en mer à l’âge de 38 ans, à l’épouse de ce dernier, Jenna de Rosnay, championne de planche à voile mais également mannequin, et surtout à Joël de Rosnay, scientifique et chroniqueur radio. Voilà donc la petite dernière, Tatiana de Rosnay, émergeant dans le milieu des lettres. Son premier roman contient en germe l’essentiel des thèmes que développera l’auteure par la suite : la mémoire des lieux, les disparus, la famille et ses secrets.

    L’Appartement témoin suit, dans des chapitres alternant le "il" et le "je", un homme approchant de la soixantaine. Divorcé et père de Camille, une jeune fille sur le point de s’émanciper, il porte un regard amer sur ses échecs passés et sur un avenir peu reluisant. Il choisit de déménager dans le lieu le plus impersonnel qui soit : un appartement témoin. "Il semblait fait sur mesure pour ceux qui vivent seuls, par choix, par nécessité ou destinée, et qui ne comptent qu’une brosse à dents au-dessus du lavabo."

    Un récit qui n’est pas tant celui d’une chasse aux fantômes que d'une reconstruction de soi

    C’est pourtant dans cet endroit, a priori sans passé, que le nouveau locataire voir surgir à plusieurs reprises deux fantômes : une jeune femme jouant du piano et une fillette à ses pieds. Abasourdi puis curieux, l’homme entreprend des recherches et découvre qu’à l’emplacement de son immeuble, une bâtisse plus ancienne abritait une pianiste, une certaine Adrienne Duval, disparue depuis. Par contre, sa fille pourrait bien être toujours vivante. Il découvre son prénom, Pamina – comme la personnage de La Flûte enchantée de Mozart. Une première piste conduit le locataire de l’appartement témoin jusqu’à New York, puis à Venise. L’homme décide de poursuivre son enquête, certain qu’elle changera sa vie.

    Est-il possible que des morts puissent vous donner des clés pour vivre ? Tatiana de Rosnay répond par l’affirmatif dans un récit qui n’est pas tant celui d’une chasse aux fantômes que d’une découverte de secrets enfouis et d’une reconstruction de soi.

    Cette reconstruction passe dans le roman par des rencontres inattendues, dont la sculpturale Iris Gapine, l’influente rédactrice en chef new-yorkaise Sharon Elizabeth Gardiner, l’ancienne mannequin Jessica Parker, Adrian Hunter, le fils de Pamina, la gouvernante Véronique Barbey, mais aussi Camille, la propre fille du locataire de l’appartement témoin qu'il semble redécouvrir.

    Nous parlions de l’importance des lieux. Outre cet appartement, l’enquête menée par notre homme le conduit dans des lieux que Tatiana de Rosnay prend plaisir à nous faire découvrir en nous prenant par la main : Paris, New York et surtout Venise. Car c’est dans cette cité italienne que s’achève cette quête improbable. Une quête complètement folle, faite de découvertes - dont celle de Mozart, qui n’est pas la plus anodine.

    Tatiana de Rosnay, L’Appartement témoin, éd. Livre de Poche, éd. Fayard, 1992, 313 p.
    http://www.tatianaderosnay.com

    Voir aussi : "Tatiana de Rosnay, son œuvre"
    "Elle s’appelait Anna"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • L’avons-nous bien achevée?

    Je ne sais pas si c’est le genre d’info pour laquelle on doit se réjouir ou s’attrister. La firme chinoise Huawei a annoncé avoir terminé la Symphonie n°8 "inachevée" de Franz Schubert lors d'un concert au Cadogan Hall de Londres grâce à l’intelligence artificielle. Cela s’est passé le 4 février 2019, une date qui risque bien de rester dans les annales, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

    Vous allez me dire que ce travail sur une œuvre posthume n’est pas inédite. Après tout, Franz Xaver Süßmayr s’était bien chargé de terminer le Requiem de Mozart sans que cela ne fasse bondir les amateurs de classique. Sauf que cela s’était passé après la mort du compositeur et que c’était un homme et musicien qui s’était penché sur les partitions inachevées du Requiem. Rien de tel, ici.

    La version "terminée" de la symphonie de Schubert a vu le jour, elle, grâce à l’utilisation d’une intelligence artificielle bénéficiant directement de la puissance de traitement… d’un téléphone portable, le smartphone Huawei Mate 20 Pro, doté d’une IA intégrée.

    Un téléphone portable doté d'une IA intégrée

    L’intervention humaine a par contre joué un rôle important dans ce projet. Huawei a collaboré avec le compositeur Lucas Cantor pour la création d'une partition d’orchestre à partir de mélodie générées par l’intelligence artificielle. La machine a été capable d’analyser le timbre, le mouvement et la métrique de mouvements existants pour créer d’autres mesures. Le compositeur a retravaillé ce matériau pour qu’il reste fidèle au style de la Symphonie n°8 de Schubert qui était inachevée depuis près de 200 ans.

    Lucas Cantor explique d’ailleurs ceci : "Mon rôle était d’exploiter les bonnes idées de l’Intelligence Artificielle et de combler les manques pour permettre à la production finale d’être jouée par un orchestre symphonique. Le résultat de cette collaboration avec l’Intelligence Artificielle démontre que la technologie offre des possibilités incroyables et peut avoir un impact majeur et positif sur la culture moderne."

    Une prouesse technique très impressionnante, mais qui soulève aussi la question de la création artistique comme de la place de l’intelligence artificielle dans l’art. Huawei se réjouit de cette prouesse technologique, qui est aussi un joli coup publicitaire. Il se pourrait bien que ce soit une occasion pour les intellectuels et les philosophes de se pencher sur la place de l’intelligence humaine face à une IA dont les progrès semblent ne pas connaître de limites. Voilà qui est riche d’espérances autant que d’inquiétudes pour l’avenir.

    https://www.huawei.com/fr

    Voir aussi : "Machines : 1 – Humains : 0"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partageztwittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !