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  • Harpe et Basson au rooftop

    Avec l’album Harp and Bassoon "On the Roof", c’est une plongée dans une tradition musicale multimillénaire qui nous est proposée, en même temps qu’un ensemble de créations contemporaines de la compositrice israélienne Anna Segal. Cet enregistrement propose ainsi le premier enregistrement mondial du Concerto Judaica pour harpe et basson.

    Quelle audace ! Une œuvre contemporaine est en soi une gageure, mais alors que dire lorsque sont mis à l’honneur la harpe et surtout le basson – instrument injustement incompris, sinon mal aimé… Anna Segal fait surtout bien plus que cela. Elle s’appuie sur la longue tradition culturelle et musicale juive pour proposer de réconcilier des univers que l’on dirait a priori irréconciliables.

    L’auditeur saluera la densité comme la richesse de ce concerto, mené par l’orchestre Israel Strings Ensemble dirigé par Doron Salomon. Anna Segal a composé une œuvre faisant un large pont entre sons immémoriaux venant de ce côté de la Méditerranée et inventions musicales à base de ruptures de rythmes et de musique atonale. L’Orient est l’univers où baigne ce concerto éminemment moderne mais refusant de tourner le dos au passé. Que l’on écoute les lignes orientales de harpe au milieu de concerto – en un seul mouvement – pour s’en rendre compte. Il y a aussi de la joie, de la vie et de l’allant dans l’opus de la compositrice israélienne, dont le tour de force de mettre le basson en vedette n’est pas le moindre de ses coups de force. 

    Chants revivifiés

    À côté du Concerto Judaica, l’auditeur découvrira des créations contemporaines plus courtes, s’inspirant elles aussi largement des traditions juives. La délicatesse et la sensualité de "Désir" sont évidents dans ce qui peut s’apparenter à un vrai chant d’amour mélodieux.

    Les neuf chansons qui suivent sont inspirées de la tradition biblique. Il s’agit d’une "Mosaïque biblique pour Basson et Harpe" comme l’annonce l’album. Au mystérieux "Samson et les Renards", vient répondre des lectures musicales des personnages de Jaël (Livre des Juges), Jonas ("Jonas et la baleine"), "Yudan le prêtre", Déborah (Livre des Juges), "Les Lions" (Daniel), sans oublier "L’Arche de Noé". Anna Segal. La composition de la musicienne fait la part belle aux inspirations et aux couleurs orientales ("Yudan le prêtre"). La modernité et même l’humour ("Jonas et la baleine") viennent se mettre au service de chants revivifiés.

    Ce n’est pas à proprement parlé du sacré dont il s’agit ici, en dépit des thèmes adoptés par la compositrice, mais bien de chants profanes multimillénaires inspirés de la Bible, et qu’Anna Segal, en se basant sur des thèmes hébraïques traditionnels, parvient à rendre modernes.

    Avec le chant consacré à l’Arche de Noé, Anna Segal prend le parti d’un titre court et à la facture contemporaine. Deux autres chants sont à signaler : "Les oiseaux" et "Amen pour toujours". Le premier est court d’un peu plus d’une minute, se joue d’une mélodie entêtante, avant de se terminer par quelques percussions. Le second se déploie avec mélancolie. La fin, douce et pleine d’espoir, se laisse deviner, appuyée par la harpe de Rachel Talitman et le basson de Mavroudes Troullos.

    Trois chansons viennent clôturer cet enregistrement passionnant et d’une grande volupté. Ce sont des airs folkloriques ("La caravane, "Le Pardon – Prière" et le délicat "Chanson d'amour yéménite") qu’Anna Segal revisite en réconciliant, de nouveau, traditions musicales ancestrales et inventions sonores contemporaines.

    Du très, très bel ouvrage.

    Anna Segal, Harp and Bassoon "On the Roof", Rachel Talitman (harpe) et Mavroudes Troullos (basson), Israel Strings Ensemble dirigé par Doron Salomon, Harpe & Co, 2023
    https://www.prestomusic.com/classical/products/9541289--harp-and-bassoon-on-the-roof-music-by-anna-segal
    https://annasegal.musicaneo.com

    Voir aussi : "Rui Lopes, le basson peut lui dire merci"

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  • Noga en lumière

    Un  très beau titre anglo-saxon vient éclairer – si l’on peut dire – LEV, le superbe album de la chanteuse suisse Noga : Songs That Light The Night, littéralement : "Chansons qui éclairent la nuit". Et il est vrai que la lumière illumine cet opus, à l’instar du premier morceau "Rakia". Après les premières mesures tourmentées et très contemporaines, Noga s’installe, tout en douceur, grâce à une pop-folk qui ne peut pas laisser l’auditeur insensible, d’autant plus que de morceau s’inspire d’un psaume hébraïque.   

    Née de parents émigrés d'Israël, l’artiste propose un retour à ses origines et à sa culture en puisant son inspiration dans des poèmes ancestraux, issus des Psaumes (Le Livre des Téhilim) donc, mais aussi dans des chants traditionnels, à l’instar de cet "Eli Ata" dont Noga propose une version  jazzy. Jazz encore avec le beau, mélancolique "Shir", mêlant instruments traditionnels et sons électro (une prière psalmodiée par une voix masculine), et dans lequel la chanteuse suisse se laisse aller à la méditation. 

    On est avec LEV dans un album se plaçant à la confluence de la pop-folk, du jazz de la musique traditionnelle, sans qu’aucun des genres ne soit trahi ni dénaturé. L’auditeur s’en rendra compte avec le très beau "Me-Ayin", qui peut s’écouter comme une séduisante et langoureuse ballade. 

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants. Que l’on pense au très beau "Shevet Hachayot", aux accents orientaux et au rythme envoûtant. La chanteuse en fait de très beaux joyeux musicaux, à l’exemple de "Lev", qui donne son titre à l’opus. De même, les textes multimillénaires semblent ne pas avoir pris une ride et parviennent à nos oreilles avec une nouvelle fraîcheur (l’étonnant et séduisant "Roi" se déployant avec volupté). Les collaborations des musiciens Patrick Bebey, Arnaud Laprêt aux percussions, Daniel de Morais (théorbe) ou Asher Varadi – ajoutons aussi Guillaume André, Sonja Morgenegg pour le vocal et Sohar Varadi au shofar – n’y sont bien entendu pas pour rien.

    Il faut abandonner l’impression que LEV serait un album sérieux et purement conceptuel. Il y a au contraire de la légèreté ("Honneni") mais aussi du modernisme indéniable, y compris dans les mises en musique de textes traditionnels ("Shalom Halechem"). Cela donne des titres singulièrement proches de nous ("Pitchu-Li"). 

    Saluons aussi le travail sur les voix de cet album. Il faut rappeler ici que Noga est aussi connue pour son association Catalyse qu’elle a fondée et qu’elle préside, avec à Genève un centre dédié à la voix. 

    On ne sera pas étonné que l’album de Noga se termine avec "hallelu",  comme un ultime hommage, salut et rappel à la réconciliation entre traditions, religions et création musicale. Et cette fois, c’est sur un rythme de gospel que la chanteuse suisse mâtine ce psaume. 

    Noga, LEV – Songs that light the night, Evidence Musique, 2023
    https://www.nogaspace.com
    https://www.facebook.com/Nogaofficiel
    https://www.instagram.com/nogaofficiel
    https://www.catalyse.ch

    Voir aussi : "Éternelle et musicale Norvège"

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  • Les aventuriers de l'Arche perdue

    Sous sa facture faussement naïf, la dernière bande dessinée de l’Israélienne Rutu Modan, Tunnels (éd. Actes Sud), a la qualité des œuvres riches, intelligentes et plus subversives qu’il n’y paraît.

    Israël est si façonné par son histoire que l’archéologie tient une place capitale, et c’est justement cette science qui est au cœur de l’aventure que nous conte Rutu Modan.

    Nilli Broshi, mère divorcée, élevant tant bien que mal son fils Doc’, est aussi la fille d’Israël Broshi. Le vieil homme est devenu sénile, après une carrière brillante comme archéologue et des fouilles ambitieuses, mais aussi une brouille avec son confrère Motké, devenu un chef de département important.  

    Lorsque Nilli découvre une vieille tablette chez un collectionneur, elle sait qu’elle est sur la piste de l’emplacement de l’Arche d’Alliance. Deux problèmes se posent : organiser et financer des fouilles au nez et à la barbe de Motké, afin de poursuivre l’œuvre du père de Nilli et le faire en territoires occupés. La jeune femme se lance dans l’aventure avec Doc’ – plus intéressé par les smartphones que par les vieilles pierres (ce qui aura une importance non négligeable) – mais aussi son frère, plus circonspect sur ce projet.

    Projet archéologique ahurissant

    Rutu Modan déroule sur près de 300 pages cette histoire de projet archéologique ahurissant, mêlant aventure digne d’Indiana Jones, récit géopolitique autour du conflit israélo-palestinien, réflexions sur le patrimoine religieux et historique juif et conflit familial autour de l’héritage intellectuel et spirituel d’un archéologue grabataire, dont on ne sait pas de quoi il est conscient.

    L’humour grinçant est omniprésent dans cette histoire fourmillant de circonvolutions et de rebondissements : la vente de la collection privée de Monsieur Abouloff sous la pression de sa femme, le conflit avec le fonctionnaire et directeur de département Motké Sarid, le recrutement cocasse des ouvriers chargés des fouilles, sans compter la manière dont l’armée est mise à contribution. Il faudra aussi compter avec des Arabes perturbant les fouilles et l’intrusion de terroristes de l’État islamique. Rien que ça !

    La dessinatrice s’inscrit graphiquement dans la tradition de la ligne claire, avec une Nilli héroïque comme le célèbre reporter belge à la houppette, mais non dénuée de malice, et sachant utiliser des coups tordus pour arriver à ses fins. Ou du moins essayer.  

    Rutu Modan, Tunnels, éd. Actes Sud, 2021, 288 p.
    https://www.actes-sud.fr/catalogue/bande-dessinee/tunnels
    https://sites.google.com/site/artsandidentity/graphic-arts/rutu-modan

    Voir aussi : "Le léger problème du chômage"

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  • Lignées d’oiseaux

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    Il est bien entendu important de parler de théâtre en cette période de crise sanitaire. Et si les scènes restent fermées et confinées, il reste heureusement le livre.

    L’un des meilleurs dramaturges contemporains, Wajdi Mouawad, est l’auteur de Tous des Oiseaux (éd. Babel), l’une de ses œuvres les plus marquantes. Découvrir son drame en texte garde sa puissance, même si évidemment rien ne vaut son adaptation sur scène. Il faut d’emblée préciser que Wajdi Mouawad avait prévu d’emblée que sa pièce soit jouée dans la langue de ses personnages – à savoir en allemand, en anglais, en arabe et en hébreu. Ce grand drame sur le thème du choc des cultures, des générations mais aussi des mémoires a été imaginé au début des années 2000, après les attentats du 11 septembre 2001.

    Tous des Oiseaux commence comme une histoire d’amour à la Roméo et Juliette : Eitan, l’étudiant juif, et Wahida, une jeune Palestinienne, se rencontrent dans une bibliothèque américaine et tombent amoureux. Tout se brise cependant lors d’un voyage au Moyen-Orient : un attentat terroriste palestinien entre Israël et la Jordanie blesse gravement Eitan. C’est dans une chambre d’hôpital que Wahida vient le veiller alors que le jeune homme se trouve entre la vie et la mort. La famille du blessé est prévenue et se dépêche sur les lieux. Les parents et les grands-parents d’Eitan, des juifs vivant en Berlin, rejoignent la jeune Arabe. Au pied du malade, les personnages parlent et s’affrontent autour de leur identité, de leur passé, de leur culture, de l’amour du jeune couple mais aussi des traumatismes et des secrets de famille.

    Pièce de l’universalité à plus d’un titre

    Wajdi Mouawad a diviser son drame en quatre actes – "Oiseau de beauté", "Oiseau du hasard", "Oiseau de malheur" et "Oiseau amphibie". Des oiseaux qui sont aussi dans le titre de la pièce. Ces oiseaux perdus sont ces personnages déracinés et meurtris par leur passé – ici, la Shoah ; là, les guerres israélo-palestiniennes – qu’Etgar, le grand-père, énonce ainsi : "J’étais le dernier d’une lignée d’oiseaux sans port, sans branche, sans rien, moi le petit survivant." L’apparition à la fin de la pièce de Wazzân, personnage historique apparaissant tel un fantôme, déclame un conte animalier dans lequel un oiseau se fait amphibie pour se fondre parmi les poissons, ces étrangers ("Je suis l’un des vôtres").

    Pièce de l’universalité à plus d’un titre, Tous des Oiseaux entend dépasser l’idée de séparation entre cultures. Wajdi Mouawad a fait le choix de ne pas rester sur cette histoire d’amour entre un Juif et une Arabe, mais d’invoquer les liens familiaux, les aïeux mais aussi les passés. Dans la postface, Sylvain Diaz insiste sur l’importance du dialogue pour "être à l’écoute de ce [que l’ennemi] éprouve… Il ne s’agit pas d’aller contre lui mais d’« aller vers »." En faisant en sorte que chacun des personnages fasse une route douloureuse vers sa propre identité, à travers une tragédie se fragmentant en scènes mêlant des lieux et des scènes différentes, Wajdi Mouawad compose une œuvre symphonique de chair et de sang. Cruelle et formidablement humaine.

    Wajdi Mouawad, Tous des Oiseaux, drame en quatre actes
    Postface de Sylvain Diaz, 2018, éd. Babel, 179 p.
    http://www.wajdimouawad.fr
    https://www.colline.fr/spectacles/tous-des-oiseaux

    Voir aussi : "Dieu, quels humains !"

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  • Sacré Messie

    De nombreuses critiques ont réagi à la sortie sur Netflix, en début d’année, de la série Messiah : cette histoire d’un homme venu de nulle part, incarnation pour certain d’un prophète extraordinaire, un Jésus du XXIe siècle, ne pouvait que susciter fascination, intérêt ou encore sarcasme.

    En imaginant une intrigue eschatologique à notre époque, le showrunner Michael Petroni entend assumer jusqu’au bout son parti-pris de proposer une série mêlant le sacré, les conflits géopolitiques, des réflexions sur les crises actuelles, sans oublier des histoires particulières : le sombre agent israélien Aviram Dahan (Tomer Sisley), l’officier de la CIA Eva Geller (Michelle Monaghan), le jeune Arabe Jibril Medina (Sayyid El Alami) et bien entendu ce mystérieux Al-Massih (Mehdi Dehbi).

    Messiah s’avère bien plus passionnant que ne le laisserait deviner sur le papier ce récit très new age qui ne lésine ni sur les symboles parfois très appuyés (l’arrivé du prophète à Washington notamment), ni sur les discours religieux s’inspirant largement des textes sacrés, ni sur des destins bouleversés par une apparition qui dépasse tout le monde (l’adolescente Rebecca et son pasteur de père ou encore le jeune Samir).

    Un récit très new age

    La série proposée par Netflix a nécessité de très importants moyens, comme le prouvent les scènes à Jérusalem ou dans la capitale américaine. Le spectateur est entraîné aux quatre coins du monde et suit des personnages fascinés, aimantés ou révulsés par ce nouveau messie apportant en réalité plus la guerre que la concorde.

    Personnage insaisissable et incompréhensible, Al-Massih est tour à tour qualifié de héros arabe, de magicien, de personnage divin ou d’escroc. Qui est ce messie ? La question est au centre de la série, et plus la saison avance, plus l’incertitude s’épaissit, semant chaos mais aussi conflits.

    La saison 1 s’achève par un accident qui rend le personnage de cette réincarnation christique encore plus fascinante, qui promet une sacrée saison 2 !

    BC

    Messiah, série dramatique de Michael Petroni
    Avec Mehdi Dehbi, Tomer Sisley, Michelle Monaghan,
    John Ortiz et Melinda Page Hamilton,
    Saison 1, 10 épisodes, États-Unis, Netflix, 2020

    https://www.netflix.com

    Voir ausi : "Un deo gratias pour deux papes"

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  • Au pays de Maya

    Maya-Isacowitz_2821.jpgMaya Isacowitz nous vient d'Israël et c'est en France qu'elle vient se produire ce samedi 27 février à La Loge, pour un concert exceptionnel, "First Show in Paris!", à l'occasion de la sortie de son  album "All Of The Miles". Elle partagera la scène le duo pop'n folk Comme John.

    Les influences de Maya Isacowitz sont à chercher chez Bob Dylan, Joni Mitchell, Bruce Springsteen, Bonnie Raitt, Van Morrison, The Nevil Brothers, Chuck Berry ou BB King. L'influence africaine est également revendiquée par l'artiste pop et folk.

    Les qualités de Maya Isacowitz sont incontestables : talent de mélodiste certain, voix aérienne et chaleureuse, univers poétique. A l'écoute des titres de Maya, il est difficile de ne pas entrer dans son pays. 

    Maya Maya Isacowitz sera à découvrir en France à cette date unique, avant la sortie européenne de son album "All Of The Miles".

    Maya Isacowitz + Comme John, La Loge, Paris, 27 février 2016
    Maya Maya Isacowitz, "All Of The Miles"
    http://www.mayaisacowitz.com