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musique traditionnel

  • Chaude et envoûtante Méditerranée

    Il souffle un parfum de Méditerranée dans ce superbe album de l’Ensemble Myrtho. Avec Au Gré d’Eros nous voilà embarqué dans un périple à la fois géographique et temporel. Géographique parce que le groupe nous convie dans le bassin méditerranéen, que ce soit la Grèce, la Macédoine (Me Minise), la Corse et la France continentale ; temporel car les chants proposés ici sont issus de traditions multimillénaires.

    L’ensemble est formé par Pierre Blanchut (au santour, un instrument d’origine iranienne appartenant à la famille des cithares sur table), Laetitia Marcangeli (au chant et à la vielle à roue), Raphaël Sibertin-Blanc (aux violon, alto et kemençe d’Istanbul, un instrument à cordes frottées utilisé dans la musique classique turque jusqu'à la fin du XVIIIe siècle) et Timothée Tchang Tien Ling (aux percussions méditerranéennes).

    Laetitia Marcangeli ne chante pas Sapho, la poétesse du VIIe siècle avant notre ère ; elle est Sapho dans ce poétique, dépouillé et poignant Hymne à Aphrodite : "Viens à moi maintenant encore, et délivre-moi de ma douloureuse anxiété". Sapho revient plus loin dans l’album avec un fragment dans lequel la poétesse grecque se lamente sur un amour cruel : "L’amour a ébranlé mon cœur, comme le vent, dans les montagnes, s’abat sur les chênes" (Yo m'enamori d'un aire). Là encore, la chanteuse et musicienne Laetitia Marcangeli s’approprie l’âme de la femme de lettres antique. 

    Puisqu’il s’agit d’un opus placé sous le signe d’Éros, l’amour est omniprésent

    Puisqu’il s’agit d’un opus placé sous le signe d’Éros, l’amour est omniprésent. Il y a cette déclaration venue de Chypre, Paphitissa : "Ô ma douce colombe, quand ton vol s’incline sur le coteau, dis-moi où tu prends ton eau…" Pour cet autre chant amoureux qu’est Laledakia, L’Ensemble Myrtho emprunte le titre à un poème de Gérard de Nerval : "Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse, / Au Pausilippe altier, de mille feux brillant, / A ton front inondé des clartés d’Orient, / Aux raisins noirs mêlés avec l’or de ta tresse / C’est dans ta coupe aussi que j’avais bu l’ivresse, / Et dans l’éclair furtif de ton œil souriant, / Quand aux pieds d’Iacchus on me voyait priant, / Car la Muse m’a fait l’un des fils de la Grèce".

    L’opus, aussi singulier soit-il, séduit à, tout point de vue. Généreux, brillant et attachant, l’Ensemble Myrtho bâtit de passionnantes passerelles entre des cultures liées par la Mer Méditerranée. Avre tu purta, une délicieuse invite pour que la belle ouvre sa porte à l’amoureux, nous vient de la culture séfarade. Culture séfarade encore avec le traditionnel chant Yo m’enamori de un aire ou encore avec l’envoûtant, romantique et oriental Una matica de ruda, un air traditionnel venu de Rhodes dans lequel une jeune fille avoue à sa mère qu’un garçon lui a offert un bouquet de fleurs. Ces deux morceaux précèdent une chanson traditionnelle française écrit par Clément Marot (La belle endormie). On retrouve un autre air traditionnel français, du Quercy, avec la sérénade Rossignolet du bois, charmante adresse adressée à un oiseau afin qu'il enseigne la manière d’aimer.      

    La Corse n’est pas oubliée avec deux airs traditionnels corses : Lisa Bedda, qui pleure le départ pour Bonifacio d’une femme encore aimée et U pinu tunisianu, une singulière chanson sur une lettre entre deux cousins dont l’un, exilé en Tunisie, regrette d’avoir été rejeté par une femme. Incroyable découverte que ce chant qui rend hommage à l’une des plus importantes cultures vivantes en Méditerranée et dont on peut goûter avec délice le rythme comme la densité.  

    Une jolie découverte que cet album, idéal en ce début d'été.

    Ensemble Myrtho, Au Gré d'Eros, Concertons ! / L'Autre Distribution, 2025
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100070835440216
    https://bfan.link/au-gre-d-eros

    Voir aussi : "Voyage vers les Corées"

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  • Noga en lumière

    Un  très beau titre anglo-saxon vient éclairer – si l’on peut dire – LEV, le superbe album de la chanteuse suisse Noga : Songs That Light The Night, littéralement : "Chansons qui éclairent la nuit". Et il est vrai que la lumière illumine cet opus, à l’instar du premier morceau "Rakia". Après les premières mesures tourmentées et très contemporaines, Noga s’installe, tout en douceur, grâce à une pop-folk qui ne peut pas laisser l’auditeur insensible, d’autant plus que de morceau s’inspire d’un psaume hébraïque.   

    Née de parents émigrés d'Israël, l’artiste propose un retour à ses origines et à sa culture en puisant son inspiration dans des poèmes ancestraux, issus des Psaumes (Le Livre des Téhilim) donc, mais aussi dans des chants traditionnels, à l’instar de cet "Eli Ata" dont Noga propose une version  jazzy. Jazz encore avec le beau, mélancolique "Shir", mêlant instruments traditionnels et sons électro (une prière psalmodiée par une voix masculine), et dans lequel la chanteuse suisse se laisse aller à la méditation. 

    On est avec LEV dans un album se plaçant à la confluence de la pop-folk, du jazz de la musique traditionnelle, sans qu’aucun des genres ne soit trahi ni dénaturé. L’auditeur s’en rendra compte avec le très beau "Me-Ayin", qui peut s’écouter comme une séduisante et langoureuse ballade. 

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants. Que l’on pense au très beau "Shevet Hachayot", aux accents orientaux et au rythme envoûtant. La chanteuse en fait de très beaux joyeux musicaux, à l’exemple de "Lev", qui donne son titre à l’opus. De même, les textes multimillénaires semblent ne pas avoir pris une ride et parviennent à nos oreilles avec une nouvelle fraîcheur (l’étonnant et séduisant "Roi" se déployant avec volupté). Les collaborations des musiciens Patrick Bebey, Arnaud Laprêt aux percussions, Daniel de Morais (théorbe) ou Asher Varadi – ajoutons aussi Guillaume André, Sonja Morgenegg pour le vocal et Sohar Varadi au shofar – n’y sont bien entendu pas pour rien.

    Il faut abandonner l’impression que LEV serait un album sérieux et purement conceptuel. Il y a au contraire de la légèreté ("Honneni") mais aussi du modernisme indéniable, y compris dans les mises en musique de textes traditionnels ("Shalom Halechem"). Cela donne des titres singulièrement proches de nous ("Pitchu-Li"). 

    Saluons aussi le travail sur les voix de cet album. Il faut rappeler ici que Noga est aussi connue pour son association Catalyse qu’elle a fondée et qu’elle préside, avec à Genève un centre dédié à la voix. 

    On ne sera pas étonné que l’album de Noga se termine avec "hallelu",  comme un ultime hommage, salut et rappel à la réconciliation entre traditions, religions et création musicale. Et cette fois, c’est sur un rythme de gospel que la chanteuse suisse mâtine ce psaume. 

    Noga, LEV – Songs that light the night, Evidence Musique, 2023
    https://www.nogaspace.com
    https://www.facebook.com/Nogaofficiel
    https://www.instagram.com/nogaofficiel
    https://www.catalyse.ch

    Voir aussi : "Éternelle et musicale Norvège"

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