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Everything Everywhere All At Once, succès surprise de 2022 et grand vainqueur des Oscars cette année, vaut sans doute bien plus encore. La comédie familiale et SF de Daniel Kwan et Daniel Scheinert a eu le mérite de secouer les spectateurs. C’est l’occasion rêvée en ce moment de voir ou revoir ce film incroyable, puisqu’il est disponible sur Canal+.
Commençons par brosser l’intrigue d’une histoire qui nous mène vraiment très, très loin.
Evelyn Wang (géniale Michelle Yeoh !) s’occupe avec son mari Waymond ( Ke Huy Quan) d’une laverie automatique, en aussi mauvaise posture que sa vie privée et familiale. Complètement dépassée, Evelyn doit gérer une inspectrice des impôts coriace, une fille insupportable en pleine crise d’identité (Stephanie Hsu), un vieux père handicapé qui vient d’arriver de Hong Kong et un mari (trop) gentil tentant d’arrondir les angles comme il le peut. Par-dessus le marché, un divorce pend au nez de la pauvre Evelyn.
Lors d’un rendez-vous des plus délicats avec l’administration qui menace de saisir les biens, Evelyn se trouve propulsée dans le multivers. Elle se nomme Aklpha Evelyn et doit combattre Jobu Tupaki et sa troupe armée d'Alpha Gong Gong - qui a le visage de sa fille.
EEAAO ringardise sérieusement le Docteur Strange et ses camarades d’Avengers
Michelle Yeoh s’est imposée dans le cinéma grâce à des films d’action et de kung-fu (Tigre et Dragon, Demain ne meurt jamais). Visiblement, l’actrice sexagénaire (sic) a gardé quelques beaux restes, tant Everything Everywhere All At Once ("EEAAO" pour la faire courte) est riche de scènes de combat, chorégraphiées avec talent.
Le film des "deux Daniel" peut être vu comme un hommage au cinéma et à tous les cinémas. Le spectateur curieux trouvera sans problème des références aux films de kung-fu. Mais pas que : citons 2001 : L’Odysée de l’espace, Matrix, le moins connu Paprika de Satoshi Kon, les comédies musicales américaines des années 50, sans compter ces centaines de clins d’œil, le moindre n’étant pas celui en référence aux films Marvel et aux récits des metaverses.
Le multivers est en effet au cœur de ce film intimiste. Le moins que l’on puisse dire est qu’EEAAO ringardise sérieusement le Docteur Strange et ses camarades d’Avengers, et tout cela avec un budget tout autre, un sens certain du récit, un humour incroyable et des scènes bouleversantes.
EEAAO est un énorme coup de poing qui transforme un film, qui aurait pu être un grand foutraque et un clip sans queue ni tête, en portrait d’une femme submergée et perdant pied. Il y est question d’identité, de l’art de vivre ensemble, de se retrouver et de faire de la famille une grande aventure humaine.
Avec EEAAO, Michelle Yeoh a trouvé sans doute là la rôle de sa vie. Et le spectateur n’est pas prêt d’oublier Jamie Lee Curtis, méconnaissable et exceptionnelle, elle aussi.
Fiction historique, drame psychologique ou récit fantastique ? Le moins que l’on puisse dire c’est que la série 1899 proposé par Netflix embrouille à souhait les spectateur tout au long de ses huit épisodes. Le suspense, les chausse-trappes et les pièges ne manquent pas. C’est d’ailleurs à l’image de ces passages secrets dissimulés dans les différentes parties du Kerberos.
Ce bateau doit relier l’Europe et New-York, emportant avec lui plusieurs centaines de passagers, de toutes origines et de toute culture. Nous sommes à l’orée du XXe siècle. Dans le bâtiment, aussi gigantesque qu’inquiétant, il y a ce couple français mal assorti, mal heureux, avec un mari cocaïnomane, une jeune Japonaise et son inquiétante servante ou encore deux frères espagnols dont l’un est prêtre. Il y a aussi une jeune femme, Maura Franklin, à la recherche de son frère qui était sur le navire jumeau du Kerberos, le Prometheus, mystérieusement disparu. C’est sans compter non plus sur les nombreux passagers de la troisième classe et sur les membres de l’équipage, dont le Capitaine Eyk Larsen.
Pendant le long voyage, un message de détresse du Prometheus est reçu. Le cauchemar peut commencer.
Un univers steampunk
Jantje Friese et Baran bo Odar, les créateurs de la série Dark, ont su ménager leurs effets pour cette série, prenant un malin plaisir à multiplier les personnages, les intrigues, les indices et les détails parfois les plus insolites : des trappes indiquées par des logos kabbalistiques, une petite pyramide, deux passagers clandestins dont un enfant, des machineries étranges nous renvoyant dans un univers à la Jules Verne. Après tout, nous sommes en 1899 et l’auteur des Voyages fantastiques est encore bien frais dans les mémoires.
Cet univers steam-punk est servi par d’incroyables décors et un casting cosmopolite où les acteurs jouent dans leur propre langue. Les effets visuels désarçonnent et servent un récit sans cesse entre le drame intime, la folie, le rêve et le fantastique.
Le spectateur doit attendre les dernières minutes du dernier épisode pour avoir le fin mot de cette étrange histoire. Rien que pour cela, cela aura valu le coup de s’accrocher.
1899, série dramatique germano-allemande de Jantje Friese et Baran bo Odar, avec Emily Beecham, Aneurin Barnard, Andreas Pietschmann, Miguel Bernardeau, Maciej Musiał, Anton Lesser, Yann Gael, Mathilde Ollivier, José Pimentão, Isabella Wei, Gabby Wong et Jonas Bloquet, Netflix, 2022, 8 épisodes https://www.netflix.com/fr/title/80214497
Ce roman passionnant traite sous forme d’une fausse autobiographie les premières saisons en tant que manager de Brian Clough, ancien joueur de football international à la carrière prématurément interrompue pour cause de blessure.
Ambitieux, pugnace, colérique mais aussi idéaliste et amoureux du beau jeu, Brian Clough, grâce à son ami Peter Taylor, prend en main un club de seconde zone, Derby County, pour l’amener jusqu’au sommet de la première ligue puis en demi-finale de la Coupe d'Europe. Il fait un peu plus tard le choix de manager le club de Leeds : mais rien ne se passe comme prévu…
L’auteur a fait le choix dans ce roman très documenté de faire un récit croisé de ces deux expériences. Ce choix est un peu décontenançant au début mais on se laisse vite porté par le rythme et par la voix de ce grand homme du sport, peu connu en France et disparu en 2004 après avoir gagné la coupe d'Europe avec Nottingham Forest par deux fois en 1979 et en 1980.
Un très grand livre sur le sport. Pour en savoir plus sur Brian Clough, cliquez ici.
Auren, de retour avec un nouvel album, Il s’est passé quelque chose. Elle propose une chanson française hyper pop, à la fois urbaine et électro, à l’instar du titre "Au bord de la nuit", moins noctambule que le récit d’une insomnie remplie d’"idées noires". Ah, qui n’a pas ressassé et refait son film : "Si j’avais su, j’aurais dû, j’aurais pu… et le réveil qui n’avance pas" !
Auren se dévoile dans ce nouvel opus, avec un mélange d’authenticité et de sophistication dans la facture. Citons "Davantage", une déclaration d’amour faite d’attente, d’envies, de désirs ("Je te veux davantage / Débordant et sauvage"), avec l’insatisfaction au bout du compte : "Et personne à ma porte / Que le diable m’emporte".
"Je m’enfonce" peut s’écouter comme une confession dans lequel Auren assume non sans humour grinçant son esprit cash, mais sans doute est-ce pour mieux se dissimuler : "J’altère et je déguise mes sentiments / En réponse on ne sait pas qui je suis… "Ma bouche est un crime presque parfait… J’avoue, j’avoue je m’en fous".
La pop d’Auren balance entre son des eighties, slam, électro bricolée et vraie ambition musicale
Dans Il s’est passé quelque chose, on a plaisir à retrouver Jeanne Cherhal, dans un duo complice, revivifiant et non sans sensualité. C’est le morceau "Vivante" : "Vois-tu comme je suis vivante / Vois-tu comme j’ai faim en moi / As-tu peur de ça dis-moi". Auren avait envie d'écrire une chanson qui considère vraiment la femme comme celle qui se connaît, qui aime, qui ressent, qui a faim… Et ce fut une évidence pour elle d’inviter Jeanne Cherhal (précurseuse en la matière) à partager ce titre.
À l’instar du morceau "Il s’est passé quelque chose", la pop d’Auren balance entre son des eighties, slam, électro bricolée et vraie ambition musicale. "Il s’est passé quelque chose" répète l’artiste dans l’un des titres les plus intéressants de l’album : engagement, féminisme, coups de colère.
L’opus d’Auren peut se lire évidemment comme le portrait d’une femme avec ses espoirs, et ses désirs et toutes ses fragilités (le poétique et lumineux "Avec des si"). Elle ne cache pas plus ses douleurs, ses regrets et ses appels (le sophistiqué "J’ai eu mon heure"). L’influence musicale des années 90 est évident à l’écoute de l’intime et amoureux "J’te laisse aller".
"Monde fini", qui vient clore l’album, séduit par son choix d’une facture pop-folk enrichie de sons électroniques et de variations vocales. L’auditeur, attentif, saluera, ici comme ailleurs, la qualité d’écriture du texte ("J’ai trouvé la liberté avec les mots", confie-t-elle d’ailleurs). Oui, vraiment, il se passe quelque chose avec Auren.
Auren sera en concert à la Boule Noire à Paris le 27 mars 2023 et en tournée.
Le Centre d’art contemporain des Tanneries, à Amilly, invite le Café philosophique de Montargis pour une séance entre ses murs. Cette séance aura lieu le vendredi 24 mars 2023 à 18H30. Le débat autour de cette question : "Qu'est-ce ce que nos rêves nous révèlent de nous-même ?" Cette séance entrera dans le cadre de l'exposition "Quart de nuit" de Méris Angioletti, que les Tanneries proposent du 4 février au 16 avril 2023.
Au sujet de son travail présenté à Amilly, l’artiste dit ceci : "La nuit devient un lieu privilégié de communication". Voilà une phrase singulière au sujet de laquelle la philosophie peut trouver matière à débat autour du rêve.
Dès l’Antiquité, le rêve a été considéré comme un moyen de divination et pouvait même servir de remède. Ce n’est qu’au XXe siècle, avec Sigmund Freud, que le rêve est devenu un concept scientifique, psychologique – et psychanalytique – à part entière. Le rêve, étrange et fascinant médium, peut vite nous sembler obscur. Les participants du café philo seront invités à débattre sur l’utilité des rêves. Que disent-ils de nous ? Peuvent-ils nous révéler plus encore que notre conscient ? Plus généralement, pourquoi rêvons-nous ? Les rêves permettent-ils d'appréhender le réel ? L’artiste Méris Angioletti dit que "Les œuvres [peuvent devenir] des expériences, des exercices pour apprendre à voir dans le noir". Le rêve permet-il lui aussi de voir dans le noir ?
Voilà quelques questions qui pourront être débattues au cours de cette séance dans l’exceptionnel écrin des Tanneries. La séance débutera par une visite de l’exposition "Quart de nuit" de Méris Angioletti.
Rendez-vous donc aux Tanneries d’Amilly pour cette séance spéciale du café philosophique de Montargis, le vendredi 24 mars 2023 à 18 heures 30. Retenez bien le lieu et l’horaire spéciaux !
Raúlo Cáceres et Erich Hartmann : deux auteurs sulfureux et deux univers. Le premier, tout droit venu de Cordoue, met en scène dans des planches en noir et blanc des récits mêlant sexe, tortures et sadisme. Le second, venu des Îles Canaries, privilégie la couleur, bien que la violence ne soit pas absente non plus. Grâce à une facture plus classique, Erich Hartmann fait des femmes des héroïnes fatales, séductrices, courageuses, dans des "scènes érotiques moins forcées", avec un humour omniprésent : "J’utilise énormément de jeux de mots et de double sens", confesse l’auteur au visage d’ange.
Barbarement Vôtre, un art book de bonne facture, permet d’entrer dans l’univers de ces "orgies barbares", un cycle de BD mêlant heroïc-fantasy, récits médiévaux et sexe. Erich Hartmann fait de ses figures féminines des personnages forts, adorés par un fan-club fidèle et complice : "Nombre [de ces personnages] ont fini par avoir suffisamment d’importance pour générer leurs propres histoires". Pour les connaisseurs et les connaisseuses, il faut citer les mercenaires Shaya et Laïs – parfois surprises dans leurs étreintes – ou encore Yevlyn, Zoïa et Hsu, semblant toutes droit sorties d’un jeu de rôle – pour adultes.
Erich Hartmann fait de ses figures féminines des personnages forts, adorés par un fan-club fidèle et complice
L’album est riche de reproductions – si j’ose dire – aussi sulfureuses les unes que les autres. Le fantastique est présent ("Yasmine dans une scène très « Shokushu »" ou des elfes dans des scènes lesbiennes).
Outre des précisions sur la manière dont le dessinateur espagnol élabore ses couvertures, Erich Hartmann consacre tout un chapitre à la manière dont il travaille et comment sa technique a évolué au cours des années.
Quelques planches inédites complètent l’art book et, parmi elles, plusieurs magnifiques dessins au crayon en noir et blanc. Nous parlions du choix du noir et blanc de Raúlo Cáceres. Il faut reconnaître que, même s’il s’en défend, Erich Hartmann n’a pas à rougir de ces somptueuses et érotiques scènes au réalisme confondant. Et l’on se prend à rêver que l’artiste finisse par proposer une BD entière faite de crayonnés. Pari lancé ?
On imagine aisément que Brad Pitt a dû bien se marrer à tournerBullet Train avec ses petits camarades, dont l’excellent Aaron Taylor-Johnson (le futur 007 ?) et l’étonnante Joey King (The Kissing Booth, The Act). Sans oublier les singulières apparitions de Sandra Bullock.
Le film d’action de David Leitch se déroule au Japon et quasi exclusivement dans un train rapide où se retrouvent des tueurs à gage et des mafieux de tout genre. Les règlements de compte peuvent commencer, entre le professionnel poissard ("La coccinelle", Brad Pitt, donc), l’adolescente revancharde ("Prince"), les deux faux jumeaux ("Citron" et "Mandarine") et un malfrat japonais parti venger son fils laissé pour mort.
Le choix d’un huis clos à l’intérieur d’un bolide circulant à trois cents kilomètres à l’heure peut aussi être vu comme une métaphore
Qu’importe l’intrigue, tarabiscotée pour ne pas dire indigente, avouons le : en réalité, Bullet Train repose avant tout sur le jeu de massacre promis entre ces tristes sires, souvent très drôle au demeurant. Brad Pitt, évidemment, est impeccable en "Monsieur malchanceux" et le couple "d’agrumes", largement inspiré de cet autre duo dans Pulp Fiction. L’inspiration de Quentin Tarantino est d’ailleurs évidente dans cette manière de chorégraphier les combats sanglants comme dans l’humour noir omniprésent.
Ça se tue, ça se canarde et ça se poignarde tout au long du trajet du Bullet Train. Le choix du huis clos à l’intérieur d’un bolide circulant à trois cents kilomètres à l’heure peut aussi être vu comme une métaphore : rien ne saurait arrêter la vengeance et la violence de ces mafiosos, aussi dangereux et stupides que bavards.
Pour adeptes d’humour noir et de scènes d’action chorégraphiées avec un talent certain.