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Et si, en pleine pandémie, nous avions besoin d’extérioriser notre énergie ? C’est le propos du photographe Christophe Keip qui a proposé à 521 personnes de faire tomber le masque pour "Hurler à la vie".
Entre janvier et mars 2021, au début de la crise sanitaire et du Grand Confinement, des centaines de personnes sont venues crier devant l’objectif de Christophe Keip leurs colères, leurs frustrations ou leur désespoir. Mais il y a aussi et surtout ces expressions de désir de vivre ou de partager une joie.
Des portes ouvertes aux émotions
Si pour chacun, il s’agit d’une expérience libératrice qui répond aux besoins d’une situation conjoncturelle, cette expérience est pour beaucoup un acte révélateur, une prise de conscience, un pas insoupçonné vers l’écoute de soi. Autant de portes ouvertes aux émotions.
Le travail de Christophe Keip pose une autre question : cette crise sanitaire et les chamboulements émotionnels qu’elle nous a fait traverser, ne nous aurait-elle pas aussi conduit vers une métamorphose ? Vers un autre nous, resté en silence, que nous pourrions découvrir ?
A partir du 25 juin et jusqu’au 11 septembre, les 521 témoignages photographiques seront exposés à la Galerie Zola d’Aix en Provence.
Retour aux sources pour MØSI – si tant est que le duo originaire de Quimper les ait jamais perdues. Pour leur dernier album Noble dans la défaite, sorti en mai dernier, et après plusieurs années au Québec, c’est en Bretagne que MØSI a fui et posé ses bagages et ses guitares pour un opus très rock. Les frères Marien et Melen Joly signent là un album âpre, musclé mais aussi engagé.
Car l’engagement, MØSI n’en manque pas, à l'exemple de "Sol Main", un titre mystérieux qui cache en réalité un hommage aux millions de victimes de l’esclavagisme : "La traite, le code et les réserves / La canne à sucre, les coups de fouet / Je ne veux pas oublier".
Engagement encore en faveur de la planète et de l’environnement dans le morceau "Le bourdon malade" où le duo breton se montre à la fois féroce et désillusionné : "Nous vivons une époque formidable / Je ne vous fais pas un dessin… / À chaque siècle son cycle noir, noir comme la peste / Noir comme la suie, noir comme le carbone que l'on rejette".
"À nos plumes d'infinies lignes de fuite / Il faudra continuer à faire face"
Dans cet album rock noisy aux influences lo-fi ne manquent ni les riffs de guitares ni les effets larsen, donnant à l’opus une facture brute à l’image du séduisant "Alaska" ou de l’étonnant et imparable "Sous la pluie Les Deux Sèvres".
L’album faussement aride et cinglant de MØSI cache en réalité derrière son rock implacable une poésie inspirée et désespérée ("La défaite s’annonce / Mais j’y jette tout mon corps / Il n’y a guère que le temps qui soit compté / Et pour tromper le temps / Comme le font les éléphants / J’ai inventé un sort / Pour dénuder l’aurore / Quand la nuit s’évapore / Je prends la part des anges", "La part des anges"), lorsqu’elle ne se fait pas mélancolique lorsque le duo parle de son pays dans son dernier single, "Octobre" : "Mon pays ce n'est pas un pays, c'est la pluie / C'est la terre qui nous nourrit / C'est les nuits à l'eau de vie / Pour foutre la paix au ruisseau".
Nobles dans la défaite, les frères Joly le sont sans doute, mais ils entendent aussi ne perdre ni leur âme ni leurs combats ni leurs origines : "Nous guettions mille après mille / L'horizon et son encre de sel / À nos plumes d'infinies lignes de fuite / Il faudra continuer à faire face."
Deux Sœurs (éd. Gallimard), le David Foenkinos cuvée 2019, surprendra moins pour sa noirceur que pour son choix du drame familial se transformant en thriller psychologique implacable. On serait tenté de trouver dans ce livre des similitudes avec plusieurs romans de Tatiana de Rosnay (Le Voisin, Spirales).
Comme souvent chez l’auteur français, l’histoire se déroule dans un environnement des plus ordinaires. Monsieur et madame tout le monde devenant les héros d’une histoire hors du commun.
La protagoniste principale ne déroge pas à la règle. Elle s’appelle Mathilde, travaille comme professeure de français dans un gros lycée et vit avec Étienne depuis plusieurs années. Une vie de couple sans ombre, avec la certitude pour celle-ci qu’elle vit une relation fusionnelle solide.
Grave erreur car au moment où le récit commence, Étienne apprend à Mathilde qu’il se sépare d’elle. Elle apprend un peu plus tard qu’il a renoué avec une ex revenue d’Australie après un mariage raté.
Voilà donc la jeune professeure de français, admiratrice de Flaubert et en particulier – ce n’est pas un hasard – de L’Éducation sentimentale, obligée de gérer une vie seule. Travail, logement, relations sociales et sentimentales : tout semble partir à vau-l’eau. Lorsque Étienne lui apprend qu’il souhaite prendre possession de leur appartement avec sa nouvelle amie, voilà Mathilde obligée de déménager. Généreusement, sa sœur Agathe lui propose de l’héberger quelques temps chez elle. Et c’est là que tout se grippe.
Une lente descente aux enfers
David Foenkinos décrit patiemment le portrait d’une jeune femme qui voit du jour au lendemain le ciel lui tomber sur la tête. La première partie de Deux Sœurs est une lente descente aux enfers de plus de cent pages. David Foenkinos aime son héroïne en dépit de ses failles et met en scène plusieurs personnages secondaires comme s’il souhaitait mettre sur son passage des bonnes âmes – le proviseur de Mathilde, une voisine psychanalyste ou un psychologue – capables de l’aider, ou du moins de lui maintenir la tête hors de l’eau.
Une seule personne va l’aider : sa sœur, Agathe. Mariée et mère d’une jeune enfant. Entre les deux sœurs, pèse un lourd secret de famille. Sauf que les mois passées dans la sphère privée d'Agathe et de son mari Hugo deviennent au fil des jours de plus en plus lourds et pénibles. Entre Mathilde et sa sœur, les relations deviennent très cite compliquées.
On ressort de ce roman de David Foenkinos secoué par cette histoire d’une relation familiale vénéneuse à force de non-dits. Derrière l’écriture simple et subtile de l’auteur, il y a une noirceur indicible qui semble murmurer à l’oreille du lecteur : "Il n’y avait aucun espoir à attendre".
Ola Kvernberg : ce nom ne vous dit peut-être rien. Et pourtant, le musicien norvégien avait sorti il y a quatre ans Steamdome, un album alliant jazz progressif et électronique devenu l'un des vinyles les plus vendus en Norvège en 2017, en plus d’être unanimement salué par la critique internationale.
Une suite ? Pas vraiment. Car ici, la palette jazz du compositeur et violoniste s’enrichit avec des incursions bien au-delà de l’électro. Prenez "Arpy" par exemple. Les pistes sont brouillées pour ce premier morceau de 9 minutes 32 commençant comme un cantique religieux dans des sons d’harmonium avant de s’émanciper vers des univers parallèles, du côté de l’électronique période Kraftwerk.
Pour son nouvel album, Ola Kvernberg s’est entouré des meilleurs musiciens de la scène jazz et pop de Norvège. Sans délaisser complètement son instrument fétiche, le musicien a remplacé son violon par une boîte à rythmes et un synthétiseur basse. Parmi ses compagnons, le bassiste Nikolai Hængsle (Band of Ogold, Bigbang, Møster) prend la guitare et Daniel Buner Formo (Trondheim Jazzorchester, Kobert) délaisse son orgue Hammond pour enflammer le paysage sonore avec des machines faites maison.
Des compositions rythmées et à forte densité
Steamdome c'est aussi le batteur percussionniste Erik Nylander (Monoswezi, Liarbird, Mechanical Fair), le batteur Olaf Olsen (Bigband, Fra Det Onde) et le percussionniste Martin Windstad (Kurt Nilsen, Todd Terje).
Ola Kvernberg se surpasse dans des compositions rythmées et à forte densité. Le musicien norvégien cache bien son jeu (le court "Vault") et sait alterner à merveille jazz, pop-rock, électro, contemporain ou musique électronique, à l’instar de "Get Down" formidable maestria de sons de plus de 10 minutes dans un morceau ouvragé aux petits oignons.
Pour "Carbonado", Ola Kvernberg redevient violoniste – électronique – et fait de son instrument le véritable héros d’un morceau d’électro-pop scintillant. Tout aussi complexe, le jazzy "Hypogean" est entièrement rhabillé par l’électro inventive et rythmée du musicien norvégien.
Voilà qui fait une transition impeccable avec le morceau suivant, "Devil Worm" à la rythmique rap. Un son très actuel qui, au fur et à mesure, s’aventure sur des terres peu familières, comme enflammées, pour devenir fun, sinon funk.
L’auditeur devra absolument s’arrêter sur le magnifique "Diamondiferous", époustouflant morceau virtuose au violon, porté par des vagues romantiques et comme d’un autre monde. Celui d’Ola Kvernberg, justement.
L'Ensemble Emoción c’est cinq musiciens et musiciennes de cinq pays différents : Joris Laenen, pianiste, trompettiste et arrangeur belge, Christoph Schmitz, violoncelliste vénézuélien, Patrizia Portz, violoniste germano-péruvienne et Ferdinand Schaefer percussionniste allemand. Toutes et tous sont membres de l'Orchestre philharmonique du Qatar. Il faut ajouter à ces instrumentistes la chanteuse de jazz franco-libanaise Sevine Abi Aad.
Emoción vient de sortir l’album Open your eyes consacré essentiellement au tango, qu’ils revisitent avec flamme. Cette année marque les 100 ans d’Astor Piazzolla : l’occasion était trop bonne pour le groupe de lui rendre hommage à travers plusieurs reprises ("Escualo", "Détresse", "Yo Soy Maria", "Vuelvo Al Sur" et le mélancolique "Oblivion" en bonus).
Nous parlions de Sevine Abi Aad. La chanteuse franco-libanaise étincelle littéralement dans cet opus. Pour "Open Your Eyes", l’interprète venue du pays du cèdre se fait crooneuse dans ce titre écrit par Joris Lanenen et qui mêle le jazz, la pop et la musique de chambre.
La chanteuse franco-libanaise étincelle littéralement dans cet opus
Avec le morceau "Milonga Para Sonja", on est au cœur du projet musical du groupe avec cette entrée dans un tango, inédit là encore, composé par Joris Laenen mais qui marche ici sur les traces d’Astor Piazzolla.
Emoción ne se contente pas de reprendre des standards du tango : il les transforme avec enthousiasme, talent et audace : "Détresse" de Piazzolla devient un jazz cool autant qu’un tango à l’étrangeté lunaire. Parlons aussi de "Vuelvo Al Sur" interprétée avec délicatesse par Sevine Abi Aad. Parlons aussi de "La Cumparsita", le classique de Gerardo Matos Rodríguez. Pas du tout impressionné, le groupe choisit de le proposer dans une version enlevée et légère : une danse virtuose, joyeuse et festive.
Prouvant qu’Emoción ne se contente pas d’un seul registre, "November" s’écoute comme une authentique création contemporaine (Joris Laenen en est l’auteur) alors que "Lullaby" est porté par la chanteuse franco-libanaise aux magnifiques envolées qui ne sont pas sans rappeler la BO de Dancing in the Dark.
"Open your eyes", annonce Emoción avec ce premier album. Disons plutôt que c’est à une ouverture des oreilles et des esprits que nous invite ce séduisant groupe sans frontière.
Le spectateur d’Antoinette dans les Cévennes, la formidable comédie de Caroline Vignal avec Laure Calamy dans le rôle-titre, ne devrait pas passer à côté de l’influence majeure du scénario : un autre voyage dans les Cévennes en 1879 effectué par l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson et qu’il a conté dans son récit Voyage avec un Âne dans les Cévennes.
Près de 150 ans plus tard, c’est la pétillante Antoinette, institutrice de son état, qui s’embarque dans une drôle d’aventure après qu’elle ait appris que son amant Vladimir – qui est aussi le parent d’une de ses élèves – est parti dans les Cévennes avec sa femme, sa fille et un âne. Ces vacances contrarient la jeune femme, folle amoureuse de cet homme marié et avec qui elle a des projets pour l’été. Sur un coup de tête, elle part elle aussi dans les Cévennes pour rejoindre son bien-aimé. Arrivée sur place, on lui confie pour son voyage Patrick, un âne.
Sur une histoire des plus simples – une jeune femme part en pleine cambrousse surprendre son amoureux – Caroline Vignal a construit une délicieuse comédie portée avec talent, justesse et humour par Laure Calamy que l’on avait découverte dans la série Dix pour cent.
L’âne Patrick fait écho à l’amant Vladimir, bien plus têtu
Antoinette est sur tous les plans de cette histoire d’une amoureuse éconduite marchant sur les pas de Robert Louis Stevenson. Astucieusement, très tôt dans le film, la réalisatrice et scénariste fait dévoiler à des touristes ébahis ce projet de voyage, transformant du même coup cette Antoinette en héroïne locale au fur et à mesure de son excursion.
Le voyage dans cette superbe nature cévenole devient le cœur du récit, à telle enseigne que les retrouvailles des deux amants ont lieu assez tardivement dans le récit – et en mettant cette fois l’épouse trompée en avant. Les kilomètres passés sur le GR® 70 ("le chemin de Stevenson") devient aussi pour Antoinette un périple initiatique – et drôle – entrepris par l’institutrice à la fois sensible, fantaisiste, passionnée et sacrément culottée. La relation qu’elle finit par nouer avec son compagnon, l’âne Patrick, parvient à nous toucher. Sans doute aussi parce que l’animal fait écho à l’amant Vladimir, bien plus têtu.
Pour Antoinette dans les Cévennes, Laure Calamy a obtenu cette année un César mérité pour son interprétation inoubliable.
Lioness Shape est d’abord un trio de trois musiciennes : Manon Chevalier au chant et aux compositions, Maya Cros aux claviers et Ophélie Luminati à la batterie. Les trois musiciennes ont sorti ce printemps leur premier album Impermanence, un opus de jazz au caractère bien trempé.
Impermanence revendique son message féministe, "pour que les femmes soient plus que beauté et tranquillité. Pour qu’elles expriment leur art, et développent leur créativité. Pour qu’elles se rendent compte de cette force incroyable qu’elles ont en elles. Force qu’elles s’efforcent de réprimer chaque jour au nom de la beauté". C’est ce qu’exprime à sa manière le premier morceau "Somos tantas" ("Nous sommes nombreuses"), un jazz à la fois méditatif et rythmé – oui, c’est possible ! – et en espagnol s’il vous plaît…
Tout aussi voyageur, "El Canto de mi deseo" voit le jazz se teindre là encore d’accents latins, avec un naturel désarmant. Le groupe Lioness Shape s’aventure sur des terres mariant pop, rock, world et jazz, bien entendu, à l’image de "Self-reliance", au cool porté par la voix chaleureuse, veloutée et chaloupée de Manon Chevalier.
Audacieux, fou et intelligent
Audacieux, fou et intelligent, le trio joue de l’alternance dans un album qui ne cesse d’alterner passages complètement dingues et respirations bienvenues, quand elles ne sont pas zen ("Blue Wooden Chair"). Les musiciennes savent tout aussi bien alterner les langues : l’anglais, l’espagnol et le français et même l’irlandais ("Tóg go bog é").
Je parlais d’audace. Elle est bien présente dans le titre "L’origine". Ce morceau, d’abord très lent, s’emballe grâce à une singulière composition contemporaine que l’on peut rapprocher du "sauvage" morceau mystérieusement intitulé "Tóg go bog é" dont le titre signifie : "détendez-vous". Tout un programme.
Parlons également de "My Tame Bird" qui peut se définir comme un morceau jazz dopé aux percussions et aux sons électro, avec la voix incroyable de Manon Chevalier s’envolant tel un oiseau. Tout aussi enthousiasmant, "Sand World" est enthousiasmant grâce encore à son interprétation aux accents faisant penser à la chanteuse pop islandaise Björk. La chanteuse de Lioness Shape se surpasse encore dans "The Last Lullaby", un titre dans lequel elle se fait crooneuse.
Au final, Impermanence frappe par son étrangeté omniprésente, à l’instar de "Water" qui vient clôturer cet album étonnant de créativité, de folie et d’enthousiasme grâce à trois filles formidables.
On aurait tort de prendre l’ouvrage de Lionel Davoust, Comment écrire de la fiction ? (éd. Argyll) comme un vade-mecum imparable pour jeune ou moins jeune écrivain. Son ouvrage est ramassé : 162 pages pour donner les bonnes recettes pour bâtir une histoire c'est assez court. Lionel Davoust n'entend pas être exhaustif dans son projet mais de rappeler quelques fondamentaux. Le premier de ceux-ci concerne l'importance de l'inspiration qui serait le vrai moteur de l'écriture.
Première erreur, insiste Lionel Davoust, fort de son expérience et de ses nombreuses publications dans la fantasy principalement : "J’affirme qu’il est non seulement faux, mais prétentieux de soutenir que l’écriture ne s’apprend pas."
Cette phrase est au cœur de l’essai dont le sous-titre est éloquent : "Rêver, construire, terminer ses histoires". La moindre des qualités de Lionel Davoust est autant de donner quelques pistes et clés que de dédramatiser l’activité littéraire : le travail est au centre de l’écriture et c’est "la seule variable qui se trouve sous notre contrôle". Voilà qui promet d’être rassurant.
Lionel Davoust se lance dans une enquête finalement assez ardue : d’où viennent les idées, comment être original, qu’est-ce qu’une histoire, où trouver du sens dans une histoire ou pourquoi vouloir écrire ? L’auteur donne son point de vue sur ce qu’est une fiction et sur la place que doivent avoir les conflits intérieurs, les phases scénaristiques ou les scènes d’exposition.
L’auteur propose au futur écrivain qu’avant de se mettre au travail il s’interroge sur ce qu’il a à dire. Une étape ingrate, certes, mais indispensable avant de se retrousser les manches, ce que Lionel Davoust exprime avec une phrase qu’il faut relire plusieurs fois pour la comprendre : "Faire descendre l’imperfection imaginée dans l’imperfection inhérente au réel."
Concilier la volonté de l’auteur et la volonté de l’histoire
La deuxième partie de l’essai aborde les techniques d’écriture pour faire accoucher la fiction qui deviendra un roman. L’auteur y aborde des concepts plus techniques : les codes de la narration, le tesseract, le concept de la "promesse" et du "paiement" ou celui du point de vue, développé notamment grâce à des graphiques.
C’est encore avec des graphiques que l’auteur de fantasy s’interroge sur la place capitale des personnages qu’il résume ainsi : "Une histoire, c’est des gens intéressants, qui veulent quelque chose d’important, et c’est compliqué". Au sujet de l’importance de fiches pour créer des personnages, Lionel Davoust exprime son point de vue, à rebours de beaucoup d’auteurs. Son opinion est à la fois simple et complexe : une fiction doit pouvoir "concilier la volonté de l’auteur et la volonté de l’histoire."
Comment écrire de la fiction ? n’est pas exempt de pages plus ardues comme celles consacrées aux "scènes" et en particulier aux "scènes unitaires" : "La scène unitaire fait l’objet d’un conflit narratif conduisant à une évolution de l’histoire, mais dont le déroulé dramatique comme le dénouement se répercutent sur les échelles supérieures du récit."
Même si le lecteur ne trouvera pas dans l’essai de Lionel Davoust un guide exhaustif, l’auteur parvient à donner des clés pour se lancer dans l’écriture d’un roman. Tel un coach averti, l’auteur écrit écrit ceci : "Si vous ne faites rien, il ne va rien se passer". La dernière partie du livre donne quelques conseils pour se lancer : ne pas attendre d’avoir du temps libre mais consacrer tous les jours un peu de temps à son manuscrit ("Vous n’aurez jamais plus de temps libre que maintenant", cite-t-il Robin Hobb). Lionel Davoust aborde la question de la relecture, de la réécriture et de la correction du manuscrit terminé. "Cela s’apprend, et c’est la bonne nouvelle", dit-il enfin au sujet de du jugement esthétique et de la correction. Une phrase qui s’applique avant tout à l’écriture d’une fiction.