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Livres et littérature - Page 2

  • Dumas, le fils

    Soyons précis. Des trois Dumas, c’est le deuxième qui est le plus connu. Alexandre Dumas, dit Père, est devenu pour toujours l’auteur des Trois Mousquetaires, du Comte de Monte-Cristo ou de La Reine Margot. Les qualificatifs le concernant sont bien entendu d’autant plus élogieux qu’il reste moderne.

    Qu’en est-il des deux autres Dumas. Thérèse Charles-Vallin, autrice du Troisième Dumas (éd. de la Bisquine) passe rapidement sur l’ancêtre, lui aussi nommé Alexandre, plus précisément Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie. Général métissé, il a eu pour père un noble normand qui épousa une femme noire de Saint-Domingue. Le militaire, le "premier Dumas", donc, donne naissance au plus célèbre d’entre eux, le fameux Alexandre Dumas Père.

    Arrêtons-nous tout de suite sur cette naissance car c’est là qu’il faut chercher un des points communs des trois Dumas : une paternité mal assumée qui est au cœur de l’essai de Thérèse Charles-Vallin. Pour autant, les liens pères-fils restent très forts. Le créateur de Monte-Cristo a une fascination pour le brillant Général increvable et qui eut pour seul "tort" d’être métis. "À l’âge de quatre ans, [Il] voulait aller au ciel pour y trouver Dieu et le tuer afin de venger la mort de son général de Pierre".

    Singulièrement, Alexandre Dumas Fils ne fut reconnut lui aussi que tardivement, après une enfance difficile, trois femmes se disputant sa garde jusqu’à ce qu’il soit définitivement reconnu à l’âge de sept ans. La suite c’est un long chemin personnel et artistique jusqu’au triomphe d’Alexandre Dumas Fils.

    Féminisme

    Thérèse Charles-Vallin suit chronologiquement la carrière exceptionnelle d’un écrivain qui aurait pu se faire écraser par une paternité exceptionnelle, d’autant plus que son enfance augurait mal de la suite – un père absent, des femmes ne s’entendant pas, le rejet et les humiliations à l’école en raison de sa naissance et de ses racines antillaises. Lorsque le père se rapproche du fils, ce dernier ne pourrait que se sentir écrasé par un écrivain adulé et à la force de travail exceptionnelle : "Un véritable bourreau de travail qui peut rédiger 200 pages d’un excellent texte en une nuit". Finalement, les relations entre le père et le fils vont devenir excellentes, comme le prouvent les multiples extraits de leur correspondance, le père soutenant et appuyant le fils et le fils marquant son amour pour un père jusqu’à ses derniers jours.

    L’essai de Thérèse Charles-Vallin est passionnant en ce qu’il donne à voir un artiste s’émancipant d’un père autant admiré et reconnu que "frivole et jouisseur" mais qui finira ruiné. C’est son fils qui l’accueillera chez lui dans ses derniers jours et le veillera jusqu’à sa mort. L’auteure propose sans doute là les plus belles et émouvantes pages de son essai.

    D’Alexandre Dumas Fils, le grand public a avant tout retenu son chef d’œuvre, La Dame aux camélias. Le roman a été écrit en 1847, dans une rage que son père n’aurait pas renié. Le troisième Dumas n’a jamais caché que cette histoire d’amour et de mort lui a été inspiré par sa propre relation avec une jeune femme dont il était épris, Alphonsine Plessis et qui mourut à l’âge de 23 ans, après une vie des plus agitée.

    Dumas Fils est surtout un homme de théâtre et c’est bien naturellement qu’il se lance dans  l’adaptation sur scène de sa Dame aux camélias, avant qu’elle ne devienne ensuite une œuvre lyrique, La Traviata.

    Le Troisième Dumas est aussi passionnant par son tableau du XIXe siècle, ses fièvres politiques, le retour de l’Empire, la guerre de 1870 puis la jeune IIIe République. Dans cet essai, traversent des personnages historiques, que ce soit Victor Hugo, Émile Zola ou Sarah Bernhardt. Thérèse Charles-Vallin souligne la clairvoyance de Dumas Fils qui s’est lancé dans le féminisme et le soutien de l’égalité de droits entre hommes et femmes, une attitude à la fois rare et remarquable pour un homme du XIXe siècle, très souvent cantonné, à tort, dans celui d’artiste bourgeois.

    Finalement, Alexandre Dumas Fils est resté dans les manuels d’histoire autant que de littérature en dépit de l’ascendance de Dumas Père. Mieux, au contraire de ce dernier, il réussit à se faire élire à l’Académie Française. 

    Thérèse Charles-Vallin, Le Troisième Dumas, éd. de la Bisquine, 2024, 214 p.
    https://www.editions-labisquine.com/le-troisieme-dumas.html
    https://www.facebook.com/p/Therese-Charles-Vallin-100063155264919

    Voir aussi : "Thérésia versus Robespierre"

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  • Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère

    essai,philosophie,barry loewer,3 minutes,confrérie,michel foucault,essai,philosophie,pierre riviereEn juin 1835, Pierre Rivière, fils d’un paysan normand, assassine à coups de serpe sa propre mère, enceinte, sa sœur ainsi qu’un de ses jeunes frères. Condamné à mort, le meurtrier âgé de 18 ans est condamné à mort. Par grâce royale, sa peine est commuée en réclusion criminelle à perpétuité. Moins de cinq ans plus tard, Pierre Rivière se suicide en prison.

    Ce parricide – considéré à l’époque comme le crime le plus terrible qui soit – intéresse les gazettes locales mais n’a pas de retentissement particulier (les parricides sont nombreux et les Français sont plus intéressés par une autre affaire : une tentative d’attentat contre le roi Louis-Philippe par Fieschi). Si Michel Foucault et une équipe de scientifiques s’intéressent dans les années 1970 à cette affaire c’est qu’elle est exceptionnelle par la documentation disponible. Mais surtout parce que le meurtrier lui-même, Pierre Rivière a laissé un mémoire de grande qualité pour expliquer son geste.

    Le titre de l’étude collective dirigée par Foucault porte d’ailleurs pour titre l’incipit de ce mémoire : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère. Ce livre passionnant, et qui vaut bien des polars, est divisé en deux parties principales : un dossier brut présentant des documents bruts (procès-verbaux, études médicales de l’époque, rapports, lettres officiels, fac-similés, un plan, etc.) et un recueil de sept articles (ou notes), dont une écrite par Michel Foucault lui-même (il signe également la préface générale). Au milieu de ces deux parties, une pièce maîtresse est reproduite : le mémoire in extenso de Pierre Rivière.

    Le lecteur constate, troublé, que celui que l’on présentait comme fou, fait preuve d’une rare clairvoyance pour expliquer en détail ce qui l’a conduit à un tel crime.Les notes explicatives éclairent à la fois le contexte historique du crime (une époque troublée, marquée par les guerres et la mort – on sort tout juste de la Révolution française et les guerres napoléoniennes), le contexte social aliénant (la paysannerie toujours enchaînée malgré la fin de l’Ancien Régime), la personnalité de Pierre Rivière, plus complexe qu'il n'y paraît, les atermoiements de la Justice (pourquoi les circonstances atténuantes n’ont pas été retenues durant le procès ?), les luttes d’influence – voire de pouvoir – entre justice et médecine ou encore la question de la folie de Pierre Rivière. Cet essai historique est exemplaire en ce que, partant d’un fait divers hélas banal, il décortique ses tenants et ses aboutissants, comme un archéologue le ferait sur un chantier de fouilles.      

    Michel Foucault, Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère...
    Un cas de parricide au XIXe siècle, éd. Gallimard, coll Folio, 421 p.

    https://confrerie2010.canalblog.com/archives/2013/02/12/26400277.html
    https://www.folio-lesite.fr/catalogue/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere/9782070328284 

    Voir aussi : "La philosophie dans le boudoir"

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  • Contre Mike Diana

    Si Mike Diana est entré dans l’histoire de l’art et de la justice c’est en raison d’un procès singulier survenu il y a un peu plus de 30 ans. Nous sommes en mars 1994 en Floride, dans le comté de Pinellas. Mike Diana a à peine 25 ans et produit une série de dessins et de BD pour plusieurs fanzines confidentiels, dont la revue Boiled Angel ("Ange bouilli" en français) qui peine à dépasser quelques dizaines de lecteurs. Une production underground amenée à tomber dans l’oubli sans un policier trouvant des liens entre des dessins de ce fanzine et des meurtres particulièrement horribles dans la région.  

    Finalement, le procureur de l’époque retient la plainte d’obscénité, une première dans un pays libéral comme les États-Unis, premier producteur en outre de matériaux pornographiques.

    Dans Disgrâce en Amérique, paru aux éd. White Rabbit Prod, Pierre Dourthe revient sur cette affaire hors-norme et sur les 10 ans de la production de Mike Diana, entre 1988 et 1997. ajoutons que l’artiste est toujours en activité aujourd’hui.

    La monographie s’intéresse à l'artiste américain underground grâce à de nombreuses illustrations et planches à ne pas mettre entre toutes les mains. L’art de Mike Diana est en effet volontairement provocatrice et ne s’empêche aucun interdit. Sexe, violence, tortures, mutilations et toutes les perversités possibles et imaginables constituent cet univers singulier. Le dessin est "rudimentaire" comme le précise Pierre Dourthe. La facture du dessin est naïve, les traits réduits à leur plus simple expression et les décors quasi inexistants. 

    À ne pas mettre entre toutes les mains

    Le grotesque le dispute au morbide et les personnages apparaissent comme des caricatures soumises à toutes les perversités. La religion – le christianisme en l’occurrence – en prend pour son grade, avec ses symboles détournés. Monstres, extra-terrestres et animaux viennent compléter ce bestiaire parfois difficilement supportable.

    Le procès en valait-il cependant la chandelle ? C’est là que la question se pose de manière pertinente. Au début des années 90, Mike Diana est un adolescent inconnu proposant ses œuvres à des magazines confidentiels, parfois photocopiés et agrafés sommairement – maintenant des objets culturels à la valeur marchande certaine. Cependant, l’Amérique traditionnelle et puritaine est bien décidée à ne pas laisser passer ce qui ressemble à une série de créations qu’elle considère comme obscène.

    Pierre Dourthe s’interroge longuement sur la question à la fois du jugement moral et de l’utilité sociale d’un tel procès. "Que fait le dessin de Mike Diana ?" se demande-t-il. La brutalité des crimes, leur gratuité, leur absence de justification et, plus que tout, leurs violences sans limite font dire que l’artiste fait de la dérision et de la raillerie le cœur de son œuvre. Le lecteur aura d’ailleurs en-tête la participation à un projet postérieur, celui d’un jeu de société, The Rape Game! Ce faisant, Mike Diana se pose en pourfendeur de la morale traditionnelle, ce que les accusateurs de l’artiste ne pouvaient ou ne voulaient pas admettre. Pire pour eux, c’est aussi aux rituels et aux institutions chrétiennes que s’attaque le dessinateur dans plusieurs créations.

    Pierre Dourthe souligne, tout comme Nicolas Le Bault dans la préface, que le premier amendement de la constitution américaine sur la liberté d’expression ne pouvait protéger Mike Diana des foudres de la censure. Au final, les outrances de Mike Diana n’ont pas été freinées par la décision judiciaire de 1994, loin s’en faut. Pour autant sa condamnation interroge sur la notion d’œuvre d’art, sur la place de la morale, sur la capacité d’une cour de justice de rendre des décisions esthétiques et, plus généralement sur la notion de liberté d’expression. Il est au final frappant que de telles questions ont été posées à cause de fanzines confidentielles qui auraient très bien pu rester complètement oubliés.  

    Pierre Dourthe, Disgrâce en Amérique, Dix ans de l'art de Mike Diana (1988-1997),
    éd. White Rabbit Prod, 2024, 176 p.

    https://www.whiterabbitprod.com/product/pierre-dourthe-mike-diana-disgrace-in-america
    https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=955285119971830&id=100064710515208
    https://www.instagram.com/mikedianaboiled
    https://mikedianacomix.com

    Voir aussi : "Rêves violents"
    "Visages de la peur"
    "Au-delà du miroir"

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  • Karine Giebel, son œuvre

    Dans le cadre du hors-série sur Karine Gibel, voici la liste des romans de Karine Giebel qui vont nous intéresser.

    Terminus Elicius, La Vie du rail, 2004 (réédition : Pocket, 2011, Belfond, 2016)

    Meurtres pour rédemption, La Vie du rail, 2006 (réédition : Fleuve noir, 2010, Pocket, 2012)

    Les Morsures de l'ombre, Fleuve noir, 2007 (réédition Pocket, 2009)

    Chiens de sang, Fleuve noir, 2008 (réédition Pocket, 2010)

    Jusqu'à ce que la mort nous unisse, Fleuve noir, 2009 (réédition Pocket, 2011)

    Juste une ombre, Fleuve noir, 2012 (réédition Pocket, 2013)

    Purgatoire des innocents, Fleuve noir, 2013 (réédition Pocket, 2014)

    Post Mortem, 12-21, 2013 (réédition Pocket, 2013)

    Satan était un ange, Fleuve noir, 2014 (réédition Pocket, 2015)

    De force, Belfond, mars 2016 (réédition Pocket, 2017)

    Toutes blessent la dernière tue, Belfond, 2018 (réédition Pocket, 2019)

    Ce que tu as fait de moi, Belfond, 2019 (réédition Pocket, 2021)

    Glen Affric, Récamier, 2021 (réédition HarperCollins, 2024)

    Et chaque fois, mourir un peu - Livre 1 : Blast, Récamier, 2024

    Et chaque fois, mourir un peu - Livre 2 : Trauma(s), Récamier, 2024

    https://www.karinegiebel.fr
    https://www.facebook.com/Karine.Giebel
    https://www.instagram.com/karinegiebel

    Voir aussi : "David Foenkinos, son œuvre"

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  • Grammaire sexy

    Karine Dijoud est la chroniqueuse et influenceuse des Parenthèses élémentaires, un compte dédié à la langue française et à la grammaire. A priori, rien de très sexy. Pour beaucoup en plus, traumatisés par les cours de français, voilà qui en pourrait faire fuir plus d’un et plus d’une.

    Et pourtant, Karine Dijoud a su fédérer un public fidèle passionné par le style, l’utilisation de la langue de Molière et désireux d’éviter les nombreux pièges que nous faisons tous les jours. Sans propos moralisateurs ni culpabilisations, Karine Dijoud propose, cette fois en livre, ses Miscellanées publiées aux prestigieuses éditions Le Robert, célèbre pour ses dictionnaires.

    Ces "mélanges" – car les "miscellanées" désignent dans Le Robert un "recueil varié de textes littéraires ou scientifiques" – n’ont pas la prétention de l’érudition, de l’exhaustivité ou de l’explication définitive de telle ou telle règle. Il s’agit plutôt d’un ensemble de découvertes au pays des mots, ponctuées par des lettres ouvertes adressées à des personnes proches ou admirées par l’auteure (Alain Rey, Daniel Pennac, Ryad Sattouf ou le regretté Bernard Pivot).

    Il y a d’abord ces termes oubliés, tombés en désuétude, parfois injustement, mais qui peuvent très bien redevenir tendance – pardon, à la mode. Certains peuvent paraître barbares – "anachorètes", "capucinade" ou "obombrer". D’autres mots, peu connus, méritent à leur tour de sortir de l’obsolescence : "Divulgâcher" (que nos amis Québécois adorent), l’étrange "murmuration" ou le délicieux et éloquent "ultracrépidarianisme" qui désigne l’art de parler avec assurance de choses que l’on ne connaît pas. 

    Chapitres en forme de vade-mecum

    Un autre chapitre de ces  Miscellanées parle des figures de styles enseignées à l’école, que ce soit la métaphore, le zeugma ou l’hypallage. Elle aborde également l’épineux problème des accords ou celui des prépositions, ces petits mots "discrets mais indispensables" ("à", "dans", "par", "pour", etc.). 

    Le lecteur ou la lectrice s’arrêtera avec curiosité sur les fautes de goûts que nous faisons souvent. Il y a les pléonasmes, ces répétitions inutiles ("accalmie provisoire", "bip sonore", "dénouement final", "krach boursier", "marche à pied"), les anglicismes parfois inutiles ("crowdfunding", "faire sens" ou "matcher"). Un autre chapitre est dédié aux ressemblances et dissonances du type "à nouveau/de nouveau", "durant/pendant" ou "enfantin/infantile". Karine Dijoud sait surprendre, lorsque par exemple elle aborde la question des termes de "deuxième" et "second", affirmant que leur utilisation est subtile et que "second" peut être suivi de "troisième", "quatrième", etc.

    Les barbarismes ne sont pas oubliés ("opprobre" et non pas "opprobe", "dilemme" au lieu de "dilemne" ou "poser un problème" à la place de "poser problème").

    Ces Miscellanées de Karine Dijoud peuvent également être très utiles dans notre vie de tous les jours avec ces chapitres en forme de vade-mecum : "Comment aborder une conversation", la manière de réussir "l’art oratoire" et des méthodes pour maîtriser ses courriels.

    Voilà des  mélanges à la fois passionnants et divertissants pour que nous faisions un peu moins de fautes et pour que la grammaire devienne un jeu. 

    Karine Dijoud, Miscellanées, l'élégance de la langue française, éd. Le Robert, 2024, 192 p.
    https://www.lerobert.com
    https://www.instagram.com/lesparentheseselementaires

    Voir aussi : "Ceci est de la philosophie"
    "Top 10 de Bla Bla Blog en 2024"

     
     
     
     
     
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  • L’île des esclaves

    marivaux,théâtre,lumières,classique,ile,esclaves,maîtres,esclavesEt si l’on révisait ses classiques ? Bla Bla Blog laisse une place ici à une pièce enseignée à l’école même si elle n’est celle qui vient le premier en tête lorsque l’on parle de Marivaux.

    Suite à un naufrage, Iphicrate et son esclave Arlequin s’échouent sur l’île aux esclaves. Là, a lieu un renversement imposé par les autorités représentées par le sage Trivelin. Les maîtres y deviennent esclaves et inversement. Voici donc Iphicrate et Arlequin devant intervertir leur rôle.  

    Sur l’Île des esclaves, Euphrosine et sa servante Cléanthis subissent le même sort. Les deux couples se rencontrent. Et si un marivaudage pouvait avoir lieu. Mais très vite il se heurte aux conventions sociales et culturelles.

    Nous sommes en plein Siècle des Lumières lorsque Marivaux écrit L'Île des esclaves (1725). Il est bien en avance. La Révolution française n’éclatera que plus de 70 ans plus tard.  

    En mettant en cause les statuts de maîtres et d’esclaves, en humanisant les uns et les autres, l’auteur français pointe du doigt l’absurdité de ces conditions. De là à remettre en cause l’ordre établi ? Non.

    L’île des esclaves agit plutôt comme un révélateur de l’inhumanité de la société de l’époque. Maîtres et esclaves doivent discuter et échanger leur rôle pour en constater toute la réalité.

    Un grand classique de la littérature.

    Marivaux, L’île des esclaves, éd. Belin Gallimard, 160 p.
    https://www.belin-education.com/lile-des-esclaves-1

    Voir aussi : "Les pétasses magnifiques"

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  • Tintin, retour aux sources

    Depuis la mort d’Hergé en 1983, aucune nouvelle aventure de Tintin n’est sortie. Frustrés, les tintinophiles se rabattent sur l’œuvre passée du dessinateur belge, comme sur des essais dont Bla Bla Blog s’est largement fait l’écho et sur des publications d’inédits. Les éditions Moulinsart ont fait aussi le pari de nourrir les fans d’Hergé avec une collection l’exégèse et l’histoire de l’œuvre d’Hergé, album par album.

    Voici donc les premiers livres consacrés à Tintin au Pays des Soviets et Tintin au Congo, publiés respectivement en 1929 et 1931. Philippe Goddin s’est attelé à la tâche en s’intéressant à ces deux livres mythiques quoique mal-aimés, pour ne pas dire sous-évalués avec le temps.

    Le premier, Tintin au Pays des Soviets est l’œuvre d’un jeune dessinateur de 22 ans, déjà archidoué. Contre toute attente, le feuilleton en bande dessinée qu’il imagine pour Le Petit Vingtième, le journal qu’il l’emploie, obtient un succès inattendu en Belgique. Hergé imagine un reporter de son journal partir dans la Russie soviétique – l’URSS – pour y relater les méfaits du communisme car Le Petit Vingtième revendique son appartenance au conservatisme et au catholicisme.

    Voilà donc le jeune Tintin, pas plus âgé que son créateur, parti en direction de Moscou. Il y découvre la propagande soviétique, les élections truquées, les procès arbitraires et la violence d’un pays lancé dans la folie du bolchévisme. De cette aventure, Tintin et son fidèle compagnon Milou en ressortent sains et saufs, avec, par dessus le marché, une houppette qui ne quittera plus la tête du jeune héros. Un an plus tard, fort de ce succès, c’est dans le Congo belge qu’Hergé amène son héros. C’est une Afrique colonialiste aux forts relents racistes que le petit journaliste découvre avec une naïveté dont il lui sera beaucoup reproché. 

    Hergé invente deux jeunes héros farfelus, Quick et Flupke, comme si l’hypothèse Tintin pouvait être levée à tout moment

    Philippe Goddin retrace l’histoire de chacun de ces albums, le premier volume étant le plus intéressant en ce qu’il revient sur la genèse de l’œuvre d’Hergé. Crayonnés, reproduction de planches en noir et blanc ou en couleur, couvertures inédites et photos rares enrichissent ce Tintin au Pays des Soviets. On découvre un dessinateur génial à la plume incroyablement sûre – ah, ce couple de danseurs de tango ! Créateur de la fameuse ligne claire, Hergé démontre qu’il a été fortement influencé par les comics américains. À ce sujet, l’ouvrage reproduit de superbes illustrations tirées du Triomphe de l’Aigle rouge.      

    Tintin au Congo n’était certes pas l’ouvrage le plus simple à mettre en exégèse. Très daté, colonialiste, raciste, aussi peu écolo que possible (le nombre d’animaux tués inutilement est légion), l’album reste mal-aimé. Philippe Goddin ne cache pas ses défauts. Mais il souligne aussi ses qualités. Le dessin est plus travaillé et le scénario moins confus que la première aventure russe. L’humour omniprésent est typique des années 30, alors même qu’Hergé invente deux jeunes héros farfelus, Quick et Flupke, comme si l’hypothèse Tintin pouvait être levée à tout moment.

    On sait qu’il n’en saura rien et qu’après la Russie puis le Congo c’est en Amérique que le détective belge se rendra. 

    Philippe Goddin, Tintin au pays des Soviets, Les coulisses d’une œuvre, éd. Moulinsart, 2024, 112 p.
    Philippe Goddin avec la participation de Dominique Maricq, Tintin au Congo,
    Les coulisses d’une œuvre
    , éd. Moulinsart, 2024, 104 p.

    https://boutique.tintin.com/fr/33973-accueil-les-coulisses-dune-oeuvre-tintin-au-pays-des-soviets-24601
    https://boutique.tintin.com/fr/32499-accueil-les-tribulations-de-tintin-au-congo-24406

    Voir aussi : "Adieu, Tintin ?"
    "Tintin, son œuvre"
    "Exégèse tintinesque"

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  • Chanson pour Lya et autres voyages spatiaux

    Oubliez tout de suite Le Trône de Fer. Si George R.R. Martin est de retour sur Bla Bla Blog, c’est en raison d’une publication déjà ancienne d’ActuSF (2000), renfermant des nouvelles de SF – et non de Fantasy – encore plus anciennes (elles s’étalent de 1972 à 1978).

    Nightflyers, qui débute le recueil éponyme, commence par cet incipit d’une sacrée audace stylistique : "Dans les temps reculés, où l'on mettait en croix Jésus de Nazareth, le Volcryn se trouvait dans la Voie Lactée, à moins d'une année-lumière de la Terre. Mais quand, sur Terre, se déclenchèrent les nouvelles Guerres du Feu, le Volcryn faisait déjà route vers Poséidon et ses mers mortes". Cette première histoire intergalactique nous entraîne à la chasse d’êtres extra-terrestres aussi mystérieux qu’anciens. Un équipage de scientifiques est embarqué dans un vaisseau conduit par un capitaine bien mystérieux. Bientôt, un drame frappe une première fois. Pourquoi ? Cette nouvelle a fait l’objet d’une adaptation télé il y a déjà dix ans. 

    Si le recueil mériterait d’être republié, on le doit d’abord à la nouvelle qui clôt le recueil, Une chanson pour Lya

    Le moins que l’on puisse dire est que dans ces œuvres de jeunesse, George R.R. Martin s’est amusé à voyager dans des univers diamétralement opposées. Si l’on reste dans la hard SF avec le moins convainquant Ni les feux multicolores d’un anneau stellaire, l’auteur du Trône de fer se fait dystopique et critique acerbe du mal humain dans le formidable Week-end en zone de guerre.

    Revisite du western à la mode SF, Pour une poignée de volutoines s'intéresse, quant à lui, aux thèmes du chercheur d’or autant que du mythe du zombie. Immanquable.

    On sera sans doute plus sévère sur la nouvelle Sept fois, sept fois l’homme, jamais !, bien que l’histoire commençait bien, avec une colonisation humaine impitoyable et une peuplade sauvage bien trop paisible.

    Si le recueil mériterait d’être republié, on le doit surtout à la nouvelle qui clôt le recueil, Une chanson pour Lya. Nous partons sur les traces de deux humains aux talents de télépathe chargés d’étudier une planète sur laquelle des humains ont adopté une religion inquiétante et meurtrière. Robb et sa compagne Lyanna (Lya) enquêtent auprès d’autochtones ayant choisi de sacrifier peur vie pour une utopie les dépassant tous les deux.

    Preuve de son importance littéraire, Une chanson pour Lya a fait l’objet d’une réédition en 2013, le recueil portant son nom. 

    George R.R. Martin Nightflyers, éd. ActuSF, 392 p. 
    https://editions-actusf.fr/a/george-r-r-martin/nightflyers

    Voir aussi : "George RR Martin sur un Trône"

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