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italie - Page 6

  • Rien de nouveau sous le soleil

    51TS7qGqz3L._SX298_BO1,204,203,200_.jpgVous les connaissez ces ritournelles : "Les temps ont bien changé", "les enfants ne respectent plus rien, pas même l'école", "tout va trop vite de nos jours", "on était bien plus heureux autrefois", "le niveau scolaire baisse", "à cause des étrangers, on n'est plus chez nous"... Ce sont ces discours et ces commentaires courants qui sont évoqués dans le court ouvrage Rien de Nouveau sous le Soleil (Nihil novi sub sole), à travers des textes... vieux de 2000 ans.

    En préface de ce mélange, Michel Marcheteau rappelle en avant-propos que l'insécurité ou la circulation dans les villes, la violence des jeunes gens, les problèmes scolaires (la méthode globale par exemple !), la corruption des hommes politiques, le problème de la Palestine et du Moyen-Orient, les catastrophes naturelles, la dégradation des mœurs, la destruction de la nature ou le... hooliganisme avaient déjà été stigmatisés par de nombreux auteurs latins.

    Rien de Nouveau sous le Soleil présente une sélection de textes (avec leur version originale en latin) de quelques-uns de ces écrivains : Plaute, Cicéron, Quintilien, Tacite, Apulée, Juvénal, Salluste, Ovide,  Tibulle et Sénèque.

    Une manière passionnante de se replonger en douceur dans la langue et la civilisation latine, tout en nous faisant une jolie leçon de relativisme : "Ce petit ouvrage remet ainsi à leur place les enthousiasmes excessifs et les pessimismes exagérés...  Il constitue un antidote à la fois à l’utopie et au catastrophisme qui peuvent nous aveugler sur la réalité de notre époque et le devenir de nos sociétés."  

    Rien de Nouveau sous le Soleil (Nihil novi sub sole), éd. Pocket, 2006, 143 p. 

     

  • Le Caravage ressuscité en BD

    S'attaquer en BD à un peintre de l'envergure du Caravage est à la fois excitant et casse-gueule. Comment un dessinateur contemporain peut-il se réapproprier la vie et surtout l'œuvre graphique d'un géant de la peinture, décrié à son époque et admiré de nos jours ? C'est le pari de Milo Manara, un pari gagné avec maestria.

    Le premier tome de cette aventure littéraire commence aux 21 ans du jeune Michelange Merisi, originaire du Caravage, un village de la région de Bergame. Nous sommes en 1592. Faire l'impasse sur les jeunes années du futur peintre maudit tient au fait que l'on sait peu de ses années d'apprentissage à Milan. Celui que l'on surnommera Le Caravage s'est déjà fait déjà connaître par "l'élégance et la légèreté" de quelques œuvres de jeunesse (Vénus, Cupidon et les deux satyres). Mais la bande dessinée de Manara passe sous silence cette période.

    Elle choisit de mettre en scène le peintre lorsqu'il arrive à Rome, une Rome ressuscitée, glauque, dangereuse et fascinante. C'est dans cette ville que Michelange Merisi côtoie les puissants et ses futurs mécènes, les ateliers d'artistes mais aussi la frange de la société – indigents, marginaux, petits filous, grands criminels et prostituées. Le Caravage a puisé dans son inspiration auprès des rejetés de tout bord. Au final, il a été souligné combien ses peintures brillent par leur réalisme noir, leur naturalisme, le sens du mouvement et du détail et aussi leur sensualité – une sensualité d'ailleurs très présente dans cette BD.

    Parce qu'il s'agit d'un biopic, le lecteur aurait pu craindre que cette bande dessinée ne soit centrée que sur les démêlés de l'artiste avec la justice de son époque. Milo Manara ne cache certes rien des crimes dont on a pu accuser Le Caravage, autant à l'aise dans les palais archiépiscopaux que dans les bordels romains, et souvent prompt à se battre. Cependant, le principal intérêt de cette biographie graphique est de montrer le travail du peintre, ses inspirations et le contexte de ses tableaux les plus célèbres. Et la magie opère !

    Non content de se réapproprier les tableaux les plus fameux du Caravage, en les reproduisant sur planches avec fidélité, Milo Manara ressuscite le peintre dans son atelier mais aussi ses modèles : le Jean-Baptiste au mouton devient le jeune protégé Mario Minniti ; la Vierge Marie du Repos pendant la fuite en Egypte prend vie sous la forme d'une prostituée, Anna, qui posera également pour un autre de ses tableaux La Mort de la Vierge.   

    Plus qu'une simple BD, Ce Caravage fera référence en ce qu'il constitue une excellente introduction à un artiste majeur de la peinture occidentale.

    Milo Manara, Le Caravage, tome 1 La Palette et l'Épée, éd. Glénat, 2015
    "Le Caravage, tome 1", Publikart.net