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italie - Page 3

  • Oh, les beaux jours

    Dandelion risque bien de rendre indifférent celles et ceux qui sont hermétiques à la magie, à la fantaisie et à la poésie. Après un voyage dans le premier tome de la série de Salvatore Callerami, voilà que sort en ce début d’année le deuxième volume des aventures de la petit Wéma, sous-titré "Gardez espoir", proposé par l’excellente maison d’édition Shockdom.

    Les dandelions sont ces esprits invisibles de pissenlits chargés de réaliser les vœux des hommes, têche qui s’annonce souvent des plus ardus, notamment lorsque la mort se mêle au jeu.

    Wéma, la dandelion du lion sacré Jua, suit son maître et protecteur dans un pays imaginaire, alors qu’un hiver rigoureux vient de s’abattre. Au même moment, sur la terre ferme, une vieille dame est en train de s’éteindre à l’hôpital. La mission pour Wéma est d’accomplir le vœu d’un enfant afin que sa grande sœur puisse dire au-revoir une dernière fois à sa grand-mère. Mission impossible ? Pas pour la déterminée dandelion. 

    Des fées, des esprits, des spectres, des gardiennes de la mémoire, des conseils de sages ou des âmes malfaisantes

    Des fées, des esprits, des spectres (les wigos), des gardiennes de la mémoire, des conseils de sages ou des âmes malfaisantes : voilà grosso modo les ingrédients de cette saga fabuleuse venue tout droit d’Italie, et dont on doit la traduction française à Federica Giuliano.

    Dandelion ravira les enfants, petits et grands, pour ses messages mêlant humanisme, altruisme et empathie. Tout cela se passe dans un univers fantastique, mais où le dérèglement climatique existe sous la forme d’un hiver dont "la transition a été brève".

    On aura bien entendu compris que l’auteur entend apporter sa contribution à un sujet sensible : "L’hiver ne veut pas s’arrêter ! On dirait que l’esprit du nord ne veut pas quitter ces terres…"

    Un vent de fraîcheur souffle sur ce deuxième volume de Dandelion, grâce évidemment à la charmante Wéma dont les paroles peuvent résonner chez chaque lecteur et lectrice : "Tu ne seras jamais vivant, Si tu restes convaincu que la seule solution est de demeurer à l'écart, loin de tous !"

    Salvatore Callerami, Dandelion, vol. 2, Gardez espoir, éd. Shockdom, 2022, 96 p.
    https://shockdom.com
    https://www.facebook.com/salvo.callerami
    https://www.facebook.com/fassioantonio

    Voir aussi : "Faites un vœu"

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  • Quand est-ce que vous nous en faites un ?  

    C’est d’Italie que nous vient Il a dit Papa !, un récit doux-amer consacré à la paternité. Son auteur Davide Caporali, dit Dado, conte cette période où la vie d’un homme bascule, lorsqu’il devient père. Son autofiction dessinée a été mise en couleurs par Chiara Zuliani et est proposé au public français par l’excellente maison d’édition Shockdom.

    Davide vit en couple avec Chiara. Un couple déjà installé, avec chacun un travail, des revenus réguliers et même un animal de compagnie, le chat Filippo. Lors d’un repas chez ses grands-parents, "la" question est lancée par la vieille dame : "Quand est-ce que vous me faites un petit-enfant, Chiara et toi ?"

    Voilà Davide mis soudainement sous pression, d’autant plus que sa compagne Chiara a abordé le sujet quelques mois plus tôt : avoir un bébé, devenir parents, fonder une famille avec un enfant… Le rêve, quoi... 

    Bientôt, le jeune homme apprend, via un test de grossesse, que les prochains mois risquent d’être bouleversés.

    "Oh, allez J’ai fait bien pire que ça dans la vie…"

    En sept chapitres et un postlude, Dado raconte au plus près les neuf mois d’une grossesse vus sous les yeux d’un futur papa tour à tour dans le déni, l’incrédulité, l’incompréhension, la maladresse mais aussi souvent de la bonne volonté à revendre.

    Dado choisit la voix de l’humour et de la dédramatisation, à travers des saynètes qui sentent le vécu : les visites à l’Ikea du coin, l’oubli d’un sac ou l’emprunt d’une voiture sur le parking de la maternité. Sans oublier ces réflexions qui rendent la bande dessinée auto-fictionnelle : "Oh, allez J’ai fait bien pire que ça dans la vie… Comme choisir de devenir dessinateur de BD !"

    Les parents de Davide et Chiara sont singulièrement discrets, l’auteur préférant s’intéresser aux grand-parents. Dans ces scènes, la BD devient poignante autant que drôle, avec un pépé a priori aux abonnés absents mais finissant par prendre une place capitale dans ce récit vivant à plus d’un titre. 

    Dado, Il a dit Papa !, trad. Maria Giulia Lambertini, éd. Shockdom, col. Lol, 2021, 144 p. 
    https://fr.shockdom.com/boutique/lol/il-a-dit-papa
    https://www.facebook.com/davide.caporali

    Voir aussi : "Respect pour les femmes"

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  • Quel tempérament !

    Je vous avais parlé il y a quelques mois de la pianiste italienne Beatrice Rana à l’occasion d’un de ses premiers albums sur le second concerto pour piano de Prokofiev et le célébrissime premier de Tchaïkovski.

    Voilà maintenant la musicienne s’attaquant à Chopin, et plus précisément aux douze Études opus 25 et aux quatre Scherzi
    Ces Études, composées de 1832 à 1836 avant d’être éditées en 1837, ont été dédiées par le compositeur polonais à la Comtesse d’Agoult, qui a été la maîtresse de son ami Franz Liszt.

    Beatrice Rana s’attaque à cette œuvre importante de Chopin avec un solide tempérament, fait de virtuosité (l’Étude n°6 en sol dièse mineur ou la n°11 en la mineur), de technicité (Étude n° 8 en ré bémol majeur), de solidité et de subtilité (Étude n°4 ).

    Parler de romantisme dans l’exécution de cet opus 25 serait un raccourci très classique – si on peut le dire ainsi. En réalité, la pianiste italienne utilise toutes les gammes de son talent et toute sa technicité pour proposer un enregistrement passionnant, vivant et élégant, à l’instar de la première étude (Étude n°1 en la bémol majeur "La harpe éolienne").

    La jeunesse s’exprime dans toute son évidence lorsque Beatrice Rana se fait virevoltante et aérienne (l’Étude n°2 en fa mineur, "Les abeilles"). Son jeu se fait dansant dans la n°3 en fa majeur, justement surnommée "Le cavalier". Qui dit jeunesse dit insouciance, une caractéristique que l’on peut retrouver dans l’Étude en mi mineur (surnommée "La fausse note" en raison de dissonances volontairement glissées par le compositeur), complexe jusqu’à s’égarer dans des chemins aventureux et modernes.

    Technique, virtuose mas sans effet de manche

    Moderne, l’Étude n°6 frappe par sa complexité et par sa très grande virtuosité dans ce qui s’apparente à un objet autant romantique que pré-debussyen.

    Romantique, Chopin l’est indubitablement dans l’Étude n°7 en ut dièse mineure, avec cette tendre mélancolie comme dans la n°10 ("Aux octaves"), plus sombre et sur laquelle plane une puissance romantique autant qu’une inspiration plus introspectif, parvenant à prendre l’auditeur à contre-pied.

    Beatrice Rana séduit particulièrement avec l’Étude 9 en sol bémol majeur ("Le papillon), étude technique, virtuose mas sans effet de manche, avec une maîtrise qu’on ne lui enlèvera pas. Plus bouleversante encore, l’Étude n°11 en la mineur démarre comme une marche funèbre, avant de  se déployer, majestueuse et sombre. Disons aussi qu’il souffle sur ce morceau un "vent d’hiver". C’est d’ailleurs le surnom donné à cette œuvre.

    L’opus 25 se termine avec la douzième étude en ut mineur, exécutée avec souplesse mais aussi avec une belle solidité.

    L’enregistrement de Beatrice Rana est complété par les quatre Scherzos (op. 20, 31, 39, 40 et 54), qui ont été composés entre 1831 et 1842 par Frédéric Chopin. L’on pourrait qualifier ces morceaux de divertissements à la fois joueurs, dansants mais non sans une certaine noirceur.

    Beatrice Rana s’en empare avec grâce, vivacité et une certaine insouciance, à l’instar du Scherzo n°4 en mi mineur. La virtuosité de la pianiste sert à merveille le premier Scherzo en si mineur ("Le bouquet infernal"), dans lequel ne manquent pas ces vagues singulières que l’on croirait métaphysiques. L’interprète se montre à la fois solide dans ce jeu et délicate dans le deuxième Scherzo en si bémol mineur. Ici le romantique se pare de romanesque grâce à ses lignes mélodiques harmonieuses.

    L’avant-dernier titre de l’album, le Scherzo n°3 en do dièse mineur se révèle dans toute sa modernité. Mélancolique et d’un sacré tempérament dans son rythme, il précède le seul Scherzo en majeur (mi majeur), aussi léger et agréable à l’oreille qu’une déclaration amoureuse.

    Voilà qui conclue de la meilleure des manières un des albums classiques importants de l’année 2021. Et une confirmation du très grand talent de Beatrice Rana.

    Frédéric Chopin, Études op.25 et 4 Scherzi, Beatrice Rana, piano, Warner, 2021
    https://www.beatriceranapiano.com
    https://www.facebook.com/BeatriceRanaPiano
    https://www.warnerclassics.com/fr/artist/beatrice-rana

    Voir aussi : "Une Italienne parle aux Russes"
    "Au salon avec Chopin et Haley Myles"

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  • Respect pour les femmes

    Il y a bien longtemps de ça, dans une tribu bien patriarcale comme il le faut, vivait Tréponème, une intrépide, audacieuse et ambitieuse héroïne qui n’avait jamais pu montrer ses talents de guerrière. Voilà pour la situation du nouveau volume de la saga de BD Débiles & Dragon de Biglio, Manu et Albo (éd. Shockdom). La jeune femme doit à la tradition d’être recluse au village dans des tâches domestiques ou bien servir de concubine. Et être fille du chef Gunman, pas plus évolué que ses congénères mâles, n’est pas forcément un avantage supplémentaire. 

    Tréponème n’est pas dupe de cette injustice traditionnelle, ce que sa mère Perestrojka dit en ces termes  : "Toujours le même merdier. Les hommes chassent. Les femmes s’occupent des huttes. Ou pire encore des morveux". Alors que  Perestrojka est invitée à nettoyer la tente du chaman Ötzi, elle apprend de sa bouche la légende d’une guerrière, Fallope, qui a renversé l’ordre patriarcal en ramenant un objet mystérieux, l’œuf d’or du Mégathérium magique. Une statue a été érigée en son honneur, mais cette statue a disparu sous des ronces avec le temps. Retrouver cette statue et renouveler l’exploit de Fallope pourrait bien être la solution du respect du genre féminin.  

    Anachronismes, humour, clins d’œil aux auteurs, un soupçon d’érotisme

    Anachronismes, humour, clins d’œil aux auteurs, un soupçon d’érotisme : ce nouveau volume de Débiles & Dragons n’a pas froid aux yeux. Le tout dans une bande dessinée qui fait alterner les points de vue chronologiques et les héroïnes qui deviennent interchangeables : Tréponème, Perestrojka et Fallope. L’enjeu du récit est une improbable chasse à la statue et d’un animal mystérieux, le Cosmos-Favone, situé dans les profondeurs de Toncoeur (sic). Pour arriver à rétablir l'honneur des guerrières, 100 ans après l’aventure de Fallope, Trémonème aura besoin aussi des hommes, trois guerriers, Dioxine, Houblon et Akkacielle. Ils ne seront pas de trop pour affronter l’ignoble Assioma.

    Mais les auteurs font surtout de cette bande dessinée une contribution bourrée d’humour à destination des guerrières de toutes les époques qui s’ignorent, qui n’osent l’être ou bien qui se sentent exclues par un  patriarcat toujours présent. Et rien que cela, ça mérite notre respect.

    Luigi Cecchi (Bigio), Emanuele Tonini (Manu) et Alberto Turturici (Albo),
    Débiles & Dragons, Tréponème – La Légende de Fallope, éd. Shockdom, coll. YEP !, 2021, 64 p.

    https://shockdom.com/negozio/yep/deficients-dragons-treponema-e-la-leggenda-di-falloppia

    Voir aussi : "Faites un vœu"

    manu,albo,débiles et dragons,bd,bande dessinée,tréponème,féminisme,italie,fallope,patriarcat,deficients & dragons

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  • Faites un vœu

    Salvatore Callerami au texte et au dessin et Antonio Fassio à la couleur signent le premier volume de la bande dessinée Dandelion (éd. Shockdom).

    Ce n’est pas une mais trois histoires qui sont proposées, en plus d’un prologue. La magie est le dénominateur commun de ces contes, destinés autant aux adultes qu’aux enfants.  

    Wéma est la charmante petite héroïne du volume. Il s’agit d’une dandelion, un esprit invisible née à partir d’un pissenlit sur lequel on souffle – le dandelion étant en botanique l’autre nom de cette fleur commune.

    Wéma ("Bienveillance") est une créature protégée par son guide, le lion Jua. La mission du dandelion ? Contribuer à rendre le monde et les hommes meilleurs en réalisant des vœux ("Le mal est partout. Il peut surgir au coin de la rue… la plupart du temps il se manifeste… comme une vocation naturelle de l’être humain"). Une petite fille lui donne l’occasion d’exercer son pouvoir le jour où elle souffle sur un pissenlit : Wéma doit répondre au vœu de rendre le chat de cet enfant éternel. Sur les conseils d’Yvonne, une déesse de retour d’exil, le dandelion part à la recherche de Kadish, une magicienne et protectrice des chats. Wéma s’embarque dans une aventure délicate et dangereuse. 

    Un chant d’amour pour les chats

    Le premier volume de Dandelion se lit comme un ensemble de contes à la fois fantastiques et philosophiques. Dans ce récit initiatique, Il y est question de l’enfance, de la cruauté de la vie et de la consolation que peuvent-être les souvenirs et la mémoire : "Apprendre à connaître le souvenir est important. Mais aussi savoir maintenir l’équilibre entre les plus tristes et les plus heureux".

    Le récit de Wéma ("Les lunes des chats") est suivi par deux autres histoires. L’une est consacrée à la genèse de Kadish, l’esprit des chats ("Kadish, la Dame des Chats") tandis que l’autre, plus moderne, raconte l’histoire de "Liubov, la petite fille à la robe de soie", dans une mise en page pastel, aux traits esquissés et au graphisme s’approchant de celui de certains mangas.

    La bande dessinée de Callerami et Fansion est aussi un chant d’amour pour les chats : "Égocentriques et toujours à la recherche d’attentions. [Les chats] ont l’habitude d’enchanter ceux qui les aiment par des miaulements langoureux, pour que l’homme préserve leur mémoire, seul moyen que leur esprit ne se dissipe pas complètement… Des souvenirs qui peuvent apporter du plaisir, mais aussi nous faire regretter ce que nous avons perdu."

    Salvatore Callerami et Antonio Fassio, Dandelion, vol. 1, Faites un vœu,
    éd. Shockdom, 2021, 96 p.

    https://shockdom.com
    https://www.facebook.com/salvo.callerami
    https://www.facebook.com/fassioantonio

    Voir aussi : "Frohe Weihnachten, Giulia"

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  • Frohe Weihnachten, Giulia

    Avec Bonjour, Offenbach !, paru aux éditions Shockdom, Luigi Formola et Antonio Caputo proposent une bande dessinée particulièrement sensible, racontée et dessinée à hauteur d’homme et de femme, sur un sujet a priori aride : l’immigration.

    Le récit se déroule en Allemagne au cours des années 70. Il faut tout de même préciser que le choix de cette période n’est pas le plus important. Ce qui l’est plus est le choix de faire de cette histoire ordinaire un conte de Noël.

    Le personnage suivi par les auteurs transalpins est précisément une Italienne, Giulia. Elle s’est installée avec sa famille en Allemagne, à Offenbach-sur-le-Main, non loin de Francfort. Mariée et mère de deux enfants, elle travaille dans un hôtel-restaurant, ne comptant pas plus ses heures et ses week-ends que Paolo, son mari, un ouvrier des chantiers. Les deux enfants, Nicola et Teresa ont commencé leur scolarité au milieu de nouveaux camarades de classes, pas souvent très drôles pour ces petits Italiens et même carrément racistes pour le dire franchement ("Ton père creuse la terre comme un homme des cavernes ? et ta mère est une domestique qui vide nos poubelles"). 

    Un conte de Noël

    C’est donc en Allemagne que la famille italienne s’apprête à passer son premier Noël, loin de sa terre natale, et pour Giulia cette acculturation est cruelle : "Je ne peux pas me permettre que l'âme de ma famille s’assombrisse, recouverte par une couche de neige… Je ne peux pas m'enfermer dans une cage où il n'y aurait que le travail." Cette fêtes de fin d’année ont un goût cruel pour cette immigrée italienne, pourtant a priori parfaitement intégrée mais pour qui il manque sans doute l'essentiel : "Rêver d'un peu d'amour,  de romantisme, n'est plus la priorité. Cela a cessé de l'être au moment où nous avons passé la frontière italienne…"

    Bonjour, Offenbach ! propose une histoire simple et touchante : celle d’immigrés catholiques italiens devant se faire à une nouvelle vie, un nouveau pays, une nouvelle langue et une nouvelle culture.

    En dépit du choix pertinent de placer ce récit dans le passé, les questions posées par Giulia restent toujours valables : comment refaire sa vie ailleurs ? Que faire de ses origines ? Comment vivre le racisme ? L’une des réponses à ces questions existentielles, c’est Giulia elle-même qui la propose, avec justesse : "Souvent la vie nous oblige à être un passager à la merci de ses choix… Ce qui compte, ce n'est pas la chaleur de l'endroit où l'on vit… mais la chaleur qui touche l'âme".

    Luigi Formola et Antonio Caputo, Bonjour, Offenbach !, éd. Shockdom, 2021, 128 p.
    https://shockdom.com
    https://www.instagram.com/luigi_formola

    Voir aussi : "Ce que l’on fait et ce que l’on est"

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  • Gino Bartali, Juste Champion

    Exceptionnels destin et carrière que ceux de Gino Bartali !

    Les fans de cyclisme connaissent le champion et ses deux victoires au Tour de France, l’une en début de carrière en 1938 et l’autre à la toute fin, dix ans plus tard, en 1948, alors que le champion italien va sur ses 40 printemps. L’exploit est encore inégalé à ce jour.

    La performance est d’autant plus remarquable que la carrière du cycliste a été stoppée net par la seconde guerre mondiale, et là est justement le cœur de la bande dessinée de Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes (éd. Marabulles).

    Figure sportive autant qu’héroïque, Gina Bartali naît en Italie dans un village près de Florence. Ses origines modestes le destinent à une existence modeste – maçon comme son père ou ouvrier agricole comme sa mère. Mais c’est le vélo, qu’il découvre jeune, qui le passionne. Côtoyer son cousin Armando mais aussi et surtout son ami Giacomo Godbenberg ont un impact décisif sur son existence et sur sa vie. D’abord parce que la bicyclette a eu une place prépondérante dans les jeunes années de ces garçons, et aussi en raison des origines juives du petit Giacomo, fils d’expatriés russes.

    Rapidement, de courses amateurs en critériums semi-professionnels, Gino Bartali excelle dans les courses à vélo, jusqu’à obtenir ses premiers prix. Sport déjà populaire, le cyclisme est également vu comme une arme idéologique et patriotique dans l’Italie mussolinienne.

    Attachant et comme invulnérable

    Compétiteur dans l’âme, Gino Bartali arrive au Tour de France 1937 comme favori mais il lui faut attendre un avant avant de remporter le Maillot Jaune. Il est le deuxième Italien à remporter la plus importante course du monde. C'est pain bénit pour Mussolini qui rêve de faire de Bartali un des nouveaux héros italiens, "mais dans son pays, le fait qu’il n’encense pas le fascisme et qu’il ne mentionne pas le Duce dans son discours de remerciement fut remarqué."

    Ce premier acte de courage n’est pas le dernier pour celui qui est le plus grand sportif italien de son époque. Sa carrière est cependant compromise avec la seconde guerre mondiale, et contre toute attente, Gino Bartali choisit de se mettre au service de la Résistance et de la lutte contre l'antisémitisme.

    Les fans de cyclisme se précipiteront sur cette bande dessinée élégante et sensible consacrée à une des figures majeurs du vélo, double vainqueur du Tour de France et véritable héros dans son pays. Gino Bartali a été un peu oublié de ce côté des Alpes et cette BD est un excellent moyen de se souvenir de lui, de son parcours, de ses choix et de sa carrière qui aurait pu être bien différente sans le conflit mondial de 39-45 et des dictatures nazies et fascistes du XXe siècle.

    Sur un scénario dense et héroïsant le champion péninsulaire, Lorena Canottiere, Grand Prix Artemisia 2018 pour l’album Verdad, utilise des couleurs pastel rose et orangées. Il y a une certaine douceur, pour ne pas dire naïveté, dans les traits de ses personnages. En dépit de la dureté de cette période, les événements les plus tragiques sont évoquées avec pudeur pour ne garder que l’essence de l’athlète italien, attachant, héroïque, généreux et comme invulnérable. 

    Julian Voloj et Lorena Canottiere, Gino Bartali, Un champion cycliste parmi les Justes,
    éd. Marabulles, 2021, 128 p.

    https://www.yadvashem.org/fr/justes/histoires/bartali.html

    Voir aussi : "Le philosophe aux plateaux"
    "Lev Yachine, l’araignée dorée"

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  • Immense Andrea Laszlo de Simone

    C’est avec un peu moins de trois ans de retard que la France découvre Andra Laszlo de Simone, musicien italien reconnaissable à son look à la Franck Zappa. Mais mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Top 3 des Inrocks en 2020 pour son album Uomo donna, le chanteur turinois avait déjà marqué les esprits avec son EP incroyable,  Immensità, sorti en France en plein Grand Confinement.

    Uomo donna s’avère une entrée en matière passionnante pour un musicien jouant du contrepied permanent. Andra Laszlo de Simone navigue entre pop seventies, sons électros, mélodies incroyables et passages lyriques ("Uomo donna"). Impossible non plus de ne pas parler de la voix inimitable du chanteur italien, sombre et mystérieuse ("Sogno l’amore").  

    "Solo un uomo", un titre pop à la construction harmonieuse définit parfaitement ce qu’est l’opus : un concept album intelligent aux constructions sonores ambitieuses revisitant l’utilisation de l’électro dans la pop ("Eterno riposo"). Qui dit concept-album dit morceaux aux durées inhabituelles, bien loin des standards classiques : plus de 11 minutes pour "Gli uomini hanno fame", un ébouriffant chant de révolte contre les soumissions, que le chanteur exprime ainsi : "Ne vous laissez pas séduire par les fléaux ou l'esclavage / Qu'est-ce qui peut encore vous effrayer ?… / La vie est brève / Dégustez la grande gorgées" ("Non vi fate sedurre da piaghe o schiavitù / Che cosa ancora vi sa spaventare?… / Ben poco la vita / Bevetela a gran sorsi"). On ne saurait mieux dire.

    "Vieni a salvarmi" est un morceau pop semblant sorti tout droit des années 70. Il faut dire qu’Andrea Laszlo de Simone sait surprendre et brouiller les pistes, comme il l’a fait récemment avec le lyrique "Immensità". Pour "Vieni a salvarmi", à la composition savante, se mêlent pop, rock progressif et électronique. Le tout se fond dans des constructions harmoniques labyrinthiques, à grand renfort de sons concrets, de riffs de guitare, d’envolées vocables et d’un superbe solo de violon venant conclure un titre d’une rare intensité.

    L’apport dingue de constructions sonores intelligentes et sans esbroufes

    Nous parlions de brouiller les pistes. L’artiste péninsulaire prouve avec "Meglio" qu’il est capable de proposer du minimalisme à la Dominique A, avec ce je ne sais quoi de moments de grâce.

    Captations de bruits de poulaillers, extraits grésillant d’émissions de radio,  musiques des sphères : Andrea Laszlo de Simone ne s’interdit rien, dans la mesure où la mélodie doit avoir le dernier mot comme aux plus belles heures de la variété des années 60 à 80 ("Questo non è amore", "La guera dei baci").

    Cela ne veut pas dire que le musicien prenne de haut la pop. Dans "Che cosa?", une balade à la guitare, voix et flûte, ne manquent ni cette patte folle, ni cet art de prendre l’auditeur à contre-pied. Si l'on voulait s’en convaincre, l’auditeur n’a qu’à s’arrêter sur "Fiore moi", un morceau au look délicieusement régressif mais dans lequel le musicien italien intègre des sonorités bien actuelles.

    9 minute 23, c’est la durée de "Sparite tutti", le dernier titre de l’opus Uomo donna, minimaliste à souhait, mais non sans l’apport dingue de constructions musicales intelligentes et sans esbroufes.  

    Parlons maintenant de ce fameux EP Immensità. Dans le titre éponyme, un degré de plus est franchi dans l’excellence. L'impressionnant morceau lyrique est appelé à rester dans les annales de la pop. Tout est immense, dit en substance le chanteur : "Toute réalité est immensité / Alors que le rêve se dissoudra alors / Ça va commencer demain / une nouvelle immensité" ("Tutta la realtà è immensità / Come il sogno poi si dissolverà / Da domani inizierà / una nuova immensità").

    À côté de ce titre incroyable, il y a la place pour "La nostra fine", à la  facture pop a priori plus "traditionnelle" mais tout aussi métaphysique, plus sombre aussi : "On peut en parler si tu veux, oui mais / La nuit est venue pour nous / C'est notre fin" ("Possiam parlarne se vuoi, sì ma / La notte è giunta per noi / È la nostra fine.").

    "Mistero", tout aussi lyrique, s’appuie sur un texte à la concision poétique rare : "Mystère / Rallume la lumière / Qui était là / Là dans ta voix? / Lueur / Produire un souffle / C'est comme / Un piège dans le cœur / Pendant ce temps / Fondre dans le corps / Douceur / Refusé / Mystère." ("Mistero / Riaccendi la luce / Chi c'era / Lì nella tua voce? / Bagliore / Produci un respiro / È come / Una trappola al cuore / E intanto / Scioglievi nel corpo / Dolcezza / Negata / Mistero").

    Andrea Laszlo de Simone prend le parti de la trinité musicale mélodie-textes et sons, à l’instar de "Conchiglie" qui vient conclure son dernier EP qui marque la révélation d'un artiste exceptionnel. Juste immense !

    Andrea Laszlo de Simone, Uomo donna, 42 Records, 2017
    Andrea Laszlo de Simone, Immensità, 42 Records, 2020
    https://andrealaszlodesimoneofficial.bandcamp.com/album/uomo-donna
    https://www.facebook.com/andrealaszlomusica
    https://www.instagram.com/andrea_laszlo_de_simone

    Voir aussi : "Fanelly dans le Metro"

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