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belgique - Page 2

  • Aux sources d’Hergé

    Qu’on ne s’y trompe pas. Le titre de l’essai de Bob Garcia, Hergé, les ultimes Secrets (aux éditions du Rocher) n’entend pas être l’ouvrage définitif sur le génial dessinateur belge mais plutôt le bilan  d’une recherche pointue sur des sources de première main pour comprendre l’œuvre d’Hergé : les journaux pour lesquels il a travaillé – Le Petit Vingtième, Le Soir Jeunesse et Le Journal de Tintin.

    Il faut d'abord saluer le travail de l’auteur, spécialiste de Tintin, qui s’est astreint à décortiquer près de 80 000 pages de journaux préalablement numérisées. Bob Garcia a en effet épluché les différentes parties et rubriques de ces magazines pour la jeunesse : éditoriaux, articles d’actualité, conseils de lectures et de spectacles, pages religieuses (ces journaux étaient d’obédience catholique), courrier des lecteurs, chroniques sportives, gags, sans compter les couvertures et les unes.

    La première partie de l’essai est consacré aux inspirations d’Hergé pour les aventures de Tintin. Bob Garcia a choisi logiquement de s’attaquer à chaque album, du plus ancien (Tintin au Pays des Soviets) au plus récent (Tintin et les Picaros). Il faut cependant regretter que L’Alph-Art, l’ouvrage inachevé d’Hergé, n’ait pas droit à sa rubrique.

    Les tintinophiles retrouveront certainement des informations qui ne leur étaient pas inconnues : le destin de Chang dans Le Lotus Bleu et Tintin au Tibet, l’influence du Professeur Piccard pour ses figures de savants – dont Tournesol – et les affaires de politique internationale pour le diptyque lunaire (Objectif Lune et On a a marché sur la Lune) et L’Affaire Tournesol. Sans oublier les références à la guerre sino-japonaise pour Le Lotus Bleu. 

    Le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé

    À côté de cela, le livre de Bob Garcia s’annonce passionnant lorsqu’il déniche des sources de première main : pour Les Cigares du Pharaon, Hergé s’est autant inspiré de Lord Carnavaron et de la découverte de Toutankhamon en 1922 (soit quelques années avant la naissance de Tintin) que du… Ku Klux Klan pour la secte Khi-Oskh.

    Les surprises se multiplient à chaque page. Ainsi, qui sait que le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé ? Les amateurs du détective belge seront sans doute surpris de voir que Les Bijoux de la Castafiore, l’un des chefs d’œuvre d’Hergé, n’a droit qu’à deux pages, au contraire du Sceptre d’Ottokar, plus mineur, mais aussi mieux documenté.

    Les albums de Jo, Zette et Jocko mais surtout Quick et Flupke, ont également été étudiés. Et l’on découvre comment les deux gamins belges, avec leurs gags potaches, illustrent l’ambiance et les préoccupations de la Belgique avant et pendant la seconde guerre mondiale. 

    L’ouvrage se termine avec un chapitre qui se veut une mise au point : "La vérité sur Hergé". L’auteur y aborde un sujet hautement sensible : les accusations de racisme et d’antisémitisme qui continuent de coller à la peau d’Hergé. L’album Tintin au Congo, le plus décrié, n’est pas oublié. Bob Garcia remet en perspective les idées d’un artiste aussi humaniste que naïf, critiquable dans ses choix de carrière, notamment durant l’Occupation, mais en, tout cas attachant et ayant laissé une série de chefs d’œuvre toujours actuels.   

    Bob Garcia, Hergé, Les ultimes Secrets, éd. Du Rocher, 2023, 317 p.
    https://www.editionsdurocher.fr/product/127174/herge-les-ultimes-secrets
    https://www.facebook.com/bobgarciaauteur/?locale=fr_FR

    Voir aussi : "Tintin et compagnie en figurines"

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  • Tintin et compagnie en figurines

    Voilà un ouvrage qui ravira les amoureux et amoureuses d'Hergé, et en particulier de Tintin. L'encyclopédie des Figurines de Collection, Hergé & Co, parue chez Cote-a-cas, dont il s'agit de la troisième édition, constitue un recensement amoureux des plus rares produits dérivés de l'univers d'Hergé.

    Précisions d'emblée que Tintin et ses compagnons constituent l'essentiel des personnages figurés, même si on note la présence de ces autres héros que sont Jo, Zette, Jocko, Quick, Flupke ou l'Agent 15. Cette encyclopédie recense, pas moins de 680 objets.

    L'encyclopédie de Cas. Mallet, tintinophile et collectionneur passionné, est exemplaire en ce qu'elle est autant un hommage à l'univers d'un des plus grands créateurs du XXe siècle qu'un ouvrage de référence sur les produits dérivés. On peut trouver dans son livre, dit l'auteur, bordelais et non pas belge, "la référence précise à chaque statuette et une cote approximative qui permettra de mieux cerner le second marché". Chacun de ces produits est présenté sous forme de fiche descriptive comprenant les informations sur le fabricant, le sculpteur, la matière utilisée, la date de production, le nombre d’exemplaires produits et la taille de l’objet.

    Cas. Mallet a découpé son encyclopédies en sections consacrées aux principaux créateurs, ateliers et distributeurs des produits dérivés de l'univers Hergé, farouchement défendu, on le sait par les héritiers et ayant-droits de Georges Remi ("RG"). Ces créateurs et distributeurs sont Aroutcheff, Aura Distribution, Christian Desbois Éditions, Fariboles Productions, Hapax, Leblon Delienne, Pixi, Sol3, Plastoy, Résitec Production, Tintinimaginatio et Weta Workshop.

    Un fétiche Arumbaya rafistolé 

    Le lecteur – et sans doute collectionneur ou futur collectionneur – trouvera un choix d'objets de toutes tailles et pour toutes les bourses. À côté de figurines assez classiques de Tintin ou du Capitaine Haddock, parfois pour quelques dizaines d'euros (chez Moulinsart, atelier Plastoy), on notera une pléthores de reproductions de véhicules : l'Amilcar des Cigares du Pharaon, La Ford Lincoln des Sept Boules de Cristal, le Carreidas de Vol 714 pour Sidney, la "Licorne" du Capitaine Haddock et de son ancêtre et bien entendu la fameuse fusée lunaire.

    Le tintinophile sera sans doute intrigué de retrouver des produits dérivés moins classiques, à l'instar de plusieurs statues du détective belge inspirés de l'album posthume et inachevé Tintin et l'Alph'Art (Moulinsart, Pixi, 40 à 50 euros). Les créateurs de ces figurines ne manquent pas d’imagination : plusieurs objets reproduisent de véritables scènes d'albums de Tintin : Zorrino ramassant ses oranges (Moulinsart, Pixi, 100 euros), Tintin découvrant la Salle d'Opium dans le Lotus Bleu (Moulinsart, Pixi, 210 euros) ou encore le Capitaine Haddock ramassé par Tintin et Nestor après une chute dans les escaliers de Moulinsart au cours d'un épisode fameux des Bijoux de la Castafiore (Fariboles Production, 1300 euros).

    Le nombre de produits dérivés consacrés au petit monde d'Hergé a tout pour ravir les amoureux de Tintin. Parmi les objets les plus attachants, nous ne pouvons pas ne pas citer ce fétiche Arumbaya rafistolé imaginé par Pïxi, d'un hauteur de 46 centimètres et estimé tout de même à 440 euros. Il y a aussi ce magnifique jeu d'échecs en métal, toujours de Pixi, datant de 1995. Mais il faudra tout de même débourser près de 4 300 euros. Cela dit, il est vrai que la passion d'a pas de prix.

    Cas. Mallet, Encyclopédie des Figurines de Collection, Hergé & Co,
    éd. Cote-a-cas éditions, 2023, 172 p. 

    https://cac3d.com

    Voir aussi : "Un record pour Le Lotus Bleu"

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  • Lulu de retour à Bruxelles

    Il y a quelques temps déjà, je vous parlais de l’un des opéras les plus emblématiques du XXe siècle, Lulu, avec Barbara Hannigan dans une des interprétations les plus marquantes du personnage d’Albain Berg. La chanteuse canadienne a rendossé ce rôle pour le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, dans la même mise en scène de Krzysztof Warlikowski.

    C’est l’occasion de revenir sur la critique que j’avais faute en 2015 de l’opéra de Berg, un opéra disponible en DVD et Blu-Ray dans la version historique de Barbara Hannigan.

    Extrait : 
    Pour jouer Lulu, rôle phare de l'opéra le plus célèbre du XXe siècle, combien de sopranos auraient le coffre de s'y frotter ? Or, non content d'avoir relevé le gant pour la Monnaie de Bruxelles en 2012, Barbara Hannigan mérite de voir son interprétation devenir une référence légendaire.

    Lulu, l'opéra dodécaphonique en trois actes d'Alban Berg (le dodécaphonisme étant cette technique inventée par Arnold Schoenberg donnant une importance comparable aux douze notes de la gamme chromatique, rejetant de fait toute tonalité), écrit en 1935 et resté inachevé par le compositeur (le troisième acte a été terminé par Friedrich Cerha), conte le destin de Lulu.

    Celle que l'on nomme et surnomme également Eva, Mignon, Nelly ou Lilith est une beauté légendaire, une femme fatale, "un ange exterminateur" et "la putain la plus raffinée qui ait jamais ruiné un homme" comme le dit un de ses amants et victimes…

    La suite ici…

    Alban Berg, Lulu, dirigé par Alain Altinoglu, mise en scène de Krzysztof Warlikowski,
    avec Barbara Hannigan, Lilly Jørstad, Gérard Lavalle, Rainer Trost et Toby Spence

    https://www.lamonnaie.be/fr/program/1953-lulu
    http://www.barbarahannigan.com

    Voir aussi : "Barbara Hannigan est Lulu"

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  • David Linx, trouble-fait 

    Virtuose et incandescent : voilà les premiers mots qui viennent à l’écoute du dernier album de David Linx, Skin In The Game. 40 ans de carrière et toujours la flamme chez le jazzman, l’inventeur du "chanteur de jazz européen", qui a brûlé les planches à 14 ans seulement.

    L’artiste bruxellois, et parisien d’adoption, a le sens du lyrique ("Azadi"), aidé en cela par la formation qui l’accompagne, et en premier lieu Grégory Privat au piano.

    Avec "Here I Can See", nous sommes dans un jazz à la Michel Legrand, coloré et vivifiant – mais en anglais. Une vraie composition digne d’une comédie musicale de Jacques Demy. Classique et imparable. Les vagues pianistiques virtuoses et rythmées de Grégory Privat font là encore merveille.

    Pour "Changed In Every Day", Languissant et sensuel à force d’être mélancolique, David Linx propose un chant et un voyage astral et amoureux, bien loin de la photo âpre et sombre du jazzman sur la pochette de son album. De même, "Prophet Birds" peut s’écouter comme une incantation mystique, une prosopopée chantée avec justesse et une grande douceur, grâce à sa voix riche et étendue.

    Une des plus belles voix de la scène jazz

    Dans un tout autre univers, pour "Skin In The Game", qui donne le titre à l’opus, le jazz se pare de couleurs urbaines. David Linx chante en featuring avec Marlon Moore pour ce, morceau plus sombre et comme déconstruit. "Night Wind" a cette même facture urbaine, comme si le jazz américain entrait de plein pied dans un futur mystérieux et fantasmagorique. Fantasmagorique, pour ne pas dire métaphysique, à l’exemple des titres lents et planants "On The Other Side Of Time" ou "To The End Of An Idea".

    Tout aussi américain, avec "Walkaway Dreams", nous sommes dans un jazz mêlant esprit new-yorkais et influences contemporaines européennes, avec un David Linx semblant énormément s’amuser.

    Dans un album à l’univers étendu, le chanteur belge sait jouer le "trouble-fait", à l’instar du bien-nommé "Troublemakers" : il s’agit d’un morceau inventif, caractéristique d’un chanteur ayant pour boussole sa voix, et que l’auditeur, même non-expert, identifiera vite. Et avec toujours ce piano virevoltant de Grégory Privat. 

    L’album se termine avec "A Fool’s Paradise", une ballade jazzy sucrée et lancinante, comme une jolie promenade avec un musicien à la fois lumineux et attachant, et qui est aussi une des plus belles voix de la scène jazz.

    David Linx, Skin in The Game, Cristal Records, 2020
    http://www.davidlinx-official.com
    https://www.facebook.com/DavidLinxOfficiel

    Voir aussi : "Un tour du jazz à la voile"

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  • Tagada tagada, voilà les Dalton Telegramme

    Le titre est peu facile pour cette chronique sur les Dalton Telegramme, Victoria, un opus passionnant, tout en relief et en sensibilité. Victoria est aussi le titre du premier morceau. La voix à la Bashung et le rock acoustique sont au service d’un portrait amoureux et d’un récit plein d’amertume : "Victoria tu te souviens / La victoire nous appartient / Victoria / On était partis pour la gloire qui nous va si bien / Qui te va si bien" (Victoria).

    Amour, rêves, fantasmes et séparations : ce lot quotidien est au cœur notamment de Sparadrap, dont le clip a été réalisé par Louan Kampenaers et Romain Habousha. La douleur d’un amour qui, insidieusement, n’en finit de partir est au cœur de ce titre âpre et sensible : "Ta peau colle encore à ma peau comme un sparadrap / Ne l’enlève pas trop / Tôt / Ne pars pas. "

    Ton portrait est également une histoire de séparation, cette fois avec une sorte de légèreté. La séparation est assumée et même revendiquée haut et fort : "Dans la longue galerie de mes portraits / J’ai décroché le tien de l’entrée / J’ai trouvé le courage et le quart d’heure /Pour faire le ménage dans mon bunker / Et désormais comme Mick Jagger / C’est moi qui serai l’unique leader / Pour pousser ton portrait ailleurs au fond de mon bunker." Un vrai happy-end en quelque sorte : "Et pourtant je ne m’en vaux pas tant que ça / Je ne me souviens déjà plus de tout." Si tu reviens j’annule tout, en référence au message d’un ancien Président de la République, est dans le même univers : séparation, retrouvailles et départs impossibles : "Reviens car si je te réclame c’est que je crois bien que je t’aime toujours même si c’est la mort dans l’âme."

    À moins que le départ définitif soit tout simplement la solution, mais toujours avec élégance et humour, à l’instar de Gare du nord : "J’ai enfilé mon sourire et mon plus beau dédain / pour regarder ton arrière-train s’éloigner / Désolé, tu vas pas me manquer."

    "Regarder ton arrière-train s’éloigner / Désolé, tu vas pas me manquer"

    Sur une pop sucrée, Lolita83 se veut un regard sur les illusions et les ratés des relations amoureuses via Tinder, eDarling et autres Attractive World : "Et moi qui était tout disposé à vous aimer / Lolia83 à la manière de la mante religieuse / Lolita vous m’avez fait croire que vous n’étiez pas dangereuse." Ah, les dangers des réseaux sociaux et de l’Internet ! Pourvu qu’elle s’en lasse s’intéresse cette fois à une femme "qui pourraient se damner… pour quelques doigts levés… [ou] un partage…" Une vraie critique contre le virtuel et un appel à la vie et au vrai : "Car au fond, elle le sait / C’est pas dans les pieds dan la tombe / Qu’on mènera la fronde / Pas le doigt sur la mappemonde / Qu’on fera les plus belles rencontres / Alors pourvu qu’on s’en lasse."

    Après Le jour du seigneur, une électro pop-folk qui prône l’amour des Dalton Telegramme pour le son et les nuits musicales, le titre Tout à coup (tout t’accuse) est une tranche de vie : l’histoire d’amour impossible avec une voisine. Sous forme d’un petit bonheur fugace – et interdit ("Pourquoi tu t’excuses / Tout à coup tout t’accuse.") – cette jolie chanson surgit tel un éclat de lumière : "Et même si tu t’en vas dès que mes yeux se replient / je t’ai eu un peu pour moi et ça ça n’a pas de prix."

    Le relais, qui n’est pas sans rappeler le son du Graceland de Paul Simon, nous relate une aventure minuscule. Une nuit. Un concert. Une rencontre noctambule. Une femme fatale. L’amertume, de nouveau : "Si tu savais / Comme tu leur plaît / Si tu savais comme c’est le cœur lésé que je leur ai laissé / Le relais."

    Le groupe liégeois d'oublie pas le rock avec un singulier hommage à St Exupéry qu'est Vol du nuit. Ce titre voyage dans le pays de la solitude, au cœur d’une nature hostile, sous des conditions météos capricieuses et dans un avion exigeant. Le poète se fait jour dans cette complainte aigre-douce d’un pilote perdu dans sa solitude.

    Pour Mon sanglot, le groupe belge propose une ballade à la guitare et au violoncelle et voix au sujet d’une naissance, "hors de l’ombre." Une sortie dans "le vide." Une naissance. Tour simplement. "Comme tous les petits gars timides / Comme tous les figurants du monde / Il a voulu sortir du vice / Il a voulu faire un pas hors de l’ombre." Ce morceau d’une très grande sensibilité se termine par ces magnifiques vers : "Près de ton cri vivait mon sanglot plus petit mais pas moins vaniteux / Qui se dit que tant pis plein le dos de tant de cris pour si peu / Alors qui, sans rompre le charme, / S’en ira dans le calme, / S’endormira, oui, mais sans drame / Et à bientôt mon sanglot."

    Dalton Telegramme, Victoria, Art-i, 2019
    http://www.art-i.be/artistes/page-artiste/23
    https://www.facebook.com/daltontelegramme

    Voir aussi : "Je veux du glam"

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  • Comme un jeu vidéo

    Pour commencer, un petit mot sur le titre mystérieux du dernier EP du duo belge The Joy of Missing Out : Run SOFA se veut un hymne à la passion du jeu-vidéo, pratique plus sociale qu’on ne veuille bien le dire lorsqu’il est prétexte aux retrouvailles de deux cousins (Ask My Cousin) devant une partie de Red Dead Redemption, de Fortnite ou de FIFA.

    Assumant ce concept artistique, le groupe a été jusqu’à proposer ni plus ni moins qu’un jeu-vidéo pour accompagner les titres de Run SOFA. Le jeu permet de se plonger dans l’univers de The Joy Of Missing Out, mais aussi de découvrir la musique dans une version alternative qui rappelle l’insouciance de l’enfance, lorsque l’on jouait sur la Sega Megadrive de sa grande cousine.

    L’électro-rock du duo formé par Antoine et Julien se veut sans concession : nerveux et sombre (Weird) ou aux rythmiques rap (Ask My Cousin), comme un trip-hop à la Tricky qui aurait été revisité par nos deux Belges subversifs.

    Cet EP sonne comme un ensemble homogène, même lorsqu’il puise dans des sons industriels (27) ou lorsque les sons se télescopent, à l'instar de Not A Song. Là, les riffs de guitares saturées très punk-rock, les voix fatiguées et l’électronique sont poussés jusqu'à leurs derniers retranchements.

    Le titre The New Us est tout en recherche lui aussi. L’électro-rap est sous méthamphétamine et le duo belge ne s'embarrasse pas de circonvolutions : ils semblent avancer en terrain miné dans une musique industrielle nineties, avant un atterrissage presque en douceur avec A Smilar At Ur Face. Ce dernier morceau se veut presque apaisé, comme après une nuit sous acide, ou derrière la console. Ou les deux, comme on voudra.

    The Joy of Missing Out, Run SOFA, JauneOrange/PIAS, 2019
    https://www.facebook.com/RUNSOFAOFFICIAL

    Voir aussi : "Juste quelques minutes d’électro"

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  • Brol d’elle

    "Bordel" ou "Bazar" : c’est la signification flamand du terme "Brol", le titre du premier album d’Angèle. Le brol, explique l’artiste belge dans une récente interview pour Elle, est ce qu’il y a dans son sac : " des clés, un livre, un paquet de chewing-gums, vide, une clé USB… Des choses pas forcément utiles, mais dont je n’arrive pas à me séparer, parce qu’elles rassurent..."

    Grâce à ce premier album aussi personnel et dérangé qu’un sac à main, le moins que l’on puisse dire est qu’Angèle est entrée avec fracas sur la scène musicale française. Quelques mauvaises langues ont parlé d’une pop facile et assez peu révolutionnaire. Mais c’est justement cette simplicité et cet esprit cash qui a permis à Angèle de trouver son public, et même un très large public. N’en déplaise à certaines critiques, la jeune artiste s’impose avec audace grâce à sa voix sans fioriture, son sens de l’autodérision, son franglais bien de son époque mais surtout sa qualité d’écriture.

    Prenez le titre qui l’a fait connaître, La Loi de Murphy. Sur cette chronique talk-over d’une journée de merde, il est à parier que quelques millions de jeunes filles reconnaîtront des situations qu’elles ont elles-mêmes vécues. Angèle se confie d’une voix exaspérée comme si elle s’adressait à de bons potes : "Puis là, c'est trop parti en couilles. Il y a d'abord eu la pluie : la loi de Murphy a décidé d'enterrer mon brushing. Un mec me demande son chemin : gentiment je le dépanne. En fait, c'était qu'un plan drague : ce con m'a fait rater mon tram J'en profite, je passe à la banque, je laisse passer mémé. Si seulement j'avais su qu'elle relèverait tous ses extraits de l'année, je l'aurais poussée et coincée dans la porte automatique." Que du vécu, à l’instar de Flemme, une autre tranche de vie bien ordinaire sur ces journées grises et maussades ("Laissez-moi tranquille / Ce soir, la flemme d'éviter les mauvais regards / Team jogging dans l'appart sans perdre mon portable, ma dignité, mes clés / J'suis dans un mauvais mood, je répondrai plus tard").

    Joli bazar

    Au-delà de ces confessions, Angèle est de notre époque et croque notre société du haut de son insolente jeunesse : la misère des réseaux sociaux (La Thune), le star-system (Flou), l’homosexualité (le délicat Ta Reine) ou le machisme avec Balance ton Quoi.

    On s’arrêtera d’ailleurs plus longuement sur ce titre. Balance ton Quoi s’écoute comme la contribution d’une artiste au mouvement #metoo. Il est aussi une pierre lancée contre le climat étouffant de misogynie jusque dans le milieu de la musique : "Ils parlent tous comme des animaux / De toutes les chattes ça parle mal / 2018 je sais pas ce qu’il te faut / Mais je suis plus qu'un animal / J'ai vu que le rap est à la mode / Et qu'il marche mieux quand il est sale / Bah faudrait peut-être casser les codes / Une fille qui l'ouvre ce serait normal." Quelques amateurs de rap apprécieront.

    Dans ce joli bazar qu’est Brol, Angèle s’impose comme une artiste parvenant, mine de rien, à se démarquer de ses consœurs de la pop. De sa voix fragile et tout en retenue, la chanteuse belge touche l’auditeur au plus près. Usant du "je" et du "tu" dans un souci de proximité et de connivence, Angèle décliné quelques jolis titres sur l’amour : amour inconditionnel (Nombreux), amour virtuel (Tes yeux), amour mort (Les Matins), amour empoisonné par la jalousie (Jalousie) ou amour impossible (Ta Reine).

    Brol serait-il un album au "bazar" rassurant mais pas forcément utile ? Ce serait oublier le résultat soigné qu’offre Angèle. Et puis, peut-on réellement dénigrer une artiste qui ose chanter avec autant de justesse et sans mièvrerie, en duo avec Roméo Elvis, la recherche du bonheur, du vrai : "Le spleen n’est plus à la mode, c’est pas compliqué d’être heureux" ?

    Angèle, Brol, Angèle VL Records, 2018
    https://www.facebook.com/angeleouenpoudre

    Voir aussi : "Jade Bird, Huh la la !"

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  • #BalanceTonCon

    La lutte contre le fascisme, le populisme et la connerie peut même avoir lieu dans le cadre d’une émission météo. C’est sans doute l’un des enseignements à tirer de ce qui est arrivé à Cécile Djunga, une présentatrice météo de la chaîne RTBF.

    Ulcérée par les commentaires au sujet de son apparence physique, Cécile Djunga a décidé, loin des studios feutrés de la télévision, de dire sur Facebook ce qu’elle pensait des messages qu’elle recevait.

    Sa vidéo postée sur le célèbre réseau social a été vu plusieurs millions de fois et lui a permis de passer quelques vérités : "Hier, au boulot, une dame a appelé pour dire que j’étais trop noire, qu’on ne voyait rien à l’écran, qu’on ne voyait que mes habits et que je ne passais pas bien à la télé parce que j’étais trop noire, et qu’il fallait me le dire." Et Cécile Djunga d’appuyer : à ceux qui lui demandent de "rentrer dans [son] pays", elle répond : "Je suis dans mon pays !"

    "Je suis dans mon pays !"

    La RTBF a publiquement soutenu la journaliste. Le quotidien belge Le Soir, dans son édition du 7 septembre, rappelle que la lutte contre le racisme est devenue une priorité nationale au même titre que la lutte contre le terrorisme, dans un pays encore dans une forme de déni de son passé colonial.

    Cécile Djunga, en lançant sa vidéo coup de poing appuie là où cela fait mal. Le hashtag #BalanceTonCon, qu’elle a lancé dans la foulée, pourrait bien devenir un cri de ralliement dans la lutte contre ce fléau mondial qu’est le racisme.

    "La présentatrice météo bouleverse la Belgique," Le Soir, 7 février 2018

    Voir aussi :"Rose McGowan, Prix Nobel de la Paix"
    "Qu'est-ce que le fascisme ?"