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Beaux-arts, musées et expositions - Page 11

  • L’art d’enculer les mouches

    Qu’est-ce qu’un musée ? Le Petit Larousse le définit ainsi : "Lieu, édifice où sont réunies, en vue de leur conservation et de leur présentation au public, des collections d’œuvres d’art, de biens culturels, scientifiques ou techniques." Le vénérable ICOM (Conseil International des Musées) a choisi en 2007 d’en faire une définition plus précise mais aussi plus complète : "Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l'humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation." L’affaire était entendue et ne méritait pas que l’on glose éternellement sur ce sujet, mais plutôt que l’on encourage le grand public à retrouver le chemin de ces établissements.

    Alors, quelle mouche a piqué l’ICOM de tout remettre en question et se lancer dans une querelle byzantine digne des disputes médiévales sur le sexe des anges ? L’objet de la bataille intellectuelle ? Ni plus ni moins qu’une nouvelle définition du musée.

    Fin juillet, lors de la 139e session de l’ICOM, nous apprend Le Quotidien de l’art (édition du 2 septembre 2019), l’institution a mouliné et accouché d’une proposition sensée moderniser le concept de musée. Au terme d’un travail de synthèse et de plusieurs mois de travaux et de réflexion, une définition du musée vient de voir le jour propre à décontenancer plus d’une personne.

    Accrochez-vous : "Les musées sont des lieux de démocratisation inclusifs et polyphoniques, dédiés au dialogue critique sur les passés et les futurs. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils sont les dépositaires d’artefacts et de spécimens pour la société. Ils sauvegardent des mémoires diverses pour les générations futures et garantissent légalité des droits et l’égalité d’accès au patrimoine pour tous les peuples. Les musées n'ont pas de but lucratif. Ils sont participatifs et transparents, et travaillent en collaboration active avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, étudier, interpréter, exposer, et améliorer les compréhensions du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à Injustice sociale, à légalité mondiale et au bien-être planétaire."

    Cette définition a été définitivement adoptée lors de l’assemblée extraordinaire à Kyoto du 7 septembre 2019. 

    Prendre la mouche

    Passés à la trappe les anciennes références aux concepts d'"institution", de "public" ou d'"éducation". Les pontes de l’ICOM parlent vaguement et pompeusement de "lieux de démocratisation", avec, certes, des objectifs ambitieux et louables : "contribuer à la dignité humaine et à Injustice sociale, à légalité mondiale et au bien-être planétaire." Mais il y a plus grave : il n’est plus fait référence aux œuvres d’art ou aux biens culturels et scientifiques mais "d’artefacts" et de "spécimens pour la société." Je vous voie déjà préparer votre prochaine sortie : "Chérie, si on sortait découvrir les derniers artefacts du Centre Pompidou ? – Bonne idée. C’est important que notre enfant puisse s’immerger dans le lieu de démocratisation afin de découvrir ces spécimens de la société !"

    Plus sérieusement, voilà une bien curieuse initiative venant de grosses têtes plus décidées à servir un discours ampoulé – on pourrais même dire vulgairement "à enculer les mouches" – qu’à faire redescendre le musée au milieu de la cité.

    Le quotidien spécialisé souligne d’ailleurs que cette initiative de renverser la table ne suscite pas l’adhésion de la majorité des conservateurs de l’ICOM, loin s’en faut. La présidente du comité national français de l’ICOM, Juliette Raoult-Duval prend déjà ses distances en disant regretter cette nouvelle (et inutile ?) définition du musée : "Un glissement politique regrettable" trop idéologique, des "termes professionnels (…) évacués ou diminués, et [qui] ne s’adossent plus solidement à notre code de déontologie."

    Juliette Raoult-Duval n’est pas la seule à prendre la mouche : un front de résistance – certes minoritaire au sein de l’ICOM – s'est mobilisé pour que cette nouvelle définition ne soit pas entérinée, en vain.

    Cette bataille consternante sur une définition aussi inutile que pompeuse pourrait bien faire une victime : les musées eux-mêmes qui, mise à part les grandes expositions événements, peinent à intéresser le grand public. Pas sûr qu’en mettant tant d’énergie dans un mot les responsables muséographiques jouent pour leur camp dans ce qui ressemble à une vaste farce.

    Sarah Hugounenq, "Musée : tempête autour d’un mot"
    Quotidien de l’art, 2 septembre 2019

    https://icom.museum/fr

    Voir aussi : "Qu’est-ce qu’un chef d’oeuvre ?"

  • Femmes extraordinaires des Andelys

    Il reste encore plus d’un mois pour découvrir l’exposition de Claudine Loquen au Musée Nicolas-Poussin des Andelys. Sous le titre "Les Dames des Andelys", l’artiste normande dévoile une soixantaine de peintures et de sculptures sur bois sur les grandes figures féminines de cette ville, ancienne place forte de l’Empire Plantagenêt comme le prouve l’imposant Château-Gaillard.

    Pour cette exposition, Claudine Loquen consacre une large place aux femmes du Moyen Âge : s. Clotilde, Aliénor d’Aquitaine et Marguerite de Bourgogne. D’autres figures apparaissent dans cette galerie touchante : Marie et Marguerite de Lampérière (les épouses des frères Corneille), l’aéronaute Sophie Blanchard (et aussi première femme à périr lors d’un accident aérien) et la peintre Marthe Lucas dans le portrait d’une artiste aux yeux rêveurs et aux charmantes joues rosées. Un hommage est également rendu à Madame Bovary, la personnage romanesque de Gustave Flaubert, ainsi qu’aux femmes de la communauté malienne des Andelys (La délicate et espiègle Princesse malienne).

    Marchant sur les pas de Marc Chagall (Oiseaux et reines), Claudine Loquen donne à ses personnages une facture étonnante, bien loin des représentations académiques et réalistes. Les visages ont cette naïveté d’autant plus touchante que l’artiste rehausse ses peintures de couleurs vives, dans des compositions poétiques et surréalistes.

    Sur les pas de Marc Chagall

    Aliénor et ses filles, dans la toile qui porte ce nom, tourbillonnent dans une danse féerique sur fond d’un décor fleuri et aux ors klimtiens. Aliénor en croisade n’est pas représentée à la manière d’une peinture historique mais comme une scène d’enluminure fantastique dans laquelle les chevaux apparaissent comme des créatures extraordinaires. La reine Clotilde prend vie dans un portrait qui nous la rend familière et contemporaine. La peintre normande choisit également, pour représenter la sulfureuse et bouleversante Emma Bovary, un sage et souriant portrait de famille, perturbé en arrière-plan par un tableau des amants scandaleux.

    Claudine Loquen s’approprie ces personnages, historiques ou fictifs, pour en faire des sujets de scènes oniriques où se mêlent saynètes de la vie quotidienne (Marthe Lucas en train de peindre), scènes historiques (Aliénor en croisade), rêves (Clotilde, reine des Francs) et cauchemars (Assassinat des parents de Clotilde, reine des Francs).

    Cette exposition lumineuse et singulière est à découvrir au Musée Nicolas-Poussin des Andelys jusqu’à la fin septembre.

    Les œuvres de Claudine Loquen sont également à voir au Musée d'art spontané de Bruxelles, au Musée international d'art naïf de Magog (Canada) ainsi qu'au Musée Daubigny à Auvers-sur-Oise.

    "Les Dames des Andelys", exposition de Claudine Loquen
    Musée Nicolas-Poussin des Andelys (27)
    Jusqu’au 29 septembre 2019
    http://www.claudine-loquen.com

    Voir aussi : "Hors-série Normandie impressionniste"

    © Claudine Loquen
    Aliénor d'Aquitaine et ses filles
    Technique mixte sur toile 100cmX80cm

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  • Toutânkhamon, de l’obscurité à la lumière

    Il y a un peu moins de cent ans de cela, après plusieurs campagnes égyptiennes infructueuses à la recherche de la tombe du pharaon Toutânkhamon (v. 1340 av. JC - 1326 av. JC), l’archéologue Howard Carter convainc le richissime mécène Lord Carnarvon de financer une dernière prospection dans un périmètre qu’il estime n’avoir été jamais fouillé. Son intuition est la bonne puisque le 4 novembre 1922, une première marche est découverte puis dégagée. Elle donne accès à une tombe jamais visitée : celle de Toutânkhamon, fils d’Akhenaton, onzième pharaon de la XVIIIe dynastie. Son court règne est tombée dans l’oubli depuis que Toutânkhamon a été frappé d’une damnatio memoriae prononcée par ses successeurs. Son nom a disparu de la liste des pharaons, ce qui va paradoxalement assurer sa postérité. En tombant sur une sépulture quasi intacte car oubliée des pilleurs, Toutânkhamon passe des ténèbres à la lumière.

    Rarement le terme de "trésor" n’a paru aussi bien indiqué pour une telle découverte. Les organisateurs de l’exposition de La Villette ont véritablement travaillé la mise en scène pour proposer un ensemble d’espaces destinés à rendre toute la richesse, la splendeur et l’attrait historique de cette sépulture. Comme le dit Tarel El Awady, commissaire de l’exposition, "[En 1922], les scientifiques et les universitaires furent étonnés à la fois par l’importance du trésor de Toutânkhamon, mais également par la quantité d’information qu’il recelait, et qui permit une compréhension plus profonde de l’histoire de l’Égypte ancienne. Mais la découverte du tombeau de Toutânkhamon permit surtout de réfuter la croyance solidement installée chez les égyptologues de l’époque selon laquelle « tout avait déjà été découvert dans la Vallée des Rois. »"

    Une découverte presque miraculeuse et entrée dans la légende

    150 objets remarquables, tant pour leur valeur artistique que pour leur apports historiques et scientifiques, sont présentés : le cercueil miniature canope à l’effigie de Toutânkhamon en or, verre coloré et cornaline (mais sans la momie du prestigieux souverain !), la spectaculaire statue de Ka à taille réelle et à l’effigie du pharaon, le lit funéraire en bois doré, une magnifique statue en bois et feuille d’or représentant le roi coiffé de la couronne blanche, des mains incrustées d’or tenant la crosse et le fléau, un somptueux pectoral en or, argent, cornaline, turquoise et lapis-lazuli ou un étonnant modèle de barque solaire en bois. Une statue du dieu Amon protégeant Toutânkhamon, prêtée par Le Louvre, est également exposée. Coffres, bijoux, objets de la vie quotidienne, armes ou statues font pénétrer le visiteur dans une civilisation qui continue de fasciner et de surprendre.

    Mais cette exposition nous fait aussi comprendre l’histoire de cette découverte presque miraculeuse et entrée dans la légende. 3200 ans après sa mort, et alors que ses successeurs ont cherché à effacer les traces de ce pharaon qu’ils estimaient trop lié au règne de son père, le révolutionnaire Akhenaton, Toutânkhamon devient singulièrement une véritable célébrité, pour ne pas dire une icône pop – ce que montre le dernier espace de l’exposition. Passé de l’ombre d’une sépulture à la lumière des médias, le jeune pharaon incarne sans doute plus que n’importe quel souverain la magnificence d’une civilisation que l’on ne finit pas de découvrir.

    Il ne reste plus que quelques semaines pour découvrir l’un des trésors archéologiques les plus spectaculaires qui soit, avant son retour définitif en Égypte.

    Toutânkhamon, Le Trésor du Pharaon
    Du 23 mars au 22 septembre 2019
    Grande Halle de la Villette
    https://expo-toutankhamon.fr

    Voir aussi : "Twilight Zone chez Castel"

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  • Twilight Zone chez Castel

    La série culte The Twilight Zone est à l’honneur chez Castel le mercredi 24 Juillet, de 22 heures à 4 heures du matin avec un événement placé sous le signe de l’art contemporain, de la création et des sens et proposé par le directeur artistique Gwenaël Billaud.

    Cette galerie a su depuis imposer un nouveau concept de soirées investies par l'art moderne et contemporain, dans le cadre desquelles participent performeurs, artistes, DJs, et personnalités du monde de l'art. Le temps de la soirée, l'espace se transforme en galerie éphémère, un club artistique en somme où la nuit rend hommage à la création contemporaine – sous le regard de Rod Steiger donc.

    Outre la diffusion des épisodes de La Quatrième Dimension, la soirée verra l’intervention de plusieurs artistes et performeurs : Daniela Zuniga, alias Nina Zun (artiste vidéo), Valéry Grancher (webartiste), Neil Lang, Pierre Bénard "osmoart" (parfumeur), Jakob Liu Wächter (shooting art mode), avec également un live d’Alexandre Bruni-Sarkozy, un live painting de Corentin Bouchaert, une performance de Super-Lexie et une lecture publique de Nenad Milosavljevic.

    Les Dj set Eric Pajot et Gwenaël Billaud viendront compléter cette nuit placée d’une autre dimension sous le signe de Twilight Zone.

    The Twilight Zone, La Galerie
    Castel, 15, rue Princesse, Paris 6e arrondissement
    https://galeriebillaud.blogspot.com
    https://www.facebook.com/galeriegwenaelbillaud

    Voir aussi : "Grande exposition de poche"

  • Conte de la folie ordinaire

    Quelques minutes suffisent pour lire cette Histoire du Rapt, bande dessinée que Nicolas Le Bault a conçu de A à Z. Nicolas Le Bault : cet artiste underground nous avait tapé dans l’œil avec son roman graphique inclassable La Fille-Miroir. Nous l’avions ensuite suivi dans le projet White Rabbit Dream, production collective mêlant dessins, photos et textes.

    Cette fois, c’est seul que Nicolas Le Bault a écrit et dessiné cette Histoire du Rapt, creusant un peu plus l’univers d’un artiste tourmentant ses personnages, avec une force cathartique qui n’appartient qu’à lui.

    Cette BD au format nouvelle s’apparente à un conte horrifique dans lequel l’enfance est la première victime. Il y a du David Lynch, du Sade, du Bukowski, du Tim Burton, mais aussi un peu de La Nuit du Chasseur dans cette histoire contant un secret d’adultes – bien qu’il ne soit que partiellement dévoilé – découvert par un garçon qui sera confronté à l’interdit mais aussi à la mort.

    Nicolas Le Bault a particulièrement soigné cette nouvelle dessinée, que ce soit dans le texte et dans le dessin. Sa patte est reconnaissable : personnages naïfs dessinés comme les poupées de notre enfance, visages expressionnistes bien trop joyeux pour être honnêtes, couleurs appuyées. L’univers enfantin n’est qu’un décor factice derrière lequel se cache l’odieux, la folie et l’inceste.

    Petit à petit, l’œuvre graphique de Nicolas Le Bault construit un univers terrible, poétique et passionnant à découvrir.

    Nicolas Le Bault, Histoire du Rapt, Pool of Years, White Rabbit Prod, 2019, 16 p.
    https://www.whiterabbitprod.com

    Voir aussi : "White Rabbit Dream, transgressif et sensible"

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  • Robert Couturier à la galerie Dina Vierny

    Il est possible que le nom de Robert Couturier ne vous dise rien. Il s’agit pourtant d’une figure importante de l’art du XXe siècle, à la longévité exceptionnelle : plus de 60 ans de carrière de la part d’un artiste mort il y a un peu plus de 10 ans à l’âge vénérable de 103 ans.

    Robert Couturier (1905-2008) aura traversé les mouvements esthétiques du siècle passé avec la passion d’un homme représentant à lui seul les mues de l’art européen, entre cubisme, abstraction et nouvelle figuration.

    La galerie Dina Vierny propose jusqu’au 29 juin 2019 un aperçu de son œuvre. Il y a d’abord ces bronzes, aux silhouettes longilignes, rugueuses et proches de l’abstraction. L’ancien élève d’Aristide Maillol recherche, à l’instar de Giacometti, l’essentiel dans ses personnages à partir de presque rien : une forme, un mouvement ou des aspérités. "Robert Couturier envisagera la sculpture comme un art de l’ellipse, raison pour laquelle il accordera au vide une place centrale dans la construction de ses sculptures étirées" comme le dit l’historienne d’art Valérie Da Costa au sujet de cette exposition.

    Une figure importante de l’art du XXe siècle, à la longévité exceptionnelle

    Dans les salles exiguës de la Galerie Dina Vierny, les œuvres de Robert Couturier semblent trouver un écrin intime, qui donne tout loisir de voir vivre ce faune jouant du pipeau (1949), cette fillette au cerceau (1952) ou ce guerrier (1958).

    La galerie de l’ancienne muse de Maillol propose également un magnifique service à café en pièces émaillées incolores des années 1959-1961. Il a été édité en 12 exemplaires par la Manufacture nationale de Sèvres. Des œuvres plus conceptuelles sont également proposées : un Saint-Sébastien en bois et clous (1999), un évêque en tube métallique, papier et marbre (1987) et des créations à partir de matériaux de récupération imaginées par un artiste à la carrière phénoménale. Il écrivait ceci en 1979 : "Pour moi, je n’ai jamais d’idée que partant d’une forme déjà existante, une forme rencontrée souvent par hasard…un caillou, un morceau de bois échoué sur une plage, un cylindre en carton, un fer tordu par exemple. J’ai ramassé ce caillou ou cette ferraille sans bien discerner ce qui m’attirait en eux et je les regarde, je vis avec, puis peu à peu une image humaine se greffe sur ces objets."

    Robert Couturier sera à découvrir à la Galerie Dina Vierny jusqu’au 29 juin prochain.

    Robert Couturier à la Galerie Dina Vierny, jusqu’au 29 juin 2019
    36 rue Jacob, Paris 6e, Ligne 4, métro Saint-Germain-des-Prés
    Horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 14h à 19h
    www.galeriedinavierny.fr

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  • Chères rouquines

    Voilà un livre qui tombe à pic : alors qu’a lieu jusqu’au 13 mai prochain l’exposition "Roux" au Musée Jean-Jacques Henner (Paris 17e), Édith Pauly propose son essai Rousses ! Les flamboyantes à travers l’histoire Aux éditions Quai des Brunes (sic).

    C’est un euphémisme de dire que les femmes rousses ont inspiré esthétiquement les artistes autant qu’elles ont suscité toutes les passions mais aussi les idées reçues. L’auteure écrit ceci dans sa préface: "Le rouge, première couleur du prisme, est perçu de manière ambivalente selon les époques et les cultures. Il peut représenter le pouvoir, la vie, la chaleur, mais tout autant basculer de l’autre côté du miroir avec l’enfer, la traîtrise, la cruauté… Parfois même les deux représentations coexistent !"

    Les préjugés tout autant que les fantasmes alimentent l’iconographie pléthorique de ces femmes qui ont pu être reines, guerrières, modèles, artistes, actrices, mannequins ou simplement des figures anonymes. La relative rareté de leur caractéristique physique (1,5 % de la population mondiale), qui est le résultat de la mutation d’un gène il y a plusieurs milliers d’années seulement, expliquent en grande partie pourquoi les rousses ont pu susciter tour à tour fascination, méfiance, admiration ou adoration.

    Édith Pauly retrace, grâce à un ouvrage passionnant et richement documenté, l’histoire de ces chères rouquines, une histoire qui commence d’abord par ces figures légendaires, mythologiques ou sacrées qui ont fascinées les hommes en raison précisément de la couleur rouge de leur chevelure. La journaliste précise d’emblée que l’ambivalence est présente dès l’époque romaine avec le terme latin de rufus qui désigne aussi une injure courante qui signifie "grotesque", "risible" et difforme", au point que les roux ont pu être chassés de Rome pour expier les fautes de la Cité.

    Le roux et la rousse deviennent mal aimés, au point de servir de modèles pour des personnages abhorrés : Ève, Caïn, Lilith, Judith, Dalila et jusqu’aux sorcières à l’époque de l’Inquisition. Pour illustrer ces figures mythiques, Édith Pauly puise dans des sources de tous horizons, les rousses ayant inspiré de nombreux artistes, que ce soit Rubens (Samson et Dalila, 1610), Cranach L’Ancien (Salomé avec la tête de Jean-Baptiste, 1530), ou John Collier (Lilith, 1887).

    Fausses rousses

    En dehors de ces personnages légendaires, les femmes rousses ont marqué toutes les époques et frappé l’imagination de leur contemporain, nourrissant même malgré elles les préjugés sur cette fameuse couleur. Édith Paul s’intéresse à quelques figures historiques : Elizabeth Ier et Marie Stuart – la première ayant fait décapiter la seconde –, les guerrières berbères Kahena et Fatma Tazouguerth ou encore Roxelane, la concubine de Soliman le Magnifique. Ces rousses légendaires frappent par leur caractère de feu, à l’image de leur chevelure, mais aussi, pour certaines, par leur indépendance : "Souvent violentes, guerrières, sans scrupule, à tout le moins de fort tempérament, leur destin s’achève fréquemment en tragédie" : la reine bretonne Boadicée (ou Boudicca), la pirate Anne Bonny, Marion du Faouët ou, bien plus près de chez nous, l’espionne russe Anna Kushkenko.

    Édith Pauly consacre près de la moitié de son essai à l’influence de la rousseur sur l’esthétique. Et l’on découvre à quel point la caractéristique physique d’une chevelure a pu marquer l’histoire de l’art... La Vénus sortant des eaux de Botticelli était une rouquine. Au XIXe siècle, Manet demande à Victorine Meurent de poser pour elle pour Le déjeuner sur l’herbe puis pour Olympia. Autre maîtresse, autre rousse : Tulla Larsen pour qui Klimt aura une passion folle. L’inspiration pour ces femmes est telle que des mouvements picturaux entiers s’appuient sur cette couleur flamboyante : le préraphaélisme, le symbolisme ou l’art nouveau. Modigliani et sa compagne Jeanne Hébuterne, sa muse rouquine, vont révolutionner l’art pictural grâce à ces portraits reconnaissables entre tous et ces fameux cheveux.

    Le livre ne passe pas sous silence l’utilisation que la publicité, la bande dessine, le cinéma ou la télévision ont faites des rousses, avec là encore quelques figures devenues cultes : Maureen O’Hara, Marlène Jobert, Isabelle Huppert, Agnès Moorehead, Fifi Brindacier, Barbarella ou Sophie Dahl, la mannequin ayant posé pour le parfum Opium®.

    Aujourd’hui, ces fascinantes et chères rouquines sont plus présentes que jamais. Autrefois méprisées ou moquées, elles seraient presque jalousées, voire enviées. Les fausses rousses ne manquent pas, écrit Édith Pauly, que ce soit Mylène Farmer, Kylie Minogue, Rachel McAdams ou… Axelle Red. La danseuse de stars Fauve Hautot, elle-même, s’est colorée les cheveux dès l’âge de 12 ans. La mode mais aussi les préjugés sont passés par là, est-il dit en conclusion : "Certaines ont envie de faire évoluer leurs rôles, comme peuvent l’être les blondes lassées des stéréotypes attachés à leur couleur. Pour d’autres, se teindre en rousse leur aurait donné un culot, une prestance qu’elles n’avaient pas auparavant. Du moins le pensaient-elles."

    Édith Pauly, Rousses ! Les flamboyantes à travers l’histoire,
    éd. Quai des Brunes, 2018, 128 p.

    Exposition "Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel"
    du 30 janvier au 13 mai 2019 au musée Jean-Jacques Henner, Paris 17e

    https://edithpauly.wixsite.com/edith-pauly
    https://www.editionsquaidesbrunes.fr/en/product/rousses

    Voir aussi : "Baigneuse sortant des eaux"

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  • Streeet art à Montargis en hommage à Girodet

    L’art de la rue : telle est littéralement la traduction du street art. Il est à l’honneur à Montargis, à l’occasion de la réouverture du Musée Girodet.

    Après plusieurs années de fermeture, prolongées en raison des crues historiques de 2016, l’établissement public a accompagné sa réouverture par une série de créations contemporaines de Julien de Casabianca. Ce dernier a créé plusieurs collages géants de plus de huit mètres de haut, inspirés pour la plupart de l’œuvre d’Anne-Louis Girodet.

    Une manière de faire découvrir à la population de la sous-préfecture du Loiret une figure importante de la peinture du XIXe siècle.

    http://www.musee-girodet.fr
    https://www.juliendecasabianca.com

    Voir aussi : "Hors-séries inondations à Montargis"

     

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