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  • Suis-je l'auteur de ma propre vie ?

    Logo simple.jpgLe café philosophique de Montargis fixe son nouveau rendez-vous le vendredi 24 mars 2017 à la Brasserie du Centre commercial de la Chaussée. Pour cette nouvelle séance, les participants débattront sur cette question : "Suis-je l'auteur de ma propre vie ?"

    Une telle question pose en soi une première réflexion : celle de savoir si notre propre vie pourrait être une œuvre dont nous serions les créateurs. Ne serait-ce pas limiter dans ce cas notre existence à un "work in progress" à l’échelle humaine ? Être auteur de sa propre vie c’est au fond assumer notre propre liberté. N’est-ce pas présomptueux ou, pour reprendre Freud, faire preuve "d’égoïsme naïf" ? Cette liberté totale, clamée par Jean-Paul Sartre est-elle tenable ? Quelles en sont les limites ? Notre libre-arbitre peut-il être faussé ? Autrui est-il un obstacle à ma liberté ?
    Ce sont quelques-unes des questions qui seront traitées au cours de cette séance du 24 mars, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

  • Ça va être ta fête

    À l’occasion de la Journée de la femme le 8 mars, paraît en librairie Ça va être ta fête ! de Cécile Delacroix, un livre de 40 courtes nouvelles de la vie de famille, de couples, de femmes célibataires. Une plongée dans la vie de femmes, en proie aux aléas de la vie, qui font souvent montre de beaucoup d’imagination pour en sortir.

    Avec une tendresse grinçante, l'auteure dresse le portrait de femmes, jeunes ou moins jeunes, en prise avec un quotidien qu’elles tentent désespérément de maîtriser ou d’infléchir. Une grande bouffée de rire en ces temps où la place des femmes est constamment discutée par des hommes bien intentionnés.

    De la Saint-Roméo à la Saint-Aimé, en passant par la Saint-Vincent-de-Paul, Cécile Delacroix revisite les saints pour mieux égratigner les humains ; les hommes de préférence, tour à tour lâches, escrocs, machos mais tendres aussi. En une quarantaine de courtes chroniques de la vie ordinaire, toujours drôles, souvent désopilantes, parfois même dramatiques, elle nous emmène dans la vie de femmes aimantes, amantes, soumises ou révoltées, qui nous touchent parce qu’elles nous ressemblent.

    La rupture à la Saint-Sylvestre, les déboires d’une actrice à la Saint-Oscar, la retraite tant attendue de Martine à la Sainte-Félicité, le week-end en amoureux d’amants adultères à la Saint-Fidèle, les gaffes de Sophie à la Sainte-Prudence... Cécile Delacroix s’empare de l’éphéméride pour revisiter avec humour les aléas de la vie, de l’amour, de l’amitié.

    Cécile Delacroix, Ça va être ta fête !, éd. Le Texte Vivant, 180 p.

  • Futurophilie

    Le magazine Beaux-Arts continue son aventure dans le neuvième art, en proposant un hors-série passionnant sur la bande dessinée de science-fiction. Après la BD érotique, paru l’an dernier, c’est un autre genre qui est mis à l’honneur par le prestigieux magazine d’art, un genre populaire, souvent considéré de haut, mais à l'influence considérable. "La bande dessinée de S.F. a contaminé les blockbusters du cinéma contemporain, de Star Wars à Blade Runner en passant par le futur Valérian de Luc Besson. Les petits Français n’y sont pas étrangers. Dans les années 1970 et 1980, les bibliothèques des studios hollywoodiens étaient remplies de numéros de Métal Hurlant" dit à ce sujet Vincent Bernière dans son éditorial.

    Il est vrai que ce hors-série de Beaux-Arts fait la part belle à la science-fiction dessinée tricolore : Les Pionniers de l’Espérance de Roger Lécureux et Raymond Poïvet, Les Naufragés du Temps de Jean-Claude Forrest et Paul Gilon, Valérian et Laureline de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, Lone Sloane de Jacques Lob, Beanjamin Legrand et Philippe Druillet, L’Incal d’Alejandro Jodorowsky et Moebius, La Trilogie Nikopol d’Enki Bilal et Le Transperceneige de Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette.

    Bien entendu, BD et SF font aussi bon ménage qu’il n’est possible, pour une raison évidente : avant le développement des effets spéciaux au cinéma – et leur corollaire, les effets numériques –, la bande dessinée était un médium sans nul autre pareil pour donner la vie à des mondes imaginaires et des univers extraordinaires.

    Les auteurs du magazine datent la naissance de la BD de SF française à l’immédiate après-guerre, avec la parution des Pionniers de l’Espérance de 1945 à 1973. L’élégante et futuriste saga de Roger Lécureux et Raymond Poïvet, de par sa longévité exceptionnelle, va marquer un nombre considérable d’auteurs. Parmi ses héritiers figure Les Naufragés du Temps de Jean-Claude Forrest et Paul Gilon. Un large public va se laisser conquérir par ce space opera somptueux, palpitant et sexy. Ce chef d’œuvre, aussi magistral soit-il, n’aura pas autant d’influence que l’épopée de Valérian, l’agent spatio-temporel et de la "jeune et jolie sauvageonne Laureline", "une anti Barbarella." Les aventures de ce couple, berçant entre réalisme et fantaisie, sont si marquantes que l’oeuvre de Christin et Mézières est présente jusque dans la mythique saga Star Wars.

    Les lecteurs français de Beaux-Arts découvriront une figure légendaire de la BD de SF : L’Éternaute des Argentins Héctor Oesterheld et Victor Solano López. Cette histoire d’un pays tombé dans l’apocalypse suite à la chute d’une neige mortelle donne des sueurs froides, mais pas pour les raisons que l’on pense. L’Éternaute devient un personnage emblématique et politisé lorsqu’en 1976 ce héros, créé en 1957, reprend du service. Nous sommes en pleine dictature argentine et les militaires prennent très au sérieux cette bande dessinée de science-fiction allégorique et engagée. Considéré comme un opposant, le scénariste Oesterheld est poursuivi avant d’être arrêté et de disparaître en 1977. Auparavant, il a dû vivre les enlèvements et les morts atroces de ses quatre filles, non sans avoir choisi de terminer malgré tout l’épisode de la série mythique entré dans la culture argentine.

    En parlant de ce scénariste ayant donné sa vie pour son œuvre et ses idées, il faut souligner la place que Beaux-Arts donne aux scénaristes de BD, insuffisamment mis en avant : Roger Lécureux, Jean-Claude Forrest, Pierre Christin, Brian K. Vaughan ou Alejandro Jodorowsky. Il est rappelé que Jacques Lob est à ce jour le seul scénariste à avoir reçu le Grand Prix du Festival d’Angoulême, en 1986.

    Déconsidérée, méprisée ou ignorée, la science-fiction dessinée a trouvé dans le prestigieux magazine d’art un précieux soutien.

    Les Secrets des chefs d’oeuvre de la BD de science-fiction, Beaux-Arts,
    hors-série, février 2017, 154 p.

  • Au 21 rue la Boétie

    Regardez cette petite fille au teint de porcelaine se fondant avec un haut de robe de la même couleur. Ses lèvres roses prononcées semblent répondre aux rayures du vêtement. Marie Laurencin représente l’enfant de face mais celle-ci ne regarde pas le spectateur. Elle fixe de ses immenses yeux bleus le sol, avec un mélange de timidité et d’intense concentration. Cette fillette, peinte par une artiste majeure du XXe siècle, s’appelle Anne Sinclair. Elle a quatre ans en 1952, lors de l’exécution de ce tableau, et appartient à la famille des Rosenberg. Son grand-père Paul Rosenberg (1881-1959) a été l’un des plus grands marchands d’art de la première moitié du XXe siècle et aussi le soutien d’un nombre importants de grands maîtres de l’art moderne : Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, Henri Matisse et bien sûr Marie Laurencin.

    Le Musée Maillol propose du 2 mars au 23 juillet 2017 l’exposition 21 rue La Boétie qui retrace l’histoire de cette aventure artistique, historique mais aussi familiale, à travers une impressionnante et émouvante exposition de 60 chefs d’œuvres issus de cette famille de collectionneurs d’art, à l’influence considérable.

    Homme d’affaire avisé et amateur éclairé, Paul Rosenberg ouvre en 1910 sa galerie parisienne au 21 rue de Boétie :"Je compte faire des expositions périodiques des Maîtres du XIXe siècle et des peintres de notre époque" écrit-il à l’époque.

    Ces maîtres du XIXe siècle, ce sont Renoir, Monet, Manet, Toulouse-Lautrec, Sisley et même Van Gogh qui ont été achetés par le premier collectionneur de la famille, Alexandre Rosenberg. Paul Rosenberg poursuit les acquisitions de son père en regardant d'abord du côté des impressionnistes, des représentants de l'école de Barbizon et de grandes figures du XIXe siècle. Le Musée Maillol consacre une salle dédiée aux œuvres d’Édouard Manet (La Sultane, v. 1871), de Renoir (Le Poirier d'Angleterre, (1873) ou une marine précoce de Claude Monet (Bateaux de Honfleur, 1866).

    Mais c'est dans l'art moderne que l'influence des Rosenberg va s'avérer décisive, grâce notamment à Léonce Rosenberg (1878-1947). Passionné de cubisme et d'abstraction, le frère de Paul ouvre sa galerie, rue de la Baume, à Paris. La première guerre mondiale ouvre des perspectives inattendues pour les deux frères. Jusqu'en 1914, le marchand d'art allemand Daniel-Henry Kahnweiler avait pris sous son aile plusieurs pointures de l'art cubiste. La Grande Guerre impose son départ du sol français, si bien que, orphelins de leur soutien et protecteur, c'est naturellement vers les Rosenberg que se tournent les modernes.

    laurencin,picasso,matisse,kann,renoir,toulouse-lautrec,van gogh,monet,manet,braque,sisley,impressionnisme,cubisme,léger,rosenberg,anne sinclair,kahnweiler,apollinaire,masson,wildenstein,delacroix,ensor,streit,höhn,hirsh,kokoschka,junghanns,maillol,rodin,rothschild,bernheim-jeune,seligmannEn quelques années, non content d'acquérir une collection d’œuvres majeures, la famille tisse des liens professionnels, artistiques mais aussi personnels avec ces artistes. Ainsi, Pablo Picasso, intime des Rosenberg, représente Micheline Rosenberg dans une toile (Mademoiselle Rosenberg, 1919) qui marque le retour du peintre d'origine espagnole à la figuration. Marie Laurencin, l'ancienne maîtresse et muse de Guillaume Apollinaire, sera un membre à part entière du cercle privé, jusqu'à faire poser la petite-fille de Paul (Anne Sinclair à l'âge de quatre ans, 1952). L'exposition a, entre autres, le mérite de présenter un nombre significatif de cette artiste trop mal connue : Les Deux Espagnoles (1915) ou La Répétition (1936).

    Léonce ouvre les collections familiales au cubisme, contribuant à défendre avec pugnacité cet art, décrié à l'époque. Le Musée Maillol présente, dans plusieurs salles, un choix représentatif d'acquisitions : Georges Braque (Nu couché, 1955), Fernand Léger (Composition, 1929) et bien entendu Picasso (Guitare sur tapis rouge, 1922). Le surréalisme n'est pas absent (André Masson, Enlèvement, 1931) et l'avant-garde est mise en avant (Henri Matisse, La Leçon de Piano, 1923). Marchand d'art, Paul Rosenberg entend être un découvreur de talents, tout autant qu'un passeur auprès du public. Voilà ce qu'il écrit en 1941 à ce sujet : "Les peintures en avance sur leur époque n’existent pas. C’est le public qui est parfois à la traîne de l’évolution de la peinture. Combien d’erreurs ont été commises, combien de jeunes futurs grands peintres ont connu la misère à cause de l’ignorance des marchands et leur refus de les soutenir, tout simplement parce qu’ils n’aimaient pas cet aspect de leur art ou parce qu’ils ne les comprenaient pas ! (…) Trop souvent, le spectateur cherche en lui-même des arguments contre leur art plutôt que de tenter de s’affranchir des conventions qui sont les siennes."

    Passionné et rigoureux, Paul Rosenberg met en place un système pour essaimer ses idées de progrès. Il pressent très tôt l'importance du marché américain et choisit de s'associer avec Georges Wildenstein (1923). Il conseille des musées parisiens et provinciaux, édite des catalogues, cartographie, photographie et indexe avec précision ses œuvres, s'intéresse à la publicité dans les journaux et bien entendu achète, achète et achète ! Anne Sinclair écrit ceci : "Comme l’a souligné de nombreuses fois la presse américaine, Paul fut, jusqu’à la guerre, le plus grand marchand en Europe, de Delacroix à Picasso. « Imaginez, racontait un grand journal californien dans les années quarante, être capable d’entrer dans le studio de Matisse ou de Picasso deux fois par an, de regarder quarante de leurs meilleures toiles et dire “je les prends toutes” ! Jusqu’à la guerre, c’est ce que faisait Paul Rosenberg. »" Le musée Maillol a eu l'idée astucieuse d'entrer virtuellement dans la galerie du 21 rue La Boétie, via le système ancien et remis au goût du jour des jumelles à diapositives, que beaucoup ont expérimenté durant leur enfance. Les photographies en noir et blanc de la galerie Rosenberg dévoilent un lieu d'une richesse incomparable qui ne survivra pas à la seconde guerre mondiale.

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    Le Musée Maillol rappelle un événement peu connu du grand public mais à la portée artistique, éthique et symbolique peu commune : la vente à Lucerne en 1939 de 125 œuvres "dégénérées" (109 tableaux et 16 sculptures) accaparées par les nazis. Y figurent des peintures de Fernand Léger (Trois femmes, Le grand déjeuner, 1921-1922) ou Oskar Kokoschka (Monte-Carlo, 1925). Le monde de l'art se déchire sur la question d'acheter ou non des peintures et des sculptures exceptionnelles pour les sauver, ou, plus cyniquement, enrichir une collection. Paul Rosenberg refuse catégoriquement de participer à cette vente.

    Suite à la défaite française, Paul Rosenberg, marchand d'art d'origine juive en vue, doit quitter la France. Il finit par atterrir aux États-Unis et ouvre en 1941, à New-York, une nouvelle galerie, au 79 East 57th Street. Auparavant, il a essayé de mettre à l'abri quelques-unes de ses toiles (Nature morte à la cruche et Baigneur et baigneuses de Picasso), en vain : le coffre-fort à Libourne où il pensait avoir mis à l'abri ses tableaux les plus précieux est récupéré par l'armée allemande.

    À Paris, la galerie du 21 rue La Boétie est fermée, réquisitionnée par les autorités et devient - ironie du sort - l’Institut d’Études des Questions juives. Anne Sinclair écrit ainsi de cette période : "Le 4 juillet 1940, Otto Abetz, l’ambassadeur du Reich à Paris, adressa donc à la Gestapo la liste des collectionneurs et marchands juifs les plus connus de la place : Rothschild, Rosenberg, Bernheim-Jeune, Seligmann, Alphonse Kann, etc. C’est dès ce jour-là que l’hôtel du 21 rue La Boétie aura été perquisitionné, avec saisie des œuvres d’art que Paul avait laissées, d’une bibliothèque de plus de mille deux cents ouvrages, de l’équipement de toute une maison (des meubles anciens aux accessoires de cuisine), de plusieurs centaines de plaques photographiques et de toutes les archives professionnelles de la galerie depuis 1906. Figuraient aussi des sculptures, restées à Paris car difficilement transportables – dont un grand Maillol, et les deux statues célèbres de Rodin, Eve et L’Age d’airain, qui ornaient le hall de la rue La Boétie."

    laurencin,picasso,matisse,kann,renoir,toulouse-lautrec,van gogh,monet,manet,braque,sisley,impressionnisme,cubisme,léger,rosenberg,anne sinclair,kahnweiler,apollinaire,masson,wildenstein,delacroix,ensor,streit,höhn,hirsh,kokoschka,junghanns,maillol,rodin,rothschild,bernheim-jeune,seligmannAvec la Libération s'ouvre l'étape compliquée de récupération des œuvres spoliées. Cette période dure encore aujourd'hui, 70 ans plus tard. Très vite, les alliés se sont intéressés au pillage par les nazis des musées et des collections privées. À l'été 1944, le train 40044 à destination de la Tchécoslovaquie est détournée par la Résistance. Elle y récupère 967 œuvres d'art. L'organisateur, Alexandre Rosenberg, a la surprise de découvrir dans ce stock des tableaux de son propre père !

    Les années suivantes, ces marchands d'art n'auront de cesse de récupérer leur bien. De nombreux tableaux, disparus puis sauvés par les Rosenberg, sont exposés au Musée Maillol : le fameux Baigneur et Baigneuses de Pablo Picasso (1920-1921), ou Profil bleu devant la cheminée de Matisse (1937).

    La seconde guerre mondiale aura finalement mis à mal durablement la capitale parisienne du marché de l'art. À partir des années 50, c'est aux États-Unis, et plus en Europe, que se fera la pluie et le beau temps dans l'art moderne. La dernière salle de l'exposition est consacrée aux années américaines de Paul Rosenberg, marquées par l'exposition itinérante consacrée à Aristide Maillol de 1958 à 1960. Rien d'étonnant que près de 60 ans plus tard le Musée Maillol ouvre à son tour ses portes à l'une des plus belles collections d'art moderne, sous le regard bleu et chavirant de la petite Anne peinte par Marie Laurencin.

    21 rue La Boétie, Musée Maillol, du 2 mars au 23 juillet 2017
    http://www.museemaillol.com

    Anne Sinclair, 21 rue la Boétie, Paris, éd. Grasset, 236 p., 2012

     Marie Laurencin, Anne Sinclair à l’âge de quatre ans, 1952, Huile sur toile, 27 x 22 cm, Collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2016

    Georges Braque, Nu couché, 1935, Huile sur toile, 114,3 x 195,6 cm, Collection David Nahmad, Monaco

    Pablo Picasso, Nature morte à la cruche, 19 avril 1937, Huile sur toile, 46,3 x 64,8 cm,
    Collection David Nahmad, Monaco. © Succession Picasso © Photo: Collection David Nahmad, Monaco

    Pablo Picasso, Baigneur et baigneuses (Trois baignants), 1920-1921, Huile sur toile, 54 x 81 cm
    Collection David Nahmad, Monaco. © Succession Picasso © Photo: Collection David Nahmad, Monaco

  • C’est le plus dandy des albums

    Si L’Absinthe de MoonCCat, était sorti il y a plus de quinze ans, le bloggeur (et sans doute pas que lui) se serait fait une joie de le classifier parmi les œuvres "fin de siècle." Décadent, dandy, d’un romantisme noir : les qualificatifs ne manquent pas pour ce deuxième album d’un artiste atypique sur la scène musicale française, et qui a fait récemment la première partie d’un concert de La Femme à La Rochelle, le 26 janvier dernier.

    MoonCCat fait de l’absinthe, cette boisson verte alcoolisée mythique et polémique, le thème d’un album enivrant et puisant ses références dans la cohorte d’artistes dits "décadents" de la seconde moitié du XIXe siècle : Charles Baudelaire, Oscar Wilde, Edgar Allan Poe ou Thomas Lovell Beddoes.

    La "fée verte" a inspiré au poète et musicien des titres sombres, élégants, étranges et renvoyant l’auditeur à une certaine idée de l’artiste maudit.

    MoonCCat impose son univers avec une constance qui impose l’admiration. Les textes parlent d’ivresses, de visions gothiques ou d’amours noirs, à l’exemple de Poison, une adaptation d’un poème de Charles Baudelaire : "Tout cela ne vaut pas le poison qui découle / De tes yeux, de tes yeux verts, / Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers."

    MoonCCat instille ce je ne sais quoi de poison raffiné dans les onze titres de cet album pop-rock et lo-fi. Le style du chanteur n’est pas sans rappeler Bryan Ferry, donnant à L’Absinthe l’éclat d’un diamant noir. Enivrant comme la fée verte, vous disais-je.

    MoonCCat, L’Absinthe, Vert d’Absinthe, 2016
    www.moonccat.com

  • Julia Palombe : Au lit, Citoyens !

    Candidate à l'élection présidentielle, l'auteure, danseuse, chanteuse et actrice Julia Palombe s'est lancée dans la course vers l’Élysée, avec, chevillée au corps, son engagement pour "la liberté, l'égalité et les sexualités." En septembre 2016, son un livre manifeste Au lit citoyens !" (éd. Hugo Doc-Blanche) signe le départ de sa campagne aux Présidentielles, avec le parti du Jouir Ensemble. Tout un programme !

    Entre deux meetings et trois concerts, Julia Palombe a accepté de répondre au questionnaire "Présidentielles 2017" de Bla Bla Blog. Qu'aimez-vous et qui aimez-vous, Julia ? Les réponses, ici.

    En littérature, Julia Palombe cite deux auteurs aux antipodes de son image rock et libérée, avec Pablo Neruda comme auteur fétiche et La plus que Vive (1996) du poète et moraliste chrétien (sic) Christian Bobin comme livre de chevet.

    Nous serons moins surpris d'apprendre que la candidate et musicienne a été voir récemment – comme beaucoup – La La Land. Que Fellini fasse partie de ses cinéastes préférés n'étonnera guère chez cette artiste qui a fait de la sexualité un de ses chevaux de bataille. Marcello Mastroianni fait partie de ses acteurs favoris : là encore, qui pourrait l'en blâmer ? Nous restons en Italie pour la question au sujet des séries que Julia Palombe suit assidûment. Elle cite "la superbe" et audacieuse série Gomorra.

    Musicalement, pas de surprise : c'est le rock et les Rolling Stones vers lesquels vont les goûts de l'artiste et candidate de Jouir Ensemble.

    Deux questions de Bla Bla Blog concernaient les beaux-arts et les expositions. Julia Palombe cite parmi ses peintres favoris Salvador Dalí. La dernière exposition qu'elle a vue est "Strip Art" consacrée au peintre et dessinateur de BD érotiques Alex Varenne. Le dernier spectacle que Julia Palombe a vu est Françoise par Sagan au Théâtre du Marais, par Caroline Loeb, un monologue sensible et plus vrai que nature sur Françoise Sagan. Le texte a été composé à partir d'authentiques interviews de l'auteur de Bonjour Tristesse.

    À la question sur les journaux et magazines lus par Julia Palombe, cette dernière cite We Demain, élégant et riche "mook" (contraction de "magazine" et "book").

    Retrouvez ici l'intégralité des réponses de Julia Palombe, avec cette dernière question : "Quelle politique culturelle envisagez-vous de mener en cas de victoire aux Présidentielles ?"

    Le questionnaire complet de Bla Bla Blog, avec les réponses de Julia Palombe

    Quel est votre livre préféré ?

    Christian Bobin, La plus que vive. L'auteur décrit avec tant de justesse et d'émotion la perte de l'être aimé. J'avais été bouleversé par le portrait de cette femme, la description de "ses manières" de maman...

    Quel est votre auteur fétiche ?

    Pablo Neruda. J'avais crée une pièce chorégraphique autour de ses Poèmes d'amour. La passion et la fougue qui transparaissent dans ses vers sont irrésistibles pour moi. J'ai rêvé d'être Mathilde...

    Quel film avez‐vous récemment vu au cinéma ?

    La La LandUn chef petit bijou ! Et quel thème musical délicieux !

    Quel est votre acteur ou actrice favori ?

    Marcello Mastroianni. Je peux regarder en boucle des nuits durant les films 8 et 1/2 ou La Dolce Vita. Je suis une admiratrice inconditionnée de son allure, de son regard. Il est toujours juste ! Et il peut être très drôle aussi ! 

    Quel metteur en scène admirez‐vous ?

    Fellini forever. Une amie m'a offert le livre de ses rêves, et j'y replonge régulièrement, pour m'y perdre... ou m'y retrouver. Cet artiste était un génie de la réalisation, un visionnaire extrêmement talentueux. 

    Quelle série suivez‐vous assidûment en ce moment ?

    En ce moment aucune… La dernière que j’ai vu c’est la superbe Gomorra. Réalisation "sur le fil du rasoir" comme on dit ! Tendu, violent, mais magistral.

    Quel est votre style de musiques favori ?

    Rock : Hendrix, Led Zeppelin, Zappa, Presley... Le rock c'est la musique du plaisir, de la magie, du sexe ! 

    Quel est votre compositeur, musicien et/ou chanteur favori ?

    Je ne me lasserai jamais des Rolling Stones ! Emotional rescue, Hot Stuff... Les riffs de Keith, le look et la voix de Jagger... Ce sont les maîtres en matière de rock'n'roll.

    Quel est votre peintre favori ?

    Le peintre surréaliste Dalì, pour sa vision très personnelle de la fuite du temps en particulier. Et puis vers la fin de sa vie, il a fait des déclarations brillantes que j'apprécie grandement, comme par exemple: "Je suis de moins en moins fou, et je suis tellement équilibré que au point de vue bonheur...J'ai souvent peur de crever d'excès de satisfaction."

    Quelle est la dernière exposition que vous ayez vue ?

    Varenne à Paris. J'étais invitée à faire une signature de mon manifeste lors du premier salon littéraire érotique qui s'est tenu pendant l'exposition. 

    Quelle est la dernière pièce de théâtre ou spectacle que vous ayez vue?

    Françoise par Sagan au Théâtre du Marais, par Caroline Loeb. Une merveilleuse actrice très bien entourée (lumières, mise en scène). Une partition que de nombreuses actrices rêveraient de jouer...

    Quel journal et/ou magazine lisez‐vous régulièrement ?

    We Demain. Le seul magazine qui soit positif tout en étant instructif. We Demain me donne envie de faire des choses, d'améliorer mon quotidien et celui de tous. Car je ne supporte plus les torchons dépressifs qui plongent le peule dans une léthargie...

    Pratiquez-vous vous‐même un art ?

    Je suis une artiste.

    Quelle politique culturelle envisagez vous de mener en cas de victoire aux Présidentielles ?

    La culture est essentielle dans la société, elle permet de lutter contre l’ignorance, la violence, la bêtise, la haine. Elle concerne 700 000 emplois en France et contribue 7 fois plus au PIB français que l’industrie automobile ! La culture doit être placé au centre de la vie des français, et au cœur de l’éducation.

    http://www.juliapalombe.com