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luc besson

  • Un frigo intergalactique

    Le moins que l'on puisse dire est que L’‎Œil du frigo sait faire montre d'une grande ouverture d'esprit, car après un billet sur Don Camillo en Russie cette fois c'est Le Cinquième Élément de Luc Besson qui a droit aux faveurs de notre spécialiste ès frigo au cinéma.

    Bonjour à tous, les petits voyeurs du frigo. Alors là, cette semaine, on a du lourd : la version frigo du Cinquième Élément... Brrr, ça fait froid dans le dos...

    On se dit qu'à cette époque, les frigos tous connectés seront pleins et achalandés comme il se doit, avec un gars qui viendra vous livrer à jour fixe tout ce que vous avez déjà ingurgité. Ben non! La preuve est là, si on se fie au fabricant du futur : le frigo sera vide.

    Si on associe le mot "immonde" prononcer par Bruce, avec l'ouverture du frigo on a là tout l'intérêt du réalisateur pour cet objet. C'est pas bien, M. Besson de ne pas aimer les frigos ! D'autant que dans ce cas là, les barquettes n'ont pas de logo, il y a vaguement quelque chose de pourri dedans. Quant à mettre des corn-flakes au frais, on est en pleine science-fiction : c'était peut être l'idée du film. À y regarder de plus près, ce ne sont pas des corn-flakes, mais des Gemini, une sorte de gâteau du futur en forme de vaisseau intergalactique, avec une boite moche et sans doute un cadeau à gagner dans la boîte - comme à l'époque du paquet Bonux (les digitals natives, vous pouvez sauter ce passage, il n'est pas pour vous). Encore un assistant réalisateur qui a placé là ses souvenirs d'enfants.

    Bon revenons au film, je plains le cameraman qui, enfermé dans le frigo, fait un plan de bas en haut pour nous montrer ces barquettes vides. Bravo ! Surtout que, d'après cette scène, on comprend que c'est assez petit chez Korben Dallas ("Dallas moultipass..." : les initiés comprendront).

    Heureusement, la gueule de Bruce est là : cicatrice à l'épaule et cigarette à l'envers. Rien que lorsqu'il met en place le café, dans cette machine du futur, on est dans le film.

    Alors, je vous le dis : non "le cinquième élément" n'est pas en gestation dans le frigo : on aurait eu un indice, j'en suis sûr. Besson aime parfois jouer les finauds, alors il va falloir voir le film. Pour les curieux, Luc accouche pour nous le livrer, ce secret, vers la fin du film...

    ODF

    Le Cinquième Élément, film de science-fiction de Luc Besson, avec Bruce Willis, Milla Jovovich, Ian Holm, Gary Oldman et Chris Tucker, 1997, 126 mn

    Voir aussi : "L’‎Œil du Frigo débarque sur Bla Bla Blog"
    "Le Cinquième Élément et son Frigo"
     

     

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  • Vanished Souls, les enfants du rock

    Les Vanished Souls, ont décidé de faire un sort au rock à papa. Pas de parti pris chez ces quatre petits Français découverts en 2013, qui sortent en mars leur nouvel album éponyme : le maître mot de cet opus est de s’aventurer sur la route longue, sinueuse et passionnante du rock et de ses nombreux dérivés. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les surprises sont nombreuses.

    DriX, Svein, Fred et Yann Forléo ne cachent pas leurs références musicales – et pop-rock – tous azimuts , que ce soit Radiohead, My Bloody Valentine, Archive, Sigur ros ou Pink Floyd.

    Pink Floyd, justement. Les Vanished Souls sont particulièrement convaincants dans leurs titres pop et psychédéliques, à l’instar de Between us and everything, No suffering ou You’re not alone. Que les VS marchent sur les pas de la bande à David Gilmour est un euphémisme.

    Dans Ghosts, digne d’une BO de film fantastique, l’auditeur se laisse porter par des étrangetés diablement séduisantes : ectoplasmes dansants, voix d’outre-tombe et cordes envoûtantes.

    Sur les pas de la bande à David Gilmour

    C’est un rock franc, mais tout autant psychédélique, qui est proposé dans My ROM : architecture de cordes séduisante, voix aériennes et riffs de guitares détonants. Tout aussi aussi robuste, figure le très efficace 3 :42, à la mélodie entêtante et à écouter à plein volume. Pour ce morceau, les Vanished Souls ont fait réaliser leur clip par Rachid Dhibou dans les studios de la Cité du Cinéma de Luc Besson (rendez-vous sur la vidéo de cette chronique pour voir le clip ainsi que son making-off).

    Le quatuor ne s’interdit rien dans les onze titres de cet album, qui n’est pas avare en bonnes surprises et en références rock aussi variées qu’étonnantes, comme si le vaisseau VS nous faisait voyager dans des univers – musicaux – parallèles  : la pop année 80 d’All forget ou de Shame, l’easy-listening de No suffering, le rock sombre et mélancolique de Nauseous, la patte new wave de You’re not alone et même le flow rap avec le séduisant Am your shadow. L’album se clôt sur le magistral Silencio, vrai final sexy, majestueux et psychédélique, invitant au voyage.

    Mieux qu’un hommage, les Vanished Souls proposent une relecture et une revisite du rock, qu’on a sans doute enterré un peu trop vite.

    Vanished Souls, Vanished Souls, Frozen Records / Chancy Publishing,
    sortie le 30 mars 2018

    http://www.vs-music.com/home
    https://www.facebook.com/vsteam

  • Futurophilie

    Le magazine Beaux-Arts continue son aventure dans le neuvième art, en proposant un hors-série passionnant sur la bande dessinée de science-fiction. Après la BD érotique, paru l’an dernier, c’est un autre genre qui est mis à l’honneur par le prestigieux magazine d’art, un genre populaire, souvent considéré de haut, mais à l'influence considérable. "La bande dessinée de S.F. a contaminé les blockbusters du cinéma contemporain, de Star Wars à Blade Runner en passant par le futur Valérian de Luc Besson. Les petits Français n’y sont pas étrangers. Dans les années 1970 et 1980, les bibliothèques des studios hollywoodiens étaient remplies de numéros de Métal Hurlant" dit à ce sujet Vincent Bernière dans son éditorial.

    Il est vrai que ce hors-série de Beaux-Arts fait la part belle à la science-fiction dessinée tricolore : Les Pionniers de l’Espérance de Roger Lécureux et Raymond Poïvet, Les Naufragés du Temps de Jean-Claude Forrest et Paul Gilon, Valérian et Laureline de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, Lone Sloane de Jacques Lob, Beanjamin Legrand et Philippe Druillet, L’Incal d’Alejandro Jodorowsky et Moebius, La Trilogie Nikopol d’Enki Bilal et Le Transperceneige de Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette.

    Bien entendu, BD et SF font aussi bon ménage qu’il n’est possible, pour une raison évidente : avant le développement des effets spéciaux au cinéma – et leur corollaire, les effets numériques –, la bande dessinée était un médium sans nul autre pareil pour donner la vie à des mondes imaginaires et des univers extraordinaires.

    Les auteurs du magazine datent la naissance de la BD de SF française à l’immédiate après-guerre, avec la parution des Pionniers de l’Espérance de 1945 à 1973. L’élégante et futuriste saga de Roger Lécureux et Raymond Poïvet, de par sa longévité exceptionnelle, va marquer un nombre considérable d’auteurs. Parmi ses héritiers figure Les Naufragés du Temps de Jean-Claude Forrest et Paul Gilon. Un large public va se laisser conquérir par ce space opera somptueux, palpitant et sexy. Ce chef d’œuvre, aussi magistral soit-il, n’aura pas autant d’influence que l’épopée de Valérian, l’agent spatio-temporel et de la "jeune et jolie sauvageonne Laureline", "une anti Barbarella." Les aventures de ce couple, berçant entre réalisme et fantaisie, sont si marquantes que l’oeuvre de Christin et Mézières est présente jusque dans la mythique saga Star Wars.

    Les lecteurs français de Beaux-Arts découvriront une figure légendaire de la BD de SF : L’Éternaute des Argentins Héctor Oesterheld et Victor Solano López. Cette histoire d’un pays tombé dans l’apocalypse suite à la chute d’une neige mortelle donne des sueurs froides, mais pas pour les raisons que l’on pense. L’Éternaute devient un personnage emblématique et politisé lorsqu’en 1976 ce héros, créé en 1957, reprend du service. Nous sommes en pleine dictature argentine et les militaires prennent très au sérieux cette bande dessinée de science-fiction allégorique et engagée. Considéré comme un opposant, le scénariste Oesterheld est poursuivi avant d’être arrêté et de disparaître en 1977. Auparavant, il a dû vivre les enlèvements et les morts atroces de ses quatre filles, non sans avoir choisi de terminer malgré tout l’épisode de la série mythique entré dans la culture argentine.

    En parlant de ce scénariste ayant donné sa vie pour son œuvre et ses idées, il faut souligner la place que Beaux-Arts donne aux scénaristes de BD, insuffisamment mis en avant : Roger Lécureux, Jean-Claude Forrest, Pierre Christin, Brian K. Vaughan ou Alejandro Jodorowsky. Il est rappelé que Jacques Lob est à ce jour le seul scénariste à avoir reçu le Grand Prix du Festival d’Angoulême, en 1986.

    Déconsidérée, méprisée ou ignorée, la science-fiction dessinée a trouvé dans le prestigieux magazine d’art un précieux soutien.

    Les Secrets des chefs d’oeuvre de la BD de science-fiction, Beaux-Arts,
    hors-série, février 2017, 154 p.