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  • Chimères, imaginaires et autres dragons

    La naissance d’un magazine est toujours un événement et une vraie belle aventure. C’est encore plus vrai pour une revue qui a décidé de s’intéresser à l’imaginaire et à la fantasy, l’un des genres artistiques les plus novateurs de ces cinquante dernières années. Saluons donc l’arrivée de Chimères, un petit nouveau dans le domaine de la presse que les fans de fantasy auront plaisir à découvrir. Le premier numéro de ce trimestriel sort ce mois d’octobre.

    Il faut d'abord souligner le soin apporté à ce numéro, à sa mise en page classique mais élégante. Chimères impose déjà sa marque de fabrique : proposer aux fans de l’imaginaire sous toutes ses formes – littérature, BD, jeux-vidéos, séries, cinéma – de quoi se régaler. Sans nul doute, Victor Battaggion et Anne Besson, aux commandes de la revue, entendent bien ne laisser personne de côté.

    Parlons, pour commencer, du vaste dossier consacré à The Witcher que le grand public a découvert grâce à la série Netflix. Pour l’occasion, Chimères propose une interview inédite de son créateur, le Polonais Andrzej Sapkowski. La revue décortique plusieurs aspects de la saga : l’histoire de son succès littéraire, le point de vue de la traductrice française Lydia Waleryszak, les déclinaisons des livres en jeu-vidéo, l’examen de l’univers du Sorceleur ou l’importance des héroïnes. De quoi donner envie de se plonger dans cet univers particulièrement riche et envoûtant. 

    Une rencontre inédite par la papesse de la fantasy, Robin Hood

    Dans l’histoire de la fantasy, le jeu de rôle Donjons & Dragons, né au milieu des années 70, a pris une importance considérable, non sans des controverses finalement vite oubliées. Le magazine propose de revenir sur l’histoire de cette aventure.

    Chimères s’intéresse ensuite à un phénomène culturel dans le monde littéraire, celui du "dark" – que ce soit la dark romance mais surtout la dark fantasy. Que recouvre-t-elle ? Quel public vise-t-il ? Quelles sont les auteurs – et surtout autrices – remarquables ? Vient enfin la question de son influence sur le (jeune) public et de sa dangerosité. C.S. Pacat, "la nouvelle reine" de la littérature queer, donne son point de vue. Passionnant.  

    Le lecteur pourra trouver d’intéressants contre-champs. Un sur les Hugo Awards qui ont droit à quelques sérieux coups de canif. Un autre sur Céline. Peu sans doute savent que l’auteur du Voyage au bout de la nuit a également été un auteur… de fantasy. Une vraie découverte. 

    Outre de nombreuses chroniques, critiques et focus, sans oublier une nouvelle inédite de Léo Henry – dans laquelle on plongera ou non –, on trouvera un dossier consacré à Dragon Ball, d’autant plus essentiel pour cette saga japonaise culte qu'elle fête ses 40 ans et que son créateur, Akira Toriyama, a disparu il y a quelques mois. Toujours en bande dessinée, le magazine de l’imaginaire revient sur les 30 ans, les 27 tomes et les 3 cycles de la saga française Lanfeust. Cette "formidable odyssée" est racontée par les auteurs eux-mêmes, à savoir Christophe Arleston et Didier Tarquin.

    Terminons par ces autres interviews inédites proposées par ce premier numéro de Chimères, à savoir Enki Bilal qui a bouleversé comme jamais l’imaginaire dans la BD française, Benjamin Billaud, le youtubeur devenu célèbre grâce à sa chaîne d’Histoire Nota Bene, déclarant son amour pour l’imaginaire et, the last but not the least, une rencontre inédite avec la papesse de la fantasy, Robin Hood.  

    Dès le premier numéro, Chimères impose son univers et promet déjà de devenir incontournable. Longue vie à ce nouveau magazine donc. 

    Chimères, trimestriel, premier numéro 27 septembre 2024
    https://chimeres.aboshop.fr
    https://www.instagram.com/chimeres.revue
    https://fr.ulule.com/chimeres-revue-imaginaire 

    Voir aussi : "Un podcast sur la fantasy pour les présenter tous"
    "Ma sorcière bien aimée"

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  • Twilight Zone

    Roman graphique, magazine ou concept d’art contemporain ? Il y a un peu de tout cela à la fois dans La Dimension perdue, le deuxième numéro proposé Nicolas Le Bault.

    Bla Bla Blog suit avec passion depuis plusieurs années l’aventure de White Rabbit, à l’origine de plusieurs projets tout aussi passionnants que dingues. On retrouve dans ce deuxième numéro de La Dimension perdue ce qui fait l’univers et la facture de Nicolas Le Bault.

    Rêve ou cauchemar ? Les nuits de Karine sont des plus perturbées. Elle se réveille dans la maison de son enfance. Son père a quitté son lit pour descendre à la cave. Elle l’y trouve, ivre, et, en poursuivant sa quête, découvre une adolescente prisonnière. 

    Psychanalyse et tourments sociaux

    Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier volume de La Dimension perdue pour découvrir ce numéro à ne pas mettre entre toutes les mains. Le sexe la violence, l’inceste et la souffrance servent de matériaux à Nicolas Le Bault pour parler de l’intimité, des peurs, des cauchemars et des innocences sacrifiées.

    On est dans une zone crépusculaire où la psychanalyse, les tourments sociaux et l’underground se fondent dans une histoire au graphisme de Nicolas Le Bault identifiable entre tous : personnages naïfs, couleur omniprésente, ligne claire et symbolisme fort.  

    Nicolas Le Bault poursuit son roman graphique avec une foi de charbonnier intacte. Et c’est très bien. 

    Nicolas Le Bault, La Dimension perdue, #2, White Rabbit Prod, 2022, 28 p.
    https://whiterabbitprod.bigcartel.com
    http://www.nicolaslebault.com

    Voir aussi : "Conte cruel"

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  • Retour sur Tolkien et sur la Terre du Milieu

    Tolkien serait-il la grande star de cette fin d’année ? Il faut le croire, avec la sortie de la série Les Anneaux de Pouvoir, considérée comme la création télé la plus chère jamais tournée. Le magazine Première surfe sur le phénomène d’un des auteurs majeurs du XX siècle et dont l’œuvre est devenue culte.

    En moins de 100 pages, le magazine spécialisé revient dans un numéro spécial sur cette saga de fantasy et repart "sur les traces de l’écrivain le plus passionnant du XXe siècle… [fait] l’inventaire de son héritage, et [examine] l’impact de son chef d’œuvre sur la pop culture", comme l’écrit Gaël Golhen dans son éditorial.

    Dans ce hors-série, honneur à l’actualité avec un large dossier consacré aux Anneaux de Pouvoir, la série d’Amazon, résultat aussi, nous explique Sylvestre Picard, d’une bataille juridique autour des droits de l’œuvre de Tolkien.  

    Le journaliste souligne que la somptueuse création télé a été écrite d’après les appendices du Seigneur des Anneaux. D’où la question : pourquoi les créateurs n’ont-ils pas jeté leur dévolu sur le Silmarillion, l’autre œuvre emblématique de Tolkien ? La réponse risque de déconcerter plus d’un et plus d’une. 

    Un adaptation par Kubrick à laquelle auraient collaboré Les Beatles

    Une interview du scénariste J.D. Payne et du réalisateur Juan Antonio Bayona permet au lecteur d’entrer – un peu – dans les arcanes de la création de la série.

    Le magazine a également la bonne idée de revenir sur quelques personnages emblématiques du Seigneur des Anneaux, que la nouvelle création d’Amazon reprend, avec certes de nouveaux visages. Et l’on pense inévitablement à Galadriel, portant fort bien ses 1970 ans.

    Outre une interview de John Howe, artiste incontournable quand on pense à Tolkien, Première s'intéresse à l’écrivain britannique et sur la lente maturation d’une œuvre capitale de la littérature mondiale. La question des droits revient sur le tapis, avec une autre figure, Christopher Tolkien, son fils, décédé il y a quelques années, et farouche défenseur de la mémoire de son père.

    Le lecteur apprendra sans doute que Le Seigneur des Anneaux a suscité dès les années 60 des passions et des soifs d’adaptation. À ce sujet, François Léger détaille le vrai du faux s’agissant d’un projet de film réalisé par Kubrick à laquelle auraient pu collaborer… Les Beatles. Autre adaptation, celle en dessin animé de Ralph Baski en 1978, mais qui, hélas, se contenta d’un seul film contre trois imaginés à l’origine.

    Première consacre évidement une grosse moitié de son numéro spécial à la version légendaire, majestueuse et définitive du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson. Comment a travaillé lé réalisateur néo-zélandais ? Comment a été reçu le film ? Pourquoi la communication a joué sur les nouveaux médias de l’Internet pour susciter le buzz ? Des interview, des focus sur les versions DVD et Blu-ray, une analyse croisée des sagas Star Wars et de Tolkien et un regard sur l’influence sur la culture pop achèvent de faire de ce numéro une passionnante visite de La Terre du Milieu. 

    Fans de fantasy, ce numéro spécial est carrément inratable. Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et maisons de la presse jusqu'à fin octobre.

    Numéro spécial Première "Retour en Terre du Milieu",
    septembre-octobre 2022, 98 p.

    https://www.premiere.fr

    Voir aussi : "Avant Frodon, Bilbo et Gandalf"

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  • Lorsque les arbres pensent

    Alors que les forêts brûlent et souffrent, il est plus que jamais nécessaire de se procurer le hors-série que Philosophie Magazine consacré aux arbres. Le sujet de ce numéro ne peut qu’interpeler par son sujet : "Vivre et penser comme un arbre, philosophie du monde végétal".

    Le thème est ambitieux et mérite vraiment que l’on s’y arrête. Évidemment, la question de l’éthique et de la responsabilité humaine est au cœur de ce dossier, comme le dit Sven Ortoli, dans l’éditorial : "Il est désormais impératif de savoir que les fleurs des champs et les herbes folles, les arbres majestueux et les modestes fourrés ne sont ni des œuvres d’art, ni les éléments d’un décor de théâtre bâti à la mesure des humains… mais du vivant qui pose de nouvelles questions éthiques, politiques, métaphysiques".

    Après un détour par la forêt biélorusse de Bialowieza, la dernière forêt primaire d’Europe, que la photographe Andrea Olga Mantovani a arpenté inlassablement, le magazine de philosophie propose de parler des grandes dates qui ont jalonné l’histoire de la pensée sur les végétaux, entre indifférence, fascination, incompréhension et même mépris. Le magazine n’oublie pas de rappeler qu’aujourd’hui "la moitié des forêts tropicales ont été détruites. Plus de 72 millions d’hectares de couverture végétale ont disparu en Amazonie entre 1985 et 2018… et 10 % des forêts restantes sont dégradées par l’exploitation du bois". Cette exploitation fait d’ailleurs l’objet de plusieurs articles sur le "dilemme du forestier", un étonnant "éloge de la hache" mais aussi un focus sur la colonisation et sur l’utilisation de la forêt à des buts politiques et civilisationnels.

    "Les arbres ont-ils des droits ?"

    Le lecteur de Philosophie Magazine sera certainement intéressé tout autant que troublé par un éclairage synthétique autour des découvertes sur les intelligences, les émotions et les comportements dont sont capables plantes et arbres : les plantes sont-elles intelligentes ? Peut-on parler de capacités de cognition et de reconnaissance ? Peuvent-elles anticiper, prévoir, mémoriser, choisir et être douées d’altruisme ? Vous pensez que non ? Si la souffrance végétale semble admise par les scientifiques, le scientifique peut aussi s’interroger sur la question de la communication, de la conscience et de la sensibilité qui doivent être discutées.

    Dans un entretien, la philosophe Florence Burgat pose cette question volontairement provocatrice : "Les plantes sont-elles des êtres vivants ?" Elle s’oppose à un réflexe d’indistinctions entre les règnes végétaux, animaux et humains. "Il y a une vie des plantes mais non un vivre des plantes", explique la philosophe. Ce qui n’empêche pas de se poser cette autre question : "Les arbres ont-ils des droits ?"

    Le hors-série met finalement l’homme au cœur de sa réflexion sur le végétal, non sans engagement pour l’environnement. C’est ainsi qu’est abordé la question de la "démocratie végétale", l’arbre pouvant inspirer les organisations humaines, ce que des penseurs avaient su deviner dans le passé, que ce soit Julien Grack, Gilles Deleuze ou Félix Guattari.

    La forêt, largement fantasmée dans les arts, est aussi abordée sous un angle moins philosophique que littéraire. Que se passe-t-il lorsque nous traversons un bois la nuit ? Pourquoi parle-t-on d’horreur végétal ? Que représente symboliquement la lisière d’une forêt ? Entre fascination et mystère, l’arbre garde toute sa puissance d’évocation et son pouvoir d’affectivité comme l’analyse Alain Corbin. "Dans de nombreuses régions, on plantait un arbre à la naissance de l’enfant", nous apprend-il. Que l’on pense aussi aux jeux des enfants, aux pouvoirs divinatoires prêtés aux arbres, mais aussi à la sylvopathie, indissociable du zen japonais.  

    Après avoir lu cet étonnant hors-série – tellement d’actualité en cette période de mégafeux, traités par ailleurs – vous ne regarderez plus les arbres, nos voisins, compagnons et amis, de la même manière. 

    "Vivre et penser comme un arbre", Hors-série, Philosophie Magazine, printemps-été 2022
    https://www.philomag.com/archives/hors-serie-ndeg-53-printemps-ete-2022

    Voir aussi : "”Ce ne sont pas des lys mais des alstromères” : le mea culpa des Cahiers du Cinéma"

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  • Conte cruel

    The White Rabbit Prod se présente comme une vraie aventure éditoriale et artistique, imaginée et conduite par Nicolas Le Bault. C’est seul qu’il a conçu ce nouveau livre, le premier volet d’une bande dessinée, La Dimension perdue.

    On retrouve la patte de Nicolas Le Bault : dessins naïfs, vignettes colorées, visages expressifs, symboles sexuels omniprésents. Une grande importance est laissée au texte et aux mots de la narratrice, Karine, vivant seule avec son père, un inquiétant homme seul depuis le départ de sa femme. Un autre personnage fait son apparition, Aurélia, la sœur de Karine, une adolescente qui a quitté la maison familiale que le père s’apprête d’ailleurs à vendre.

    Nicolas Le Bault construit œuvre après œuvre un univers unique, comme il le faisait dans le superbe et non moins inquiétant La Fille-Miroir. L’innocence perdue, l’enfance salie, l’inceste, la violence et les traumatismes constituent dès ce premier volet le cœur du récit sombre de Nicolas Le Bault. Le cycle qui commence promet de devenir une œuvre marquante.

    Il faut enfin signaler que les éditions White Rabbit Prod proposent une monographie consacrée au plasticien Eric Pougeau (Actes). Ce catalogue de synthèse est constitué de photographies, de travaux d’écriture, de collages et de dessins. Un  vrai "Théâtre de la Cruauté".

    Nicolas Le Bault, La Dimension perdue, #1, White Rabbit Prod, 2022, 32 p.
    https://whiterabbitprod.bigcartel.com
    http://www.nicolaslebault.com

    Voir aussi : "Visages de la peur"
    "Au-delà du miroir"

    © Nicolas Le Bault

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  • Le derrière de la pop 

    Avril marque le retour de Fantask, le numéro qui étudie le derrière de la pop culture. Et cela est d’autant plus vrai pour ce deuxième numéro, daté de mars 2022, qui entend répondre à une question taboue : nos héros ont-ils une vie sexuelle ? Après un premier numéro sur le mal et ses génies, voilà donc un sujet qui promet d’être tout aussi sulfureux mais aussi drôle, enjoué et léger.

    Vaste sujet que le sexe, sujet que les contributeurs entendent bien creuser à travers des interviews exclusives, des extraits de romans, des articles de spécialistes, des portfolios d’artistes internationaux et des archives inédites. Issa, artiste et fondateur du studio de tatouage Unique-Horn Tattoo, a conçu la couverture à la fois pop et orgiaque.

    Pour ce nouveau numéro, Fantask mêle témoignages d’auteurs (à l’exemple de l’interview de Jean-Pierre Dionnet, "digne fils spirituel de René Goscinny" ou d’Alan Moore), analyses culturelles et sociologiques du sexe dans les arts populaires ("Les parodies au 7e ciel" de Claude Gaillard ou une interview croisée des universitaires Michel Maffesoli et Vincenzo Susca), des focus sur les parodies olé-olé  ("Un siècle de détournement en BD" de Bernard Joubert), sans oublier des portraits d’artistes passionnés (le graphiste TheOneCam et son étonnante collection de jouets sexy, détournés) ou des projets artistiques et éditoriaux (une histoire du roman porno populaire par Christophe Bier ou l’interview de Jean-Claude Zylberstein, l’éditeur de Chute Libre entre 1974 et 1978).

    Léna Pontgelard consacre un article érudit sur le fanart et la fanfiction. Le lecteur pourra s’arrêter avec intérêt sur l’étonnant concept d’Omegaverse, avant de s’essayer à "lire une fanfiction  ou un doujinshi", histoire de voir s’il est réellement "ouvert d’esprit".

    Autre surprise : celle de voir dans ce numéro épicé la très (trop ?) sage marque Disney faire l’objet d’une chronique spéciale. Mais c’est pour mieux insister sur l’aspect a-sexuel de ses personnages ("La frustration pour certains n’en est que plus forte"). Il n’est souvent question dans les films Disney que d’amour irréel, de personnages stéréotypés, de femmes rêvant de prince charmant et d’héroïnes "clairement immatures sexuellement". Ces figures mythiques (Cendrillon, Blanche-Neige ou La Belle au Bois dormant) ont été analysées par le psychanalyste Bruno Bettelheim. Au sujet des films Diney, "la nudité est inimaginable" insiste Christian Renaut, y compris lorsqu’il s’agit de coups de foudre, de rencontres amoureuses ou même d’une petite sirène sortant de l’océan dans le plus simple appareil. Paradoxalement, alors que Disney a toujours voulu être en pointe dans la tolérance, côté sexe, pour le moins, c’est ceinture... Ce qui n’a pas empêché le dessinateur Wallace Wood de réaliser en 1967 un poster scandaleux illustrant une orgie rassemblant quelques uns des héros de Disney. Fantask nous en dit quelques mots.

    Batman, Tintin, Dark Vador, la Princesse Leia, Dracula et les vampires et même les Schtroumpfs (sic) font plusieurs apparitions dans les positions les plus… gênantes, avec toujours humour, du plus léguer au plus noir, tel cet étonnant Alien, dessiné par Miles Teves, dans une pose des plus lascives…  

    Un épais dossier est consacré à "la difficile sexualité des super-héros". Un sujet bien peu évoqué, on s’en doute, dans les films de Marvel, mais que le magazine pop entend remettre au goût du jour : "Depuis les années 1950, cette question ne cesse de d’exciter geeks, universitaires, et même des romanciers". Rodolphe Lachat ajoute même, taquin : "Et avec cette curieuse manie de mettre leur slip par-dessus leurs collants, [le super-héros] nous adresserait-ils un subtil message ?"

    Transgresser pour s’émanciper

    Le dossier est richement illustré de dessins de super-héros aux physiques avantageux, d’étreintes sportives ou de super-héroïnes glamour en diable. Le lecteur s’arrêtera sur les dessins fétichistes de Joe Shuster avec son Superman dans des positions les plus étonnantes : sadique, fouetté, attaché ou gratifié par une gâterie. Un article de Xavier Fournier s’intéresse aux relations entre le personnage le plus célèbre de la galaxie des super-héros et Wonder Woman. Pouvons-nous parler à leur sujet d’une "histoire de cœur, de sexe et de lasso" ? Autre couple bien connu : celui de Batman et Robin, dont la relation homosexuelle est déjà bien connue.

    Richement illustré, le numéro 2 de Fantask propose également un portfolio de Rockin’ Jelly Bean, avec ses vamps surnaturelles (Erostika), dans un "style mouillé et chaud", un autre du Français Vince et ses femmes fatales brunes, blondes, rousses ou afros, sans oublier les vamps robotisées de Hajime Sorayama. À cela s’ajoute une interview du dessinateur légendaire Milo Manara, qui revient sur sa carrière foisonnante, avec des reproductions de ses magnifiques dessins qui viennent apporter un contrepoint sublime au conservatisme contemporain, ce que le dessinateur italien regrette ("L’érotisme, c’est l’élaboration culturelle du sexe").

    Et si le féminisme pouvait avoir sa place ? C’est en tout cas l’ambition de Céline Tran, directrice chez Glénat d’une collection fort opportunément baptisée "Porn’Pop". Fantask en profite pour parler de la place des femmes et des gays dans la culture pop, entre émancipations, révolutions et régressions. Et si l’avenir de la pop résidait dans les séries télé, se demande la journaliste Marion Miclet, dans un article fouillé où elle parle de la représentation de la nudité mais aussi du mouvement #MeToo ?

    L’excellente Maïa Mazaurette termine en beauté ce numéro riche de plus de 240 pages par une question : "Pourquoi la vie sexuelle des super-héros nous fascine-elle autant ?" Et si la réponse venait de ce constat que "la sexualité n’appartient pas qu’au monde pratique, mais aussi à la vaste famille des idées" ?

    Un autre message du magazine pourrait être aussi celui-là : transgresser pour s’émanciper.  

    Pour public averti.

    Fantask, numéro 2, avril 2022, 240 p.
    Numéro actuellement disponible en librairie
    https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/fantask2
    https://www.facebook.com/huginnetmuninn
    http://huginnmuninn.fr/fr/collection/editions-fantask

    Voir aussi : "Fantasque, fantastique et Fantask"
    "Le Caravage ressuscité en BD"

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  • Fans de Pokémon

    Connaissez-vous les Pokéfans ? Ce néologisme désigne les fans de ces cartes apparus il y a 25 ans et qui faisiant fureur sur les cours de récréation. Faisaient et font fureur, aurions-nous en vite d’ajouter, car en 2021, il semble que les cartes Pokémon aient repris de la vigueur et soient devenus tendance. Un hors-série du magazine Collectionneur & Chineur revient sur cette "Folie des cartes Pokémon". Le numéro a été réalisé en partenariat avec le spécialiste InvestCollect.

    Un chiffre permet de se faire une idée sur ce nouvel engouement sur ces cartes que l’on aurait pu croire tombées dans l’oubli : entre 2019 et 2020, le volume de cartes échangées sur eBay a bondi de plus de 574%. Pas mal pour une idée venue tout droit de la tête de Satoshi Tajitri, un concepteur de jeu vidéo qui qui voulait "transmettre aux jeunes citadins le plaisir de « chasser » des créatures comme il le [faisait] enfant" avec de vrais insectes !"

    Dans un préambule éclairant réalisé par l’équipe d’InvestCollect, un focus est fait sur l’appétit grandissant pour la collection de ces cartes, des jeux sortis des cours de récréation pour entrer dans la sphère des passionnés, des monomaniaques de tous âges mais aussi des salles de vente (en janvier 2021, une carte "test" Dracaufeu Topsun de 1995 a été vendue plus de 418 000 euros).

    Le hors-série de Collectionneurs & Chineurs propose dans son numéro spécial de décrypter l’univers des Pokemon. Cela commence par un premier article sur l’univers de ces personnages venus du Japon : grâce à ce récapitulatif, les termes de "booster", de "carte énergie", de "dresseur" ou de "carte Rainbow" n’auront (presque) plus de secrets pour le lecteur qui pourra avoir quelques éléments pour commencer à jouer. D’ailleurs, les règles du  jeu font l’objet d’un article à part dans le magazine, de quoi peut-être vous permettre de devenir un joueur semi-professionnel, à l’instar de Stéphane Ivanoff, interviewé pour l’occasion.

    Le collectionneur ou futur collectionneur sera sans doute plus attentif aux deux pages suivantes qui présentent les caractéristiques visuelles de ces cartes Pokémon : illustrations, couleurs, symboles de rareté, PV et logos sont des éléments importants que prend en compte le collectionneur.

    Une carte "test" Dracaufeu Topsun de 1995 a été vendue plus de 418 000 euros

    Le magazine revient sur la culture Pokémon, une culture pop s’il en est, née dans les cours de récréation à l’aube des années 2000 et qui a drainé une foule de concepts et de produits dérivés : mangas, jeux vidéos, animés, compétitions officielles le fameux Pokémon Go ("un véritable délire planétaire", comme le dit le magazine) et pas moins de 20 films. Le lecteur pourra également novice apprendre ce qu’est l’indispensable Poké Ball.

    Le hors-série passionnera surtout les Pokefans grâce à plus de 75 pages consacrées aux collections, collectionneurs, marchés et cotes autour des petites cartes, dont certaines dépassent plusieurs centaines de milliers d’euros. Le lecteur de Collectionneur & Chineur découvrira que la folie des Pokémon concerne aussi des personnalités bien connues, que ce soit la chanteuse Hoshi (ce qui est loin d’être une surprise), les rappeurs Bigflo et Lorenzo ou, plus étonnant, le youtubeur et boxeur Logan Paul, qui s’est offert une carte Dracaufeu pour 150 000 $.

    Le collectionneur aguerri s’arrêtera surtout sur des articles consacrés à la certification officielle des cartes, au système de cotation, aux contrefaçons, non sans un passage par les salles de ventes aux enchères. La dernière partie du numéro, la plus ésotérique et sans doute aussi la plus prisée par les collectionneurs, est constituée des cotes de ces cartes Pokémon. De quoi espérer trouver chez soi ou chez nos enfants quelques raretés monnayables. On peut toujours rêver.   

    Hors-série "La folie des cartes Pokémon",  Collectionneur & Chineur, 2021
    https://www.collectionneur-chineur.fr
    https://investcollect.com
    https://www.pokemon.com

    Voir aussi : "Rêves violents" 

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  • Fantasque, fantastique et Fantask

    Fantask, dont le premier numéro est sorti chez nous ce mois de juin, est la version française du mythique magazine américain de bande dessinée créé en 1969. Le premier numéro français, sorti le 28 mai dernier et disponible ce semestriel, se veut à la fois précis, sérieux, moderne, dérangeant et engagé. Il entend aussi élargir le sujet en balayant aussi bien la BD que le cinéma, la littérature, la musique et la culture en général. Un vrai magazine pop, en sorte, qui ne pouvait qu’intéresser Bla Bla Blog. Un magazine avec une vraie personnalité, et qui le revendique comme le dit à sa manière l’éditorial : "Le tsunami de la marchandisation a tué ce que la pop culture recelait d’insurrection spirituelle, l’a broyé et aseptisé en l’abandonnant aux mâchoires de des professionnels du mainstream."

    Le premier numéro du Fantask français est consacré aux figures du mal : serial killers, "pères fouettards", figures sexy à l’instar de Dexter, vamps plus ou moins habillées, génies du mal tels qu’Hannibal Lecter, sans oublier l’incontournable Hitler et ses condisciples (la "nazie-exploitation").

    Érudit, décalé, drôle, intelligent, le numéro français propose tout d’abord une traduction de la conversation entre Jodie Foster et Anthony Hopkins, alias respectivement Clarice Starling, la célèbre élève du FBI, et Hannibal Lecter, le tueur en série cannibale : ce sont les deux héros du mythique Silence des Agneaux (rappelons au passage que la série Clarice est proposée en France en ce moment sur Salto). Cette rencontre tout simplement passionnante entre l’actrice et l’acteur permet de revenir sur ce thriller horrifique ayant marqué l’histoire du cinéma mais aussi sur Jonathan Demme, décédé en 2017.

    Pour ce numéro dédié aux figures du mal, il fallait bien faire une place à Satan en personne, ce qui est fait à travers une analyse des iconographies du Prince des Ténèbres à travers les siècles, des eaux fortes du XIXe siècle aux films d’animation de Disney, en passant par les peintures Renaissance ou les créations contemporaines et la publicité. Dans son appétence pour des analyses fouillées, les journalistes de Fantask consacrent une interview à Jean-François Colosimo, spécialiste du christianisme. Il donne son analyse des incarnations modernes du diable. Il parle d’une véritable mutation de ce personnage "débaptisé, déraciné, défavorisé", au point de rendre le diable "presque" positif. À ces pages consacrées à un diable désacralisé vient répondre les images des "satanes", ces vamps ultra sexy qui peuvent prendre la forme de sorcières, de possédées plus ou moins illuminées  (voir à ce sujet l'article consacré à la kitsch et incroyable Church of Satan créée par le mystérieux Anton LaVey), de goulves, de vampires et même des "louves SS".

    "Le nazi c’est pop ?"

    Voilà qui nous mène à ce dossier incroyable et passionnant présenté sous dorme d’une question provocatrice : "Le nazi c’est pop ?"  Cette interrogation porte sur l’imaginaire de la croix gammée, de la figure d’Hitler et sur l’esthétisation du nazi devenu une marchandise de divertissement "spectaculaire" : "La barbarie du Troisième Reich semble s’allier avec la logique culturelle du néocapitalisme, elle est barbarisée" écrit Vicenzo Suca en introduction. Hitler ne pouvait être qu’un personnage idéal au service des uchronies les plus incroyables : "Et s’il était vivant ?" s’interrogent plusieurs artistes ("What if Hitler… ?"), dont les créateurs de la BD Hitler (tout simplement), qui n’aura droit qu’à deux numéros. Fantask propose quelques planches de cette œuvre incroyable… interdite par la loi en 1978.

    Dans la culture pop, l’imagerie nazie a une place importante soulignent Stéphane François et Nicolas d’Estienne d’Orves, à l’instar d’Indiana Jones, du jeu Wolfenstein ou du film plus confidentiel Iron Sky. Les spécialistes parlent d’une "aura magique et mystique qui entoure encore Hitler et ses sbires", avec en particulier Himmler, apparaissant comme le personnage le plus ésotérique au point d’être considéré comme "la figure du mal absolu".

    Le magazine quitte la thématique inquiétante du nazisme pour s’intéresser aux autres représentations du mal, séduisantes et sexy : Morgan Dexter, Le Joker, Tahar Rahim dans la série Netflix Le Serpent ou encore Charles Manson. Fantask a encore la bonne idée de s’intéresser au clown tueur et au romancier français Maxime Chattam, sans publier toutes ces femmes tueuses, minoritaires mais marquantes.

    Les 250 pages du semestriel proposent une inquiétante mais passionnante plongée dans le mal. De quoi donner des frissons mais aussi envie de se plonger ou se replonger dans des œuvres marquantes, terrifiantes et maléfiques.

    Fantask, numéro 1, semestriel, juin 2021
    http://huginnmuninn.fr/fr/book/fantask-n-1-la-tentation-du-mal

    Voir aussi : "La Route 66 des échecs"

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