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forêt

  • Lorsque les arbres pensent

    Alors que les forêts brûlent et souffrent, il est plus que jamais nécessaire de se procurer le hors-série que Philosophie Magazine consacré aux arbres. Le sujet de ce numéro ne peut qu’interpeler par son sujet : "Vivre et penser comme un arbre, philosophie du monde végétal".

    Le thème est ambitieux et mérite vraiment que l’on s’y arrête. Évidemment, la question de l’éthique et de la responsabilité humaine est au cœur de ce dossier, comme le dit Sven Ortoli, dans l’éditorial : "Il est désormais impératif de savoir que les fleurs des champs et les herbes folles, les arbres majestueux et les modestes fourrés ne sont ni des œuvres d’art, ni les éléments d’un décor de théâtre bâti à la mesure des humains… mais du vivant qui pose de nouvelles questions éthiques, politiques, métaphysiques".

    Après un détour par la forêt biélorusse de Bialowieza, la dernière forêt primaire d’Europe, que la photographe Andrea Olga Mantovani a arpenté inlassablement, le magazine de philosophie propose de parler des grandes dates qui ont jalonné l’histoire de la pensée sur les végétaux, entre indifférence, fascination, incompréhension et même mépris. Le magazine n’oublie pas de rappeler qu’aujourd’hui "la moitié des forêts tropicales ont été détruites. Plus de 72 millions d’hectares de couverture végétale ont disparu en Amazonie entre 1985 et 2018… et 10 % des forêts restantes sont dégradées par l’exploitation du bois". Cette exploitation fait d’ailleurs l’objet de plusieurs articles sur le "dilemme du forestier", un étonnant "éloge de la hache" mais aussi un focus sur la colonisation et sur l’utilisation de la forêt à des buts politiques et civilisationnels.

    "Les arbres ont-ils des droits ?"

    Le lecteur de Philosophie Magazine sera certainement intéressé tout autant que troublé par un éclairage synthétique autour des découvertes sur les intelligences, les émotions et les comportements dont sont capables plantes et arbres : les plantes sont-elles intelligentes ? Peut-on parler de capacités de cognition et de reconnaissance ? Peuvent-elles anticiper, prévoir, mémoriser, choisir et être douées d’altruisme ? Vous pensez que non ? Si la souffrance végétale semble admise par les scientifiques, le scientifique peut aussi s’interroger sur la question de la communication, de la conscience et de la sensibilité qui doivent être discutées.

    Dans un entretien, la philosophe Florence Burgat pose cette question volontairement provocatrice : "Les plantes sont-elles des êtres vivants ?" Elle s’oppose à un réflexe d’indistinctions entre les règnes végétaux, animaux et humains. "Il y a une vie des plantes mais non un vivre des plantes", explique la philosophe. Ce qui n’empêche pas de se poser cette autre question : "Les arbres ont-ils des droits ?"

    Le hors-série met finalement l’homme au cœur de sa réflexion sur le végétal, non sans engagement pour l’environnement. C’est ainsi qu’est abordé la question de la "démocratie végétale", l’arbre pouvant inspirer les organisations humaines, ce que des penseurs avaient su deviner dans le passé, que ce soit Julien Grack, Gilles Deleuze ou Félix Guattari.

    La forêt, largement fantasmée dans les arts, est aussi abordée sous un angle moins philosophique que littéraire. Que se passe-t-il lorsque nous traversons un bois la nuit ? Pourquoi parle-t-on d’horreur végétal ? Que représente symboliquement la lisière d’une forêt ? Entre fascination et mystère, l’arbre garde toute sa puissance d’évocation et son pouvoir d’affectivité comme l’analyse Alain Corbin. "Dans de nombreuses régions, on plantait un arbre à la naissance de l’enfant", nous apprend-il. Que l’on pense aussi aux jeux des enfants, aux pouvoirs divinatoires prêtés aux arbres, mais aussi à la sylvopathie, indissociable du zen japonais.  

    Après avoir lu cet étonnant hors-série – tellement d’actualité en cette période de mégafeux, traités par ailleurs – vous ne regarderez plus les arbres, nos voisins, compagnons et amis, de la même manière. 

    "Vivre et penser comme un arbre", Hors-série, Philosophie Magazine, printemps-été 2022
    https://www.philomag.com/archives/hors-serie-ndeg-53-printemps-ete-2022

    Voir aussi : "”Ce ne sont pas des lys mais des alstromères” : le mea culpa des Cahiers du Cinéma"

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  • Dans des forêts musicales

    Annika and The Forest nous vient de Suède, mais en réalité, en dépit de son titre – Même la nuit – et du choix de l’anglais, c’est un album français à bien des égards qu’elle nous propose en ce mois d’octobre.

    Pour son troisième opus, Annika and The Forest s’est entourée de ses musiciennes attitrées Édith Fambuena (guitares, claviers) et Zoé Hochberg (programmations, batterie), partis la rejoindre à Göteborg en Suède pour l’enregistrement.

    Annika and The Forest s’oppose à la nuit, pour reprendre le succès d’Alain Bahung, avec un album pop-rock à fois enthousiaste, rythmé, coloré et bourré de références. Celle qui saute aux oreilles est d’abord la pop des années 80. Avec "Empty Space", "Pretence" ou "Untrue", nous sommes plongés dans des eighties assumées jusqu’au bout du synthé.

    Il y a de la précision et un indéniable savoir-faire dans cette manière de recycler des sons du dernier millénaire. L’auditeur pourra apprécier ainsi "My Lockness" dans la manière qu’a Annika and The Forest d’utiliser les machines au service d’une poésie musicale pleine de spleen.

    Élégance et sophistication 

    "Thinking Crazy" fait preuve d’une élégance et une d’une sophistication indéniable, avec une Annika qui semble marcher sur les pas d’Annie Lennox. Le single a été co-réalisé et arrangé par Maxime Delpierre. La vidéo évoque la difficulté à apprendre à vivre avec soi-même et ses multiples facettes, mais surtout apprendre à en être fière. Un pari fou ?

    La musicienne suédoise sait aussi s’affranchir des synthétiseurs et des ordinateurs, du moins les dépasser, en apportant tout autant sa sensibilité que l’art du contre-pied. C’est le cas de "Simon Says", une ballade servie par une voix cristalline, ou encore l’épuré "You And Me".

    Parlons aussi du morceau qui donne son nom à l’album : "Même la nuit", plus électro que pop. Annika and The Forrest fait le choix du talk-over pour ce qui peut se lire comme est un hymne à la nuit, avec une rythmique à la fois tribale et sophistiquée.

    Avec "Sometimes", la musicienne fait un saut dans les années 90 avec un titre rock aux sonorités brutes et sèches – noisy et lo-fi pour le dire autrement.

    Dans la forêt musicale que constitue cet album mystérieux, sauvage et bourré d’influences, Annika and The Forrest parvient à s’aventurer sur des terres pop et rock, sans abandonner son propre univers, avec élégance, finesse et intelligence.  

    Annika and The Forest, Même La Nuit, Whatever / Kuroneko, 2021
    https://www.annikaandtheforest.com
    https://www.facebook.com/AnnikaAndTheForest
    https://www.instagram.com/annikaandtheforest

    Voir aussi : "L’Yelle du Verseau"
    "Stéphanie Acquette, visionneuse"

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