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Bla Bla Blog - Page 314

  • Escroc, gourou et artiste

    ahae,hasquenoph,yoo byung-eun,versailles,louvre,philharmonie de parisLe crime pourrait-il réellement être considéré comme un des beaux-arts, pour reprendre le roman de Thomas de Quincey ? Il semblerait en tout cas qu'il ait sévi impunément dans les plus grands sites culturels du monde, au su et au vu de beaucoup de spécialistes. C'est le journaliste Bernard Hasquenoph, journaliste et bloggeur pour Le Louvre Pour Tous, qui a mis fin à une escroquerie artistique qui aurait pu rendre chèvre encore quelques années le microcosme feutré des musées.

    Le coupable ? Un obscur photographe coréen, nommé Ahae, à qui les mandarins du milieu artistique parisien ont offert pont d'or, tapis rouge, cartons d'invitation, petits fours et galeries pour des œuvres qualifiées aujourd'hui de mineures. Cette carrière, qui aurait pu durer encore quelques années, s'est arrêtée avec le naufrage du Sewol, propriété de l'homme d'affaire – et artiste à ses heures.

    Bernard Hasquenoph raconte dans Le Quotidien de l'Art du 26 novembre 2015 comment une exposition au Château de Versailles en 2013, annoncée à grand coup d'affiches dans le métro, avait pu lui paraître d'une grande "pauvreté plastique" malgré "la belle scénographie" – mais aussi un bon business au vu du prix des produits dérivés signés "Ahae Press". Et le journaliste de s'étonner à l'époque : "Que venait-il [Ahae] faire dans un établissement public qui se targue d'accueillir des artistes vivants à la hauteur de sa réputation ?"

    Commence alors une enquête étonnante destinée à démasquer un artiste qui s'est joué des plus grandes institutions culturelles françaises. Bernard Hasquenoph s'intéresse, au départ, à ce qui n'est qu'une question d'argent : la location à grand frais de salles d'exposition en échange d'un généreux mécénat afin de satisfaire la mégalomanie d'un homme – et artiste à ses heures.

    Nous passerons les détails de l'investigation du journaliste (lire à ce sujet son enquête Ahae, Mécène gangster, éditions Max Milo) : vraie-fausse biographie, anonymat suspect, pistes fragiles mais suivies avec pugnacité, croisements d'adresses, sociétés écrans, découvertes grâce à une cyber-enquête, le tout grâce à un usage exemplaire des moteurs de recherche. Bernard Hasquenoph, un journaliste au look de hipster plus que de rat de bibliothèque, va de découverte en découverte.

    Ce fameux Ahae, photographe étrenné par des conservateurs peu sourcilleux, se révèle être Yoo Byung-eun, milliardaire coréen et gourou d'une secte évangélique. Moins connu dans son pays comme créateur que comme homme d'affaire, l'escroc avait eu maille à partir avec la justice coréenne : condamnation pour fraude également liée à la mort d'un adepte de sa secte, faillite de sa principale société en 1997, montages financiers pour échapper à ses créanciers et blanchiment de son argent à l'étranger grâce... à ses expositions. Ses expositions, justement, étaient aussi réservées à un cercle restreint, notamment aux adeptes de sa secte, priés d'acheter quelques-uns de ses clichés au prix fort. L'enquêteur met par ailleurs le doigt sur les complicités au sein du gouvernement coréen, particulièrement mal à l'aise avec le naufrage du Sewol en 2014 (plus de 300 morts). Le tragique bateau était la propriété du photographe, milliardaire et gourou qui ne mettra pas les pieds avant longtemps dans une galerie de peintures.

    La question que pose Bernard Hasquenoph est surtout celle du scandale des institutions culturelles publiques (Château de Versailles, Louvre, Philharmonie de Paris), bien mal à l'aise devant cette affaire de mécénat bidonné (avec une charte éthique du mécénat largement oubliée, pour être gentil). à cause d'un faux artiste et vrai escroc qui a roulé dans la farine le plus beau gratin de la culture française. C'est avec candeur que quelques-uns des plus grands musées du monde ont ouvert leurs portes à un photographe venu de nulle part. Voilà, ce qu'en dit, sévère, le journaliste à leur sujet : "Ce sont-ils seulement posé une seule question devant ce milliardaire invisible prenant de jolies photos de bichettes (sic), prêt à leur apporter des millions sur un plateau pour profiter de leur aura ? J'en doute. À partir du moment où le Louvre a donné son imprimatur en lui offrant, le premier, la possibilité d'exposer en France, Versailles a suivi, comme d'autres qui l'ont programmé, telle la Philharmonie de Paris. Comme s'ils se passaient un bon plan... Au final c'est le visiteur qui a été floué et abusé." Et l'enquêteur de conclure ainsi : "Leurs responsables trahissent leur mission de service public, volontairement ou pas, et ne sont même pas inquiétés quand ils fautent. Et où sont les contre-pouvoirs ?" Le contre-pouvoir, ce pourrait être ces lanceurs d'alertes exemplaires comme Bernard Hasquenoph.

    Bernard Hasquenoph, Ahae, Mécène gangster, éditions Max Milo, 2015
    "Le plus choquant à mes yeux, c'était de faire passer cet amateur richissime pour un grand artiste", Quotidien de l'Art, 26 novembre 2015
    "Ahae à Versailles, le privilège de l’argent", Le Louvre Pour Tous


  • Le cinéma s'affiche (et s'anime)

    Parce que le cinéma c'est aussi ses affiches, à la fois indispensables, souvent marquantes mais rarement commentées, le réalisateur mexicain Pablo Fernández Eyre a choisi de leur laisser la vedette grâce à un clip visible sur Internet. 

    Grâce à lui, seize affiches d’œuvres importantes du 7e art (Shining, Lost in Translation, Rocky ou encore Eraserhead) prennent vie et s'animent.

    Cette initiative est d'abord et surtout un hommage aux artistes et graphistes aux affiches de cinéma insuffisamment reconnues à leur juste valeur. Il y a quelques années de cela, l'Académie des Césars attribuait une statuette récompensant une affiche. Cela a été, hélas, un feu de paille.

    Grâce à l'initiative de Pablo Fernández Eyre, l'affiche de cinéma est mise en vedette.

    Golem 13

  • Ceux qui aiment lire ont une raison supplémentaire de prendre le train

    Je parlais il y a plusieurs mois de cela d'une expérimentation de la SNCF de bibliothèque numérique disponible dans les trains de Lorraine et de Languedoc-Roussillon.

    Fort du succès de ce service E-LIVRE, l'entreprise publique de transport généralise cette fois à toute la France cette initiative bienvenue pour les amateurs de lecture.

    Le principe de ce service gratuit est simple : grâce à une application et un site, chaque voyageur peut s'inscrire à E-LIVRE avec une adresse mail. Gratuitement pendant 45 jours, il pourra bénéficier de plusieurs milliers de livres téléchargeables sur son téléphone ou sa tablette. Le service devient payant après ces 45 jours (9,90 euros par mois) mais peut être résilié à tout moment.

    Transporteur ferroviaire, la SNCF semble soucieux de développer quelques services aux voyageurs. Espérons que cela ne soit pas qu'un simple mirage.

    SNCF e-LIVRE
    "Ceux qui lisent prendront le train"


    La SNCF met en place une bibliothèque digitale... par ITELE

  • Les super prouesses de SuperFeat

    tumblr_mqiqkxPXoq1s5dmlco1_400.gifQuelque part, entre Pierre de la Police et Topor, vit SuperFeat, une jeune illustratrice, graphiste et animatrice qui se serait nourrie de films de David Lynch, de poèmes dadaïstes et de bandes dessinées de Joann Sfar pour créer un univers surréaliste, poétique, déjanté, sexy et bourré d'humour noir (voir aussi ce texte de Superfeat publié sur ce blog, avec l'aimable autorisation de l'auteur). 

    Comment reconnaît-on la marque d'un véritable artiste ? Sans doute à ceci : qu'il puisse être immédiatement reconnaissable par le public et qu'il ait la capacité de nous aimanter.

    Entrez quelques instants sur le Tumblr de Superfeat : il est difficile de ne pas être fasciné par les tranches de vie croqués au format PNG ou JPEG parfois taggés de quelques mots, les planches de bande-dessinée, les GIF animés, les scénettes absurdes rehaussées de couleurs criardes, les personnages naïfs englués dans des situations absurdes et souvent violentes – les mutilations et autres bains sanglants sont monnaie courante.

    La galerie de personnages est à l'avenant : gangsters tatoués, jolies filles martyrisées, danseurs de bootyshake détournés, bad boys gays et romantiques, couples enlacés semblant attendre un désastre, parties de jambes en l'air (dans les deux sens du terme), femmes criminelles ou pleurant des ruisseaux de sang 

    Tout cet univers fascinant navigue entre humour noir et poétique : "J’aime imaginer une image non pas comme un trait sur un morceau de papier mais comme une accumulation de dimensions différentes" affirme l'auteure. 

    Sans conteste, SuperFeat est à suivre avec le plus grand intérêt, sur le web et ailleurs.

    http://superfeat.tumblr.com
    http://www.xviiip.com/superfeat.html
    https://twitter.com/superfeat
    JesuisThéo, "C'est Noël"


  • Random : que personne ne sorte

    Une fois n'est pas coutume, TF1 se distingue dans sa programmation en proposant Random, l'une des séries françaises les plus originales du moment.

    Ne cherchez cependant pas cette fiction sur la TNT. Cette production originale a eu l'exclusivité de Mytf1.fr. C'est mieux que rien, me direz-vous, la chaîne commerciale n'étant sans doute pas prête à troquer quelques épisodes de Joséphine Ange Gardien contre une production ambitieuse ou innovante.

    Random révèle que dans le monde des séries télévisées françaises les mentalités évoluent doucement et que les chaînes ont tout intérêt à répondre à l'engouement croissant du public pour des créations originales et de qualité. Random, apparue sur le web après quatre années de travail (elle est aussi disponible sur Wat.tv et Xtra), financée via Ulule (76 contributeurs Internet), a rapidement fait le buzz. Preuve de ses qualités indiscutables, elle a été primée à plusieurs reprises : Coupe du Monde des webséries de Montréal, prix et nominations dans les festivals internationaux de WebFest à Berlin, Rome, Bilbao et, dernièrement, Rio (Rio Web Fest, prix du "Meilleur casting", début novembre 2015). Au Sicily Web Fest, Random a été nommé dans trois prestigieuses catégories et est repartie avec le prix de la meilleure websérie dramatique et le prix ''Special Mention Rockzeline''. Plus récemment, le Dub Web Fest de Dublin a récompensé Random avec deux prix : la meilleure web série drame/thriller/mystère et la meilleure actrice pour Lola Coipeau. Pas mal pour une série au format atypique (12 épisodes de 5 à 9 minutes) ayant coûté, selon les réalisateurs, 2 575 euros !

    Parlons maintenant de l'intrigue. Random a pour point de départ une bande d'amis qui, après une fête bien arrosée, se retrouvent le lendemain matin enfermés dans un appartement. Ils se retrouvent dans l'impossibilité de sortir à cause d'un phénomène surnaturel. Sans vouloir dévoiler l'intrigue, durant cette première saison il est question d'espace-temps capricieux, de rencontres surnaturelles, de doubles, de cohabitations compliquées mais aussi d'un crime qui va compliquer la situation.

    Audacieusement, cette série tournée en huis-clos (à l’exception de l'ultime scène du dernier épisode) s'approprie les codes de la science-fiction, sans oublier de faire la part belle aux ressorts dramatiques et à l'épaisseur des personnages : "On voulait que le côté scientifique soit une sorte de contexte/prétexte pour s’intéresser aux personnages et au format dramatique de la série. C’est vrai que la SF n’est pas si présente que ça, hormis le huis-clos paranormal", dit le co-réalisateur Sullivan Le Corvic dans une interview pour Les Plumes Asthmatiques.

    Le spectateur pourra aisément deviner les influences des auteurs, à chercher essentiellement du côté des séries américaines (Lost, Breaking Bad, X-Files ou Sliders). Plus anecdotique, on pourra trouver un clin d’œil à Agnès Varda au cours de cette première saison : rien d'étonnant pour une production tournée à Nantes ! Côté réalisation et interprétation, on saluera le soin et le professionnalisme de cette création qui ringardise pas mal de séries françaises. Qu'une chaîne comme TF1 la propose dans ses programmes en replay est en soi le signe qu'il se passe quelque chose d'important. La jeunesse et la créativité de Random pourrait bien faire bousculer les lignes, ici comme ailleurs.

    Une saison 2 est déjà en préparation (le tournage est prévu à partir de mars 2016) et les auteurs en projettent déjà deux autres.

    Random, la série
    Random, série française, saison 1, 12 épisodes,
    de Rémi Noëll & Sullivan Le Corvic, avec Valentin Naulin, Lola Coipeau,
    Fleur Monharoul, Arnaud Ménard, Pierre Bedouet et Enora Marcelli
    Random - Page Facebook

    "Random une webserie nantaise nominée deux fois à Montréal ce week-end",
    Presse Ocean, 14 mai 2015

    Websérie : long entretien avec l’équipe de Random,
    Les Plume Asthmatique, 31 octobre 2015

  • Le Diable est à vendre

    radiguet,enchères,roman,le diable au corpsCe 2 décembre, le monde littéraire aura les yeux braqués sur la maison parisienne de Christie's. Il sera en effet mis en vente l'un des manuscrits français les plus emblématiques du XXe siècle : celui du roman Le Diable au Corps de Raymond Radiguet, décédé prématurément du typhus en 1923, précisément l'année de la parution. Les cahiers de cette oeuvre de jeunesse – 161 feuillets au total – sont mis en vente et qui devraient dépasser les 500.000 euros.

    Le Diable au Corps a fait scandale lors de sa parution, cinq ans seulement après la fin de la première guerre mondiale. Le roman sulfureux raconte l'histoire d'amour passionnée entre un adolescent, François, et Marthe, la femme d'un soldat parti se battre sur le front.

    Le Diable au Corps – roman en partie autobiographique malgré les dénégations de l'auteur – est le récit, sur fond d'ennui, d'une relation adultère vouée à l'échec en raison du jeune âge de François autant que la mise à mal de la figure héroïque et sacrée du soldat de la Grande Guerre. En 1947, l'adaptation cinématographique de Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe et Micheline Presle suscitera la même controverse, deux années après la fin de la seconde guerre mondiale.

    En 2015, le Diable au Corps a perdu de son parfum de soufre mais conserve sa vigueur et sa modernité. La vente exceptionnelle du manuscrit devrait prouver que l'engouement pour Raymond Radiguet est toujours vivace.

    "Raymond Radiguet : le Diable au corps, sur 13 cahiers d'écolier",
    Actualitté.com, 24 novembre 2015

  • Eurydice ou Opération Orphée

    orphée,eurydice,shorteditionLe bloggeur parle de l'auteur. Puisque l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, cet article entend s'arrêter sur une récente publication chez ShortEdition, le spécialiste web des textes courts. Une de mes nouvelles, Opération Orphée, est maintenant disponible sur ce lien et accessible gratuitement.

    Opération Orphée concourt également pour le prix de la nouvelle de décembre 2015.

    J'ai envie de m'arrêter sur l'histoire de ce texte, écrit en 2009, et qui s'inscrivait dans un projet plus important de recueil de nouvelles sur la mythologie (De Charybde en Scylla). Revisiter des mythes aussi présents qu'Orphée, les Danaïdes, les Furies ou Sisyphe est-il encore possible ? Telle était la démarche et le pari qui a fait l'objet d'un challenge lancé en couple. Un jeu initié par ma femme : "Tu m'écriras un texte sur Orphée et Eurydice, qui se passera en Islande, aux pieds du volcan Hekla. Bonne chance".

    Merci, ma chérie... Me voilà bien.

    Comment allais-je revisiter ce mythe, sans doute l'un des plus connus et des plus appréciés à travers le temps ? A priori, identifier à un volcan les enfers où Orphée part rechercher son amour paraissait facile. Trop facile. Le lecteur de Jules Verne que j'avais été trouvait en outre dans ce choix une certaine jouissance. Mais il y avait un piège dans cet handicap car l'aller-retour d'Orphée devait, dans mon état d'esprit, s'inscrire dans une revisite complète du mythe. Pour le dire autrement, l'histoire devait être contemporaine, résolument moderne, audacieuse et devant ménager un coup d'éclat dans les dernières lignes. Plusieurs questions se posaient ? Comment (re)traiter - sans maltraiter - ce mythe ? Quel pouvait être la place de la technologie et des sciences ? Comment traiter de l'amour au cœur d'un volcan ? Quel visage pouvaient prendre Orphée et Eurydice ? L'aspect divin méritait-il d'être occulté ? Et comment parler d'amour aujourd'hui, d'une manière inédite ?

    Je n'en dis pas plus : ce sera au lecteur de découvrir comment je me suis sorti de ce mauvais pas.

    Bruno Chiron, Opération Orphée, éd. ShortEdition, 2015

  • La pauvreté est-elle le mal absolu ?

    montargis,café philo,loiretLe café philosophique de Montargis propose une nouvelle séance le vendredi 4 décembre 2015, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. Le débat sera intitulé "La pauvreté est-elle le mal absolu ?"


    Dans un monde économique traversé de crises, la pauvreté semblerait être omniprésente et impossible à juguler. Mais qu'est-ce que la pauvreté au juste ? Comment peut-on la définir ? Le niveau de richesse est-il l'unique moyen pour la mesurer ? Quels liens les "pauvres" entretiennent-ils avec le reste de la société et avec l’État ? Peut-on parler de "culture de la pauvreté" ? La notion marxiste de "lutte des classes" est-elle obsolète ? Traiter de la pauvreté comme du mal absolu est-ce tenable ? Comment discuter de la pauvreté sous l'angle de la morale et de l'éthique ?

    Ce sont autant de points qui seront discutés et débattus le vendredi 4 décembre, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com