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Sports - Page 2

  • La Route 66 des échecs 

    Le succès de la série de Netflix Le Jeu de la Dame a non seulement mis à l’honneur les échecs mais aussi donné un sacré éclairage à ce jeu – ou sport (choisissez le mot qui vous conviendra).

    C’est dans ce contexte qu’est sorti en début d’année la revue trimestrielle Route 64, "ainsi dénommée en hommage à la mythique Route 66 et aux 64 cases du jeu d’échecs", comme l’explique l’éditorial. Le numéro 1 est toujours en vente, par abonnement. Voilà qui devrait ravir les joueurs francophones, réguliers ou profanes, qui ne trouvaient plus de magazine dédié à leur passion.

    Revue née en Vendée, à La Roche-sur-Yon, Route 64 a été conçu comme un magazine hétéroclite, décortiquant tous les aspects de l’univers échiquéens.

    Le menu du 1er numéro de janvier-avril 2021 mérite que l’on s’y arrête. Un premier dossier s’arrête sur les plateformes web dédiées aux échecs (Chess24, Chess.com ou Blitzstream). Elles sont en pleine guerre pour la conquête de nouveaux territoires (l'internet) mais aussi un nouveau public. Un focus particulier est fait sur un tournoi qui fait polémique, PogChamps : "la “Ferme Célébrités’’, le fond du trou de la téléréalité trash !", s’indigne le Maître International Stefan Löffler. Pour autant, force est de constater que "les échecs s’exportent parfaitement en ligne". D’ailleurs, est-il encore dit, "ces derniers mois, le confinement lié à la crise sanitaire a participé à l’essor des échecs en ligne en France et dans le monde."

    Autre enquête, aussi pointue qu’étonnante : celle sur le chessboxing, une singulière épreuve sportive mêlant boxe et échecs. La pratique reste encore confidentielle (400 pratiquants en France), même si elle a été mise sur les fonds-baptismaux rien moins que grâce à Enki Bilal. L’auteur de BD avait été le premier à imaginer ce sport en 1991, pour son album Froid Équateur.

    Le chessboxing, une singulière épreuve sportive mêlant boxe et échecs

    Outre une explication du classement Elo, le magazine spécialisé s’offre une interview de Bernard Werber, joueur amateur mais passionné qui raconte, entre autres, la partie qu’il a joué contre le maître Anatoly Karpov. Le rapport entre la littérature et ce jeu millénaire ? "La construction d’un roman est très échiquéenne, si on regarde bien", confie l'écrivain, non sans malice.

    Un autre dossier est consacré aux passionné·e·s d’échecs qui en ont fait leur métier. Une niche, certes, mais une réalité qui touche environ 1 000 personnes en France – joueurs professionnels, arbitres, animateurs ou consultants pour des sites web spécialisés.

    Dans un pays comme le nôtre, complètement converti aux mangas, Route 64 présente la bande dessinée Blitz. "Deux tomes de Blitz sont déjà parus, le troisième est prévu en février 2021", explique l'un des auteurs. Ce manga, dont l’intrigue tourne autour du fameux plateaux aux 64 cases, a été créé par Cédric Biscay, co-scénarisé par Tsukasa Mori et mis en image par le mangaka Daitarô Nishihara. Blitz raconte la manière dont Tom, un jeune collégien, décide de conquérir une jeune fille, Harmony, grâce aux échecs. L’objectif, dit Cédric Biscay, est "de sortir 3 tomes en une année, il va être respecté, et nous comptons sortir au moins 5 mangas sur Blitz, ce qui permettrait d’ensuite créer une saison d’animation." Une belle ambition, et un projet soutenu par Garry Kasparov.

    Plus réservée aux spécialistes, une table ronde est consacrée à la figure du champion du monde des échecs. Quel est l’avenir des échecs professionnels dans les prochaines années ? Outre la Chine et l’Inde, Jérôme Maufras estime que "sans préjuger du futur, on peut supposer que l’Afrique qui va devenir un géant démographique, va produire des champions d’échecs."

    Le trimestriel est riche de rencontres. Il y a celle du Grand Maître français Fabien Libiszewski et surtout un long entretien avec Maxime "Rikiki" Lagarde, champion de France en titre, "personnage timide dans la vie, mais redoutablement féroce et agressif dans le jeu". Un champion qui ne mâche pas non plus ses mots lorsqu’il parle du développement de ce jeu dans notre pays : "la FFE [Fédération Française des Échecs] ne fait aucun effort pour les jeunes de notre niveau, il y a même eu cette année une baisse des primes avec l’équipe de France".

    Le lecteur pourra également trouver un an article sur un maître-verrier installé sur la côte vendéenne, Wilfried Allyn, le seul artisan français à fabriquer des pièces d’échecs en verre. Il s'arrêtera également  sur ces parties jouées en plein air, et même les pieds dans l’eau. Signalons aussi qu'un portfolio de créations graphiques d’Adèle Fugère est proposé dans le trimestriel, tout comme une incontournable page d’histoire sur le Café de La Régence, Temple parisien des échecs durant deux siècles.

    Et, évidemment, Route 64 ne pouvait pas ne pas évoquer la série de Netflix, Le Jeu de la Dame. Le magazine fait le focus sur cette magistrale création télé à travers un article sur la défaite. Tout un programme. 

    Route 64, janvier-avril 2021, 128 pages, 25 €
    59, rue des Robretières, 85000 La  Roche-sur-Yon
    https://www.route64-lemag.fr

    Voir aussi : "D’échecs en échecs"
    "Machines : 1 – Humains : 0"

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  • Lev Yachine, l’araignée dorée

    Amoureux d’Histoire et de foot, voilà un livre qui devrait vous interpeler. En proposant une biographie de Lev Yachine, sans doute le meilleur gardien de but de tous les temps, le seul goal à avoir gagné le Ballon d’Or (1963), Laurent Lasne fait mieux que dérouler la carrière d’un technicien hors-pair : il inscrit sa biographie dans la grande histoire de l’URSS.

    Le lecteur sera sans doute déconcerté par le choix audacieux de l’auteur de sortir de l’essai sportif classique et de faire, comme le titre de l’ouvrage l’indique, un "roman soviétique". L’objectif de Laurent Lasne est d’inscrire le destin du plus grand gardien de l’histoire dans celui du football russe, mais aussi , plus généralement, de son pays.

    Lev Yachine, un roman soviétique (éd. Le Tiers-Livre, Arbre bleu), s’intéresse d’abord à la famille ouvrière comme aux jeunes années d’un garçon qui a connu deux des plus grandes tragédies du XXe siècle : le communisme stalinien et la seconde guerre mondiale. Ce dernier événement contraindra d’ailleurs Yvan Petrovitch, son  père, à suivre le déménagement de son usine en Sibérie.  Ces premières années ne sont pas anodines dans la construction sportive de la future star du foot.

    "Star" n’est du reste pas le terme approprié, tant le futur cador des cages, né dans une culture ouvrière, se voit comme l’un des rouages de l’équipe nationale soviétique appelée aux plus importantes places et trophées (Médaille d’Or aux JO de 1956, Champion d’Europe et vice-champion d’Europe en 1960 et 1964 et 4e place à la coupe du monde de 1966). Lev Yachine, figure majeure du sport russe et même héros nationale dans son pays (aussi connu que Gagarine), est le représentant d’une politique à la fois sportive et politique que le poète Maïakovski a exprimé ainsi : "Nous avons besoin de masses de sportifs en action."

    Sa légendaire tenue noire, dont Fabien Barthez saura se souvenir bien plus tard !

    Laurent Lasne alterne l’histoire personnelle et familiale des Yachine et la grande histoire tournant autour de Staline, sans oublier celle des clubs de football naissants (le Spartak Moscou, le Torpedo, le Dynamo ou le Lokomotiv), qui vont être largement récupérés par la propagande communiste. On connaissait la conquête spatiale comme arme idéologique, mais le sport a lui aussi été un outil largement utilisé par des politiques parfois peu attirés par le foot, à l’instar de Staline. Tel n’est pas le cas du sinistre Béria, passionné de ballon rond. L’auteur consacre de passionnantes pages sur son investissement au sein du club de football du Dynamo Tbilissi qui le sert comme tremplin politique. D’autres pages sont consacrées au compositeur Chostakovitch, passionné lui aussi de football,* et qui voit le stade et le terrain comme des lieux d’expressions libres, comme il le dit lui-même : "Au stade, vous pouvez dire à voix haute la vérité  sur ce que vous voyez." Une hérésie dans cette dictature impitoyable qu'est l'URSS.

    Dans ce climat tendu, violent, où la fin des carrières signifie la déportation et la mort, Lev Yachine se découvre des qualités comme portier, après certes des débuts compliqués mais aussi des erreurs dues en grande partie, nous dit l’auteur, à des techniques révolutionnaires dans l’art d’arrêter la balle : jeu en dehors de la surface de réparation, relances rapides à la main et interceptions au poing. Ce n’est pas pour rien que Lev Yachine était surnommé "l’araignée noire", autant en raison de l’envergure de ses bras que de sa légendaire tenue noire, dont Fabien Barthez saura se souvenir bien plus tard !

    À la lecture de la biographie de Laurent Lasne, la figure de Lev Yachine reste épaissie d’un mystère, à l’image de cet homme pudique et pétri de doutes. D'ailleurs, longtemps, il hésita entre la carrière de hockeyeur et de footballeur.

    Les 100 dernières pages de l’essai sont consacrées à sa carrière internationale. C’est sans doute bien peu pour les passionnés de sport. Mais pour les autres, le livre de Laurent Lasne est une introduction passionnante à la vie du plus grand gardien du monde autant qu’un rappel des tourments de l’URSS.

    Laurent Lasne, Lev Yachine, Un Roman soviétique, éd. Le Tiers-Livre, Arbre bleu, 2020, 400 p.
    https://arbre-bleu-editions.com/yachine.html

    Voir aussi : "RIP URSS"

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  • En cage

    The Keeper, film surprise de l’année 2018, sorti discrètement malgré un élogieux Hitchcock d’or du jury lors du dernier Festival de Dinard, a tout pour séduire un très large public.

    À la fois film historique, biopic sur une légende du foot mondial, love story et drame familial, cette coproduction anglaise et allemande suit la carrière du gardien Bert Trautmann, légende du football anglais à la carrière hors-norme.

    À la fin de la seconde guerre mondiale, le soldat Trautmann (le très bon David Kross) est fait prisonnier par les armées britanniques sur le front de l’Ouest à Clèves, en Allemagne. Le soldat de la Wermacht est envoyé en Angleterre comme prisonnier de guerre. Un peu par hasard, Trautmann intègre l’équipe de football du camp et tient les cages. L’entraîneur de l’équipe locale, Jack Friar (John Henshaw), remarque ses dispositions exceptionnelles et prend le risque d’intégrer le prisonnier allemand parmi les joueurs anglais. Pari gagné, tant le talent du jeune gardien est évident.  

    Une vraie curiosité à découvrir

    Cette nouvelle vie est marquée par la rencontre entre Bert et Margaret Friar (Freya Mavor), la fille du coach. Une idylle commence, sous la forme d’une histoire d’amour impossible. Bert Trautmann choisit de ne plus revenir en Allemagne, d’autant plus que l’équipe de Manchester City le réclame. L’ancien soldat de la Wermacht doit là encore se faire accepter.

    L’histoire du gardien Bert Trautmann est surtout connu des spécialistes du football. Considéré comme une légende et comme un joueur au talent exceptionnel, Marcus H. Rosenmüller propose à travers ce film la découverte d’un personnage hors-norme. L’histoire d’amour avec Margaret, qui deviendra par la suite sa femme, est le fil conducteur de ce biopic, qui n’élude pas pour autant des sujets plus graves : les responsabilités pendant la seconde guerre mondiale (la Croix de Fer qu’a reçu le jeune officier en est un des exemples, même si le film passe sous silence pas mal d’épisodes pendant la guerre), mais aussi la réconciliation et le pardon. Les fans de foot plongeront avec bonheur dans les quelques séquences replongeant dans le passé glorieux de Manchester City.

    The Keeper est une vraie curiosité à découvrir, ne serait-ce que pour le plaisir de découvrir la carrière de Bert Trautmann.    

    Je vous parlerai très prochainement d’un autre gardien emblématique de l’histoire du foot.

    The Keeper, biopic germano-britannique de Marcus H. Rosenmüller,
    avec David Kross et Freya Mavor, 2018, 119 mn

    https://www.canalplus.com/cinema/the-keeper/h/14601709_50002

    Voir aussi : "Une partie de football contre le djihadisme"

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  • Des jouets plaqués or

    Une collecte nationale de jouets est organisée ce week-end par la Ligue Nationale de Rugby et les pères Noël verts du Secours Populaire. Les 20 et 21 décembre, vous pouvez apporter vos vieux jouets à l’occasion de ces Boxing Days.

    La Ligue Nationale de Rugby et l’ensemble des clubs de TOP 14 et PRO D2 s’associent à l’opération des Pères Noël verts du Secours Populaire. À l’occasion des matches qui se joueront du 20 au 23 décembre, les clubs accueillant les rencontres proposeront aux spectateurs d’apporter un jouet neuf et collectif (jeux de cartes, jeux de société, ballons, dominos, etc.) où sera installé un stand du Secours Populaire, et ainsi faire un geste solidaire et de cœur pour les enfants oubliés par le Père Noël rouge.

    Les clubs et la Ligue participent également à cette opération, en collectant dès aujourd’hui des jouets neufs auprès de leurs salariés, qu’ils soient administratifs, joueurs ou staffs sportifs. La collecte et les matches auront lieu dans plusieurs régions en France : en Nouvelle Aquitaine (Agen, Pau, Biarritz), Occitanie (Montauban, Castres, Carcassonne, Colomiers), PACA (Aix-en-Provence et Toulon), Bourgogne Franche-Comté (Nevers), en Auvergne Rhône-Alpes (Clermont-Ferrand, Bourg-en-Bresse et Grenoble) et en Ile-de-France (Nanterre).

    Cerise sur la bûche de Noël, les Boxing Days s’invitent même au cœur du jeu avec un ballon de match créé spécialement pour l’occasion et qui sera utilisé par l’ensemble des clubs de Top 14 et Pro D2.

    Boxing Days, les 20 et 21 décembre 2018, un peu partout en France
    https://www.lnr.fr/boxingdays

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  • La chatte et la gagne de "La Desch"

    Et si c’était lui, l’homme du Mondial ? Alors que la France s’apprête à jouer sa troisième finale de coupe du Monde de football en Russie (le record depuis vingt ans pour une équipe nationale), l’hebdomadaire Marianne met à l’honneur le sélectionneur Didier Deschamps, vêtu en couverture, pour l’occasion, du costume présidentiel. "Deschamps Président !" proclame le magazine habituellement plus tourné vers des sujets politiques.

    Le foot est-il un sujet futile et réservé à une masse abrutie ? Pas du tout, écrit le journaliste Éric Couty, qui rappelle une citation d’Albert Camus : "Il n’y a pas d’endroits dans le monde où l’homme est plus heureux qu’un stade de football" et une autre de l’ex-entraîneur de Liverpool, Billl Shankly : "Le football n’est pas une question de vie ou de mort, c’est quelque chose de beaucoup plus important que ça."

    Et Didier Deschamps dans tout cela ? Éric Couty énumère les qualificatifs d’un coach que plus personne n’ose contester : simple, modeste, courageux, laborieux, antihéros, généreux et surtout compétiteur dans l’âme. Là est sans doute le secret d’une équipe et d’un sélectionneur, outsiders au début de la coupe du monde, loin derrière l’Allemagne, l’Espagne, le Brésil et même l’Argentine. Une équipe jeune, peu expérimenté, dotée de l’atout d’une attaque puncheuse, mais fragilisé par une défense que l’on disait peu fiable – et qui, paradoxalement, aura été l’un de ses points forts. Les mauvaises langues parlent aussi, au début du mondial, d’une certaine "chatte," avec des matchs de poules largement à sa portée (l’Australie, le Pérou et le Danemark). Mais avec aussi une moitié de tableau coriace et des équipes au-dessus du lot : l’Argentine de Messi, l’Uruguay de Cavani et la Belgique de Hazard.

    Capitaine à vingt ans

    Le sens de la gagne : voilà ce qui caractérise Deschamps et ses hommes. La finale perdue en 2016 contre le Portugal en Coupe d’Europe a été une gifle que personne ne veut revivre, et encore moins celui que l’on surnomme affectueusement "La Desch."

    Dans Marianne, Étienne Girard et Hadrien Mathoux ("La Desch, taille patron") tracent un portrait passionnant du sélectionneur français, dont l’aura et l’autorité a marqué l’histoire du foot français dès ses débuts de joueur. Si ses qualités techniques ne valent pas un Zidane, un Platini ou un Papin, il s’impose rapidement comme un patron, pour ne pas dire "un chef de meute" capable de galvaniser ses coéquipiers. À vingt ans, Dédé devient capitaine de l’équipe du FC Nantes, rappellent les deux journalistes. Deschamps n’abandonnera jamais ses oripeaux de leader. Un exemple ? Lors de sa période marseillaise, le joueur parvient à convaincre l’emblématique Bernard Tapie de ne pas le vendre au PSG afin de réussir à l’OM. Bien lui en prend : le club marseillais gagne en 1993 la Champion’s League.

    Ce ne sera que le début d’un chapelet de titres, d’abord avec la Juventus de Turin de 1994 à 1999 (une nouvelle ligue des Champions, plusieurs titres de Champion d’Italie), puis avec l’équipe de France : Champion du Monde en 1998 et Champion d’Europe deux ans plus tard. Devenu entraîneur, Didier Deschamps ne s’arrête pas en si bon chemin : sitôt devenu coach de l’AS Monaco, il emmène, en 2004, son équipe jusqu’en finale de la Champion’s League – mais pas jusqu’au titre, hélas. C’est fort logiquement que La Desch devient sélectionneur de l’équipe de France en 2012, après la parenthèse Laurent Blanc, un ancien coéquipier de la Bande à Zizou. L’équipe de France a beaucoup à se faire pardonner : peu inspirés et sans performances majeures, les joueurs traînent surtout avec eux une réputation calamiteuse (la grève et le bus de Knysna en 2010, l’affaire de la sextape de Valbuena ou le scandale Zahia avec Benzema et Ribéry).

    Comme cette époque semble lointaine. La belle histoire d’amour entre l’équipe de France et son pays atteint son paroxysme ce dimanche 16 juillet, victoire ou non. Il ne reste plus qu’à espérer que la gagne et la chatte seront avec les hommes de La Desch.

    Marianne, 13 juillet 2018

  • Les victoires en bleu et les bleus des défaites

    À quelques jours du début de la coupe du monde de football, voilà un documentaire que Didier Deschamps a vu ou verra. À moins qu’il ne fasse le choix de zapper Sélectionneurs, un documentaire de Renaud Saint-Cricq, tant ce film a de quoi donner des sueurs froides à ces hommes en charge du coaching des hommes en bleu.

    Pour ce film proposé par Canal+, Renaud Saint-Cricq a interrogé quelques sélectionneurs marquants de qui ont mouillé leur maillot sur le banc de touche : Michel Hidalgo, Gérard Houiller, Michel Platini, Henri Michel (décédé il y a quelques mois et à qui est dédié ce film) et l’inimitable Raymond Domenech. Il manque toutefois le témoignage d’Aymé Jacquet, l’un des forgerons de la victoire de 1998. Ces figures marquantes du football français racontent de l’intérieur ce job à haut risque, hors du commun, passionnant, exaltant mais aussi plein d’ingratitudes.

    Ils parlent de la découverte de ce métier si particulier, des relations compliquées avec les médias, des victoires, des défaites puis de la fin souvent brutale de leur mission. Le sélectionneur est souvent le fusible qui saute, puisqu’on ne peut pas virer onze joueurs d’une équipe qui a failli, comme le fait remarquer Raymond Domenech.

    Le chef-d’œuvre de Zidane

    Les grands matchs, gagnés ou perdus, sont évoqués : la demi-finale France-Allemagne lors du mondial de 1982, le quart de finale contre le Brésil eu Mexique en 1986, le match qualificatif contre la Bulgarie en 1993, le "chef-d’œuvre de Zidane" lors du France-Brésil de 2006 et la finale perdue contre l’Italie lors de cette même coupe du monde. Raymond Domenech revient également longuement sur l’affaire de Knysna en 2010.

    Chacun des sélectionneurs revient avec franchise et souvent émotion ces sur ces compétitions, sur leur passion, sur leurs relations avec les joueurs et sur les difficultés qu’ils ont dû affronter. Les bonheurs comme les blessures de ces hommes en bleu ne sont pas cachées. Des blessures qu’ils acceptent, tout en déplorant que dans leur profession si particulière, ce soient les proches et les enfants qui souffrent le plus. Gageons que, pour cette coupe du monde sur le point de commencer, Didier Deschamps ne connaîtra que les très grands bonheurs d’une victoire et pas les bleus des défaites.

    Sélectionneurs, de Renaud Saint-Cricq, France, 2018, 82 mn,
    en ce moment sur Canal+

  • L'Athleisure, c’est quoi ?

    L’Athleisure, c'est la tendance du moment et un néologisme apparu tout récemment. L'Athleisure, contraction d"athlète" et de "loisir", est un savant mixte entre le streetwear et le gymwear qui fait rimer sport et mode. Pour la première fois, un festival lui est consacré en France. Il aura lieu du 8 au 11 septembre pendant le salon du Who's Next, le 1er événement parisien pour les entrepreneurs de la mode, à la Porte de Versailles.

    C'est Emmanuelle Mary, fondatrice du Festival du Dress Code et de l’agence Reprazent qui est à l’origine du projet. Elle en parle ainsi : "Mixer mode, sport et bien-être... c'est tout l'art de chausser des stilettos en leggings et de passer de la séance de yoga au meeting stratégique....puis finir sa journée en grignotant des chips de Kale à l'apéro... L'Athleisure est un phénomène global qui s'intègre dans nos vies à multiples facettes : dans la continuité du festival du dress code qui promeut les jeunes marques de mode, j’ai souhaité présenter ces marques Athleisure l’offre globale de cette tendance et proposer un nouveau concept : Le festival Athleisure."

    Un espace ouvert et animé de 60 m² sera dédié à ce mouvement très tendance. Le festival proposé par Emmanuelle Mary présentera et incarnera l’Athleisure sous toutes ses facettes, avec notamment un conceptstore multi-marque, un espace bien-être, une zone dédiée à des initiations sportives ou un corner healthy. Bliss you la start-up dédiée au bien-être animera plusieurs ateliers, différentes initiations sportives seront programmées et des dégustations de produits healthy seront offertes tout au long du salon.

    La conceptrice de ce concept alliant sport et mode a sélectionné une série de marques pointues présentes sur le premier festival dédié à l’Athleisure : Pyrates (Suisse), TSH (France), Kitiwaké, (France), Révèle (France), Minirine (France), Mandala fashion (Allemagne), Mobot (USA) et Animeeparis.com (France), la première e-boutique française dédiée à l’Athleisure. Elle viendra présenter une sélection de marques.
    Rendez-vous est pris à la porte de Versailles du 8 au 11 septembre 2017, pendant le salon du Who's Next, pour celles et ceux qui veulent brûler leur graisse, mais avec élégance.

    Festival Athleisure
    Lors du Festival du Dress Code, du 8 au 11 septembre 2017
    Porte de Versailles, Hall Trendy, stand B120
    De 9h à 19h du vendredi au dimanche et de 9h à 18h le lundi
    http://festivaldresscode.fr

  • Forçat en eau libre

    La natation en eau vive a connu un coup de projecteur malheureux durant les Jeux Olympiques de Rio. Lors de la finale du 10 kilomètres, la Française Aurélie Muller, arrivée deuxième, fut déclassée pour une manœuvre jugée anti-sportive. Contrainte de boire la tasse sur la ligne de l’arrivée, l’Italienne Rachele Bruni déposa une plainte auprès du jury qui estima que la Française avait gêné sa concurrente pour lui passer devant.

    La médaille promise lui passait sous le nez et le grand public français découvrait du même coup une sportive de haut-niveau. Canal+ propose en ce moment un documentaire sur cette "marathonienne  des eaux" que la désillusion de Rio a touché mais pas coulé. À l’occasion des championnats du monde de Budapest, le documentaire de Vincent Alix, La Chica del Rio, propose le portrait d’une sportive exceptionnelle.

    Le palmarès d’Aurélie Muller ferait pâlir d’envie pléthores d’athlètes. La nageuse de Sarreguemines a commencé sa carrière dans les bassins avec deux titres de championne du monde junior du 1500 et du 400 mètres mètres nage libre en 2006. En 2008, elle se lance dans les exigeantes mais relativement confidentielles courses en eaux libres, qui sont devenues olympiques à Pékin en 2008. La Française collectionne des performances plus qu'honorables, jusqu’à son premier podium en 2011 aux championnats du monde de Shanghai. Les années 2015 et 2016 marquent la consécration d’une athlète exceptionnelle, avec deux titres de championne du monde et championne d’Europe. De ce point de vue, la disqualification aux JO de Rio lors des 10 kilomètres pourraient faire figure de simple faux-pas dans une carrière marquée par le travail, l’opiniâtreté et le succès.

    Il faut regarder le documentaire de Vincent Alix pour mesurer le talent de ces forçats en eaux libres. En 2017, quelques mois après la déception des jeux olympiques au Brésil, Aurélie Muller se lance dans une course inimaginable, en forme de défi et de rédemption : le marathon de Santa Fe. Cette course en eau libre se déroule sur une distance de 57 kilomètres, pour 9 heures de nage, dans un fleuve sale et secoué, ce jour-là, par le vent et les vagues. Ces conditions infernales rendent d’autant plus ahurissantes ce marathon d’un autre genre. Pour Aurélie Muller, c’est aussi un moyen de se remettre à l’eau et de marquer les esprits. "C’est l’année zéro, donc il me fallait un gros truc pour recommencer. Et là, je suis servie," disait la Française dans les colonnes de l’Équipe.

    La performance d’Aurélie Muller, arrivée à une magnifique 3e place, est exemplaire. Le marathon aquatique Santa Fe-Coronda a certainement marqué la résurrection d’une nageuse qui se voit bien rester encore dix ans dans ce sport surhumain qu’elle vénère.

    Lors des championnats du monde de Budapest qui viennent de se tenir sur le lac Balaton, Aurélie Muller vient de conserver son titre de numéro un mondial au 10 kilomètres en eaux libres. La déconvenue de Rio est d’ores et déjà derrière elle. La Française a déjà en ligne de mire les JO de Tokyo en 2020. La forçat en eau libre est bien décidée à devenir une nouvelle impératrice de la natation française.

    Vincent Alix, La Chica del Rio, 2017, Canal+