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  • Le noir est une couleur

    On avait déjà parlé du groupe Edgär à l’occasion de leur tout premier EP, Persona. C’était il y a cinq ans, déjà. Revoilà le duo amiénois dans leur album long, Secret. Nous avions parlé de Persona comme un EP proposant de "l’électro à visage humain". Son nouvel opus a un  parfum eighties, comme le montre le premier titre "Nuit" qui fleure bon la new-wave : boîte à rythme, nappes de synthés et univers noctambule ("Nuit", "Réveille-moi"), sans pour autant renier l’électro qui leur va tout aussi bien.

    Sortez les Perfectos et les maquillages gothiques : voilà un gros coup de voyage dans le temps avec un album, mêlant le français et l’anglais, qui ne goûte pas son plaisir !

    Pour "Réveille-moi", le groupe se fait onirique et romantique – mais d’un romantisme noir. Plutôt que mentionner le groupe Cure, avançons-nous en considérant que le "paradis" mentionné dans ce morceau peut être vu comme un clin d’œil à Michel Berger. 

    Sortez les Perfectos et les maquillages gothiques

    "Me voudras-tu ?", tout autant inspiré par le regretté chanteur de "Seras-tu là ?" a et esprit très pop à la Partenaire Particulier. Les courbes enflammés, la nuit à deux, les draps, la fièvre : il est question d’une histoire d’amour ("Moi aussi je te veux"), avec son lot de questions  ("Me voudras-tu encore de moi ?") mais aussi de certitudes ("Les erreurs de la nuit n’existent pas"). Tout aussi mélancolique, "Secret" propose une pop plus traditionnelle, ballade mélancolique, "Laisse ton chagrin voguer / Vers les rivages brûlés / Avant de devenir fou" Une séparation. 

    Outre la délicate ballade folk "Dead end", il faut s’arrêter sur "Incendies", un extrait qui se veut romantique dans le joli portrait d’une femme aimée : "Elle se nourrit de mes peines / Quand je la serre contre moi / Elle délie toutes mes haines / Me délivre même de toi". L’amour est un incendie autant qu’une "harmonie", qui reste malgré tout fragile : "J’ai rompu le lien à jamais". On peut tout autant être séduit par "The lights", lumineux comme l’indique le titre qui est un formidable appel à la fête et à la vie.

    Retour à la new-wave avec "Sable blanc". Ce morceau est digne de devenir un vrai hit pour cet été : "Viens explorer ce t autre monde  et animons nos ondes de songes cachés", interprète le duo, dans une chanson qui est une invite à l’insouciance et à la joie de vivre.

    Outre une reprise du classique de Simon & Garfunkel, "The Sound Of Silence", l’auditeur s’arrêtera sur le titre "Dictators", derrière lequel on pourra voir en écho les pitreries dégueulasses de Poutine en Ukraine. Aussi noir que de la new-wave et aux propos engagés et bienvenus : "I’m on another side of the moon / While dictators die".

    Edgär, Secret, Grabuge Records, 2022
    https://www.facebook.com/Edgarofficiel
    https://www.instagram.com/edgarofficiel

    Voir aussi : "Persona grata"

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  • Peut-on réussir sans aucun effort ni aucun talent ?

    Le café philosophique de Montargis proposera une nouveau séance le vendredi 24 juin 2022 au Belman, à 19 heures. Le débat portera autour de ce sujet, un rien provocateur : "Peut-on réussir sans aucun effort ni aucun talent ?"

    Voilà un sujet qui fait écho à certains travers de notre société : celui de célébrités venus de nulle part, des réseaux sociaux notamment, et dont la réussite semble d’autant plus miraculeuse qu’elle semble être spontanée.

    Mais qu’est-ce que la réussite ? Peut-on parler de « réussir sa vie » ou de « réussir dans la vie » ? Le travail peut-il servir à s’accomplir ? Il sera aussi question du talent, une notion qui peut être débattue. Le talent est-il inné ou bien est-il le fruit d’un travail ?  

    Ce sont autant de questions qui seront débattues au cours de cette soirée philosophique qui promet d’être riche en surprises.  

    Rendez-vous donc au Belman à Montargis (entrée par l’Hôtel de France), le vendredi 24 juin 2022 à 19 heures.

    La participation sera libre et gratuite.  

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

    Photo - Andrea Piacquadio - Pexels

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  • Bizarre, bizarre

    Andréel est un musicien à suivre, aussi bizarre soit-il. Son univers immédiatement attachant est enveloppé par un style et une orchestration a priori traditionnel : instruments acoustiques, facture jazzy. Bref, une chanson française qui revendique ses origines, tout autant qu’elle affirme une singularité et une forte personnalité. La preuve avec Mr Bizarre, son dernier opus, sorti un an après Tu m’apprends

    Pour autant, le "Monsieur Bizarre" dont il est question est avant tout une autre personne qu’Andréel lui-même : le titre éponyme entend faire le portrait d’un homme singulier, silencieux mais qui sait fait rire les enfants. M. Bizarre est un clown autant qu’un poète facétieux sachant "parler la langue des oiseaux".  

    À côté de ce portrait plein de mélancolie, Andréel se fait plus incisif dans "Marianne" qui se veut le constat d’une histoire d’amour remplie d’incompréhensions, et finalement vaine : "Laisse-moi te montrer comment tu es belle / Quand tu ne laisses pas couler le sang de la haine". 

    Si Andréel se présente sur la pochette de l’album tel un clown triste. Il est vrai que la sensibilité de l’artiste est patente, lorsque, par exemple, dans le morceau "Sans toi", le chanteur évoque sa maman sur un air de tango. Le chanteur capte avec émotion l’auditeur lorsque, jeune papa, il regarde avec amour en direction de sa mère, comme un modèle autant qu’un soutien  et un amour qu’il voudrait retrouver.  "Je gravirai la montagne qui me sépare du monde / Je retrouverai qui je suis… / Nous nous aimerons plus fort".

    Influences jazz qui nous renvoie aux premiers albums de Gainsbourg, période "Black trombone"

    Andréel touche énormément avec cet album intime, pour ne pas dire introspectif. La preuve encore avec "Jeune et ivre", un titre plus pop : Andréel se fait sombre dans ce portrait d’un homme à la dérive, abandonné et seul. Il faut y lire un regret de l’enfance et de l’insouciance lorsqu’il chante ainsi : "Je voudrais encore vivre dans ce pays de jeux / Où j’étais jeune et ivre / Où j’étais heureux". En d’autres termes, l’artiste se sent "étranger" dans un monde violent, obscur et hypocrite qui n’est pas fait pour lui. 

    Dans Tu m'apprends, son précédent album, Andréel s’était entouré de chanteuses et souvent comédiennes - Natacha Régnier, Amandine Bourgeois, Lucile Chriqui et Judith Chemla. Le voici cette fois avec Agathe Bonitzer dans "Quelle magie de vivre", une jolie ballade jazzy en duo dans un talk-over amoureux et romantique : "Donne-moi tes mots / un sourire, une phrase, un regard… Pour vider ta douleur, il faut que tu sois vrai. Les formules empruntées me sont insupportables".  

    Et si derrière Andréel ne se cachait pas l’influence du Serge Gainsbourg des premières années ? La résonance de l’"homme à tête de chou" apparaît évidente dans "La saxophoniste", avec ses influences jazz qui nous renvoie aux premiers albums de Gainsbourg, période "Black trombone".

    La sensibilité, la sensualité et la fausse légèreté sont tout autant des marqueurs pour cet autre titre, "Où l’on s’est rencontrés", une ballade écrite par Isild Le Besco dans laquelle l’attente se fait désir, en attendant de se revoir en tête-à-tête. 

    Dans la même veine, "Ce n’est pas grave", peut s’écouter comme une chanson sur un départ et une séparation, aux sons joliment succédanés ("Ce n’est pas grave de partir / Mais c’est dommage sans rien dire"). C’est aussi le joli portrait d’une femme que l’on imagine irrésistible : "Votre rire traversait Paris", dit-il avec émotion. Andréel s’avère doué dans sa manière de faire de la souffrance des mélodies légères et faussement insouciantes. 

    Après le plus rock et plus incisif "Têtes de cons", "Votre bouche » vient conclure en couleur l’album d’un clown blanc, sur des rythmiques et des sons world music. Andréel y parle d’une femme, d’une histoire d’amour avec elle, et conclut par un constat amer : "C’était cuit / Je pris ma liberté". 

    Andréel, Mr Bizarre, Believe Digital / Inouïe, 2022
    https://www.andreel.com
    https://www.facebook.com/andreelvirtuel
    https://www.instagram.com/andreelvirtuel

    Voir aussi : "Premier extrait du futur album d’Andréel, bien accompagné"

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  • Le monstre est parmi nous

    Brightvale, petit village d’environ 1000 habitants, a, au sein de sa communauté, six "Fils du Soleil Noir". Une incongruité statistique, alors que 0,1 % seulement de la population mondiale peut être identifié comme tel, soit 6 millions de personnes.

    Mais que sont ces "Fils du Soleil Noir" ? Ce terme désigne un phénomène inexpliqué : seize ans plus tôt, un matin, les habitants du globe ont découvert au-dessus de leur tête un astre noir. Il s’est levé pour une journée de 24 heures avant de laisser place le lendemain à un soleil normal. Quatre ans plus tard, le même phénomène s’est reproduit : "Ce jour-là, les gens furent victimes d’une tristesse terrible. un désespoir profond et sans fin, comme cela n’était jamais arrivé auparavant". Dans la petite bourgade de Brightvale, les conversations tournent régulièrement autour de cette bizarrerie que des scientifiques n’ont jamais pu expliquer, en dépit d’hypothèses des plus sérieuses aux plus farfelues : prions, physique quantique ou ésotérisme. 

    Les fils du Soleil Noir sont ces enfants nés suite à ce phénomène étrange : "Toutes les femmes qui furent… fécondées… sous l’influence de cet astre obscur, donnèrent naissance à des enfants avec de petites mais importantes altérations génétiques". Matthew et Clementine font partie de ces parias et ne peuvent compter que sur leur amitié et leur soutien respectif pour lutter contre les rejets des habitants. 

    Fable horrifique autour du rejet, de la peur de l’étranger et des superstitions

    Soleil noir, de Dario Sicchio, Letizia Cadonici et Francesco Segala (édité en France chez Shockdom), n’est pas seulement une histoire de SF dont l’influence du Village des Damnés de John Carpenter (1995) semble être évidente. C’est aussi une fable horrifique autour du rejet, de la peur de l’étranger et des superstitions. Matthew et Clementine incarnent les victimes innocentes dans un village des plus ordinaires tombant dans la paranoïa. Pour autant, les auteurs refusent tout manichéisme, grâce à ces deux personnages interlopes que sont Ivan et Ofelia.

    Soleil noir nous parle aussi de superstitions, de religions, de peur apocalyptique, dans un livre dont les chapitres sont imaginés comme un compte-à-rebours impitoyable. Qui sont les monstres, se demandent en substance les trois auteurs italiens ? "Le soleil noir n’est pas juste sorti du néant. Il y est aussi retourné. Tout ce qu’il reste de cette horreur, c’est vous".

    Dario Sicchio, Letizia Cadonici et Francesco Segala, Soleil noir,
    trad. Jose Maniette, éd. Shockdom, 2022, 96 p.

    https://fr.shockdom.com/boutique/yep/soleil-noir
    https://www.facebook.com/ShockdomSrl

    Voir aussi : "Retour sur Débiles & Dragons"

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